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CHAPITRE V

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CE QUE JÉSUS-CHRIST A PROPHÉTISÉ DU ROYAUME
D 'ISRAËL

 

I. La prophétie de Jésus contenue dans la réponse faite par lui, le jour de l'Ascension, cette interrogation des Apôtres Maitre, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d'Israël? - II. Explication de cette réponse : elle annonçait d'une manière indirecte qu'au royaume temporel d'Israël, un royaume spirituel, l'Église, allait être pour toujours substitué. Pourquoi Jésus-Christ ne s'est point expliqué, d'une manière directe. - III. Les deux phases de l'Église, royaume spirituel développement sur la terre, consommation au ciel. Entre ces deux phases, nulle annonce, nulle place pour un royaume temporel d'Israël, qui reparaîtrait à Jérusalem. - IV. Accord de l'Ancien et du Nouveau Testaments contre le projet des Sionistes.

 


I

 

   La prédiction de Jésus fut faite par lui au jour de l'Ascension, quelques instants avant qu'il ne remontât à son Père. Il venait d'annoncer à ses Apôtres la descente prochaine du Saint-Esprit qui les remplirait de lumière et de force, et avec eux il se dirigeait vers la colline des Oliviers. Les Apôtres suivaient, rêvant plus que jamais gloire et félicité temporelles, car, n'ayant pas encore reçu le Saint-Esprit, ils demeuraient imbus de l'erreur commune aux Juifs de cette époque, qui attendaient un règne terrestre du Messie ; comme eux, ils croyaient que le Messie les délivrerait du joug abhorré des Romains, et rétablirait le trône de David dans son ancienne splendeur. Cette espérance, comme nous le voyons par les paroles des deux disciples qui allaient à Emmaüs (1), avait été fortement ébranlée par la mort de Jésus-Christ. Mais actuellement voyant le Sauveur ressuscité s'avancer à leur tête, et l'ayant entendu parler du royaume de Dieu et de la descente du Saint-Esprit, voici que leurs espérances de royauté temporelle se réveillent avec une nouvelle vivacité, d'autant que dans les prophètes, particulièrement dans ceux des derniers temps, à l'effusion du Saint-Esprit se trouvait jointe l'annonce de la restauration d'Israël dans la magnificence (2). Les Apôtres se croient donc au moment si longtemps attendu, et se rapprochant de Jésus : Maître, lui disent-ils, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d'Israël (3) ?
   Quelle fut la réponse de Jésus ?
   Il leur dit : Ce n'est pas à vous de connaître les temps et les moments que le Père a mis en sa puissance. Mais vous recevrez la vertu de l'Esprit-Saint survenant en vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre (4).

 

II

 

   Dans cette réponse de Jésus deux enseignements se trouvaient formulés :
   Elle réprimait d'abord, et d'une manière directe, la curiosité intempestive des Apôtres. Jésus agit, dit saint Jean Chrysostome, comme un maître plein de sagesse, qui enseigne à ses disciples, non ce qu'ils désirent, mais ce qu'il leur est utile de savoir. » Ce que les Apôtres désiraient, c'était de connaître les temps et les moments du rétablissement du royaume d'Israël. À quoi Jésus répond que la connaissance de l'avenir n'appartient qu'à Dieu. Sans vouloir donc pénétrer dans ses secrets conseils, ils doivent uniquement songer à remplir dignement la tâche qu'il leur destine.
   La seconde partie de la réponse de Jésus renfermait un enseignement indirect relatif à ce. rétablissement du royaume d'Israël, qui préoccupait l'esprit des Apôtres. En leur annonçant qu'armés de la puissance de l'Esprit-Saint, ils seraient ses témoins à Jérusalem, dans la Judée, la Samarie et jusqu'aux extrémités du monde, Jésus-Christ donnait assez clairement à entendre à ses Apôtres qu'il ne s'agissait pas pour lui de rendre à la nation juive son royaume temporel rétabli dans ses anciennes limites, mais de fonder par leur ministère le royaume de l'Israël spirituel, qui de Jérusalem devait s'étendre à tout l'univers, étendue que n'avait jamais eue celui de l'Israël charnel. La Samarie, terre de l'ivresse et du mensonge aux yeux des Juifs ; le monde entier, souillé par une gentilité maudite, devenant le royaume de Jésus Quelle révélation (5)! » Si elle ne redressa pas d'une manière directe et manifeste l'opinion erronée d'un royaume terrestre du Messie, dont se trouvait imbu l'esprit des Apôtres, c'est que ceux-ci, n'ayant pas encore reçu le Saint-Esprit, ne se trouvaient pas suffisamment préparés à une communication ouverte de la vérité. -Voilà pourquoi Jésus, loin de confirmer leur erreur, se borne à l'écarter d'une manière indirecte, d'abord par son silence par rapport à leur questions ensuite par l'annonce qu'ils seront eux-mêmes les témoins, c'est-à-dire les agents d'un autre royaume. La propagation de l'Évangile à travers l'univers entier constituera cet autre royaume, royaume qui ne sera point terrestre, ni circonscrit par les limites de l'ancien territoire d'Israël, mais spirituel et universel.

 

III

 

   Tel est le royaume d'Israël que Jésus-Christ est venu établir. C'est un royaume spirituel, le royaume des âmes, le royaume des cieux, le royaume de Dieu. L'Évangile n'en annonce pas d'autre ; et dès lors il n'y en aura pas d'autre, il n'y aura plus de royaume juif temporel.
   Ce royaume spirituel, Jésus-Christ est venu l'établir sur la terre en entrant dans le monde par son Incarnation divine. Saint Jean-Baptiste l'annonçait en disant : Le royaume des cieux est proche (6). Jésus-Christ même commença sa prédication par cette annonce : Le royaume des cieux est proche (7). Lorsqu'il envoya ses Apôtres prêcher dans la Judée et dans la Galilée, ce fut pour y porter partout cette annonce : Le royaume des cieux est proche. Il en posait lui-même dès lors les premiers fondements en formant ses disciples, en sorte que les Pharisiens lui ayant un jour demandé quand viendrait le royaume de Dieu, il leur répondit : Le royaume de Dieu ne viendra point avec un éclat qui le fasse remarquer ; et on ne dira point : Il est ici, ou, il est là. Car, présentement même, le royaume de Dieu est au milieu de vous (8). Ce royaume, qui est devenu l'Église, société spirituelle dont Jésus-Christ est le chef invisible et le pape, son vicaire, le chef visible, s'est établi par la foi et s'étend par la foi. Il s'est répandu dans toutes les parties de la terre, et il continuera de s'y répandre jusqu'à la fin des siècles. Il est devenu plus sensible lorsqu'après trois siècles de combats, l'Église a triomphé sous Constantin, premier empereur chrétien. Ce n'était là cependant, et ce n'est encore aujourd'hui, si magnifiques que soient les progrès de l'Église, que le royaume de Dieu dans ses développements, pas encore le royaume de Dieu dans sa consommation. Le royaume ou règne de Dieu dans sa consommation, Jésus-Christ nous le fait demander sans cesse dans la prière que lui-même nous a apprise : « Que votre règne arrive, » Adveniat regnum tuum (9).
  Quel sera donc le royaume de Dieu dans sa consommation ? que sera ce règne que nous demandons tous les jours à Dieu ? Celui-là même dont Jésus-Christ dira à ses élus au dernier jour : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, et entrez en possession du royaume qui vous a été préparé dès la création du monde (10). Après leur avoir dit cela, il les introduira dans la vie éternelle (11). C'est là que le royaume de Dieu sera complètement achevé. Alors on verra paraître ces nouveaux cieux dont parlent saint Pierre et saint Jean, et cette terre nouvelle où la justice habitera (12). Alors toutes les larmes seront essuyées, et la mort, sera plus (13). Alors la sainte Jérusalem, qui s forme dans le ciel, paraîtra tout environnée de la clarté de Dieu (14) : cette ville mystérieuse dont la muraille a douze fondements qui portent les noms des douze Apôtres de l'Agneau (15). Il n'y aura point là de temple ; parce que le Seigneur Dieu tout-puissant et l'Agneau en seront eux-mêmes le temple (16). Les nations marcheront à l'éclat de sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire et leur honneur (17). Il n'y entrera rien de souillé ; mais ceux-là seulement qui sont écrits dans le Livre de vie de l'Agneau (18). II n'y aura plus là d'anathème ; mais le trône de Dieu et de l'Agneau y sera, et ses serviteurs le serviront (19). Il n'y aura plus là de nuit ; et ils n'auront point besoin de lampe, ni de la lumière du soleil, parce que c'est le Seigneur Dieu qui les éclairera ; et ils régneront dans les siècles des siècles (20).
  Voilà le seul royaume qui soit annoncé et promis l'Évangile n'en connaît point d'autre. Jean-Baptiste a été le précurseur du premier avènement de Jésus-Christ, pour annoncer que le royaume des cieux allait commencer de se former sur la terre. Le prophète Élie sera le précurseur du second avènement du Fils de Dieu, pour annoncer que le royaume des cieux va recevoir son entière consommation dans l'éternité bien-heureuse. Entre ces deux annonces il n'en existe pas d'autre relative à un royaume ou État juif qui reparaîtrait à Jérusalem. À l'ancienne interrogation des Apôtres : Maître, est-ce maintenant que vous rétablirez le royaume d'Israël (21), l'Église instruite par les Écritures peut donc faire suivre la réponse du Sauveur de ce commentaire « Le royaume temporel d'Israël a disparu, disparu pour toujours. C'est à un royaume spirituel qu'il a fait place, au royaume des Cieux ou l'Église, lequel royaume ira toujours grandissant, s'épanouissant, jusqu'à sa consommation ou achèvement dans l'éternité bienheureuse.

 

IV

 

   Et maintenant, résumons en faisceau de lumière les annonces prophétiques tombées des lèvres de Jésus-Christ :
   Le Temple ne sera jamais réédifié,
   Jérusalem ne redeviendra jamais capitale d'un État juif,
   La Palestine ne reverra jamais un royaume d'Israël.
   Il y a donc accord entre le Nouveau et l'Ancien Testaments pour traiter de chimère toute tentative en vue de reconstituer un nouvel État juif à Jérusalem.
   Le plan divin s'oppose au projet des Sionistes.


(1) Luc, XXIV, 21.
(2) Amos, IX, II ; Osée, XIV, 6 ; Joël, III, 20 ; Abdias, 17.
(3) Act, des Ap., I, 6. Fouard, Vie de N. -S. J.-C., t. II, p. 478.
(4) Actes des Ap., I, 7, 8.
(5) Fouard, Vie de N.-S. Jésus-Christ, L. II, p. 479.
(6) Matth., XII, 2.
(7) Ibid., IV, 17.
(8) Luc, XVII, 20, 21.
(9) Matth., VI ; 10 ; Luc, II, 2.
(10) Matth., XXV, 34.
(11) Ibid., 46.
(12) II Petr., in, 13 ; Apoc., XXI, 1.
(13) Apoc., XXI, 4.
(14) Ibid., 10, 11.
(15) Ibid., 14.
(16) Ibid., 22.
(17) Ibid., 24.
(18) Ibid., 27.
(19) Ibid., XXII, 3.
(20) Apoc., XXII, 5.
(21) Act., x, 6.