II

DOCUMENTS A L'APPUI
PREUVES PAR LES FAITS

 

    Le totémisme - C'est un fait établi, une conviction répandue, un usage constant chez les peuplades primitives aussi bien de l'Afrique que de l'Amérique ou de l'Europe (Négritos, Négrillos, Pygmées, Bushmens, Indiens, Fans, Bantouns) que chaque tribu a un lien, une souche dans le monde animal ou végétal ou dans les deux, si bien que la protection, l'assistance est fournie par ces hommes à toute une catégorie d'animaux ou de végétaux, qu'ils les honorent, les cultivent, les prennent comme symboles d'eux-mêmes (noms, étendards).

    C'est une loi, une réalité vitale, sans rapports avec leurs idées théologiques. La souche d'où ils viennent, où ils puisent leurs forces, les animaux avec qui ils sont parents, avec qui ils font alliance, s'appellent en Amérique Ote ou Otem (Indiens Chippervay). Ces animaux, en retour, ne leur font pas de mal et même leur rendent des services (avertissement des phénomènes terrestres, défense contre d'autres animaux). C'est de ce mot Ote, Otem (forme construite) qu'on a fait Totem, mot qui a eu un grand succès et qui exprime maintenant en langue philosophique officielle cette idée de souche, d'union de l'homme avec une famille animale ou végétale. D'où les initiations de tout jeune homme ou jeune fille à la souche à l'âge prescrit (cérémonies, blasons).

    «Au commencement, dit un récit australien « (tribu Diéri), la terre s'ouvrit au milieu du lac « Perigundi (les eaux, Maïm, et la terre) et il en sortit un totem après l'autre : le corbeau, le perroquet, l'émou et ainsi de suite. Comme ils n'étaient encore qu'incomplètement formés (en puissance : Bereschit, Sing, Innéité, Routes) et sans membres ni organes des sens, ils se couchèrent sur les dunes (le règne minéral). Etendus au soleil, leur force, leur vigueur s'accrut (processus vital ascendant, évolution), en sorte qu'enfin ils se levèrent hommes et s'en allèrent dans toutes les directions (les quatre directions) ». (Van GENNEP. La Formation des Légendes, p. 23).

    La totémisation est différente du tabou - malédiction ou conservation individuelle - et des idées religieuses (fétiches). C'est l'expression d'une loi de la nature. Quand l'homme a besoin de la bête, il l'appelle et elle vient. Fait constaté. (Cf. SACLEUX, Etude sur Zanzibar).

    C'est, par l'intermédiaire d'êtres visibles, un pacte naturel avec le monde invisible, qui s'étend même aux ancêtres.
    Les membres humains d'un groupe totem ne peuvent se marier entre eux (tels des frères et sœurs chez nous). On enterre pieusement l'animal totem comme on le fait d'un homme.
    « Le totémisme n'a pas d'origine biblique » dit l'abbé BROS. D'origine, non - car il est éternel, plus ancien - mais de confirmation, si. (Genèse, Isaïe, - dans l'Evangile, les Paroles du Christ).
      

    Les «sacrifices du sang », les « unions par le sang » entre hommes ou entre tribus procèdent de la connaissance de la souche ; ils consacrent une prolongation de la souche, dans un cas particulier, car le sang est le véhicule de la force universelle.
    « Ainsi, nécessité de vivre, désir de vouloir vivre, « malgré la souffrance et la mort, conception anthropomorphique de l'Univers (animisme), compréhension de la vie universelle et de la solidarité des hommes avec les autres êtres de la nature, besoin d'expliquer et d'ordonner ses connaissances, tels sont les éléments psychiques dont est faite la religion de tous les sauvages (primitifs) anciens et actuels », dit LE ROY. (La Religion des Primitifs).

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    L'anniversaire de Rabbi Siméon ben Jochaï se célèbre trente-trois jours après Pâques. La cérémonie spéciale consiste, l'après-midi, en ce que chaque homme et adolescent (par hiérarchie de dignité, de savoir), tire dans une clairière, au milieu d'un petit bois voisin du village, quatre flèches en bouleau au moyen d'un petit arc que chacun a fabriqué (avec un morceau de cercle de tonneau et une ficelle), une flèche à chacun des points cardinaux. On va et revient en bande. J'y vois la proclamation de la pénétration de l'esprit dans la matière végétale, dans les quatre directions, c'est-à-dire partout. Car l'esprit de Rabbi Siméon était le plus haut et si on indique qu'il pénètre en tous sens librement jusqu'au sein du règne végétal, c'est affirmer la souche. Cela se fait par tribus.

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    Les animaux affirment des liens analogues entre eux et à l'égard de certains végétaux. Ils se forment en bandes et en troupeaux. Aucun animal ne fait de mal à un autre pour le plaisir de lui faire du mal. Il obéit à son instinct de conservation, prend ou cherche ce qu'il lui faut pour vivre, mais ne détruit pas, ne gâche pas, n'est ni cruel ni hostile. Kipling a fort bien décrit cela dans la Loi de la jungle, - la trêve de l'eau (1).

    Les bandes d'animaux recherchent instinctivement certains endroits (dont le règne minéral ou végétal est de même famille qu'eux).
    De même chez l'homme, tant que l'instinct seul agit, la cruauté, le mal pour le mal n'existe pas. Les premiers gestes de l'enfant sont des gestes de confiance et d'affection. C'est la civilisation (fausse) qui le rend faux et cruel, égoïste.

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    Actions incomprises, inconscientes, du milieu, d'où résultent les sympathies et les antipathies pour certains lieux, jour certains êtres, - les prémonitions et les divinations (re-connaissances) - le goût et le choix de certains aliments, de certaines couleurs (médecine naturelle).
    Ce n'est que lorsque l'instinct disparaît devant la science (devant une fausse science, une fausse civilisation) que l'homme perd les intuitions instinctives qui lui faisaient un rempart protecteur, qui l'attachaient à la souche. Il oublie et il apprend à vivre égoïste, cruel, isolé, dominateur sans limites à ses désirs.

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    Action du ciel (des météores). Les nuages, l'air, la chaleur, l'électricité, le magnétisme, les rayons gamma et ultra-gamma meuvent tout notre protoplasma, toutes nos molécules, par leurs courants. Les ondes dont nous sommes baignés à notre insu déterminent nos actions. Remarquer l'influence de l'orientation des maisons, des lits, par exemple.
    Les plantes et les animaux exercent sur nous une action qui peut être néfaste (produisant des répulsions, des maladies), ou qui peut être faste et bénéfique.
    Réciproquement, tout geste de moi s'étend à l'infini dans l'espace et dure dans le temps, réagissant sur tout l'Univers.

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    Mort et naissance simultanée d'animaux, d'hommes, de végétaux présentant des caractères communs (ceux du ciel de leur naissance, si l'on veut prendre ce point de repère astrologique).

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    Autorité, inexplicable pour la science, de certains êtres sur d'autres ou sur des animaux (action du regard). Action de l'homme sur les plantes ou sur les pierres dont la vie et les couleurs changent et s'altèrent en mieux ou en pire au contact de certaines personnes. Il est des pierres qui vivent sur certains êtres et qui meurent sur d'autres.
Rapprocher de ces phénomènes les courants de force qui traversent es foules, les paniques, les enthousiasmes.

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    Dans certains « états seconds », dans les rêves, la conscience des liens qui nous unissent à d'autres êtres, à la nature entière, apparaissent parfois dans le champ de notre vision accidentellement élargie. Remarquer certains phénomènes particuliers aux
aveugles. - L'embryonnat des âmes. 

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    La connaissance des rapports qui unissent les parties de la création fut, en Chine, la science du Fong-Choéi, qui existe encore après quatre mille ans.
    En Occident, au moyen âge, ce fut la science des correspondances, la physiognomonie, la chiromancie, etc...

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    L'organisation de la famille, de la tribu, de l'empire sur la base de ces lois. - Organisation sociale de l'ancienne Chine. L'Empereur parlant au peuple parle en Dieu et prend sur lui les fautes de son peuple (de sa souche). Parlant à Dieu, il est l'orphelin, le pauvre, le grain de poussière.

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    La réaction que l'individu exerce sur le milieu fait que ce que nous pensons, nous le devenons, même physiquement (cf. TRINE. Le Bien suprême p. 30).
    Les traits du visage, les attitudes, les lignes de la main changent avec notre âme.
    Abel REY ( Philosophie moderne, p. 67) constate que les logiciens, les métaphysiciens, les rationalistes modernes (qui représentent la plus haute forme de l'intellectualisme, dit l'auteur) sont arrivés à cette notion que les lois de la raison sont les mêmes que les lois de l'Univers.
    Ils sont arrivés (!) à découvrir au XXe siècle ce que disaient et enseignaient les sages de la Chine eux ou trois mille ans avant J.-C...



(1) « Les animaux de même espèce, en général, vivent en paix. Les oiseaux de mer, même s'ils se nourrissent des mêmes poissons, ne se font pas la guerre, pas plus que les ruminants qui broutent la même herbe. Les rapports entre espèces voisines sont surtout faits d'indifférence et de tolérance mutuelle. Parmi les animaux de la même espèce, l'assistance est au contraire la règle. Soins .donnés aux larves des abeilles : chasse et pêche en commun chez les cormorans, les oiseaux d'une même troupe s'entraidant pour rabattre le poisson ». (Extrait d'une conférence de Leclerc de Sablon à la Faculté des sciences de Toulouse sur les Incertitudes de la Biologie).