Chère Madame,
En vous remerciant de la confiance que vous me témoignez en me demandant de présenter au lecteur un ouvrage qui se suffit à lui-même, laissez-moi vous redire mon appréhension de n'être pas à la hauteur d'une telle tâche.
Voltaire a écrit à peu près, que la métaphysique commence quand celui qui parle ne se comprend plus très bien, et quand celui qui écoute ne comprend plus du tout. Ce jugement, malgré sa forme outrée, me semble assez exact, en ce qui concerne les aptitudes métaphysiques de notre race. L'Européen, en général, et le Français, en particulier, n'ont pas le cerveau métaphysique. Mais, l'homme étant ainsi fait qu'il recherche toujours ce qui n'est pas à sa portée et néglige ce qu'il a sous la main, nous nourrissons donc pour cette rare déesse une passion malheureuse.
Oublieux de nos propres traditions, et réfractaires à la lumière de l'Évangile (jugé trop simpliste par leurs cerveaux délicatement compliqués), nos intellectuels s'acharnent trop souvent à rechercher dans les traditions lointaines des clartés inédites, quand ils ne s'embourbent pas dans un stérile rationalisme.
C'est dire, Madame, que votre travail n'est pas appelé à un grand retentissement, selon le monde.
Fidèle disciple des Saint Martin, des Bhme, des Eckartshausen, dont le génie refléta « la Lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde », vous ne parlez pas le langage du siècle.
Je ne puis que vous en féliciter, et, si les amateurs de bulles de savon, (je veux dire de phrases creuses mais élégamment tournées), ne vous accordent pas leurs suffrages, je suis persuadé que votre livre fera penser quelques curs sincères et droits, et les incitera à approfondir les uvres des maîtres vénérés que je citais plus haut, et dont vous avez su résumer les enseignements essentiels.