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L'OEUVRE DE RÉDEMPTION
 
 

« La Vérité ne se prouve point :
elle s'éprouve. C'est détruire le vrai
que de vouloir le prouver. »
Mme Guyon.

     Tant que, dans l'homme et dans la nature, le centre ténébreux ne sera pas surmonté dans son action par le principe Céleste, il existera du désordre et de la haine, les esprits pervers auront puissance et action sur les êtres moraux et physiques ; la vie de ce monde ne pourra être qu'angoisse, besoin, et incapacité de se suffire à elle-même, puisque l'Intelligence divine et la Lumière, ses compléments, peuvent seules lui donner la félicité.

     C'est en commençant par le bas et en montant d'échelon en échelon que l'homme peut arriver au sommet de l'échelle de la Vérité. Et celui qui arrive n'est pas celui qui parle le mieux les langues des angeset des hommes, mais celui qui aime le Créateur dans tous les hommes et dans toutes ses œuvres ; c'est celui qui ne cherche que le cœur divin, afin de se soustraire à la vie animale et qui désire parvenir à la manifestation de la Lumière divine. C'est en nous efforçant de devenir bons, comme l'est Dieu, que nous le recherchons, que nous l'adorons et l'aimons en Esprit et en Vérité ; c'est alors que la Divinité se montre réelle et vivante dans l'âme, dans cette nature éternelle, qui ne peut rien sans Dieu, car un Dieu absent, séparé de nous, est un Dieu inconnu.

     Le désir, la faim de Dieu est le commencement de l'Éternité dans l'âme ; c'est par le désir que la source de l'Amour jaillit dans l'homme ; la Vérité n'est qu'en germe en lui, la graine y est imperceptible et sans action, sans mouvement, jusqu'au jour où cette âme épuisée, lassée de cette affreuse vie sidérale, recherche enfin l'Amour, ce vrai soleil qui la réactionne et la rappelle à la vie ; et par une foi vivante, par la droiture de son esprit et surtout par son humilité, l'âme attire insensiblement toutes les émanations directes de l'Inaccessible Puissance, C'est-à-dire les sentiments de bonté, d'amour, de douceur, de compassion, de sagesse, de paix et de joie ; toutes, autant de vertus divines destinées à former ce Trône de la Divinité qu'est l'âme de l'homme, au sein de l'éternelle nature.

     Alors, se produit la naissance de Dieu par Dieu en l'homme, puisque c'est au moyen de ses propres émanations, de sa propre substance, attirées dans l'âme, que ce glorieux et divin Engendrement a lieu. Et le Dieu Tri-un : Père, Fils et Saint-Esprit, le Dieu de la Création s'établit dans la créature afin de la rendre parfaite comme notre Père céleste est parfait ; c'est alors que nous sommes de vrais enfants de Dieu.

     Le Dieu d'amour, le Principe de toute Bonté, de toute Beauté, s'est révélé de telle façon que, chaque homme puisse le trouver, le connaître, l'aimer et le sentir, aussi réellement que ses propres pensées et sa propre vie.

     C'est surtout par la manifestation des créatures intelligentes que se rend sensible l'Infinie et Immense Bonté, en leur donnant les moyens d'atteindre à la perfection et à la félicité de leur sublime destination.

     Le Créateur divin ne veut que le bonheur de tout ce qui est sorti de son sein ; aussi, agit-il non seulement d'après nos besoins, mais aussi parfois d'après nos caprices. C'est un admirable et doux Médecin envers l'Humanité ; il dirige ses remèdes insensiblement selon le cours du mal. Et, telle une mère attentive et tendre, le Dieu d'amour surveille les faits et gestes de tous ces chers malades, donnant satisfaction à leurs goûts et à leurs caprices même ; et si nous nous empressons de lui complaire, alors Dieu n'a rien de trop cher pour nous ! Il ne voit en nous que l'objet de toutes ses complaisances.

     Jamais, la divine Bonté n'a employé la dureté contre les hommes, Elle cherche au contraire à les prévenir en toutes choses. Mais au-dedans de l'homme, luttent la vie et la mort ; et tandis que la vie et l'amour opèrent dans son âme, le cœur de cet homme est gouverné par l'esprit corrompu de ce monde inférieur qui n'est pas le sien.

     En se détournant de l'amour divin, du Principe unique par lequel seul l'homme peut posséder les véritables richesses, il attire sur lui la pauvreté et la corruption, fruits naturels de la volonté humaine, prenant la place de celle de Dieu ; alors l'être réel de l'homme devient un cadavre spirituel, qui doit être ressuscité, comme Lazare, par l'Esprit vital.

     Ce qui nous place sur le chemin de la résurrection, c'est le sentiment de la vanité et de la misère de ce monde ; c'est l'élévation de notre cœur vers Dieu, par la Foi, l'Espérance et l'Amour ; c'est de demander à Dieu de nous faire arriver à une vie meilleure, vœu toujours exaucé.

     De même, il se produit toujours une rencontre entre l'infinie Bonté et l'homme malheureux, lassé de toutes les illusions de cette vie basse, qui sent sa véritable position dans cette auberge des Humains qu'est la Terre et en souffre, mais, à ce moment, l'Adversaire veille, et craignant de perdre là sa royauté, il se sert de tous les moyens en son pouvoir pour supprimer cette communication entre le Créateur et sa créature.

     Placé entre le Bien et le mal, entre le Ciel et l'enfer, l'être humain est entouré de bons esprits ; de vertus célestes et divines, mais aussi d'esprits pervers, des sentiments de colère, de tourment, d'envie, de méchanceté, d'orgueil, de cruauté, etc... etc.... qui sont les seuls démons existants que l'homme soit appelé à combattre ; mais rien ne peut perdre l'homme ou le sauver, que ce qui naît de sa volonté, laquelle engendre pour lui soit la Vie, soit la mort.

     La volonté de l'homme comme émanation directe de la Divinité est essentiellement libre ; elle est son propre moteur, aussi nulle puissance infernale ne peut nuire à l'homme s'il n'approuve l'entrée de l'intrus dans son royaume ; car, de même que la volonté de Dieu est toute puissante dans la Nature, de même aussi celle de l'homme domine sur toute sa propre circonscription, qui n'admet rien que ce qu'a produit cette volonté. Et, mieux que par tous les hommes et tous les livres du monde, l'homme peut tirer plus de lumière sur ce qu'il est en réalité, en faisant un examen de l'état vrai de son âme, en suivant la direction de sa volonté, en regardant où l'entraîne son désir et surtout en considérant la naissance de ses pensées bonnes ou mauvaises.

     Là où n'est pas sa volonté, l'homme n'a aucune part ; mais où elle est, là est son trésor. Et ce trésor ne fait qu'un avec lui, car il ne peut plus s'en séparer, à moins que sa volonté, changeant de direction, travaille à sa destruction ; ce que nous sommes est un engendrement de notre volonté.

     L'homme qui ne recherche que la lumière, la vie et le salut du Dieu Tri-un, pour devenir vivant, meurt dans tous les désirs de son âme, à ce qui appartient à la Terre et à tous les éléments de ce monde. Il cherche au-dedans de lui et trouve ce que jamais sa raison naturelle et ses sens n'auraient pu lui faire soupçonner. Cet homme sait qu'il n'y a qu'un seul Bon, c'est Dieu. Aussi, il met son esprit et sa vie en Dieu pour atteindre la perfection ou la Bonté pure et universelle du Tout-Puissant ; et par la Foi, l'Espérance et le Désir, l'homme élève son esprit à la vie divine, à laquelle l'Évangile nous appelle tous.

     Dès que la Trinité Sainte, c'est-à-dire la Vie, la Lumière et l'Amour se manifestent dans l'âme, la source de tout le mal (aussi bien dans les hommes que dans les bêtes et les éléments) le principe ténébreux, n'est plus trouvé nulle part, car il réintègre l'abîme d'où il n'aurait jamais dû sortir. La Vie et l'Esprit de Dieu opèrent dans l'homme comme dans l'éternelle Nature. Et le Verbe divin, par lequel toutes choses ont été faites, cette parole de vie est dans l'homme, et l'homme est immergé en Elle ; et là toutes choses s'opèrent, tant au ciel que sur la terre, car, nous le savons, la création est un éternel recommencement. Il est facile de comprendre maintenant que, seule, la nouvelle naissance est la porte du sanctuaire de la science divine ouverte à l'homme dont l'âme pure s'est vidée de tout et de lui-même. Oh ! Heureux néant qui a le Tout en partage !

     La douceur, l'amour de tous en Dieu et l'humilité sont d'une manière essentielle le royaume de Jésus-Christ ; c'est en réalité sa puissance et sa vertu réparatrice en nous. Et le développement successif de la Vie Chrétienne, de la Vie Évangélique, est une croissance réelle, un développement véritable des vertus divines, dans l'âme de l'homme ; c'est une naissance de Dieu en nous, qui s'opère par progression graduelle et vraie, comme un végétal, manifestant la Vie dans tous ses stades, jusqu'à l'apparition du fruit, de la fleur divine : de l'Enfant d'Amour, du Fils de Dieu, de l'adorable Victime, qui a donné sa vie pour nous sauver tous.

     La grande bonté de Dieu envers les hommes, l'Amour divin, se faisant organe pour les sauver tous est incommensurable et celui qu'il a témoigné en souffrant, pour nous, la mort de la Croix est encore plus immense ; mais que dire de l'Amour qu'il a manifesté en nous donnant son corps divin et son sang précieux comme nourriture ? Ah, n'est-ce pas une faveur sans prix ? S'étant donné Lui-même, Il n'a plus rien à donner, ni nous à recevoir ! Plût au Ciel que nous arrivions à approfondir et à comprendre l'immensité de l'Amour de Dieu ! Mais notre aveuglement est si grand que nous la soutirons, cette vie céleste, pour vivre de la vie égoïste, de la vie animale, tandis que, triomphalement, le Christ devait ressusciter en nous, par l'action incessante de notre volonté, dirigée vers ce divin soleil, dont nous pourrions recevoir la Vie éternelle, la félicité et le Bonheur sans fin. « Toutes choses sont possibles, dit Jésus-Christ, à celui qui croit ! »

     Pour être un bon serviteur de Dieu, et vouloir ce qu'Il veut, c'est le Christ, la Lumière du monde, que nous devons suivre en modelant nos actes sur ce qu'Il a fait ; mais pour suivre l'agneau sans tache, il faut au préalable obtenir la liberté de notre cœur par un renoncement complet de notre moi, et n'employer notre vie qu'au bonheur de tous, amis ou ennemis.

     À l'exemple de notre divin Modèle, il faut supporter avec patience les misères et les souffrances de cette vie, mépriser les injustices et les outrages des hommes, tout en conservant la dignité du Serviteur de Dieu, pratiquer l'humilité, être doux, et humble de cœur envers tous, comme le Christ. Ainsi notre paix ne sera pas celle des hommes, mais celle de Dieu.

     Enfin, nous devons imiter l'Amour qui se laisse constamment crucifier afin que subsiste la vie temporelle, cette vie miséricordieuse, en donnant aussi tout de nous, pour que se hâtent la Libération et la félicité de tous nos frères.
 
 

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