LA FAMILLE LAZARE
Les renseignements que nous donne l'évangéliste sur la famille Lazare et le récit qu'il fait de la mort et de la résurrection de ce dernier sont le reflet, très net sur la Terre, d'un acte cosmique du Verbe. Ces actes comportent toujours, une guérison, une lumière, une thaumaturgie. Lazare, l'ami de Jésus, est certainement dans les pays surnaturels un Etre, une fonction importante. Ses soeurs, Marthe et Marie, indiquent la partie féminine active et passive des mouvements de cette créature ; Béthanie, le lieu même spirituel où elle se développe. La mort de Lazare, sa résurrection et la manifestation nécessaire à la gloire de Dieu qu'elles provoquent, correspondent sûrement à quelque chose dans la création. Mais, de cette existence, de cette mort et de cette résurrection, rien actuellement ne peut parvenir jusqu'à notre conscience. Il nous suffira de constater, une fois encore que tous les actes terrestres de Jésus, toutes ses activités, sont le reflet très pur et très précis des manifestations inconnues du Verbe dans la Nature Essentielle.
La même observation s'applique à tous les êtres qui sont réunis autour de Lui sur la Terre. Tous les minéraux, les végétaux, les animaux et les hommes qui jouent un rôle grand ou petit dans le terrible drame christique, incarnent des principes et des êtres dont le Verbe s'est servi dans les régions spirituelles pour la préparation de sa venue décisive.
Le passage que nous avons à lire ensemble aujourd'hui, et dont nous prions notre Maître de nous éclairer les obscurités, est très pur, très simple, et très beau. On peut dire, sans crainte d'erreur, que les hommes capables d'y lire le récit de la résurrection de Lazare, d'y voir couler les larmes de Jésus, sans trembler, sans frémir sous l'action de la Vie, sont vraiment bien à plaindre, car, en vérité, un triple voile s'étend entre eux et la vérité.
Lazare et sa famille sont, dit l'Évangile, des " Amis du Christ ». A nous de comprendre ce que renferme ce mot ! Ces trois êtres, plus que les autres, autant que les disciples et autrement, furent appelés avant de venir sur la Terre, peut-être avant que ce monde soit créé.
Autant que les douze et autrement, ils furent, dès le commencement, avec le Verbe, et acceptèrent la mission qu'Il leur proposait. Ils vivent toujours et se manifestent encore sur la Terre de la même façon. Ils jouent dans notre évolution spirituelle le même rôle et sont représentés en nous par des facultés, des possibilités spéciales.
Oui, Lazare est mort pour ressusciter et pour rendre sensible la gloire du Père. Ses soeurs servirent Jésus sur la Terre et l'aidèrent matériellement, car leurs âmes eurent pouvoir sur Mammon ! Cette puissance, elles l'ont encore et la manifestent parfois dans la vie du débutant comme dans celle du Maître. En nous faisant comprendre le mystère de l'existence actuelle de tous les êtres dont vous voyez l'histoire se dérouler, pleine de merveilles dans les pages lumineuses de votre guide, et celui de la continuation de leur mission jusqu'à la fin de la Terre, j'espère vous rendre vraiment plus attrayante et plus féconde la lecture et la méditation de notre livre.
Vous verrez tous les héros de l'Évangile, vivre dans les régions inconnues de la nature, continuer leur action sur la Terre, en apparence des hommes comme nous, et vous les reconnaîtrez dans l'existence moderne poursuivant leur identique activité.
Jésus sait que Lazare va mourir, et il s'arrête exprès deux jours au lieu de presser sa marche vers Béthanie. Il faut que tout ce qui a été réglé s'accomplisse. Les envoyés de Marthe et de Marie, il est nécessaire qu'ils viennent vers le Christ et prononcent les paroles attendues, qui déterminent à leur tour les affirmations précises du Christ : « Lazare ne mourra pas et cette maladie servira à la gloire de Dieu ». Il fallait que les disciples aient peur et qu'ils accomplissent réellement en pensée le sacrifice de leur vie : « Allons mourir avec notre Maître » ; Lazare devait être enfermé depuis quatre jours dans le tombeau ; Marthe avait une démarche active à faire ; Marie, une action autre, mais aussi nécessaire ; les paroles de foi de Marthe provoquaient la déclaration de Jésus : « Je suis la résurrection et la vie ». Car chacune de ces paroles avait leur raison d'être et leur rôle à jouer dans l'invisible et le visible. Rien ne doit être négligé si nous voulons recueillir vraiment le maximum de lumières possibles. Tout cela c'est donc la préparation de la parole sublime : « Lazare sort ! ». Les larmes du Christ, forces miraculeuses, témoignage visible de l'élan profond de sa nature humaine vers son Père, élan parfait par la présence en Lui de la Vie Divine totale, ont appelé l'esprit de soli ami, déjà attentif depuis longtemps. La mort est vaincue et s'enfuit, l'esprit reprend aisément possession de ses organismes et transporte en avant dans l'air, contrairement aux Lois naturelles, son corps physique lié de bandes.
La gloire de Dieu est manifestée et plusieurs croient en Jésus. Les autres, esclaves du Prince de ce Monde lie comprennent rien et vont faire leur rapport. Telle est une des scènes de l'Évangile, les plus profondes et les plus propres à augmenter la force de ce qui, en nos coeurs, sait que Jésus est le Christ, Fils de Dieu.
Nous voici parvenus au terme de nos entretiens, au chapitre de l'Évangile, par lequel j'avais, l'année dernière, commencé mes Lettres Spirituelles.
II nous reste à voir encore le repas de Béthanie dans la famille Lazare, puis le dernier et nécessaire triomphe, l'entrée à Jérusalem ; enfin les ultimes paroles prononcées en public par le Christ et cette scène troublante où le réparateur veut, Lui-même, laver les pieds de ses disciples.
Six jours avant la Pâque, Jésus soupe chez ses amis Lazare. Les personnages de cette scène sont ; le Maître, Lazare, ses soeurs, puis des « Inconnus » que l'évangéliste ne nomme pas. Comme toujours les yeux de notre âme verront dans ce repas la réalisation terrestre d'une cérémonie spirituelle. Lazare et ses soeurs reproduisent ici-bas les gestes accomplis par leurs esprits dans cet appartement spécial du Père où se prépara la mission du Christ et auquel j'ai fait plusieurs fois allusion.
Je crois donc que cette réunion fut antérieure de six jours à la Pâque parce qu'elle constitua une sorte de préparation que Jésus nous permet même de deviner puisque le geste de Marie, Il le répétera Lui-même sur ses amis. Je ne puis m'empêcher non plus de penser que ces mystérieux inconnus furent des « anges » qui prirent, ce jour-là, un corps humain pour le rôle qu'ils avaient à jouer sur la Terre.
Dans les actes de Marthe et de Marie, je trouve aussi autre chose qu'un simple hommage. C'est pour moi, un rituel auguste, reflet de ce qui se passa hors du temps. Cette huile très précieuse, Jésus dit Lui-même que Marie l'a gardée pour « son corps et le jour de la sépulture ». Ainsi elle a donc un rôle très certain à jouer dans le mystérieux travail qui s'accomplira, en la nuit du tombeau, avant la résurrection.
Judas, lui, réclame, non seulement à cause de son avarice, mais surtout parce que son Esprit n'avait pas compris la nécessité et les vertus de la pure substance spirituelle dont le parfum merveilleux fut ici-bas l'image. Enfin les paroles de Jésus : « Il y aura toujours des pauvres parmi nous, mais vous ne m'aurez pas toujours » signifient certes, la dure loi terrestre du terrible creuset où dans la douleur, nos organismes physiques apprennent lentement la confiance et se préparent à la foi ; mais elles veulent dire surtout que, dans les pays surnaturels, comme sur Terre, il faut savoir profiter du passage du Verbe, parce que lorsqu' Il est passé les créatures qui n'auront pas su reconnaître sa présence devront rester longtemps dans la pauvreté et les ténèbres où vivent ceux auxquels son amour n'a pas encore donné la vie.
Voici venue maintenant l'heure du triomphe momentané du Christ, avant les ténèbres. Les puissances du mal, un instant refoulées se taisent et attendent... Elles savent que bientôt la Pure Victime va leur être livrée, et, dans l'ombre, se préparent à l'assaut... Comme tous les actes de Jésus, celui-ci fut le reflet d'une action cosmique du Verbe et constitua en même temps un germe terrestre.
Les armées du Bien et du Mal furent en présence et les justes présagèrent là gloire que le Verbe avait quittée pour la reprendre ; ils virent dans cette journée d'allégresse la certitude de la rentrée définitive du Christ dans la Jérusalem céleste avec ses élus.
Peu durable donc sur Terre, cette triomphale entrée parmi les fleurs, les adorations et les cris de joie, eut une importance très grande pour l'avenir. Remarquons ici un détail fécond en enseignements précieux : Jésus a besoin d'une monture pour cette démonstration voulue. Il envoie ses disciples chercher un ânon dans un pré voisin. Les propriétaires accomplirent à la lettre leur promesse en tenant prêt cet animal pour l'instant précis où il leur serait demandé. Le champ produisit l'herbe nécessaire à la nourriture de l'ânon qui obéissant lui aussi à l'esprit de sa race se prépare à donner au Christ l'aide nécessaire.
Toutes ces créatures reçurent une bénédiction particulière, tandis que le figuier ne sut pas fournir à Jésus le fruit qu'il devait lui donner. Comprendre donc le but poursuivi par notre Maître en nous plaçant sur cette Terre dans un milieu particulier, et l'accomplir au maximum, tel est le secret de la perfection et cet épisode évangélique vous l'enseigne clairement.
Voyons plus loin. Dans la foule qui acclame Jésus, se trouvent plusieurs Grecs. Leur esprit obéit à quelque appel secret et s'adressant à deux disciples Philippe et André, ils prononcent cette phrase, que, je l'espère, tous les êtres diront un jour, en un élan vers l'idéal : nous voudrions bien voir Jésus ! - Nous pouvons contempler ici, mes amis, une scène qui se répétera sûrement pour chacun de nous à tour de rôle. Tous nous serons bien heureux de connaître et nous connaîtrons sûrement un jour un Ami de Dieu auquel nous dirons nous aussi : « Oh ! comme nous voudrions voir Jésus ! » Et lui nous répondra ainsi qu'autrefois le Christ aux Grecs : « Si le grain de froment ne meurt il demeure seul, mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruits ; ainsi vous devez mourir à vous-même, si vous voulez voir le Christ et le servir : suivez-le partout où II sera, vous aussi vous le trouverez... Si vous laissez l'a fausse vie qui est l'amour-propre et l'orgueil, vous conserverez éternellement votre vraie vie ».
La certitude de trouver, lorsque vous serez prêts, celui qui vous amènera un jour jusqu'au Christ, voilà, mes amis, votre joie et votre force. Voilà le secret que j'ai pu vous communiquer.
Il nous reste à contempler les dernières paroles publiques de Jésus et la scène si belle où le Maître veut laver lui-même les pieds de ses amis.
Quelle énergie, quel merveilleux secours nous pouvons puiser dans cette parole : « Mon âme est troublée... demanderai-je à mon Père de me délivrer de cette heure ?... Non, car c'est pour Elle, pour l'accomplir que je suis venu ! » Et nous aussi quand viendra l'épreuve physique ou morale, quand nos larmes amères couleront, et que notre coeur sera meurtri ; lorsque le Monde nous haïra et nous méprisera, puissions-nous répéter seulement : « Père, que votre volonté soit faite, car c'est pour cela que je suis venu sur Terre. » Et sûrement alors, le secours viendra et la force nécessaire ; le Ciel est toujours prêt à intervenir.
Et au fond de nous-même, la voix se fera entendre dans le grand silence ; l'oubli et la paix naîtront ennous.
Dès que Jésus a prononcé cette phrase, créatrice pour nous, des anges qui viendront à notre appel, la voix mystérieuse retentit comme un coup de tonnerre.
Ainsi, lors du baptême du Christ, et, sur le Thabor, la Vie Eternelle entra en contact avec la vie terrestre et prépara la venue du Saint-Esprit. Elle eut pour but aussi de faire comprendre l'origine réelle du Messie: de déposer dans la nature créée des germes féconds ; de faciliter les communications entre le Monde et le Ciel ; d'ouvrir enfin de multiples chemins que parcourent sans trêve les créatures au fur et à mesure qu'elles savent l'identité de l'Envoyé divin.
Pour Lui, pour celui qui est la Vie même manifestée, cette voix est inutile, mais Jésus enseigne qu'elle est pour tous les êtres. « C'est pour vous, » affirme-t-il. Le Prince de ce monde va être chassé et c'est une heure solennelle dans l'histoire de notre Terre à laquelle nous assistons.
Mais Jésus, sème de nouveau dans les coeurs et pour la dernière fois publiquement les divines et salvatrices affirmations. « Je suis la Lumière et la vie. Je suis venu pour que ceux qui croient en moi ne restent pas dans les ténèbres ; celui qui me rejette je ne le juge pas ; c'est ma parole qui le jugera. Celui qui me voit, voit Celui qui m'a envoyé »
C'est fini. Le Christ maintenant ne parlera plus en public. C'est à ses amis qu'il va laisser ses derniers enseignements.
L'année dernière je ne vous avais rien dit de cette préparation, de cette purification corporelle que le Maître juge indispensable pour que les corps des Apôtres puissent supporter les fulgurances de l'Esprit saint. Voici sur ce sujet quelques idées. Relisez le chapitre XIII avant de poursuivre la lecture de cette lettre.
Vous remarquerez de suite combien l'évangéliste, nous permet de contempler la mystérieuse cérémonie qui se passa, hors du Temps, avant de se réaliser sur la terre.
Jésus ôte sa robe... Ainsi se dépouillant Lui-même de sa splendeur divine, le Verbe voila sa forme essentielle pour que les esprits choisis puissent Le regarder sans mourir... Oui, il y a là plus qu'une leçon d'humilité et Jésus nous l'enseigne presque clairement lorsqu'il dit à Pierre : « tu ne peux comprendre actuellement ce que je fais, mais tu le sauras dans la suite... » Or Pierre aurait certes compris, s'il avait été seulement question d'un enseignement simple. Nous pouvons donc voir dans cette scène la réalisation terrestre d'un rituel très haut et incompréhensible pour nous sur terre, c'est, comme je vous le disais, une purification, une préparation des organismes physiques de ses amis absolument indispensable puisque sans elles, ils n'auraient pu « avoir de part avec Lui », c'est-à-dire Le suivre jusque dans le Royaume. Ainsi, vous le voyez, nous pouvons, en examinant par le coeur ce passage mystérieux, y voir le reflet très pur de ce qui s'est passé pour la purification de leurs esprits, là-haut. Bien des mystères cachés aux savants nous apparaissent ainsi, selon la promesse formelle de notre Maître. Je termine ici mes lettres de cette année... en priant Jésus de donner à votre groupement la force nécessaire pour que je vous retrouve encore unis en octobre prochain.
Je n'ai pas, j'en suis sûr, à vous dire ma joie spirituelle en vous voyant tous réunis, une fois de plus, au nom du Christ. Vos coeurs en ressentiront les reflets !
Que cette première manifestation de votre pur désir, et ce premier élan vers une nouvelle période de travail soient bénis en notre Maître. Soyez persuadés que Sa Parole, dont rien ne peut se perdre, s'accomplit en cet instant où votre prière monte vers Lui. Jésus qui remplit vos âmes; Jésus dont la merveilleuse image resplendit plus nettement en vous ; Jésus dont la patience a supporté et effacé vos faiblesses, dont l'amour a séché vos larmes, dont l'intelligence et la sagesse ont développé votre coeur et votre cerveau; Jésus dont la voix secourable a retenti plus nettement en vos coeurs, Jésus est là... Ses anges vous entourent et se nourrissent, attendris, de votre émotion, de vos élans d'amour. - Sa mère, miséricordieuse et mystérieuse mère de tous les êtres, vous sourit...
Le Ciel descend un peu sur la Terre et l'illumine ; voici l'heure sainte... adorons et veillons. Oui, veillons car nous ne sommes pas encore à l'entrée du royaume et la victoire n'est pas nôtre. Veillons, car l'ennemi est là tout près et si nous ne devons pas le craindre ; si notre triomphe est certain, il nous faut sans cesse être sur nos gardes ; nous sommes en pleine bataille pour longtemps encore. Déjà, le Ciel s'éloigne car nos organismes de chair n'en peuvent supporter que de brefs contacts, des lumières atténuées. Mais chaque fois cette communion nous laisse plus forts et plus décidés.
Vous allez donc commencer une nouvelle année de travail et, la force que vous avez toujours puisée dans vos réunions, vous devrez de plus en plus la répandre autour de vous par l'action. Je vous conseille donc de supprimer une des séances de lecture et d'explication de l'Évangile, et de la remplacer par une réunion consacrée aux malades de corps et d'âme. Réunissez ces malades avec vous et priez ensemble pour leur guérison collective. Ne conseillez aucun médicament. Donnez-leur seulement l'exemple de votre foi et de votre confiance en Dieu. Augmentez si possible les visites à domicile et les distributions de vêtements. Enfin prenez bien conscience de ceci : « Vous avez beaucoup reçu ; il faut. donner plus encore ; pour être aidés, faites plus que vous ne pouvez, dépassez les possibilités ; alors découleront du coeur de votre Maître plus abondants et plus nets les secours miraculeux.
Je vous écrirai cette année comme d'habitude et je prendrai pour thème de mes lettres la fin de l'oeuvre : La Passion de Jésus. - Je demande bien humblement que le Maître me dicte les paroles nécessaires et qu'Il daigne me permettre d'éviter tout scandale et, au contraire, de vous donner seulement les lumières dont votre coeur a soif, et la force exacte dont vous avez besoin.
LE CHEMIN DE L'HUMILITÉ
J'ai choisi pour nos entretiens de cette année, et comme sujet de mes lettres, le récit évangélique des événements qui se sont produits depuis l'institution de la Pâque, jusqu'au retour du Christ dans l'insondable Eternité.
Les théologiens de toutes les Eglises chrétiennes ont commenté ces pages ultimes relatant les derniers actes du Sauveur sur la Terre.
Mon but n'est pas de refaire leur travail. J'ai décidé de terminer nos études familières de ces quatre années par l'Évangile de St-Jean, malgré que je vienne en dernier et que cette tâche soit bien lourde, parce que j'en suis persuadé, je suis venu pour vous. Le Maître vous a groupés autour de moi et Il me donnera les lumières qui vous sont exactement destinées. Vous les assimilerez plus aisément, et elles vous feront une nourriture spirituelle dosée comme il le faut. En outre, l'Évangile constitue une mine inépuisable et il est possible que celui qui parle dans le secret des âmes, me dise des choses inédites, ou me permette tout au moins, de jeter en vous des germes nouveaux. - Ainsi, c'est dans la perception profonde de ma faiblesse et de la vôtre ; c'est dans la certitude absolue que je ne puis rien dire et que vous ne pouvez rien comprendre sans Jésus, que je commence mon travail de cette année !
Je m'y suis préparé dans la prière et. la douleur. Notre Ami Surnaturel ne nous abandonnera pas. Ses anges me diront, bien que j'en sois indigne, ce qui sera nécessaire et prépareront vos cerveaux et vos coeurs à me comprendre. Nous contemplerons tour à tour le jardin terrible et l'insondable douleur universelle àlaquelle Jésus donne asile : l'arrestation ; le jugement ; le supplice ; la mort ; la résurrection ; les apparitions du Maître et enfin l'apothéose.
Prions ensemble pour que les lumières reçues ne soient pas stériles et nous donnent à tous la force de l'acte, par quoi elles deviendront en nous éternelles.
La dernière réunion des amis et du Maître se termine. Les définitives et décisives paroles ont été prononcées. Après les clés absolues de l'amour, Jésus veut encore cependant indiquer le chemin de. l'humilité et du sacrifice. Notre devise « Servir » voilà son origine miraculeuse. Celui qui est venu du haut du Ciel a voulu être parmi ses disciples « comme un serviteur » et qui voudra être le plus grand, devra se faire le plus petit.
Suivre Jésus dans la douleur, c'est mériter le royaume, mais il faut porter avec Lui sa croix sans aucune restriction, et c'est là un idéal bien lointain encore pour nous. Néanmoins, avoir les yeux fixés sur une lumière certaine, marcher vers un but toujours visible illuminé par les rayons directs du Ciel, c'est là une force merveilleuse et sûre grâce à laquelle nous pouvons espérer l'atteindre. Ainsi une fois de plus, l'Évangile nous montre le chemin.
La puissance de l'humilité est compréhensible, même par la seule réflexion aidée d'un peu de foi. Si nous désirons suivre la route à l'aide de nos propres forces limitées, n'est-il pas évident que les obstacles triompheront aisément de notre volonté si dynamisée qu'elle puisse être ?
Au contraire, si, conscients de notre faiblesse et des effroyables difficultés que nous réservent le monde et nous-mêmes, nous parvenons à la certitude intérieure profonde que sans Jésus nous ne pouvons rien, l'aide viendra immédiatement et il n'y aura plus de limites à nos pouvoirs puisqu'ils ne seront jamais autre chose en nous que la manifestation de la puissance illimitée du Christ.
L'orgueil, c'est vraiment nous-mêmes. Nous sommes tout orgueil et c'est pourquoi la descente dans les abîmes spirituels de l'humilité sera toujours sans fin, et nous ne pourrons jamais l'atteindre complètement. Il suffit, du reste, que nous fassions tous nos efforts ,vers cette créature surnaturelle ; il suffit de savoir que l'orgueil n'est jamais dangereux tant qu'on le sent présent en soi ; mais qu'il est vraiment terrible, lorsqu'on n'en a plus conscience. Ceci est une règle pratique d'ascèse mystique... Poursuivons.
Comme toujours, après avoir indiqué en quelques mots immenses dans leur conséquence les dons merveilleux qu'Il réserve aux Douze dans le royaume, parce qu'ils ont suivi fidèlement leur Maître dans ses épreuves surhumaines, le Christ nous donne l'assurance que s'il nous est impossible d'éviter la tentation depuis la plus petite jusqu'aux terribles attaques de l'adversaire symbolisées par les mots : « Satan a demandé de te cribler comme on crible le froment », nous aurons la très douce joie et la très grande force de sa divine prière. - Et comme Pierre (si nous avons succombé), par ce secours extraordinaire, nous reviendrons à nous et nous serons même assez forts pour « affermir à notre tour » nos frères dans la peine. Je vous ai souvent parlé de la tentation. mes amis ; vous savez qu'elle est nécessaire pour éprouver nos forces. Ici, comme du reste à tous les passages de notre Livre, ne discutons pas, aimons ; disons-nous que si une chose est sûre, c'est l'amour immense de Jésus pour nous et que par conséquent. s'il a ainsi tout réglé c'est pour notre bien final. Et puisque notre Maître priera pour nous, ne sommes nous pas sûrs de la victoire ?
Remarquez donc encore une fois, combien Jésus nous donne toujours une raison d'espérer lorsqu'il nous avertit des luttes et des obstacles qui nous attendent le long du chemin.
Dans ma prochaine lettre nous suivrons la divine victime parmi les pierres et les ronces ; les ténèbres et les angoisses surhumaines du Jardin.
LE JARDIN DE GETHSEMANI
Vous n'avez pas oublié les instants merveilleux que nos âmes ont passés en cette chambre haute où Jésus célébrait la dernière Pâque avec ses disciples. Je voudrais cette année lui demander la même faveur. En prière nous Le suivrons pendant la nuit terrible du Mont des Oliviers, nous l'accompagnerons partout en sa voie douloureuse, et jusqu'à son apothéose en pleine lumière du soleil.
Que nos larmes tombent avec celles de Jésus
Buvons avec Lui le calice d'amertume ; étendons nous sur la croix sanglante ; ouvrons nos mains pour que les tous y pénètrent mieux ; mourons avec Christ, ressuscitons comme Lui ! Que nos coeurs reçoivent les germes féconds de ces heures passées en Lui, avec Lui. C'est là mon humble prière au début de notre étude.
Nous sommes parvenus à la neuvième heure du jour ; la nuit est venue et beaucoup de voyants s'accordent à dire que la lune brillait ce soir-là dans un ciel sans nuage. Le Mont des Oliviers que Jésus affectionnait particulièrement et où, tant de fois, nous L'avons suivi, présentait à sa base, des jardins d'agrément et des maisons de campagne. Un de ces jardins s'appelait : Gethsémani et un autre, le Jardin des Oliviers. Le Christ paraît aux yeux de notre âme. Il est entouré de onze disciples, Judas l'ayant quitté. D'un geste et d'un regard, Il commande à huit d'entre eux de l'attendre à Gethsémani. Les apôtres s'étendent sur le sol où s'assoient sur les pierres. Puis Jésus traverse une route étroite et pénètre avec Pierre, Jacques et Jean au Jardin des Oliviers. La lune et aussi la faible auréole qui fut visible toute sa vie, à différents degrés, nous permettent de contempler avec amour son pâle visage, déjà tourmenté par les approches d'une profonde. tristesse... « Mon âme est triste jusqu'à la mort » dit-il a Pierre, qui marche à sa droite et essaye vainement de Le consoler... Puis, Jésus laisse les trois disciples et leur recommande de veiller et de prier en l'attendant. - Il s'éloigne de 150 à 200 mètres environ, et s' asseoit hors de leur vue dans une caverne creusée à même le roc. -Voici l'heure des ténèbres. Jésus pénètre profondément dans la douleur. L'angoisse le torture déjà. Celui qu'Il avait chassé au commencement de sa mission et qui était parti pour un temps, revenait et l'attaquait de nouveau avec violence. Prosterné, la face contre terre, Jésus priait... Il nous est impossible de comprendre, mes amis, l'opération mystérieuse par laquelle le Christ se sépare a ce moment de la vie divine qui était totalement en Lui, afin de laisser son humanité seule subir les attaques du mal et du désespoir. - Pour que son coeur accueille et supporte entièrement la souffrance ; pour que, plus tard sur le Calvaire, la Mort ait prisé sur le divin supplicié, il faut que ces créatures ne trouvent devant elles, qu'un homme... extraordinaire certes, surhumain ; mais un homme, non un Dieu. Le corps, la vitalité, la force du Christ dépassent tout ce que nous pouvons imaginer ; ainsi par la permission spéciale qu'il en reçût, le Mal, pût en s'affrontant au seul être capable d'en supporter l'assaut total, recevoir le germe de lumière destiné à le transformer un jour.
LA NUIT TERRIBLE
L'oeuvre que Jésus accomplit au Jardin et qui dura environ deux heures et demie de notre temps, était d'une importance énorme que nous ne pouvons du reste comprendre en la chair. Tout l'avenir de l'humanité en dépendait, autant et plus peut-être que du calvaire. Par un incompréhensible mystère, la nuit épouvantable rendit pour nous possible le chemin du royaume. Ce que souffrit Jésus est inexprimable parce qu'Il donna asile complet à tout ce que nous connaissons du Mal et aussi à ce que nous en ignorons. Son humanité seule dépassait en effet d'une manière absolue tout ce que nous pouvons concevoir... Mais notre coeur vibre à cette évocation, nos larmes coulent et nous ressentons intérieurement une souffrance presque physique qui nous permet de pressentir quelque chose d' inoui : Notre intelligence ne peut que faire ici quelques remarques : ainsi, c'est par degrés insensibles que le Mal pénètre l'organisme très pur du Maître... D'abord, la frayeur annonce l'approche de Satan - puis l'angoisse par quoi, en se repliant sur eux-mêmes, en concentrant leur force, le coeur humain de Jésus et toute sa vie intérieure se préparent à subir l'assaut ; puis la tristesse mortelle, puis un effort tellement puissant de résistance que les glandes sudoripares s'ouvrent en grand... la sueur s'écoule sur ses membres sacrés, tombe sur le sol et se transmue en une substance qui ressemble au sang humain (initiation orale). (Une sueur comme du sang - Luc). Tout cela pour que nos âmes puissent, sans frémir contempler l'horrible perversité du Mal sur terre et même affronter un jour immédiatement avant l'aurore qui verra notre triomphe, le regard épouvantable de Satan et sa haine... Cette angoisse est le puissant élixir qui guérira les nôtres aux heures sombres où tout nous paraîtra perdu, où le Ciel nous laissera seuls en face du Monde et de son Prince, où notre coeur brisé n'aura même plus l' espérance. .. .
Cette mortelle tristesse se répandit dans l'invisible de notre Terre, elle fut le baume merveilleux qui versera en nous la joie, le courage et l'espoir.
Cependant Jésus plie sous le poids de la sombre couronne invisible préparant son front d'homme à la couronne d'épine et de ses lèvres bénies sortent ces mots qui furent pris à tort, pour une faiblesse, (car on ne voit pas en général, que dans le Christ tout est volontaire) : « Père, si tu voulais éloigner de moi ce calice ! » Au contraire, ces paroles et celles du Calvaire : « Père, pourquoi m'as-tu abandonné ? » peuvent être considérées comme une manifestation tangible et durable de la bonté de Dieu. - Elles effacent ( initiation orale ) dans le passé, le présent et l'avenir, nos doutes, nos désespoirs et les jugements ridicules par quoi nous voulons peser les desseins de Dieu ! Ces anges n'ont plus quitté la Terre et sans cesse, avec leur milice, volent partout où un enfant du Père abandonne le Ciel par trop de souffrances ; partout où un coeur se brise ou s'engage dans les effrayants déserts du doute. Enfin, cette sueur sanglante et sacrée, d'après des enseignements secrets, constitue dans l'invisible, un électuaire mystérieux, unie base, une force irradiée, qui précieusement conservée par les anges, doit être utilisée aux derniers jours ...
Mes amis, méditons sur ces idées vivantes. Contemplons avec amour notre -Maître dans cette terrible lutte ; prenons la résolution en le voyant plus pâle, plus défait, plus sanglant peut-être qu'au calvaire, de souffrir avec joie puisqu' Il a souffert ; de Lui éviter par notre violence sur nous-mêmes et nos passions la moindre tristesse. - N'oublions pas que le calice du Jardin nous est réservé pour y tremper nos lèvres le jour où nos forces auront atteint leur maximum. En dehors de toute raison, une soif inextinguible, un désir ardent, un élan total de notre être nous pousseront à désirer une place à la table du Maître. Bien que cela nous semble incroyable à l'heure actuelle, nous tendrons nos mains vers cette coupe étincelante que Jésus supplie son Père d'écarter mais qu'Il boit cependant jusqu'à la lie.
Nous n'en prendrons que quelques gouttes ( J. A. R. Lueurs Spirituelles -Beaudelot, édit.-), mais en se répandant dans nos veines, en nous pénétrant tout entier, ce divin breuvage nous enivrera réellement à jamais de l'amour humain. La splendeur du sacrifice rayonnera en nos coeurs et nous disposera, nous préparera, pour que devienne un jour possible, la réalisation de la promesse extraordinaire : « Vous serez assis à ma table dans le royaume de mon Père ».
Mais que nos yeux s'ouvrent encore... Contemplons Jésus... Réconforté par l'ange... Il va vers ses trois amis, et les trouve endormis. - Trois fois, après les avoir réveillés et encouragés, Jésus retourne à la grotte. Les huit autres disciples sont plus loin, au fond du Jardin de Gethsémani, et la tradition veut qu'ils ne dorment pas et se tiennent attentifs angoissés, dans l'attente... Jacques et Jean étaient « Fils du Tonnerre ». Pierre avait été particulièrement préparé. Tout fait donc supposer avec une quasi certitude que leurs organismes fluidiques et physiques étaient plus résistants que celui des autres disciples. Il y a, à mon avis, une raison à cette disposition. Les huit sont assez loin car le Jardin des Oliviers était séparé dit Jardin de Gethsémani et Jésus s'était éloigné. Ils sont donc moins exposés, ainsi que je vous l'ai dit déjà, je crois, aux vibrations terribles que la manifestation presque physique du Mal, et l'approche réelle de Satan, provoquent dans l'atmosphère de ce lieu. - Malgré leur force, ils n'auraient pu les supporter. - Pierre, Jacques et Jean, eux-mêmes, ne peuvent les affronter qu'endormis. Ce sommeil les mit à mon avis à l'abri de cet effroyable ouragan psychique que Jésus seul pouvait endurer. Les reproches du Christ sont doux et Il répète comme pour les excuser « la chair est faible ». Je suis donc persuadé que notre Maître laissa volontairement en arrière, les huit ; et quitta même les trois autres, car seul, Il pouvait résister à ce qui se préparait.
Plus grave fut certainement le reniement de Pierre, mais Jésus l'avait d'avance pardonné en l'en prévenant et en lui prédisant qu'il reviendrait à lui assez complètement pour affermir ses frères.
Puis il pria pour lui, et je suis certain que seules les puissances extérieures de l'apôtre furent touchées par le Mal. Enfin, les lois spirituelles que je crois avoir pressenties, et qui nous permettent de voir en tous les actes de Jésus, et en ses paroles des forces et des êtres créés pour nous, réagissent jusque sur les Apôtres.
Ainsi leurs faiblesses et leur reniement, sont je pense plus apparents que réels et excusent d'avance les nôtres lorsqu'ils sont momentanés, puisque nous sommes des enfants à côté de ces êtres merveilleux.
L'ARRESTATION
L'Écriture, la Parole, la Peinture et l'art dramatique ont depuis longtemps vulgarisé les scènes qui vont suivre ; l'arrivée des serviteurs du Grand Prêtre, le baiser de Judas, le simulacre de résistance ; l'arrestation, la fuite des disciples, Jésus chargé de chaînes et conduit à la maison du souverain sacrificateur, etc. Les théologies, les liturgies et chants d'Église nous ont rendus familiers les décors, les attitudes, les moindres gestes des personnages ; je crois donc préférable de ne pas vous répéter ce qui a été dit mille fois et par des Maîtres. Mais je recueillerai avec amour les paroles mêmes du Christ, et, comme toujours, j'espère en contemplant leur action sur mon âme, vous rendre plus compréhensible la lumière qui s'y trouve contenue.
Jésus a repris quelques forces. Il sait que l'heure est venue. Le voici debout au milieu de ses amis attérés, et ne se rendant pas un compte exact de ce qui va se produire. Levez-vous, leur dit Jésus ; celui qui me trahit approche...
La trahison de Judas a fait couler beaucoup d'encre...Peut-être vais-je pouvoir vous en faire voir un aspect moins connu. Dans ce but, il nous faut comprendre que, pour une cause encore cachée, le Mal a été volontairement organisé dès l'origine par le pouvoir créateur. Les Ténèbres sont repoussé la lumière, dit Jean et il est très probable qu'il le fallait. Ne laissons pas notre raison humaine intervenir. Contentons-nous de nous assurer que cette lutte se reproduit dans le drame de la Passion, après le départ dit Christ, et depuis lors. Il nous est donc impossible de saisir quoi que ce soit dans la responsabilité spirituelle de l'être qui s'est appelé Judas sur terre, et par conséquent nous ne pouvons juger sa faute; même dans sa réalisation matérielle. Ignorant la vraie cause de son acte, notre jugement serait sûrement faux. Je crois donc inutiles les volumes d'anathèmes qui ont été écrits par les théologiens sur la trahison de Judas. Et n'êtes-vous pas tentés d'appliquer cet enseignement à tous les êtres ? N'est-ce pas pour cela que notre Maître nous a dit : « Ne jugez pas ! » Tout donc nous demeure inconnu dans cet homme. Cependant un jour, un ami de Dieu, a laissé deviner à quelques-uns la cause vraie de la faiblesse et de l'épouvantable malheur du traître. C'est un éclair de régions spirituelles fermées pour nous. « Lorsque le Verbe rechercha et rassembla les âmes, qui, pour le servir devaient être jetées dans des corps de chair, Il fit passer sous leurs veux les mêmes tableaux lumineux et complets dont le Père s'était déjà servi pour les Prophètes. Tous les détails de leur vie et de leur souffrance, et les moindres gestes que le Sauveur devait faire sur la terre, apparurent aux yeux de ces créatures missionnées. En voyant la représentation de la trahison future, l'une d'elles, comptant trop sur ses propres forces s'écria : Si l'un de nous te trahit, je ne serai pas celui-là ! - L'ombre du Mal s'était, glissée en cet être et il fut choisi pour le rôle nécessaire mais terrible » ( Tradition ­transmis par le Dr PAPUS).
Evitons toujours avec soin de croire à notre vertu, à notre puissance propre et sachons que si nous ne faisons pas le Mal, c'est au secours incessant du Ciel que nous le devons.
Mais revenons au jardin : - Voici venir le traître entouré de soldats. Il embrasse son Maître et s'attire ce doux reproche : « Mon ami, dans quel dessein es-tu venu ? C'est par un baiser que tu me trahis ! ».
Ainsi, celui qui va le livrer est pour Jésus encore nu Ami un ami serviteur du Mal, mais un ami. Le Christ ne sait-il pas que sa trahison est une douloureuse nécessité, à cause d'une loi mystérieuse du surnaturel ? Il le plaint seulement de s'être exposé à jouer ce triste rôle.
L'heure de la puissance des ténèbres était venue et tout ce qui avait été écrit devait se réaliser. Le Christ savait qu'il lui faudrait boire jusqu'à la dernière goutte le calice d'amertume, et que son arrestation était imminente puisqu' Il avait renoncé à cette puissance absolue qui lui avait assuré la sécurité parmi tous les pièges, tant que cela avait été nécessaire. Judas est toujours son ami ; dans ce mot nous est il défendu de pressentir la certitude du pardon pour cet être qu'encore une fois, nous ne pouvons ni juger, ni comprendre ? Mais, ce baiser suprême, cette marque de l'amour, ne vient-il pas jeter clans la haine et les ténèbres les germes du pardon et de la lumière ? Par ce baiser au moment où il le donna, Judas reçut la grâce du repentir total et la force d'accomplir le geste du suicide, l'abandon violent de cet organisme de chair qui lui servit à accomplir l'acte épouvantable. - Quel mystère, le choix de ce signal - Ne pouvait-il, ne devait-il pas normalement en choisir un autre ? et combien sont révélateurs les moindres détails du récit évangélique ! nous le voyons ici une fois de plus.
Cependant un simulacre de résistance est fait. Pierre frappa de l'épée un des serviteurs du souverain sacrificateur nommé Malchus. Cette épée, Jésus lui avait ordonné de la prendre, on s'en souvient. Elle était donc nécessaire et ce geste devait être accompli. Il était en apparence inutile puisque Jésus arrêta aussitôt Simon Pierre. Nous pressentons donc facilement l'importance de cette scène ; surtout à un point de vue mystérieux et surnaturel. Pouvons nous en comprendre quelque chose ? - Une lueur... Il m'est permis de vous dire ceci : Comme tous les personnages de l'Évangile, Malchus avait un rôle particulier à remplir. Son esprit était le centre d'une cohorte spirituelle dont l'action importante dès la préparation invisible du christianisme devait l'être encore après le départ de Jésus. Car le Christ sut faire servir à l'accomplissement de sa volonté, non seulement la trahison suprême, mais encore les obstacles moins importants venant des créatures. L'épée flamboyante d'un archange prépara, là-haut, Malchus à la mission ingrate mais nécessaire qu'il avait acceptée et l'épée de Simon Pierre, ouvrit par la douleur son coeur physique à l'amour et à la foi. Malchus fut plus tard chrétien et ami de Jésus.
Les paroles fameuses « qui frappe de l'épée, périra par l'épée » ont aussi à mon avis, une signification plus profonde que celle ordinairement comprise. Certes, elles veulent dire que la violence appelle la violence ; que l'erreur prépare l'erreur, (lue le mensonge, la fraude, l'hypocrisie déterminent leurs semblables, et c'est donc une loi générale de réaction qui nous est enseignée ici ; mais ils signifient encore ces mots mystérieux, que les projections de notre volonté dans l'invisible et le visible, (lue les coups qu'elle entend porter à l'énorme puissance du destin sont pur enfantillage. Ils atteignent enfin leur sens le plus profond si nous les éclairons par les suivants. « Penses-tu que je ne pourrais pas prier mon Père, qui m'enverrait aussitôt plus de douze légions d'anges. » La faible volonté humaine disparaît devant la force de la prière. - Elle est vraiment, bien que des années soient nécessaires pour le comprendre, tout aussi ridicule et inutile que l'était en apparence l'épée de Simon, devant la troupe armée. Ces dernières paroles sont un rappel de l'enseignement précis du Christ, la puissance de la prière, et la faiblesse de la volonté humaine. Puis Jésus indique la cause réelle dit triomphe apparent du Mal : « Comment, si j'agissais ainsi s'accompliraient les Ecritures qui ont prédit Tout ceci » ? Ainsi, les ténèbres et le Monde semblent l'emporter pour grue les écritures soient réalisées. Il est à cela une nécessité absolue c'est qu'elles constituent, le reflet des volontés très précises et immuables du Père qui doivent s'accomplir à la lettre sans quoi toute la création s'écroulerait.
Cependant le temps passe... Jésus s'avance vers la troupe armée : Qui cherchez-vous ? - Jésus de Nazareth - C'est moi.
Il se produit alors un phénomène analogue à celui dont Malchus vient d'être le support. A la voix terrible et douce de l'Agneau tous ces hommes reculent et tombent. Dans les plans spirituels les êtres sont rarement isolés. Judas peut être considéré comme le chef de toutes les créatures qui plus ou moins furent hostiles au Christ. La faute de ces serviteurs fut légère, puisqu'ils étaient commandés. Le regard de Jésus les illumina brusquement, leur organisme physique ne put supporter sans faiblir la lumière divine, mais, presque aussitôt, ils se relevèrent. Ils furent chrétiens après le calvaire et suivirent Malchus dans sa mission.
Puis Jésus leur dit encore : c'est ici la puissance des ténèbres, c'est votre heure.
Ainsi notre Maître affirme encore une fois que tout flans sa vie et dans ses souffrances ne put se produire que. par permission spéciale. Une puissance irrésistible, arrête les mauvais desseins, et fait échouer les pièges. Rien ne peut empêcher Jésus de parler et d'agir tant qu'Il le veut.
Tout est dit ; lié et maltraité, le Sauveur est emmené à la lueur des torches, mais avant de partir, une parole sort encore de ses lèvres et de son coeur.
« Laissez aller ceux-ci ». Il fallait en effet que les disciples puissent le suivre ou l'abandonner selon leur volonté ou leur force de résistance. Pierre suit à distance. Les autres s'enfuient.
Voilà, mes amis, ce que peuvent nous apprendre actuellement les divines paroles, au début du Martyre. Nous suivrons maintenant Jésus devant ses juges.
LE PROCÈS LE CALVAIRE
Le but de mes lettres est, vous le savez, de maintenir, malgré l'espace et le Temps, le lien qui s'est formé autrefois entre nous ; mais surtout je désire vous rendre plus aisée la contemplation intérieure des versets évangéliques, en vous donnant des exemples répétés de ce que cette communion intime entre votre coeur et les anges de la parole, peut donner de lumière à vos âmes et de force à vos organismes matériels. Aussi, poursuivant ma route, je laisserai, dans le procès de Jésus tout ce qui ne se rapporte pas immédiatement à ce but, et qui du reste a été écrit bien souvent. Si je puis espérer vous présenter un aspect sinon nouveau, au moins peu connu de ces heures sombres, c'est en m'attachant uniquement aux paroles mêmes de Jésus en leur demandant leur sens le plus intérieur les lois spirituelles positives qu'on y peut découvrir pour éclairer la conduite de la vie. La tâche n'est pas aisée. Ces derniers mots prononcés pendant le martyre, ont naturellement, l'immense, importance des autres enseignements, mais ils sont de plus une synthèse, un résumé, une consécration, de toutes les oeuvres de toutes les pensées du Christ. Ils nous offrent des clés qui permettent d'ouvrir certaines portes du sanctuaire, et ils attestent la création à ce moment suprême, de Puissances dont l'action s'est fait sentir sur la terre, dès le départ de Jésus et pourra se reconnaître encore jusqu'aux limites du plus lointain avenir, jusqu'à la transformation de notre monde.
Examinons donc en premier lieu les paroles qui confirment, vérifient et synthétisent les enseignements du Sauveur.
C'est d'abord l'affirmation répétée de son Origine, de sa Royauté et de sa Mission : Tu l'as dit, je suis roi, je suis venu pour cela et pour rendre témoignage à la vérité... Je suis le Roi des Juifs. Je suis le Fils de Dieu.
Il semble vraiment que c'est à toute l'humanité future, à nous-mêmes que le Christ s'adresse. Ne sentons-nous pas profondément qu'ainsi prononcées à l'heure dernière, ces affirmations sont irrésistibles.
Plein d'amour et de douceur, Jésus avait murmuré toute sa vie à tous ceux qui l'approchaient qu'Il était identique au Père Inaccessible, à la Vie Centrale cachée. Sa Royauté, sa puissance absolue, Il l'avait mille fois prouvée, au cours de sa vie publique, mais Il va retourner vers son Père, et à cette heure, Ses paroles nous paraissent plus sacrées encore... elles entraînent notre conviction complète.
Jésus résume aussi toute son oeuvre, en disant qu'Il est venu pour accomplir et prouver sa royauté à tous les hommes dont les yeux ne seraient pas fermés par l'orgueil et pour être le grand témoin de la vérité, de la totale connaissance présentée à notre terre. Ces paroles solennelles ouvrent donc pour nous la porte la plus secrète de la vérité. Elles sont le don même gratuit par quoi nous croyons en Jésus Dieu, et la possession de cette clé, sous entend celles de toutes les autres, car Jésus lui-même a dit : « Celui qui me connaît, connaît mon Père ». Et nous ajouterons : Celui qui s'est harmonisé avec l'absolu, possède les secrets de Dieu. C'est un régénéré, un réintégré en la splendeur du royaume.
Ainsi donc, Jésus a solennement consacré toute sa vie terrestre, et a mis le comble à tout ce qu'Il était venu apporter aux hommes.
Puis, Il a répété une dernière fois que son royaume n'était pas de ce monde, et cela au point de vue extérieur le perdait sans rémission, car les Juifs attendaient un Messie glorieux, environné de la puissance guerrière et de l'éclat du triomphe. Mais Jésus devait et voulait prononcer une dernière fois cette affirmation, car par-là Il nous donnait la clé de la terrible nécessité de la douleur dont la raison vraie est absolument au delà de nos sens, même spirituels, et que, nous sommes cependant obligés d'admettre puisque celui à qui tous pouvoirs avaient été remis, a voulu recevoir en Lui le maximum du Mal. Ces mots, vraiment terribles, nous font apparaître, environnée d'éclairs la barrière formidable qui nous sépare de la joie humaine, de l'or, de la gloire. Le Prince de ce Monde sur son trône de diamant, entouré de ses sujets vêtus d'habits somptueux et couchés sur des monceaux d'or, nous regardent ironiquement, suivre notre Maître couronné d'épines et recouvert de la robe d'infamie. Et comme pour nous consoler à l'avance de la vision décevante, Jésus affirme aussitôt, que s'Il refuse la puissance terrestre, Il sait qu'Il va remonter vers son Ciel, et s'asseoir à la droite de la puissance de Dieu. Nous reprenons encore courage et la joie envahit nos coeurs, car les sublimes paroles de la dernière prière nous reviennent à l'esprit : « Mon Père, je désirs, que mes amis, ceux que tu m'a donnés soient avec moi, afin qu'Ils contemplent ma gloire... »
Oh ! merveilleux espoir, certitude resplendissante, vous nous ranimez en l'instant, et disparaissent jamais les fausses joies du triomphe matériel ! Eau très pure de la vie éternelle, en coulant dans nos veines, tu nous rends la force et le courage de laisser à d'autres l'or et la gloire, pour suivre Celui qui porte sa croix et la nôtre. Remercions en silence la grande et sainte victime et préparons-lui nos coeurs, pour que sa bonté y descende, et son amour incompréhensible.
Cependant Jésus regarde en silence son juge et ce dernier, impatienté, s'écrie : « Tu ne réponds pas Ne sais-tu pas que j'ai le pouvoir de te crucifier ? » Et le Christ lui ferme la bouche par ces mots définitifs: ,, Tu n'aurais aucun pouvoir sur moi, s'il ne t'était donné d'en Haut... »
L'ange de cette parole auguste, appuyé sur son glaive étincelant, nous sourit encore aujourd'hui, et ses regards pleins de feu vivant, versent en nos âmes des torrents d'énergie. Il prend nos coeurs en ses puissantes mains et la certitude inébranlable de la vérité pénètre jusqu'à notre cerveau tyrannique... Oui, dès que nos esprits se seront totalement donnés au Verbe éternel ; dès que notre coeur connaîtra l'identité complète de Jésus, aucune créature ne pourra nous nuire, aucun être nous tenter, sans que cela ait été permis par le Ciel d'abord, et nous échapperons entièrement aux pièges du destin. Forts de cette foi, le mal ne nous effrayera plus, ni les attaques des puissants, ni les mille embûches qui peuvent nous être préparées.
Les anges de Jésus sont sans cesse près de nous et ils ne permettent aux soldats de l'adversaire, de nous atteindre que dans la mesure où cela est nécessaire pour dynamiser notre patience, notre intelligence, notre intuition ou notre coeur ; dans la mesure aussi, où nos forces de résistance peuvent le supporter.
Ainsi donc cette affirmation de Jésus, nous devons l'adorer et la contempler en silence, car elle est toute notre vie.
Les déclarations aux filles de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi, mais sur vous et sur vos enfants » sont aussi très importantes et fécondes en enseignements. Vous savez que toute rencontre avec le Christ sur terre a été longuement préparée et est le résultat d'une volonté du Père. Ainsi la grande joie de ce Simon qui fut désigné pour soulager Jésus du poids de sa croix ; ainsi le passage du Christ à travers la foule des habitants de Jérusalem. Pour chacun de ces êtres, ce fut l'occasion d'un triomphe ou d'une chute. Quelques-uns le reconnurent tout-à-fait et reçurent de lui, la définitive bénédiction qui les faisaient enfants du Ciel. Beaucoup ne comprirent que peu de chose, mais ils furent émus et s'écrièrent en eux-mêmes : « Il est peut-être innocent » ( CATHERINE EMMERICH ­ La Passion.) Ceux-ci devinrent chrétiens après la mort de Jésus. Enfin le plus grand nombre poursuivirent le Sauveur de leur haine, mais les femmes pleurèrent...
Bénissons ici, mes amis, cette douce pitié féminine. Combien ces larmes des filles de Jérusalem furent précieuses ! Elles durent consoler et aider l'humanité du Christ et retomber sur leurs coeurs en rosée fécondante. Mais le divin martyr savait, Lui seul, les causes secrètes et les nécessités de la douleur, celles aussi des justes réactions du mal commis. Il connaissait le terrible destin réservé non seulement aux Juifs, niais à l'humanité toute entière, et nous pouvons voir ici sans peine la fatalité de ce mode d'évolution, car si le mal s'attache au seul être absolument sans tache, et qui normalement devait opposer aux flammes de la souffrance l'obstacle que la « bois humide » oppose au feu, « que ne fera-t-on pas » à nous tous vraiment coupables, à nous « bois sec » desséché par nos fautes, préparés d'avance pour brûler ; jusqu'à ce que les larmes du repentir aient transformé le bois sec « en bois humide » (Évangile).
Ainsi donc, lorsque nous serons tentés d'examiner à l'aide de la raison humaine le problème insoluble du Mal, ou que nos coeurs souffriront par trop, souvenons-nous toujours que Jésus était tout puissant. Rien ne pouvait l'atteindre ; entouré d'une armée prodigieuse, ordonnant aux chefs du règne minéral d'amonceler l'or à ses pieds ; appelant des légions d'anges, il aurait pu établir en très peu do temps son royaume sur la terre, forcer les hommes à suivre ses lois ; leur donner l'éternelle jeunesse et le bonheur suprême. - Mais le Mal, ni la Mort n'auraient été vaincus ; le travail aurait disparu du monde et nous n'aurions pas gagné le royaume du Ciel. Jésus seul connaissait les vraies causes et les vrais chemins. Il a choisi sûrement pour ses enfants, la meilleure, la seule route possible, car s'il y avait eu un unique moyen d'agir autrement, Il n'eut sûrement pas abandonné les hommes à la douleur. Ne discutons donc pas, et voyons ce qu'Il a choisi pour lui ; Il a tout supporté, Il a laissé la mort s'emparer de son humanité et par cela même l'a vaincue à jamais.
Les esprits féminins de la foule l'avait comprise, cette vérité, et ils nous aident, depuis à la saisir.
Il y a, certes, bien d'autres lumières dans les paroles dernières de Jésus, mais celles qu'il m'est permis de vous donner sont suffisantes et nous ne pourrons probablement pas dans notre vie actuelle acquérir les vertus qu'elles indiquent ou réaliser tous les actes qu'elles conseillent.
Voyons maintenant les forces et les puissances auxquelles Jésus a donné l'être en ces heures solennelles. Les anges qui à ce moment prirent leur vol et reçurent leur mission, ne cesseront d'agir qu'aux derniers jours. Pendant la nuit terrible, Jésus avait demandé que la coupe d'amertume soit écartée de ses lèvres ; sur la croix, Il s'écrie : « Père, Père pourquoi m'as-tu abandonné... » Or, si nous avons un peu compris notre Maître ; si nos coeurs ont senti quelle extraordinaire humanité était en Lui, le Support de la Vie Eternelle, et qu'Il avait permis d'avance, à toutes les formes du mal de pénétrer jusqu'à Lui, nous saisirons en même temps que le sens apparent de ces mots est impossible. Bien que détruite en partie par les longues Heures du supplice, son humanité était assez forte encore et sa connaissance du Père demeurait assez grande pour savoir que Dieu ne pouvait l'abandonner. Cela ne fait pas pour nous le moindre doute. Du reste une initiation orale a laquelle j'ai déjà fait allusion (4e lettre) très respectable, nous apprend la raison de cette exclamation douloureuse. La voici : de telles plaintes devaient s'échapper pendant des siècles des lèvres des pauvres êtres humains, et créer autour d'eux par réaction le désespoir ! Nombreuses comme les étoiles ou comme les grains de sable de la mer, elles devaient s'élever jusqu'au trône de Dieu. Il fallait que d'avance ces doutes et ces désespoirs fussent effacés et seul le Christ avait cette puissance. Ainsi, le Père nous a pardonnés dès ce moment à cause de la plainte apparente, toutes nos craintes et nos manques de foi, et en plus l'heure viendra toujours pour cela au cours de l'existence d'un homme où il saura de source sûre que le Père ne peut abandonner ses enfants.
Une des conditions de cette protection certaine, bien que parfois difficile à comprendre intellectuellement, c'est vous le savez, le pardon et notre Seigneur Christ, en prononçant ses dernières paroles : « Pardonne-leur Père, car ils ne savent ce qu'ils font », a créé l'ange qui depuis lors n'a cessé d'instruire les hommes de bonne volonté. C'est le labeur intense de cet Esprit de Lumière qui agissant sur nos coeurs nous a permis de comprendre jadis, la logique et la nécessité du pardon. Nous en avons étudié alors les multiples rouages, mais nous en trouvons ici la raison la plus humaine, la plus compréhensible peut-être.
Certes, l'assurance que ses ennemis « ne savent pas ce qu'ils font » ne peut s'appliquer entièrement qu'aux Juifs du temps du Christ. Ils avaient été complètement aveuglés et ils n'avaient pas saisi la moindre lueur de la personne sacrée du Messie. Rien n'avait tressailli en eux, afin qu'ils accomplissent à la lettre les arrêts de leur Maître le destin, vis-à-vis de Jésus volontairement désarmé.
Eux seuls ne savaient alors absolument pas ce qu'ils faisaient. Tout leur était caché. Ceux qui ont plus ou moins attaqué ou fait du mal au Christ, toutes les créatures, depuis les épines de la couronne et les clous de la croix jusqu'au soldat à la lance, avaient été ainsi aveuglés, sans cela le pardon du Père aurait été à tout jamais impossible, et l'intention de Jésus était et est encore de sauver tous ses bourreaux
Mais en vérité, cette parole s'applique aussi, un peu, et fort heureusement à nous tous. Depuis des siècles, nous nous combattons et nous nous déchirons les uns les autres et nos responsabilités sont un peu atténuées parce que nous nous connaissons mal et que souvent nous ne savons pas ce que nous faisons. Ainsi tout peut être effacé ; nul tort, nul crime, nulle faute qui ne puissent être pardonnés ! quand nous aurons tous compris les lois du pardon et que nous nous serons rendus libres les uns les autres. Le mal fait en toute connaissance de cause et avec la certitude complète spirituelle est fort rare sur terre. Ainsi se complète ce que je vous avais dit antérieurement sur le pardon.
Il nous reste à examiner l'épisode du bon larron. Les lumières que nous en pouvons retirer sont précieuses en ce sens que nous y trouvons la certitude de la toute-puissance du repentir. Ce criminel reconnaît en Jésus son Maître au milieu du supplice. Il a sûrement connaissance du mystère en face duquel il se trouve. Sa demande le prouve. Elle ne pouvait s'adresser qu'au Messie. Il sait que ses regrets et sa foi lui vaudront la rémission de ses fautes. Plus heureux que Malchus, les soldats et les bourreaux, il n'eut pas à servir le destin contre Jésus, et ce bonheur inouï pour lui, coupable, de subir son supplice à côté de la victime innocente prouve bien sa mission spéciale et l'ordre reçu de prononcer, pour l'avenir, ces paroles de repentir et de reconnaissance, afin de déterminer la divine assurance de son propre pardon, de poser les bases de l'entente merveilleuse entre le Père et ses enfants de bonne volonté. Ainsi dès qu'une créature reconnaît en Christ le Père manifesté, dès qu'elle ne peut plus suivre d'autre chemin que le sien, elle reçoit la lumière intérieure nécessaire pour découvrir en elle-même tous ses manquements aux lois et leur réaction terrible dans l'univers, le mal déterminé par sa conduite, le trouble profond qu'ont causé ses médisances. Alors le repentir et l'aveu reconstituent le lien entre elle et leur Sauveur et de nouveau Jésus la reçoit dans son Ciel (Évangile).
J'espère vous bien faire sentir l'énorme importance de cette heure de l'histoire de la Terre. Si nous contemplons du reste plus avant les paroles ultimes du Sauveur, nos coeurs parviendront jusqu'en ces régions inaccessibles où s'est développé par l'ordre du Père, l'ange du remords et du repentir. C'est là que parfois sont conduits nos esprits à certains moments de leur lente évolution. Ils séjournent dans ces pays surnaturels le temps nécessaire pour qu'ils s'imprègnent à jamais, de toutes les lumières et des forces qui en constituent la substance vivante. Puis, lentement, ce qu'ils ont acquis pénètre peu à peu nos enveloppes mortelles.
Pensons souvent, dans l'attendrissement qui précède la naissance du repentir, à cette scène merveilleuse du Calvaire. Oubliant tout, ne voyant plus que son Maître à l'agonie, expirant, n'ayant même plus la force d'ouvrir les yeux, le bon larron laisse échapper les paroles mystérieuses auxquelles répond la voix de Jésus : « Aujourd'hui même tu seras avec moi au Paradis ». Désirons-nous aussi de les entendre un jour, ces mots consolateurs. Il seront notre force et notre espoir.
Enfin une dernière puissance est créée avant que Jésus expire. Il nous donne tous à la Vierge, pouvoir spirituel, complet, véritable porte du Ciel, dans la personne de Jean, il donne à la Vierge toute l'humanité : vous savez avec quelle bonté et quelle puissance Elle a rempli ce rôle et a accepté cette maternité. Puissent aussi les hommes reconnaître leur Mère en ce principe premier créé dont le corps physique pur de toute tache, nous a manifesté clairement, pendant trente-trois années, pour le salut et le bonheur des créatures, la Vie Eternelle inconnaissable.
LA MORT
Dans mes précédentes lettres, j'ai tenté cette année de faire revivre pour vous les scènes extraordinaires qu'enregistra la mémoire de la Terre, à ce moment suprême de son histoire. - Nous avons suivi Jésus au Jardin, devant ses juges et sur la route du Calvaire. J'ai fait mon possible pour ne pas m'attarder à des descriptions et des analyses déjà faites ; pour éviter les interprétations théologiques des paroles du Christ. J'ai essayé de vous donner de tout cela un aspect moins connu et plus en rapport avec votre chemin et les lumières précédemment offertes à vos coeurs. Ce sont des visions personnelles que je vous ai citées, et des compréhensions particulières que j'ai développé pour vous. Je n'ai pas la prétention d'avoir écrit des choses entièrement nouvelles ; mon seul but a été de demander au Ciel une adaptation spéciale et qui vous soit particulièrement destinée, des enseignements de la Passion, de la Mort et de la Résurrection du Christ ; j'espère l'avoir atteint.
Je voudrais vous citer aujourd'hui sur la mort du Christ des détails peu connus mais très précieux, parce qu'ils viennent d'un témoin oculaire. Je puis vous affirmer ce fait. Ces renseignements n'ont été imprimés qu'une seule fois, il y a une vingtaine d'années ; en voici la copie exacte (Article du Dr Papus : Revue l'Initiation. ) : " La croix avait « la forme d'un T avec une légère adjonction verticale ; ..Jésus a été cloué, sans avoir été lié auparavant. L'opération a été faite par terre. Les deux mains ont été percées d'abord et les clous sont entrés entre le quatrième et le cinquième métacarpien dans chaque main ; on a ensuite cloué chacun des pieds séparément mais comme un des clous traversait des parties moles sans pouvoir être suffisamment soutenu on a enlevé ce clou, placé les pieds par-dessus l'un et l'autre et on s'est servi d'un clou unique pour les deux pieds. Il n'y eut aucun chevalet pour soutenir le milieu du corps. Jésus reçut un coup de lance donné au lieu de la rupture des os. Il fut porté à gauche et traversa la rate, le diaphragme et la partie inférieure du péricarde. Le flot de sang et d'eau provient de cet organe de la rate et des vaisseaux du diaphragme. Cette seule plaie suffisait à donner la mort qui fut accomplie dés que les paroles Eloi, Eloi, Lamma Sabacthani furent prononcées ».
Je vous ai communiqué avec joie ces affirmations qui peuvent du reste être retrouvées dans l'invisible lorsque le Ciel juge nécessaire de donner à l'un de nous ce pouvoir. - Vous recevez et vous avez reçu les années précédentes, dans vos réunions, une instruction et des forces spéciales qui constituent surtout une préparation pour l'avenir. Le Ciel a besoin d'ouvriers, moissonneurs et soldats. Ces compréhensions plus profondes qui vous sont progressivement permises ; la prière que vous apprenez chaque jour davantage attirent vers vous des forces qui vous transforment lentement jusque dans vos corps. En même temps vos esprits pénètrent plus profondément dans le royaume du Père.
Eh bien, vous vous trouverez certainement un jour devant des êtres qui analysent tout à la seule lumière intellectuelle. Pour eux, le corps du Christ a été enlevé du tombeau par ses amis. Le Maître n'était pas mort et a été rappelé à la vie. Pour d'autres Jésus mourut bien sur la croix, mais ses apparitions eurent lieu, en corps fluidique. Il faut due vous opposiez à ces doutes, les tranquilles affirmations de croyants. Vous remarquerez surtout que le coup de lance a traversé des organes essentiels à la vie : la rate, le diaphragme et le péricarde. Même en ne tenant pas compte de l'épuisement nerveux, de la perte considérable de sang qui à elle seule suffisait à entraîner la mort d'un homme ordinaire, cette blessure, aurait sûrement terminé le martyre.
Par la vision directe du coeur, nous savons que le Christ est mort au moment où il a prononcé la décisive: et salvatrice parole « Mon Père pourquoi m'as-tu abandonné ? » Puis « Tout est consommé ». C'est l'acte final du grand drame. L'humanité du Christ achève son immense travail, au moins dans sa partie visible ; car ce corps très saint et très pur est en réserve dans une certaine partie du Monde qui doit rester ignorée. (Nul ne sait où est le corps mort)
(Évangile) Par période Jésus l'anime de nouveau et le reprend, car Il a le pouvoir de le quitter et de le reprendre à volonté (Évangile). Il lui sert à se rendre visible pour les très rares et très hautes créatures qui peuvent supporter un instant Sa présence. Il n'y en a peut-être pas plus de deux par siècles.
Tout a été dit sur les ténèbres et les tremblements terre et le déchirement du voile du Temple qui survinrent au moment de la mort du Christ. Je ne vous en parlerai pas. Les morts aussi ; certains morts sortent de leurs tombeaux, flottent par les rues de Jérusalem et jusque chez Pilate et dans les chambres les plus secrètes du Temple. Je puis attirer ici à ce sujet votre attention sur un point assez utile à connaître. - C'étaient seulement les cadavres de ces êtres, momentanément animés et conduits par leurs âmes, dans l'extase de leur délivrance. Leurs esprits furent appelés par la montée même de ,Jésus, vers son Père et échappèrent enfin à l'attraction de la terre. Ce fut très différent pour ceux que le Christ avait pendant sa mission rappelés du royaume de la Mort. Leurs vies à ceux-là reprirent possession de leurs corps ; leurs organismes fonctionnèrent de nouveau et leurs esprits continuèrent leur travail interrompu. Mais à la mort du Christ les cadavres des délivrés furent rapidement replacés dans leurs tombes pour que la lente et nécessaire restitution put s'accomplir d'après la loi.
Revenons au Calvaire. Le divin corps est descendu de la croix : la mère éplorée et les femmes qui avaient aimé le Sauveur, lui rendent les derniers devoirs. Elles lavent et ferment les plaies sanglantes avec des aromates. Puis la lourde pierre du tombeau se referme pour se rouvrir bientôt au milieu d'une éclatante lumière.
Laissons ce douloureux spectacle, il ne pourrait nous inspirer que des réflexions déjà faites des milliers de fois et voyons s'il ne serait pas permis de vous dire quelque chose sur les mystères de la tombe sacrée.
L'esprit de Jésus, entraînant avec lui sa vie divine, a quitté son corps. Notre âme dans une extase particulière le suit... Plus incompréhensible pour nous que jamais, nous le voyons livrer à la Mort, sa créature, le combat nécessaire, et lui arracher, un à un tous ses aiguillons. - C'est lui : Jésus qui l'a appelée et lui a ordonné de venir et de prendre sa vie, mais cette vie, il faut qu'Il la lui reprenne une fois accompli l'extraordinaire sacrifice. Il faut qu'il la laisse entièrement désarmée et incapable d'agir sur les créatures autrement qu'en apparence. Définitivement vaincue, acceptant son nouveau rôle, purifiée dans ton essence, et se préparant à disparaître elle aussi un jour de la création, la Mort ne sera plus maintenant terrible qu'à ceux qui s'éloignent du Ciel et renfermés en eux-mêmes, acceptent les lois de la seule nature visible.
Une fois ce combat livré, et après cette victoire, l'Esprit de Jésus revient vers son corps et le prépare pour son retour à la vie. L'huile très pure offerte par Marthe et Marie au cours du repas de Béthanie, corps parfumé d'une essence céleste, avait aussi servi au moment de la descente de croix. Elle agit et guérit les horribles plaies leur laissant seulement l'apparence extérieure. - Le coeur du Christ, détruit par les douleurs incompréhensibles et par le fer, se remet à battre lentement, le sang parcourt de nouveau les veines et les artères, les plexus se chargent de la force. précieuse, la vie pénètre peu à peu tout l'organisme et, gardé par les anges, le corps du Messie, entièrement préparé attend que l'Esprit très saint qui l'avait animé le reprenne à l'heure dite.
Pendant ces trois jours, d'après des visions directes, Jésus accompagné d'archanges, descendit jusqu'au centre de la Terre, et dans tous les lieux inférieurs où vivent des êtres moins évolués qu'à la surface. Il brisa les chaînes de beaucoup de créatures. Cela vous le savez. J'ajouterai donc seulement qu'Il pénétra aussi jusqu'aux royaumes des anciens dieux et des anciens peuples, et délivra tous ceux qui s'étaient conduits d'après la charité et d'après ce qu'ils avaient connu de la vérité.
Des milliers d'esprits purifiés échappèrent à l'attraction de la terre et montèrent jusqu'en leur Paradis respectifs. C'est là tout ce qu'il m'est possible de connaître des merveilles qu'accomplit l'esprit de Jésus pendant ces trois jours. - Puis, mort véritablement ; il va renaître et comme tous ses vrais disciples, nous pourrons crier dans notre joie :« Oui, Il était mort, mais Il est ressuscité ».
LA RESURRECTION
Nous voici parvenus à l'aurore, de ce jour béni entre tous, où Jésus, plus peut-être que par aucun autre miracle, va prouver son origine, son identité réelles, les pouvoirs absolus qui lui ont été remis dans le Ciel et sur la Terre. Il va réaliser l'acte unique, que nulle créature n'a pu et ne pourra tenter. Il reprend en effet et, sans effort sou corps physique entièrement détruit par la mort ; et cela ni les Boudhas, ni les Zoroastres, ni les Confucius, ni les Odin ni aucun autre de ses envoyés ne l'a fait. Et lui, le Christ accomplit cette oeuvre formidable parce qu'Il est Lui-même la vie, le Maître, absolu, parce qu'Il a vaincu la mort, victoire due seul il pouvait remporter ; parce due Lui seul peut commander et être obéi à l'instant par toutes les forces de la nature, qui, en leur essence, sont des êtres créés.
Notre Christ reprend donc son corps, après avoir effacé les traces de la puissante et mortelle étreinte. Il le rétablit exactement comme il était avant le supplice, sauf l'apparence des plaies, de façon à être dans les moindres détails le même Jésus qu'avaient connu les disciples et le peuple. Cette reconstitution parfaite, cette réunion de la vie divine totale à l'humanité très pure qui en est le support, Jésus l'exécute d'une manière incompréhensible pour nous et prouve par là même qu'aucune comparaison ne doit jamais être faite entre Lui et n'importe quel Messie, si évolué soit-il.
Cette merveille est à mon avis, la base même du Christianisme, et la plus solide. Tous ceux qui n'admettraient pas la Mort et la Résurrection complète du Christ, ne seraient certes pas encore chrétiens.
Les conséquences en sont du reste immenses. Je n'ai pas à vous les décrire, vous les trouverez admirablement résumées dans la lettre de St Paul aux Corinthiens (chap. XV) Jésus en réalisant le premier sa promesse sur lui-même, nous rappelle qu'Il est la résurrection et la vie.
Il nous conduira un jour, esprit, âme, corps, jusque dans le royaume de son Père.
Les détails de cet acte suprême sont intéressants à étudier. Aussi bien pourrai-je peut-être vous dire certaines choses moins connues. Ainsi la pénétration de la vie dans le corps du Christ fut progressive.
La tradition enseigna en effet que Jésus apparut en premier lieu sur le Calvaire, à sa Mère. Son organisme physique n'avait pas encore repris toute sa solidité. II était resplendissant de lumière. De même le Christ conseille, un peu plus tard à Marie Madeleine dès qu'elle L 'a reconnu de ne pas Le toucher parce qu'a Il n'est pas encore remonté vers son Père. L'angélique repentie, aurait été sûrement foudroyée par les vibrations formidables de la Vie, reprenant peu à peu possession de l'organisme du Sauveur. Ces paroles mystérieuse signifient que son âme humaine n'avait pas encore repris le contact complet avec la Vie Eternelle que Jésus appelle ici son Père. A cet instant l'harmonisation complète qui rendait notre Maître semblable en apparence aux autres hommes et permettait de la toucher sans danger n'était pas encore refaite. Un peu plus tard, cette opération est achevée et le Messie redevient dans tous les détails ce qu'Il était auparavant. En effet, bien que l'Évangile en parle discrètement presque toujours (l'épisode de Jésus marchant sur l'eau) (Le Thabor). (Les disparitions instantanées au milieu de la foule, etc.). Le corps du Christ a manifesté toute sa vie, les mêmes propriétés qu'après la résurrection, légèreté, luminosité, transfiguration, changement de forme, invisibilité, annulation à volonté du temps et de l'espace, pénétration au travers de la matière solide, résistance complète à la fatigue, etc. Il est néanmoins entièrement matérialisé, et tous les organes intérieurs ont bien été reconstitués ainsi que le squelette, puisque le Christ a voulu manger du pain et du poisson avec ses disciples et leur a dit, pour les rassurer « Un esprit n'a ni chair, ni os, comme vous voyez que j'ai », c'est moi-même. Je crois donc qu'il n'y eut aucune différence entre le corps qui servit au Christ pendant sa vie et son corps de résurrection. Cette constatation me comble de joie. C'est parce que Jésus a accompli tout cela que je crois si fermement à ses promesses et qu'un jour, je suis sûr de Le rejoindre selon sa dernière volonté.
Fidèle à ma façon de procéder et désireux d'éviter autant que possible des redites, je ne vous raconterai pas point par point ce que fit le Christ avant son départ. Je préfère que vous relisiez cela dans votre Evangile. Je, voudrais maintenant contempler dans le miroir de mon coeur chaque parole du Messie ressuscité et. y découvrir ce qu'Il voudra de lumières nouvelles ou la confirmation des vérités précédemment entrevues. Je vous ni déjà expliqué plus haut comment vous pouvez comprendre les mots adressés à Marie-Madeleine. J'ajouterai que, la suite prouve que ce quin'est pas encore terminé à l'Heure de la rencontre, va se réaliser pleinement. Le Christ continue en effet par ces mots : Je vais monter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. - Et cela indique la remise de Sa Vie Divine, et la fin de sa mission, mais aussi la dernière couvre nécessaire pour que la résurrection soit complète.
Nous avons à relire ensemble maintenant les derniers commandements de Jésus à ses disciples. tomme toujours, je vous renverrai aux nombreux commentaires qui ont été écrit sur la mission qu'Il leur donne, et je m'arrêterai un instant sur cette parole : Pour moi, je serai toujours avec vous jusqu'à la fin.
Vous le savez, mes amis, il y a dans l'enseignement plus central que j'ai reçu et que je vous donne à mon tour trois caractéristiques bien nettes :
1- Jésus est réellement Dieu. Il est la manifestation totale de la vie créatrice inconnaissable
2- Par les huit béatitudes, par les passages sur la bergerie, par les affirmations qu'il y a des créatures auxquelles il donne le nom d'amis, Jésus a suffisamment enseigné un fait exact, c'est qu'il existe continuellement sur la terre, un de ces amis de Dieu ; nous en avons la foi.
3- La promesse du Christ d'être toujours avec nous, sur terre ne concerne pas seulement la permanente éternité de son Esprit et de son enseignement, mais encore sa présence matérielle visible et tangible parmi nous. Il m'a été enseigné je vous l'ai déjà dit, qu' à la fin de notre lente évolution, lorsque nous serons entièrement pénétrés par Sa vie, nous rencontrerons le Christ sur notre terre ; l'heure de cette rencontre est fixée de toute éternité, et c'est en pleine conscience, en esprit et en corps que nous entrerons dans le royaume. Telle est ma foi.
Au cours de ce dernier jugement qu'a subi la Terre, Jésus ne l'a guère quittée matériellement et c'est en France qu'Il est venu le plus souvent. Sa présence y a été constatée par plus d'un soldat mourant et le onze novembre 1913, toute sanglante mais pleine d'espoir, j'ai vu sur une colline la France aux pieds du Sauveur. (Il est inutile d'ajouter que cette vision ne fut pas matérielle...) Mais passons vite il n'est permis que d'effleurer ces mystères, et c'est dans les profondeurs secrètes du coeur que nous devons seulement les contempler avec le respect nécessaire.
Revenons aux dernières recommandations et auparavant à l'incrédulité témoignée par les apôtres. Cette incrédulité est naturelle, c'est-à-dire que notre nature ne pourrait supporter facilement la présence d'un être dont nous avons vu le corps mis au tombeau. - Mêmes les apôtres, préparés mystérieusement et pleinement ne purent affronter sans trouble une si extra humaine merveille.
Mais ils furent rapidement persuadés et, dit l'Évangile « leur joie fût grande ». Vous trouverez dans les grands écrivains ecclésiastiques de très belles pages sur l'incrédulité. N'y insistons pas, mais appuyons sur un aspect plus central. Jésus affirme à Thomas que ceux qui croient sans avoir v u sont heureux. On me donne ici une interprétation un peu plus profonde. Certes, en réalité cette affirmation fait allusion aux mystérieuses splendeurs de la foi. Ceux qui croient sans avoir vu; ceux qui sentent se développer en eux les certitudes inébranlables non appuyées sur le témoignage des sens, c'est que leurs esprits dans le centre, ont reçu les rayons directs de la vérité, c'est que la foi commence à naître en leur coeur. Mais en vérité ceux qui sont capables de ce travail, ont vu avec autre chose que les yeux. Ils n'ont pas cru sans voir. Leurs sens spirituels leur ont permis de contempler tel ou tel aspect du vrai, autre part que sur la terre et cette contemplation a suffisamment pénétré leurs cellules cérébrales pour qu'ils sachent certaine, telle ou telle chose non démontrée physiquement. Et certes, ils sont heureux, ceux-là ainsi que l'affirme Jésus car bientôt sonnera pour eux l'heure solennelle où la foi descendra en leur coeur, « gros comme un grain de sénevé ».
Il est nécessaire que je Vous aide maintenant à bien comprendre la terrible grandeur de cette scène où les onze disciples entourent leur Maître qui était mort et qu'ils voient devant eux plus vivant que jamais. Rien ne peut dépeindre leur joie et nous ne pourrons la deviner que lorsque cette merveille sera possible pour nous de revoir dans la chair un Maître bien aimé pris par la mort. Le Christ va les préparer à la réception pleine et entière de l'Esprit. - Il leur a donné les preuves attendues, leur a montré ses mains et son côté transpercés. Puis il souffle sur eux, leur ouvre l'esprit et leur dit « Recevez l'Esprit Saint ». A cet instant, leurs âmes et leurs consciences spirituelles se rapprochent de leurs corps. Le contact se prépare entre leurs esprits et ses organes matériels. Il sera complet à la Pentecôte. A la minute même où le Christ prononce les paroles décisives, est remis aux Apôtres le pouvoir que Jésus le premier exerça dans sa plénitude ; celui d'atteindre le centre de toutes les créatures, et d'effacer dans leurs esprits, les troubles profonds qu'y ont essentiellement déterminer leurs infractions aux lois diverses du Ciel et du Monde, et, eu conséquence la répercussion de ces troubles dans l'un Ou l'autre de leurs organismes terrestres. Ce pouvoir de lier ou de délier est exercé dans sa perfection seulement par les vrais successeurs des apôtres, les amis de Dieu, ici-bas, et en partie par le prêtre qui a reçu l'onction valable pour une collectivité restreinte d'êtres appartenant à une même religion. Enfin ce don a été fait à nous tous, et, par le pardon, il nous est possible de nous rendre libre ; les uns les autres, de délier sur la terre ce que nous aurons délié dans l'invisible.
Ce souffle de Jésus, octroya encore aux apôtres, à chaque cellule de leur corps, une force de résistance jamais atteinte jusqu'alors par aucun être humain. Ils n'auraient pu supporter autrement quelques jours plus tard, l'envahissement complet de tout leur organisme par le rayonnement de la vie éternelle sous sa forme la plus subtile.
Cette mystérieuse transformation, Jésus nous l'a fait bien saisir par un mot auquel il me semble on n'a pas donné toute sa valeur « Vous serez revêtu de la vertu d'en haut ! » Une telle promesse ne sous-entend-t-elle pas encore bien des possibilités immenses que l' Evangile ne cite pas ? Il se contente d'indiquer que nos Maîtres chasseront les démons, c'est-à-dire qu'ils auront une action définitive sur toutes les maladies connues ou inconnues, et sur toutes les formes du Mal qui chercheraient à nous atteindre. Le don des langues parvient à une perfection inouïe et dont nous ne pouvons avoir de notion complète.
Entre autre il renferme la possibilité de comprendre les esprits des choses, le langage des pierres, des plantes, des animaux, des anges, des esprits et des dieux ; celui de toute la nature en un mot ; il permet de saisir le sens vrai des paroles du Christ. Il revêt enfin la parole d'une vie spirituelle complète, vivante, créatrice.
Une prodigieuse augmentation de la force vitale détruit dans l'organisme des apôtres les effets des venins et des poisons, le soustrait à la fatigue, au besoin de repos et ce n'est qu'une toute petite partie de ce que renferme ce mot « La vertu d'en haut ».
Voilà ce qu'ont été nos maîtres, les premiers amis de Jésus. Guidés par leurs lumières nous ne pourrons désormais nous égarer. Jésus en nous confiant à eux nous prouve clairement ce que son amour fait des êtres régénérés. Si donc nous savons souffrir en silence et sans amertume, franchir avec courage tous les obstacles. Si nous savons aimer et mourir pour le Christ c'est à nous qu'il dira un jour « Je suis la résurrection et la vie et voici, je vous fais entrer vivant dans la Vie éternelle parce que vous avez cru en moi et en celui qui m'a envoyé ». Pour nous aussi les anges soulèveront la pierre du sépulcre et soutenus par leur vol lumineux, nous monterons jusqu'à la droite du Père et nous vivrons éternellement en Christ.
L'APOTHÉOSE
Les Evangiles décrivent en très peu de mots, les dernières heures de Jésus sur la terre. - Luc raconte q'il donna ses dernières instructions à ses amis ; les prépara à recevoir « la vertu d'en haut et leur prescrivit d'attendre à Jérusalem « ce que le Pèredevait leur envoyer ». Il les emmena ensuite hors de la ville, à Béthanie, en ce lieu privilégié où se passa chez Lazare, le repas dont je vous ai fait comprendre toute l'importance. - Là il dut sûrement leur dire adieu, les bénit une dernière fois et tandis qu'Il se tenait au milieu d'eux, il commença de s'élever lentement, comme repoussé par la Terre. Nous pouvons nous représenter facilement les onze disciples à genoux, éperdus, frappés de stupeur et les yeux pleins de larmes, suivant du regard le corps adorable de leur Maître, qui, tout souriant continuait de monter dans un ciel pur, sous les rayons du soleil. Une nuée bientôt Le déroba à leur vue et ce fut alors seulement que commença de naître en leur coeur le désespoir terrible à peine compréhensible pour nous. - Ce fut tellement atroce que le Ciel se manifesta de suite en envoyant deux Anges qui les consolèrent en leur promettant qu'ils reverraient leur Maître « venir par le même chemin » c'est-à-dire descendre du Ciel vers eux. Les disciples se souvinrent alors du suprême pouvoir qui leur avait été remis « Vous verrez le Fils de l'homme monter où il était auparavant ». Tristement, mais divinement soutenus, ils reprirent le chemin de la ville.
Le Grand Drame était terminé Notre monde avait reçu en germe toute sa part de la totale vérité. Il devait désormais cultiver cette plante merveilleuse dans l'attente du royaume.
Nous avons peu de réflexions a faire sur cet épisode dernier. Nous pouvons dire seulement que la terre n'avait pas à garder le corps dit Christ qui ne lui appartenait pas, puisqu'elle n'en avait fourni aucune cellule ! Remarquons aussi un fait assez intéressant : Jésus a indiqué que la possibilité pour une créature de Le voir monter ait Ciel et en descendre, pouvait être considérée comme la plus extraordinaire faveur. Or les Apôtres, ait moment de la séparation, mettent en oeuvre la première partie de ce pouvoir. Ils voient leur Maître monter vivant et s'asseoir à la droite du Père et clés la réception définitive de l'esprit cette possibilité merveilleuse deviendra continuelle et parfaite en eux-mêmes, et, parfois objectivement. Etienne aussi, le disciple auquel ils ont imposé les mains, verra, peu avant son martyre, le Ciel ouvert et Jésus siégeant à la droite de Dieu. Ainsi la vie centrale créatrice, éternelle, infinie, indivisible, absolument inconnaissable, a voulu pénétrer sa création, apparaître dans ses formes extérieures les plus matérielles. Elle est demeurée parmi nous, sous une apparence compréhensible, s'y est aussi pleinement manifestée que possible, puis, l'oeuvre accomplie, elle disparaît nos yeux de chair pour rester éternellement présente aux âmes qui Ont admis la vérité. Cette descente et cette ascension de la vie sont continuelles. Elles n'ont jamais commencé et ne cesseront pas d'être, et la visite de Jésus à notre terre, les ont seulement rendues tangibles et palpables à un nombre suffisant de créatures pour que cette perception devienne unjour universelle.
Je puis seulement, ici, faire une très brève allusion à un grand mystère qu'un jour peut-être il me sera donné de vous expliquer plus clairement. Chaque épisode de la vie de Jésus sur la terre se reproduira pour nous tous, non seulement analogiquement mais réellement. Comme Lui, nous souffrirons dans tous nos corps, dans toutes les parties de notre âme ; comme Lui nous mourrons et resterons trois jours au tombeau, et comme notre Maître encore, nous ressusciterons et nous monterons au Ciel pour en descendre à sa volonté. Cette clé, lorsque je pourrai vous la remettre ouvrira pour vous l'une des portes les plus mystérieuses de la connaissance. Vous comprendrez alors le motif de bien des émotions intérieures, de beaucoup de visions, de sensations restées incompréhensibles, de beaucoup d'étranges et subtiles souffrances d'origine inconnue. - Il faut, avant cela, que vous fassiez d'abord au maximum, votre devoir le plus simple, que vous réalisiez ce que vous avez compris de la loi de Jésus.
Mais je puis vous répéter en terminant ces lettres ce que je vous ai dit bien des fois ; la lumière viendra au fur et à mesure qu'elle sera nécessaire, dès que vous aurez parfaitement réalisé par l'action un point des enseignements du Christ, le suivant vous sera proposé. Vous en savez assez désormais et quant l'heure aura sonné, se produira pour chacun de vous la rencontre d'un vrai Maître ; tel a été le but secret des efforts du pauvre apprenti qui vous a été envoyé.
Notre travail commun n'aura pas été inutile car il hâtera l'Heure où celui qui doit vous mettre totalement dans la voie et dissiper vos dernières ténèbres paraître dans votre vie. Néanmoins, je vous laisse une dernière prière : n'oubliez jamais qu'il ne faut pas « chercher le Maître », mais accomplir de son mieux ce qu'Il a demandé. Ainsi nous suivrons le chemin qu'il parcoure ; ainsi, un jour, il nous apercevra, et voyant que nous sommes prêts, il demandera comme, le Divin Berger, qu'on nous laisse venir à Lui.
Telle est la dernière recommandation que je vous fais en terminant cette collaboration ou pendant cinq années, j'ai mis toute mon âme et vous toute votre confiance et toute votre ardeur.
Si nous désirons qu'aucune des lumières reçues, ne demeure inutile et en germe, cultivons-les. Développons-les par l'action. Réalisons chaque jour un peu de ce chemin que avons compris et ainsi nous transporterons dans la vie surnaturelle toutes nos activités terrestres.
Puisse le Maître, l'Ami vraiment bon dont l'amour a permis notre effort, continuer de le bénir dans son élan vers le Ciel.
FIN