PRÉFACE
L'ouvrage que je présente aujourd'hui au public ne devait pas primitivement sortir d'un cercle assez restreint de personnes dévouées au Service du Christ, auxquelles il était destiné. Il est composé d'un certain nombre de lettres écrites en toute simplicité, sans recherche de littérature, dans le but d'aider quelques amis à comprendre par le coeur les Enseignements de l' Evangile. Leur ensemble a fini par constituer un petit commentaire graduellement plus complet du Livre suprême. Ce sont, la première année, quelques courtes notes lues avant le travail, au début des réunions amicales. On trouve ensuite des études plus détaillées sur le Pardon, la Prière, la Pauvreté Spirituelle et quelques idées inspirées par la méditation du « Sermon sur la Montagne » . Les 3, 4, et 5ième années, le sujet des lettres est pris dans l' Evangile de St Jean.
A première vue, ce travail semble inutile. Tant de génies, tant d'écrivains de talent ont publié d' innombrables volumes sur l'Evangile ! Pourquoi les imiter ? Que peut-on espérer dire de nouveau sur des sujets tant de fois explorés et par des maîtres ? Cette objection paraît exacte. Qu'on me permette cependant de dire ici quelques mots sur les raisons pour lesquelles j'ai passé outre, et d'expliquer les motifs qui m'ont décidé à rendre publiques ces pages.
Il est évident que si l' Evangile est un code quelconque de morale, s'ajoutant aux innombrables recueils existants ; si le Christ n'est qu'un homme et les Evangélistes, les Apôtres, des êtres ordinaires sans valeur intellectuelle ; si même on admet que ce livre est inspiré mais qu'il est suffisant de l'analyser par les procédés de la Philosophie religieuse, l'objection précédente est juste ; et mon travail sans but - mais il n'en est pas ainsi. Si nous envisageons vraiment toutes les conséquences de ce fait : Jésus, Dieu total incarné, Verbe fait chair, Jésus manifestant clairement la Vie incréée, nous comprendrons alors que l' Evangile est non seulement inspiré mais vivant, définitif, et qu'il nous présente en totalité ce que notre Terre peut recevoir de lavérité intégrale ; nous saurons que chacune des paroles prononcées par le Christ est, en son centre, une créature spirituelle à laquelle le Verbe a donné naissance et dont les caractères imprimés du texte constituent seulement le corps, l'apparence. Cet Ange a reçu une mission qui ne sera terminée qu'à la fin de notre monde. En lui se conserve telle ou telle des Vérités que Dieu a donné à la terre par le Christ.
Pour retrouver peu à peu, non les différents sens de l' Evangile, car il n'en a qu'un seul, mais pour pénétrer en profondeur dans la compréhension de ce sens unique, il faut donc passer au travers du texte, sortir d'un élan de soi-même ; attirer l'attention toujours en éveil de l'Ange de la Parole Etudiée ; laisser enfin, entre sa vie secrète et notre coeur, s'établir un rapport merveilleux et solide grâce auquel s'écoulera et se fixera en nous la connaissance, sinon totale du moins aussi complète que possible de telle ou telle affirmation du Maître. De plus, l' Evangile est écrit de telle sorte que ses simples récits constituent un parfait miroir de ce qui s'est passé dans les royaumes inaccessibles de l' Esprit, avant, pendant et après la mission de Jésus. La plupart des cérémonies décrites sont des traductions fidèles d'organisations, de mouvements dans la Vie Absolue, dont nous ne pourrions autrement avoir la moindre notion, dont l'importance a été, est et sera immense polir noire avenir et celui de la terre. Celle idée a été rarement développée. Ainsi, à mon avis, l'Evangile parle à chacun son langage. L'examen théologique ordinaire, presque absolument mental ; les recherches entièrement rationalistes des exégètes ne peuvent donner qu'un aspect restreint des énormes richesses ouvertes à ceux que le Christ appelle des enfants et des ignorants. C'est dans celle école dont les Apôtres furent les maîtres, que l'auteur de ces lignes voudrait prendre place un jour, bien lointain encore, il le sait. C'est cette simplicité profonde qu'il désire et celle communion mystérieuse . avec la vérité reflétée dans l'Evangile qu'il souhaite atteindre. Certes, il se trouve au début des études nécessaires pour cela ; mais il ne faut pas attendre pour oeuvrer d'être parvenu au but. Au Fur et à mesure qu'un étudiant sincère a cru percevoir quelques lueurs peut-être un peu plus centrales que d'ordinaire, a pensé comprendre un aspect nouveau des merveilleux et divins paysages, pourquoi garderait-il le silence ? La loi est la loi et aucune lumière si faible soit-elle, ne doit être mise sous le boisseau. Le Livre de la Parole est donc, en vérité, un abîme sans fond, un océan sans rivage, un symbole émouvant de l'absolu. On peut y puiser pendant des siècles, il est vivant et s'adapte de lui-même à tous ceux qui se penchent sur lui.
La lumière qu'il rend est précisément celle que le questionneur avait en lui. Si quelqu'un donc admire l'intelligence, ce sont uniquement des splendeurs intellectuelles qu'il découvrira dans l' Evangile ; mais, si, bien persuadés que notre cerveau ne peut refléter et parler à notre connaissance que des lumières naturelles, nous ouvrons notre coeur en qui se cache une parcelle de la Vie Eternelle, et fermons en même temps le mental, c'est au-delà de la nature, dans le surnaturel, que l' Evangile nous fera pénétrer. C'est la vie véritable en nous, qui interrogera le Livre; dès lors, il nous laissera peu à peu comprendre non plus le reflet de la Vérité, mais la Vérité elle-même. En résumé, comme nos origines, nos moyens et nos buts sont différents, chacun de nous trouvera dans les paroles du Christ des lumières différentes. En relisant les lettres qui composent ce recueil, j'ai cru voir que les idées inspirées par une contemplation Particulière du texte et provenant d'un enseignement direct, étaient sinon nouvelles, du moins présentées d'une façon assez spéciale, assez particulière pour en justifier la publication. Un livre est du reste, un être vivant, et je pense, ceux qui doivent le lire sont, à leur insu, attirés vers lui.. Il est d'avance écrit pour quelques êtres ; ses futurs lecteurs sont désignés et choisis dans l' Invisible avant même qu'il paraisse. Une communication mystérieuse s'est établie entre l'auteur et l'esprit des personnes auxquelles son oeuvre est surtout destinée. Ceux qui me liront, c'est pour eux que j'ai écrit et, qui sait ? mon travail est peut-être l'aboutissement de leurs pensées et des miennes intimement mêlées ? Ils sauront distinguer dans ces pages ce que d'autres n'y verraient pas ; ils comprendront ma vraie façon de voir, et ce sera pour eux "nouveau" ; dès lors, mon but ne sera-t-il pas atteint ?
Si donc je publie les lettres qui vont suivre, c'est pour toutes ces raisons ; c'est aussi parce que j'espère avoir évité autant que possible les redites et que laide donnée à quelques-uns par le Ciel, il n'y a pas de motifs pour qu'elle ne soit également accordée à un plus grand nombre. Il me reste à fournir certaines explications sans lesquelles divers passages risqueraient de rester obscurs. Je suis parvenu à l' Evangile par les chemins de l' Esotérisme, de ce qu'on a appelé la Tradition Occidentale, l'Occultisme. Bien que, à la suite de mes maîtres, j'aie reconnu depuis longtemps que ces théories ingénieuses, ces synthèses merveilleuses de l'intelligence ne peuvent conduire qu'à une compréhension plus profonde de la nature et de l'homme, sans jamais atteindre le surnaturel, le lecteur trouvera dans mon travail quelques traces de ces études du passé dont je connais l'exactitude. Je me bornerai à signaler lacroyance aux Vies Successives et des allusions à ce fait, que l'homme, outre son corps physique, possède un organisme plus subtil, que les écoles occultistes avaient nommé "double" ou "corps astral " et que je pense, St Paul appelait "anima" dans sa définition de l'être humain total. Corpus ce qui soutient, Anima ce qui anime, Mens ce qui dirige : le Corps, l' Ame et l' Esprit. Cette connaissance permet de pénétrer plus profondément dans certains arcanes évangéliques ; quant à la réincarnation, je ne me base pas sur des textes, mais sur les faits personnels. Le double, d'autre part, a été photographié et reconnu par des procédés scientifiques ; il n'est plus possible d'en nier l'existence. Ces quelques mots suffiront pour comprendre les passages des Lettres auxquelles je faisais allusion plus haut. Enfin deux grandes idées, deux certitudes absolues dominent ce travail : La première, c'est la Foi à la Divinité de Jésus; non seulement avec mon coeur, mais avec toute ma rai . soit, humaine, je crois que le « Christ », ainsi que le dit St Jean dans sa première lettre, a manifesté tangiblement et totalement sur la terre la Vie Eternelle incréée ; mieux, Il a été Lui-Même, cette vie créatrice qui a pénétré son humanité parfaite, de manière a réaliser ce mystère : Jésus, Dieu et Homme à la fois. La deuxième idée découle de la précédente ; dans quelques lettres, il est fait allusion à un ami mystérieux du Christ vivant corporellement parmi nous. C'est vraiment le maître de notre terre ; les détails donnés dans l' Evangile sur Lazare et les disciples, que le Christ n'appelle plus serviteurs, mais : Amis ; la troisième béatitude où il est enseigné que le Père donnera, à ceux qui auront suivi jusqu'au bout le chemin de la douceur, la possession d'un monde, tout cela permet d'affirmer qu'au début de l'existence de notre terre, le Christ a envoyé un de ses amis pour la diriger, et que cet ami a toujours depuis vécu parmi nous. Tous ceux donc qui pourront suivre le chemin de l'humilité rencontreront un jour, j'en suis persuadé, un ami de Dieu, qui les conduira au but ; je fais à ce mystère des allusions discrètes mais fréquentes dans mon livre intitulé : "Après le départ du Maître" et dans celui-ci.
C'est avec prudence qu'il convient, je le sais, d'émettre une telle affirmation ; aussi, le lecteur trouvera-t-il ici peu de choses à ce sujet, mais je suis persuadé, que si, pour des motifs purs, il souhaite en savoir davantage, son désir sera la meilleure des prières et tôt ou tard, celui à qui Jésus a donné à garder sa bergerie le connaîtra et se fera connaître à lui.
J'ai cru ces explications nécessaires et sans me faire aucune illusion sur la valeur de ce livre, j'espèce au moins qu'on sera frappé de l'absolue sincérité de l'auteur. Puissent ces pages, telles qu'elles sont, faire naître en quelques-uns le désir de chercher l'Evangile qui leur a donné naissance et de se plonger pour jamais, avec délices, dans les splendeurs toujours plus merveilleuses des Divines Paroles.
PHANEG
L'UNITÉ
Mes chers Amis,
Je voudrais prendre comme sujet de ma première lettre cette parole dernière de l' Etre ineffable qui a bien voulu nous choisir parmi tant d'autres plus dignes, peut-être et nous élire, pour nous demander notre amour « Mon Père, faites qu'ils soient uns comme nous sommes uns. »
La prière de Jésus. - C'est l'inexprimable, l'incompréhensible pour notre raison... et malgré tout, elle établit le lien indispensable, elle trace le chemin direct, par où passera plus tard la faible irradiation de notre faible élan vers le Père.
Nous ne pouvons avoir la moindre idée de cette communion surnaturelle entre l'absolu manifesté physiquement et l'absolu non
manifesté, mais les conséquence de cet acte par excellence, nous les pouvons deviner. Et d'abord, chacune des demandes de Jésus à Celui qu'il nomme Son Père, ne comprenons-nous pas qu'elle est déjà réalisée ? qu'elle constitue un des côtés les plus
perceptibles de l'incessante, de la complète action du Verbe, en Christ ?
Cette prière est dès l'instant où elle est extériorisée, une créature - un ange du Ciel, dont les multiples composants vont agir dans les mille chemins que chacun d'entre nous devra suivre plus ou moins longtemps pour parvenir au but. Et, depuis les cieux inaccessibles jusqu'aux plus obscures demeures, où s'agitent les infra-humains, chaque ange relié à son créateur central fera son mystérieux et bénéfique labeur. Ainsi l'impossible deviendra possible ; ainsi, l'unité se réalisera peu à peu en nous et autour de nous.
Il faut donc, si nous désirons aider Jésus dans sa tâche, il faut que cette force qu'on appelle le désir humble et fort, se développe en nous chaque jour et que nous fassions notre possible afin d'unifier d'abord nos facultés physiques et morales. Pour cela, deux moyens : transmuer au surnaturel tous nos actes, mêmes les plus vulgaires ; toutes nos paroles, les moindres mouvements de notre inconscient, en vivant notre journée avec notre idéal et pour le service de Dieu; puis nous plonger fréquemment par un élan intérieur dans l'abîme sans limites, dans les flots intarissables que constitue, en vérité, ce que nous autres faibles hommes nous nommons « volonté du Père ». Dès lors, tout, dans notre vie journalière, étant tendu vers un but unique, un lien mystérieux très pur et très fort s'établira peu à peu et reliera l'une à l'autre, toutes nos puissances. Une unité surnaturelle, dont une des conséquences immédiate sera la paix du coeur, dominera non seulement notre corps et toutes nos forces, tous ses modes d'action ; mais encore tous ses véhicules fluidiques et à un moment, à une heure écrite dans le Ciel sur le Livre de Vie, notre personne (et voussavez que ce mot synthétise tout notre être), sera réellement une. Reflet de l'unité surnaturelle et incompréhensible existant entre le Père et le Fils ; obéissant aux mêmes lois, notre unité aura pour notre esprit, pour notre âme, pour nos corps des conséquences incalculables et dont quelques unes seules peuvent être révélées : paix du coeur, prière parfaite, union parfaite avec Dieu.
Et quand cette merveilleuse synthèse sera une chose accomplie, n'oublions pas qu'elle se fera automatiquement entre nous et les innombrables créatures qui marchent avec nous vers le Père, le Fils et l' Esprit.
Lorsque dans une réunion humaine, se trouve un homme, ayant commencé de réaliser cet immense et lointain idéal que je présente aujourd'hui à votre esprit, l'unité devient sinon facile du moins possible autour de lui. Si donc nous voulons travailler dans cette direction, nous aurons fait un grand pas vers le vrai bonheur sur terre ; nous nous serons assuré une part de paix christique, nous aurons enfin attiré toutes les chances possibles de durée et d'union pour notre petit groupe. Mettons-nous donc à l' oeuvre, mes amis, et je suis persuadé que des résultats appréciables se feront rapidement sentir.
CROIRE
Le but final de tout chrétien vrai est de devenir capable, par l'exercice et par la grâce, d'appeler Jésus en quelques secondes ; de Lui parler et, miracle sublime, d'en recevoir des réponses. Tel doit être votre désir ; vous n'êtes rien et Lui Il est tout. Il n'est pas que la vie manifestée. Il est la vie elle-même considérée dans son essence inconnaissable ; son coeur est la manifestation la plus tangible de sa vie. D'un seul élan, mes amis, ce que vous avez perçu de la vie éternelle particularisée en vous, s'élance à la rencontre de ce qui est sa source, sa raison d'être, sa nourriture et son espoir. Unies, réunies, ces deux vies n'en font plus qu'une et c'est alors que deviennent possibles, faciles, les plus grands prodiges. Le miracle, n'est tel que pour nos yeux de chair. Dans son plan, il est normal. Quand un peu de la vie humaine se substitue à la vie inférieure végétale, la plante croît et évolue mille fois plus vite. Lorsque la vie éternelle commence à se mêler à la vie dans notre âme, les conditions des mondes supérieurs se réalisent sur la terre et en nous. Et le secret de cela est dans la mystérieuse substance de la foi. C'est pourquoi Jésus disait : « Ne crains pas, crois seulement, tout est possible à celui qui croit. Celui quicroit en moi, fera aussi les oeuvres que je fais ».
Pour croire, il faut avoir confiance, pour avoir confiance, il faut aimer ; pour aimer, il faut connaître. Apprenez donc, mes amis, à d'abord connaître Jésus dans ses oeuvres innombrables. Puis habituez-vous à le voir, à le chercher partout. Dans le centre de l'être aimé, c'est Lui qui se tenait immobile ; dans la douceur dont vous sentiez votre coeur pénétré, c'était sa douceur qui agissait. Dans les larmes que vous versiez, c'était sa justice tempérée par sa miséricorde ; dans ce pauvre que vous assistez, c'est sa vie, en vérité qui circule ; dans l'angoisse sans cause qui vous brûle parfois, reconnaissez son appel incessant. Reconnaissez-le aussi dans vos joies. Enfin partout, en toutes circonstances, dans tous les phénomènes de votre vie extérieure et intérieure, c'est Lui : Lui sans cesse, que vous devez trouver.
Que votre coeur reste toujours impavide, car ce qui en vous, aime, souffre, se souvient, c'est votre ami éternel qui lui donne vie. Ainsi, peu à peu, en dehors même de votre attention physique, vous vivrez silencieusement de la vie même de Jésus, dans chacun de vos actes, vous reconnaîtrez une action qu'il a autrefois bénie en l'accomplissant et en lui donnant votre journée et votre nuit, vous hâterez le moment où vous pourrez en une seconde Lui parler... où votre Seigneur vous répondra. Alors, vous serez prêts, votre aide sera efficace, car ce sera l'aide même de votre Maître, votre conseil sera toujours juste, car il vous sera inspiré par le Ciel. L'amour naîtra en vous, brûlera tout le passé de ses flammes purificatrices et sans cesse renaissantes. Il sortira de votre coeur comme d'une source intarissable et plus vous le répandrez, plus il se renouvellera.
Soyez donc fidèles, à ce que vous avez compris de la vérité. Ne vous laissez pas aller. Veillez attentivement, relisez sans cesse votre Évangile. Réalisez tous les jours un peu de ce que vous aurez compris.
Ainsi luira bientôt ce jour béni que vous devez attendre avec patience, mais désirer sans cesse avec plus de force, d'ardeur et d'amour.
LA VIE
Vous voici réunis au nom de Celui que mon coeur essaie de vous aider à connaître, à aimer, depuis longtemps. Vous êtes venus, chacun avec le désir plus ou moins conscient, plus ou moins net, de faire pour Lui un effort. Toutes vos puissances, tous vos instruments ont contribué à cet acte ; votre esprit a, je l'espère, vu s'écarter enfin le voile qui le séparait du centre ; il a tressailli d'allégresse sous un rayon rapide de la lumière incréée ; votre coeur, votre pauvre coeur humain si meurtri, en a reçu une image bien lointaine, mais réelle. Il a réagi à son tour sur vos cellules cérébrales et le désir pur, la faim sublime de l'amour et de la science divine, ont fait naître en ces dernières, l'idée ; puis votre cerveau a mis en action votre corps et, parmi les innombrables cellules qui le composent, quelques-unes vont profiter de l'acteet vont aller en leur esprit grossir, augmenter la lente et surnaturelle formation de votre futur corps glorieux .
Vous voici réunis et les faibles créatures auxquelles vous venez de donner naissance (car vous vous souvenez ? tout acte est créateur) vont s'unir dans l'invisible de l'endroit où vous êtes et cela d'autant mieux que vous-mêmes serez unis elles formeront bientôt un être unique qui sera l'ange de vos efforts. Cet ange, il vivra tant que votre acte se perpétuera ; il mourra lorsque vous vous séparerez. Soignez-le donc bien cet enfant de votre élan mystérieux,... faites qu'il vive, et, bientôt, il vous aidera puissamment ; son aide sera d'autant plus pure que vos intentions seront plus pures, d'autant plus forte que vous mettrez de force et d'attention à vous instruire, d'autant plus vivante que vous saurez mettre d'intensité méthodique dans votre travail.
En vous quittant, je vous ai laissé à méditer cette idée : Tout votre effort doit tendre à devenir conscients de l'étincelle de la vie éternelle qui est en vous, puis de l'unir, par la prière et le travail à ce que votre coeur pourra comprendre de Dieu. Cet élan est, du reste général, universel. Les recherches du savant dans son laboratoire ; l'effort de l'artiste, de l'homme d'affaires, du matérialiste, ont le même but : découvrir les secrets de la vie, les interpréter, ou les, faire servir à des réalisations matérielles, inférieures. Tout dans la nature aspire à vivre, mais tous les êtres obéissent à cet appel sans avoir, auparavant recherché, en eux mêmes ce qu'ils peuvent découvrir de la vraie vie ; dès lors, elle ne se laisse pas deviner, et comme le sphinx, ses formes inférieures dévorent ceux qui n'ont pas compris.
Mais vous, vous avez regardé souvent et profondément en vous mêmes. Vous avez entendu en votre coeur d'étranges paroles - une flamme mystérieuse a commencé de le consumer en l'éclairant et vous avez ressenti un peu de vie véritable dans l'asile le plus secret de votre moi. Un nom a soudain tout illuminé en vous, une voix a retenti dans le silence disant « Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie ». Votre mental n'a pu comprendre la très merveilleuse parole, mais votre coeur, lui, a bondi. Ah ! comme il s'est plongé avec ivresse dans l'eau vive enfin révélée !
Avec quelle joie indescriptible Celui qui attendait depuis toujours votre réveil vous a pris dans s'es bras ! Comme il a murmuré à votre oreille de douces promesses ! relisez-les, elles sont toutes écrites dans l' Evangile. Il vous les redira encore jusqu'à ce que vous sachiez bien sa leçon. Ensuite, demandez-Lui ce que vous voudrez, et demandez-le en son nom. Il est la vie que vous cherchiez, n'allez pas plus loin, vous avez trouvé. Et ce qu'il vous dira au fond du coeur, redites-le tout haut. Vivez en Lui, Il vivra en vous. Donnez-Lui votre volonté et Il voudra faire la vôtre. Une collaboration intime s'établira entre vous et Lui et vous vivrez enfin, vous qui étiez morts vous vivrez à jamais, car, en vous sera le principe de la Vie Eternelle.
L'ÉQUILIBRE
J'ai ouvert à votre intention notre cher livre, ce trésor inestimable auprès duquel, nous avons si longtemps passé sans le voir. Cette affirmation, je l'ai recueillie pour vous. Vous le savez, chacune de ces merveilleuses paroles est Créatrice, puisqu'elle est un rayon du Verbe lui-même matérialisé sur notre terre. Elle est créatrice dans l'atmosphère ou elle est prononcée avec foi et en prière, de fluides, de forces, de lumière ; créatrice en tous ceux qui l'entendront avec confiance de la vertu qu'elle renferme, Chacune d'elle a son ange qui la garde, en développe les sens, travaille le coeur du disciple, la rend de plus en plus apte à pénétrer nos épaisses ténèbres, à forcer les portes de notre coeur si longtemps fermées par le prince de ce monde, dont les forces aboutissent à notre mental, mais souvenez-vous que ce prince a été jugé.
Voici le passage sur lequel je veux vous dire quelques mots aujourd'hui : " Que celui qui est capable de prendre la résolution de vivre sans être marié l' exécute ". Tôt ou tard vous vous poserez à vous-mêmes et ceux que vous aurez à guider vous poseront cette question : Pour le disciple de Jésus, vrai, sincère, quelle est la façon dont il doit comprendre cette phrase ? Tous les commandements de l' Evangile ne doivent être pris à la lettre que par ceux à qui de nombreuses intuitions personnelles, des événements particuliers, tel que la rencontre d'un maître sur terre, ont prouvé qu'ils pouvaient suivre dans une direction particulière et à la lettre le chemin étroit qui conduit à devenir sur le plan physique un disciple de Jésus.
Si cela est vrai pour tous les enseignements du Livre, combien plus pour le passage qui vous intéresse aujourd'hui ! Comment ici pourrait-il se faire que le Ciel invite tous les hommes, puisque l' Evangile s'adresse à tous, à violer les lois naturelles qu'il a établies pour nos corps physiques et pour la continuation de notre espèce ? C'est impossible. Cet ordre, ce conseil si vous voulez, concerne donc seulement le disciple particulier auquel un vrai maître révèle que son esprit a connu tous les appartements invisibles et visibles de notre terre, a revêtu toutes les formes humaines possibles, a passé par toutes les tentations, toutes les épreuves. Il arrive alors pour cet être une existence matérielle où son organisme physique spécialement épuré, emprunté à des parties très évoluées de la matière, peut supporter la fulguration, la radiance de son esprit ; alors passera dans les sombres régions terrestres, pour un temps, une créature chargée d'une mission particulière, dont l'organisme matériel sera soustrait à toutes les lois inférieures. Alors seulement en toute justice, en toute vérité, cette recommandation évangélique pourra être suivie à la lettre.
De tels êtres, peuvent du reste être moins rares qu'on ne pense et ils ont sûrement une mission particulière d'équilibre dans cette question de la chair.
Pour nous donc, mes amis, à qui rien ne vient signaler cet état, pour nous, qui, au contraire, sommes sûrement dans la loi commune, nous devons comprendre de cette façon ce passage ainsi que tous ceux dont la réalisation est notoirement au-dessus de nos forces. Que chacun de ces enseignements soit seulement pour nous une lumière, un idéal.
Dans l'enseignement d'aujourd'hui, voyons donc briller deux mots qui seront notre guide : Equilibre, Chasteté.
Je voudrais vous entretenir aujourd'hui de la façon d'adapter aux nécessités de la vie du monde, les solennelles affirmations, les commandements précis de notre Evangile. Vous êtes tous, je crois, parvenus à un moment de votre évolution, où vous avez entendu l'appel du Maître. Il a croisé votre chemin; il vous a dit « Suis-moi ». Vous avez entendu cette voix surnaturelle, vous avez senti qu'elle était vraiment la voix irrésistible de l'amour. Vous avez vaguement compris que cette voix était le Verbe même, la parole qui était Dieu, et qui était en Dieu avant que le monde fût. L'image de Celui que le Père a envoyé sur notre terre au moment voulu, s'est dressée de plus en plus nette en vous ; vous commencez à L'aimer, c'est-à-dire à Le connaître. Il est maintenant, ce maître de tous, votre compagnon continuel. Votre coeur au lieu de puiser sa vie dans la nature périssable, la trouve dans la vie éternelle de Celui qui est l'aspect compréhensible du Père inconnaissable. Toutes vos actions donc, toutes vos pensées, vous désirez maintenant qu'elles soient inspirées par Lui. Et ce désir constitue l'appel à la suite duquel s'écoule constamment du coeur de votre Maître, tout ce dont vous avez besoin.
Mais, vous n'êtes pas isolés ; vous vivez au milieu d'autres créatures qui n'ont pas encore compris ces choses et qui obéissent aux lois du destin et du prince de ce monde. Comment donc vous conduire vis-à-vis d'elles ? Comment ne pas trop heurter les lois admises ? Comment surtout ne pas risquer d'adapter à votre vie journalière d'une façon trop peu prudente, les ordres cependant précis de Celui que vous aimez et que vous voudriez tant contenter toujours ? Vous avez deux moyens puissants : la prière et l'humilité.
En vous levant le matin que votre première demande soit d'être guidés, préservés des trop difficiles épreuves, d'être toujours prêts à agir en toute chose d'après la lumière qui vous a été donnée. Demandez à pouvoir donner les forces reçues pendant la nuit, à connaître les êtres qui en auraient besoin. Votre intuition se développera vite ; vous verrez la secrète douleur des hommes et serez à même de la soulager. Vous demanderez à recevoir, en présence des méchants, la force de douceur nécessaire. Vous prierez votre Maître d'être à vous quand surgira le contact avec les personnes guidées seulement par l'intérêt. Vous trouverez enfin votre plus grande sauvegarde dans l'humilité. Estimez-vous, chacun en particulier, le plus faible de tous ; reconnaissez-vous incapables de ne pas vous mettre en colère si l'on vous insulte, de ne pas réclamer votre dû, ou de l'argent prêté, de ne pas attaquer en justice celui que vous estimez vous avoir lésé, de ne pas blâmer celui que vous estimez blâmable, de ne pas souffrir enfin des mille heurts de la vie, et, aussitôt, dans la mesure où vous aurez été sincères, les insultes ou railleries diminueront, les prêts d'argent non remboursés vous seront rendus par une autre voie, vous n'aurez, en matière litigieuse, qu'à vous défendre, pas à attaquer ; les fautes des autres vous les verrez, mais seulement pour les excuser et vos rapports avec les hommes, seront pesés, voulus. Votre Maître ne vous mettra devant une réalisation évangélique difficile qu'au moment où vous le pourrez. Considérez donc chaque commandement de l' Evangile, comme un idéal sublime que, vous atteindrez sûrement un jour et en attendant, rapportez vous en à Jésus. Si vous le lui demandez avec simplicité, il saura vous apprendre peu à peu à suivre Sa loi vis-à-vis de vos frères.