Après que les fidèles eurent entendu ce récit, ils s'apaisèrent et glorifièrent Dieu, en disant: "Dieu a donc accordé aux païens eux-mêmes de se convertir pour obtenir la vie."
Cependant ceux qui avaient été dispersés par l'effet de la persécution survenue après la mort d'Étienne, étaient allés jusqu'en Phénicie, dans l'île de Chypre et à Antioche, et n'avaient annoncé la parole qu'aux juifs. Mais, parmi ceux qui s'étaient rendus à Antioche, quelques-uns, natifs de Chypre et de Cyrène s'adressèrent aux Grecs pour leur prêcher le Seigneur Jésus. Et la main du Seigneur était avec eux, en sorte qu'un grand nombre de personnes crurent et se convertirent au Seigneur. Le bruit s'en répandit jusqu'à l'Église de Jérusalem, d'où l'on envoya Barnabas à Antioche. Lorsqu'il y fut arrivé et qu'il vit les effets de la grâce de Dieu, il s'en réjouit et il exhorta tous les disciples à s'attacherde coeur au Seigneur, car c'était un homme de bien, plein de Saint-Esprit et de foi; et une grande multitude se joignit au Seigneur. Barnabas se rendit ensuite à Tarse pour chercher Saul, et, l'ayant trouvé, il l'amena à Antioche. Pendant un an entier, ils assistèrent aux assemblées de cette église, ils instruisirent une foule de personnes, et ce fut à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent nommés chrétiens.
En ce temps-là, quelques prophètes vinrent de Jérusalem à Antioche. Agabus, l'un d'eux, animé par l'Esprit, prédit une grande famine pour tout le pays; elle eut lieu sous l'empereur Claude. Alors les disciples résolurent d'envoyer des secours, chacun selon ses moyens, aux frères qui habitaient en Judée; ce qui fut exécuté, et l'on envoya ce secours aux Anciens par les mains de Barnabas et de Saul.
COMMENTAIRE
Chapitre XI
Continuation des réactions du Mal. - Les ordres et la conduite de Pierre sont discutés. - Les vies successives. - Les sacrements extérieurs et intérieurs. -L'existence solitaire des Amis de Dieu. - Les petits enfants.
Les hommes se sont tellement éloignés de la vraie Vie et de la vraie Lumière; ils ont entassé sur le pauvre petit germe vivant, déposé en eux par le Ciel, tant de matériaux lourds et inutiles, que leur coeur est, en général, insensible et froid. En eux, tout souvenir de leur moi véritable est effacé; leur fausse personnalité écrase la vraie; leur cerveau raisonneur a pris une telle importance, que souvent même la présence d'un homme libre et le rayonnement céleste qui émane de lui, n'empêchent ni les sottes curiosités, ni les faux jugements, ni les analyses compliquées, ni les incompréhensions des choses les plus simples et les plus ordinaires de la vraie Vie.
Ainsi, nous voyons les disciples eux-mêmes, eux, qui vivaient en la présence des Apôtres, et qui, certes, étaient préparés et choisis, s'étonner que l'Esprit Saint soit descendu sur des païens! Ils discutent l'ordre que Pierre, leur ami vénérable, leur maître, donne de les baptiser! Ils lui reprochent même d'être entré chez eux! Beaucoup, parmi ces disciples, n'avaient donc pas compris la véritable identité de Pierre..., sans cela, aucune de ses paroles, aucun de ses actes, n'auraient fait naître en leur coeur autre chose qu'approbation complète, amour et confiance. Nous sommes tous ainsi, mais il faut l'espérer, à l'heure de la rencontre avec un envoyé de Dieu, notre nature humaine s'harmonisera assez complètement à sa lumière; notre coeur dominera assez complètement notre cerveau, pour nous éviter une telle erreur et un tel doute.
Puissions-nous alors avoir une compréhension assez parfaite de ce missionné, pour ne lui demander aucune explication de sa conduite, sauf quand il le jugera nécessaire lui-même! Mais effleurons seulement ce sujet, et reprenons notre étude.
Nous avons ici l'occasion d'insister encore sur une parole décisive et dont la répétition fréquente indique l'importance.
"Jean a été baptisé d'eau, mais vous, vous le serez de feu et d'Esprit." Reprenons ici cette question, rapidement traitée au chapitre VII. Pierre fait, de cette assurance, la base des efforts qu'il va tenter pour illuminer les disciples. Il consent à leur expliquer sa conduite, prenant sans doute en pitié leur faiblesse:
"Pouvais-je refuser le baptême à ceux qui venaient de recevoir l'Esprit? Qu'étais-je, moi, pour m'opposer à Dieu?"
L'Esprit souffle où Il veut, et rien n'est plus propre à nous faire comprendre que si, d'ordinaire, ainsi que nous l'enseignent, du reste, les "Actes", les sacrements d'eau, c'est-à-dire ceux agissant sur le corps et la volonté, sans toucher l'Esprit, précèdent la réception des sacrements spirituels, il peut y avoir des exceptions; des hommes existent certainement sur terre, auxquels le Ciel confère, comme à Corneille, sans qu'ils soient liés à aucune chaîne religieuse, les baptêmes du feu.
Parmi mes lecteurs, beaucoup ont reçu les leçons de l'ésotérisme et sont, au moins intellectuellement, persuadés de la réalité d'un enseignement que, du reste, le Christ n'a pas nié: la continuité de l'existence de notre moi, en divers organismes matériels, au cours d'existences très nombreuses, sur la terre ou ailleurs.
Pour ceux-là, comme je le disais plus haut, on peut enseigner que l'Esprit reçoit, par l'intermédiaire de ses corps, aussi fréquemment qu'il est nécessaire, les sacrements matériels conférés par les Églises, sur terre ou sur une planète quelconque. Puis, il vient une existence où il est apte à recevoir en son centre d'abord, puis dans ses organismes fluidiques, enfin, en son corps de chair, les baptêmes de Feu. Cependant, il n'est pas nécessaire de croire à la réincarnation, et pour ceux qui n'ont pas admis ou n'ont pas eu connaissance de cette théorie, mais qui savent l'existence, en toute créature, d'un principe directeur spirituel, on arrive au même résultat en disant que c'est, dans le plan même de l'Esprit, plan fermé à notre conscience de veille, que ce Principe, sanctuaire très pur du moi, a reçu, peu à peu, tous les baptêmes préparatoires, et que dans l'existence terrestre où nous étudions son action, il a pu transmettre assez puissamment à son organisme physique le rayonnement spirituel dont il est revêtu, pour que ce dernier soit aisément pénétré, à l'heure fixée, par le rayonnement des sacrements du Feu. Néanmoins, la théorie de la réincarnation permet de mieux comprendre, au moins dans le mental, ce mystère sacré.
Quoi qu'il en soit, du reste, c'est le coeur seul en nous qui peut en avoir la clé définitive, et il ne sera probablement jamais possible de faire comprendre au pontife intellectuel, au philosophe rationaliste, les vraies causes de l'existence solitaire et séparée des Amis de Dieu sur notre terre. Le mystique chrétien libre, fera mieux de ne pas même tenter cela.
Il existe, en effet, une complète différence entre le disciple du Christ, si modeste, soit-il, qui de toutes ses forces, aspire à faire partie, un jour, de ces "petits enfants" dont Jésus proclamait la puissance, et un représentant d'une Église extérieure quelconque. Aujourd'hui comme au temps des Apôtres, ce disciple sera, nous l'avons déjà dit, tout aussi incompris, - car ces deux êtres vivent sur deux plans différents, et ne parlent pas la même langue.
On peut ajouter qu'il y a, actuellement, si peu de créatures méritant vraiment le nom de Chrétiens, qu'un "petit enfant" est autorisé à se rendre parmi eux, annoncer la parole de Jésus, comme Barnabas à Antioche, car ils ont, en vérité, oublié cette parole; elle leur est tout aussi étrangère qu'aux païens et aux juifs du premier siècle.
Cette assertion peut sembler extraordinaire, mais cela existe, et beaucoup, parmi ceux qui liront avec sincérité ce petit essai, en auront tôt ou tard la preuve.