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ACTES DES APÔTRES
 
Chapitre XXI
 
     Après nous être séparés de ces frères avec beaucoup de peine, nous mîmes à la voile et nous allâmes droit à Cos; le lendemain, à Rhodes, et, de là, à Patare; nous y trouvâmes un vaisseau qui passait en Phénicie et sur lequel nous nous embarquâmes. Lorsque nous fûmes en vue de l'île de Chypre, nous la laissâmes à gauche et, continuant notre route vers la Syrie, nous abordâmes à Tyr, où le vaisseau devait laisser sa charge. Nous y fûmes retenus sept jours par les disciples qui s'y trouvaient et qui, poussés par l'Esprit, disaient à Paul de ne point monter à Jérusalem. Ces sept jours étant écoulés, nous partîmes et nous fûmes accompagnés jusqu'au dehors de la ville par tous les disciples avec leurs femmes et leurs enfants, nous nous mîmes à genoux sur le rivage pour prier et, après nous être embrassés les uns les autres, nous montâmes sur le vaisseau, et ils retournèrent chez eux.

Pour nous, achevant notre navigation, de Tyr nous nous rendîmes à Ptolémaïs, où nous saluâmes les frères et passâmes un jour avec eux. Étant partis le lendemain, nous vînmes à Césarée et nous logeâmes dans la maison de Philippe l'évangéliste, l'un des sept diacres, lequel avait quatre filles vierges, qui prophétisaient. Comme nous y étions depuis plusieurs jours, il arriva de Judée un prophète nommé Agabus, qui, étant venu nous voir, prit la ceinture de Paul, s'en lia les mains et les pieds et dit: "Voici ce que déclare le Saint-Esprit: L'homme à qui appartient cette ceinture sera lié de la même manière à Jérusalem par les juifs, qui le livreront entre les mains des païens." À ces paroles, les gens de l'endroit se joignirent à nous pour prier Paul de ne pas monter à Jérusalem. Mais il répondit: "Que faites-vous en pleurant ainsi et en ébranlant mon courage? Je suis prêt non seulement à être enchaîné, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus." N'ayant pu le persuader, nous ne le pressâmes pas davantage et nous dîmes: "Que la volonté du Seigneur soit faite!" Peu de jours après, ayant fait nos préparatifs, nous montâmes à Jérusalem. Quelques disciples partirent avec nous de Césarée, emmenant un ancien disciple nommé Mnason, de l'île de Chypre, chez qui nous devions loger.

Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie. Et, le lendemain, Paul vint avec nous visiter Jacques, chez qui tous les Anciens s'étaient rassemblés. Paul, après les avoir embrassés, leur raconta en détail ce que Dieu avait fait par son ministère au milieu des païens. Après l'avoir entendu, ils glorifièrent le Seigneur et dirent à Paul: "Frère, tu vois combien de milliers de juifs ont cru, mais ils sont tous attachés à la loi; or ils ont ouï dire que tu enseignes à tous les juifs établis chez les païens qu'ils doivent renoncer à Moïse; que tu les exhortes à ne pas circoncire leurs enfants et à ne pas suivre les anciens usages. Que faut-il donc faire? La multitude ne manquera pas de se rassembler, car on apprendra que tu es arrivé. Fais donc ce que nous allons te dire: Il y a parmi nous quatre hommes qui ont fait un voeu; prends-les avec toi, purifie-toi avec eux et pourvois à leur dépense, afin qu'ils se rasent la tête, et tous sauront que les bruits qui ont couru sur toi sont faux, puisque toi-même tu continues d'observer la loi. À l'égard des païens qui ont cru, nous avons décidé et nous leur avons écrit qu'ils ne devaient rien observer de pareil, mais qu'ils devaient seulement s'abstenir des viandes immolées aux idoles, du sang, des animaux étouffés et de l'impureté." Paul prit donc ces hommes avec lui et, s'étant purifié avec eux le jour suivant, il entra dans le temple, annonçant le jour auquel la purification serait accomplie et auquel l'offrande serait présentée pour chacun d'eux.

Mais, sur la fin des sept jours, les juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la multitude et se saisirent de lui, en criant: "Venez à notre aide, Israélites. Voici cet homme qui parle à tout le monde et partout contre le peuple, contre la loi et contre ce lieu-ci; il a même amené des Grecs dans le temple et a profané ce saint lieu." En effet, ils avaient vu auparavant dans la ville Trophime d'Éphèse avec Paul et ils croyaient que Paul l'avait amené dans le temple. Alors toute la ville fut agitée, le peuple accourut en foule, on s'empara de Paul, on l'entraîna hors du temple, dont les portes furent fermées à l'instant. Tandis qu'on cherchait à le faire périr, le chef de la cohorte fut informé que toute la ville de Jérusalem était en confusion, et, ayant pris des soldats et des centurions, il courut aussitôt à ces gens-là, qui, à la vue du chef et des soldats, cessèrent de frapper Paul. Alors le commandant, s'étant approché, se saisit de lui et, l'ayant fait lier de deux chaînes, il demanda qui il était et ce qu'il avait fait; mais, dans cette foule, les uns criaient une chose, les autres, une autre; c'est pourquoi, voyant qu'il ne pouvait rien apprendre de certain à cause du tumulte, le commandant ordonna de mener Paul dans la forteresse. Quand Paul fut sur les degrés, il fut porté par les soldats à cause de la violence de la populace; car le peuple en foule suivait, en criant: "Qu'on le mette à mort!" Au moment d'entrer dans la forteresse, Paul dit au commandant: "M'est-il permis de te dire quelque chose?" Le commandant lui répondit: "Tu sais donc parler grec? Ne serais-tu pas cet Égyptien qui a excité, il y a peu de jours, une sédition et qui a emmené au désert avec lui quatre mille brigands?" 4 "Je suis juif, répondit Paul, et citoyen de Tarse en Cilicie, ville assez connue; je te prie, permets-moi de parler au peuple." Le commandant le lui ayant permis, Paul, debout sur les degrés, fit signe de la main au peuple; il s'établit un profond silence, et il prononça ce discours devant eux.

 
 
  Actes des Apôtres

Chapitre XXII
 

"Mes frères et mes pères, écoutez ce que j'ai à vous dire aujourd'hui pour ma justification." Quand on l'entendit parler en hébreu, le silence devint encore plus profond, et Paul dit alors: "Je suis juif, né à Tarse en Cilicie, mais j'ai été élevé ici, dans cette ville, par Gamaliel, et instruit dans l'exacte observation de la loi de nos pères, ayant pour Dieu le même zèle que vous avez tous aujourd'hui, en sorte que j'ai persécuté à mort cette nouvelle secte, enchaînant et mettant en prison hommes et femmes. J'en ai pour témoins le souverain sacrificateur et toute l'assemblée des Anciens, de qui j'ai même reçu des lettres pour les frères, lorsque j'allais à Damas rechercher les gens de cette secte, afin de les ramener enchaînés à Jérusalem et de les y faire punir. Mais, comme j'étais en chemin et que j'approchais de Damas, je fus tout à coup, vers le milieu du jour, enveloppé d'une vive lumière qui venait du ciel; je tombai par terre et j'entendis une voix qui me disait: "Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?" Je répondis: "Qui es-tu, Seigneur?"— "Je suis, me dit-il, Jésus de Nazareth que tu persécutes." Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière et furent effrayés, mais ils n'entendirent point la voix de celui qui me parlait. Alors je dis: "Seigneur, que ferai-je?" Et le Seigneur me répondit: "Lève-toi, va à Damas, et là on t'instruira de tout ce que tu dois faire." Et, comme le grand éclat de cette lumière m'avait fait perdre la vue, ceux qui étaient avec moi me prirent par la main et me conduisirent à Damas. Alors un homme nommé Ananias, religieux observateur de la loi, à qui tous les juifs qui habitaient Damas rendaient bon témoignage, vint me trouver et, s'étant approché de moi, il me dit: "Saul, mon frère, recouvre la vue"; et, au même, instant, je recouvrai la vue et je le vis. Il me, dit ensuite: "Le Dieu de nos pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste et à entendre les paroles de sa bouche; car tu lui serviras de témoins devant tous les hommes sur ce que tu as vu et entendu. Que tardes-tu? Lève-toi, reçois le baptême et sois lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur." De retour à Jérusalem, tandis que je priais dans le temple, je fus ravi en extase et je vis le Seigneur, qui me dit: "Hâte-toi, sors promptement de Jérusalem, car on n'y recevra point le témoignage que tu me rendras." Je lui répondis: "Seigneur, on sait bien que c'est moi qui faisait mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi, et, lorsqu'on répandit le sang d'Étienne, qui te rendait témoignage, j'étais présent, je consentis à sa mort et je gardais les vêtements de ses meurtriers." Alors il me dit: "Va, je t'enverrai au loin chez les Gentils."

Les juifs avaient écouté Paul jusque-là; mais ils élevèrent alors la voix et. crièrent: "Qu'on mette à mort un tel homme, il est indigne de vivre!" Comme ils criaient, qu'ils secouaient leurs habits et qu'ils faisaient voler la poussière en l'air, le commandant fit entrer Paul dans la forteresse, avec ordre de lui donner la question par le fouet, afin d'apprendre pourquoi ils criaient ainsi contre lui. Mais, quand on l'eut lié avec des courroies, Paul dit au centurion qui était présent: "Vous est-il permis de battre de verges un citoyen romain, surtout avant qu'il ait été jugé?" À ces mots, le centurion alla trouver le commandant et lui dit: "Que penses-tu faire? Car cet homme est citoyen romain." Sur quoi le commandant vint à Paul et lui dit: "Dis-moi, tu es citoyen romain?" — "Oui", répondit Paul. Le commandant lui dit: "Je l'ai payé bien cher, ce droit de citoyen romain!" — "Et moi, répondit Paul, je l'ai par ma naissance." Aussitôt, ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent, et, dès qu'il sut que Paul était citoyen romain, le commandant eut peur, parce qu'il l'avait fait lier.

Le lendemain, voulant connaître avec certitude pour quel sujet Paul était accusé par les juifs, il lui fit ôter ses chaînes et, ayant assemblé les principaux sacrificateurs et tout le Conseil, il amena Paul, afin qu'il comparût devant eux.
 
 

 Actes des Apôtres

Chapitre XXIII

Alors Paul, les regards fixés sur le Conseil, parla ainsi: "Mes frères, j'ai vécu jusqu'à présent devant Dieu en conservant toujours une bonne conscience." À ces mots, le souverain sacrificateur Ananias ordonna à ceux qui étaient près de Paul de le frapper au visage. Et Paul lui dit: "Dieu te frappera toi-même, muraille blanchie; tu sièges ici pour me juger selon la loi et tu violes la loi en ordonnant qu'on me frappe." Ceux qui l'entouraient lui dirent: "Quoi! tu insultes le souverain sacrificateur de Dieu!" Paul répondit: "Je ne savais pas, frères, que ce fût le souverain sacrificateur; car il est écrit: Tu ne maudiras point le prince de ton peuple." Cependant Paul, sachant que le Conseil était composé de sadducéens et de pharisiens, s'écria: "Mes frères, je suis pharisien, fils de pharisien, et c'est au sujet de l'espérance de la résurrection des morts que je suis cité en jugement." À peine eut-il prononcé ces paroles, qu'il s'éleva une contestation entre les pharisiens et les sadducéens, et l'assemblée fut divisée: car les sadducéens disent qu'il n'y a ni résurrection, ni ange, ni esprit, tandis que les pharisiens soutiennent le contraire. Il se fit donc beaucoup de bruit, et les scribes du parti des pharisiens, s'étant levés, s'opposèrent vivement aux autres et dirent: "Nous ne trouvons rien à condamner en cet homme, il est possible qu'un esprit ou un ange lui ait parlé." Comme le tumulte augmentait, le commandant, craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens-là, fit descendre ses soldats pour le tirer de leurs mains et le conduire dans la forteresse.

La nuit suivante, le Seigneur apparut à Paul et lui dit: "Prends courage; car il faut que tu rendes témoignage de moi à Rome, comme tu viens de le faire à Jérusalem."

Le jour étant venu, quelques juifs se liguèrent et firent voeu, en prononçant des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire qu ils n'eussent tué Paul. Ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration. Ces gens-là allèrent trouver les principaux sacrificateurs et les Anciens et leur dirent: "Nous nous sommes engagés par des imprécations à ne rien manger avant d'avoir tué Paul. Vous devez maintenant vous entendre avec le Sanhédrin pour inviter le commandant à faire paraître demain Paul devant vous, comme si vous vouliez examiner plus attentivement ce qui le regarde; nous, de notre côté nous sommes prêts à le faire périr avant qu'il s'approche." Mais le fils de la soeur de Paul, ayant appris ce complot, entra dans la forteresse et en avertit Paul. Celui-ci, ayant appelé un des centeniers, lui dit: "Mène ce jeune homme au commandant, car il a quelque chose à lui découvrir. Le centenier prit donc le jeune homme avec lui et le mena au commandant, à qui il dit: "Le prisonnier Paul, m'ayant appelé, m'a demandé de conduire auprès de toi ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire." Alors le commandant, ayant pris le jeune homme par la main et l'ayant tiré à part, lui dit. "Qu'as-tu à m'annoncer?" Celui-ci répondit: "Les juifs ont convenu entre eux de te prier de faire conduire demain Paul au Conseil sous prétexte de mieux examiner son affaire. Mais garde-toi d'y consentir, car plus de quarante d'entre eux lui dressent des embûches; ils se sont engagés par des imprécations à ne manger ni boire qu'ils ne l'aient tué, et maintenant ils sont tout prêts, attendant ta décision." Le commandant renvoya le jeune homme, en lui disant: "Garde-toi bien de dire à personne que tu m'as donné cet avis, et, ayant fait venir deux de ses centeniers, il leur dit: "Tenez prêts deux cents soldats, soixante et dix cavaliers et deux cents archers, pour partir à la troisième heure de la nuit et pour aller jusqu'à Césarée; qu'il y ait aussi une monture pour Paul, afin qu'on le mène sûrement au gouverneur Félix." Puis il écrivit une lettre en ces termes: "Claude Lysias au très-excellent gouverneur Félix, salut. Les juifs s'étant saisis de cet homme et étant sur le point de le tuer, je survins avec des soldats et le tirai de leurs mains. Ayant appris qu'il était romain et voulant savoir de quel crime ils l'accusaient, je le menai dans leur Conseil; mais j'ai trouvé qu'il était accusé au sujet de quelques difficultés de leur foi et qu'on ne lui imputait aucun crime qui méritât la mort ou la prison. Ensuite, ayant été informé des embûches que lui tendaient les juifs, je te l'ai envoyé sur-le-champ et j'ai fait savoir à ses ennemis qu'ils eussent à l'accuser devant toi. Salut."

Conformément à l'ordre qu'ils avaient reçu, les soldats, ayant pris Paul avec eux, le conduisirent pendant la nuit à Antipatris. Le lendemain, l'ayant laissé sous l'escorte des cavaliers, ils revinrent à la forteresse. Les cavaliers, étant arrivés à Césarée, remirent la lettre au gouverneur, en lui présentant Paul. Le gouverneur, après l'avoir lue, s'informa de quelle province était Paul et, ayant appris qu'il était de Cilicie, il lui dit: "Je t'entendrai quand tes accusateurs seront venus"; puis il ordonna de le garder dans le palais d'Hérode.
 
 

Actes des Apôtres

Chapitre XXIV

Cinq jours après arriva le souverain sacrificateur Ananias avec les Anciens et un orateur nommé Tertulle. Ils portèrent leur plainte devant le gouverneur contre Paul, et, celui-ci ayant été appelé, Tertulle se mit à l'accuser en ces termes: "La paix profonde dont tu nous fais jouir, les règlements salutaires que ce peuple doit à ta sagesse, très-excellent Félix, excitent en tout temps et en tout lieu notre entière reconnaissance; mais, pour ne pas t'arrêter trop longtemps, j'exposerais l'affaire en peu de mots et je te prie de nous écouter avec ton indulgence habituelle. Ayant trouvé cet homme, qui est une peste publique, qui va partout excitant des divisions chez les juifs, qui est chef de la secte des Nazaréens et qui a même tenté de profaner le temple, nous nous sommes saisis de lui et nous avons voulu le juger selon notre loi; mais le commandant Lysias, étant survenu, l'a arraché avec violence d'entre nos mains, ordonnant que ses accusateurs vinssent comparaître devant toi. Tu pourras, en l'interrogeant toi-même, connaître toutes les choses dont nous l'accusons." Les juifs se joignirent à Tertulle pour confirmer tout ce qu'il avait dit.

Alors Paul, à qui le gouverneur fit signe de parler, répondit: "Sachant que tu gouvernes cette nation depuis plusieurs années, je me justifierai avec plus de confiance. Tu peux savoir qu'il n'y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer. On ne m'a vu disputer avec personne dans le temple, ni soulever la multitude pas plus dans les synagogues que dans la ville, et ils ne sauraient prouver ce dont ils m'accusent maintenant. Je t'avoue cependant que je sers le Dieu de nos pères suivant une voie qu'ils appellent une secte, en croyant néanmoins tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes, et en ayant cette espérance en Dieu, comme ils l'ont eux-mêmes, qu'il y aura une résurrection des morts, tant des justes que des injustes; c'est pourquoi je travaille sans relâche à conserver ma conscience exempte de reproche devant Dieu et devant les hommes. Après plusieurs aunées d'absence, j'étais venu pour faire des aumônes à ma nation et pour présenter des offrandes; c'est pendant que je m'acquittais de ce devoir et lorsque j'étais déjà purifié, que quelques juifs d'Asie m'ont trouvé dans le temple, où il n'y avait ni attroupement ni tumulte. C'était à ceux-là de s'adresser à toi et de m'accuser, s'ils avaient à se plaindre de moi. Que ceux-ci du moins déclarent de quoi ils m'ont trouvé coupable, lorsque j'ai paru devant le Sanhédrin. C'est peut-être de cette seule parole que j'ai prononcée à haute voix devant eux: Je suis accusé aujourd'hui devant vous au sujet de la résurrection des morts." Félix, après s'être informé plus exactement de la secte dont Paul faisait partie, les remit à un autre jour, en disant: "Quand le commandant Lysias sera venu, je prendrai connaissance de votre affaire. Et il mit Paul sous la garde d'un centenier, qui devait lui laisser quelque liberté et permettre à tous les siens de le servir et d'aller le voir.

Quelques jours après, Félix, étant revenu à Césarée avec Drusille sa femme, qui était juive, fit venir Paul auprès de lui et l'entendit parler de la foi en Christ. Mais, comme Paul lui parlait de justice, de tempérance et du jugement à venir, Félix, frappé de crainte, lui dit: "Pour le moment, cela suffit, retire-toi; quand j'en aurai le temps, je te rappellerai." Or, dans l'espoir que Paul lui donnerait de l'argent pour obtenir sa délivrance, Félix le faisait souvent chercher et s'entretenait avec lui. Au bout de deux ans, Porcius Festus succéda à Félix, qui, pour plaire aux juifs, laissa Paul en prison.

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Chapitre XXV

Cependant Festus, étant arrivé dans la province, se rendit, trois jours après, de Césarée à Jérusalem. Alors le souverain sacrificateur et les principaux d'entre les juifs se présentèrent devant lui pour accuser Paul, et ils sollicitaient de lui, comme faveur, l'ordre de faire venir Paul à Jérusalem. Leur dessein était de lui dresser des embûches pour le faire périr en chemin. Mais Festus répondit que Paul était bien gardé à Césarée et qu'il devait y aller bientôt lui-même. "Que ceux de vous, dit-il, qui le peuvent, viennent avec moi et, si cet homme est coupable, qu'ils l'accusent." Après avoir passé seulement huit à dix jours à Jérusalem, Festus descendit à Césarée et, le lendemain, étant monté sur son tribunal, il fit amener Paul. Quand celui-ci fut présent, les juifs qui étaient venus de Jérusalem se rangèrent autour du tribunal, chargeant Paul de plusieurs accusations graves qu'ils ne purent prouver. Paul se défendit, en disant: "Je n'ai rien fait de condamnable, ni contre la foi des juifs, ni contre le temple, ni contre César." Mais Festus, voulant être agréable aux juifs, dit à Paul: "Veux-tu venir à Jérusalem et y être jugé devant moi sur les choses dont tu es accusé?" Paul lui répondit: "Je suis devant le tribunal de César, c'est là que je dois être jugé; je n'ai fait aucun tort aux juifs, comme tu le sais bien toi-même. Si je suis coupable et que j'aie commis quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir; mais, si rien de ce dont ils m'accusent n'est fondé, personne n'a le droit de me livrer à eux. J'en appelle à César." Alors Festus, après en avoir conféré avec son Conseil, répondit: "Tu en as appelé à César, tu iras à César."

Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice vinrent à Césarée pour saluer Festus, et, comme ils y demeurèrent plusieurs jours, Festus informa le roi de l'affaire de Paul et lui dit: "Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier et que, pendant mon séjour à Jérusalem, les principaux sacrificateurs et les Anciens des juifs sont venus accuser devant moi, demandant sa condamnation. Mais je leur ai répondu que ce n'est pas la coutume des Romains de livrer un homme à la mort avant qu'il ait été confronté avec ses accusateurs et qu'il ait eu la liberté de se justifier du crime dont on le charge. Lors donc qu'ils furent venus ici, ne voulant point différer cette affaire, je montai dès le lendemain sur mon tribunal et je donnai l'ordre d'amener cet homme. Ses accusateurs s'étant présentés, ils ne le chargèrent d'aucun des crimes que je supposais; ils avaient avec lui je ne sais quelle dispute au sujet de leurs superstitions et de la mort d'un certain Jésus, que Paul affirmait être vivant. Ne sachant que prononcer sur cette affaire, je lui demandai s'il voulait aller à Jérusalem pour y être jugé sur les choses dont on l'accusait; mais Paul en ayant appelé pour que sa cause fût réservée à la connaissance de l'empereur, j'ordonnai qu'on le gardât jusqu'à ce que je l'envoyasse à César." Là-dessus, Agrippa dit à Festus: "Je voudrais aussi entendre cet homme." 4 "Tu l'entendras demain", répondit Festus.

Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent en grande pompe, et lorsqu'ils furent entrés dans le lieu de l'audience avec les tribuns et les personnes les plus considérables de la ville, Paul fut amené par l'ordre de Festus. Alors Festus dit: "Roi Agrippa et vous tous qui êtes ici présents avec nous, voici cet homme au sujet duquel les juifs sont venus en foule me solliciter, soit à Jérusalem, soit ici, me conjurant à grands cris de ne pas le laisser vivre. Pour moi, ayant reconnu qu'il n'avait rien fait qui méritât la mort, et lui-même en ayant appelé à l'empereur, j'ai résolu de l'envoyer à Rome. Mais, comme je n'ai rien de certain à écrire à César au sujet de cet homme, je l'ai fait venir en votre présence et devant toi surtout, roi Agrippa, afin qu'étant mieux informé, je sache ce que je dois écrire; car il serait absurde d'envoyer un prisonnier sans faine connaître ce dont il est accusé."
 
 

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Chapitre XXVI

Alors Agrippa dit à Paul: "Il t'est permis de parler pour ta défense", et Paul, ayant étendu la main, se justifia en ces termes: "Roi Agrippa, je m'estime heureux de pouvoir aujourd'hui me justifier devant toi de toutes les choses dont les juifs m'accusent, car tu es parfaitement instruit de toutes leurs coutumes et de toutes leurs disputes; je te prie donc de m'écouter avec patience. Ma vie entière est connue de tous les juifs, puisque j'ai vécu dès mon enfance à Jérusalem, au milieu de ma nation. Ils savent depuis longtemps, s'ils veulent en rendre témoignage, que je me suis attaché de bonne heure à la secte la plus sévère de notre religion, celle des pharisiens. Et maintenant je suis accusé, parce que j'espère l'accomplissement de la promesse que Dieu à faite à nos pères et pour laquelle nos douze tribus servent Dieu nuit et jour avec ardeur, dans l'espoir d'en obtenir l'effet. C'est cet espoir, roi Agrippa, qui est le motif de l'accusation des juifs. Quoi! vous semble-t-il incroyable que Dieu ressuscite les morts? Pour moi, j'avais cru devoir tout faire contre le nom de Jésus de Nazareth; c'est ce que j'ai fait à Jérusalem: j'ai jeté en prison plusieurs des saints en vertu du pouvoir que j'avais reçu des souverains sacrificateurs, et, lorsqu'on les faisait mourir, j'y concourais par mon suffrage. J'ai été souvent dans toutes les synagogues, où, à force de tourments, je les contraignais de blasphémer et, transporté de fureur contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères. C'était pour cela que j'allais à Damas, muni d'un pouvoir et chargé d'une commission par les principaux sacrificateurs, lorsque, ô roi Agrippa, étant en route, vers le milieu du jour, je vis une lumière venant des cieux, plus éclatante que le soleil, qui m'environna, moi et ceux qui m'accompagnaient. Nous tombâmes tous par terre, et j'entendis une voix qui s'adressait à moi et me disait en langue hébraïque: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? Tu te trouverais mal de regimber contre l'aiguillon. Alors je dis: Qui es-tu, Seigneur? Et le Seigneur répondit: Je suis Jésus que tu persécutes. Mais relève-toi et tiens-toi debout; je t'ai apparu, afin de te choisir pour ministre et pour témoin des choses que tu as vues et de celles que je te révélerai encore. Je te délivrerai des mains de ce peuple et de celles des nations auxquelles je t'envoie maintenant, pour que tu leur ouvres les yeux et que tu les fasses passer des ténèbres à la lumière et de la puissance de Satan à Dieu, en sorte que, par la foi qu'elles auront en moi, elles reçoivent la rémission des péchés et qu'elles aient part à l'héritage des saints. Ainsi, ô roi Agrippa, je ne résistai point à la vision céleste; mais je prêchai la repentance d'abord à Damas, ensuite à Jérusalem, dans toute la Judée et chez les païens, exhortant les hommes à se convertir à Dieu et à faire des oeuvres convenables à la repentance. Voilà pourquoi les juifs, m'ayant saisi dans le temple, ont cherché à me faire mourir; mais, par le secours de Dieu, j'ai subsisté jusqu'à ce jour, instruisant les grands et les petits, sans m'écarter en rien de ce qu'ont prédit Moïse et les prophètes, savoir que le Christ souffrirait et qu'étant ressuscité, il annoncerait le premier la lumière à ce peuple et aux autres nations."

Tandis que Paul parlait ainsi pour sa défense, Festus, élevant la voix, s'écria: "Tu déraisonnes, Paul; ton grand savoir te met hors de sens." 4 "Je ne déraisonne point, illustre Festus, répondit Paul; mais je parle avec vérité et sagesse. Je m'exprime ici avec d'autant plus de confiance que le roi est bien informé de toutes ces choses, et je ne puis croire qu'il en ignore aucune, puisqu'elles ne se sont point passées en secret. Crois-tu aux prophètes, roi Agrippa? Je sais que tu y crois." Et Agrippa dit à Paul: "Peu s'en faut que tu me persuades de devenir chrétien." 4 "Plût à Dieu, lui dit Paul, que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m'écoutent à présent, vous devinssiez en partie et même tout à fait semblables à moi, à la réserve de ces chaînes!" À ces mots, le roi, le gouverneur, Bérénice et ceux qui étaient avec eux, se levèrent et, s'étant retirés, ils se disaient les uns aux autres: "Cet homme n'a rien fait qui mérite la mort ou la prison." Et Agrippa dit à Festus: "Il aurait pu être relâché, s'il n'en eût pas appelé à César."

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Chapitre XXVII

Comme on avait résolu de nous envoyer par mer en Italie, on mit Paul et quelques autres prisonniers sous la garde de Jules, centurion de la cohorte Augusta; et, nous étant embarqués sur un vaisseau d'Adramyte, qui devait côtoyer l'Asie, nous levâmes l'ancre, ayant avec nous Aristarque, macédonien de Thessalonique. Le jour suivant, nous abordâmes à Sidon, et Jules, qui traitait Paul avec beaucoup d'humanité, lui permit d'aller voir ses amis et de profiter de leurs services. Étant partis de là, nous passâmes sous l'île de Chypre, parce que les vents étaient contraires. Traversant ensuite la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous vînmes à Myre en Lycie, où le centurion trouva un navire d'Alexandrie qui faisait voile pour l'Italie et sur lequel il nous fit embarquer.

Nous avançâmes fort peu pendant plusieurs jours, nous parvînmes à peine à la hauteur de Cnide. Comme le vent ne nous était pas favorable, nous passâmes au-dessous de l'île de Crète, vers Salmone, et, ayant beaucoup de peine à ranger la côte, nous abordâmes à un lieu nommé Beaux-Ports, près de la ville de Lasée. Il s'était ainsi écoulé beaucoup de temps, et la navigation devenait dangereuse, car l'époque du jeûne était déjà passée; c'est pourquoi Paul donna cet avis aux gens du vaisseau: "Je vois que la navigation sera très difficile et très dangereuse, non seulement pour le bâtiment et pour sa charge, mais aussi pour nos personnes." Mais le centurion céda plutôt au sentiment du pilote et du maître du vaisseau qu'au conseil de Paul. Et, comme le port n'était pas bon pour hiverner, la plupart furent d'avis de se remettre en mer pour tâcher de gagner Phénice et d'y passer l'hiver, ce port de l'île de Crète faisant face au vent d'Afrique et au couchant septentrional. Alors il s'éleva un léger vent du midi, et ils se crurent assurés de réussir dans leur dessein; ayant donc levé l'ancre, ils côtoyèrent de plus près l'île de Crète. Mais, bientôt après, nous fûmes assaillis par un vent impétueux, appelé Euroclydon, qui nous écartait de l'île. Le vaisseau fut entraîné et il ne put résister à la tempête, et nous nous laissâmes aller au gré du vent; puis, ayant été poussés près d'une île appelée Clauda, nous eûmes bien de la peine à être maîtres de notre chaloupe. Après l'avoir retirée de l'eau, on mit tout en oeuvre pour la sûreté du vaisseau, on le lia par-dessous, et, dans la crainte d'être jeté sur quelque banc de sable, on abaissa les voiles et l'on s'abandonna au vent. Comme nous étions rudement battus par la tempête, le lendemain, on jeta à la mer une partie de la cargaison, et, le troisième jour, nous jetâmes de nos propres mains les agrès du vaisseau.

Le soleil et les étoiles ne parurent point pendant plusieurs jours, et la violence de la tempête était si grande que nous perdîmes toute espérance de nous sauver. Comme il y avait longtemps que personne n'avait mangé, Paul se leva au milieu de l'équipage et dit: "Vous auriez dû me croire, mes amis, et ne point partir de Crète; nous aurions évité toute cette fatigue et cette perte. Aujourd'hui, je vous exhorte à avoir bon courage, car personne de vous ne périra, et il n'y aura de perte que celle du vaisseau. Un ange du Dieu à qui j'appartiens et que j'adore, m'est apparu cette nuit et m'a dit: Paul, ne crains rien; il faut que tu comparaisses devant César, et même Dieu t'a accordé la conservation de tous ceux qui naviguent avec toi. Ainsi prenez courage, mes amis, car j'ai cette confiance en Dieu que ce qui m'a été annoncé, s'accomplira; nous devons être jetés sur quelque île."

Vers le milieu de la quatorzième nuit, tandis que nous étions emportés çà et là sur la mer Adriatique, les matelots crurent s'apercevoir que nous approchions de quelque terre, et, ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses; et, un peu plus loin, ayant sondé de nouveau, ils en trouvèrent quinze. Craignant alors de heurter contre des écueils, ils jetèrent quatre ancres de la poupe, attendant le jour avec impatience. Mais, comme les matelots, qui cherchaient à s'échapper du vaisseau, mettaient la chaloupe à la mer sous prétexte de jeter les ancres de la proue, Paul dit au centurion et aux soldats: "Si ces gens-là ne restent pas dans le vaisseau, vous ne pourrez vous sauver." Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe et la laissèrent tomber. En attendant le jour, Paul les exhortait tous à prendre de la nourriture et leur disait: "Il y a quatorze jours que vous persistez à ne point manger et que vous n'avez rien pris; je vous engage donc à prendre quelque nourriture, car cela est nécessaire pour votre salut, et il ne tombera pas un seul cheveu de la tête d'aucun de vous." Après avoir ainsi parlé, il prit du pain et, ayant rendu grâces à Dieu en présence de tous, il le rompit et se mit à manger. Tous les autres reprirent alors courage et mangèrent aussi. Nous étions en tout dans le vaisseau deux cent soixante et seize personnes. Quand on eut mangé suffisamment, on allégea le vaisseau en jetant le blé dans la mer.

Actes des Apôtres

Chapitre XXVIII

Lorsque le jour fut venu, ils ne reconnurent point quelle terre ils avaient en vue, mais ils aperçurent un golfe qui avait un rivage sablonneux, et ils résolurent d'y faire échouer le vaisseau, s'ils le pouvaient. Ils retirèrent donc les ancres et, lâchant en même temps les cordes de l'un et l'autre gouvernails, ils abandonnèrent le vaisseau à la mer, puis, ayant déployé la voile d'artimon, ils se dirigèrent vers le rivage, mais, ayant donné sur un bas-fond, le vaisseau échoua, et la proue, s'étant engagée, restait immobile, tandis que la poupe se rompait par la violence des vagues. Alors les soldats formèrent le projet de tuer les prisonniers, de peur que quelqu'un d'eux ne s'échappât à la nage. Mais le centurion, qui voulait sauver Paul, les détourna de ce dessein et ordonna à tous ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à la mer pour gagner la côte, et aux autres de se mettre sur des planches ou sur quelque pièce du navire. Ainsi tous parvinrent sains et saufs sur le rivage.

Après s'être ainsi sauvés, ils reconnurent que l'île s'appelait Malte, et les Barbares nous traitèrent avec beaucoup d'humanité; car ils allumèrent un grand feu et nous accueillirent tous, pour nous préserver de la pluie et du froid. Alors Paul, ayant ramassé des broussailles et les ayant mises au feu, fut mordu à la main par une vipère que la chaleur avait fait sortir. Et les Barbares, ayant vu cette bête pendue à sa main, se dirent entre eux: "Certainement cet homme est un meurtrier, que la justice divine ne veut pas laisser vivre, quoiqu'il ait été sauvé de la mer." Mais Paul, ayant secoué la vipère dans le feu, ne ressentit aucun mal. Ces gens-là s'attendaient à le voir enfler ou tomber mort sur-le-champ; mais, après une longue attente, observant qu'il n'en ressentait aucun effet, ils changèrent de sentiment et dirent que c'était un dieu.

Il y avait dans les environs un fonds de terre qui appartenait à Publius, personnage le plus considérable de l'île. Cet homme nous reçut chez lui et nous traita avec beaucoup de bonté durant trois jours. Le père de Publius se trouvant alors au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie, Paul alla le voir et, ayant prié, il lui imposa les mains et le guérit. Après cette guérison, les autres malades de l'île vinrent auprès de Paul et furent aussi guéris. On nous combla de présents et, à notre départ, on nous fournit ce qui nous était nécessaire.

Après un séjour de trois mois, nous nous embarquâmes sur un vaisseau d'Alexandrie, qui avait passé l'hiver dans l'île et qui portait pour enseigne l'image de Castor et Pollux. Étant abordés à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours. De là, en suivant les côtes, nous vînmes à Reggio et, le vent du midi s'étant levé le lendemain, nous arrivâmes en deux jours à Pouzzol. Nous y trouvâmes des frères qui nous prièrent de demeurer sept jours avec eux, ensuite nous partîmes pour Rome. Les frères qui étaient dans cette ville, ayant appris de nos nouvelles, vinrent au-devant de nous jusqu'au forum d'Appius et aux Trois-Tavernes. Paul, les ayant vus, rendit grâces à Dieu et prit courage.

Quand nous fûmes arrivés à Rome, le centurion remit les prisonniers entre les mains du préfet du prétoire; mais on permit à Paul de vivre en particulier avec un soldat qui le gardait. Trois jours après, Paul fit assembler les principaux d'entre les juifs et, quand ils furent réunis, il leur dit: "Mes frères, j'ai été arrêté à Jérusalem sans avoir rien fait contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères et j'ai été livré aux Romains, qui, après m'avoir examiné, voulaient me relâcher, parce qu'ils ne trouvaient en moi aucun crime qui méritât la mort; mais les juifs s'y étant opposés, j'ai été contraint d'en appeler à César, toutefois sans avoir dessein d'accuser ma nation. Voilà pourquoi j'ai demandé à vous voir et à vous parler; car c'est à cause de l'espérance d'Israël que je suis ainsi enchaîné." Ils lui répondirent: "Nous n'avons reçu de Judée aucune lettre à ton sujet, et aucun des frères qui en sont revenus n'a rapporté ou dit le moindre mal de toi. Cependant, nous voudrions bien apprendre de ta bouche ce que tu penses, car nous savons que cette secte trouve partout des contradicteurs." Ayant donc pris jour avec lui, ils vinrent en plus grand nombre le trouver dans son logis. Il leur prêchait le règne de Dieu et, du matin jusqu'au soir, leur démontrait, d'après la loi de Moïse et les prophètes, qu'ils devaient croire en Jésus. Les uns furent persuadés par ses paroles, les autres n'y crurent point. Comme ils n'étaient pas d'accord entre eux et qu'ils se retiraient, Paul n'ajouta que ces mots: "C'est avec raison que le Saint-Esprit, parlant à nos pères par la bouche du prophète Ésaïe, a dit: Va vers le peuple et dis-lui: Vous écouterez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas, vous regarderez de vos yeux et vous ne verrez pas; car l'esprit de ce peuple s'est appesanti, leurs oreilles n'ont entendu qu'avec peine, et ils ont fermé les yeux, de peur qu'ils ne vissent de leurs yeux, qu'ils n'entendissent de leurs oreilles, qu'ils ne comprissent du coeur, qu'ils ne se convertissent et qu'ils ne fussent guéris. Sachez donc que le salut de Dieu est envoyé aux païens, et qu'ils le recevront." Quand il leur eut dit cela, les juifs se retirèrent, disputant vivement entre eux.

Paul demeura deux ans entiers dans la maison qu'il avait louée; il y recevait tous ceux qui venaient le voir, annonçant le règne de Dieu et enseignant en toute liberté et sans aucun empêchement ce qui regarde le Seigneur Jésus-Christ."
 
 

CONCLUSIONS

Dans les derniers chapitres des "Actes", on voit Paul traîné de nouveau devant des juges, passer plusieurs années en prison, puis recevoir du Ciel l'ordre de porter témoignage à Rome même. Nous n'y trouvons guère que des répétitions. Paul raconte deux fois le miracle du chemin de Damas; continue ses guérisons et ses prédications; nous pourrions seulement constater une manifestation nouvelle de ses pouvoirs. Il est mordu par une vipère, et n'en éprouve aucun mal, conformément à la promesse du Christ (1).
 

(1) Luc X, 19.
 

La force vitale est telle, chez les Amis de Jésus, qu'elle est capable d'annihiler les effets du venin le plus violent.

À bord du vaisseau, qui le conduit en Italie, Paul révèle aussi sa clairvoyance, et la puissance de sa prière, en prédisant le naufrage et le salut de tous les passagers, et en obtenant de Dieu ce secours.

Après de multiples péripéties, l'Apôtre parvient à destination, il est remis entre les mains des autorités, mais il lui est permis. de vivre à sa guise, avec seulement un soldat pour le garder. Il recommence aussitôt de parler et d'enseigner, au Nom du Christ. Il réunit autour de lui quelques juifs, mais peu furent convaincus, et Paul se tourne, comme il l'a fait déjà souvent, vers les païens. Puis, renfermé dans sa maison, il reçoit tous ceux que le Ciel lui envoie, et y accomplit son ministère, sur une minorité, sans que l'Adversaire, ait la permission d'intervenir.
 

Les "Actes" finissent là.
 

J'ai terminé la tâche que je m'étais imposée, dans le but unique de servir les hommes de bonne volonté. Les seuls documents que j'ai consultés, on ne les trouverait pas sur ce plan; ils sont en moi-même. Je n'ai pas ouvert un seul livre, et j'ai volontairement négligé toute recherche philosophique, historique ou théologique. J'ai tenté seulement de percevoir, le plus profondément possible, le côté surnaturel des actes et des paroles des premiers disciples du Christ. J'ai recherché avec soin toutes les preuves de la grandeur des Apôtres après la réception de l'Esprit Saint. Je me suis efforcé de lever, pour quelques-uns, un coin du Voile qui dissimule, aux yeux de tous, les rares Amis de Dieu, en mission sur la terre, et j'ai laissé entrevoir le Chemin qui mène vers eux. J'ai demandé, enfin, à notre Maître commun, de briser les barrières mentales de certains lecteurs et de leur permettre de nourrir leur coeur à la même Lumière Vivante. J'attache un tel prix à ce résultat que si un seul coeur est illuminé, parmi ceux qui me liront, si je trouve le lecteur demandé dans les premières lignes de ce travail, je serai amplement dédommagé de mes peines.

Juin 1921 - Mars 1922. Paris et Bellegarde (Gironde).