Marc l'ascète.
Le bienheureux Marc (?,? - ?, après 430) fut successivement appelé "le Moine", "l'Ermite" et "l'Ascète". Peut-être d'abord moine, puis abbé d'un monastère voisin d'Ancyre, il se retira dans les solitudes, entre Syrie et Palestine. On ne sait rien d'autre sur sa vie. On le dit disciple de saint Jean Chrysostome.
La découverte, en 1891, d'un manuscrit de son "Contre les Nestoriens" nous le montre dans une activité polémique. Il y reprend les arguments de saint Cyrille contre Nestorius, notamment la fausse accusation selon laquelle le patriarche de Constantinople aurait nié l'union des deux natures dans la personne du Christ, impliquant ainsi l'existence de "deux Christs".
Dans son traité "Sur le baptême", Marc affirme la pleine responsabilité de l'homme baptisé dans ses péchés, la Rédemption ayant restauré totalement la liberté humaine. Pour lui, comme pour saint Augustin, les hommes sont mortels en punition du péché d'Adam et si les Chrétiens meurent comme les autres, c'est que la nature mortelle est incapable d'accéder à la perfection.
Son traité "Sur la loi spirituelle" trace un programme de vie monastique. Pour lui, la perfection chrétienne réside dans la connaissance de la Divine Présence, qu'un homme ne peut atteindre tandis qu'il n'a pas conscience de ses propres limites. Pour Marc, encore, l'essence du péché est d'oublier Dieu. La grande liberté de l'homme, c'est de s'oublier lui-même pour se dévouer entièrement à Dieu dans l'humilité.
La Philocalie a retenu de lui des textes extraits de ses traités : deux cents chapitres "sur la loi spirituelle", deux cent vingt-six sur "ceux qui pensent être justifiés par les oeuvres" et la "lettre à Nicolas".
Citations des "Deux cents chapitres".
12. N'essaie pas de régler une affaire tortueuse par la contestation, mais par les moyens qu'indique la loi spirituelle: la patience, la prière, une espérance simple.
13. L'aveugle crie : "Fils de David, aie pitié de moi." Sa prière est corporelle. Il n'a pas encore la connaissance spirituelle.
14. Celui qui à l'instant encore était aveugle leva les yeux et, voyant le Seigneur, il le proclama non plus fils de David, mais Fils de Dieu, et se prosterna pour l'adorer.
15. Ne t'enorgueillis pas des larmes que tu verses dans la prière. Car le Christ a touché tes yeux, et tu vois désormais avec ton intelligence.
16. Celui qui, à l'exemple de l'aveugle, a rejeté son manteau et s'est approché du Seigneur, se met à le suivre et devient le messager d'enseignements plus parfaits.
19. Les veilles, la prière, la patience devant les événements brisent le coeur sans le blesser et lui font du bien, à condition seulement que ne soit pas refusé leur concours par esprit de convoitise. Celui qui persévère en elles sera aidé dans tout le reste. Mais celui qui les néglige et se disperse éprouvera, au sortir de ce monde, une souffrance intolérable.
22. Nombreux, et très différents les uns des autres, sont les modes de prière. Pourtant il n'en est aucun qui soit nuisible, sinon il ne serait pas prière, mais une oeuvre de Satan.
23. Un homme, qui voulait mal faire, commença par prier dans son coeur, selon son habitude. Survint providentiellement un obstacle, et il n'eut finalement qu'à rendre grâce.
25. Au moment où tu te souviens de Dieu, prie davantage, pour que le Seigneur te rappelle à Son souvenir quand tu L'oublieras.
92. Devant ce qui arrive, beaucoup résistent de toute leur force. Mais en dehors de la prière et du repentir, nul n'échappe au danger.
113. Celui qui prie en toute conscience supporte ce qui arrive. Mais celui qui garde le souvenir du mal ignore encore la prière pure.
132. Il vaut mieux prier avec piété pour le prochain que de le blâmer à chacune de ses fautes.
164. Prie pour que la tentation ne vienne pas sur toi 1. Mais si elle vient, reçois-la comme tienne, et non comme étrangère.
Citations de "Ceux qui pensent être justifiés par les oeuvres".-
30. L'hésykhia est le retrait qui se coupe du mal. Si elle adjoint à la prière les quatre vertus, il n'est pas de moyen plus rapide pour parvenir à l'impassibilité.
35. La prière aussi est appelée vertu, bien qu'elle en soit plutôt la mère. Car c'est elle qui les enfante, par son union avec le Christ.
36. Ce que nous faisons sans prière et sans bonne espérance s'avère ensuite nuisible et imparfait.
38. Si tu connais l'acédie dans la prière, si tu es affligé de toutes les manières par le mal, souviens-toi dé la mort et des durs châtiments. Mais mieux vaut s'attacher à Dieu par la prière et l'espérance que d'avoir des pensées étrangères, si utiles soient-elles.
42. Celui qui se repent avec droiture ne cherche pas à racheter par sa peine ses fautes passées. Mais par sa peine il implore la compassion de Dieu.
93. Le commandement du Christ, quand il est accompli en toute conscience, accorde une consolation à la mesure des nombreuses afflictions du coeur. Cependant, pour chacune d'elles, la consolation ne vient qu'en son temps.
94. En toute chose, prie continuellement. Car tu ne peux rien accomplir sans le secours de Dieu.
95. Rien n'est plus puissant que la prière pour nous donner l'énergie divine. Et rien n'est plus utile qu'elle pour nous obtenir la bienveillance de Dieu.
96. Toute la pratique des commandements est dans la prière. Car rien n'est plus haut que l'amour de Dieu.
97. La prière sans distraction est un signe d'amour de Dieu en-celui qui persévère. Mais la négligence et la distraction, quand nous prions, dénoncent l'amour du plaisir.
98. Celui qui sans peine veille, persévère et prie, reçoit visiblement en partage le Saint-Esprit. Mais celui qui peine en tout cela et maintient sa résolution, celui-là aussi reçoit rapidement le secours.
102. Si tu veux en peu de mots rendre service à celui qui aime apprendre, montre-lui la prière, la foi droite, la patience dans les épreuves. C'est par ces trois vertus qu'on obtient les autres biens.
106 Échappe à la tentation par la patience et la prière. Si tu veux la combattre sans ces vertus, elle t'attaquera toujours plus.
168. Tout ce que nous pouvons dire ou faire sans la prière se révèle plus tard dangereux ou inutile, et nous sommes à notre insu blâmés par les faits.
-160. Quand on est sous l'emprise de la passion, il faut prier et se connaître. Car il est à peine possible, avec du secours, de combattre les tendances.
161. Celui qui, par l'obéissance et la prière, lutte contre la volonté propre, est un athlète compétent. Par son renoncement au sensible, il met clairement en évidence le combat spirituel.
174. Si jamais tu atteins le lieu fortifié de la prière pure, garde-toi en cet instant d'accueillir la connaissance) des choses suscitées par l'ennemi, afin de ne pas perdre le plus important. Car il vaut mieux le percer des traits de la prière, alors qu'il est comme enfermé au-dessous de nous, plutôt que de nous entretenir avec lui, qui vient nous offrir ses mensonges et cherche, dans sa ruse, à nous détacher de la prière qui nous défend contre lui.
175. La connaissance des choses aide l'homme au moment de la tentation et de l'acédie. Mais elle est normalement nuisible au moment de la prière.