CHAPITRE XXIII

DE LA QUADRUPLE RAISON DE L'AMOUR
 

Or les actes saints, ou les oeuvres de bénédiction qui nous rendent saints et bienheureux, s'accomplissent et se perfectionnent de quatre manières, qui en vérité trouvent leur origine en Dieu ; et que, aidés de sa grâce, nous accomplissons. Elles commencent et se renouvellent sans cesse, pour persévérer pendant toute l'éternité. 

Mais il y a quatre modes d'amour que Dieu nous ordonne et nous conseille, qui doivent être pratiqués et exercés par nous, ce qui est, donner et recevoir, et ce qui rend l'amour ferme et stable. 

Mais l'amour nous rend semblables à Dieu, et nous fait un avec lui dans l'amour, non toutefois que nous puissions devenir Dieu, ou ses égaux en puissance, en sagesse, en science, en amour et en tout ce qui est le propre de sa nature ; puisque même l'âme du Christ ne le peut ; et que tout ce qui a été créé demeure toujours au-dessous de Dieu, et inférieur à lui en puissance. 

Mais Dieu nous propose et nous ordonne d'exercer de quatre manières J'amour, lorsqu'il dit : Ecoute Israël, le Seigneur ton Dieu, il est seul Dieu. - Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de toutes tes forces et de tout ton esprit. - Audi Israel, Dominus Deus tuus, Deus unus est. - Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, ex tota anima tua, ex omnibus viribus tuis et ex omni mente tua. 

Par ces paroles sont exprimés quatre modes d'éternel amour, par lesquels nous pouvons connaître ce que Dieu nous assure et nous donne ; et ce qu'à notre tour nous lui devons en toute justice, si nous voulons être sauvés. 

 
« Tu demandes comment il faut aimer ce Dieu 

Qui te comble de bien en tout temps, en tout lieu ?... 

Mais ! comme il est possible à la faiblesse humaine 

Car, nul ne peut ravir ses droits sur son domaine ; 

Et tu lui dois ton coeur, ton âme et ton esprit : 

C’est lui qui t’a crée, c’est lui qui t’a nourrit, 

Comme un père très bon nourrit l'enfant qu'il aime 

Et qu'il veut rendre heureux comme un autre lui-même . » 

 
CHAPITRE XXIV

DE LA PREMIÈRE RAISON D'AIMER DIEU ;
ET COMMENT NOUS DEVONS EXERCER LE VÉRITABLE AMOUR,
ET RENDRE A DIEU AMOUR POUR AMOUR.
 

Le premier mode d'amour est : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur. Ici, que chacun examine attentivement et apprenne, comment il doit exercer et manifester le véritable amour, et rendre à Dieu amour pour amour, en raison de sa charité. 

Lui-même, de toute éternité, nous a aimés grandement, de sa libre volonté: il a créé notre nature et le premier homme excellent en notre nature, noble et libre, afin qu'il aimât et accomplît des actes libres ; et qu'ainsi il atteignît la liberté, pour y être confirmé éternellement. 

Mais le premier homme, ayant méprisé (cet ordre), fut exclus du Paradis, et condamné à l'exil, que nous subissons et expérimentons. tous les jours. 

Alors, notre Père céleste, considérant notre grande misère et son inépuisable charité, sa bonté et sa clémence, en vertu de son inestimable amour, nous envoya son Fils unique, revêtu de notre nature, et dont l'amour fut si grand, qu'il s'abaissa et s'humilia, pour exalter notre nature, et l'élever avec lui au-dessus de l'ordre des esprits Séraphiques. De même, il veut se donner tout à nous ; puisqu'il nous a servis, a vécu pour nous, nous a donné sa doctrine, et par charité a souffert la mort pour nous. De plus, il nous a laissé et donné sa chair et son sang, tout son être et toute sa puissance, en tant que Dieu et homme ; et il nous attend, après nous avoir préparé la vie éternelle et la gloire. 

Mais il nous a ordonné à notre tour de l'aimer de tout notre coeur. C'est pourquoi nous devons fuir le péché, et mépriser tout ce qui, dans son amour et son service, peut nous être un empêchement et un préjudice ; comme la crainte et l'amour déréglé, la douleur et la joie pour les choses caduques et périssables, sollicitude, soucis, toutes les choses étrangères qui peuvent nous être à charge; et, d'une âme libre et sincère, avec une dilection sans feinte, un amour cordial, nous le servirons et nous observerons sa doctrine et ses préceptes. Et ainsi nous trouverons le Christ, vivant en nous par sa grâce, et nous, vivants en lui par nos vertus et un amour cordial et sans feinte envers lui-même ; et alors, nous pourrons,dire avec l'Apôtre : Je vis m ais ce n'est pas moi, selon les désirs et les délices de la chair ; c'est le Christ qui vit en moi : Vivo autem jam non ego, vivit vero in me Christus.

Car celui qui aime Dieu, est aimé de Dieu, demeure et habite en Dieu, et Dieu en lui. En outre, nous chercherons, nous trouverons et nous aimerons le Christ au-dessus de nous, dans le ciel, où il est assis à la droite du Père en la gloire de Dieu ; et là, nous demeurerons et nous converserons avec tous les saints, en présence de la divine majesté ; et plus haut, de nos âmes libres, au-dessus de tous les cieux, par la pureté d'intention, par des supplications ardentes, une dévotion vive, une charité débordante et cordiale, nous nous élèverons vers la face glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ; et là, des yeux intellectuels et par la raison illuminée, nous contemplerons le Père dans le Fils, et le Fils dans le Père, ainsi que le Fils selon- l'humanité assis à la droite paternelle, au-dessus de toute puissance dans le ciel et sur la terre. 

Alors là, notre coeur aimant se réjouira et demeurera exalté avec Dieu ; et il nous sera permis de dire avec l'Apôtre : Notre conversation est dans les cieux : Nostra auteni conversatio in coelis est, avec l'affection, la délectation et l'amour cordial ; mais elle n'est pas sur la terre, assujettie aux misères, à la tristesse et à l'exil. 

Pour cela, nous chercherons le Christ en nous et dans l'adorable Sacrement, où sa chair est, pour ses bien-aimés, la nourriture éternelle ; et son sang, un breuvage divin. Nous les chercherons, avec un désir infini ; nous les trouverons, par la foi véritable ; nous les mangerons et nous les goûterons, avec une ardeur sans feinte ; et ainsi nous l'emporterons sur nos vices, nous grandirons et nous croîtrons en toutes les vertus. 

Car là, nous désirons et on nous désire nous mangeons Dieu, mais lui-même nous consume (absorbe) en lui ; nous souhaitons ardemment qu'il nous change lui-même en lui, afin que nous puissions avec lui, en présence de son père, devenir un Christ vivant ; et alors notre désir du Christ deviendra un, (s'identifiera avec le sien). Car, par l'amour cordial, nous serons transformés en lui-même ; et, un, avec lui, de nous-mêmes, nous nous répandrons dans l'allégresse sempiternelle de Dieu où cet amour de tout notre coeur que Dieu se réserve pour lui-même, atteindra sa perfection et sa consommation. 

 
« Mon âme,

As-tu compris de quel amour de flamme
Ton Dieu veut être aimé ?...
Par Lui, tout autre amour doit être consumé
Nul partage ne sied à l'amour sans mesure
Pour lui le Créateur
A fait la créature !
Il lui faut tout son coeur...
Comme il t'aime
Lui-même,
Ce mendiant d'amour
Tu te dois sans retour
A son ardeur suprême. »

CHAPITRE XXV

DE LA SECONDE RAISON D'AIMER DIEU.
 

Le second mode d'amour, est, que nous aimions Dieu de toute l'âme. 

Car le Père, un avec le Fils, nous a donné le Saint-Esprit, qui est l'amour de l'un et l'autre. Et le Saint-Esprit lui-même, se donne à nous avec tous ses dons. Or, le Saint-Esprit qui, comme nous l'avons dit, est la charité de Dieu, n'exige de nous rien autre chose que l'amour. Mais, l'abondance de ses dons nous réclame les vertus intérieures et les bonnes oeuvres extérieures, selon la très gracieuse volonté de Dieu. 

C'est pourquoi il nous importe de céder (à l'impulsion) de sa charité, en lui rendant sans cesse amour pour amour, éternellement. Mais, nous devons céder à sa libre volonté, à la gratuité de ses dons, spontanément, et librement, dans la vie intérieure et extérieure, par les vertus et les bonnes oeuvres ; de telle sorte que nous puissions faire et accomplir tout ce qu'il ordonne ; et supporter, sans plainte de l'âme, tout ce qui nous arrive par sa permission. Et de la sorte nous serons forts ; puisque nous ne pourrons vouloir que ce que Dieu veut; de même nous serons semblables à notre Seigneur Jésus-Christ, qui accomplit et subit la volonté de son Père, jusqu'à la mort. D'où l'exaltation et la glorification de son âme et de son nom, au-dessus de toutes les créatures ; parce qu'il vécut et mourut en la très gracieuse volonté du Père, et qu'il réalisa parfaitement l'amour de toute son âme : Or, comme j'avais entrepris de le prouver, le précepte nous est donné d'aimer de toute l'âme.

C'est pourquoi, nous élèverons notre âme vivante (vitale) au-dessus de toute vie sensible, jusqu'à ce degré où l'âme est dite esprit ; et là, nous nous dépouillerons de nous-mêmes et de tout (amour) désordonné. Et alors, nous aurons notre âme dans nos mains et en notre puissance ; nous pourrons rentrer en nous-mêmes, et adhérer à Dieu par amour ; et de toute notre âme, affluer amoureusement vers cet éternel amour d'où nous sommes nés ; et là, embrasés d'amour, nous cohabiterons avec l'Amour. Car Dieu est amour, et qui reste dans l'amour demeure en Dieu, et Dieu en lui ; comme le dit Saint Jean l'Evangéliste : Deus charitas est - et qui manet in charitate, in Deo manet et Deus in eo ; et notre âme, continuellement et sans fin, se répandra amoureusement dans l'éternelle charité ; sans cesse elle défaillera, mais sans cesse elle se renouvellera, en rendant amour pour amour : ce qui certes est la vie éternelle ; et de la sorte, vivant avec Dieu, elle deviendra charité (amour) ; car, dans la simplicité de l'amour, on ne trouve (et il n'y a) nulle différence entre aimer et être aimé. 

Dès qu'en effet (l'âme) demeure et habite dans la charité, elle se dépouille d'elle-même et de toute action ; puisque en Dieu la charité (amour) est au-dessus d'elle-même et de toutes ses oeuvres. 

C'est ainsi qu'il faut aimer Dieu de toute l'âme. 

 
« Dieu, c'est l'Amour partait : quiconque habite en lui 
Dépouillé de soi-même, 
Devient la Charité ; car c'est Dieu seul qu'il aime ; 
Et dans l'Amour suprême 
Il trouve son appui. » 

 
CHAPITRE XXVI

LA TROISIÈME MANIÈRE (RAISON) D'AIMER DIEU.
 

Le troisième mode d'amour est d'aimer Dieu, de toutes nos forces (facultés). 

Dieu est, en effet, un en sa nature, qui est féconde en la Trinité des Personnes, émanant éternellement, vivant, opérant avec la distinction des personnes, connaissant et aimant, créant et faisant le ciel et la terre et toutes les créatures. 

De même, Dieu, éternellement et sans fin, se répand intérieurement, oisif, et sans acte dans son essence avec l'éternelle Charité dans l'unité du Saint-Esprit, où nous, au-dessus de nous-mêmes, nous sommes, avec lui-même, une charité et une jouissance. 

Quand il émane avec sa grâce, il nous rend semblables à lui. Mais lorsqu'il se répand au-dedans, il nous entraîne avec lui dans l'unité de son amour.

Alors là, le Saint-Esprit, qui est l'Eternelle Charité de Dieu, nous ordonne d'aimer de toutes nos puissances, afin que nous fassions un avec Dieu dans l'amour. Nous rassemblons donc en nous-mêmes le coeur, les sens, l'âme, toutes les facultés spirituelles et corporelles, tout ce que nous sommes ; et nous l'élevons vers cette chose suprême que nous nous efforçons d'atteindre. Là, nous rencontrons l'unité de tous les esprits aimants dans la source de la divine grâce, qui est la plénitude de tous les dons, et proche de l'éternelle charité de Dieu. 

Ici, en vérité, tous les esprits aimants forment une unité spirituelle, dans laquelle Dieu vit avec sa grâce et la distribue à chaque amant, suivant la dignité de chacun. Cette unité, il n'est permis à personne de la rencontrer, ni de l'éprouver, si ce n'est à ceux qui s'élèvent, au-dessus de toutes les oeuvres en leur puissance, jusqu'à l'amour paisible, qui a quelque ressemblance (avec celui) des esprits Séraphiques, en ce qu'il l'emporte sur tous les ordres et les exercices de l'amour ; et qu'il est la plénitude de toute grâce, dans laquelle commencent et finissent tous les exercices des vertus. 

Cet amour paisible est préférable à tout, et n'exerce que lui-même ; il est la grâce parfaite et l'ornement de toutes les vertus - et dans sa partie supérieure, il est comme un brasier ardent, qui consume et embrase tout ce qui ne lui ressemble pas ; et il atteint le suprême degré de l'amour. Et son être et sa vie ne consiste pas dans ce flux et reflux, ni dans le zèle de l'amour et des vertus ; mais il a la ressemblance de l'huile qui, après que l'ébullition a consumé et détruit toute dissimilitude, demeure ensuite calme et tranquille, pure, bouillante et longtemps chaude. 

L'amour paisible vit en Dieu et Dieu en lui, et rien autre chose ne peut arriver en lui : il nourrit et entretient toutes les vertus, et excelle au-dessus de toutes choses ; il ne trouve son aliment qu'en Dieu lui-même; et on peut justement le comparer au Soleil, qui distribue sa chaleur et féconde tout l'univers, sans toutefois se diviser. 

Et de même que la source remplit ses ruisseaux, et néanmoins demeure pleine dans son fonds vital : ainsi, par la sublime unité des esprits aimants, dans laquelle Dieu vit avec sa grâce, et nous avec lui dans la tranquille charité : tous les dons et toute sainteté se répandent ; et elle-même toutefois demeure stable. Et lorsque nous nous épuisons, en aimant, nous-mêmes et toutes nos puissances, alors nous découvrons cette unité de tous les esprits aimants, et Dieu uni à nous dans un amour de quiétude. 

Mais, au-dessus de cette unité, il n'est rien autre chose que l'unité du Saint-Esprit dans laquelle l'unité et l'amour paisible (ou de quiétude) de nous tous prennent racine comme dans leur fonds.

Ainsi, tandis que nous nous consumons en l'amour, nous-mêmes et toutes nos facultés, dans l'unité de notre esprit : alors, notre amour est dans le calme et la quiétude ; et là, nous contemplons simplement, d'un seul regard, Dieu et nous avec Dieu et tous les, esprits aimants unis à lui ; et de cette manière, nous aimons Dieu de toutes les puissances de notre âme. 

 
«L'Amour est exigeant : il nous veut tout entier.
Nous devons aimer Dieu de toutes nos puissances. 
Mais quiconque a brûlé son aile à ce brasier, 
Goûte dans son amour toutes les jouissances, 
Qui font au paradis 
Les délices des âmes, 
Pures et vives flammes 
Et bienheureux esprits, 
Qui tressaillent d'amour en les sacrés parvis. » 
 
 
CHAPITRE XXVII

DE LA QUATRIÈME RAISON (MANIÈRE) D'AIMER DIEU.

Enfin le quatrième mode d'amour, veut que nous aimions Dieu de tout notre esprit. 

Certes, notre âme raisonnable est douée de trois vertus distinctes, par lesquelles nous pratiquons et nous exerçons la vie intérieure ainsi que toutes les vertus; et quand nous épuisons, en aimant, ces forces (puissances) dans l'unité de notre esprit, nous rencontrons alors notre amour de paix et de quiétude, et nous, unis à Dieu par amour dans l'amour ; puisque au-dessus de notre esprit simple (nu), il n'y a que l'éternelle charité, qui est Dieu lui-même. Il est donc nécessaire que nous consumions l'âme et l'esprit dans l'amour, si nous voulons nous retrouver avec Dieu dans l'unité de charité. Mais, bien qu'au-dessus de nous-mêmes nous rencontrions l'unité, ou nous nous sentions un avec Dieu dans l'amour, cependant, dans notre âme et notre esprit, nous demeurons toujours et éternellement différents de Dieu. 

Mais entre cette unité avec Dieu et cette diversité ou (altérité) que nous sommes, vit notre épuisement ou pour ainsi dire notre anéantissement dans l'amour, ce en quoi consiste notre béatitude. 

Car l'esprit de Dieu exige de notre esprit, qu'en aimant, nous nous épuisions et nous défaillons en lui ; et notre esprit veut s'abandonner lui-même, et faire une charité avec Dieu. 

Mais l'épuisement d'amour et cette diversité qui est entre Dieu et nous, sont des actes éternels que nous ne pouvons repousser. C'est pourquoi, il est nécessaire que pendant toute l'éternité nous demeurions en nous-mêmes des créatures de Dieu. 

D'ailleurs, en aimant nous devons nous épuiser dans le Saint-Esprit, qui nous a aimés éternellement ; et en dehors de nous-mêmes nous transfuser dans notre Père céleste, qui nous a créés au commencement de notre origine ; et enfin, en vivant nous devons passer dans l'éternelle sagesse de Dieu elle-même, dans laquelle, sans commencement, nous avons (puisons) les idées éternelles. 

Et, par ces trois choses, nous sortons de nous-mêmes, pour affluer en Dieu et refluer en nous-mêmes. 

Et ces actes se renouvellent éternellement et sans fin ; et cependant, nous demeurons toujours différents de Dieu, selon notre essence créée. Car notre esprit simple (nu) est une image créée de Dieu; et, dans notre vie intérieure, nous rencontrons toujours entre Dieu et nous une différence, une diversité ; en outre, quand nous défaillons dans l'amour et que nous rendons l'esprit, alors nous admettons une différence, une diversité entre l'amour de Dieu et le nôtre ; et nous ne sentons que le seul amour de Dieu. Mais dans l'acte, tandis qu'en aimant nous nous épuisons en Dieu, entre notre charité et celle de Dieu, nous sentons et nous comprenons qu'il y a une dissemblance, une distinction. 

S'il n'en était pas ainsi, tout acte et tout exercice d'amour entre Dieu et nous périrait ; et ainsi nous ne serions ni saints ni bienheureux. 

Mais Dieu nous a faits à son image et à sa ressemblance ; et lorsque nous mourons aux vices et que nous renonçons à nous-mêmes et à nos propres biens, pour accomplir la volonté divine : alors nous sommes semblables à Dieu, aptes et habiles à croître et progresser dans une plus grande similitude; et entre Dieu et nous, il n'est d'autre milieu que sa grâce et nos bonnes oeuvres ; et c'est ainsi que Dieu nous plaît et que nous plaisons à Dieu. 

Mais cette mutuelle complaisance, entre Dieu et nous, est le véritable exercice d'amour. Avec lui, nous accomplissons toutes les vertus et toutes les bonnes oeuvres ; mais sans lui, nous ne pouvons rien faire de bon ; et malgré nous, saris notre coopération, nous ne pouvons devenir semblables à Dieu, et Dieu ne peut nous rendre Saints ni bienheureux. 

Librement donc nous devons faire en sorte de lui devenir semblables, en vertus et en charité véritable. Car, c'est ainsi qu'il vit en nous et nous en lui ; et que notre âme raisonnable, avec toutes ses facultés, se remplit de tous les dons spirituels; et de la sorte, nous demeurons toujours riches en vertus, semblables à Dieu dans son éternelle complaisance ; et, au-dessus de la ressemblance, unis à lui-même en l'amour saris fatigue et sans trêve. 

 
Si Dieu veut être aimé, c'est qu'il est plein de grâce.
Quiconque le connaît, 
Trouve dans sa beauté le charme qui lui plaît 
Et que rien ne surpasse. 
En ce monde imposteur, 
Où n'est pas le bonheur, 
Toute beauté s'efface... 
Dieu seul jamais ne passe. 
Mais il faut qu'en retour, 
Par la grâce et l'amour, 
Nous plaisions à Dieu même 
Et qu'il découvre en nous, comme en lui, ce qu' il aime. » 
 
FIN
DU PREMIER VOLUME
DE LA VRAIE CONTEMPLATION