CHAPITRE IV

COMMENT, BIEN QUE VIVANT DANS LE MONDE,
IL MENA UNE VIE HUMBLE ET DÉTACHÉE.


    Tant qu'il vécut dans le monde, comme prêtre séculier, afin de suivre le Christ humble dans la voie de l'humilité, et de se conformer autant qu'il le pouvaità ce modèle, il éprouva si peu d'attrait pour lui-même et les choses du monde, qu'il passait pour méprisable et sans valeur aux yeux de tous ceux qui ignoraient sa vie très sainte : (presque toujours, en effet, les amis de Dieu se cachent, et difficilement ils peuvent être reconnus, excepté de ceux qui leur ressemblent.) Il était toujours paisible, silencieux, peu soucieux de son vêtement, mais très attentif à sa conduite ; et, parce qu'il était principalement adonné à la contemplation, il se détournait volontiers de la foule et du regard des hommes.

    C'est pourquoi, un jour qu'il passait dans les rues de Bruxelles, l'esprit occupé des choses célestes, deux séculiers considérant la simplicité de son habit, l'un d'eux se prit à dire : Plût à Dieu que je fusse doué d'une sainteté de vie aussi grande que celle de ce prêtre ! A quoi l'autre répondit : Pour tout l'or du monde, je ne voudrais certes pas être à sa place ; car alors, je n'aurais pas un seul jour de bonheur ! Ce que le saint homme entendant par hasard, pensait au fond de son âme : Ah ! tu connais peu de quelle suavité sont pénétrés ceux qui ont goûté l'esprit de Dieu !