LETTRE CLXVIII
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

LETTRE CLXVIII. (Année 415.)

 

Timase et Jacques, deux jeunes hommes, nobles et lettrés, s'étaient laissé prendre aux doctrines de Pélage et avaient eu le bonheur d'être éclairés par saint Augustin. Ils envoyèrent à l'évêque d'Hippone un ouvrage du novateur breton, en forme de dialogue, où la grâce chrétienne recevait de graves atteintes; ils priaient le saint docteur de réfuter cet ouvrage. C'est ce que fit saint Augustin par son livre De la Nature et de la Grâce (1); il en adressa une copie à Timase et à Jacques, et ceux-ci écrivirent à l'évêque d'Hippone une lettre de remerciement : c'est la lettre qu'on va lire, tirée des Gestes de Pélage.

 

TIMASE ET JACQUES A L'ÉVÊQUE AUGUSTIN, LEUR SEIGNEUR VÉRITABLEMENT BIENHEUREUX ET LEUR VÉNÉRABLE PÈRE, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

 

La grâce de Dieu , au moyen de votre parole, bienheureux seigneur et vénérable Père, nous a tellement fortifiés et renouvelés, que nous avons dit comme de véritables frères : « Il a envoyé sa parole et les a guéris (2). » Votre sainteté a en quelque sorte vanné avec tant de soin le texte de cet ouvrage , que nous trouvons, à notre grande surprise, une réponse à chaque détail, à chaque subtilité , soit dans les choses qu'un chrétien doit rejeter, détester et fuir, soit dans celles où l'auteur n'a pas positivement erré , quoique lui-même, par je ne sais quelle ruse, aboutisse à la suppression de la grâce de Dieu. Un regret se mêle à la joie que nous cause un si grand bienfait, c'est que ce beau présent de la grâce de Dieu ait brillé tard : nous

 

1. Voyez l'Histoire de saint Augustin, chap. XXXV.

2. Ps. CVI, 20.

 

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n'avons plus ici certaines personnes (1) aveuglées par l'erreur et dont les yeux se seraient ouverts à une si éclatante lumière; nous espérons toutefois qu'elles obtiendront , quoiqu'un peu tard , cette même grâce par la bonté de Dieu, qui veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à la connaissance de la vérité (2). Quant à nous, depuis longtemps instruits par cet esprit de lumière qui est en vous, nous avions rejeté le joug de l'erreur; mais maintenant nous vous rendons de nouvelles grâces, car à l'aide des facilités que nous donne l'abondance du discours de votre sainteté, nous pouvons apprendre aux autres ce que nous croyions déjà.

Et d'une autre main. Que la miséricorde de Dieu conserve votre béatitude , qu'elle la fasse se souvenir de nous et la comble de gloire dans l'éternité !

 

1. Timase et Jacques songeaient surtout ici à Pélage, ainsi que nous t'apprend saint Augustin dans les Gestes de Pélage, chap. XXV.

2. Cité de Dieu, liv. I, chap. 36.

 

 

 

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