LETTRE CLXXII
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

LETTRE CLXXII. (Au commencement de l'année 410).

 

C'est la lettre qu'écrivit saint Jérôme après avoir vu Orose et reçu les deux livres sur l'origine de l'âme et sur le passage de l'épure de saint Jacques ; il loue le travail de saint Augustin ; le langage du grand solitaire fait bien voir que toute trace d'anciens dissentiments était effacée de son coeur.

 

JÉRÔME, AU CHER ET VÉNÉRABLE PAPE AUGUSTIN, SON SEIGNEUR VÉRITABLEMENT SAINT, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

 

1. J'ai reçu, pour son mérite et à votre recommandation, le prêtre Orose, homme digne d'honneur, mon frère et fils de votre grandeur. Mais nous sommes en un temps difficile où, pour moi, mieux vaut me taire que de parler; mes études sont interrompues, et, selon le mot d'Appius, j'en suis « à l'éloquence des chiens.» Aussi n'ai-je pu répondre pour le moment aux deux livres que vous m'avez adressés, et ou resplendissent le savoir et toutes les beautés de l'éloquence. Ce n'est pas que j'y trouve quelque chose à reprendre, mais, comme dit le bienheureux Apôtre, « que chacun abonde dans son sens ; l'un d'une manière, l'autre de l'autre (1). » Assurément, tout ce qui peut se dire, tout ce qu'un sublime esprit peut puiser aux sources des divines Ecritures, vous l'avez dit et expliqué. J'en supplie votre révérence , souffrez que je loue un peu votre génie. Car nous discutons entre nous pour nous instruire. Mais les envieux et surtout les hérétiques, s'ils voient que nous différons d'opinion, ne manqueront pas, dans leur calomnieux langage, de vouloir faire croire qu'il y a entre vous et moi de l'aigreur. Pour moi je suis bien décidé à vous aimer , à vous considérer , à vous honorer, à vous admirer, et à défendre vos sentiments comme s'ils étaient les miens. Dans le dialogue que j'ai publié naguère (2), je me suis souvenu, comme je le devais; de votre béatitude. Travaillons de plus en plus à extirper du milieu des Eglises cette pernicieuse hérésie, qui prend des airs de pénitence pour qu'on la laisse parler: elle sait bien que si elle se montrait en plein jour, elle serait chassée et mourrait sous l'anathème.

2. Vos saintes et vénérables filles Eustochium, et Paula marchent d'une façon digne de leur naissance et de vos exhortations ; elles saluent particulièrement votre béatitude, ainsi que tous les frères qui s'efforcent de servir avec nous le Dieu Sauveur. L'an dernier nous avons envoyé, pour leurs affaires, à Ravenne et de là en Afrique et en Sicile. le saint prêtre Firmus; nous croyons qu'il est en ce moment en Afrique. Je vous prie de

 

1. Rom. XIV, 5. — 2. Livre IIIe contre les pélagiens.

 

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saluer respectueusement de ma part les saints qui sont auprès de vous. J'ai écrit une lettre au saint prêtre Firmus ; si elle vous arrive, je vous demande de vouloir bien la lui faire parvenir. Que le Seigneur Jésus-Christ vous garde en bonne santé et vous fasse souvenir de moi, seigneur véritablement saint et bienheureux pape.

 

Et plus bas :

 

Nous manquons beaucoup ici de copistes pour le latin; c'est pourquoi nous ne pouvons faire ce que vous désirez, surtout pour la version des Septante, marquée d'astérisques et de pointes (1). On nous a dérobé la plus grande partie d'un premier travail.

 

1. Voy. ci-des. let. 71.

 

 

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