LETTRE CCLIV
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rte de l'église 38 - CH-1897 Le Bouveret (VS)

LETTRE CCLIV.

 

L'évêque Bénénatus, renonçant apparemment à ses premières vues, avait proposé pour la jeune orpheline un parti que saint Augustin aurait pu accepter; mais l'évêque d'Hippone ne veut rien précipiter, d'autant plus que la jeune fille semble témoigner l'intention de se consacrer à la vie religieuse.

 

AUGUSTIN ET LES FRÈRES QUI SONT AVEC MOI, A MON BIENHEUREUX SEIGNEUR, A MON VÉNÉRABLE ET BIEN-AIMÉ FRÈRE BÉNÉNATUS ET AUX FRÈRES QUI SONT AVEC VOUS, SALUT DANS LE SEIGNEUR.

 

La jeune fille dont votre sainteté me parle, si elle était en âge de se marier, ne le voudrait pas : telles sont présentement ses intentions. Mais elle est d'un âge où, quand même elle aurait le dessein de se marier, on ne pourrait encore la donner ni la promettre à personne. Dieu, en la plaçant sous la garde de l'Eglise, a voulu la mettre à l'abri des entreprises des méchants; elle n'est pas là afin que je la donne à qui je voudrai, mais afin qu'elle ne puisse être enlevée par qui il ne faut pas, ô mon bien-aimé seigneur et vénérable frère. Si elle doit se marier, le parti que vous me proposez ne me déplaît pas (1) ; quant à présent, j'ignore si elle prendra jamais un époux. Il y a autre chose qu'elle fait entendre et que je souhaiterais davantage; mais lorsque, si jeune, elle dit qu'elle veut être religieuse, sa parole ressemble bien plus à un badinage qu'à une promesse sur laquelle on puisse compter. Ensuite elle a une tante maternelle, et j'en ai averti notre frère Félix; il ne l'a point appris avec déplaisir, il s'en est félicité au contraire; seulement, par un droit que donne l'amitié, il a regretté qu'on ne lui en ait rien écrit. Peut-être y aura-t-il aussi une mère, quoiqu'il n'en paraisse point

 

1. Les anciens éditeurs des lettres de saint Augustin ont cru qu'il s'agit ici du fils de ce Rusticus à qui est adressée la lettre CCLV ; mais c'est une erreur, puisque ce jeune homme ainsi que son père étaient encore païens: Or, l'évêque d'Hippone déclare ne vouloir marier la jeune orpheline qu'à un chrétien; et d'ailleurs un évêque catholique, comme Bénénatus, n'aurait pas présenté un païen pour être le mari d'une chrétienne.

 

encore; quand il s'agit de marier une jeune fille; la nature demande, ce me semble, que la volonté de la mère soit suivie préférablement à toute autre, à moins que la jeune fille ne soit en âge d'avoir le droit de choisir ce qu'elle veut. Que votre sincérité le croie aussi : si j'avais tout pouvoir de marier notre orpheline, si elle avait l'âge et la volonté de prendre un époux et qu'elle s'en rapportât à moi pour le lui choisir devant Dieu, je vous dis, et c'est la vérité, je vous dis que ce parti me plairait, sans toutefois que je m'obligeasse devant Dieu à en refuser un meilleur: un parti meilleur se présenterait-il? c'est ce qui test incertain. Votre charité voit toutes les considérations qui m'empêchent, quant à présent, de promettre à personne la jeune orpheline.

 

 

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