**** UNE RÉACTION CONTRE LINTELLECTUALISME
« La religion est du domaine du coeur. Pour comprendre les vérités de la religion, il faut donner nos coeurs ; ce nest pas au moyen de lintelligence et de lobservation que nous pouvons saisir ces vérités, mais par la profondeur du sentiment. Les livres peuvent nous apprendre dautres choses ; mais ils deviennent inutiles quand il sagit de connaître Jésus-Christ. Il faut Lui donner notre coeur. » Dans lenseignement du Sadhou, lantithèse entre le coeur et la raison est comparable à celle que saint Paul établit, pour des raisons identiques, entre la foi et les oeuvres. Saint Paul et le Sadhou eurent à lutter contre des systèmes différents ; cest pourquoi leurs antithèses ne sont pas les mêmes. Saint Paul a traité du légalisme juif quil a senti et analysé ; ce légalisme qui conçoit Dieu avant tout comme un Être transcendant et un juge. Les expériences du Sadhou se rapportent à la philosophie hindoue, qui voit en Dieu la vie universelle, immanente. La doctrine du salut par la connaissance est enracinée dans la pensée hindoue presque aussi fortement que létait la doctrine du salut par les oeuvres dans la théologie juive ; doctrine contre laquelle saint Paul réagit. Il y eut des Juifs dont lesprit ne manquait pas de profondeur, et qui trouvèrent le contentement spirituel au moyen de la Loi ; témoin lauteur du Psaume 119. Il en fut de même pour lhindouisme et la doctrine du salut par la connaissance. Cependant la protestation de saint Paul et celle du Sadhou sont pleinement justifiées lorsque nous considérons les doctrines uils attaquent dans leur ensemble et non dans leurs résultats exceptionnels. Dans un pays comme lInde, si essentiellement préoccupé des questions religieuses, il était naturel de voir sélever de nombreuses protestations contre la superstition des masses et lintellectualisme de lélite. De même que saint Paul nétait pas ennemi des oeuvres, le Sadhou nest pas ennemi de la connaissance ; mais il sélève énergiquement contre ceux qui veulent lui donner la première place. Pour bien comprendre la portée de cette réaction contre lintellectualisme, réaction si fréquente, il faut se rappeler quau dire des missionnaire, les Indes reprochent à beaucoup dAnglais cultivés davoir pratiquement rejeté les enseignements du Christ, malgré leur éducation chrétienne. Il se peut même que le Sadhou ait rencontré des personnes versées dans les études théologiques, qui lui aient paru étrangement fermées aux vérités essentielles de la loi ! En matière religieuse, il faut posséder tout dabord le sens des valeurs spirituelles, la clairvoyance pour percevoir la vision, et la volonté de lui obéir. Et le Sadhou ne fut pas le premier à découvrir que « ces choses sont cachées aux sages et aux intelligents et révélées aux petits enfants ». * * LES FONCTIONS INTELLECTUELLES
Changeons quelque peu la terminologie du Sadhou et substituons au mot « coeur » « les émotions et la volonté de lêtre » remplaçons le mot « tête », par « la faculté de réflexion » et nous serons très près de lenseignement de plusieurs psychologues modernes. « Le coeur est le centre même de notre âme. Il reçoit, si lont peut sexprimer ainsi, les messages sans fil de linvisible. Le cerveau est occupé des choses visibles. Cest le coeur qui perçoit et approfondit les réalités spirituelles. Ma raison acquiesce à ce que mon coeur a compris, et sil ne lavait senti dabord, ma raison naurait pu ladmettre. Le coeur est au-dessus de la raison. « Aux Indes, des gens simples mont parfois demandé : * RECHERCHES INUTILES
« Un homme prit une corde qui sétait emmêlée et il essaya den défaire les noeuds. Ce travail lui demanda plusieurs heures. Son petit garçon qui le regardait faire, prit un autre bout de corde ; il lattacha à un arbre et fit un noeud coulant. Il passa la tête dans le noeud et tandis que le père était absorbé dans son travail, il sétrangla. Sa mère le vit et accourut bien vite « Il y a quelques années, je vis un enfant qui tenait un oignon dont il enlevait les pelures une à une. Je lui dis : « Il y a quelque temps, aux Indes, je causais avec un ami, chimiste distingué. Il prit un bol de lait et en fit lanalyse. Il nous indiqua les quantités deau, de sucre, et dautres matières contenues dans le lait. Il savait tout cela, mais je lui dis : « Un homme, qui avait une main sèche, sapprocha de Notre-Seigneur. Le Seigneur savait que cet homme voulait guérir. Il lui dit: « - Étends ta main. * LES OBSTACLES MORAUX
Daprès le Sadhou, loblitération du sens moral est souvent à la base de lincrédulité : « Bien des gens sont incapables de saisir les vérités spirituelles parce quils sont engourdis par le péché. Ils ressemblent à ce lépreux dont la jambe brûla ; cette jambe était tellement insensible que lhomme ne percevait plus la douleur. Repentez-vous de vos péchés et demandez à Dieu de vous pardonner. Alors, vous sentirez la présence du Christ. On ne peut expliquer cette présence ; il faut la sentir. » « - Que faites-vous alors pour tirer les gens de leur torpeur ? * LA CONNAISSANCE DU CHRIST
Le Sadhou insiste fréquemment sur la différence qui existe entre : « connaître le Christ » et « avoir quelque connaissance du Christ ». Saint Paul a dit : « Je nai pas honte, car je sais en qui jai cru. » (II Tim. 1, 12.) Saint Paul souffrit plusieurs années et de bien des façons ; mais il neut point de honte, car il connaissait Celui en qui il avait cru. De nos jours, bien des gens savent qui est Jésus-Christ, mais bien peu sont capables de dire : « je sais en qui jai cru. » Les doctrinaires peuvent parler de Jésus-Christ, mais ils ne le connaissent pas. La connaissance intellectuelle ne suffit pas. Saint Paul avait dû voir le Christ ; il en avait entendu parler avant sa conversion. À lépoque où il ne le connaissait que par ouï-dire, saint Paul persécuta les chrétiens. Lorsquil connut le Christ, cest lui qui fut persécuté. » « Le mois dernier, un de mes amis hindou vit pour la première fois un narcisse. Il fut étonné. Il savait bien des choses sur cette fleur, il avait lu les vers de Wordsworth qui parlent des narcisses ; mais il nen avait jamais vu et ne pouvait reconnaître la fleur quon lui présentait. Bien des gens, documentés sur le Christ, ne le connaissent pas. Mais ceux qui le connaissent trouveront la paix, la joie, le bonheur et le salut. « Beaucoup dâmes ont été sauvées aux Indes. dans le nombre, il y avait des gens de très modeste condition. Ainsi je connais un homme qui est complètement illettré ; mais quand il rend témoignage au Christ, il devient remarquable. Cet homme avait coutume de dire : Un étudiant dOxford, candidat aux examens, fut profondément impressionné par les discours du Sadhou. Il se rendit en hâte auprès du Directeur de la Faculté de théologie et lui dit : Déjà du temps de saint Paul, alors que lapôtre soulignait le rôle de la foi, on en concluait que les oeuvres sont inutiles. On a dit des Épîtres quelles contenaient « des points difficiles à comprendre, dont les personnes ignorantes et mal affermies tordent le sens pour leur propre ruine » (2). Lorsque le Sadhou insiste, comme saint Paul, sur la nécessité de donner son coeur au Christ, il risque à son tour dêtre mal compris. Mais, sil a créé un malentendu, il la fait en bonne compagnie. ******** (2) II Pierre III, 16. |