CHAPITRE IX La victoire divine
1. « Nous sommes forcés, par la constitution de notre intelligence, de croire en l'existence d'un être infini et absolu. » (Mensel). Comme il y a du feu dans une pierre à feu, ainsi il y a dans le coeur de l'homme une soif intense de communion avec Dieu. Ce désir peut rester caché sous l'enveloppe dure de la pierre du péché et de l'ignorance. Mais au contact d'un homme de Dieu ou de l'Esprit de Dieu, ce désir prend feu comme le fait la pierre à feu lorsqu'elle est frappée par l'acier. Il y a dans toute âme humaine une aspiration qui ne peut être satisfaite dans ce monde et dans l'autre que par Dieu Lui-même. C'est pourquoi lorsque l'homme fatigué d'être agité par ses passions, se repent à la fin, c'est à Dieu qu'il retourne. 2. Dieu ne désire pas que nous cherchions des preuves de son existence à l'aide de notre esprit borné. Si tel avait été son désir, Il ne serait pas resté Lui-même silencieux. Même en ce moment, s'Il le voulait, Il serait capable de nous donner des preuves éclatantes de son existence qui dépasseraient tout ce que nous pouvons imaginer. Mais, Sa volonté est autre. Il veut que son peuple, après avoir fait l'expérience de Sa douce et vivifiante présence, Lui rende témoignage, car l'expérience personnelle a une force de conviction beaucoup plus profonde que toutes les preuves tirées de la raison. Aucun homme n'a vu ni entendu Dieu ainsi qu'Il est en Lui-même, bien qu'Il ait parlé dans tous les âges par la bouche de Ses Prophètes, de Ses apôtres et, dans les derniers temps, par Son Fils (Hébreux I, 1, 2). Comme Philon l'a dit : « La voix humaine a été faite pour être entendue, mais la voix de Dieu a été faite pour être vue. Ce que Dieu dit, Il l'exprime par des actes et non par des paroles. Cela veut dire qu'Il parle par le moyen du livre de la nature et par Sa création tout entière, malheureusement les hommes ne se donnent pas la peine de lire eux-mêmes ce livre. Herbert Spencer a écrit : « Il est triste de voir les hommes s'occuper de choses sans importance, tandis qu'ils restent indifférents au plus grand des phénomènes, ne cherchent pas à comprendre l'architecture des cieux et passent indifférent à côté du plus grand poème écrit par le doigt de Dieu sur la face de la terre. » 3. Lorsqu'un idolâtre éprouve une certaine paix en adorant une pierre, cela ne veut pas dire qu'il y ait une puissance de consolation dans la pierre. Et pourtant, pour quelques-uns, cette pierre peut être un moyen de concentrer leur pensée sur Dieu, et Dieu leur donne une consolation selon la mesure de leur foi. Mais cela ne va pas sans dangers. L'idolâtre risque bien d'être entravé dans ses progrès spirituels par l'influence de son milieu et de devenir semblable à la pierre inanimée. Il sera alors incapable de découvrir son Créateur, qui seul pourrait satisfaire les besoins de son coeur. Une pierre dérobe le Créateur aux yeux de Sa créature. 4. Quelque mauvais que soit un homme et quelque corrompue que soit sa vie, il y a en lui une étincelle, un élément qui n'éprouve aucun attrait pour le péché. Sa conscience et ses sentiments spirituels peuvent être émoussés, mourir même, cette étincelle divine ne s'éteint jamais. Voilà pourquoi même chez les plus grands criminels il est toujours possible de découvrir quelque chose de bon. On a remarqué que certains homme, auteurs de crimes particulièrement sauvages, ont aidé généralement des pauvres et des opprimés. Si l'étincelle ou l'élément divin qui est en nous ne peut être détruit, nous ne devons pas désespérer de quel pécheur que ce soit. Si nous affirmons que cette étincelle peut s'éteindre, alors il ne sera plus possible de souffrir de la séparation d'avec Dieu et du remords, car pour éprouver des regrets et souffrir du remords, il faut que cette étincelle existe. L'enfer sans ces souffrances n'est plus l'enfer. Mais si ces souffrances naissent, si elles tourmentent un homme, une fois, tôt ou tard, elles forceront cet homme à se tourner vers Dieu pour en être accueilli. 5. L'homme est un être libre qui, par un mauvais usage de sa liberté, peut se faire un grand tort et en causer aux autres. Mais il ne peut pas se détruire lui-même, ni faire disparaître l'étincelle divine qui est en lui. Le Créateur seul a ce pouvoir et la volonté du Créateur n'est pas de détruire ce qu'Il a créé, sans cela Il ne l'aurait pas créé. En détruisant Il montrerait qu'en créant Il a agi sans penser au résultat de son acte ou sans le connaître d'avance. Cette supposition est indigne de Dieu. L'homme n'ayant pas créé son âme, n'a pas le pouvoir de la détruire. Le Créateur a appelé à l'existence chaque créature pour un but spécial. L'homme ne pouvant pas et Dieu ne voulant pas détruire l'étincelle divine qui est en sa créature, nécessairement à un moment donné, le but pour lequel l'homme a été créé sera atteint. Malgré des détours nombreux et bien des égarements. l'homme reviendra finalement à Celui à l'image duquel il a été formé, car la destination filiale de l'homme est la vie avec Dieu. Giseler a dit au sujet de cette étincelle divine : « Cette étincelle a été mise dans l'âme de chaque homme. C'est pour eux une lumière destinée à les éloigner du mal, à les guider au contraire dans le chemin de la vertu qui va à la source d'où ils sont sortis. » Comme les corps vivent par le moyen de l'âme, ainsi les âmes vivent par Dieu. « Quand j'aurai été élevé au-dessus de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi » (Jean XII, 32). Puisque Dieu a créé l'homme afin qu'il jouisse de Sa communion, l'homme ne peut pas rester éternellement séparé de Lui. |