L'ECRITURE SAINTE OU LA PAROLE DE DIEU
EST LA VERITE DIVINE MEME

     « On dit généralement que la Parole est de Dieu, qu'elle a été Divinement inspirée, et que par suite elle est Sainte. Mais on a toujours ignoré jusqu'à présent où réside en elle le Divin ; car la Parole, dans la lettre, paraît comme un écrit vulgaire, d'un style étrange, ni sublime ni brillant, comme le sont en apparence les écrits du siècle. Il en résulte que l'homme qui adore la nature au lieu de Dieu ou de préférence à Dieu, et qui par suite pense d'après son propre, et non d'après le Ciel procédant du Seigneur, peut facilement tomber dans l'erreur au sujet de la Parole, avoir du mépris pour elle, et dire en lui-même quand il la lit : « Qu'est-ce que ceci ? Qu'est-ce que cela ? Est-ce que ceci est Divin ? Est-ce que Dieu, dont la Sagesse est infinie, peut parler ainsi ? Où est la sainteté de ce livre et d'où vient-elle, sinon d'une superstition et de la persuasion qui en résulte ? »

     Mais celui qui pense ainsi ne considère pas que le Seigneur, qui est, le Dieu du ciel et de la terre, a prononcé la Parole par Moïse et par les prophètes, et que par suite elle ne peut être que la Vérité Divine, car ce que le Seigneur prononce Lui-Même est la Vérité Même. Il ne considère pas non plus que le Seigneur a prononcé la Parole dans les Évangélistes, la plus grande partiede sa propre bouche, et le reste par inspiration ; de là vient qu'Il dit Lui-Même que dans ses paroles il y a esprit et vie, qu'Il est Lui-Même la lumière qui illustre, et qu'Il est la vérité ; ce qui est évident par ces passages qui suivent :
Jésus dit : Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. - Jean VI, 63.
Jésus dit à la femme qui était près de la fontaine de Jacob : Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu Lui en aurais demandé, et Il t'aurait donné de l'eau vive. Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura jamais soif, et l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d'eau qui jaillira jusqu'à la vie éternelle. - Jean, IV, 6, 10, 14.

     La Fontaine de Jacob signifie la Parole ; c'est même pour cela que le Seigneur, parce qu'Il est la Parole, s'assit là et parla à la femme ; et l'eau vive signifie la Vérité de la Parole.
     Les paroles du Seigneur sont la vérité et la vie, parce qu'Il est Lui-Même la vérité et la vie comme Il l'enseigne dans Jean :

Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie. - XIV, 31.


     Et dans le même :

Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et Dieu était la Parole ; en Elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. - Jean, I, 1 ; 2, 4.


     Par la Parole est entendu le Seigneur quant à la Vérité Divine, dans laquelle seule est la vie et est la lumière.

     C'est de là que la Parole, qui vient du Seigneur, et qui est le Seigneur, est appelée : « Source d'eau vive » - Jérém. II, 13 : XVII, 13, XXXI, 9 -, et « Fleuve d'eau de la vie - Apoc. XXII, I, et qu'il est dit que « l'Agneau qui est au milieu du Trône, les paîtra et les conduira aux sources des eaux de la vie » Apoc. VII, 17. - Vraie Religion Chrétienne, Nos189, 190.
 
 

TOUTE LA PAROLE FUT PRONONCEE PAR LE SEIGNEUR

     « On lit, au sujet des prophètes, que l'Éternel a parlé avec eux, qu'ils ont entendu les paroles de l'Éternel, et que les paroles qu'ils ont prononcées étaient d'après l'Éternel, l'Éternel des armées, et le Seigneur Jéhovah ; car on y lit : « La Parole m'a été adressée par l'Éternel », « L'Éternel m'a parlé », et le plus souvent « l'Éternel a dit » et « Parole de l'Éternel » ; et comme le Seigneur est le Dieu de toute éternité, ainsi qu'il a été montré ailleurs (1) toute la Parole a donc été prononcée par le Seigneur. Afin que personne ne doute qu'il en soit ainsi, je vais indiquer 'seulement dans Jérémie, les passages où il est dit : « La Parole m'a été adressée par l'Éternel », « l'Éternel m'a parlé », « l'Éternel a dit ». Et « Parole de l'Éternel » ; ce sont les suivants : I, 4, 7,11, 12, 13, 14, 19 ; II, 1, 2, 3, 4, 5, 9, 19, 22, 29, 31, etc. (2) - Doctrine sur le Seigneur, N° 53.
 
 

TOUT CE DONT IL EST TRAITE DANS LA PAROLE
EST D'ORDRE SPIRITUEL

     « Tout ce qui a été écrit dans la Parole est en soi, et dans son essence, spirituel ; on sait généralement que la Parole est spirituelle ; mais ce qu'elle contient de spirituel ne se montre pas toujours dans la lettre, car dans la lettre elle parle des choses du monde, surtout dans les parties historiques. » - Arcanes Célestes, N° 4.480.

     « Jusqu'à présent tout le monde, même le monde savant, a pensé que les récits historiques de la Parole ne sont que des historiques, et ne renferment rien de plus profond ; et quoiqu'on ait dit que chaque iota a été divinement inspiré, toujours est-il que par là on n'a rien entendu d'autre, sinon que quelque chose de dogmatique applicable à la doctrine de la foi peut en être déduit, et être utile à ceux qui enseignent comme à ceux qui apprennent ; que par conséquent, comme ils ont été inspirés divinement, ils ont une force Divine, et opèrent le bien plus que tout autre livre d'histoire. Mais, considérés en eux-mêmes, les récits historiques font peu pour l'amendement de l'homme, et ne font rien pour la vie éternelle ; car dans l'autre vie, les choses historiques ne sont d'aucune utilité. Pour entrer dans le Ciel, et y jouir de la félicité, c'est-à-dire de là vie éternelle, les âmes n'ont besoin que de connaître les choses qui appartiennent au Seigneur et celles qui procèdent de Lui. C'est pour ces choses qu'il y a une Parole, et ce sont ces choses qui sont entendues dans les intérieurs de la Parole. » - Arcanes Célestes, N° 1.886.

Toute l'Écriture divinement inspirée, est utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de, Dieu soit accompli, et propre à toute bonne oeuvre. - II Timothée, III, 16, 17.


UNE REVELATION DIVINE EST INDISPENSABLE

     « Dans le monde, on croit que l'homme d'après la lueur de la nature, ainsi sans révélation, peut savoir plusieurs choses qui appartiennent à la religion, par exemple, qu'il y a un Dieu, que ce Dieu doit être adoré, et qu'Il doit aussi être aimé ; que l'homme vivra après la mort, et plusieurs autres choses qui dépendent de celles-là. Mais j'ai été instruit par de nombreuses expériences, que de lui-même l'homme ne sait absolument rien de Dieu, ni des choses qui appartiennent à la vie céleste et spirituelle, sans la révélation. En effet, l'homme naît dans les maux de l'amour de soi et du monde, et ce sont ces maux qui bouchent l'influx provenant des cieux, et ouvrent l'influx provenant des enfers ; ainsi homme est aveuglé et induit à nier qu'il y ait un Divin, qu'il ait un ciel et un enfer, et qu'il y ait une vie après la mort. Cela bien évident d'après les érudits du monde, qui au moyen des sciences ont élevé la lueur de leur nature au-dessus de celle des autres ; on sait que ce sont eux qui, plus que les autres, nient le Divin. Au lieu du Divin ils reconnaissent la nature et lorsqu'ils parlent d'après leur coeur et non d'après la doctrine de l'Église, ils nient la vie après la mort, ainsi que le ciel et l'enfer, et par conséquent toutes les choses qui appartiennent à la foi, qu'ils appellent des liens pour le vulgaire. D'après cela, on peut voir clairement quelle est la lueur de la nature sans la révélation.

     Mais deux choses se sont présentées qui ont jeté l'esprit dans le doute sur ce sujet : La première, c'est que les Anciens ont, néanmoins su qu'il y a un Divin, que ce Divin doit être adoré, et que l'âme humaine est immortelle. La seconde, c'est que plusieurs nations aujourd'hui, chez lesquelles il n'y a aucune révélation, savent aussi cela. Quant à ce qui concerne les Anciens, ils l'ont su non pas d'après la lueur naturelle, mais d'après la révélation qui de l'Église s'est répandue jusque chez eux ; car l'Église du, Seigneur avait été dès les temps très anciens dans la terre de Canaan. De là les choses, qui appartenaient au culte Divin se sont répandues chez les nations d'alentour, et aussi chez les Grecs, leurs voisins, et enfin chez les Romains. C'est ainsi que se sont répandues les connaissances sur une Divinité suprême et sur l'immortalité de l'âme. Quant à ce qui concerne les nations d'aujourd'hui, qui savent aussi qu'il y a un Dieu et une vie après la mort, elles ont eu cette connaissance non pas d'après une lueur naturelle, mais d'après la religiosité qu'elles avaient reçue par tradition des temps anciens, religiosité fondée sur les choses qui par des voies diverses étaient émanées de l'Église où était la révélation. Cela a eu lieu par la Divine Providence du Seigneur. Aussi ceux d'entre eux qui d'après leur religiosité reconnaissent un Dieu suprême, et qui d'après leur religiosité remplissent les devoirs de la charité envers leur prochain, reçoivent dans l'autre vie, quand ils ont été instruits, les vérités de la foi, et sont sauvés. » - Arcanes Célestes, N° 8.944.
 
 

IL Y A TOUJOURS UNE REVELATION DIVINE

     « La Parole a été de tout temps, mais non cette Parole que nous avons aujourd'hui. Il y a eu une première Parole dans l'Église Très-Ancienne qui existait avant le Déluge. Il y en a eu une deuxième dans l'Église Ancienne qui existait après le Déluge. Il y a aujourd'hui la Parole écrite par Moïse et par les prophètes dans l'Église juive ; et enfin la Parole écrite par les évangélistes dans l'Église Chrétienne. La raison pour laquelle il y a eu de tout temps une Parole est que par la Parole il y a communication entre le ciel et la terre ; et aussi parce que la Parole traite du bien et de la vérité, d'après lesquels l'homme doit vivre heureux dans l'éternité ; aussi est-ce pour cela que dans le sens interne elle traite du Seigneur Seul, parce que de Lui Seul procèdent tout bien et toute vérité. » - Arcanes Célestes, N° 2.895.
 
 

LA PREMIERE PAROLE

     « La Parole, dans la Très-Ancienne Église qui existait avant le Déluge, était une Parole non écrite, mais révélée à quiconque était de l'Église, car les Très-Anciens furent des hommes célestes ; ils furent par conséquent dans la perception du bien et du vrai, comme les anges avec qui même ils étaient en société ; ainsi ils eurent la Parole inscrite dans leur coeur. Comme ces Très-Anciens étaient célestes et en société avec les anges, toutes les choses qu'ils voyaient de leurs yeux et saisissaient par quelque autre sens, représentaient pour eux et signifiaient des choses célestes et spirituelles ; de sorte qu'en vérité ils voyaient de leurs yeux ou saisissaient par quelque autre sens les choses mondaines et terrestres, mais par ce moyen ils pensaient aux choses célestes et spirituelles ; c'est ainsi, et non autrement, qu'ils ont pu parler avec les anges ; car les choses qui sont chez les anges sont célestes et spirituelles, et quand elles se présentent à l'homme, elles correspondent aux choses analogues qui sont chez l'homme dans le monde. C'est de là que vinrent les choses représentatives et les choses significatives qui, lorsque la communication avec les anges commença de cesser, furent recueillies par ceux qui sont entendus par Énoch ; - c'est ce qui est entendu par ces paroles : « Énoch marcha avec Dieu, et il ne fut plus parce que Dieu le prit » - Gen. V, 24. - Arcanes Célestes, N° 2.896.
 
 

LA DEUXIEME OU L'ANCIENNE PAROLE

     « La Parole dans l'Église Ancienne qui exista après le déluge, a tiré de là son origine. L'homme de cette Église, étant spirituel mais non céleste, savait, mais ne percevait pas ce que renfermaient les représentatifs et les significatifs ; et comme ils renfermaient des choses Divines, ils passèrent en usage chez ces Anciens et furent appliqués à leur culte Divin ; et cela afin qu'ils eussent une communication avec le Ciel ; car, comme il vient d'être dit, toutes les choses qui sont dans le monde représentent et signifient des choses analogues qui sont dans le ciel. Ils eurent aussi une Parole écrite, qui consistait en livres historiques et en livres prophétiques, comme la Parole de l'Ancien Testament ; mais cette Parole, par la suite des temps a été perdue. Les livres historiques qui s'y trouvaient étaient appelés Les Guerres de l'Éternel, et les prophétiques étaient appelés Les Énoncés, comme on le voit dans Moïse - Nombres XXI. 14, 27, où ils sont cités. Leurs récits historiques avaient été écrits en style prophétique, et c'étaient pourla plus grande partie des récits allégoriques comme ceux qui sont dans la Genèse, du 1er au XIe chapitre, ainsi qu'on le voit par les passages qui en sont extraits dans Moïse, où l'on trouve ces paroles : « C'est pourquoi il est dit dans le Livre des Guerres de l'Éternel :
Ce qu'Il fit dans la Mer Rouge et les torrents d'Amon, et le cours des torrents qui décline vers l'habitation d'Ar, et s'appuie à la limite de Moab. - Nomb. XXI, 14, 15. 

     « Leurs livres prophétiques avaient été écrits comme ceux de l'Ancien Testament, ainsi qu'on peut de même le voir par les passages qui en sont aussi extraits dans Moïse, où l'on trouve ces paroles :
C'est pourquoi, disent les Énoncés (ou les Énonciateurs, - ceux qui parlent en proverbes), venez à Chesbon ; elle sera bâtie et elle sera affermie, la ville de Sichom ; parce que le feu est sorti de Chesbon, la flamme, de la ville de Sichon ; elle a dévoré Ar de Moab, les seigneurs des hauts lieux d'Amon. Malheur à toi, Moab ! Tu as péri, peuple de Kémosch. - Nombres XXI, 27, 28.

     Ces prophéties renferment des arcanes célestes, de même que celles de l'Ancien Testament, comme on peut le voir clairement, du fait qu'elles ont été copiées par Moïse et appliquées à l'état de choses dont il s'agissait alors ; en outre, des paroles presque semblables se trouvent dans Jérémie. Voici ces paroles dans Jérémie :
Le feu est sorti de Chesbon et la flamme d'entre Sichon et elle a dévoré l'angle, de Moab et le sommet des fils du tumulte. Malheur à toi, Moab ! Il a péri le peuple de Kémosch, parce que tes fils et tes filles ont été enlevés, en captivité. - XLVIII, 45, 46.

     En outre, il est fait mention d'un Livre Prophétique de l'Ancienne Parole, nommé Livre de Jascher (ou Livre du juste), par David et par Josué ; par David :
David prononça une lamentation sur Saül et sur Jonathan, son fils. Et il l'inscrivit pour enseigner le maniement de l'arc aux fils de Judas ; voici elle est écrite dans le Livre de Jascher. - II Sam., 1, 17, 18.

     Et par Josué :

Josué dit : Soleil, repose-toi en Gibéon, et toi, Lune, dans la vallée d'Ajalon ; cela n'a-t-il pas été écrit dans le Livre de Jascher ? -X, 12, 13.


     D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir qu'il y a eu une Ancienne Parole sur ce globe, particulièrement en Asie, avant la Parole Israélite. - Vraie Religion Chrétienne, n° 265.
 
 

LA RELATION ENTRE L'ANCIENNE PAROLE
ET NOTRE PAROLE

     « Alors que je recueillais ce que Moïse avait écrit d'après les deux Livres nommés Guerres de l'Éternel et Les Énoncés (Nombres XXI), des anges étaient présents, et ils me dirent que ces livres étaient l'Ancienne Parole, dont les historiques étaient appelés Les Guerres de Jéhovah, et les prophétiques, Les Énoncés, et ils ajoutèrent que cette Parole était encore conservée dans le Ciel, et en usage là chez les Anciens, chez qui elle avait été quand ils vivaient dans le monde. Ces Anciens, chez qui cette Parole est encore en usage dans le Ciel, avaient pour la plupart habité la terre de Canaan et les contrées environnantes, telles que la Syrie, l'Arabie, la Chaldée, l'Assyrie, l'Égypte, Sidon, Tyr, Ninive, royaumes dont les habitants avaient été dans le culte représentatif et par suite dans la science des correspondances. La sagesse de ce temps venait de cette science, et par elle ils avaient une perception intérieure et une communication avec les Cieux. Ceux qui connaissaient les correspondances de cette Parole ont été appelés Sages et Intelligents, et plus tard Devins et Mages. Mais comme cette Parole était remplie de correspondances, qui signifiaient d'une manière éloignée les choses célestes et spirituelles, et qu'en raison de cela elle avait commencé à être falsifiée par plusieurs, la Divine Providence du Seigneur la fit disparaître par la suite ; et une autre Parole, écrite par des correspondances moins éloignées, fut donnée par l'intermédiaire des prophètes chez les fils d'Israël. Dans cette Parole ont été retenus plusieurs noms de lieux, qui étaient non seulement dans la terre de Canaan, mais aussi aux alentours, en Asie, lesquels signifiaient tous des choses et des états de l'Église ; mais les significationsvenaient de cette ancienne Parole. C'est pour cela qu'Abraham reçut l'ordre d'aller dans cette terre, et que sa postérité issue de Jacob y fut introduite.

     En outre, j'ai su par les anges que les premiers chapitres de la Genèse, dans lesquels il s'agit de la création, d'Adam et d'Ève, du jardin d'Éden, de leurs fils et de leurs descendants jusqu'au Déluge, et même de Noë et de ses fils, sont aussi dans cette Parole, et qu'ainsi ils en ont été extraits par Moïse. - Vraie Religion Chrétienne, n° 279.
 
 

LE CARACTERE UNIQUE DE NOTRE PAROLE

     « Ce qu'il y a de merveilleux dans la Parole, c'est qu'elle est Divine jusqu'au moindre iota, car chaque mot correspond à une réalité spirituelle, qui est en quelque sorte renfermée dans ce mot, de sorte que le sens spirituel se manifeste aux anges quand la Parole est lue par l'homme. Voici ce qui en est : toutes les choses qui sont dans le monde naturel correspondent individuellement à celles qui sont dans le monde spirituel ; et la Parole a été décrite de manière que les mots dans leur série y enveloppent des séries de choses spirituelles, qui ne sont manifestes que pour l'homme qui connaît les correspondances ; c'est en cela que consiste le Divin dans la Parole ; par suite la Parole est spirituelle, comme on le dit aussi. » - Arcanes Célestes, n° 10.633.

     « Il ne peut y avoir de connaissance de Dieu, ni par conséquent de reconnaissance de Lui sans une révélation ; et ce n'est que d'après la Parole, qui est la couronne des révélations que l'homme peut reconnaître que dans le Seigneur habite corporellement la plénitude de la Divinité ; car l'homme, quand une révélation a été donnée, peut aller au-devant de Dieu et recevoir, l'influx, et par conséquent de naturel devenir spirituel. » - Vraie Religion Chrétienne, n° 11.

     « Quant à ce qui concerne la Parole du Nouveau Testament, qui se trouve dans les évangiles et l'Apocalypse, le Seigneur l'ayant prononcée d'après le Divin même, il en résulte aussi que tout ce qu'Il a prononcé a été représentatif et significatif des choses Divines, par conséquent des choses célestes de Son Royaume et de Son Église. » - Arcanes Célestes, n° 2900.

Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu ! Philippe, celui qui m'a vu a vu le Père. Comment donc dis-tu Montre nous le Père ?
Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, mais le Père qui demeure en moi est Celui qui fait les oeuvres que je fais. - Jean XIV, 10.


 

LA PAROLE EST LA VÉRITE DIVINE

     « La Parole est la Vérité Divine qui procède du Seigneur, comme la lumière procède du soleil. Dans son origine cette vérité est Divine et Infinie ; mais dans sa descente à travers les cieux, elle est céleste dans le ciel intime, spirituelle dans le ciel moyen, et spirituelle-naturelle dans le dernier ciel ; dans le monde elle est naturelle et mondaine, comme on le voit dans le sens de la lettre. De là, il est évident que ce sens-ci, qui est le dernier dans l'ordre de progression, contient en soi le sens spirituel et le sens célestes, et dans son intime le Divin même. » - Arcanes Célestes, n° 9407.
 
 

SES QUATRE SENS SUCCESSIFS

     « Comme la Vérité Divine, qui est la Parole envoyée dans, le monde par le Seigneur, a traversé les trois cieux, elle a en conséquence été adaptée à la compréhension des anges de chaque ciel, et enfin aussi à celle des hommes dans le monde. Il en résulte que dans la Parole il y a quatre sens, l'un hors de l'autre à partir du ciel suprême jusqu'au monde, ou l'un au-dedans de l'autre à partir du monde jusqu'au ciel suprême. Ces quatre sens sont nommés sens céleste, sens spirituel, sens naturel d'après le céleste et le spirituel, et sens purement naturel. Celui-ci est pour le monde ; celui qui le précède dans le dernier ciel, le sens spirituelpour le second ciel, et le sens céleste pour le troisième. » - Apocalypse Expliquée, n° 1066.
 
 

CES QUATRE SENS CONSTITUENT UNE PAROLE

     « Ces quatre sens diffèrent beaucoup entre eux, au point que lorsqu'ils sont placés l'un à côté de l'autre, ils ne sont point discernés comme faisant un, mais cependant ils font un quand l'un suit l'autre ; car l'un résulte de l'autre, comme l'effet résulte de la cause ; c'est pourquoi, de même que l'effet représente la cause et correspond à la cause, de même un sens postérieur représente celui qui lui est antérieur et y correspond. C'est de là que les quatre sens font un par les correspondances.
     De ces propositions résultent celles-ci :

1) Le dernier sens de la Parole, qui est le sens de la lettre est le quatrième en ordre, et il contient en soi les trois sens intérieurs qui sont pour les trois cieux.

2) Ces trois sens intérieurs sont développés et se présentent dans les cieux quand l'homme dans le monde lit saintement la Parole.

3) De là, le sens de la lettre de la Parole est celui d'après lequel et par lequel se fait la communication avec les cieux, et aussi celui d'après lequel et par lequel se fait la conjonction de l'homme avec les cieux.

4) Il s'en suit que le sens de la lettre de la Parole est la base de la Vérité Divine dans les cieux ; que la Vérité Divine sans une telle base serait comme une maison sans fondement et que la sagesse des anges sans cette base, serait comme une maison dans l'air.

5) Le sens de la lettre de la Parole est donc celui dans lequel consiste la puissance de la Vérité Divine.

6) Le sens de la lettre est celui par lequel l'homme est éclairé par le Seigneur, et celui par lequel il obtient des réponses quand il veut être éclairé.

7) Le sens de la lettre de la Parole est celui par lequel tout ce qui appartient à la doctrine doit être confirmé.

8) La Vérité Divine dans le sens de la lettre de la Parole est dans sa plénitude, ainsi que dans sa sainteté. » - Apocalypse Expliquée, n° 1066.


 
 

LES APPARENCES DE LA VÉRITE
DANS LE SENS DE LA LETTRE

     Il y a beaucoup de choses dans la Parole, et davantage même qu'on ne saurait le croire, qui ont été dites selon les apparences et selon les illusions des sens : par exemple, que l'Éternel se livré à la colère, à l'emportement et à la fureur contre les impies, qu'Il veut les perdre et les détruire, et que même Il les tue. Toutefois, ces expressions ont été employées, afin que les persuasions du mal et les cupidités ne fussent point brisées, mais fussent ployées ; car parler autrement que l'homme ne saisit (et il ne saisit que d'après les apparences, les illusions et les persuasions), c'eût été jeter la semence dans les eaux et dire des choses qui eussent été sur le champ rejetées. Mais toujours est-il que ces expressions peuvent servir de réceptacles dans lesquels se trouvent des vérités spirituelles et célestes ; car il peut y être insinué que tout vient du Seigneur ; ensuite que le Seigneur permet le mal, mais que tout mal vient non pas de Lui mais des esprits infernaux ; ensuite que le Seigneur pourvoit et dispose, afin que les maux se changent en biens ; et, enfin, que du Seigneur, il ne procède que le bien. Ainsi périt le sens de la lettre, à mesure qu'il s'élève, et il devient spirituel, puis céleste, et enfin Divin. » - Arcanes Célestes, n° 1874.

Il ne brisera point le roseau froissé et il n'éteindra point le lumignon qui fume, jusqu'à ce qu'Il ait fait triompher la justice. - Matt. XII, 20.


     « Il est clair que la Vérité Divine elle-même, étant infinie est au-dessus de toute conception humaine, même au-dessus de toute conception angélique. Toujours est-il que, dans la Parole, elle a cependant été dictée d'une manière rationnelle selon la conception de l'homme.

     Il en est de cela comme, d'un père qui instruit ses jeunes enfants, fils et filles : lorsqu'il les instruit, il leur explique toutes choses en général et en particulier, selon leur compréhension, quoique lui-même ait sur ces choses des pensées plus intérieures ou plus élevées ; autrement ce serait enseigner ce qui ne peut être appris, ou jeter, pour ainsi dire, de la semence sur un rocher.

     Il en serait de même si le Seigneur n'avait pas enseigné dans la Parole d'une manière rationnelle selon la conception de l'homme ; mais toujours est-il que la Parole a été élevée jusqu'à l'entendement angélique dans son sens interne ; néanmoins dans cette suprême élévation où elle se trouve devant les anges, elle est infiniment au-dessous du Divin ; d'où l'on voit quelle est la Parole dans son origine, et par conséquent en elle-même ; et qu'ainsi elle renferme pourtant, dans la moindre de ses parties, plus de choses que le ciel entier n'est capable de saisir, quoiqu'elle paraisse si peu importante et si simple dans la lettre.

     On voit dans l'Évangile selon Jean que le Seigneur est la Parole, parce que la Parole vient de Lui, et qu'Il est Lui-même dans la Parole

Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et Dieu était la Parole. En elle était la vie, et la vie était la lumière des hommes. La Parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. Et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père. - I, 1, 4, 14.


     Or, puisque le Seigneur est la Parole, Il est aussi la Doctrine, car il n'existe point d'autre Doctrine qui soit elle-même Divine. - Arcanes Célestes, n° 2533.

À qui enseignera-t-il la connaissance, et à qui fera-t-il entendre la doctrine ?
À ceux qu'on vient de sevrer et d'arracher à la mamelle ? Car il faut leur donner commandement après commandement, commandement après commandement ; ligne après ligne, ligne après ligne, un peu ici, un peu là. C'est pourquoi Il parlera à ce peuple avec des lèvres qui bégaieront et avec une langue étrangère. - Esaïe XXVIII, 9, 10.


 
 

LE SENS INTERNE EST L'AME
ET LE SENS DE LA LETTRE LE CORPS
DE LA PAROLE

     « Ce qui provient de la propre intelligence est en soi dépourvu de vie, et même spirituellement mort, car le propre de l'homme n'est que mal ; si donc le culte Divin est fait d'après le propre, ce culte n'est autre chose que le culte d'une idole, d'une image taillée ou d'une image en fonte, dans lesquelles il n'y a point de respiration, c'est-à-dire, point de vie. Mais seul ce qui provient de la Parole sert pour le culte Divin, puisque cela en soi est vivant. En effet, au-dedans de chaque chose de la Paroleil y a le sens interne qui traite du Royaume du Seigneur, et au-dedans de ce sens il y a le Divin, car la Parole, dans son sens intime traite du Seigneur seul ; c'est de là et non d'autre part de la Parole, La Parole est comme un homme Divin ; le sens de la lettre en est comme le corps, et le sens interne en est comme l'âme ; de là il est évident que le sens de là lettre vit par le sens interne. Il semble que le sens de la lettre s'évanouit ou meurt par le sens interne ; mais c'est le contraire, il ne s'évanouit point, encore moins meurt-il, mais il vit par le sens interne. » - Arcanes Célestes, n° 8493.

C'est l'esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien ; les paroles que je vous dis, son esprit et elles sont vie. - Jean VI, 63.
Dieu nous a aussi rendus capables d'être ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l'esprit ; car la lettre tue, mais l'esprit donne la vie. - 2 Cor. III, 6.


 
 

LE SENS INTERNE EST LA PAROLE
QUI EXISTE DANS LE CIEL

     « L'inspiration consiste en ce que chaque expression de la Parole, tant dans les Livres historiques que dans tous les autres, renferme des choses célestes qui appartiennent à l'amour ou au bien, et des choses spirituelles qui appartiennent à la foi ou à la vérité, par conséquent des choses Divines ; car ce qui est inspiré par le Seigneur descend de Lui, et descend même à travers le ciel angélique, et par conséquent à travers le monde des esprits, jusqu'à l'homme, chez lequel il se présente tel qu'il est dans la lettre : Mais à sa première origine il est tout à fait différent. Dans le Ciel il n'y a rien d'historique concernant le monde, mais tout est représentatif des choses Divines et rien d'autre n'y est perçu, comme on peut aussi le savoir en ce que là tout est ineffable. Si donc les récits historiques qui sont dans la lettre de la Parole ne représentaient pas des choses Divines et par conséquent célestes, ils ne pourraient être divinement inspirés. C'est seulement par le sens interne que l'on connaît quelle est la Parole dans les Cieux, car le sens interne est la Parole du Seigneur dans les Cieux. - Arcanes Célestes, no 1887.

Ô Seigneur, Ta Parole subsiste toujours dans les cieux. - Ps. CXIX, 89.


 
 

LA SAINTETE ET LA VALEUR
DU SENS DE LA LETTRE

     « La Parole, dans le sens de la lettre, est dans sa plénitude, dans sa sainteté et dans sa puissance. La raison en est que les deux sens antérieurs et intérieurs, à savoir le sens spirituel et le sens céleste, sont ensemble dans le sens naturel, qui est celui de la lettre. Mais il va être expliqué maintenant comment ils y sont ensemble : - Il y a dans le ciel et dans le monde un ordre successif et un ordre simultané ; dans l'ordre successif, il y a succession et suite de l'un après l'autre, depuis les premiers jusqu'aux derniers ; dans l'ordre simultané, au contraire, l'un est près de l'autre, depuis les intimes jusqu'aux externes. L'ordre successif peut être comparé à une colonne avec des degrés depuis le sommet jusqu'à la base ; l'ordre simultané, au contraire, est comme un ouvrage cohérent avec les périphéries depuis le centre jusqu'à la dernière surface. Maintenant il sera dit comment l'ordre successif devient dans le dernier plan l'ordre simultané ; c'est par comparaison comme une colonne de degrés qui, en s'affaissant, devient un corps cohérent dans un plan. C'est ainsi que l'ordre simultané est formé du successif. On en voit des exemples dans toutes les choses du monde naturel, et il en est de même dans le monde spirituel. Partout, en effet, il y a un premier, un moyen, et un dernier ; et le premier par le moyen tend et avance vers son dernier, mais il faut bien comprendre que ce sont des degrés de pureté, selon lesquels se fait l'un et l'autre ordre. (Un exemple frappant nous est donné dans le désir qui produit la pensée, et enfin l'acte - lequel contient et le désir et la pensée. Tout le monde sait que la fin produit la cause et se réalise par la cause dans l'effet, lequel tire toute sa qualité de la fin et de la cause). Quand cela est compris, on peut voir comment le sens naturel de la Parole est le contenant, la base et l'affermissement de son sens spirituel et de son sens céleste ; et comment il se fait que dans le sens de la lettre de la Parole, le Divin Bien et la Divine Vérité sont dans leur plénitude, dans leur sainteté et dans leur puissance. D'après ces explications on peut aussi voir que la Parole dans le sens de la lettre est la Parole même, car dans ce sens, il y a intérieurement esprit et vie. C'est ce que le Seigneur a dit :

     « Les paroles que je vous dis sont esprit et vie. » - Jean VI. 63. - car le Seigneur a prononcé ces paroles dans le sens naturel. Le sens céleste et le sens spirituel ne sont pas la Parole sans le sens naturel, car ils sont comme l'esprit et la vie sans le corps ; ils sont aussi comme un palais qui n'a point de fondement. » - Vraie Religion Chrétienne, n° 214.
 
 

LE SENS SPIRITUEL DE LA PAROLE
MAINTENANT REVELE

     « On dit, dans l'Église que la Parole est sainte ; mais comme cette sainteté ne se manifeste pas dans le sens de la lettre, celui qui, à cause de cela, doute de sa sainteté, se confirme ensuite dans ce doute par plusieurs passages de la Parole, quand il la lit. Afin donc qu'une telle pensée ne se généralise et ne s'établisse ensuite de plus en plus parmi les hommes, et que par suite la Parole ne soit rejetée comme un écrit méprisable, et qu'ainsi la conjonction du Seigneur avec l'homme ne périsse, il a plu au Seigneur de révéler maintenant le sens spirituel de la Parole, pour qu'on sache où est cachée en elle la sainteté Divine.

     Ce sens est l'esprit, qui vivifie la lettre : en conséquence, il peut témoigner de la Divinité et de la sainteté de la Parole, et convaincre même l'homme naturel, s'il désire être convaincu.» - Vraie Religion Chrétienne, n° 200. Doctrine de l'Écriture Sainte, n° 4.

     « La raison pour laquelle le sens spirituel de la Parole a été maintenant révélé par le Seigneur est que la doctrine céleste des vérités réelles a été révélée ; et c'est cette doctrine, et nulle autre, qui concorde avec le sens spirituel de la Parole. - Doctrine de l'Écriture Sainte, n°25.
 
 

CE QUE C'EST QUE LE SENS SPIRITUEL

     « Le sens spirituel n'est pas celui qui brille d'après le sens de la lettre de la Parole, quand quelqu'un scrute et explique la Parole pour confirmer quelque dogme de l'Église. Ce sens-ci peut être appelé le sens littéral et ecclésiastique de la Parole, mais le sens spirituel ne se montre pas dans le sens de la lettre ; il est au-dedans de lui, comme l'âme dans le corps, comme la pensée de l'entendement dans les yeux, et comme l'affection de l'amour dans le visage. Ce sens fait principalement que la Parole est spirituelle, non seulement pour les hommes, mais encore pour les anges. C'est pourquoi, la Parole par ce sens communique avec les cieux. Comme la Parole intérieurement est spirituelle, c'est pour cela qu'elle a été écrite par de pures correspondances, et ce qui a été écrit par des correspondances a été écrit, dans le dernier sens, d'un style tel que celui des prophètes, des évangélistes et de l'Apocalypse, lequel, quoiqu'il semble vulgaire, renferme néanmoins en soi la Sagesse Divine et toute sagesse angélique. (Ce que c'est que la correspondance on peut la voir dans le Traité du Ciel et de l'Enfer, publié à Londres en 1758, où il a été question de la correspondance de toutes les choses du Ciel avec toutes celles de l'homme, nos87à102 et de la correspondance de toutes les choses du Ciel avec toutes celles de la terre, nos 103 à 115). » - Vraie Religion Chrétienne, n°194.

     « Le sens interne n'est pas seulement ce sens qui est caché dans le sens externe, mais c'est aussi celui qui résulte de plusieurs passages du sens de la lettre conférés régulièrement entre eux ; et il est saisi par ceux dont l'entendement a été éclairé par le Seigneur ; en effet, l'entendement éclairé discerne entre les vérités apparentées et les vérités réelles, surtout entre les faussetés et les vérités, quoiqu'il ne juge pas des vérités en elles-mêmes. Mais l'entendement ne peut être éclairé à moins qu'on ne croie que l'amour pour le Seigneur et la charité envers le prochain sont les choses principales et essentielles de l'Église. Quiconque procède d'après la reconnaissance de ces principes, pourvu qu'il soit lui-même en eux, voit des vérités innombrables, et même un grand nombre d'arcanes qui lui sont dévoilés, et cela d'après une reconnaissance intérieure, selon le degré où il est éclairé par le Seigneur. » - Arcanes Célestes, n° 7233.

Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui-là qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père ; et je l'aimerai et je me ferai connaître à lui. - Jean XIV, 21.


 

LA PAROLE ECRITE PAR DES CORRESPONDANCES

     « Il a été montré dans l'ouvrage intitulé Le Ciel et l'Enfer (nos 87-105), que toutes les choses de la nature, et aussi toutes celles du corps humain, jusqu'aux plus petites parties, correspondent aux choses spirituelles. Jusqu'ici cependant, on n'a pas su ce que c'est que la correspondance, bien que dans les temps très anciens, cela était très bien connu ; car alors la science des correspondances était la science des sciences, et elle était si universelle que tous les livres de l'antiquité ont été écrits dans le langage des correspondances. Le livre de job, qui est un livre ancien, est rempli de correspondances. Les hiéroglyphes des Égyptiens, ainsi que les mythologies de la plus haute antiquité, n'étaient autre chose que des correspondances. Toutes les Églises anciennes étaient représentatives de choses célestes ; leurs rites, ainsi que les ordonnances de leur culte consistaient exclusivement en correspondances. Il en fut de même de toutes les choses de l'Église parmi les fils de Jacob ; leurs offrandes brûlées et leurs sacrifices, ainsi que chaque détail qui s'y rapportait, n'étaient que des correspondances. Il en était de même du Tabernacle et de tout ce qu'il contenait ; de leurs fêtes, telles que celles du pain sans levain, des tabernacles et des prémices de la terre, aussi de la prêtrise d'Aaron et des Lévites, et des vêtements saints dont ils se revêtaient ; outre toutes les ordonnances et les jugements qui concernaient leur culte et leur vie. Or, comme les choses Divines se présentaient dans le monde au moyen de correspondances, c'est la raison pour laquelle la Parole fut écrite exclusivement au moyen de correspondances. C'est aussi la raison pour laquelle le Seigneur parla par des correspondances ; parce qu'Il parlait d'après son Divin ; car ce qui vient du Divin et descend dans la nature se manifeste en des choses qui correspondent aux Divines, de telle sorte qu'elles renferment dans leur sein les choses Divines qu'on appelle célestes et spirituelles. » - Doctrine de l'Écriture Sainte, n° 20.

     « Il est évident d'après les paraboles que prononça le Seigneur lorsqu'Il était, dans le monde, qu'Il parlait par des correspondances, qu'ainsi Il parlait spirituellement dans un langage naturel, où chaque mot contient un sens spirituel. Prenons, comme exemple, la parabole des dix vierges (Matt. XXV. 1-2) : Personne ne voit que dans chacune de ces paroles il y a un sens spirituel, à moins qu'il ne sache qu'il existe un sens spirituel et quel il est. Dans le sens spirituel, le « Royaume de Dieu » signifie le Ciel et l'Église : L'époux signifie le Seigneur ; les noces, la conjonction du Seigneur avec le Ciel et l'Église par le bien de l'amour et de la foi. Les vierges signifient ceux qui sont de l'Église ; dix, tous ; cinq, quelques-uns ; les lampes correspondent aux vérités de la foi ; l'huile au bien de l'amour ; par dormir et se lever, il est entendu la vie de l'homme dans le monde, laquelle est une vie naturelle et sa vie après la mort, qui est une vie spirituelle ; acheter, c'est se procurer ; aller vers ceux qui vendent, et acheter, c'est se procurer le bien de l'amour après la mort ; et comme on ne peut plus se procurer le bien de l'amour après la mort si on n'a pas vécu dans l'amour envers le prochain, ici-bas, l'époux leur répondit : « je ne vous connais point. » La raison en est qu'après sa vie dans le monde l'homme reste tel qu'il avait vécu dans le monde.

     D'après tout cela, il est évident que le Seigneur parlait exclusivement au moyen de correspondances, parce qu'il parlait d'après le Divin qui était en Lui, et qui était sien. Il est évident d'après d'innombrables passages dans la Parole prophétique que les expressions « Époux », « Royaume », « Noces », « dix », « cinq », « dormir », « acheter », « porter », « ne pas connaître », quand cela est dit par le Seigneur, ont la signification qui a été indiquée ci-dessus. C'est parce que les « vierges » signifient ceux qui sont de l'Église que la vierge et la fille de Jérusalem, de Sion, de Judas et d'Israël sont si souvent mentionnées dans les Livres prophétiques. Et c'est parce que « l'huile » signifie le bien de l'amour que toutes les choses saintes de l'Église Israélite étaient ointes d'huile. Il en est de même de toutes les autres paraboles, ainsi que de toutes les paroles que le Seigneur prononça ; c'est pour cette raison que le Seigneur dit que ses paroles sont esprit et vie. (Jean VI. 63). Vraie Religion Chrétienne, n° 199.

     Mon peuple, écoute ma loi ; prêtez l'oreille aux paroles, de ma bouche. J'ouvrirai ma bouche en similitudes ; je répondrai les choses cachées du temps passé, lesquelles nous avons ouïes et connues, et que nos pères nous ont racontées. - Ps. LXXVIII, 1-3.
Jésus dit toutes ces choses au peuple en similitudes, et Il ne leur parlait point sans similitudes ; de sorte que ce qui avait été dit par le prophète fut accompli : j'ouvrirai ma bouche en similitudes, j'annoncerai les choses qui ont été cachées depuis la création du monde. - Matt. XIII, 34,3 5.
Je vous ai dit ces choses par des similitudes ; mais le temps vient où je ne vous parlerai plus par des similitudes, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père. - Jean, XVI, 26.
 
 

CE QUE C'EST QUE LA CORRESPONDANCE

     « Il sera maintenant dit ce que c'est que la Correspondance. Tout le monde naturel correspond au monde spirituel, et non seulement le monde naturel en général, mais encore dans chacune des choses qui le composent. C'est pourquoi chaque chose qui, dans le monde naturel, existe d'après une chose spirituelle, est dite correspondante. Il faut qu'on sache que le monde naturel existe et subsiste d'après le monde spirituel, absolument comme l'effet d'après sa cause efficiente.

     Il y a chez tout être humain un monde spirituel et un monde naturel ; les choses intérieures, qui appartiennent à son esprit et se rapportent à son entendement et à sa volonté font son monde spirituel ; et les choses extérieures, qui appartiennent à son corps et se rapportent aux sens et aux actions du corps, font son monde naturel. II s'en suit que tout ce qui, dans son monde naturel, c'est-à-dire, dans son corps et dans les sens et les actions du corps, existe d'après son monde spirituel, c'est-à-dire d'après son esprit, ou d'après son entendement et sa volonté, est appelé correspondant.

     On peut voir la nature de la correspondance d'après le visage de l'homme : sur un visage qui n'a pas été instruit à dissimuler, toutes les affections de l'esprit se présentent à la vue dans une forme naturelle ; de là, le visage est appelé l'indice du caractère, c'est-à-dire du monde spirituel de l'homme dans son monde naturel ; de même, ce qui appartient à l'entendement se manifeste dans le langage, et ce qui appartient à la volonté, dans les gestes du corps. Les choses donc qui s'opèrent dans le corps, que ce soit sur le visage, ou dans le langage, ou dans les gestes, sont appelées des correspondances.

     D'après cela on peut voir aussi ce que c'est que l'homme interne et ce que c'est que l'homme externe, c'est-à-dire que l'homme interne est celui qui est appelé homme spirituel, et l'homme externe celui qui est appelé homme naturel. On peut voir encore que l'un a été distingué de l'autre, comme le ciel a été distingué du monde ; et que toutes les choses qui se font dans l'homme externe on naturel, se font d'après l'homme interne, ou spirituel. Ciel et Enfer, nos 89-92.
 
 

QUELQUES EXEMPLES DE CORRESPONDANCES

     « Toutes les choses qui existent dans la nature, depuis la plus petite jusqu'à la plus grande, sont des correspondances ; la raison en est que le monde naturel avec tout ce qui le constitue, existe et subsiste d'après le monde spirituel, et l'un et l'autre d'après le Divin. En effet, toute chose subsiste d'après un antérieur à soi, de même qu'un effet d'après sa cause. Quelque exemple mettront en lumière quelle est la correspondance des choses spirituelles avec les naturelles. Les animaux en général correspondent aux affections ; ceux qui sont doux et utiles, aux bonnes affections ; ceux qui sont féroces et inutiles, aux affections mauvaises. En particulier, les boucs correspondent aux affections naturelles ; les brebis et les agneaux, aux affections spirituelles ; et les volatiles selon leurs espèces correspondent aux choses intellectuelles. De là vient que divers animaux, tels que les boeufs, taureaux, béliers, brebis, chèvres, boucs, agneaux mâles et femelles, et aussi les colombes et tourterelles, avaient été admis pour un usage saint dans l'Église israélite, qui était une Église représentative et qu'avec ces animaux se faisaient les sacrifices et les holocaustes. Dans cet usage, en effet, ils correspondaient à des choses spirituelles, qui étaient comprises dans le Ciel selon les correspondances. L'homme aussi est semblable aux animaux quant à sa disposition naturelle ; c'est pourquoi on dit communément d'un homme doux que c'est un agneau ; s'il est féroce on l'appelle un loup ; s'il est astucieux, un renard ou un serpent, et ainsi de suite.

     « Il y a une semblable correspondance avec les choses qui sont du règne végétal : un jardin, en général, correspond au ciel quant à l'intelligence et à la sagesse ; c'est pour cela que le ciel est appelé jardin de Dieu et Paradis. Les arbres selon leurs espèces, correspondent aux perceptions et aux connaissances du bien et du vrai, d'où procèdent l'intelligence et la sagesse ; c'est pourquoi les Anciens qui étaient dans la science des correspondances, avaient leur culte dans des bocages : et c'est de là que, dans la Parole, si souvent des arbres sont nommés, et que l'homme est comparé à des arbres, par exemple, au cep, à l'olivier, au cèdre, au figuier et à d'autres, encore selon sa qualité ; et que les bonnes oeuvres sont comparées à des fruits. Les aliments qui en proviennent, surtout ceux que l'on tire des semences de la récolte des champs, correspondent aux affections du bien et du vrai, pour la raison que ces affections nourrissent la vie spirituelle, comme les aliments nourrissent la vie naturelle. C'est de là que le pain en général correspond à l'affection du bien parce que le pain, plus que tous les autres aliments, soutient la vie, et parce que par lui est entendue toute nourriture. C'est à cause de cette correspondance que le Seigneur se nomme le Pain de vie, c'est aussi pour la même raison que les pains furent un usage saintdans l'Église israélite, car ils étaient placés sur la table dans le tabernacle, et appelés « pains des faces » ; c'est encore pour la même raison que tout le culte Divin qui se faisait par des sacrifices et des holocaustes, était nommé « Pain ». C'est même à, cause de cette correspondance que, dans l'Église chrétienne, l'acte le plus saint du culte est la Sainte Cène, dans laquelle on donne du pain et du vin. D'après ces exemples on peut voir quelle est la correspondance. » - Ciel et Enfer, nos 110, 111.

Voici, je vous envoie comme des brebis parmi des loups ; soyez donc prudents comme des serpents et, simples comme des colombes. - Matt. X, 16.
Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir Son oeuvre. - Jean, IV, 34.


 
 

LA SCIENCE DES CORRESPONDANCES
BIEN CONNUE DANS L'ANTIQUITE FUT PERDUE PAR LA SUITE

     « J'ai appris que les hommes de la Très-Ancienne Église, qui exista avant le Déluge, étaient d'un génie si céleste qu'ils parlaient avec les anges du Ciel, et qu'ils pouvaient s'entretenir avec eux par les correspondances ; de là, l'état de leur sagesse devint tel, que tout ce qu'ils voyaient sur la terre, non seulement ils y pensaient naturellement, mais encore en même temps spirituellement, par conséquent conjointement avec les anges du ciel. De plus, j'ai appris qu'Énoch, dont il est parlé dans la Genèse, - V, 21-24 - et ceux de sa société recueillirent de leur bouche les correspondances, et en transmirent la science à la postérité, d'où il arriva que la science des correspondances fut non seulement connue, mais encore cultivée dans un grand nombre de royaumes de l'Asie, surtout dans la terre de Canaan, en Égypte, en Assyrie, en Chaldée, en Syrie, en Arabie, à Tyr, à Sidon, à Ninive, et que de là elle fut transportée en Grèce ; mais là elle fut changée en récits fabuleux, comme on peut le voir par les écrits des plus anciens auteurs de cette contrée. »

     « Afin qu'on puisse voir que la Science des correspondances a été longtemps conservée chez les nations en Asie, toutefois chez ceux qui étaient appelés devins et sages, et par quelques-uns, mages, je vais rapporter un seul exemple tiré de Samuel - I, ch. V et VI - Là, il est dit que l'Arche, où étaient les deux tables sur lesquelles le Décalogue avait été gravé, fut prise par les Philistins, et placée clans le temple de Dagon à Ashdod ; que Dagon tomba par terre devant elle, et qu'ensuite sa tête et ses deux mains séparées du corps furent trouvées étendues sur le seuil du Temple ; que les habitants d'Ashdod et d'Ekron, au nombre de plusieurs milliers, furent frappés d'hémorroïdes à cause de l'Arche, et que leur terre fut dévastée par des rats ; qu'en conséquence les Philistins convoquèrent les satrapes et les devins ; et que, pour prévenir leur ruine, ils décidèrent qu'on ferait cinq hémorroïdes et cinq rats en or, et un char neuf ; qu'on placerait l'Arche dessus, et près d'elle les hémorroïdes et les rats en or, et que le char serait conduit par deux vaches ; et les vaches beuglant dans le chemin conduisirent l'Arche vers les fils d'Israël, qui sacrifièrent les vaches et le char ; et ainsi le Dieu d'Israël fut rendu propice. On peut voir que toutes les choses imaginées par les devins des Philistins étaient des correspondances par leur signification que voici : Les Philistins eux-mêmes signifiaient ceux qui sont dans la foi séparée d'avec la charité ; Dagon représentait cette religiosité ; les hémorroïdes dont ils furent frappés signifiaient les amours naturels qui, étant séparés de l'amour spirituel, sont impurs ; et les rats signifiaient la dévastation de l'Église par les falsifications de la Vérité Divine ; le char neuf signifiait la doctrine vraie de l'Église, car le char, dans la Parole signifie la doctrine d'après les vérités, spirituelles ; les vaches signifiaient les affections naturelles bonnes ; les hémorroïdes en or signifiaient les amours naturels purifiés et devenus bons ; les rats en or signifiaient la suppression de la vastation de l'Église par le bien ; le beuglement des vaches dans le chemin signifiait la conversion difficile des convoitises du mal de l'homme naturel en des affections bonnes. Le sacrifice des vaches avec le char signifiait qu'ainsi le Dieu d'Israël était devenu propice. Toutes ces choses que firent les Philistins par le conseil de leurs devins étaient des correspondances, d'où il résulte évidemment que cette science avait été conservée longtemps chez les nations.

     Quand les rites représentatifs de l'Église, qui étaient des correspondances, eurent commencé par le laps de temps, à être changés en idolâtrie et aussi en magie, cette science d'après la Divine Providence du Seigneur, tomba successivement dans l'oubli, et chez la nation israélite et juive elle fut entièrement oblitérée. En vérité, le culte de cette nation consistait en de pures correspondances, et par suite était représentatif des choses célestes ; mais néanmoins les Israélites et les juifs ne savaient pas ceque ce culte signifiait ; car c'étaient des hommes tout à fait naturels ; et par suite ils ne voulaient et ne pouvaient rien savoir des choses spirituelles et célestes, et par conséquent rien des correspondances, car les correspondances sont les représentations des choses spirituelles et des choses célestes dans le plan naturel.

     Aujourd'hui cette science est complètement perdue, de sorte qu'on ne sait pas même qu'elle existe ; et dans le monde chrétien c'est au point que, si l'on dit que toutes les choses de la Parole, dans le sens de la lettre, signifient des choses célestes d'après la correspondance, et que c'est de là que la Parole a un sens interne, on ne sait pas ce que cela veut dire. » - VraieReligion Chrétienne, Nos 202-204.
 
 

PAR LA PAROLE IL Y A COMMUNICATION AVEC LE CIEL

     « Puisqu'il y a une correspondance entre la pensée spirituelle et la pensée naturelle, et que les anges sont dans la pensée spirituelle, il s'en suit que les anges perçoivent spirituellement ce que l'homme perçoit naturellement, et cela à l'instant sans aucune réflexion sur la différence ; cela arrive surtout quand l'homme lit la Parole, ou quand il pense d'après la Parole ; car la Parole a été écrite de sorte qu'il y a correspondance dans toutes les choses qui s'y trouvent. Soit, par exemple, quand l'homme lit ces paroles du Seigneur dans Matthieu : « Après l'affliction de ces jours le soleil sera obscurci, et la lune ne donnera plus sa lueur, et les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées ; alors apparaîtra le signe du Fils de l'Homme, et alors gémiront toutes les tribus de la terre, et elles verront le Fils de l'Homme venant dans les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. » - XXIV. 29, 30. - Les anges perçoivent ces paroles tout autrement que l'homme ; par le soleil qui sera obscurci, ils perçoivent non le soleil, mais l'amour envers le Seigneur ; par la lune, la foi envers le Seigneur ; par les étoiles, les connaissances du bien et du vrai ; par le Fils de l'homme ils perçoivent le Seigneur quant à la Divine Sagesse ; par les tribus de la terre, toutes les vérités de l'Église ; par les nuées du ciel, la Parole dans le sens de la lettre ; et par la puissance et la grande gloire, la Parole dans le sens interne. Les anges d'après la correspondance viennent à l'instant dans cet entendement de ces paroles, quand l'homme les lit, et ils ne savent pas que l'homme pense au soleil, à la lune, aux étoiles, aux nuées du ciel, et autres choses de ce passage ; cela vient de ce que les anges sont dans l'idée spirituelle, et que l'idée spirituelle est telle, que les choses qui appartiennent à la nature, sont tournées en choses de la lumière céleste, qui est la Vérité Divine procédant du Seigneur. Si les anges perçoivent ainsi la Parole, lorsque l'homme les lit, c'est aussi parce que les anges sont chez les hommes et habitent dans ses affections ; et parce que l'homme quant à son esprit est en société avec les esprits, et quant à sa pensée intérieure, qui est spirituelle, en société avec les anges du ciel ; de là aussi pour l'homme la faculté de penser. » - Arcanes Célestes, no 10.604.

L'ange de l'Éternel campe autour de ceux qui le craignent et les délivre. - Ps. XXXIV, 7.
Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges voient sans cesse dans les cieux la face de mon Père qui est aux cieux. - Matt. XVIII, 10.


 
 

DANS CHAQUE CHOSE DE LA PAROLE
IL Y A LE MARIAGE DU SEIGNEUR ET DE L'ÉGLISE

     « Dans chaque chose de la Parole il y a le Mariage du Seigneur et de l'Église, et par suite le mariage du bien et du vrai ; mais cela n'a pas été vu jusqu'à ce jour, et n'a pu être vu, parce que le sens spirituel de la Parole n'avait pas encore été dévoilé, et que ce mariage ne peut être vu que par ce sens. En effet, il y a dans la Parole, cachés dans le sens de la lettre, deux sens, qui sont appelés spirituel et céleste ; le sens spirituel se rapporte principalement à l'Église, et le sens céleste, principalement au Seigneur ; en outre, ce qui appartient au sens spirituel se rapporte au Divin Vrai ; et ce qui appartient au sens céleste, au Divin Bien ; de 'là dans la Parole ce mariage. Mais cela n'est évident que pour celui qui, d'après le sens spirituel et le sens céleste de la Parole, connaît les significations des mots, et des noms, car certains mots et certains noms se disent du bien, d'autres du vrai ; et d'autres renferment l'un et l'autre. C'est pourquoi sans cette connaissance, le mariage dont il vient d'être parlé dans chaque chose de la Parole n'a pas pu être vu. Telle est la raison pour laquelle cet arcane n'a pas été dévoilé auparavant. Comme il existe un tel mariage dans chaque chose de la Parole, voilà là pourquoi il y a si souvent dans la Parole deux expressions qui semblent être des répétitions d'une même chose ; cependant elles ne sont pas des répétitions, mais l'une se réfère au bien, et l'autre au vrai, et toutes deux prises ensemble en font la conjonction, ainsi une seule chose. De là vient aussi la Divine Sainteté de la Parole ; car dans toute oeuvre Divine il y a le bien conjoint au vrai, et le vrai conjoint au bien.

     Il est dit que dans chaque chose de la Parole il y a le mariage du Seigneur et de l'Église, et par suite le mariage du bien et du vrai, parce que là où est le mariage du Seigneur et de l'Église, là aussi est le mariage du bien et du vrai, car ce mariage-ci vient de l'autre. En effet, quand l'homme de l'Église est dans les vrais, le Seigneur influe avec le bien dans ces vrais et les vivifie, ou, ce qui revient au même, quand l'homme de l'Église est dans l'entendement du vrai, le Seigneur par le bien de la charité, influe dans son entendement, et ainsi Il y répand la vie. Il y a chez chaque homme deux facultés de la vie, qui sont appelées l'entendement et la volonté. L'entendement est le réceptacle du vrai, et par conséquent de la sagesse, et la volonté est le réceptacle du bien, et par conséquent de la charité. Ces deux facultés doivent faire un pour que l'homme soit homme de l'Église ; et elles font un quand l'homme forme son entendement d'après les vrais réels, ce qui est fait selon l'apparence comme par lui-même, et quand sa volonté est remplie du bien de l'amour, ce qui est fait par le Seigneur ; de là chez l'homme il y a la vie du vrai et la vie du bien ; la vie du vrai dans l'entendement, et la vie du bien dans la volonté, lesquelles, après avoir été unies, font non pas deux vies, mais une seule vie. C'est là le mariage du Seigneur et de l'Église, et aussi le mariage du bien et du vrai chez l'homme.

     Tout lecteur qui lit la Parole attentivement peut voir que dans la Parole il y a constamment deux expressions qui semblent être des répétitions d'une même chose ; par exemple « frère et compagnon », « pauvre et indigent », « désert et solitude », « vide et inanité », « adversaire et ennemi », « péché et iniquité », « colère et emportement », « nation et peuple », « joie et allégresse », « deuil et larmes », « justice et jugement », etc. ; ces expressions semblent être synonymes, et cependant elles ne le sont pas, car « frère, pauvre, désert, vide, adversaire, péché, colère, nation, joie » se disent du bien et dans le sens opposé se disent du mal ; tandis que « compagnon, indigent, solitude, inanité, emportement, peuple, allégresse, larmes, jugement » se disent du vrai, et, dans le sens opposé, du faux ; et cependant il semble au lecteur qui ne connaît pas cet arcane que « pauvre et indigent », « désert et solitude », « justice et jugement », etc. sont une seule chose. Toutefois, ils ne sont pas une seule chose, mais ils deviennent une seule chose par la conjonction. Il y a aussi dans la Parole plusieurs expressions qui sont accouplées, comme « feu et flamme », « or et argent », « airain et fer », « bois et pierre », « pain et eau », « pain et vin », « pourpre et fin lin », etc. parce que le feu, l'or, l'airain, le bois, le pain, le pourpre, se disent du bien, et que la flamme, l'argent, le fer, la pierre, l'eau, le vin et le fin lin se disent du vrai. C'est pour la même raison qu'il est dit qu'on doit aimer Dieu de tout son coeur et de toute son âme, et que Dieu créera dans l'homme un nouveau coeur et un nouvel esprit, car le coeur se dit du bien de l'amour, et l'âme et l'esprit se disent des vrais de la foi. » - VraieReligion Chrétienne, Nos 248 - 250.
 
 

LES ÉLÉMENTS JEHOVISTES ET ELOHISTES DE LA PAROLE

     « C'est à cause du mariage du Divin Bien et du Divin Vrai dans chaque chose de la Parole, que dans un grand nombre de passages il est dit l'Éternel Dieu, et aussi l'Éternel et le Saint d'Israël, comme s'ils étaient deux, lorsque cependant ils sont Un ; car par l'Éternel il est entendu le Seigneur quant au Divin Bien du Divin Amour, et par Dieu et par le Saint d'Israël, il est entendu le Seigneur quant au Divin Vrai de la Divine Sagesse. » - Vraie Religion Chrétienne, N° 253.

     « Dans le deuxième chapitre de la Genèse il s'agit de l'homme céleste ; alors que dans le chapitre précédent il s'agissait de la régénération de l'homme spirituel ; c'est ce qu'on peut voir clairement du fait qu'il y est dit qu'aucune herbe n'avait encore germé ; qu'il n'y avait aucun homme pour cultiver l'humus, et que l'Éternel Dieu forma l'homme, ensuite toute bête et tout oiseau des cieux, quoique cependant il eût été parlé de leur création dans le chapitre précédent ; il s'agit donc ici d'un autre homme. C'est ce qui est encore évident en ce que l'expression l'Éternel Dieu est employée maintenant pour la première fois, tandis que dans ce qui précède, où il s'agit de l'homme spirituel, c'est seulement Dieu qui est nommé ; et en ce qu'il est parlé maintenant d'humus et de champ, tandis que précédemment il n'était question que de terre. » - Arcanes Célestes, Nos81, 89.

     « De même dans le 30e chapitre de la Genèse, et dans les suivants jusqu'à joseph, il est dit Dieu, alors que dans ceux qui précèdent immédiatement il est dit l'Éternel. La raison en est que dans ceux qui précèdent il s'agissait de la régénération de l'homme céleste, tandis que dans ceux-ci il s'agit de celle de l'homme spirituel. Car Dieu est nommé quand il s'agit du bleu de la foi qui appartient à l'homme spirituel, et l'Éternel est nommé quand il s'agit du bien de l'amour qui appartient à l'homme Céleste. C'est là un arcane qui est caché dans ces expressions, et que personne ne peut connaître que d'après le sens interne, et aussi à moins qu'il ne cache ce que c'est que l'homme céleste, et ce que c'est que l'homme spirituel. » - Arcanes Célestes N°3921.
 
 

LES QUATRE STYLES DE LA PAROLE

     « Il y a en général dans la Parole, quatre styles différents. Le premier est celui qui exista dans la Très-Ancienne Église. La manière de s'exprimer des hommes de cette Église est telle, que quand ils nommaient des choses terrestres et mondaines, ils pensaient aux choses spirituelles et célestes qu'elles représentaient. C'est pourquoi non seulement ils s'exprimaient par des représentatifs, mais ils les rédigeaient aussi en une sorte de série pour ainsi dire historique pour leur donner plus de vie, ce qui leur procurait un très grand plaisir. Ces représentatifs sont nommés dans David « énigmes de l'antiquité » - Psaume LXXVIII, 2, 3, 4.

     Le deuxième style est le style historique ; c'est celui des livres de Moïse, depuis le temps d'Abraham, et des livres de Josué, des juges, de Samuel et des Rois, dans lesquels les faits historiques sont absolument tels qu'ils sont rapportés dans le sens de la lettre ; mais toujours est-il que dans le sens interne ils renferment, en général et en particulier, des choses entièrement différentes.

     Le troisième est le style prophétique qui est né du style de la Très-Ancienne Église, pour lequel on avait beaucoup de vénération ; il n'est pas continu, ni en apparence historique, comme celui des Très-Anciens, mais il est sans liaison et à peine intelligible, si ce n'est dans le sens interne où sont de très profonds arcanes qui se trouvent liés ensemble dans un ordre admirable, et qui concernent l'homme externe et l'homme interne, plusieurs états de l'Église, le Ciel lui-même, et dans les intimes, le Seigneur.

     Le quatrième style est celui des Psaumes de David ; il tient le milieu entre le style prophétique et le langage ordinaire ; là, sous la personne de David comme Roi, il s'agit dans le sens interne, du Seigneur. » - Arcanes Célestes, N° 66.
 
 

LES RÉCITS HISTORIQUES DE LA PAROLE SONT SPÉCIALEMENT POUR LES ENFANTS

     « La Parole a été donnée pour unir le ciel et la terre, ou les anges avec les hommes ; c'est pourquoi elle est écrite de manière qu'elle soit saisie spirituellement par les anges quand elle l'est naturellement par l'homme, et qu'ainsi par les anges influe la sainteté par laquelle se fait l'union ; telle est la Parole, tant dans les livres historiques que dans les prophétiques ; mais le sens interne est moins apparent dans les récits historiques parce qu'ils ont été écrits dans un autre style, mais toujours cependant par des significatifs. Les livres historiques ont en conséquence été donnés, afin que les enfants du premier et du second âge soient initiés par eux dans la lecture de la Parole, car ces récits leur font plaisir, et se fixent dans leur, esprit, ce qui leur donne ainsi communication avec les cieux, communication qui est agréable, parce que ces enfants sont dans l'état de l'innocence et de la charité mutuelle ; tel est le motif de la Parole historique. » - Arcanes Célestes, n° 6333.

     « Quand l'homme est régénéré, il est conduit par le Seigneur d'abord comme un petit enfant, ensuite comme un enfant, puis comme un adolescent, et enfin comme un adulte. Les vérités qu'il apprend comme enfant du second âge, sont absolument externes, car il ne peut pas encore saisir les vérités intérieures. Ces vérités ne sont que les connaissances de choses dans lesquelles sont intimement des choses Divines ; en effet, il y a des connaissances dans lesquelles il n'y a intimement rien de Divin, et des connaissances dans lesquelles il y en a Celles dans lesquelles il y a intimement du Divin sont telles qu'elles peuvent admettre de plus en plus, successivement et par ordre, les vérités intérieures, spirituelles et célestes. Les connaissances qui sont apprises au premier ou second âge de l'enfance sont comme des réceptacles qui doivent être remplis de biens, et à mesure qu'ils sont remplis, l'homme est éclairé. Si les réceptacles sont de telle nature, que les biens réels puissent y être, alors l'homme est éclairé par le Divin qui est intérieurement en eux, et cela successivement de plus en plus. De telles connaissances sont celles des récits historiques de la Parole, comme celles qui y sont mentionnées sur le Paradis, sur le premier homme, sur l'arbre de vie qui était au milieu du jardin, et sur l'arbre de la connaissance du bien et du mal où était le serpent qui trompa la femme ; ce sont là des connaissances qui ont en elles-mêmes le Divin, et qui admettent en elles les biens et les vrais spirituels et célestes, parce qu'elles les représentent et les signifient. Au nombre de ces connaissances sont aussi toutes les autres choses qui sont dans les livres historiques de la Parole, par exemple, celles qui concernent le Tabernacle, le Temple, les vêtements d'Aaron et de ses fils ; de même aussi celles qui ont rapport aux fêtes des tabernacles, des prémices des moissons, et des pains sans levain, etc. Quand un enfant sait ces choses et y pense, les anges qui sont chez lui pensent alors aux choses Divines qu'elles représentent et signifient ; et comme les anges en sont affectés, leur affection est communiquée, et produit le plaisir et l'agrément que l'enfant éprouve en pensant à ces choses, et elles préparent son esprit à recevoir les vérités et les biens réels. » - Arcanes Célestes, N° 3665.
 
 

LE CANON

     « Les livres de la Parole sont tous ceux qui ont un sens interne ; mais ceux qui n'en ont pas ne sont pas la Parole. Les livres de la Parole dans l'Ancien Testament sont les cinq livres de Moïse, le livre de Josué, le livre des juges, les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les Psaumes de David, les Prophètes, Ésaïe, Jérémie, les Lamentations, Ézéchiel, Daniel, Hosée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Habakuk, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie ; et dans le Nouveau Testament, les quatre évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean ; et l'Apocalypse. » - Arcanes Célestes, n° 10325.

Les paroles que je vous dis, sont esprit et vie. - Jean VI, 63.


 
 

Les Épîtres des Apôtres

     « Dans les évangiles sont les paroles du Seigneur Lui-Même, qui toutes renferment un sens spirituel, par lequel il y a une communication immédiate avec le Ciel ; mais dans les écrits des apôtres il n'y a pas un tel sens ; néanmoins, ces écrits sont des livres utiles à l'Église. » - Apocalypse Expliquée, N° 815.


(1) Voyez la brochure de cette série intitulée « L'Incarnation »
(2) Les passages cités sont au nombre de plus de trois cent.