L'ETAT INTERMEDIAIRE
ET LE JUGEMENT

  

     « Le monde des esprits n'est pas le ciel, et ce n'est pas non plus l'enfer, mais c'est le lieu ou l'état intermédiaire entre les deux. C'est là où vient l'homme après sa mort, et de là, après un certain temps, il est soit élevé dans le ciel, soit précipité en enfer, suivant ce qu'a été sa vie dans le monde.

     « Le monde des esprits est l'état intermédiaire de la vie de l'homme après la mort, parce que tant que l'homme s'y trouve, il n'est ni dans le ciel ni en enfer. L'état du ciel chez l'homme est la conjonction du bien et du vrai en lui, et l'état de l'enfer est celle du mal et du faux. Quand le bien est conjoint au vrai chez un esprit, il entre dans le ciel parce que, comme il vient d'être dit, cette conjonction est le ciel en lui ; mais quand le mal chez un esprit est conjoint au faux, il va en enfer, parce que cette conjonction est l'enfer en lui. Cette conjonction, soit du bien et du vrai, soit du mal et du faux, s'effectue dans le monde des esprits, parce que l'homme est alors dans un état intermédiaire. C'est la même chose si l'on dit la conjonction de l'entendement et de la volonté, ou la conjonction du vrai et du bien. »

     « Puisque le monde des esprits est l'état intermédiaire, c'est aussi le lieu intermédiaire entre le ciel et l'enfer : au-dessous sont les enfers, et au-dessus sont les cieux. » - Ciel et Enfer, nos 421, 422, 423.

     « Abraham répondit :

     Il y a un grand abîme entre vous et nous ; de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous ne le peuvent, non plus que ceux qui voudraient passer de là ici. - Luc. XVL 26. 
 
 

POURQUOI L'ETAT INTERMEDIAIRE EST APPELE LE MONDE DES ESPRITS

  
     « Tout homme, après la mort, vient d'abord dans le monde des esprits, qui tient le milieu entre le ciel et l'enfer ; et là, selon sa vie, il est préparé ou pour le ciel, ou pour l'enfer ; tant qu'il reste dans ce monde, il est appelé esprit, celui qui de ce monde a été élevé dans le ciel est appelé ange, et celui qui a été précipité en enfer est appelé satan ou diable. Celui qui est préparé pour le ciel est appelé esprit angélique, et celui qui est préparé pour l'enfer, esprit infernal. Pendant cette préparation, l'esprit angélique a été conjoint avec le ciel, et l'esprit infernal avec l'enfer. Tous les esprits, qui sont dans le monde des esprits, ont été adjoints à des hommes, parce que les hommes quant aux intérieurs de leur mental sont pareillement entre le ciel et l'enfer, et par ces esprits ils communiquent avec le ciel ou avec l'enfer, selon la vie. Il faut qu'on sache qu'autre est le monde des esprits, et autre le monde spirituel ; le monde des esprits est celui dont il vient d'être parlé ; mais le monde spirituel comprend dans le complexe ce monde des esprits, le ciel et l'enfer. » - Divin Amour et Divine Sagesse, n° 140.
 
 

LE MONDE SPIRITUEL EST SUBSTANTIEL ET REEL

   
     « Dans le monde spirituel, ou dans le monde où se trouvent les esprits et les anges, il y a des choses semblables à celles que l'on voit dans le monde naturel où sont les hommes ; et ces choses sont tellement semblables qu'il n'y a aucune différence quant à leur aspect. On y voit des plaines, des montagnes et des collines séparées par des vallées, ainsi que des lacs et des cours d'eau, et beaucoup d'autres choses encore telles qu'on en voit dans le monde. Néanmoins, elles ont toutes une origine spirituelle et, par conséquent, ne sont visibles qu'aux yeux des esprits et des anges, mais pas à ceux des hommes, parce que ces derniers sont dans le monde naturel. Les êtres spirituels voient les choses qui ont une origine spirituelle, et les êtres naturels celles qui ont une origine naturelle.

     C'est pour cette raison qu'il est absolument impossible à l'homme de voir les choses qui sont dans le monde spirituel, à moins qu'il ne lui soit accordé d'avoir la vue spirituelle ouverte, et à moins qu'il ne soit devenu esprit après la mort. La raison en est que les yeux de l'homme sont adaptés à la lumière du monde naturel, tandis que les yeux des anges et des esprits sont adaptés à la lumière du monde spirituel ; et cependant, les yeux des uns et des autres sont en des apparences tout à fait semblables. L'homme naturel ne peut comprendre que telle est la nature du monde spirituel, et encore moins l'homme sensuel qui ne croit que ce qu'il voit de ses yeux, et ce qu'il touche de ses mains ; et comme il ne pense que d'après ce qu'il peut voir et toucher, il s'ensuit que sa pensée est naturelle et non spirituelle. Si grande est la similitude entre le monde spirituel et le monde naturel que l'homme, après la mort, est persuadé qu'il est toujours dans le monde où il est né et qu'il a quitté. C'est pourquoi tous les nouveaux venus disent que la mort n'est qu'une transition d'un monde dans un autre qui lui est semblable. » - Ciel et Enfer, n° 582.

     Après cela, je regardai, et je vis une porte ouverte dans le ciel ; et la première voix que j'avais entendue comme celle d'une trompette, et qui parlait avec moi, me dit : Monte ici, et je te ferai voir des choses qui doivent arriver dans la suite. Et aussitôt je fus ravi en esprit ; et voici, un trône était dressé dans le ciel, et quelqu'un était assis sur ce trône. - Apoc. IV. 1, 2.

     Et moi, Jean, je vis ces choses et je les ai entendues. - Apoc. XXII. S. 
 
 

LE MONDE SPIRITUEL A SON PROPRE TEMPS
ET SON PROPRE ESPACE

   
     « Dans le monde spirituel il n'y a point d'espaces matériels, ni de temps qui y correspond ; mais néanmoins il y a des apparences d'espaces et de temps ; et ces apparences sont selon les différences des états dans lesquels y sont les esprits et les anges ; aussi les temps et les espaces y sont-ils conformes aux affections de leur volonté et par suite aux pensées de leur entendement. Toutefois, ces apparences sont réelles, parce qu'elles sont constantes selon les états des esprits et des anges. La commune opinion sur l'état des âmes après la mort, et par suite aussi sur celui des anges et des esprits, c'est qu'ils ne sont dans aucune étendue, par conséquent ni dans l'espace ni dans le temps. D'après cette idée on dit qu'ils sont des souffles, dont on ne pense autre chose que ce qu'on pense de l'air, d'une vapeur ou du vent, lorsque cependant ils sont des hommes et des femmes substantiels et vivent en sociétés, comme les hommes du monde naturel, sur des espaces et dans une progression de temps déterminée selon les états de leurs mentals. S'il en était autrement, cet univers dans lequel demeurent les anges et les esprits pourrait passer par le trou d'une aiguille. Mais puisqu'il y a une étendue substantielle, c'est pour cela que les anges habitent entre eux aussi séparément et distinctement, et même plus distinctement que les hommes pour lesquels il y a une étendue matérielle. Toutefois, les temps n'y ont point été distingués en jours, semaines, mois et années, parce que là le soleil n'apparaît ni se lever, ni se coucher, ni décrire une circonférence ; mais il reste fixe à l'orient dans le degré moyen entre le Zénith et l'horizon ; et il y a des espaces pour eux, parce que toutes les choses qui sont matérielles dans le monde naturel sont substantielles dans le monde spirituel.

     « D'après ce qui vient d'être dit, on peut comprendre que les espaces et les temps sont les limites de toutes les choses qui sont dans l'un et l'autre monde, et que par suite les hommes aussi bien que les anges et les esprits sont maintenus dans certaines limites, non seulement quant à leur corps mais aussi quant à leur âme. - Vraie Religion Chrétienne, n° 29.
 
 

LE GRAND ABIME ENTRE LE CIEL ET L'ENFER

   
     « Pour qu'on puisse comprendre comment l'homme peut être tenu dans le milieu entre le ciel et l'enfer, et par là dans l'équilibre spirituel, dont résulte pour lui le libre arbitre, il va être donné quelques explications :

     « Le monde spirituel est composé du ciel et de l'enfer. Entre le ciel et l'enfer il y a un grand intervalle, qui apparaît à ceux qui y sont comme un monde ; dans cet intervalle s'exhale de l'enfer le mal en toute abondance, et influe du ciel le bien, aussi en toute abondance ; c'est au sujet de cet intervalle qu'Abraham dit au riche en enfer :

     Entre nous et vous un gouffre immense a été établi, de sorte que ceux qui veulent traverser d'ici vers vous ne le peuvent, non plus que ceux de là vers nous. - Luc, XVI. 26.

     « Au milieu de cet intervalle est tout homme quant à son esprit, et cela uniquement afin qu'il soit dans le libre arbitre, cet intervalle, parce qu'il est immense et apparaît à ceux qui y sont comme un grand monde, est appelé Monde des Esprits ; il est plein d'esprits aussi, parce que tout homme après la mort vient d'abord là, et y est préparé ou pour le ciel ou pour l'enfer ; il est là, en société parmi les esprits comme auparavant parmi les hommes dans le monde naturel. Il n'y a point là de purgatoire. Le purgatoire est une fable inventée par les Catholiques Romains. » - Vraie Religion Chrétienne, n° 475.
 
 

LE BUT ET LA DUREE DU SEJOUR
DE L'HOMME DANS L'ETAT INTERMEDIAIRE

   
     « Presque tout homme aujourd'hui est dans un tel état qu'il a des connaissances des vérités de la foi, et qu'il pense aussi à ces vérités d'après la mémoire et d'après son entendement ; et soit il met en pratique un grand nombre de ces vérités, ou un petit nombre seulement, ou encore aucune d'elles ; soit il agit contre elles d'après l'amour du mal. Afin donc qu'il puisse être préparé, soit pour le ciel, soit pour l'enfer, il est d'abord introduit après la mort dans le monde des esprits ! Et là une conjonction du bien et du vrai est effectuée chez ceux qui doivent être élevés dans le ciel, et par contre une conjonction du mal et du faux chez ceux qui doivent être précipités en enfer. Car il n'est permis à personne, ni dans le ciel ni dans l'enfer, d'avoir un esprit divisé, c'est-à-dire de comprendre une chose et de vouloir le contraire ; mais chacun doit comprendre ce qu'il veut et vouloir ce qu'il comprend. Dans le ciel par conséquent, celui qui veut le bien d'après l'amour du bien, comprendra le vrai ; et dans l'enfer, celui qui veut le mal d'après l'amour du mal, comprendra ce qui est faux. À cause de cela, chez les bons, les faussetés sont éloignées dans ce monde intermédiaire, et à leur place les vérités qui concordent et s'harmonisent avec leur bien leur sont données ; tandis que chez les méchants par contre, les vérités qu'ils avaient apprises sont ôtées, et des faussetés qui concordent et s'harmonisent avec leur mal leur sont données. D'après ces explications, il apparaît clairement quel est le monde des esprits.

     « Il y a là des multitudes d'esprits, parce que tous ceux qui ont vécu dans le monde y sont introduits après la mort, et c'est là que chacun est examiné et préparé pour sa demeure éternelle. Il n'y a point de terme fixe pour la durée de séjour de chacun dans ce monde. Quelques-uns, à peine arrivés, sont immédiatement élevés au ciel ou précipités en enfer ; d'autres n'y séjournent que quelques semaines, et d'autres encore plusieurs années ; mais personne n'y reste plus de trente ans. Les différences dans la durée du séjour dépendent de la correspondance ou du manque de correspondance entre les intérieurs et les extérieurs de chacun. » - Ciel et Enfer, n° 426.
 
 

LES TROIS ETATS DE L'HOMME DANS LE MONDE DES ESPRITS

   
     « Il y a trois états par lesquels passe l'homme après la mort, avant d'entrer, soit dans le ciel, soit dans l'enfer. Le premier état, est celui de ses extérieurs ; le second, celui de ses intérieurs ; et le troisième, celui de sa préparation. L'homme passe par ces différents états dans le monde des esprits ; toutefois, quelques-uns sont ou élevés au ciel ou précipités en enfer immédiatement après la mort. Ceux qui sont élevés immédiatement au ciel sont ceux qui ont été régénérés, et par conséquent préparés pour le ciel dans le monde. Ceux qui sont tels qu'ils n'ont plus qu'à rejeter les souillures du corps, sont immédiatement introduits par les anges dans le ciel. J'en ai vu qui furent ainsi élevés peu après leur décès. Mais ceux qui, sous une apparence extérieure de bonté ont été intérieurement méchants, et ont ainsi rempli la mesure de leurs méchancetés avec des artifices, en se servant d'un bien externe comme moyen de tromperie, sont immédiatement envoyés en enfer. Toutefois ceux-là comme ceux-ci sont peu nombreux en comparaison de ceux qui séjournent dans le monde des esprits, et qui y sont préparés, selon l'Ordre Divin, soit pour le ciel soit pour l'enfer. » - Ciel et Enfer, n° 491.
 
 

LES IDEES ERRONEES CONCERNANT LE JUGEMENT DERNIER

   
     « Il m'a été accordé de me trouver pendant de nombreuses années dans la compagnie des anges, et aussi de m'entretenir avec ceux qui sont dans l'enfer ; parfois pendant toute une journée, du matin au soir, et ainsi d'être renseigné en ce qui concerne le ciel et l'enfer. Cette expérience m'a été accordée afin que l'homme de l'Église ne continue pas dans la foi erronée concernant la résurrection au jour du jugement dernier, et l'état de l'âme avant ce jour, ainsi que sur l'origine des anges et du diable. Cette foi, étant une foi en ce qui est faux, plonge l'homme dans l'obscurité, et induit d'abord le doute chez ceux qui pensent à ces sujets d'après leur propre intelligence, et enfin ils rejettent complètement l'idée de la vie après la mort. Car, ils pensent en eux-mêmes, comment serait-il possible qu'un firmament si vaste, rempli d'un si grand nombre de constellations avec le soleil et la lune soit détruit et dissipé ? Et comment les étoiles peuvent-elles tomber sur la terre, lorsque chacune d'elles est plus grande que la terre ? Et comment les corps qui ont été rongés par les vers, consumés par la corruption, et éparpillés à tous les vents, peuvent-ils être reconstitués de façon à servir de nouveau d'habitacle à l'âme ? Où est l'âme dans l'intervalle ? Et qu'est-elle alors, privée du sens qu'elle avait dans le corps ? Outre beaucoup d'autres choses semblables, qui, étant incompréhensibles, ne peuvent être crues ; d'où il résulte que chez un grand nombre de gens la croyance en un ciel et un enfer ainsi qu'en d'autres articles de foi est détruite. On voit clairement que toutes ces faussetés ont en effet détruit la foi, quand on entend des gens dire : « Qui est descendu du ciel pour nous dire que tout cela est vrai ? Qu'est-ce que l'enfer ? Y en a-t-il un ? Qu'est-ce que cette histoire que l'homme doit être tourmenté par le feu pendant l'éternité ? Qu'est-ce que le jour du jugement dernier ? Ne l'a-t-on pas attendu pendant des siècles ? » Outre beaucoup d'autres choses qui dénotent une dénégation complète de la survie. Afin, donc, d'éviter que ceux qui pensent ainsi, comme c'est le cas chez un grand nombre qui, d'après leur sagesse mondaine, sont réputés érudits, ne continuent de troubler et de séduire les simples de foi et de coeur, et n'induisent d'épaisses ténèbres concernant Dieu, le ciel et la vie éternelle, les sens intérieurs de mon esprit ont été ouverts par le Seigneur, et il m'a été ainsi accordé de m'entretenir, après leur décès, avec tous ceux que je connaissais dans le monde ; avec quelques-uns pendant quelques jours, avec d'autres pendant des mois, et avec d'autres encore pendant une année ; et je me suis entretenu également avec tant d'autres personnes défuntes que je sous-estimerais leur nombre si je mentionnais le chiffre de cent mille ; un grand nombre d'entre eux était dans le ciel, et un grand nombre aussi dans l'enfer. Je me suis aussi entretenu avec quelques esprits deux jours après leur mort, et je leur ai dit qu'un service funèbre était célébré au moment où je leur parlais, pour leur enterrement ; à quoi ils répondirent que c'était bien de disposer ainsi de ce qui leur avait servi de corps dans le monde ; et qu'ils désiraient que je dise qu'ils ne sont pas morts ; mais qu'ils vivaient et étaient des hommes exactement comme auparavant ; qu'ils n'avaient fait que passer d'un monde dans un autre ; qu'ils n'avaient pas conscience d'avoir perdu quoi que ce fut, car ils avaient un corps et l'usage de tous leurs sens comme auparavant ; qu'ils avaient des pensées et des affections, des sensations et des désirs semblables à ceux qu'ils avaient eus dans le monde. Un grand nombre de ceux qui étaient morts récemment, eurent une grande joie quand ils s'aperçurent qu'ils vivaient, et dirent qu'ils n'avaient pas cru que c'était ainsi. Ils n'en revenaient pas d'avoir pu vivre dans une si grande ignorance, et dans un si grand aveuglement au sujet de l'état de vie après la mort ; ils étaient particulièrement étonnés de penser que l'homme de l'Église puisse être dans une si grande ignorance, et dans un si grand aveuglement, lorsque cependant lui, plus que tous les autres dans le monde pourrait être pleinement éclairé concernant ces choses. Ils se rendirent compte alors, pour la première fois, de la cause de leur ignorance et de leur aveuglement, à savoir, que les choses mondaines et corporelles occupaient et absorbaient leur esprit à un tel degré qu'ils ne pouvaient être élevés dans la lumière du ciel, de façon à examiner ces choses de l'Église indépendamment de ses dogmes ; car lorsque les choses corporelles et mondaines occupent une si grande place dans les affections des hommes, comme c'est le cas aujourd'hui, il en influe d'épaisses ténèbres dès que les hommes songent à la vie de l'au-delà. » - Ciel et Enfer, n° 312.
 
 

LE JUGEMENT DERNIER NE SIGNIFIE PAS LA FIN DU MONDE

    
     « Le Seigneur montre clairement que ce n'est pas la fin du monde qu'on doit entendre par les expressions de « consommation du siècle », de « fin des jours », on de « jugement dernier » ; car Il dit dans Luc :

      En cette nuit-là de deux hommes qui seront dans un même lit, l'un sera pris, et l'autre laissé ; de deux femmes qui moudront ensemble, l'une sera prise, et l'autre laissée ; de deux hommes qui seront dans un champ, l'un sera pris et l'autre laissé. - XVII. 34-36.

     « Puisqu'il est dit qu'il en sera laissé, cela indique bien clairement qu'alors le monde ne doit pas périr. » - Arcanes Célestes, n° 931.
 
 

LE JUGEMENT DERNIER
(a) GENERAL et (b) INDIVIDUEL

    
     « Il faut qu'on sache que par le jugement Dernier, il est entendu le dernier temps ou la Consommation de l'Église ; et que par « le Ciel et la Terre qui doivent périr », il est entendu l'Église quant au culte interne et externe, culte qui devient nul quand il n'y a plus aucune charité.

     « Il y a eu jugement Dernier pour la première, ou la très ancienne Église, lorsqu'il n'y eut plus en elle aucune vérité ni aucune foi et que la perception devint nulle, ce qui arriva immédiatement avant le déluge. Le déluge même fut le jugement Dernier de cette Église ; alors il y eut destruction « du Ciel et de la Terre », c'est-à-dire de l'Église, et création d'un « nouveau ciel et d'une nouvelle Terre », c'est-à-dire d'une nouvelle Église, qui fut appelée l'Église Ancienne. Cette Église eut de même son dernier temps, alors que toute charité se refroidissait et que toute foi se couvrait de ténèbres, ce qui arriva vers le temps d'Eber (Gen. X. 24 ; XI. 14) ; ce temps fut le jugement Dernier de cette église, (représenté par la confusion des langues et la dispersion de ceux qui construisaient la Tour de Babel) ; « Le Ciel et la Terre » qui périrent, c'était cette Église ; le nouveau ciel et la nouvelle terre qui furent créés, ce fut l'Église Hébraïque. Elle aussi eut son dernier temps ou son jugement Dernier lorsqu'elle devint idolâtre : c'est pourquoi il fut suscité chez les descendants de Jacob, une nouvelle Église, qui fut appelée l'Église judaïque, et qui n'était autre chose qu'une Église représentative de la charité et de la foi ; dans cette Église, ou chez les descendants de Jacob, il n'y eut aucune charité ni aucune foi, aussi n'était-ce pas une église ; c'était seulement un représentatif de l'Église ; comme il ne pouvait s'établir alors de communication immédiate entre le Royaume du Seigneur dans les cieux et aucune Église véritable sur les terres, ce fut pour cela qu'une communication médiate fut établie par des représentatifs. Le dernier temps de cet établissement ainsi appelé église, ou son Jugement Dernier, arriva quand le Seigneur vint dans le monde, car alors cessèrent les représentatifs, c'est-à-dire les sacrifices et les rites semblables ; et afin qu'ils cessassent, les juifs furent chassés de la terre de Canaan.

     « Après cette destruction il fut créé « un Nouveau Ciel et une Nouvelle Terre », c'est-à-dire une nouvelle Église qui doit être nommée l'Église Primitive ; commencée par le Seigneur, et ensuite consolidée peu à peu, elle fut primitivement, dans la charité et dans la foi ; la destruction de cette Église a été prédite par le Seigneur, dans les Évangélistes, et par l'intermédiaire de Jean, dans l'Apocalypse : c'est cette destruction qui est nommée le jugement Dernier, non pas qu'alors le Ciel et la Terre doivent périr., mais parce qu'une nouvelle Église sera suscitée dans quelque partie du monde, l'autre restant dans son culte externe, comme les juifs sont restés dans le leur. Voilà ce qui concerne le jugement Dernier dans le Commun.

     « Dans le particulier, il y a jugement Dernier pour chaque homme aussitôt qu'il meurt ; car il passe alors dans l'autre vie et comme il y transporte la vie qu'il a eue dans le corps, il y est jugé ou à la mort ou à la vie. Le Jugement Dernier a lieu aussi dans ce qu'il y a de plus particulier ; chez l'homme qui est jugé à la mort, c'est tout en général et en particulier qui le condamne ; car il n'existe pas la moindre chose dans sa pensée et dans sa volonté qui ne soit semblable à son jugement Dernier, et qui ne l'entraîne vers la mort. Il en est de même chez l'homme qui est jugé à la vie ; tout ce qui, en général et en particulier appartient à sa pensée et à sa volonté est chez lui une image de son Jugement Dernier, et le conduit vers la vie ; car tel est l'homme dans le commun, tel il est dans les plus petites particularités de ses pensées et de ses affections. Voilà ce qui est signifié par le Jugement Dernier. » - Arcanes Célestes, n° 1850.

     Jésus se mit à dire à Ses disciples : Gardez-vous sur toutes choses du levain des pharisiens qui est l'hypocrisie. Car il n'y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu. Les choses donc que vous aurez dites dans les ténèbres, seront entendues dans la lumière ; et ce que vous aurez dit à l'oreille dans les chambres, sera proclamé sur les maisons. - Matt. X. 20 ; Marc IV. 22 ; Luc. XII. 1-3. 
 
 

LE SEIGNEUR NE CONDAMNE PERSONNE A L'ENFER

     « Quant à ce qui concerne le jugement, il est double, c'est-à-dire qu'il se fait d'après le bien et d'après le vrai ; les fidèles sont jugés d'après le bien, et les infidèles d'après le vrai. On voit clairement dans Matthieu, chapitre XXV, que les fidèles sont jugés d'après le bien, vers. 34 à 30 ; et que les infidèles sont jugés d'après le vrai, vers. 41 à 46 ; être jugé d'après le bien, c'est être sauvé, parce qu'on a reçu le bien ; mais être jugé d'après le vrai, c'est être damné, parce qu'on a rejeté le bien. Le bien appartient au Seigneur ; ceux qui reconnaissent cela par la vie et par la foi appartiennent au Seigneur, aussi sont-ils sauvés ; mais ceux qui ne reconnaissent point cela, par la vie, ni conséquemment par la foi, ne peuvent appartenir au Seigneur, ainsi ils ne peuvent être sauvés ; ils sont donc jugés selon les actions de leur vie et selon leurs pensées et leurs fins, et lorsqu'ils sont jugés de cette manière, il est impossible qu'ils ne soient pas damnés, car c'est une vérité que l'homme de lui-même ne fait, ne pense et ne médite que le mal, et que de lui-même il se précipite dans l'enfer, en tant qu'il n'en est pas détourné par le Seigneur.

     « Toutefois voici ce qui se passe au sujet du jugement d'après le vrai : Le Seigneur ne juge jamais personne que d'après le bien, car Il veut élever an ciel tous les hommes, quels qu'ils soient ; bien plus, si cela était possible, Il les élèverait jusqu'à Lui-Même : en effet, le Seigneur est la Miséricorde même et le Bien même ; la Miséricorde même et le Bien même ne peuvent jamais damner personne, mais c'est l'homme qui se damne parce qu'il rejette le bien. De même que l'homme avait fui le bien dans la vie du corps, de même il le fuit dans l'autre vie, par conséquent il fuit le Ciel et le Seigneur : car le Seigneur ne peut être que dans le bien ; Il est aussi dans le vrai, mais non dans le vrai séparé d'avec le bien.

     « Le Seigneur Lui-Même enseigne qu'Il ne damne personne on ne juge personne pour l'enfer :

     Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour qu'Il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. En ceci consiste le Jugement ; c'est que la lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car leurs oeuvres étaient mauvaises. - Jean III. 17, 19.

     « Et dans le même :

     Si quelqu'un entend Mes paroles et ne croit point, je ne le juge point, car je suis venu non pour juger le monde, mais pour sauver le monde. - XII. 47. - Arcanes Célestes, n° 2335.
 
 

CHACUN EST JUGE D'APRES LA PAROLE

   
     « Celui qui ne connaît pas le sens spirituel de la Parole, et qui ignore en même temps les vérités réelles de l'Église, peut croire que, quand viendra le jugement Dernier, le Seigneur sera assis sur un trône, et qu'autour de Lui seront aussi assis d'autres juges sur des trônes ; mais celui qui connaît le sens spirituel de la Parole, et en même temps les vérités réelles de l'Église, sait qu'alors le Seigneur ne sera pas assis sur un trône, et que d'autres juges ne seront pas autour de Lui, et même, que le Seigneur ne jugera non plus personne pour l'enfer, mais qu'Il fera que la Parole juge chacun, le Seigneur étant modérateur afin que toutes choses soient faites selon la justice. Le Seigneur dit, il est vrai :

     Le Père ne juge personne, mais Il a donné au Fils tout pouvoir de juger, parce qu'Il est le Fils de l'homme. - Jean V. 22, 27.

     « Mais ailleurs Il dit :

     Je suis venu, non pour juger le monde, mais pour sauver le monde ; la Parole que j'ai prononcée, celle-là jugera au dernier jour. - Jean XII. 47.

     « Ces deux passages concordent, lorsqu'on sait que le Fils de l'homme est le Seigneur quant à la Parole ; c'est donc la Parole qui jugera, le Seigneur étant modérateur. » - Apocalypse Révélée, n° 233.

     « Par le Père il est entendu le Seigneur quant au Divin Bien, et par le Fils de l'homme, le Seigneur quant au Divin Vrai ; si le Divin Bien ne juge personne, c'est parce que le Bien n'examine personne ; mais le Divin Vrai juge, car il examine chacun. Toutefois, il faut qu'on sache que le Seigneur Lui-Même ne juge non plus personne d'après le Divin Vrai qui procède de Lui ; car ce Vrai a été uni au Divin Bien au point qu'ils sont un ; mais que c'est l'homme-esprit qui se juge lui-même, car c'est le Divin Vrai reçu par lui qui le juge ; et comme il semble que c'est le Seigneur qui juge, c'est pour cela que dans la Parole il est dit que tous seront jugés par le Seigneur. » - Apocalypse Expliquée, n° 297.
 
 

LE JUGEMENT DE CHACUN EST SELON SES ŒUVRES

   
     Tout chrétien sait d'après la Parole que la vie de chacun reste avec lui après la mort ; car il est déclaré dans de nombreux passages que l'homme sera jugé et récompensé selon ses oeuvres ; et toute personne qui pense d'après le bien et d'après la raison éclairée voit clairement que celui qui a bien vécu va dans le ciel, et que celui qui a vécu méchamment va dans l'enfer. Et cependant, celui qui est dans le mal ne veut pas croire que son état après la mort sera tel qu'a été sa vie dans le monde ; car il croit, spécialement quand il est malade, que le ciel est ouvert à toute personne d'après la pure miséricorde, quelle qu'ait été sa vie ; cela est selon sa foi, qu'il sépare de la vie.

     « Toutefois, de nombreux passages de la Parole déclarent que tout homme sera jugé et récompensé selon ses oeuvres. En voici quelques-uns :

     Le Fils de l'homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors Il rendra à chacun selon ses oeuvres. - Matt. XVI. 27.

     Je vis aussi les morts, grands et petits, qui se tenaient debout devant Dieu ; et les livres furent ouverts, et on ouvrit un autre livre, qui est le livre de vie ; et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, par ce qui était écrit dans les livres. - Apoc. XX. 12, 13.

     Or, voici, je vais venir bientôt, et j'ai mon salaire avec moi, pour rendre à chacun selon ses oeuvres. - Apoc. XXII. 12.

     « Quand le Seigneur prophétise concernant le Jugement Dernier, Il ne parle que d'oeuvres, déclarant que ceux qui auront fait de bonnes oeuvres entreront dans la vie éternelle, et que ceux qui en auront fait de mauvaises entreront dans la condamnation. (Voyez Matt. XXV. 32-46.)

     « Il est évident que les oeuvres appartiennent à la vie externe de l'homme, et que la qualité de sa vie interne se manifeste en elles. » - Ciel et Enfer, n° 470, 471.
 
 

LES ŒUVRES SONT BONNES OU MAUVAISES
SELON LA FIN QUE L'HOMME A EN VUE

    
     « Par les déclarations de la Parole selon lesquelles tout homme sera jugé et récompensé selon ses oeuvres, il est entendu qu'il sera jugé et récompensé selon sa pensée et son affection d'où proviennent ses oeuvres, ou qui sont dans ses oeuvres ; car la qualité de toute oeuvre est entièrement telle que sont la pensée et l'affection qui l'inspirent ; d'où il est évident que c'est l'interne de l'homme qui est tout dans son externe. La chose peut être illustrée de la manière suivante. Si quelqu'un agit avec sincérité, et ne frustre pas un autre, tout simplement parce qu'il craint la loi, ou la perte de sa réputation, il le dépouillerait de tous ses biens s'il n'était pas retenu par cette crainte ; il s'ensuit qu'il a la fraude dans sa pensée et dans sa volonté, bien que ses actes extérieurement paraissent sincères. Un tel homme, étant intérieurement frauduleux a l'enfer en lui. Mais celui qui agit sincèrement et ne frustre pas un autre parce que cela est contraire à Dieu et à l'amour du prochain, ne désirerait pas frustrer un autre s'il le pouvait, sa pensée et sa volonté sont sa conscience ; il a le ciel en lui. Les oeuvres de l'un et de l'autre, dans leur forme externe, paraissent semblables, mais intérieurement elles sont absolument dissemblables. - Ciel et Enfer, n° 358.

     Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Car vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui en dedans sont pleins d'ossements de morts et de toute sorte de pourriture. - Matt. XXIII. 27,

     Car je vous dis que si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux. - Matt. V. 20. 
 
 

LE LIVRE DE VIE DE L'AGNEAU
ET LE LIVRE DE VIE DE L'HOMME

   
     « Il est dit que « quiconque ne fut pas trouvé écrit dans le Livre de Vie, fut jeté dans l'étang de feu ! » - Apoc. XX. 15. « Le Livre de Vie signifie la Parole (1), et être jugé d'après ce Livre signifie être jugé selon les préceptes de la Parole ; et nul autre n'est trouvé écrit dans le Livre de Vie que celui qui a vécu selon les préceptes du Seigneur dans la Parole, et a cru au Seigneur. » - Apocalypse Révélée, n° 874.

     « On peut voir manifestement ce qui est entendu, dans la Parole par le livre de vie d'un homme (2) - à s'avoir, que toutes les actions et toutes les pensées de l'homme sont inscrites dans l'homme tout entier, de telle sorte que lorsqu'elles sont évoquées de la mémoire, elles apparaissent clairement, comme si elles étaient lues dans un livre, et comme si elles étaient présentées à la vue, quand l'esprit est examiné dans la lumière du ciel. - Ciel et Enfer, n° 463.
 
 

L'OUVERTURE DES LIVRES

   
     « L'homme emporte avec lui du monde toute sa mémoire ; cela m'a été montré de nombreuses manières, et il me fut accordé de voir et d'entendre beaucoup de choses dignes d'être rapportées, dont voici quelques-unes.

     « Certains esprits niaient les crimes et autres énormités qu'ils avaient commis dans le monde ; c'est pourquoi, de peur qu'on ne les suppose innocents, toutes leurs actions furent manifestées en ordre d'après leur propre mémoire, depuis leur premier âge jusqu'à la fin de leur vie. C'étaient principalement des adultères et des fornications. Quelques-uns avaient trompé les autres par de maléfiques artifices, et avaient volé ; leurs tromperies et leurs vols furent énumérés en ordre, bien qu'un grand nombre de ces actes ne fussent guère connus dans le monde. Ils les reconnurent aussi, parce qu'ils furent rendus manifestes, comme en pleine lumière, avec chacune des pensées, des intentions, des plaisirs et des craintes, qui avaient alors occupé leur esprit. D'autres, des juges, qui s'étaient laissés corrompre, et avaient rendu de faux jugements, furent de même examinés d'après leur mémoire ; et d'après elle furent récapitulées toutes les choses dont ils s'étaient rendus coupables depuis leur entrée en fonction jusqu'au dernier moment de leur exercice. Tous les détails concernant les sommes qu'ils avaient reçues, les époques où ils les avaient reçues, leur état d'esprit et leurs intentions alors, tout cela fut rappelé à leur souvenir, et présenté à la vue, et ces actions recensées dépassaient en nombre plusieurs centaines. D'autres, qui avaient séduit des vierges et violé leur chasteté, furent amenés à un pareil jugement, et chaque détail de leurs crimes fut reproduit de leur mémoire. Les visages mêmes des vierges et des femmes furent montrés comme si elles étaient présentées, de même que les endroits, les paroles dites et leurs intentions. Ces révélations continuèrent pendant des heures. En un mot, toutes les mauvaises actions dont ils se sont rendus coupables sont manifestées si clairement aux mauvais esprits d'après leur propre mémoire, qu'il ne leur est pas possible de nier, parce que toutes les circonstances sont dévoilées. D'après ces quelques exemples il est évident que l'homme emporte avec lui toute sa mémoire, et qu'il n'y a rien, quelque caché que cela ait pu être dans le monde, qui ne soit pas rendu manifeste après la mort, et cela en la présence d'un grand nombre ; selon les paroles du Seigneur :

     Il n'y a rien de caché, qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu. - Luc. XII. 2. 
- Ciel et Enfer, n° 462.
 
 

LA MESURE DE CHACUN
QUI EST REMPLIE DANS L'AUTRE VIE



     « Chacun, qu'il soit damné ou qu'il soit sauvé, a une mesure déterminée qui peut être remplie ; les méchants ont une mesure déterminée de mal et de faux, et les bons ou ceux qui sont sauvés, ont une mesure déterminée de bien et de vrai ; cette mesure chez chacun est remplie dans l'autre vie ; mais pour quelques-uns la mesure est plus grande, et pour d'autres, plus petite. Cette mesure est acquise dans le monde par les affections qui appartiennent à l'amour. Plus quelqu'un a aimé le mal et par suite le faux, plus il s'est acquis une mesure grande ; et plus quelqu'un a aimé le bien et par suite le vrai, plus la mesure est grande pour lui. De là il est évident que cette mesure est la faculté, acquise dans le monde, de recevoir le mal et le faux, ou le bien et le vrai. C'est cet état qui est décrit par le Seigneur dans les paraboles sur les talents, dans Matthieu XXV. 14 à 31 ; et sur les mines dans Luc XIX, 13 à 25 et enfin par ces paroles dans Matthieu :

     À quiconque a, il sera donné, afin qu'il ait abondamment, mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. - XXV, 29.

     Et dans Luc

     À ceux qui étaient présents il dit : Ôtez-lui la mine, et donnez-la à celui qui a les dix mines. Ils lui dirent : Seigneur, il a dix mines. Je vous dis que, à quiconque a, il sera donné ; mais à celui qui n'a pas, même ce qu'il a lui sera enlevé. - XIX. 24, 25, 26.

     « Que la mesure de chacun soit remplie, c'est aussi ce que le Seigneur enseigne ailleurs dans le même :

     Donnez, et il vous sera donné, une mesure bonne, pressée, agitée, et qui déborde vous sera donnée dans votre sein. - VI, 38. 
- Arcanes Célestes, n° 7984.
 
 

LA VIE NE PEUT ETRE CHANGEE APRES LA MORT

   
     « Je puis affirmer d'après une grande expérience qu'il est impossible d'implanter la vie du ciel chez ceux qui, dans le monde, ont mené une vie contraire à la vie du ciel. Il y avait certains esprits qui croyaient que ceux qui avaient mené une mauvaise vie dans le monde recevraient facilement les vérités Divines de la bouche des anges ; et qu'alors ils s'amenderaient et pourraient être reçus dans le ciel. Mais il fut accordé à ceux qui pensaient ainsi de faire l'expérience avec un grand nombre, afin qu'ils puissent savoir que le repentir n'est pas possible après la mort. Quelques-uns parmi ceux avec qui l'expérience fut faite comprirent les vérités et parurent les recevoir ; mais dès qu'ils se trouvèrent dans la vie de leur amour, ils rejetèrent ces vérités et même parlaient contre elles. D'autres les rejetèrent immédiatement, ne voulant pas les entendre. D'autres encore désiraient que la vie de leur amour qu'ils s'étaient acquise dans le monde leur fût ôtée, et qu'à sa place la vie angélique leur fût infusée. Cela aussi fut fait par permission Divine ; mais dès que la vie de leur amour leur fut enlevée, ils furent comme morts et n'avaient plus l'usage de leurs sens. D'après ces expériences et d'autres encore, ceux qui étaient dans le bien simple furent instruits que la vie d'un homme ne peut aucunement être changée après la mort ; qu'une vie de mal ne peut être changée en une vie de bien, ni une vie infernale en une vie angélique, parce que tout esprit, de la tête aux pieds est entièrement tel qu'est son amour, et par conséquent tel qu'est sa vie ; et changer la vie d'un esprit en une vie contraire serait détruire l'esprit lui-même. Les anges déclarent aussi qu'il serait plus facile de changer un hibou en une colombe et une chouette en un oiseau du paradis que de changer un esprit infernal en un ange du ciel. D'après ces choses il apparaît clairement que personne ne peut être reçu dans le ciel par immédiate miséricorde. » - Ciel et Enfer, n° 527.

     Que celui qui est injuste, soit encore injuste ; que celui qui est souillé, se souille encore ; que celui qui est juste devienne encore plus juste ; et que celui qui est saint, se sanctifie encore davantage. - Apoc. XXII. II. 
 
 

TOUS CEUX QUI ONT BIEN VECU ET TOUS LES ENFANTS VONT AU CIEL

   
     « Il est pourvu par le Seigneur à ce que partout il y ait une religion, et à ce que dans chaque religion il y ait deux essentiels du salut, qui sont, de reconnaître un Dieu, et de ne point faire le mal parce que cela est contre Dieu. Il est pourvu, pour chacun selon sa vie, à toutes les autres choses qui appartiennent à l'entendement et par suite à la pensée, et qui sont appelées choses de la foi, car elles sont les accessoires de la vie, et si elles précèdent, toujours est-il qu'elles ne reçoivent pas la vie auparavant. Il est aussi pourvu à ce que tous ceux qui ont bien vécu, et ont reconnu un Dieu, soient instruits après la mort par des anges ; et alors ceux qui, dans le monde, ont été dans les deux essentiels d'une religion, acceptent les vérités de l'Église telles qu'elles sont dans la Parole, et reconnaissent le Seigneur pour le Dieu du Ciel et de l'Église ; et ils reçoivent cela plus facilement que les chrétiens, qui ont emporté avec eux du monde l'idée de l'Humain du Seigneur séparé d'avec Son Divin. Il a, encore été, pourvu par le Seigneur à ce que tous ceux qui meurent enfants, en quelque lieu qu'ils soient nés, soient sauvés. À chaque homme aussi après la mort il est donné la faculté d'amender sa vie, s'il est possible : tous sont instruits et dirigés par le Seigneur au moyen des anges ; et comme alors ils savent qu'ils vivent après la mort, et qu'il y a un ciel et un enfer, d'abord ils reçoivent les vérités de la foi ; mais ceux qui n'ont pas reconnu un Dieu, et n'ont pas fui les maux comme péchés dans le monde , éprouvent peu après du dégoût pour ces vérités et se retirent. Par là on peut voir qu'il est de la Divine Providence que chacun puisse être sauvé, et que si l'homme n'est pas sauvé, c'est à lui qu'en est la faute. » - Divine Providence, n° .328.

     Je vous dis que plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, et seront à table au Royaume des Cieux avec Abraham, Isaac et Jacob ; et les enfants du Royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents. - Matt. VIII. 11, 12.

     Laissez les petits enfants venir à Moi, et ne les en empêchez pas ; car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. - Luc.XVIII. 16. 
 
 

NUL NE VIENT DANS LE CIEL PAR IMMEDIATE MISERICORDE

   
     « Ceux qui ne savent rien du Ciel, ni du chemin qui conduit au ciel et de ce qui fait la vie du ciel chez l'homme, s'imaginent que tout homme qui à la foi peut être élevé dans le Ciel par un acte de Miséricorde inconditionnelle, parce que le Seigneur intercède pour lui : ainsi que ce n'est qu'une admission par faveur, et que tous les hommes sans exception pourraient être sauvés par le bon plaisir du Seigneur. Mais ceux qui croient ainsi ne savent pas que l'homme est entièrement tel qu'est sa vie ; que la vie de tout homme est telle qu'est son amour dominant et que la forme corporelle n'est qu'une forme externe, dans laquelle se présentent les intérieurs, comme la cause dans l'effet. Ils ignorent également que le corps ne vit pas d'après soi, mais d'après l'esprit qui l'anime ; et que l'esprit de l'homme est son affection, de sorte que le corps spirituel n'est pas autre chose que l'affection de l'homme dans une forme humaine, qui apparaît clairement après la mort. Tant que ces choses seront ignorées, l'homme pourra se laisser persuader que le salut n'est dû qu'au bon plaisir du Seigneur, qu'on appelle Sa miséricorde et Sa grâce.

     « Il sera d'abord dit ce qu'il faut entendre par la Miséricorde Divine. La Miséricorde Divine est la pure Miséricorde envers toute la race humaine pour la sauver. Elle est continuellement présente chez tout être humain avec ce but en vue, et elle ne se retire jamais d'aucun homme, de sorte que toute personne qui peut être sauvée est sauvée. Toutefois, personne ne peut être sauvé sinon par des moyens Divins, lesquels sont révélés par le Seigneur dans Sa Parole. Les, moyens Divins sont les préceptes Divins ; ceux-ci enseignent à l'homme comment il doit vivre pour être sauvé. Par ces préceptes le Seigneur conduit l'homme au ciel, et par eux Il implante la vie du ciel en lui. Cela le Seigneur le fait chez tous ceux qui gardent Ses commandements ; mais la vie du ciel ne peut être implantée chez ceux qui ne s'abstiennent pas du mal comme péché, parce que le mal est contraire à la vie du ciel. Par conséquent, dans la mesure où l'homme s'abstient du mal comme péché, le Seigneur le conduit par Ses moyens Divins d'après la pure Miséricorde, depuis sa tendre enfance jusqu'à la fin de sa vie dans le monde, et ensuite, pendant l'éternité. Voilà ce qui est entendu par la Miséricorde Divine. D'où il est évident que la Miséricorde Divine est la pure Miséricorde, mais qu'elle n'est pas inconditionnelle ; c'est-à-dire qu'elle ne consiste pas à sauver, par bon plaisir, tout homme de quelque façon qu'il ait vécu.

     « Le Seigneur n'agit jamais contre l'ordre, parce qu'Il est Lui-Même l'Ordre. C'est la Vérité Divine qui procède du Seigneur qui constitue l'Ordre, et les Vérités Divines sont les lois de l'Ordre, selon lesquelles le Seigneur conduit l'homme. Il s'ensuit que sauver l'homme par une miséricorde inconditionnelle est contre l'Ordre Divin, et ce qui est contre l'Ordre Divin est contraire au Divin. C'est l'Ordre Divin qui fait le ciel chez l'homme ; mais l'homme a perverti cet ordre en lui-même en menant une vie contraire aux lois de l'Ordre, qui sont les préceptes Divins. L'homme est ramené dans cet ordre par le Seigneur d'après la pure Miséricorde, au moyen des lois de l'Ordre ; et dans la mesure où il y est ramené, il reçoit le ciel en lui ; et celui qui reçoit le ciel en lui, vient dans le ciel. D'où il est encore évident que la Miséricorde Divine est la pure Miséricorde, mais qu'elle n'est pas inconditionnelle.

     « Si les hommes pouvaient être sauvés par une Miséricorde inconditionnelle, ils seraient tous sauvés, même ceux qui sont en enfer ; et en vérité il n'y aurait point d'enfer ; parce que le Seigneur est la Miséricorde Même, l'Amour Même, et le Bien Même. Il est par conséquent contraire à Son Divin de penser et de dire qu'Il peut sauver tous les hommes inconditionnellement, et qu'Il ne les sauve pas. On sait d'après la Parole que le Seigneur veut le salut de tous, et qu'Il ne veut la condamnation de personne.

     Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés ! Combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! - Luc. XIII. 34.

     L'Esprit et l'épouse disent : Viens. Que celui qui l'entend, dise aussi : Viens. Que celui qui a soif vienne aussi, et que celui qui voudra de l'eau vive en prenne gratuitement. - Apoc. MIL 17. 
 
 

CHOSES VUES ET ENTENDUES

    
     « La plupart de ceux qui viennent du monde chrétien dans l'autre vie emportent avec eux la croyance qu'ils seront sauvés par une miséricorde inconditionnelle ; ils implorent aussi cette miséricorde, mais lorsqu'ils sont examinés, il apparaît clairement quelle est leur croyance, – à savoir qu'il suffit d'être admis dans le ciel pour y entrer, et que ceux qui sont ainsi admis sont dans la joie céleste ; car ils ignorent complètement ce qu'est le ciel, et ce qu'est la joie céleste. Il leur est alors dit que l'accès du ciel n'est refusé à personne par le Seigneur, et qu'il leur est permis d'y entrer, et même d'y demeurer, s'ils le désirent. Ceux qui le désiraient furent aussi admis ; mais dès qu'ils arrivèrent au seuil, ils furent saisis d'une grande angoisse de coeur due à l'influx de la chaleur céleste, qui est l'amour dans lequel sont les anges, et de la lumière céleste, qui est la Vérité Divine, de sorte qu'ils éprouvèrent un tourment infernal au lieu de la joie céleste ; et en raison du choc ainsi reçu, ils se précipitèrent au dehors. C'est ainsi qu'ils sont instruits par une expérience vivante que personne ne peut être introduit dans le ciel par simple faveur.

     « Je me suis parfois entretenu à ce sujet avec des anges, et leur dis que la plupart de ceux qui dans le monde mènent une vie de mal disent couramment, quand il leur arrive de parler du ciel et de la vie éternelle, que c'est par la miséricorde seule qu'on est admis dans le ciel, et que cette croyance existe principalement chez ceux qui font de la foi le seul moyen du salut. Car d'après les principes de leur religion ils n'ont point d'égard à la vie et aux oeuvres de charité qui font la vie, et par conséquent ne portent point leur attention sur les autres moyens par lesquels le Seigneur implante le ciel chez l'homme et le rend réceptif de la joie céleste ; ainsi comme ils rejettent tout moyen de salut autre que ce qu'ils appellent la foi, ils établissent la conclusion inévitable que c'est par la seule Miséricorde que l'homme vient dans le Ciel, croyant fermement que Dieu le Père est mû à la Miséricorde par l'intercession de Son Fils. À cela les anges répondirent qu'ils savaient qu'un tel dogme découlait nécessairement du principe admis du salut par la foi seule ; et que comme cet article de foi d'où découle tout le reste est faux, aucune lumière du ciel ne peut y influer. Ils ajoutèrent que c'est de là que provient l'ignorance dans laquelle l'Église est actuellement concernant le Seigneur, le ciel, la vie après la mort, la joie céleste, l'essence de l'amour et de la charité, et en général concernant la conjonction du bien et du vrai chez l'homme, comment elle s'opère et quelle en est la nature. En outre, disent-ils, personne ne dérive sa vie de la pensée seule, mais de la volonté et des actes de la volonté ; et de la pensée aussi, seulement dans la mesure où celle-ci procède de la volonté. Les anges déplorent que tant de gens ne se rendent pas compte que la foi seule ne peut exister chez quelqu'un, parce que la foi, sans son origine, qui est l'amour, n'est rien qu'une connaissance ; et chez quelques-uns, c'est une sorte de persuasion qui ressemble à la foi, et n'est pas dans la vie de l'homme, : mais hors d'elle, car elle est séparée de l'homme si elle ne fait pas un avec son amour. Ils ajoutent que ceux qui sont dans un tel principe concernant le moyen essentiel du salut ne peuvent faire autrement que croire à la miséricorde inconditionnelle, parce qu'ils perçoivent clairement que la foi seule ne fait pas la vie de l'homme, puisque ceux qui mènent une vie de mal peuvent être dans la même persuasion que les autres. C'est de là que provient la croyance que les méchants peuvent être sauvés aussi bien que les bons pourvu que sur leur lit de mort ils parlent avec confiance de l'intercession. » - Ciel et Enfer, n° 526.


(1) Il n'y entrera rien de souillé, ni personne qui s'adonne à l'abomination et au mensonge ; mais ceux-là seuls qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau y entreront. - Apoc. XXI. 27.
(2) Et les livres furent ouverts ; et les morts furent jugés selon leurs oeuvres, par ce qui était écrit dans les livres. - Apoc. XX. 12.