XXIII De la Foi appelée Assurance et Confiance. On dit croire en Dieu et croire les choses qui viennent de Dieu : croire en Dieu, c'est la Foi qui sauve; mais croire les choses qui viennent de Dieu, c'est une Foi qui, sans la précédente, ne sauve point : en effet, croire en Dieu, c'est savoir et faire ; mais croire les choses qui viennent de Dieu, c'est savoir et ne pas encore faire.; ceux qui sont véritablement Chrétiens savent et font, par conséquent croient en Dieu ; mais ceux qui ne sont pas véritablement Chrétiens savent et ne font point ; le Seigneur appelle ceux-ci insensés, et ceux-là prudents.- Matth. XII. 514, 26. Les savants au dedans de l'église appellent cette Foi qui sauve, Assurance et Confiance, laquelle est, que Dieu le Père a envoyé son Fils, pour se réconcilier le Genre humain, et ainsi pour sauver ceux qui ont cette Foi. Mais à l'égard de l'Assurance et de la Confiance, qui est appelée la Foi même, voici ce qu'il en est : Ceux qui sont dans l'amour de soi et du monde, c'est-à-dire, qui sont dans les maux et par suite dans les faux, ne peuvent avoir cette Foi, car leur Cur est tourné non pas vers Dieu, mais vers eux-mêmes et vers le monde ; au contraire, ceux qui sont dans la charité à l'égard. du prochain, et dans l'amour envers le Seigneur, peuvent avoir une telle foi, car leur Cur est tourné vers le Seigneur : c'est même ce qu'enseigne le Seigneur dans Jean : " A tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné le pouvoir d'être fils de Dieu, à ceux qui croient en son Nom ; qui, non de sangs, ni de volonté de chair, ni de volonté d'homme, mais de Dieu, sont nés. "- I.12,13 ;- ceux qui sont nés de sangs, de volonté de chair et de volonté d'homme, sont ceux qui sont dans le mal et le faux d'après les amours de soi et du monde ; et ceux qui sont nés de Dieu, sont ceux qui sont dans le bien de la charité et de la foi d'après le Seigneur ; voir A.C. Ni 5826. La Confiance qui, dans un sens élevé, est appelée Foi, parait comme la confiance spirituelle, même chez les méchants, quand ils sont dans des périls pour leur vie, et quand ils sont malades ; mais comme ceux-ci pensent alors à l'état de leur vie après la mort, soit par crainte pour l'enfer, soit par amour de soi pour le ciel, ils n'ont point la confiance de la foi ; car ce qui vient de la crainte ne part pas du cur, et ce qui vient de l'amour de soi part d'un cúur mauvais ; c'est pourquoi, quand de tels hommes sont hors de danger pour leur vie, ou quand ils sortent de maladie,, ils retournent dans leur vie précédente, qui était une vie de non-confiance, ou une vie de non foi. D'après cela, il est évident que la Foi, qui est appelée confiance, n'est donnée que chez ceux qui sont dans la charité à l'égard du prochain et dans l'amour envers le Seigneur. La Foi qui est entendue par croire les choses qui viennent de Dieu, c'est-à-dire, les vrais qui sont tirés de la Parole, n'existe pas non plus chez ceux qui sont dans les maux d'après l'amour de soi ou du monde ; car l'amour de soi et du monde rejette les vrais de la foi, ou il les étouffe, ou. il les pervertit, ainsi qu'il a déjà été dit, [Art.IX.] De là il est de nouveau évident que ces mêmes hommes n'ont pas non plus la confiance de la foi, car celui qui ne croit pas les vrais qui viennent de Dieu, ne peut pas croire en Dieu, parce que croire en Dieu, c'est croire d'après les vrais qui viennent de Dieu. Tous ceux qui sont dans l'amour céleste ont la Confiance qu'ils sont sauvés par le Seigneur, car ils croient que le Seigneur est venu dans le monde, pour donner la vie éternelle à ceux qui croient et vivent selon les préceptes qu'il a enseignés, et qu'il les régénère, et ainsi les rend propres pour le ciel ; et que Lui Seul fait cela, sans le secours de l'homme, par pure miséricorde. C'est là ce qui est entendu par croire au Seigneur. Que ceux-là seuls soient dans la foi, qui vivent selon les préceptes de la foi, le Seigneur l'enseigne dans Jean : ´La lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, car étaient mauvaises leurs úuvres. Quiconque fait les maux hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ne soient blmées ses úuvres ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, afin que soient manifestées ses úuvres, parce qu'en Dieu elles ont été faites. - III. 19, 20, 21 ; - venir à la' lumière, c'est venir à la foi au Seigneur, par conséquent à la foi par le seigneur. Pareillement dans Luc : ´ Pourquoi m'appelez vous Seigneur, Seigneur, et ne faites- vous pas ce que je dis ?, Quiconque vient à Moi, et entend mes discours et les fait, est semblable à un homme qui, btissant une maison, a posé le fondement sur le rocher ; mais celui qui entend, et ne fait point, est semblable à un homme qui btit une maison sur le sol sans fondement. - VI. 46 à 49 ; - ceux qui font les discours ou les paroles du Seigneur sont ceux qui aiment le prochain et aiment le Seigneur, car celui qui aime fait; - Jean, XIV. 20, 21, 23, 24. XV. 9 à 17. XXIV. De la Foi persuasive. Croire les choses qu'enseigne la Parole, ou qu'enseigne la Doctrine de l'église, et n'y point conformer sa vie, semble être la Foi, et même quelques-uns s'imaginent qu'ils sont sauvés par elle ; mais personne n'est sauvé par elle seule, car c'est une foi persuasive, de la qualité de laquelle il va maintenant être parlé. Il y a foi persuasive, quand on croit et qu'on aime la Parole et la Doctrine de l'église, non pour la fin de servir le prochain, c'est-à-dire, le concitoyen, la patrie, l'église, le Ciel, et le Seigneur Lui-même, par conséquent non pour la vie, car les servir c'est la vie, mais pour le lucre, les honneurs et la renommée d'érudition, comme fins : aussi ceux qui sont dans cette foi potentiels leurs regards non sur le Seigneur ni sur le ciel, mais sur eux-mêmes et sur le monde. Ceux qui dans le monde aspirent aux grandes choses, et désirent beaucoup de choses, sont dans un plus fort persuasif que ce qu'enseigne la Doctrine de l'église est le Vrai, que ceux qui n'aspirent pas aux grandes choses, et ne désirent pas beaucoup de choses ; et cela, parce que la Doctrine de l'église n'est pour ceux-là qu'un moyen pour arriver à leurs fins, et qu'autant on désire les fins, autant on aime les moyens et aussi autant on y croit. Mais voici quelle est la chose en elle-même : Autant ils sont dans le feu des amours de soi et du monde, et d'après ce feu parlent, prêchent et agissent, autant ils sont dans ce persuasif ; et alors ils ne savent autre chose, sinon que cela est ainsi ; mais quand ils ne sont point dans le feu de leurs amours, ils ne croient rien, et plusieurs d'entre eux nient : de là, il est évident que la foi persuasive est la foi de la bouche et non du súur, et qu'ainsi en elle-même elle n'est pas la foi. Ceux qui sont dans la foi persuasive ne savent, par aucune illustration interne, si les choses qu'ils enseignent sont des vrais ou des faux ; ils ne s'en inquiètent même pas, il leur suffit qu'elles soient crues par le vulgaire ; car ils ne sont dans aucune affection du vrai pour le vrai. Ceux-là aussi défendent la foi seule plus que les autres, et ils n'estiment le bien de la foi, qui est la charité, que selon qu'ils en peuvent tirer du profit. Ceux qui sont dans la foi persuasive, s'ils sont privés des honneurs et des profits, se détachent de la foi, pourvu que leur réputation ne soit pas en danger ; car la foi persuasive n'est point intérieurement chez l'homme, mais elle se tient par dehors, seulement dans la mémoire, d'o elle est tirée, lorsqu'elle est enseignée ; c'est pourquoi, cette foi s'évanouit avec ses vrais après la mort : en effet, il ne reste alors de la foi que ce qui est intérieurement dans l'homme, c'est-à-dire, ce qui a été enraciné dans le bien, par conséquent ce qui est devenu chose de la vie. Ceux qui sont dans la foi persuasive sont entendus par ceux-ci dans Matthieu : ´ Plusieurs Me diront en ce jour-là : Seigneur! Seigneur ! par ton Nom n'avançons pas prophétisé ? Et par ton Nom n'avançons pas chassé les démons ? Et en ton Nom n'avançons pas fait plusieurs actes de puissance ? Mais alors je leur dirai : Je ne vous connais point, ouvriers d' iniquité. - VII. 29, 23. - Puis, dans Luc: ´ Alors vous commencerez à dire: Nous avons mangé devant Toi, et nous avons bu, et dans nos places tu as enseigné mais il dira. : Je vous dis: Je ne sais d'o vous êtes retirez vous de Moi, (vous) tous ouvriers d' iniquité. - XIII. 96, 27 : - ils sont aussi entendus parles cinq vierges folles, qui n'avaient point d'huile dans leurs lampes, dans Matthieu : ´ Enfin vinrent aussi les autres vierges, disant: Seigneur! Seigneur! ouvre- nous. Mais Lui, répondant, dit : En vérité, je vous dis : Je ne vous connais point. - XXV. 11, 12- l'huile dans les lampes, c'est le bien dans la foi,- A. C. 886, 4638. XXV De la Rémission des péchés. Maintenant, il va être parlé de la Rémission des péchés. Les péchés que l'homme fait s'enracinent dans sa vie même et la constituent ; c'est pourquoi personne n'en est délivré, à moins de recevoir du Seigneur une nouvelle vie, ce qui se fait par la Régénération. Que l'homme par lui-même ne puisse faire le bien, ni penser le vrai, mais qu'il le puisse par le Seigneur, c'est ce qu'on voit dans Jean : ´Un homme ne peut rien faire, s'il ne lui a été donné du ciel. - III. 27. ´ Celui qui demeure en Moi, et Moi en lui, celui-là porte du fruit beaucoup ; parce que sans moi vous ne pouvez faire rien. - XV. 5 ; - de là, il est bien évident que personne ne peut détourner quelqu'un des péchés, ni par conséquent les lui remettre, que le Seigneur seul. Le Seigneur influe continuellement chez l'homme avec le bien de l'amour et avec les vrais de la foi, mais ils sont reçus de diverses manières, par l'un autrement que l'autre ; bien, par ceux qui ont été régénérés ; mais mal, par ceux qui ne se laissent pas régénérer. Ceux qui ont été régénérés sont continuellement tenus par le Seigneur dans le bien de la foi et de l'amour, et sont alors détournés des maux et des faux ; ceux qui ne se laissent pas régénérer par le Seigneur sont aussi détournés du mal et tenus dans le bien, car du Seigneur influent continuellement le bien et le vrai chez chaque homme, mais les amours infernaux, qui sont les amours de soi et du monde, dans lesquels ils sont, font obstacle et tournent l'influx du bien en mal, et l'influx du vrai en faux. D'après ce qui vient d'être dit, on voit ce que c'est que la Rémission des péchés : Pouvoir par le Seigneur être tenu dans le bien de l'amour et dans les vrais de la foi, et être détourné des maux et des faux, c'est la Rémission des péchés ; et alors fuir le mal et le faux, et les avoir en aversion, c'est la Repentante ; mais la rémission des péchés et la Repentante n'existent que chez ceux qui ont reçu du Seigneur une nouvelle vie par la régénération, car elles appartiennent à la nouvelle vie. Les signes que les péchés ont été remis sont les suivants : On perçoit du plaisir en adorant Dieu pour Dieu, en servant le prochain pour le prochain, ainsi en faisant le bien pour le bien, et en croyant le vrai pour le vrai; on ne veut avoir du mérite par aucune chose de la charité et de la foi ; on fuit et on a en aversion les maux, tels que les inimitiés, les haines, les vengeances, les cruautés, les adultères, en un mot, tout ce qui est contre Dieu et contre le prochain. Mais les signes que les péchés n'ont pas été remis sont ceux qui suivent : On adore Dieu non pas pour Dieu, et l'on sert le prochain non pas pour le prochain, ainsi l'on fait le bien et l'on prononcé le vrai, non pas pour le bien ni pour le vrai, mais pour soi et pour le inonde ; on veut avoir du mérite par les actes qu'on fait ; on méprise les autres en les comparant à soi ; on perçoit du plaisir dans les maux, par exemple, dans l'inimitié, dans la haine, dans la vengeance, dans la cruauté, dans les adultères ; on méprise les choses saintes de l'église, et on les nie de cúur. On croit que les péchés, quand ils ont été remis, sont effacés, et sont lavés comme des taches ont comme de l'être par les eaux : mais néanmoins ils restent chez l'homme ; s'ils sont dits effacés, quand l'homme en est détourné, c'est d'après l'apparence. Le Seigneur par la Divine Miséricorde régénère l'homme, ce qui a lieu depuis son enfance jusqu'au dernier moment de sa vie dans le monde, et ensuite dans l'éternité ; ainsi, par la Divine Miséricorde, il détourne l'homme des maux et des faux, et le conduit aux vrais de la foi et aux biens de l'amour, et ensuite il l'y retient ; plus tard, par la Divine Miséricorde, il l'élève à Lui dans le ciel et le rend heureux ; voilà ce qui est entendu par la Rémission des péchés par Miséricorde. Ceux qui croient que les péchés sont remis autrement sont dans une grossière erreur : car ce serait l'opposé de la miséricorde de voir une multitude d'hommes dans les enfers, et de ne pas les sauver, si cela avait pu être fait autrement ; et cependant le Seigneur est la Miséricorde même, et il ne veut la mort d'aucun homme, mais il veut que tout homme vive. Ceux donc qui ne se laissent pas régénérer, ni par conséquent détourner des maux et des faux, éloignent d'eux ces Miséricordes du Seigneur et les rejettent : de là vient que si l'homme ne peut pas être sauvé, c'est sa faute. C'est là ce qui est entendu dans Jean ´ A tous ceux qui l'ont reçu, il leur a donné pouvoir d'être fils de Dieu, à ceux qui croient en son Nom, qui, non de sangs, ni de volonté de chair, ni de volonté d'homme, mais de Dieu, sont nés. - I. 12, 13 ; - ceux qui sont nés de sangs sont ceux qui s'opposent aux biens de la foi et de la charité ; ceux qui sont nés de volonté de chair sont ceux qui sont dans les maux par les amours de soi et du monde; ceux qui sont nés de volonté d'homme, sont ceux qui sont dans les faux provenant de ces maux ; naître de Dieu, c'est être régénéré : que personne ne puisse venir dans le ciel sans être régénéré, on le voit dans le Même: ´ En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu'un n'est engendré de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu : En vérité, en vérité, je te dis: Si quelqu'un n'a pas été engendré d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. - III. 3, 5; - être engendré d'eau, c'est par le vrai de la foi ; et être engendré d'esprit, c'est par le bien de l'amour. D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir qui sont ceux auxquels les péchés ont été remis, et qui sont ceux auxquels ils n'ont point été remis. XXVI De la liberté. On appelle Liberté ( liberum ) toutce qui appartient à la volonté, ainsi ce qui appartient à l'amour: de là vient que la Liberté se manifeste par le plaisir de vouloir et de penser, et ensuite de faire et de parler ; car tout plaisir appartient à l'amour, et tout amour appartient à la volonté, et la volonté est Père de la vie de l'homme. Faire le mal d'après le plaisir de l'amour parait être une liberté, mais c'est un esclavage, parce que cela vient de l'enfer : faire le bien d'après le plaisir de l'amour parait être une liberté, et c'est aussi une liberté, parce que cela vient du Seigneur ; c'est donc un esclavage d'être conduit par l'enfer, et une liberté d'être conduit par le Seigneur. Le Seigneur l'enseigne ainsi dans Jean : ´ Quiconque fait le péché est esclave du péché : l'esclave ne demeure point dans la maison à perpétuité ; le Fils demeure à perpétuité ; si le Fils vous fait libres, véritablement libres vous serez. ª-VIII.34, 35, 36. Le Seigneur tient l'homme dans la liberté de penser, et en tant que les liens externes, qui sont la crainte de la loi et de la vie, et la crainte de perdre la réputation, l'honneur et le profit, ne s'y opposent pas, il le tient dans la liberté de faire; mais par la liberté il le détourne du mal, et par la liberté il le tourne vers le bien, en le conduisant si doucement et si tacitement, que l'homme ne sait autre chose sinon que tout procède de lui-même : ainsi dans la liberté le Seigneur sème et enracine dans la vie même de l'homme le bien qui reste éternellement. C'est ce que le Seigneur enseigne de cette manière, dans Marc : ´ Il en est dit royaume de Dieu comme d'un homme qui jette la semence sur la terre ; la semence germe et croit, sans que lui-même sache comment , la terre porte d'elle-même du fruit. - IV. 26, 27, 28 ; - le Royaume de Dieu, c'est le ciel chez l'homme, par conséquent c'est le bien de l'amour et le vrai de la foi. Ce qui est semé dans la. liberté reste, parce que cela est enraciné dans la volonté même de l'homme, qui est l'être de sa vie : mais ce qui est semé dans la contrainte ne reste pas, parce que le contraint provient non de la volonté de l'homme, mais de la volonté de celui qui contraint. C'est pour cela que le culte qui procède de la liberté plaît au Seigneur, mais non le culte qui provient de la contrainte ; en effet, le culte procédant de la liberté est un culte qui vient de l'amour, car toute liberté appartient à l'amour. Il y a une liberté céleste, et il y a une liberté infernale -, la liberté céleste est d'être conduit par le Seigneur, et cette liberté est l'amour du bien et du vrai ; mais la liberté infernale est d'être conduit par le diable, et cette liberté est l'amour du mal et du faux, particulièrement la convoitise. Ceux qui sont dans la liberté infernale croient qu'il y a esclavage et contrainte, quand il n'est pas permis de faire le mal et de penser le faux à son gré ; mais ceux qui sont dans la liberté céleste ont horreur de faire la mal et de penser le faux ; et s'ils y sont contraints, ils sont tourmentés. D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir ce que c'est que le LIBRE ARBITRE, c'est-à-dire que c'est faire le bien d'après son arbitre ou sa volonté, et que ce sont ceux que le Seigneur conduit qui sont dans cette liberté. XXVII. De l'homme Interne et de l'homme Externe. Maintenant, il sera parlé de l'homme Interne et de l'homme Externe. Ceux qui n'ont de l'homme Interne et de l'homme Externe qu'une, idée commune croient que l'homme Interne est celui qui pense et qui veut, et que l'homme Externe est celui qui parle et qui fait, parce que penser et vouloir est l'interne, et que par suite parler et faire est l'externe. Toutefois, il faut qu'on sache que non-seulement l'homme Interne pense et veut, mais aussi l'homme Externe ; néanmoins autrement quand ils sont conjoints, et autrement quand ils sont séparés. Quand l'homme pense avec intelligence et veut avec sagesse, il pense et veut par l'Interne ; mais quand l'homme pense sans intelligence et veut. sans sagesse, il ne pense pas et ne veut pas par l'Interne. Conséquemment, quand l'homme pense bien du Seigneur et des choses qui appartiennent au Seigneur, et bien du prochain et des choses qui appartiennent au prochain, et qu'il leur veut du bien, il pense et veut par l'interne; mais quand l'homme en pense mal et leur veut du mal, il ne pense pas et ne veut pas par l'interne. Bien penser vient de la foi du vrai, et bien vouloir vient de l'amour du bien ; mais mal penser vient de la foi du faux, et mal vouloir vient de l' amour du mal. En un mot, autant l'homme est dans l'amour envers le Seigneur, et dans l'amour à l'égard du prochain, autant il est dans l'homme interne, et pense et veut d'après cet homme, et aussi parle et fait d'après cet homme ; mais autant l'homme est dans l'amour de soi et dans l'amour du monde, autant il est dans l'homme Externe, comme aussi, autant qu'il l'ose, il parle et fait d'après cet homme. Cela vient de ce que l'homme a été créé à l'image du ciel et à l'image du monde, l'homme Interne à l'image du ciel, et l'homme Externe à l'image du monde; c'est pour cela que penser et vouloir d'après l'Interne, c'est penser et vouloir d'après le ciel, c'est-à-dire, parle moyen du ciel d'après le Seigneur ; et que penser et vouloir d'après l'Externe, c'est penser et vouloir d'après le monde, c'est-à-dire, par le moyen du monde d'après soi-même. Il a été ainsi pourvu et ordonné par le Seigneur, afin qu'autant l'homme pense et veut d'après le ciel, c'est-à-dire, par le moyen du ciel d'après le Seigneur, autant son homme Interne soit ouvert; l'ouverture est vers le ciel jusqu'au Seigneur Lui-même; par conséquent, vice versa, autant l'homme pense et veut d'après le monde, c'est-à-dire, par le moyen du monde d'après lui-même, autant l'homme interne se ferme et l'homme Externe s'ouvre ; l'ouverture est vers le monde et vers lui-même. Pour que l'homme Externe soit remis dans l'ordre, il faut qu'il soit subordonné à l'homme Interne, et il est subordonné alors qu'il obéit ; autant cela se fait, autant l'homme Externe aussi devient sage. C'est ce qui est entendu quand on dit que le vieil homme doit mourir avec ses convoitises, pour que l'homme devienne une nouvelle Créature. Ceux chez qui l'homme Interne est fermé ne savent pas ce que c'est que l'homme Interne, ils ne croient pas non plus qu'il y ait un ciel et une vie 'éternelle; et, ce qui est étonnant, ils s'imaginent néanmoins qu'ils pensent avec plus de sagesse que les autres, car ils s'aiment et aiment les choses qui leur appartiennent, et ils les adorent. Il en est autrement de ceux chez qui l'homme interne a été ouvert vers le ciel jusqu'au Seigneur ; en effet, ceux-ci sont dans la lumière du ciel, par conséquent dans l'illumination par le Seigneur; ceux-là, au contraire, ne sont pas dans la lumière du ciel, mais ils sont dans la lumière du monde, par conséquent dans l'illumination par eux-mêmes ; ceux qui sont éclairés par eux-mêmes, et non par le Seigneur, voient le faux comme vrai et le mal comme bien. XXVIII. De l'Entendement du Vrai et de la Volonté du bien. Quand on connaît ce que c'est que l'homme Interne et ce que c'est que l'homme Externe, on peut savoir d'o viennent l'Entendement du vrai et la Volonté du bien. Autant l'homme Interne a été ouvert du cÙté du ciel, par conséquent vers le Seigneur, autant il est dans la lumière du ciel, par conséquent autant il est dans l'entendement du vrai : la Lumière du ciel est le Divin Vrai procédant du Seigneur ; être illustré par cette lumière c'est comprendre le vrai. Autant l'homme Interne a été ouvert vers le Seigneur et a sous ses ordres l'homme Externe, autant il est dans le feu du ciel, par conséquent autant il est dans la volonté du bien ; le feu du ciel est le Divin amour procédant du Seigneur ; être embrasé de ce feu, c'est vouloir le bien. En conséquence l'Entendement du vrai est de voir les vrais, puisés dans la Parole, d'après l'illustration procédant du Seigneur ; et la Volonté du bien est de les vouloir d'après l'affection. Ceux qui sont dans l'amour et dans la foi envers le Seigneur, et dans la charité à l'égard du prochain, sont dans l'Entendement du vrai et dans la volonté du bien ; car chez eux il y a réception du bien et du vrai, qui procèdent du Seigneur. Mais autant l'homme interne a été fermé du cÙté du ciel vers le Seigneur, autant il est dans le froid et dans les ténèbres quant aux choses qui sont du ciel ; et alors autant l'homme Externe a été ouvert du cÙté du monde, autant il pense le faux et veut le mal, et ain si devient insensé ; car chez lui la lumière du monde éteint la lumière du ciel, et le feu de la vie du monde éteint le feu de la vie du ciel. Ceux qui sont dans l'amour de soi, et dans la persuasion de l'intelligence et de la sagesse par eux-mêmes, sont dans un tel froid et dans de telles ténèbres. De là il est bien évident qu'être Intelligent et Sage, ce n'est pas comprendre et goûter beaucoup de choses qui sont du monde, mais c'est comprendre et vouloir les choses qui sont du ciel ; car il y a des hommes qui comprennent et goûtent beaucoup de choses qui sont du monde, et cependant ne croient ni ne veulent celles qui sont du ciel, et par conséquent sont insensés : ceux-ci sont ceux de qui le Seigneur dit, dans Matthieu : ´ Je parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent point et ne comprennent point. - XIII.13 ; - et dans Jean : ´ Le monde ne peut recevoir l'Esprit de vérité, puis. qu' il ne le voit point et ne le connaît point. XIV. 17. XXIX. Du mérite. Ceux qui croient que, par les biens qu'ils font, ils méritent le ciel, font les biens d'après eux-mêmes, et non d'après le Seigneur. Les biens que les hommes font d'après eux-mêmes sont tous des non-biens, parce qu'ils sont faits pour eux, puisqu'ils le sont pour une rémunération ainsi d'après ces biens on se regarde en premier lieu mais les biens que les hommes font d'après le Seigneur sont tous des biens, puisqu'ils sont faits pour le Seigneur et pour le prochain ; ainsi dans ces biens on regarde en premier lieu le Seigneur et le prochain. Ceux donc qui placent le mérite dans les uvres s'aiment eux-mêmes, et ceux qui s'aiment méprisent le prochain ; bien plus, ils s'irritent contre Dieu Lui-Même, s'ils ne reçoivent pas la récompense espérée, car ils agissent pour une récompense. De là il est évident que leurs uvres ne proviennent pas de l'amour céleste, ni par conséquent de la vraie foi, car la foi qui regarde le bien d'après soi, et non d'après Dieu, n'est point la vraie foi : de tels hommes ne peuvent point recevoir le ciel en eux ; c'est par l'amour céleste et par la vraie foi que le ciel est chez l'homme. Ceux qui placent le mérite dans les uvres ne peuvent combattre contre les maux qui proviennent des enfers, car personne ne le peut par soi-même : mais quant à ceux qui ne placent point le mérite dans les uvres, le Seigneur combat et est vainqueur pour eux, Le Seigneur Seul a mérité, parce que seul il a de Lui-Même vaincu les enfers et les a subjugués : de là le Seigneur Seul est le Mérite et la Justice. En outre, l'homme par lui-même n'est que mal ; ainsi faire le bien d'après soi-même, c'est le faire d'après le mal. Qu'on ne doive pas faire le bien en vue d'une récompense, le Seigneur Lui-Même l'enseigne dans Lue : ´ Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle grce estce à vous ? Si vous faites du bien à ceux qui vous font du bien, quelle grce est-ce à vous ? car les pécheurs font de même: aimez plutÙt vos ennemis, et laites le bien, et prêtez sans en rien espérer, alors voire récompense sera grande, et vous serez filsdu Très-Haut. VI. 32, 33, 34, 35. - Que l'homme ne puisse pas non plus par lui-même faire le bien, qui est réellement le bien, mais qu'il puisse le faire d'après le Seigneur, c'est aussi ce que le Seigneur enseigne dans Jean : " Un homme ne peut rien prendre, s'il ne lui a été donné du ciel. " - III. 27 ; - et ailleurs " Jésus dit : Moi, je suis le cep ; vous, les sarments celui qui demeure en moi, et Moi en lui, celui-là porte du fruit beaucoup ; parce que sans Moi vous ne pouvez faire rien. - XV. 5. Croire qu'on est récompensé si l'on fait le bien n'est pas dangereux chez ceux qui sont dans l'innocence; par exemple, chez les enfants et chez les simples; mais se confirmer en cela, quand on devient adulte, c'est ce qui est dangereux . en effet, l'homme est initié dans le bien par la récompense qu'il a en vue, et il est détourné du mal par la punition qu'il a en vue ; mais autant il vient dans le bien de l'amour et de la foi, autant il est éloigné d'avoir en vue le mérite dans les biens qu'il fait. Faire le bien, qui est le bien, doit avoir lieu d'après l'amour du bien, ainsi pour le bien ; ceux qui sont dans cet amour ont en horreur le mérite, car ils aiment à faire, et par là ils perçoivent le bonheur ; et vice versa, ils sont attristés si l'on croit qu'ils agissent pour quelque avantage propre. Il en est de cela à peu près comme lorsqu'on fait du bien à des amis à cause de l'amitié, à un frère à cause de lafraternité, à son épouse et à ses enfants, parce qu'ils sont épouse et enfants, à la patrie à cause de la patrie, ainsi par amitié et par amour ; ceux aussi, qui pensent bien, disent et persuadent qu'ils font le bien, non pour eux-mêmes, mais pour ceux-là. Le plaisir même, qui réside dans l'amour de faire le bien sans but de rémunération, est la récompense qui demeure éternellement, car toute affection de l'amour demeure inscrite dans la vie: le ciel et la félicité éternelle sont insinués par le Seigneur dans cet amour. XXX. De l'Amour conjugal. Il est peu d'hommes qui sachent par quelle origine existe l'amour conjugal ; ceux qui pensent d'après le monde croient qu'il vient de la nature ; mais ceux qui pensent d'après le ciel croient qu'il vient du Divin, qui est dans le ciel. L'Amour vraiment conjugal est l'union de deux mentals, union qui est spirituelle ; et toute union spirituelle descend du ciel ; de là résulte que l'amour vraiment conjugal vient du ciel, et que son premier être vient du mariage du bien et du vrai dans le ciel : le Mariage du bien et du vrai dans le ciel procède du Seigneur ; c'est pour cela que le Seigneur dans la Parole est appelé Fiancé et Mari, et que le Ciel et l'église sont appelés Fiancée et Epouse, et c'est aussi pour cela que le Ciel est comparé à un Mariage. D'après ce qui vient d'être dit, il est évident que l'amour vraiment conjugal est l'union de deux, quant aux intérieurs qui appartiennent à la pensée et à la volonté, par conséquent qui appartiennent au vrai et au bien, car le vrai appartient à la pensée et le bien à la volonté : en effet, celui qui est dans l'amour vraiment conjugal aime ce que l'autre pense et ce que l'autre vent, ainsi il aime aussi penser comme l'autre et vouloir comme l'autre, par conséquent être uni à l'autre et devenir comme un seul homme ; c'est là ce qui est entendu par les paroles du Seigneur, dans Matthieu : ´ Et les deux seront en une seule chair ; c'est pourquoi ils ne sont plus deux ; mais une seule chair." - XIX. 4, 5, 6. - Gen. Il. 23, 24. Le plaisir de l'amour vraiment conjugual est interne, parce qu'il appartient aux mentals, et c'est aussi par suite un plaisir externe qui appartient aux corps ; mais le plaisir de l'amour non réellement conjugal est seulement un plaisir externe sans être interne, plaisir qui appartient aux corps et non aux mentals ; mais ce plaisir est terrestre à peu près tel que celui des animaux, et c'est pour cela qu'il périt avec le temps ; au contraire l'autre est céleste, tel que doit être celui des hommes, et C'est pour cela qu'il est permanent. Personne ne peut savoir ce que c'est que l'amour vraiment conjugal, ni quel en est le plaisir, à moins d'être par le Seigneur dans le bien de l'amour et dans les vrais de la foi ; puisque, comme il a été dit, l'amour vraiment conjugal vient du ciel, et du mariage du bien et du vrai dans le ciel. D'après le mariage du bien et du vrai dans le Ciel et dans l'église, nous pouvons être instruits de ce que doivent être les mariages dans les terres, à savoir, qu'ils doivent y être entre deux, un seul mari et une seule épouse, et que l'amour vraiment conjugal ne peut nullement exister si un seul mari a plusieurs épouses. Ce quise fait d'après l'amour vraiment conjugal se fait de part et d'autre d'après la liberté, car toute liberté vient de l'amour ; et il y a liberté pour l'un et pour l'autre, quand l'un aime ce que l'autre pense et ce que l'autre veut. De là vient que dans les mariages vouloir commander détruit l'amour réel, car c'est en Ùter la liberté, par conséquent aussi le plaisir ; le plaisir de com- -mander, qui prend la place de l'amour, enfante les débats, rend les mentais ennemis, et enracine les maux se Ion la qualité de la domination d'une part, et la qualité de la servitude de l'autre part. D'après cela, on peut voir que les mariages sont saints, et que les blesser, c'est blesser ce qui est saint ; qu'en conséquence les adultères sont profanes; car, puisque le plaisir de l'amour conjugal descend du ciel, leplaisir de l'adultère monte de l'enfer. Ceux donc qui prennent le plaisir dans les adultères ne peuvent plus recevoir du ciel aucun bien ni aucun vrai : de là résul te que ceux qui ont pris le plaisir dans les adultères méprisent ensuite et nient aussi de cur les choses qui appartiennent à l'église et au Ciel. S'il en est ainsi, c'est parce que l'amour de l'adultère vient du mariage du mal et du faux, qui est le mariage infernal. XXXI. De la Révélation. L'homme sans une Révélation procédant du Divin ne peut rien savoir de la Vie éternelle, ni même rien savoir de Dieu, ni à plus forte raison rien savoir de l'amour et de la foi envers Dieu : en effet l'homme naît dans une complète ignorance, et* ensuite il doit par les choses mondaines apprendre toutes celles par lesquelles il formera son entendement ; il naît aussi d'après l'héréditaire dans tout mal qui appartient à l'amour de soi et du monde ; les plaisirs qui en proviennent règnent continuellement, et suggèrent des choses qui sont diamétralement opposées au Divin : de là vient donc que l'homme par lui-même ne sait rien de la vie éternelle ; en conséquence, il est indispensabie qu'il y ait une Révélation, par laquelle il en ait connaissance. Que les maux de l'amour de soi et du monde introduisent une telle ignorance des choses qui appartiennent à la vie éternelle, c'est ce qu'on voit clairement par ceux au dedans de l'église, qui, quoiqu'ils sachent par la révélation qu'il y a un Dieu, qu'il y a un Ciel et un Enfer, qu'il y a une Vie éternelle, et qu'on doit acquérir cette vie par le bien de l'amour et de la foi, tombent cependant dans le négatif sur ces points, tant les érudits que ceux qui ne le sont pas. Par là on voit de nouveau combien serait grande l'ignorance, s'il n'y avait aucune Révélation. Puis donc que l'homme vit après la mort, et alors pour l'éternité, et que la vie lui reste selon son amour et sa foi, il s'ensuit que le Divin, d'après l'Amour envers le Genre humain, a révélé les choses qui doivent conduire à cette vie, et contribuer au salut de l'homme. Ce que le Divin a révélé est chez nous la Parole. Comme la Parole est la Révélation procédant du Divin, elle est Divine dans toutes et dans chacune des choses qui la composent ; car ce qui procède du Divin ne petit être autrement. Ce qui procède du Divin descend par les cieux jusqu'à l'homme ; c'est pourquoi. la Parole dans les cieux a été accommodée à la sagesse des Anges qui y sont, et dans les terres elle a été accommodée à la conception des hommes qui les habitent : c'est pour cela que dans la Parole il y a pour les Anges un sens interne qui est spirituel, et pour les hommes un sens externe qui est naturel: de là vient que c'est par la Parole qu'il y a conjonction du ciel avec l'homme. Le sens réel de la Parole n'est saisi que par ceux qui ont été illustrés ; et il n'y a d'illustres que ceux qui sont dans l'amour et dans la foi envers le Seigneur ; car leurs intérieurs sont élevés par le Seigneur jusque dans la lumière du ciel. La Parole, dans la lettre, ne peut être saisie qu'au moyen d'une Doctrine faite d'après la Parole par Ln homme illustré ; car le sens de sa lettre a été accommodé à la conception des hommes même simples ; c'est pourquoi la Doctrine tirée de la Parole leur servira de flambeau. Les Livres, de la Parole sont tous ceux qui ont un sens interne; mais ceux qui n'en oint pas ne sont pas la Parole. Les Livres de la Parole dans l'Ancien Testament sont les cinq Livres de MoÔse, le Livre de Josué, le Livre des Juges, les deux Livres de Samuel, les deux Livres des Rois, les Psaumes de David ; les Prophètes, Esaïe, Jérémie, les Lamentations, Ezéchiel, Daniel, Hosée, JoÎl, Amos, Obadie, Jonas, Michée Nahum Habakuk, Séphanie, Haggée, Zacharie, Malachie : et, dans le Nouveau Testament les quatre Evangélistes, Matthieu, Marc, Lue, Jean ; et l'Apocalypse. XXXII. Du Baptême. Le Baptême a été institué comme signe que l'homme est de l'église, et comme mémorial qu'il doit être régénéré : en effet, le Bain du Baptême n'est autre que le Bain spirituel, qui est la Régénération. Toute Régénération est faite par le Seigneur au moyen des vrais de la foi, et d'une vie selon ces vrais ; le Baptême atteste donc que l'homme est de l'église, et q'il peut être régénéré, car dans l'église le Seigneur qui régénère est reconnu, et là est la Parole, où sont les vrais de la foi par lesquels il y a régénération. Le Seigneur enseigne cela dans Jean : ´ Si quelqu'un n' a pas été engendré d'eau et d'esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu. " - III. 5 ; - l'eau dans le sens spirituel est le vrai de la foi d'après la Parole ; l'esprit est la vie selon ce vrai ; et être engendré d'eux, c'est être régénéré. Comme quiconque est régénéré subit aussi des tentations, qui sont des combats spirituels contre les maux et les faux, c'est pour cela que les tentations sont aussi signifiées par les eaux du Baptême. Comme le Baptême est un signe et un mémorial, c'est pour cela que l'homme peut être baptisé enfant, et que s'il ne l'a pas été alors, il peut l'être adulte. Que ceux qui ont été baptisés sachent donc que le Baptême luimême ne donne ni la foi, ni le salut, mais qu'il atteste qu'ils reçoient la foi, et qu'ils sont sauvés, s'ils sont régénérés. De là, on peut voir ce qui est entendu par les paroles du Seigneur dans Marc: ´ Celui qui aura cru et aura été baptisé, sera sauvé ; mais celui qui n'aura pas cru, sera condamné. - XVI. 46 ; - celui qui aura cru, c'est celui qui reconnaît le Seigneur, et reçoit de Lui les Divins vrais par la Parole ; celui qui aura été baptisé, c'est celui que le Seigneur régénère pas ces vrais. XXXIII. De la Sainte Cène. La Sainte Cène a été instituée par le Seigneur, afin que par elle il y ait conjonction de l'église avec le Ciel, par conséquent avec le Seigneur: elle est donc la chose la plus sainte de l'église. Mais ceux qui ne savent rien du Sens interne ou spirituel de la Parole ne comprennent pas comment par la Sainte Cène se fait la conjonction, car ils ne pensent pas au-delà du sens externe, qui est le sens de la lettre. Par le sens interne ou spirituel de la Parole, on sait ce que signifient le Corps et le Sang, et ce que signifient le Pain et le Vin, et aussi ce que signifie la Manducation. Dans ce sens le Corps ou la Chair du Seigneur est la bien de l'amour, il en est de même du Pain : et le Sang du Seigneur est le bien de la foi, il en est de même du Vin ; et la Manducation est l'appropriation et la conjonction. Les Anges qui sont chez l'homme qui participe au sacrement de la Cène ne perçoivent pas autrement ces choses, car ils saisissent toutes choses spirituellement : de là vient que le saint de l'amour et le saint de la foi influent alors des Anges vers l'homme, ainsi du Seigneur par le Ciel : de là vient la Conjonction. D'après cela, il est évident que l'homme, quand il prend le Pain, qui est le Corps, est conjoint au Seigneur par le bien de l'amour envers Lui d'après Lui ; et que quand il prend le Vin, qui est le Sang, il est conjoint au Seigneur parle bien de la foi envers Lui d'après Lui. Mais il faut qu'on sache que la conjonction avec le Seigneur par le sacrement de la Cène se fait seulement chez ceux qui sont dans le bien de l'amour et de la foi envers le Seigneur d'après le Seigneur. La Sainte Cène est le sceau de cette Conjonction. XXXIV. De l'âme et de l'Esprit de l'homme, et de la Résurrection. L'homme a été créé de telle sorte que, quant à son Interne, il ne peut pas mourir; en effet, il petit croire en Dieu, et aussi aimer Dieu, et par conséquent être conjoint à Dieu par la foi et par l'amour ; et être conjoint à Dieu, c'est vivre éternellement. Cet interne est chez tout homme qui naît ; son Externe est ce par quoi il effectue les choses qui appartiennent à la foi et à l'amour, ainsi qui appartiennent à l'Interne : l'Interne est ce qui estappelé Ame, et l'Externe ce qui est appelé Corps. L'Externe, dont l'homme est enveloppé dans le monde, a été accommodé aux usages dans le monde ; cet externe est ce qui est rejeté, quand l'homme meurt : mais l'externe qui a été accommodé aux usages dans l'autre vie ne meurt pas ; cet externe en. union avec l'interne est appelé esprit; esprit bon et ange, si l'homme a été bon dans le monde ; et esprit mauvais, si l'homme a été mauvais dans le monde. L'esprit de l'homme apparaît dans l'autre vie dans une forme humaine, absolument comme dans le monde ; il jouit aussi de la faculté de voir, d'entendre, de parler, et de sentir comme dans le monde ; et il possède à un haut degré toute faculté de penser, de vouloir et de faire comme dans le monde ; en un mot, c'est un homme quant à toutes choses en général et en particulier, excepté qu'il n'est pas enveloppé de ce corps grossier qu'il avait dans le monde ; il le laisse en mourant, et il ne le reprend jamais. C'est cette continuation de la vie, qui est entendue par la Résurrection. Si les hommes croient qu'ils ne ressusciteront qu'au jugement dernier, quand doit aussi périr tout ce qu'il y a de visible dans le monde, c'est parce qu'ils n'ont pas compris la Parole, et parce que les hommes sensuels placent dans le corps la vie même (ipsissimam), et croient que si ce corps ne devait pas revivre, s'en serait fait de l'homme. La vie de l'homme après la mort est la vie de son amour et la vie de sa foi. Par conséquent sa vie demeure éternellement telle qu'a été son amour et telle qu'a été sa foi, pendant qu'il a vécu dans le monde: la vie de l'enfer est à ceux qui se sont aimés et ont aimé le monde par-dessus toutes choses ; et la vie du ciel est à ceux qui ont aimé Dieu par-dessus toutes choses et le prochain comme eux-mêmes ; ceux-ci sont ceux qui ont la foi, mais ceux-là sont ceux qui n'ont pas la foi : la vie du Ciel est celle qui est appelée vie éternelle'; et la vie de l'enfer est celle qui est appelée mort spirituelle. Que l'homme vive après la mort, c'est ce qu'enseigne la Parole ; par exemple, quand elle dit, que Dieu est le Dieu non des morts mais des vivants, - Matth. XXII.31, 32 ; - que Lazare après la mort a été élevé au Ciel et le riche jeté dans l'enfer, - Luc, XVI. 22, 23 et suiv. : - qu'Abraham Isaac et Jacob sont au Ciel, Matth. VIII. 11. XXII. 31, 32 Luc, XVI. 23, 24, 25 29 ; - que Jésus a dit au larron : ´ Aujourd'hui avec moi tu seras dans le Paradis. Luc, XXIII. 43 et ailleurs. XXXV. En quoi consiste le Ciel. Il y a deux choses qui font la vie de l'homme, c'est l'Amour et la Foi ; l'Amour fait la vie de sa Volonté, et la Foi fait la vie de son Entendement : de là tel est l'amour mour et telle est la Foi, telle est la vie. L'Amour du bien el par suite la Foi du vrai font la vie du Ciel ; l'amour du mal et par suite la foi du faux font la vie de l'enfer. Le Divin du Seigneur fait les cieux ; et le Ciel est chez chacun selon la réception de l'amour et de la foi qui procèdent du Seigneur. Chez tous ceux qui reçoivent l'amour et la foi procédant du Seigneur il y a le Ciel, tant chez les anges que chez les hommes ; c'est pourquoi ceux qui ont en eux le Ciel, quand ils vivent dans le monde, viennent dans le Ciel après la mort. Ceux qui ont en eux le Ciel veulent du bien à tous, et perçoivent du plaisir en faisant du bien aux autres, non pour eux-mêmes ni pour le monde, mais pour le bien et pour le vrai, parce que cela doit être fait ainsi. Au contraire, ceux qui ont l'enfer en eux veulent du mal à tous, et percoivent du plaisir en faisant du mal aux autres; si ceux-ci perçoivent du plaisir en faisant du bien, ce n'est point à cause du bien et du vrai, mais c'est à cause d'euxmêmes et à cause du monde. Le Ciel chez l'homme est dans son interne, ainsi dans le penser et le vouloir, et par suite dans l'externe, c'està-dire, dans le parler et le faire, mais non dans l'externe sans l'interne ; car tous les hypocrites peuvent parler bien et faire bien, mais non penser bien ni vouloir bien: par penser bien et vouloir bien est entendu ce qui procède de l'amour du bien et de la foi du vrai. Quand l'homme vient dans l'autre vie, ce qui arrive aussitÙt après la mort, on voit clairement si en lui il y a le, ciel ou s'il y a l'enfer, mais il n'en est pas de même quand il vit dans le monde ; car dans le monde l'externe seul se montre, et non l'interne ; mais dans l'autre vie l'interne se manifeste, puisqu'alors l'homme vit quant à l'esprit. D'après ce qui vient d'être dit, on peut voir ce qui fait le Ciel, c'est-à-dire que c'est l'amour envers le Seigneur et l'amour à l'égard du prochain, et aussi la foi, mais celle-ci en tant qu'elle a la vie par ces amours. De là, il est de nouveau évident que le Divin du Seigneur fait le Ciel, car ces deux amours et par suite la foi procèdent du Seigneur, et tout ce qui procède du Seigneur est Divin. La félicité éternelle, qui est aussi appelée joie céleste,est à ceux qui sont dans l'amour et la foi envers le Seigneur d'après le Seigneur ; cet amour et cette foi ont en eux cette joie ; l'homme qui a le Ciel en lui vient dans cette joie après la mort; en attendant elle reste cachée, dans son interne. Dans les cieux il y a communion de tous les biens ; la paix, l'intelligence, la sagesse et la félicité de tous y sont communiquées à chacun, et celles de chacun y sont communiquées à tous, cependant à chacun selon la réception de l'amour et de la foi d'après le Seigneur: par là, on voit clairement combien il y a de paix, d'intelligence, de sagesse et de félicité dans le Ciel. Ceux chez qui règnent l'amour de soi et l'amour du monde ne savent pas ce que c'est que le Ciel, ni ce que c'est que la félicité du Ciel, et il leur semble incroyable qu'il y ait de la félicité dans d'autres amours que dans ceux-là, lorsque cependant il n'entre de félicité du Ciel qu'à proportion qu'on éloigne ces amours comme fins ; quand ils ont été éloignés, la félicité qui les remplace est si grandequ'elle surpasse toute conception de l'homme. XXXVI. En quoi consiste l'enfer. Ce que chacun fait par amour demeure inscrit dans son cur, car l'amour est le feu de la vie ; ainsi, c'est la vie de chacun ; de là tel est l'amour, telle est la vie ; et telle est la vie et par conséquent l'amour, tel est l'homme tout entier quant à l'âme et quant au corps. De même que l'amour envers le Seigneur et l'amour à l'égard du prochain font la vie du Ciel chez l'homme, de même l'amour de soi et l'amour du monde, quand ils règnent, font la vie de l'enfer chez lui ; car ces amours sont opposés aux précédents : c'est pourquoi ceux chez qui règnent les amours de soi et du monde ne peuvent rien recevoir du ciel, mais ce qu'ils reçoivent vient de l'enfer: en effet, tout ce que l'homme pense et tout ce qu'il vent, ou tout ce que l'homme croit et tout ce qu'il aime, vient ou du Ciel ou de l'enfer. De là résulte que ceux chez qui l'amour de soi etl'amour du monde font la vie, veulent du bien à eux seuls, et non aux autres, si ce n'est en vue d'eux-mêmes ; et comme leur vie vient de l'enfer, ils méprisent les autres en les comparant à eux-mêmes, s'irritent contre eux s'ils ne leur sont pas favorables, ont de la haine pour eux, brûlent de se venger d'eux, et désirent même les traiter avec cruauté : ces passions enfin deviennent les plaisirs de leur vie, par conséquent les amours de leur vie. Ce sont ceux-là qui ont l'enfer en eux, et qui après la mort viennent dans l'enfer, parce que leur vie concorde avec la vie de ceux qui sont dans l'enfer, car tous y sont tels ; et chacun vient vers les siens. Comme ceux-là ne reçoivent rien du Ciel, ils nient dans leur cur Dieu et la vie après la mort, et par suite aussi ils méprisent toutes les choses de l'église : peu importe qu'ils fassent du bien au Concitoyen, à la Société, à la Patrie et à l'église, et qu'ils en parlent avantageusement, car ils font cela pour eux-mêmes et pour le monde, afin de se mettre enévidence et de recueillir réputation, honneurs et profits. Ce sont là pour eux des liens externes par lesquels ils sont portés à faire le bien et détournés de faire le mal -. mais pour eux sont nuls les liens internes, qui appartiennent à la conscience, et qui retiennent de faire le mal, parce que le mal est un péché et est contre les lois Divines. C'est pourquoi, lorsqu'ils viennent dans l'autre vie, ce qui arrive aussitÙt après la mort, et que les externes leur sont Ùtés, ils se précipitent dans tous les crimes selon leurs intérieurs, qui sont le Mépris pour les autres en se comparant à eux, l'inimitié, la Haine, la vengeance l'inhumanité et la Cruauté, et en outre l'Hypocrisie, la Fraude, la Fourberie, et plusieurs autres choses qui appartiennent à la malice : ce sont là pour eux alors les plaisirs de la vie ; c'est pour cela qu'ils sont séparés d'avec les bons, et jetés dans l'enfer. Que de telles choses soient pour eux les plaisirs de la vie, beaucoup d'entre eux ne, le savent pas dans le monde, parce qu'elles se cachent dans les amours de soi et du monde, et qu'alors ils appellent biens toutes les choses qui favorisent ces amours, et vrais toutes celles qui les confirment ; ils ne connaissent pas et ne reconnaissent pas d'autres biens ni d'autres vrais, parce qu'ils ne reçoivent rien du Ciel, qu'ils se sont fermé. Puisque l'amour est le feu de la vie, et que la vie de chacun est selon son amour, on peut par là savoir ce que c'est que le feu céleste, et ce que c'est que le feu infernal -. le feu céleste est l'amour envers le Seigneur et l'amour à l'égard du prochain ; et le feu infernal est J'amour de soi et l'amour du monde, et par suite la convoitise de toits les maux qui découlent de ces amours comme de leurs sources. Quelle est la vie pour ceux qui sont dans l'enfer, on peut le conclure d'après la vie qu'auraient entre eux de tels hommes dans le monde, si les liens externes étaient Ùtés, et si aucun lien interne ne les retenait. La vie de l'homme ne peut étre changée après la mort, elle reste alors telle qu'elle a été ; et la vie de l'enfer ne peut être transformée en une vie du Ciel, puisqu'elles sont opposées : de là, il est bien évident que ceux qui vont en enfer y restent éternellement, et que ceux qui vont ail Ciel y demeurent éternellement. XXXVII. De l' église. Ce qui fait le Ciel chez l'homme fait aussi léglise, car l'église est le Ciel du Seigneur dans les terres ; en conséquence, d'après ce qui vient d'être dit du Ciel, on voit ce que c'est que l'église. Il est dit qu'il y a église là où le Seigneur est reconnu, et où il y a la Parole ; car les essentiels de l' église sont l'amour et la foi envers le Seigneur d'après le Seigneur, et la Parole enseigne comment l'homme doit vivre pour qu'il reçoive du Seigneur l'amour et la foi. L'église du Seigneur est Interne et Externe ; Interne chez ceux qui d'après l'amour font les préceptes du Seigneur, car ceux-ci sont ceux qui aiment le Seigneur ; Externe chez ceux qui d'après la foi font les préceptes du Seigneur, car ceux-ci sont ceux qui croient au Seigneur. Pour qu'il y ait église, il faut qu'il y ait une Doctrine d'après la Parole, puisque sans doctrine la Parole n'est point comprise ; mais la doctrine seule dans l'homme ne fait point l'église en lui, c'est la vie selon la doctrine qui la fait ; delà résulte que ce qui fait l'église, c'est la vie de la foi, qui est la charité, et non pas la foi seule. La doctrine réelle de l'église est la doctrine de la charité et en même temps de la foi, et non la doctrine de la foi sans celle de la charité ; car la doctrine de la charité et en même temps de la foi est la doctrine de la vie, mais il n'en est pas de même de la doctrine de la foi sans la doctrine de la charité. Ceux qui sont hors de l'église, et qui cependant reconnaissent un seul Dieu, et vivent selon leur religiosité dans une sorte de charité à l'égard du prochain, sont en communion avec ceux qui sont de l'église, parce que nul homme qui croit en Dieu et vit bien, n'est damné : de-là, il est évident que l'église du Seigneur est partout sur le globe entier, quoiqu'elle soit spécialement où le Seigneur est reconnu, et où il y a la Parole. Tout homme chez qui il y a l'église est sauvé ; mais tout homme chez qui il n'y a pas l'église est condamné. XXXVIII. De la Providence. Le Gouvernement du Seigneur dans les cieux et dans les terres est appelé Providence ; et comme tout bien qui appartient à l'amour et tout vrai qui appartient à la foi procèdent du Seigneur, et qu'il n'en vient absolument rien de l'homme, il est bien évident que la Divine Providence du Seigneur est dans toutes et dans chacune des choses qui contribuent au salut du Genre humain : le Seigneur l'enseigne ainsi dans Jean : ´ Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. - XIV, 6 ;- et ailleurs : ´ Commele sarment ne peut porter du fruit par soi-même, s'il ne demeure dans le cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en Moi; sans Moi vous ne pouvez faire rien. - XV. 4, 5. En outre la Providence Divine du Seigneur existe quant aux plus petits singuliers de la vie de l'homme, car il n'y a qu'une source unique de la vie, c'est le Seigneur, d'après Lequel nous sommes, nous vivons et nous agissons. Ceux qui pensent sur la Providence Divine d'après les choses mondaines, en concluent qu'elle est seulement universelle, et que les singuliers dépendent de l'homme ; mais ceux-là ne connaissent pas les arcanes du ciel ; car ils ne tirent leurs conclusions que des amours de soi et du monde et de leurs voluptés ; lors donc qu'ils voient les méchants s'élever aux honneurs et acquérir plus de richesses que les bons, et qu'ils voient aussi les méchants réussir dans leurs artifices, ils disent dans leur cur qu' il n'en serait pas ainsi, si la Divine Providence était dans toutes et dans chacune des choses ; mais ces hommes ne considèrent pas que la Providence Divine a en vue, non pas ce qui passe en peu de temps et prend fin avec la vie de l'homme dans le monde, mais ce qui demeure éternellement, par conséquent ce qui n'a point de fin. Ce qui n'a point de fin, cela Est ; mais ce qui a une fin, cela relativement n'Est point. Quiconque est judicieux peut savoir que la Prééminence et l'opulence dans le monde ne sont point de réelles Bénédictions Divines, quoique l'homme, par l'agrément, qu'il y trouve, les appelle ainsi, car elles passent ; et même elles séduisent beaucoup de personnes et les détournent du ciel : mais que la Vie dans le Ciel, et la félicité dont on y jouit, soient de réelles Bénédictions qui procèdent du Divin, c'est même ce que le Seigneur enseigne dans Luc : ´ Faites-vous un trésor dans les cieux, qui ne s'épuise pas, où le voleur n'approche point, et où la teigne ne corrompt point ; car où est votre trésor, là aussi sera votre Cur. - XII. 33, 34. Si les méchants réussissent dans leurs artifices, c'est parce qu'il est de l'ordre que chacun fasse d'après la raison ce qu'il fait, et aussi d'après la liberté; c'est pourquoi, s'il n'avait pas été laissé à l'homme de faire selon sa raison d'après la liberté, et par conséquent aussi si les artifices qui en proviennent ne réussissaient pas, l'homme ne pourrait nullement être disposé à recevoir la vie éternelle, car cette vie est insinuée lorsque l'homme est dans la liberté et que sa raison est illustrée : personne, en effet, ne peut être contraint au bien, parce que rien de ce qui a été contraint ne s'attache, car cela n'appartient point à l'homme ; ce qui est fait d'après la liberté devient chose de l'homme même, car d'après la liberté se fait ce qui vient de la volonté, et la volonté est l'homme même : c'est pourquoi, si l'homme n'est pas tenu dans la liberté de faire même le mal, il ne peut pas être pourvu pour lui au bien qui procède du Seigneur. Laisser à l'homme de, faire même le mal, d'après sa liberté, cela est appelé permettre. tre conduit aux choses heureuses dans le monde par des artifices semble à l'homme comme si cela provenait de sa propre prudence, mais néanmoins la Divine Providence accompagne sans cesse en permettant et en détournant continuellement du mal : il n'en est pas de même d'être conduit aux choses heureuses dans le Ciel, on sait et l'on perçoit que ce n'est pas d'après la propre prudence, parce que cela vient du Seigneur, et est fait d'après sa Divine Providence en disposant, et en conduisant continuellement au bien. Qu'il en soit ainsi, c'est ce que l'homme ne peut saisir d'après la lueur de la nature, car par cette lueur il ne connaît pas les lois de l'ordre Divin. Il faut qu'on sache qu'il y a Providence et Prévoyance: c'est au bien qu'il est Pourvu par le Seigneur, et c'est le mal qui est Prévu par le Seigneur; l'une doit être avec l'autre, car ce qui. vient de l'homme n'est que mal, et ce qui vient du Seigneur n'est que bien. XXXIX. Du Gouvernement Ecclésiastique et Civil. Il y a deux sortes de choses qui, chez les hommes, seront dans l'ordre, à savoir, les choses qui appartiennent au Ciel, et celles qui appartiennent au Monde : celles qui concernent le Ciel sont nommées Ecclésiastiques, et celles qui concernent le monde sont nommées Civiles. L'ordre ne peut être tenu dans le monde sans des Chefs chargés de surveiller tout ce qui se fait conformément à l'ordre, et tout ce qui se fait contre l'ordre; de récompenser ceux qui. vivent conformément à l'ordre et de punir ceux qui l'enfreignent. Si cela ne se fait pas, le genre humain périra ; car tout homme d'après l'héréditaire naît avec le penchant à vouloir commander aux autres et posséder les richesses des autres, d'o découlent les inimitiés, les envies, les haines, les vengeances, les fourberies, les cruautés, et plusieurs autres maux ; c'est pourquoi, si les hommes ne sont pas tenus dans des liens par des Lois, et par des récompenses convenables à leurs amours, c'est-à-dire, par des honneurs et des profits pour ceux qui font des biens, et par des punitions contraires à leurs amours, c'est-à-dire, par la perte des honneurs, des possessions et de la vie pour ceux qui font des maux, le genre humain périra. Il y aura par conséquent des Chefs qui tiendront les Réunions d'hommes dans l'ordre ; ces Chefs seront experts dans les lois, remplis de sagesse, et auront la crainte de Dieu : il y aura aussi parmi les Chefs un ordre, de peur qu'aucun d'eux, par bon plaisir on par ignorance, ne permette les maux contre l'ordre, et par conséquent ne le détruise ; ce qui est évité, quand il y a des Chefs supérieurs et des Chefs inférieurs, entre lesquels existe une subordination. Les Chefs préposés sur ce qui, parmi les hommes, concerne le Ciel, ou sur les choses Ecclésiastiques, sont appelés Prêtres, et leur fonction est appelée Sacerdoce. Les Chefs préposés sur ce qui, parmi les hommes, concerne le Monde, ou sur les choses Civiles, sont appelés Magistrats, et le Premier d'entre eux, dans les pays où il y a une autorité suprême, est appelé Roi. Quant à ce qui concerne les Prêtres, ils enseigneront aux hommes le chemin qui conduit au Ciel, et en outre ils les dirigeront ; ils les enseigneront conformément à la doctrine de leur église, et les dirigeront pour qu'ils vivent selon cette doctrine. Les Prêtres qui enseignent les vrais, et qui par ces vrais conduisent au bien de la vie, et par conséquent au Seigneur, sont les bons Pasteurs des brebis; mais ceux qui enseignent, et ne conduisent pas au bien de la vie, ni par conséquent au Seigneur, sont les mauvais Pasteurs ; ceux-ci sont appelés voleurs et larrons par le Seigneur, dans Jean, Chap. X. Vers. 7 à 16. Les Prêtres ne s'arrogeront aucun pouvoir sur les âmes des hommes, parce qu'ils ne savent pas dans quel état sont les intérieurs de l'homme ; ils ne s'arrogeront pas, à plus forte raison, le pouvoir d'ouvrir et de fermer le ciel, puisque ce pouvoir appartient au Seigneur seul. Il y aura pour les Prêtres dignité et honneur à cause des choses saintes qui appartiennent à leurs fonctions ; mais ceux d'entre eux qui sont sages attribuent l'honneur au Seigneur, de Qui procède la Sainteté, et non à eux-mêmes ; ceux, au contraire, qui ne sont point sages s'attribuent l'honneur; ceux-ci le dérobent au Seigneur. Ceux qui s'attribuent l'honneur à cause des fonctions saintes qu'ils remplissent, préfèrent l'honneur et le gain au salut des âmes, auquel ils doivent veiller; mais ceux qui attribuent l'honneur au Seigneur et non à eux-mêmes, préfèrent le salut des âmes à l'honneur et au gain. L'honneur d'aucune fonction ne réside dans la personne, mais il est adjoint à la personne selon la dignité de la chose qu'elle administre, et ce qui est adjoint a été séparé de la personne, et il est aussi séparé avec la fonction : l'honneur dans la personne est l'honneur de la sagesse et de la crainte du Seigneur. Les Prêtres enseigneront le peuple, et le conduiront par les vrais au bien de la vie ; mais néanmoins ils ne contraindront qui que ce soit, puisque nul ne peut être contraint à croire le contraire de ce qu'il a pensé du fond du cur être vrai ; celui qui croit autrement que le prêtre et ne cause pas de troubles sera laissé en paix ; mais celui qui cause des troubles sera séparé; car cela aussi appartient à l'ordre pour lequel le sacerdoce a été établi. De même que les Prêtres ont été préposés pour administrer les choses qui concernent la Loi Divine et le Culte, de même les Rois et les Magistrats l'ont été pour administrer les choses qui concernent la Loi Civile et le Jugement. Comme le Roi seul ne peut. pas administrer toutes choses, il à en conséquence sous lui des Chefs, à chacun desquels a été confiée la charge d'administrer ce que le Roi ne peut administrer et n'a pas la faculté d'administrer ; ces chefs pris ensemble constituent la Royauté, mais le Roi lui-même est le chef suprême. La Royauté elle-même n'est pas dans la personne, mais elle a été adjointe à la personne ; le Roi qui croit que la Royauté est dans sa personne, et le chef qui croit que la dignité de sa fonction est dans sa personne, ne sont point sages. La Royauté consiste à administrer selon les lois du Royaume, et à juger selon les lois d'après le juste. Le Roi qui regarde les Lois comme au-dessus de lui, et se regarde par conséquent lui-même comme au-dessous des lois, est sage, mais le Roi qui se regarde comme au-dessus des lois, et regarde par conséquent les lois comme au-dessous de lui, n'est point sage. Le Roi qui regarde les lois comme au-dessus de lui, et qui se regarde ainsi comme au-dessous des lois, place la Royauté dans la Loi, et la Loi domine sur lui, car il sait que la Loi est la Justice, et que toute Justice qui est Justice est Divine: mais le Roi qui regarde les lois comme au-dessous de ]ni, et se regarde ainsi comme au-dessus des lois, place la Royauté en lui-même, et croit ou qu'il est lui-même la Loi, ou que la Loi, qui est la Justice, vient de lui ; de là résulte qu'il s'arroge ce qui est Divin, auquel cependant il doit se soumettre. La Loi, qui est la Justice, doit être établie dans le Royaume par des jurisconsultes sages et craignant Dieu ; puis, et le Roi et les sujets doivent vivre selon la loi : le Roi qui vit selon la Loi, qui est la justice, et qui on donne le premier l'exemple aux sujets, est véritablement un Roi. Le Roi, qui a un pouvoir absolu, et qui croit que ses sujets sont tellement esclaves qu'il a droit sur leur vie et sur leurs possessions, n'est pas un Roi s'il exerce un tel droit, mais c'est un tyran. On doit obéir au Roi selon les lois du Royaume, et ne l'outrager en aucune manière, ni en fait ni en parole, car de là dépend la sécurité publique. XL. Du Seigneur. Il y a un seul Dieu qui est le Créateur de l'univers et le Conservateur de l'univers, par conséquent qui est Dieu du ciel et Dieu de la terre. Il y a deux choses qui font la vie du ciel chez l'homme, le Vrai de la foi et le Bien de l'amour ; cette vie vient de Dieu en l'homme, et il n'en vient absolument rien de l'homme : c'est pourquoi le principal de l'église est de reconnaître Dieu, de croire en Dieu, et de L'aimer. Ceux qui sont nés au dedans de l'église doivent reconnaître le Seigneur, son Divin et son Humain croire en Lui, et L'aimer ; car du Seigneur procède tout salut: c'est ce qu'enseigne le Seigneur dans Jean - " Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. - III. 36 ; - dans le Même -, ´ C'est la volonté de Celui qui M'a envoyé., que quiconque voit le Fils, et croit en Lui, ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. - VI. 40 : dans le Même : ´Jésus dit: Moi, je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en Moi, fût-il mort, vivra ; mais quiconque vit et croit en Moi, ne mourra point pour l'éternité. - XI. 25, 26. Ceux donc qui, au dedans de l'église, ne reconnaissent point le Seigneur, ni son Divin, ne peuvent être conjoints à Dieu, ni par conséquent partager en aucune manière le sort des Anges dans le Ciel : en effet, personne ne peut être conjoint à Dieu que par le Seigneur el dans le Seigneur. Que personne ne puisse être conjoint à Dieu que par le Seigneur c'est ce que le Seigneur enseigne dans Jean : " Dieu, personne ne le vit jamais ; l'Unique Engendré Fils, qui est dans le sein du Père, Lui L'a exposé. - I. 18: - dans le même : ´ Ni la voix du Père vous n'avez jamais entendue, ni soit aspect vous n'avez vu. - V. 37: - dans Matthieu : ´ Personne ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu Le révéler. - XI, 97 : - et dans Jean: ´ je suis le chemin, la vérité et la vie; personne ne vient au Père que par Moi. - XIV. 6. Que personne ne puisse être conjoint à Dieu que dans le Seigneur, c'est aussi ce qu'enseigne le Seigneur, dans Jean: ´ Comme le sarment ne peut porter du fruit par lui-même, s'il ne demeure dans le Cep, de même vous non plus, si vous ne demeurez en Moi parce que que sans Moi vous ne pouvez faire rien. - XV. 4, 5. Si personne ne peut être conjoint à Dieu que dans le Seigneur, c'est parce que le Père est en Lui, et qu'ils sont un, comme il l'enseigne aussi dans Jean : ´ Qui Ne voit, voit Celui qui M'a envoyé ; et vous avez connu Mon Père, et dès à présent vous L'avez connu ; qui Me voit, voit le Père : Philippe, ne crois-tu pas que Je (suis) dans le Père, et que le Père ( est ) en Moi ? Croyez-Moi, que Je (suis) dans le Père, et que le Père (est) en Moi. - XII. 45, XIV. 7, 9, 10, Il : - et dans le Même: ´ Le Père et Moi nous sommes un. - Afin que vous connaissiez et que vous croyiez que Je (suis) dans le Père, et que le Père (est) en moi. - X. 30, 38. Puisque le Père est dans le Seigneur, et que le Père et le Seigneur sont un, et puisqu'il faut croire en Lui, et que celui qui croit en Lui a la vie éternelle, il est bien évident que le Seigneur est Dieu. Que le Seigneur soit Dieu, c'est ce que la Parole enseigne partout, par exemple, dans Jean -. " Au commencement était la Parole, et la Parole était chez Dieu, et Dieu elle était, la Parole, et toutes choses par Elle ont été faites, et sans Elle n'a été fait rien de ce qui a été fait. Et la Parole chair a été faite, et Elle a habité Parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire comme de l'Unique-Engendré du Père. " -I.3, 14 : - dans Esaïe: ´ Un enfant nous est né, un Fils nous a été donné ; sur soit épaule sera la principauté, et sera appelé son Nom, Dieu, Héros, Père d'éternité, Prince de paix. ª.- IX. 5 : - dans le Même -. ´ Une vierge concevra et enfantera un fils, et sera appelé son Nom Dieu avec nous. -XII. 14. Matth. I.23 , - et dans Jérémie : - " Voici,les Jours viendront que je susciterai à David un germe juste, qui régnera Roi, et prospérera ;et voici son Nom, dont on l'appellera : Jéhovah notre Justice. - XXIII. 5, 6. XXXIII. 15, 16, Tous ceux qui sont de l'église, et dans la lumière procédant du Ciel, voient le Divin dans le Seigneur, et ils le voient dans son Humain ; mais ceux qui ne sont point dans la lumière procédant du ciel, ne voient que l'Humain dans le Seigneur; tandis que cependant l'Humain et le Divin ont été tellement unis en Lui, qu'ils sont un, comme l'a enseigné le Seigneur, et aussi ailleurs dans Jean : ´ Père, toutes choses miennes sont tiennes, et toutes choses tiennes (sont) miennes.- XVII. l0. Ceux qui ont de la Divinité l'idée de trois personnes, ne peuvent avoir l'idée d'un seul Dieu ; si de bouche ils disent un, toujours est-il qu'ils pensent trois: mais ceux qui ont de la Divinité l'idée de trois dans une seule Personne, peuvent avoir l'idée d'un seul Dieu, et ils peuvent dire un seul Dieu, et aussi penser un seul Dieu. On a l'idée de trois dans une seule Personne, quand on pense que le Père est dans le Seigneur, et que l'Esprit Saint procède du Seigneur; alors le Trine dans le Seigneur est le Divin Même qui est appelé Père, le Divin Humain qui est appelé Fils, et. le Divin procédant qui est appelé Esprit Saint. Tout homme tient de son père l'être de sa vie, qui est appelé son âme, l'Exister de la vie qui en provient est ce qui est appelé Corps ; de là le corps est la ressemblance de son âme car par le corps l'âme dirige sa vie à son gré ; de là vient que les hommes naissent à la ressemblance de leurs pères, et que les familles sont distinguées. D'après cela on peut voir quel a été le Corps ou quel a été l'Humain du Seigneur, à savoir, qu'il a été comme le Divin Même, qui était l'être de sa vie ou l'Ame procédant du Père ; aussi a-t-il dit : ´ Qui Me voit, voit le Père. - Jean, XIV. 9. Que le Divin et l'Humain du Seigneur soient une seule Personne, c'est aussi ce qui est admis par la foi reçue dans tout le monde Chrétien, laquelle est celle-ci : ´Quoique Christ soit Dieu et Homme, cependant il n'est pas deux, mais un seul Christ ; il est même absolument un et une seule Personne ; parce que de même le corps et l'âme sont un seul homme, de même aussi Dieu et Homme est un seul Christ. Ceci est tiré du Symbole d'Athanase. Que le Seigneur ait été conçu de Jéhovah le Père, et qu'ainsi il ait été Dieu par conception, c'est ce qui est connu dans l'église; et l'on y sait aussi qu'il est ressuscité avec tout son corps, car il n'a rien laissé dans le sépulcre ; c'est même ce qu'il a confirmé ensuite à ses disciples, en disant : ´ Voyez mes mains et mes pieds, car c'est Moi-Même ; touchez-Moi, et voyez, car un Esprit chair et os n'a point, comme vous me voyez avoir. - Luc, XXIV. 39 : - et quoi qu'il f t homme quant à la chair et aux os, néanmoins il entra les portes étant fermées, et après qu'il se fui manifesté, il devint invisible, - Jean, XX. 19, 26 Luc, XXIV. 31. - il en est autrement de tout homme, car l'homme ressuscite seulement quant à l'esprit, et non quant au corps; c'est pourquoi quand il dit qu'il n'est pas comme un Esprit, il dit qu'il n'est pas comme unautre homme. De là il est maintenant évident que dans le Seigneur l'Humain aussi est Divin. Ceux qui font l'Humain du Seigneur semblable à l'humain d'un autre homme ne réfléchissent pas sur sa conception par le Divin Même ni sur sa Résurrection avec tout son corps, ni sur sa transfiguration pendant laquelle les disciples virent sa face resplendir comme le Soleil : ils ne savent pas non plus et ne comprennent pas que le corps de chacun est la ressemblance ou l'effigie de son âme ; ni que le Seigneur est tout-présent même quant à l'Humain ; de là, en effet, vient la foi en sa toute présence dans la Sainte Cène ; la Toute-Présence est Divine, - Matth. XXVIII. 20. Comme dans le Seigneur tout est Divin, de là vient qu'il a tout pouvoir dans les cieux et dans les terres ; c'est aussi ce qu'il dit Lui-Même dans Jean : " Le Père a donné au filspouvoir sur toute chair. " - XVII. 2 : - dans Matth. : " Toutes choses m'ont été livrées par le Père "- XI. 27 : - et dans le Même : ´ Toutpouvoir M'a été donné dans le ciel et sur terre. " XVIII. 18. Le Seigneur est venu dans le monde pour sauver le genre humain, qui autrement eut péri de la mort éternelle ; et il l'a sauvé, par cela qu'il a subjugué les enfers qui infestaient tout homme venant au monde et sortant du monde ; et en même temps par cela qu'il a glorifié son Humain, car ainsi il peut tenir les enfers subjugués éternellement. La subjugation des enfers, et en même temps la glorification de son Humain, ont été faites par les Tentations admises dans son Humain, et alors par de continuelles victoires : sa passion sur la croix a été la dernière Tentation et la complète Victoire. Que le Seigneur ait subjugué les enfers, Lui-Même l'enseigne dans Jean -. ´ Jésus dit : Maintenant mon âme a été troublée ; Père ! délivre-Moi de cette heure ; mais c'est pour cela que je suis venu dans le monde. Père ! glorifie ton Nom. Il sortit une voix du ciel : Et je l'ai glorifié, et de nouveau je le glorifierai : alors Jésus dit : C'est maintenant le jugement de ce monde, maintenant le prince de ce monde sera jeté dehors. - XII. 27 28, 31 : Dans le même : ´ Ayez confiance; Moi, j'ai vaincu le monde. - XVI. 33 : - et dans Esaïe : " Qui (est) celui-ci qui vient d'Edom marchant dans la multitude de sa force, grand pour sauver ? Mon bras m'a procuré le salut ; c'est pour quoi il est devenu pour eux un Sauveur. " LXIII. 1 à 8 LIX. 16 à 21. - Qu'il ait glorifié son Humain, et que la Passion de la croix ait été la dernière Tentation et la complète Victoire, par laquelle il a été glorifié, c'est ce qu'il enseigne aussi dans Jean : " Après que Judas fût sorti, Jésus dit : Maintenant a été glorifié, le Fils de l'homme, et Dieu Le glorifiera en Soi-même, et à l'instant il Le glorifiera. - XIII. 31, 32 : - dans le même : " Père ! l'heure est venue, glorifie ton Fils, afin qu'aussi ton Fils le glorifie. Maintenant glorifie Moi, Toi, Père, de la gloire que j'ai eue chez Toi, avant que le monde fût " - XVII. 1, 5 :- dans le même : ´ Maintenant mon âme a été troublée ; Père ! glorifie ton Nom ; et il sortit une voix du ciel. Et je l'ai glorifié, el de nouveau je le glorifierai. - XII. 27 28 : - et dans Luc : ´ Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrt dans sa gloire. - XXIV. 26 : - glorifier, c'est rendre Divin. De là il est bien évident que si le Seigneur ne fût venu dans le monde, et n'eût été fait homme, et n'eût par ce moyen délivré de l'enfer tous ceux qui croient en Lui et qui L'aiment, aucun des mortels n'aurait pu être sauvé ; c'est ainsi qu'il est entendu que sans le Seigneur il n'y a point de salut. Aimer le Seigneur, c'est vivre selon ses préceptes : que ce soit là, aimer le Seigneur, c'est ce qu'enseigne le Seigneur Lui-Même dans Jean : ´ Si vous M'aimez, gardez mes commandements ; celui qui a mes préceptes, et les fait, c'est celui-là qui M'aime. Si quelqu'un M'aime, ma parole il gardera ; mais celui qui ne M'aime pas, mes paroles ne garde pas. - XIV. 15, 21, 23, 24. - Et que ceux-là soient sauvés, qui reçoivent le Seigneur et croient en Lui, mais non ceux qui sont dans les maux et par suite dans les faux, puisque ceux-ci ne Le reçoivent point et ne croient point en Lui, on le voit dans Jean : ´ A tous ceux qui ont reçu, il leur a donné le pouvoir d'être Fils de Dieu, à ceux qui croient en son Nom ; qui, non de sangs, ni de volonté de chair, ni de volonté d'homme, mais de Dieu, sont nés. - I. 12, 13 ; - être né de sangs, de volonté de chair et de volonté d'homme, c'est être dans les maux de l'amour de soi et du monde et par suite dans les faux; être né de Dieu, c'est être régénéré. Quand le Seigneur eut pleinement glorifié son Humain, il dépouilla l'Humain provenant de la mère, et revêtit l'Humain provenant du Père; c'est pourquoi il ne fut plus alors le Fils de Marie, mais il fut le Fils de Dieu de qui il était issu. Que dans le Seigneur il y ait le Trine, à savoir, le Divin Même, le Divin Humain et le Divin procédant, c'est là un arcane descendu du ciel, et pour ceux qui seront dans la Sainte Jérusalem. FIN |