XIII

CORRESPONDANCE DES VISCERES INTERIEURS
AVEC LE TRES-GRAND HOMME



5171. A quelles Provinces appartiennent les Sociétés angéliques, on peut le savoir, dans l'autre vie, par leur situation respectivement au corps humain, et aussi par leur opération et leur influx, car elles influent et opèrent dans cet organe et dans ce membre, où elles sont ; toutefois, leur influx et leur opération peuvent être perçus seulement par ceux qui sont dans l'autre vie, et non par l'homme, si ce n'est par celui chez qui les intérieurs ont été ouverts jusque-là ; et encore faut-il qu'il lui soit donné par le Seigneur une réflexion sensitive à laquelle la perception ait été adjointe.

5172. Il y a certains Esprits probes qui pensent sans méditation, et qui par conséquent énoncent tout à coup et comme sans préméditation ce qui se présente à la pensée ; ceux-là ont une perception intérieure, qui n'est pas devenue visuelle par des médiations et des pensées, comme chez les autres, car en avançant dans la vie ils ont été instruits comme par eux-mêmes sur la bonté des choses, et non de même sur la vérité de ces choses. Il m'a été déclaré que de tels esprits appartiennent à la province de la GLANDE DU THYMUS; en effet, le Thymus est une glande qui sert particulièrement aux petits enfants, et dans cet âge elle est molle ; chez de tels esprits il reste aussi une mollesse enfantine dans laquelle influe la perception du bien, perception d'après laquelle brille communément le vrai : ceux-ci peuvent être au milieu de grands troubles, et néanmoins ne pas être troublés ; il en est de même aussi de cette glande.

5173. Il y a, dans l'autre vie, plusieurs modes de Vexations, et aussi plusieurs modes d'inauguration dans des gyres ; ces Vexations sont représentées par les purifications du sang, du sérum ou de la lymphe, et du chyle dans le corps, lesquelles se font aussi par diverses castigations ; et ces inaugurations dans des gyres sont représentées par les introductions de ces fluides ensuite pour les usages : dans l'autre vie, il est très commun que les esprits, après avoir été vexés, soient mis ensuite dans un état tranquille et agréable, par conséquent dans les sociétés dans lesquelles ils doivent être inaugurés, et auxquelles ils doivent être adjoints. Que les castigations et les purifications du sang, du sérum et du chyle, puis aussi celles des aliments dans l'estomac, correspondent à de telles choses dans le monde spirituel, c'est ce qui ne peut que sembler étrange à ceux qui pensent qu'il n'y a que du naturel dans les choses naturelles, et plus encore à ceux qui le croient, niant ainsi qu'il y ait ou qu'il puisse y avoir dans le naturel quelque chose de spirituel qui agit et dirige ; et cependant il est de fait que dans toutes et dans chacune des choses qui sont dans la nature et dans ses trois règnes, il y a intérieurement un agent qui provient du monde spirituel ; si un tel agent n'y était pas, rien absolument dans le monde naturel ne dirigerait la cause et l'effet, et par conséquent aucune chose ne serait produite ; ce qui agit du monde spirituel dans les choses naturelles est appelé force insitée dès la première création, mais c'est une effort, lequel cessant, l'action ou le mouvement cesse ; de là vient que tout le monde visible est le théâtre représentatif du monde spirituel. Il en est de cela comme du mouvement des muscles, d'où résulte l'action ; s'il n'y avait pas dans le mouvement des muscles un effort provenant de la pensée et de la volonté de l'homme, ce mouvement cesserait à l'instant ; car il est conforme aux règles connues dans le monde savant, que l'effort cessant, le mouvement cesse ; puis aussi, que dans l'effort il y a le tout de la détermination, et que dans le mouvement il n'existe rien de réel que l'effort. Que cette force ou cet effort dans l'action ou le mouvement soit un spirituel dans un naturel, cela est évident, car penser et vouloir est spirituel, mais agir et être mû est naturel ; ceux qui ne pensent point au delà de la nature ne saisissent pas même cela, mais toujours est-il qu'ils ne peuvent le nier : toutefois, dans la volonté et par suite dans la pensée, la chose qui produit n'est pas semblable dans la forme avec l'action qui est produite, car l'action représente seulement ce que le mental veut et pense.

5174. Il est notoire que dans l'estomac les aliments ou nourritures sont vexés (agités) de bien des manières, afin que leurs intérieurs qui doivent tourner à l'usage, c'est-à-dire, s'en aller dans le chyle et ensuite dans le sang, soient extraits ; on sait aussi qu'ensuite les aliments s'en vont dans les intestins ; de telles vexations sont représentées par les premières vexations des esprits, qui tout es sont faites selon la vie qu'ils ont eue dans le monde, afin que les maux soient séparés, et que les biens qui tournent à l'usage soient rassemblés ; aussi peut-on dire des âmes ou des esprits, que, peu après leur sortie ou leur délivrance du corps, d'abord en quelque sorte ils viennent dans la région de l'Estomac, et y son vexés et purifiés ; ceux chez qui les maux ont obtenu la domination, ceux-là, après avoir été en vain vexés, sont portés par l'estomac dans les intestins, et jusqu'aux derniers, à savoir, jusqu'au Colon et au Rectum, et de là sont jetés dans les latrines, c'est-à-dire, dans l'enfer : au contraire, après quelques vexations et quelques purifications, ceux chez qui les biens ont eu la domination deviennent chyle, et s'en vont dans le sang, les uns par un chemin plus long, les autres par un chemin plus court, et quelques-uns sont vexés rudement, d'autres le sont doucement, et d'autres ne le sont presque point ; ceux qui ne le sont presque point sont représentés dans les sucs des aliments, qui sont aussitôt reçus par les veines, et portés dans la circulation, jusque dans le cerveau ; et ainsi du reste.

5175. En effet, quand l'homme meurt et entre dans l'autre vie, il en est de sa vie comme d'une nourriture qui est doucement reçue par les lèvres, et amenée ensuite dans l'estomac par la bouche, le gosier et l'oesophage ; et cela, selon l'habitude contractée dans la vie du corps par des actes répétés ; la plupart, dans le commencement, sont traités avec douceur, car ils sont tenus dans la compagnie des anges et des bons esprits, ce qui est représenté dans les aliments en ce qu'ils sont d'abord doucement touchés par les lèvres, et ensuite goûtés par la langue quant à la qualité ; les aliments qui sont tendres, dans lesquels il y a quelque chose de doux, d'huileux et de spiritueux, sont aussitôt recueillis par les veines et portés dans la circulation ; mais les aliments qui sont durs, dans lesquels il y a quelque chose d'amer, de coriace, de peu nutritif, sont domptés plus durement, ils sont envoyés par l'oesophage dans l'estomac, où ils sont ch‚tiés de diverses manières et par diverses tortures : ceux qui sont encore plus durs, plus coriaces et plus stériles sont précipités dans les intestins, et enfin dans le rectum, où est le premier enfer ; et, en dernier lieu, ils sont jetés dehors et deviennent excréments : il en est tout à fait de même de la vie de l'homme après la mort ; d'abord l'homme est tenu dans les externes, et parce que dans les externes il a mené une vie civile et morale, il est avec les anges et les esprits probes ; mais ensuite, les externes lui sont enlevés, alors on voit clairement quel il avait été intérieurement quant aux pensées et quant aux affections, et en dernier lieu quant aux fins ; c'est selon les fins que sa vie demeure.

5176. Tant qu'ils sont dans cet état, où ils sont comme des aliments ou nourritures dans l'estomac, ils ne sont point dans le Très-Grand Homme, ils sont seulement conduits à l'entrée ; mais quand ils sont représentativement dans le sang, ils sont dans le Très-Grand Homme.

5177. Ceux qui ont eu beaucoup d'inquiétude sur l'avenir, et plus encore ceux qui pour cela même sont devenus tenaces et avares, apparaissent dans la région où est l'estomac ; plusieurs m'y ont apparu ; la sphère de leur vie peut être comparée à l'odeur nauséabonde qui s'exhale de l'estomac, et aussi à la pesanteur qui provient d'une indigestion ; ceux qui ont été tels restent longtemps dans cette région, car l'inquiétude sur l'avenir, confirmée par l'acte, émousse et retarde l'influx de la vie spirituelle ; en effet, ils attribuent à eux-mêmes ce qui appartient à la Divine Providence, et ceux qui agissent ainsi s'opposent à l'influx et éloignent d'eux la vie du bien et du vrai.

5178. Comme c'est l'inquiétude sur l'avenir qui produit les anxiétés chez l'homme, et comme de tels esprits apparaissent dans la région de l'estomac, il en résulte que les anxiétés affectent l'estomac plus que tous les autres viscères : et même il m'a été donné d'apercevoir comment ces anxiétés étaient augmentées et diminuées selon la présence et l'éloignement de ces esprits ; quelques anxiétés étaient perçues à l'intérieur, d'autres plus à l'extérieur, d'autres plus haut, et d'autres plus bas, selon la différence de ces inquiétudes quant aux origines, aux dérivations et aux déterminations. De là vient aussi que, quand de telles anxiétés occupent le mental (animus), la région autour de l'estomac est resserrée, et qu'on y ressent parfois de la douleur, et qu'en outre il semble que c'est de cette région que s'élèvent les anxiétés ; et de là vient encore que, quand l'homme n'a plus d'inquiétude sur l'avenir, ou quand tout lui réussit, au point qu'il ne craint plus aucune infortune, la région autour de l'estomac est libre et détendue, et qu'il y ressent du plaisir.

5179. Un jour, je m'aperçus d'un embarras (anxium) dans la partie inférieure de l'estomac, ce qui me fit connaître que de tels esprits étaient présents ; je leur parlai en disant qu'il était plus à propos qu'ils se retirassent, parce que leur sphère, qui causait l'anxiété, ne s'accordait point avec les sphères des esprits qui étaient chez moi ; alors il y eut avec eux une conversation sur les sphères, à savoir qu'autour de l'homme, il y a un grand nombre de sphères spirituelles, et que les hommes ne savent pas et ne veulent pas savoir qu'il y en a, par la raison qu'ils nient tout ce qui est appelé spirituel, et quelques-uns, tout ce qui ne se voit pas et ne se touche pas ; qu'ainsi, il y a autour de l'homme certaines sphères provenant du monde spirituel, qui s'accordent avec sa vie, et que par ces sphères l'homme est en société avec les esprits d'une affection semblable, et que de là existent un grand nombre de choses que l'homme, qui attribue tout à la nature, ou nie, ou assigne à une nature plus occulte; par exemple, ce qui est attribué à la fortune, car il y en a qui par expérience sont absolument persuadés qu'il existe quelque chose qui opère d'une manière occulte, et qu'on appelle fortune, mais ils ne savent pas d'où cela vient ; que cela vienne de la sphère spirituelle, et que ce soit le dernier de la Providence, c'est ce qui sera dit ailleurs, par la Divine Miséricorde du Seigneur, d'après les preuves tirées de l'expérience.

5180. Il y a des génies et des esprits qui introduisent dans la tête une espèce de succion ou d'attraction, de manière qu'on ressent de la douleur à l'endroit où existe une telle attraction ou succion ; le sens manifeste de la succion fut perçu par moi comme si une membrane était sucée à plein sens ; je doute que d'autres eussent pu la supporter en raison de la douleur ; mais comme j'y ai été habitué, je l'ai enfin supportée souvent sans douleur ; le principal endroit de la succion était au sommet de la tête, et de là elle s'étendait vers la région de l'oeil gauche ; celle qui s'étendait vers l'oeil était faite par les esprits ; celle qui s'étendait vers l'oreille était faite par les génies ; les uns et les autres sont de ceux qui appartiennent à la province de la Citerne et des conduits du Chyle, où même le chyle est attiré de tout côté, quoiqu'il soit aussi en même temps poussé. En outre, il y en avait d'autres qui agissaient intérieurement dans la Tête, presque de la même manière, mais non avec une pareille force de succion ; il m'a été dit que ce sont ceux auxquels correspond le Chyle subtil, qui est amené vers le cerveau, et est mêlé là avec un nouvel animal, pour être envoyé vers le cœur. Ceux qui agissaient extérieurement, je les ai d'abord vus à la partie antérieure un peu à gauche, puis dans cette même partie, plus haut, de sorte que leur région a été observée du plan de la cloison du nez vers le plan de l'oreille gauche en s'élevant. Ceux qui constituent cette province sont d'un double genre ; quelques-uns assez modestes, d'autres pétulants ; les modestes sont ceux qui ont désiré savoir ce que pensaient les hommes pour cette fin de les attirer et de les attacher à eux, car celui qui sait ce que pense un autre en connaît les choses secrètes, et les intérieurs, ce qui fait qu'il y a conjonction ; la fin est la conversation et l'amitié ; ceux-ci désirent seulement savoir les biens, ils les examinent, et quant au reste, ils l'interprètent en bien : mais les pétulants s'attachent avec passion et cherchent de plusieurs manières à découvrir ce que pensent les autres, pour cette fin ou d'en tirer profit, ou de nuire ; et parce qu'ils sont dans une telle cupidité et dans une telle recherche, ils retiennent le mental des autres sur la chose qu'ils veulent savoir, sans désemparer, en y joignant même des assentiments affectueux, attirant ainsi les pensées même secrètes ; dans l'autre vie, ils agissent de la même manière dans les sociétés où Us sont, et avec plus d'adresse encore, et là ils ne laissent pas celui qu'ils sondent s'écarter de son idée, qu'ils échauffent même, et par ce moyen ils la font sortir ; par là, ils tiennent ensuite comme enchaînés et sous leur pouvoir ceux qu'ils ont ainsi sondés, parce qu'ils sont les confidents des maux qu'ils ont commis : mais ces esprits sont au nombre de ceux qui errent çà et là, et ils sont très souvent châtiés.

5181. Par les gyres, on peut aussi en quelque sorte connaître à quelle province dans le Très-Grand Homme, et, d'une manière correspondante, dans le corps, appartiennent les esprits et les anges ; les gyres de ceux qui appartiennent à la province des Lymphatiques sont légers et prompts, comme un liquide qui coule doucement, de sorte qu'on peut à peine apercevoir quelque gyration. Ceux qui appartiennent aux Lymphatiques sont ensuite transportés dans des lieux, qu'on m'a dit avoir leur rapport avec le Mésentère ; il m'a été dit qu'ils sont là comme s'ils étaient dans des labyrinthes, et que de là ils sont ensuite transportés dans divers endroits du Très-Grand Homme, pour servir à l'usage, comme le Chyle dans le corps.

5182. Il y a des gyres dans lesquels les esprits novices doivent être inaugurés, afin qu'ils puissent se trouver dans la compagnie des autres, et qu'en même temps ils puissent avec eux non seulement parler, mais encore penser ; dans l'autre vie, il faut qu'entre tous il y ait concorde et unanimité, afin qu'ils soient un, de même que toutes et chacune des choses dans l'homme, lesquelles, quoique partout elles soient différentes, font un cependant par l'unanimité ; il en est de même dans le Très-Grand Homme; pour cette fin la pensée et le langage de l'un doivent concorder avec la pensée et le langage des autres : il est de principe que la pensée et le langage en eux-mêmes, chez chaque membre d'une société, soient en concordance ; autrement, ce qu'il y a de discordant est aperçu comme un grincement insupportable qui frappe les mentals des autres ; tout discordant aussi désunit, et est un impur qui doit être rejeté ; cet impur provenant de la discorde est représenté par l'impur avec le sang et dans le sang, dont le sang doit être dépuré ; cette défécation se fait par les vexations, qui ne sont autre chose que des tentations de différents genres, et ensuite par les introductions dans les gyres ; la première introduction dans les gyres est pour que les esprits puissent être assortis ensemble la seconde, pour que la pensée et le langage soient en concordance la troisième, pour qu'ils s'accordent entre eux quant aux pensées et quant aux affections ; la quatrième, pour qu'ils s'accordent dans les vrais et dans les biens.

5183. Il m'a été donné d'apercevoir les gyres de ceux qui appartiennent à la province du Foie, et cela pendant une heure entière ; les gyres étaient doux, coulant à l'entour de diverses manières selon l'opération de ce viscère ; ils m'affectaient d'un plaisir bien grand ; leur opération est diverse, mais communément orbiculaire ; que leur opération soit diverse, c'est aussi ce qui est représenté dans les fonctions du Foie, qui sont diverses ; car le Foie attire le sang et le sépare, il verse le meilleur dans les veines, il envoie celui d'une moyenne qualité dans le conduit hépatique, et il abandonne le sang vil à la vésicule du fiel ; cela est ainsi dans les adultes ; mais dans les embryons, le Foie reçoit de l'utérus de la mère le sang et le purifie, il l'insinue plus pur dans les veines, afin qu'il passe par un chemin plus court dans le cœur ; il fait alors sentinelle devant le cœur.

5184. Ceux qui appartiennent au Pancréas agissent d'une manière plus aiguÎ, et presqu'à la manière d'une scie, et même avec un bruit semblable; le bruit lui-même parvient en résonnant aux oreilles des esprits, mais non à celles de l'homme, à moins que celui-ci ne soit en esprit quand il est dans le corps ; leur région est entre celles de la Rate et du Foie, davantage vers la gauche. Ceux qui sont dans la Province de la Rate sont presque directement au-dessus de la tête, mais leur opération tombe sur la rate.

5185. Il y a des esprits qui ont leur rapport avec le Conduit pancréatique, le Conduit hépatique, et le Conduit cystique, par conséquent avec les biles qui y sont, et que les intestins rejettent : ces esprits sont distincts entre eux, mais ils agissent en compagnie selon l'état de ceux vers qui l'opération est déterminée : ceux-là surtout assistent aux corrections et aux punitions, ils veulent les diriger ; ceux d'entre eux qui sont les plus méchants sont si opini‚tres qu'ils ne veulent jamais cesser, à moins qu'ils ne soient effrayés par les craintes et par les menaces, car ils craignent les supplices, et alors ils promettent tout. Ce sont ceux qui, dans la vie du corps, ont été obstinément attachés à leurs opinions, non pas tant par le mal de la vie que par un travers naturel : quand ils sont dans leur état naturel, ils ne pensent à rien ; ne penser à rien, c'est penser obscurément sur plusieurs choses à la fois et ne penser rien distinctement sur aucune chose ; leurs délices sont de ch‚tier, et ainsi de rendre bon ils ne s'abstiennent pas non plus des saletés.

5186. Ceux qui constituent la province de la Vésicule du fiel sont du côté du dos ; ce sont ceux qui dans la vie du corps ont méprisé la probité et en quelque sorte la piété, et aussi ceux qui les ont couvertes d' opprobre.

5187. Il vint à moi un certain esprit, qui me demanda si je savais où il pourrait demeurer ; je jugeai qu'il était probe, et comme je lui disais que c'était peut-être ici, des esprits vexateurs de cette province arrivèrent, ils le vexaient extrêmement, ce qui m'affligea, et c'est en vain que je voulus les arrêter ; je remarquai alors que j'étais dans la province de la Vésicule du fiel ; les esprits vexateurs étaient de ceux qui ont méprisé ce qui est probe et ce qui est pieux. Il m'a été donné d'y observer un genre de vexation ; c'était une contrainte à parler plus vite qu'on ne pense, ce qu'ils faisaient en retirant le langage d'avec la pensée, et en contraignant alors à suivre leur langage, ce qui a lieu avec douleur par une telle vexation, ceux qui sont lents sont inaugures a penser et à parler plus vite.

5188. Il y en a, dans le monde, qui agissent par des artifices et des mensonges, d'où résultent des maux ; il m'a été montré quels ils sont, et comment ils agissent, par cela qu'ils employaient des personnes inoffensives pour instruments de persuasion, et aussi par cela qu'ils supposaient que des personnes avaient dit telle ou telle chose, lorsque cependant elles n'avaient rien dit de cela ; en un mot, ils se servent de moyens mauvais pour parvenir à une fin quelle qu'elle soit; les moyens sont les fourberies, les mensonges et les artifices ; ceux-là ont leur rapport avec ces vices, nommés Tubercules b‚tards, qui d'ordinaire croissent sur la Plèvre et sur d'autres membranes, et qui, dès qu'ils sont enracinés, s'étendent au loin, de sorte qu'ils finissent par détruire la membrane. De tels esprits sont sévèrement punis ; leur ch‚timent diffère des ch‚timents des autres ; il se fait par des circonrotations ; ils sont mus circulairement de gauche à droite, comme une orbite, d'abord plane, qui en tournant se renfle ; ensuite, le renflement parait se déprimer et devenir un enfoncement ; alors on augmente la vitesse ; ce qui est étonnant, c'est que cela se fait selon la forme et à l'imitation de ces tubérosités ou apostèmes ; il a été observé que, dans leur circonrotation, ils s'efforçaient d'attirer les autres, et le plus souvent les innocents, dans leur tourbillon, par conséquent dans leur ruine ; qu'ainsi, lorsqu'il leur semble qu'ils périssent, ils n'ont d'autre soin que d'entraîner qui que ce soit dans leur perte. Il a aussi été observé qu'ils ont la vue très étendue, voyant presque tout en un instant, et saisissant ainsi pour moyens le choses qui leur sont favorables, et qu'en conséquence ils sont plus pénétrants que tous les autres ; ils peuvent aussi être appelés Ulcères mortels, partout où ils sont dans la Chambre de la poitrine, soit dans la Plèvre, ou dans le Péricarde, ou dans le Médiastin, ou dans le Poumon. Il m'a été montré que ces esprits après le ch‚timent, sont rejetés vers le dos, dans un gouffre, et que là ils sont étendus la face et le ventre en bas, conservant peu de vie humaine, privés par conséquent de leur perspicacité, qui appartenait à la vie des bêtes féroces : leur enfer est dans un lieu profond, sous le pied droit, un peu en avant.

5189. Il venait des esprits par-devant et avant leur arrivée, j'aperçus une Sphère provenant de mauvais esprits ; de là je supposais que les esprits qui venaient étaient mauvais, mais c'était la sphère de leurs ennemis ; que ce fussent leurs ennemis, je le découvris par l'ennui et l'inimitié qu'ils inspiraient contre eux ; quand ils furent arrivés, ils se placèrent au-dessus de la tête, et m'adressèrent la parole, disant qu'ils étaient des hommes ; je répondis qu'ils n'étaient pas des hommes doués d'un corps tel qu'est dans le monde celui des hommes, qui ont coutume de s'appeler hommes d'après la forme du corps ; mais que néanmoins ils étaient des hommes, parce que l'Esprit de l'homme est véritablement l'homme ; à cette réponse, je n'aperçus aucun signe de désapprobation, parce qu'ils la confirmaient : de plus, ils me dirent qu'ils étaient des hommes non semblables entre eux; comme cela me parut impossible, à savoir que dans l'autre vie, une société fût composée d'esprits non semblables, je m'entretins avec eux sur ce sujet, en disant que si une cause commune les poussait à une même chose, ils pouvaient néanmoins être en société, parce qu'ainsi ils avaient tous une même fin : ils me dirent que tels ils étaient, que chacun d'eux parlait autrement que les autres, et que cependant tous pensaient la même chose ; c'est même ce qu'ils illustrèrent par des exemples, par lesquels il fut évident qu'ils avaient tous une même perception, mais des langages différents. Ensuite ils s'appliquèrent à mon oreille gauche, et ils me dirent qu'ils étaient de bons esprits, et que cette manière de parler leur était propre : il me fut dit à leur sujet qu'ils viennent en troupes, et qu'on ne sait d'où ils sont. je perçus la sphère des mauvais esprits qui leur était très opposée, car les méchants qu'ils vexent sont les sujets. Leur société, qui est errante, me fut représentée par un homme et une femme dans une chambre, dans un habillement qui était changé en robe de couleur d'azur. je perçus qu'ils avaient leur rapport, dans le cerveau, avec l'Isthme qui est entre le Cerveau et le Cervelet, et par lequel les fibres passent, et de là se répandent diversement, et agissent différemment dans les externes partout où elles vont : puis aussi, qu'ils ont leur rapport, dans le corps, avec les Ganglions, dans lesquels le nerf influe et de là s'étend en plusieurs fibres, dont les unes sont portées d'un côté, et les autres de l'autre, et agissent dans les derniers d'une manière différente, mais néanmoins d'après un même principe, ainsi dans les derniers d'une manière différente quant à l'apparence, quoique d'une manière semblable quant à la fin ; il est même notoire qu'une seule force agissant dans les extrêmes peut être variée en beaucoup d'endroits, et cela selon la forme qu'elle y prend. Les fins sont représentées aussi par les principes d'où proviennent les fibres, tels que sont ces principes dans le Cerveau ; les pensées qui en dérivent sont représentées par les fibres provenant de ces principes, et les actions qui en dérivent sont représentées par les nerfs provenant des fibres.

5377. Il vient d'être traité de la correspondance de quelques Viscères intérieurs du corps avec le Très-Grand Homme, à savoir du Foie, du Pancréas, de l'Estomac et de quelques autres ; maintenant, il sera parlé de la Correspondance du Péritoine, des Reins, des Uretères, de la Vessie et des Intestins ; car tout ce qui est dans l'homme, tant dans l'homme externe que dans l'homme interne, a une correspondance avec le Très-Grand Homme ; sans la correspondance avec lui, c'est-à-dire avec le ciel ou, ce qui est la même chose, avec le monde spirituel, jamais rien n'existe ni ne subsiste, par la raison que cela n'a aucune connexion avec un antérieur à soi, ni par conséquent avec le Premier, c'est-à-dire avec le Seigneur ; ce qui n'a pas de connexion, et aussi est indépendant, ne peut pas même subsister un seul moment ; en effet, si une chose subsiste, c'est par connexion et dépendance avec et sous celui de qui procède le tout de l'existence, car la subsistance est une perpétuelle existence. C'est de là que non seulement toutes les choses dans l'homme correspondent, mais aussi toutes les choses dans l'univers ; le soleil lui-même correspond, et aussi la lune, car dans le ciel le Seigneur est le Soleil et il est aussi la Lune ; la flamme et la chaleur du Soleil correspondent et la lumière aussi, car c'est à l'amour du Seigneur envers tout le genre humain que correspondent la flamme et la chaleur, et c'est au Divin vrai que correspond la lumière ; les astres eux-mêmes correspondent ; c'est avec les sociétés du ciel et avec leurs habitations qu'existe la correspondance des astres, non pas que ces sociétés soient dans les astres, mais elles sont dans un ordre semblable ; tout ce qui se présente sous le soleil correspond, ainsi tous les sujets du règne animal et aussi tous les sujets du règne végétal, qui tous en général et en particulier tomberaient et seraient détruits en un moment, s'il n'y avait pas en eux un influx provenant du monde spirituel; c'est même ce qu'il m'a été donné de savoir par de nombreuses expériences, car il m'a été montré avec quelles choses dans le monde spirituel correspondaient un grand nombre de celles qui sont dans le règne animal, et encore un plus grand nombre de celles qui sont dans le règne végétal, et aussi que sans influx elles ne subsistent en aucune manière car l'antérieur étant ôté, le postérieur tombe nécessairement, et pareillement quand l'antérieur a été séparé du postérieur. Comme il y a principalement correspondance de l'homme avec le ciel, et par le ciel avec le Seigneur, il en résulte que l'homme apparaît dans l'autre vie dans la lumière du ciel selon la qualité de sa correspondance ; de là, les Anges apparaissent dans un éclat et une beauté ineffable, et les esprits infernaux dans une noirceur et une difformité qu'on ne saurait exprimer.

5378. Certains Esprits vinrent vers moi, mais ils gardaient silence ; plus tard cependant ils parlèrent, non comme plusieurs, mais tout comme un seul ; par leur conversation j'aperçus qu'ils étaient d'une telle nature qu'ils voulaient tout savoir et désiraient tout expliquer, et par conséquent se confirmer que telle chose est ou n'est point ; ils étaient modestes, et ils disaient qu'ils ne font rien par eux-mêmes, mais qu'ils agissent d'après d'autres, quoiqu'il apparaisse que ce soit d'après eux-mêmes : ils étaient alors infestés par d'autres Esprits - et il me fut dit que c'était par ceux qui constituent la province des Reins, des Uretères et de la Vessie -, mais Us leur répondaient avec modestie ; cependant, ceux-là les infestaient et les attaquaient toujours, car telle est la nature de ceux qui constituent la province des Reins ; c'est pourquoi, comme ils ne purent par la modestie rien obtenir d'eux, ils eurent recours à un moyen qui était conforme à leur caractère ; ce fut de s'amplifier, et de répandre ainsi la terreur ; alors on les vit grandir, mais seulement comme un seul, dont le corps se gonfla au point qu'il semblait, comme Atlas, atteindre au ciel ; une lance apparaissait dans sa main, mais ce n'était que pour effrayer, et il ne voulait faire aucun mal ; en conséquence, ceux de la province des Reins prirent la fuite ; alors il apparut un Esprit qui poursuivit les fuyards, et un autre qui voltigeait par-devant entre les jambes de ce grand ; et même ce grand me parut avoir des sabots, qu'il lança vers ceux de la province des Reins. Il me fut dit par les Anges que ces Esprits modestes, qui se grandissaient, étaient ceux qui ont leur rapport avec le Péritoine ; le Péritoine est une membrane commune qui enveloppe et renferme tous les viscères de l'Abdomen, comme la plèvre tous les viscères du thorax ; et comme cette membrane est très étendue, et relativement grande, et en outre susceptible de se gonfler, c'est pour cela qu'il est permis à ces Esprits, quand ils sont infestés par d'autres, de se faire ainsi grand en apparence, et alors d'imprimer en même temps la terreur, surtout aux Esprits qui constituent la province des Reins, des Uretères et de la Vessie ; en effet, ces Viscères ou Vaisseaux sont étendus dans la duplicature du Péritoine et sont retenus par lui ; les sabots représentaient les naturels infimes, tels que sont ceux que les reins, les uretères et la vessie absorbent et déposent ; que la chaussure signifie les naturels infimes, on le voit, ni259, 4938 à 4952 ; de ce qu'ils disaient qu'ils agissaient non d'après eux-mêmes, mais d'après d'autres, ils avaient aussi en cela un rapport avec le péritoine qui est d'une nature semblable.

5379. Il me fut aussi montré d'une manière représentative ce qui a lieu, quand ceux qui constituent l'Intestin Côlon infestent ceux qui sont dans la province du péritoine ; ceux qui constituent l'Intestin Côlon sont gonflés comme le côlon par son vent ; quand ceux-ci voulaient faire des insultes à ceux du péritoine, il apparaissait comme une muraille qui faisait obstacle, et quand ils s'efforçaient de renverser la muraille, il s'élevait toujours une nouvelle muraille ; ainsi, ils ne pouvaient pas approcher d'eux.

5380. On sait qu'il y a des Sécrétions et des Excrétions, et que celles-ci sont dans une série à partir des Reins jusqu'à la Vessie ; au commencement de la série sont les Reins, au milieu les Uretères, et en dernier la Vessie ; ceux qui, dans le Très-Grand Homme, constituent ces provinces sont pareillement dans une série, et quoiqu'ils soient d'un seul genre, ils diffèrent néanmoins comme espèces de ce genre : ils parlent d'une voix rauque comme divisée en deux, et désirent s'introduire dans le corps, mais c'est seulement un effort ; leur situation respectivement au corps humain est celle-ci : ceux qui ont un rapport avec les Reins sont du côté gauche très près du corps sous l'avant-bras, ceux qui ont un rapport avec les Uretères sont à gauche de là plus loin du corps, ceux qui en ont un avec la Vessie sont encore plus loin ; ils forment ensemble presque une parabole par le côté gauche vers les antérieures, car ils se projettent ainsi vers les antérieurs par la gauche, ainsi dans un trajet assez long : c'est là un chemin commun vers les enfers, l'autre chemin est par les Intestins, car chacun de ces deux chemins finit dans les enfers ; en effet, ceux qui sont dans les enfers correspondent à ces choses qui sont rendues par les intestins et par la vessie, car les faux et les maux, dans lesquels ils sont, ne sont que de l'urine et des excréments dans le sens spirituel.

5381. Ceux qui constituent dans le Très-Grand Homme la province des Reins, des Uretères et de la Vessie sont d'un tel génie qu'ils ne désirent rien plus ardemment que d'explorer et de scruter quels sont les autres ; et il y en a aussi qui désirent ch‚tier et punir, pourvu qu'il y ait quelque justice à le faire. Telles sont aussi les fonctions des Reins, des Uretères et de la Vessie ; car ces viscères explorent le sang projeté en eux, pour découvrir s'il y a quelque sérum inutile et nuisible, et ils le séparent aussi de celui qui est utile ; et ensuite ils le ch‚tient, car ils le poussent vers les régions basses, puis en chemin et ensuite par divers moyens, ils le vexent ; ce sont là les fonctions de ceux qui constituent la province de ces parties. Mais les Esprits et les sociétés d'Esprits auxquels correspond l'urine elle-même, surtout l'urine fétide, sont infernaux ; en effet, dès que l'urine a été séparée du sang, quoiqu'elle soit dans les petits tubes des reins ou intérieurement dans la Vessie, elle est néanmoins hors du corps ; car ce qui a été séparé ne circule plus en aucune manière dans le corps, par conséquent ne contribue plus en rien à l'existence ni à la subsistance des parties.

5382. Que ceux qui constituent la province des Reins et des Uretères soient prompts à explorer ou à scruter quels sont les autres, ce qu'ils pensent et ce qu'ils veulent, et qu'ils soient dans la cupidité de trouver des motifs et de faire qu'on soit coupable de quelque faute, dam le but surtout de pouvoir ch‚tier, c'est ce dont j'ai eu plusieurs fois l'expérience ; et je me suis entretenu avec eux sur cette cupidité et sur ce but : plusieurs Esprits de ce genre avaient été juges dans le monde, quand ils vivaient, et alors ils étaient ravis de joie dans leur cœur quand ils trouvaient un motif, qu'ils croyaient juste, de condamner, de ch‚tier et de punir. L'opération de ces Esprits est aperçue dans la région dorsale, où sont les reins, les uretères et la vessie. Ceux qui appartiennent à la Vessie s'étendent vers la géhenne, où même quelques-uns d'eux Siègent comme pour rendre un jugement.

5383. Les manières dont ils explorent ou scrutent les intentions des autres sont en grand nombre ; mais il m'est seulement permis de rapporter celle-ci ; ils poussent les autres Esprits à parler, ce qui a lieu dans l'autre vie par un influx dont on ne peut donner une description susceptible d'être saisie ; si alors la suite de la conversation, dont le sujet a été insinué par eux, est facile, ils jugent par là que tels ils sont ; ils introduisent aussi un état d'affection ; mais ceux qui explorent ainsi sont du nombre des plus grossiers ; les autres agissent autrement ; il en est qui, dès qu'ils arrivent, aperçoivent ce qu'on a pensé, désiré et fait et enfin la douleur qu'on ressent d'avoir agi de cette manière ; ils s'emparent de cela, et s'ils croient la cause juste ils condamnent aussi. Dans l'autre vie, une chose étonnante, qu'à peine quelqu'un dans le monde peut croire, c'est que, dès qu'un Esprit vient vers un autre Esprit, et mieux encore dès qu'il vient vers un homme, il connaît aussitôt ses pensées et ses affections, et ce qu'il a fait jusqu'alors, ainsi tout son état présent, absolument comme s'il avait été longtemps chez lui ; telle est la communication ; toutefois, il y a des différences dans ces aperceptions, il est des Esprits qui perçoivent les intérieurs, et il en est qui perçoivent seulement les extérieurs ; si ceux-ci sont dans la cupidité de savoir, ils explorent les intérieurs des autres de différentes manières.

5384. Les manières dont ceux qui constituent dans le Très-Grand Homme la province des Reins, des Uretères et de la Vessie, exercent les ch‚timents, sont aussi différentes ; le plus souvent, ils enlèvent les plaisirs et les joies, et ils introduisent les dégoûts et les tristesses ; par cette cupidité, ces Esprits communiquent avec les enfers ; mais par la justice du motif, qu'ils recherchent avant de ch‚tier, ils communiquent avec le ciel ; c'est pour cela qu'ils sont tenus dans cette province.

5385. D'après ces explications, on peut voir ce qui est signifié quand, dans la Parole, il est dit que Jéhovah éprouve et sonde les Reins et le Cœur, et aussi que les Reins ch‚tient comme dans Jérémie : Jéhovah ! qui éprouves les reins et le cœur. - XI. 20 - ; dans le Même : Jéhovah ! qui éprouves le juste, qui vois les reins et le cœur. - XX. 12 - ; dans David: Toi qui éprouves les cœurs et les reins, Dieu juste ! - Ps. VIL 10 - ; dans le Même : Jéhovah ! Sonde mes reins et mon cœur. - Ps. XXVI. 2 - ; dans le Même : Jéhovah ! tu possèdes mes reins. - Ps. CXXXIX 13 - ; dans Jean : moi, je suis celui qui sonde les reins et le cœur. - Apoc. Il. 23 - ; là, par les reins sont signifiés les spirituels, et par le cœur les célestes, c'est-à-dire que par les reins sont signifiées les choses qui appartiennent au vrai, et par le cœur celles qui appartiennent au bien ; cela vient de ce que les reins purifient le sérum, et le cœur le sang lui-même ; de là, par éprouver, explorer et sonder les reins, il est signifié éprouver, explorer et sonder la quantité et la qualité du vrai, ou la quantité et la qualité de la foi chez l'homme : que ce soit là ce qui est signifié, on le voit aussi dans Jérémie : Jéhovah ! tu es près de leur bouche, mais loin de leurs reins. - XII. 2 ; et dans David : Jéhovah ! Voici, tu désires la vérité dans les reins. Ps. LI. 8 - ; que l'action de ch‚tier soit même attribuée aux reins, c'est aussi ce qu'on voit dans David : dans les nuits mes reins me ch‚tient. - Ps. XVI. 7.
 

5386. Ailleurs aussi, dans le corps, il y a des Sécrétoires et des Excrétoires ; dans le cerveau, il y a des ventricules et des saillies mamillaires qui en détournent les particules liquides pituiteuses ; et en outre il y a des glandes partout, muqueuses et salivaires dans la Tête, en grand nombre dans le corps, et par myriades près de l'épiderme, par lesquelles les sueurs et les souillures plus subtiles sont rejetées : à ces sécrétoires et excrétoires correspondent dans le monde spirituel en général les ténacités des opinions, puis aussi les affaires de conscience dans des choses non nécessaires : quelques-uns des Esprits qui sont tels apparaissent au-dessus de la tête, à une moyenne distance, pour exciter des scrupules dans des choses où il ne doit y avoir aucun scrupule ; en conséquence, comme ils chargent les consciences des simples, ils sont appelés Consciencieux ; ils ne savent pas ce que c'est qu'une véritable conscience, car ils placent la Conscience dans tout ce qui se présente ; en effet, lorsque quelque scrupule ou quelque doute est donné, si le mental est inquiet et s'y arrête, les motifs confirmatifs et par conséquent aggravants ne manquent jamais : quand de tels Esprits sont présents, ils introduisent même une anxiété sensible à la partie de l'abdomen placée immédiatement au-dessous du diaphragme ; ils sont aussi présents chez l'homme dans les tentations ; je me suis entretenu avec eux, et j'ai aperçu qu'il n'y a en eux aucune extension de pensées, de manière à acquiescer dans des choses plus utiles et nécessaires, car ils ne pouvaient faire attention aux raisons, parce qu'ils persistaient avec ténacité dans leur opinion.

5387. Mais ceux qui correspondent à l'Urine même sont infernaux ; car, ainsi qu'il a été dit, l'urine est hors du corps, parce qu'elle a déjà été séparée d'avec le sang, et qu'en elle-même elle n'est qu'un impur et vieux sérum qui a été repoussé ; il m'est permis de rapporter sur eux ce qui suit : un certain Esprit fut d'abord perçu comme intérieurement dans le corps, mais bientôt après au-dessous sur la droite, position dans laquelle il était invisible ; il pouvait par artifice se rendre invisible ; quand a était interrogé, a ne répondait rien ; il me fut dit par d'autres que, dans la vie du corps, a avait exercé la piraterie ; car dans l'autre vie, on aperçoit clairement par la sphère de la vie des affections et des pensées ce que quelqu'un est et a été, parce que la vie de chacun lui reste : cet Esprit changeait de position, tantôt apparaissant à droite, tantôt à gauche ; je perçus qu'il agissait ainsi dans la crainte qu'on ne sût qui a était, et qu'il ne fût forcé de faire des aveux ; a me fut dit par d'autres Esprits que ceux de ce genre sont très timides à la moindre apparence de danger, et très impétueux quand il n'y a aucun danger, et qu'ils sont opposés à ceux auxquels correspond l'éjection de l'urine ; ils s'étudient de toutes les manières à leur causer du préjudice et, pour que je n'en doutasse point, cela me fut montré par expérience quand ceux qui correspondaient à l'éjection de l'urine se retiraient un peu, et que ce pirate était présent, l'émission de l'urine s'arrêtait absolument et remontait aussi avec danger ; mais quand ils étaient rappelés, l'émission de l'urine devenait intense selon la présence ; que cet Esprit ait été pirate, c'est ce qu'il avoua ensuite, en disant qu'il avait pu se cacher adroitement, et tromper avec ruse et habileté ceux qui le poursuivaient, et que maintenant a aime les urines croupies bien plus que les eaux limpides, et que l'odeur fétide de l'urine est ce qui le délecte le plus, au point qu'il veut avoir son domicile dans des mares et même dans des tonnes d'urine fétide. Il me fut aussi montré quelle sorte de face il avait ; ce n'était pas une face, mais quelque chose de noir couvert de barbe lui en tenait lieu. Ensuite, on fit venir d'autres pirates, mais moins adroits ; ceux-là parlaient aussi fort peu, et ce qui est étonnant, as grinçaient des dents ; ils disaient aussi qu'ils aimaient les urines de préférence à tous les liquides, et les urines bourbeuses de préférence aux autres ; mais ils n'avaient pas, comme le précédent, au lieu de face, une masse couverte de barbe, c'était un amas affreux de dents ; en effet, la barbe et les dents signifient les naturels infimes ; cet amas, sans une face, signifie qu'il n'y a rien de la vie rationnelle ; car lorsqu'il n'apparaît aucune face, c'est un signe qu'il n'y a aucune correspondance des intérieurs avec le Très-Grand Homme ; en effet, dans l'autre vie, chacun apparaît dans la lumière du ciel selon la correspondance ; par suite, les infernaux apparaissent dans une difformité horrible.

5388. Il y avait chez moi un certain Esprit, avec qui j'entrai en conversation ; dans la vie du corps a n'avait eu aucune foi, et n'avait cru à aucune vie après la mort : a avait aussi été du nombre des hommes adroits ; il avait pu captiver les mentals (animi) des autres en parlant avec flatterie, et en leur donnant son assentiment ; c'est pourquoi je ne découvris pas d'abord par sa conversation qu'il eût été tel ; il put même parler avec volubilité, comme de source, ainsi que le fait un bon esprit ; mais par suite, je connus d'abord qu'il n'aimait pas à parler des choses qui concernent la foi et la charité, car alors il ne pouvait pas suivre par la pensée, mais il se détournait du sujet ; et ensuite par certaines particularités, je perçus qu'il donnait son assentiment dans l'intention de tromper : en effet, les assentiments diffèrent selon les fins, car si la fin est l'amitié, ou le plaisir de la conversation, ou un autre motif semblable, et même un gain licite, ce n'est pas ainsi agir mal ; mais si la fin est de surprendre des secrets, et d'enchaîner ainsi un autre à des obligations mauvaises, en général si la fin est de nuire, c'est agir mal ; telle avait été la fin pour cet Esprit ; a était aussi en opposition avec ceux qui sont dans la province des reins et des uretères ; il disait également qu'il aimait l'odeur forte de l'urine de préférence à toutes les odeurs ; il me fit aussi ressentir dans la région inférieure du ventre une contraction ou un resserrement douloureux.

5389. Il y a des cohortes d'Esprits qui courent de tous côtés, et parfois reviennent aux mêmes endroits ; les mauvais Esprits les craignent beaucoup, car ceux-là les soumettent à un certain genre de torture ; il m'a été dit qu'ils correspondent au fond ou à la partie supérieure de la vessie dans le commun, et aux ligaments musculaires qui de là se concentrent vers le sphincter, où par un mode de contorsion l'urine est poussée dehors ; ces esprits s'appliquent à la partie dorsale où est la queue de cheval ; leur mode d'opérer se fait par de promptes réciprocations que personne ne peut empêcher, c'est un mode constrictoire et restrictoire dirigé par en haut, et en pointe dans la forme d'un cône ; les mauvais Esprits qui sont précipités en dedans de ce cône, surtout par la partie supérieure, sont misérablement torturés par des distorsions réciproques.

5390. Aux excrétions impures correspondent aussi d'autres Esprits, à savoir ceux qui dans le monde ont été tenaces dans leur vengeance ; ceux-ci m'ont apparu en avant vers la gauche ; à ces excrétions impures correspondent encore ceux qui réduisent les spirituels à des terrestres impurs : il survint même de ces Esprits, et ils apportaient avec eux des pensées ordurières, d'après lesquelles ils proféraient même des obscénités ; puis aussi ils tournaient les choses pures en impures et les changeaient en obscénités ; de ce genre, il y en avait plusieurs de la classe la plus basse, et aussi d'autres qui dans le monde avaient été dans de hautes dignités ; ceux-ci, à la vérité, dans la vie du corps, n'avaient pas parlé ainsi dans leurs sociétés, mais toujours est-il qu'ils avaient pensé ainsi ; car ils avaient été retenus de parler comme ils pensaient, afin de ne pas tomber par là dans l'infamie et de ne pas perdre amis, profits et honneurs : mais néanmoins, avec leurs semblables, quand ils étaient libres, leur langage avait été comme celui de la classe la plus basse, et encore plus sale, parce qu'ils étaient doués d'une certaine faculté intellectuelle, dont ils abusaient pour souiller même les choses saintes de la Parole et de la doctrine.

5391. Et il y a encore des Reins qui sont nommés Reins succenturiés et aussi capsules rénales ; leur fonction est de sécréter, non pas le sérum, mais le sang lui-même, et de le transmettre plus pur vers le cœur par un court circuit; ainsi, de prendre garde aussi que les vaisseaux spermatiques, qui sont voisins, n'enlèvent tout le sang plus pur ; mais ils font le principal service dans les embryons, et aussi dans les enfants nouveau-nés. Ce sont de chastes vierges qui constituent cette province dans le Très-Grand Homme ; faciles à être entraînées dans les anxiétés, et timides par la crainte d'être troublées, elles reposent tranquilles vers la partie gauche du côté en bas ; si l'on pense quelque chose sur le ciel et quelque chose sur le changement de leur état, elles deviennent inquiètes et elles soupirent il m'a été donné quelquefois de le sentir d'une manière manifeste quand mes pensées se portaient sur des petits enfants, elles ressentaient alors une consolation remarquable et une joie interne, ce qu'elles avouèrent même ouvertement; quand on pensait quelque chose où il n'y avait rien de céleste, elles éprouvaient encore des angoisses ; leur anxiété vient principalement de ce qu'elles sont d'un caractère à tenir leurs pensées attachées à une seule chose, et à ne pas dissiper par la variété les choses qui les inquiètent ; si elles appartiennent à cette province, c'est parce que par là aussi elles retiennent l'attention d'autrui constamment dans des pensées déterminées, de là surgissent et se manifestent des choses qui sont cohérentes en série, qu'il faut abstraire, ou dont l'homme doit être purifié ; de cette manière aussi, les intérieurs sont plus ouverts aux anges, car lorsque les choses qui obscurcissent et détournent ont été écartées, l'intuition devient plus claire et il y a influx.

5392. Qui sont ceux qui constituent dans le Très-Grand Homme la province des Intestins, on le peut voir en quelque sorte par ceux qui ont leur rapport avec l'Estomac ; car les Intestins sont la continuation de l'Estomac, et les fonctions de l'Estomac y croissent et sont provoquées jusqu'aux derniers Intestins, qui sont le Côlon et le Rectum ; c'est pourquoi ceux qui sont dans ces Intestins sont près des Enfers qu'on nomme excrémentiels. Dans la région de l'Estomac et des Intestins sont ceux qui sont dans la terre des inférieurs, lesquels, parce qu'ils ont emporté du monde avec eux des choses impures qui sont inhérentes à leurs pensées et à leurs affections, sont pour cela même tenus dans cette terre des inférieurs pendant quelque temps, jusqu'à ce que ces choses aient été nettoyées, c'est-à-dire rejetées de côté ; lors donc qu'elles ont été rejetées de côté, ils peuvent être élevés au ciel. Ceux qui sont dans la terre des inférieurs ne sont pas encore dans le Très Grand Homme, car ils sont comme les Aliments mis dans l'Estomac, qui ne sont introduits dans le sang, par conséquent dans le corps, que lorsqu'ils ont été épurés ; les esprits qui ont été souillés par des impuretés plus terrestres sont au-dessous d'eux dans la région des Intestins, mais les excréments eux-mêmes qui sont rejetés correspondent aux Enfers qu'on appelle enfers excrémentiels.

5393. On sait que l'Intestin Côlon s'étend au large, il en est ainsi de même de ceux qui sont dans cette province ; ils s'étendent en avant vers la gauche en ligne courbe, en s'avançant vers un enfer : dans cet enfer sont ceux qui n'ont été doués d'aucune miséricorde, et ont voulu sans conscience perdre le genre humain, c'est-à-dire tuer et dépouiller sans égard ni différence, soit qu'on résist‚t ou qu'on ne résist‚t pas, soit hommes ou femmes ; d'un tel caractère féroce sont une grande partie des soldats et de leurs officiers qui, non dans le combat, mais après le combat, se jettent avec férocité sur des hommes vaincus et sans armes, les massacrent avec fureur et les dépouillent : je me suis entretenu avec les anges sur ceux qui sont tels, en leur faisant remarquer quels sont les hommes livrés à eux-mêmes et que, quand il leur est permis d'agir sans loi et en pleine liberté, ils sont beaucoup plus féroces que les bêtes les plus méchantes qui ne se livrent pas ainsi au massacre de leur espèce ; que celles-ci seulement se défendent, et se rassasient de ce qui a été destiné à leur nourriture ; mais que, quand elles sont rassasiées, elles ne font pas de tels actes ; tout autre est l'homme qui agit par cruauté et par barbarie. Les anges étaient saisis d'horreur de ce que le genre humain est tel. Les hommes ont la joie dans le cœur et ils s'enorgueillissent, alors qu'ils voient des armées taillées en pièces et des flots de sang dans toute une plaine, sans se réjouir de ce que la patrie a été délivrée, pourvu qu'ils s'entendent appeler grands hommes et héros ; et néanmoins ils se disent Chrétiens, et ils croient qu'ils viendront dans le ciel, où cependant il n'y a que paix, miséricorde, charité ; de tels hommes sont dans l'enfer du côlon et du rectum. Mais ceux chez qui il y avait eu quelque chose d'humain apparaissent vers la gauche en avant en ligne courbe, en dedans d'une sorte de muraille ; toutefois, il y a toujours en eux beaucoup d'amour de soi. Si quelques-uns ont du respect pour le bien, cela est représenté quelquefois par des petites étoiles presque ignées sans blancheur éclatante. Il m'apparut une muraille comme de plâtre avec des sculptures, près de l'avant-bras gauche, muraille qui devint plus étendue et en même temps plus élevée, sa couleur dans le haut tirait sur l'azur ; à me fut dit que c'était le représentatif de quelques Esprits de ce genre, qui avaient été meilleurs.

5394. Ceux qui ont été cruels et adultères n'aiment, dans l'autre vie, rien plus que les ordures et les excréments ; les mauvaises odeurs qui s'en exhalent sont pour eux les plus suaves et les plus agréables, et ils les préfèrent à tous les plaisirs ; cela vient de ce qu'elles correspondent : ces enfers sont en partie sous les fesses, en partie sous le pied droit, et en partie profondément par-devant ; l'Intestin Rectum est le chemin qui conduit dans ces enfers. Un Esprit qui y avait été transféré, et qui de là avait une conversation avec moi, me disait qu'il y apparaît seulement des latrines ; ceux qui étaient là s'entretenaient avec lui, et ils le conduisaient vers diverses latrines qui y sont en très grand nombre : ensuite, il fut conduit vers un autre lieu un peu sur la gauche et lorsqu'il y fut, il me dit que des cavernes de ce lieu il s'exhalait une odeur très infecte, et qu'il ne pouvait faire un pas sans s'exposer à tomber dans quelque caverne ; de ces cavernes aussi s'exhalait une odeur cadavéreuse, et cela parce qu'il y avait là des Esprits cruels et fourbes pour lesquels l'odeur cadavéreuse est très agréable. Mais il sera parlé de ces Esprits dans la suite, quand il sera question des enfers, et spécialement des enfers excrémentiels et cadavéreux.

5395. Il y a des hommes qui vivent, non en vue de remplir quelque usage pour la patrie et pour les sociétés qui y sont, mais en vue de vivre pour eux-mêmes, ne trouvant aucun plaisir dans les devoirs, mais se plaisant seulement à être honorés et encensés, fin pour laquelle aussi ils ambitionnent les fonctions, et en outre à manger, à boire, à jouer , à converser, sans aucun autre but que celui de la volupté ; ceux-là, dans l'autre vie, ne peuvent nullement se trouver dans la compagnie des bons Esprits, ni à plus forte raison dans celle des Anges ; car chez ceux-ci l'usage fait le plaisir, et c'est selon les usages qu'existent pour eux la quantité et la qualité du plaisir ; en effet, le Royaume du Seigneur n'est que le royaume des usages ; si dans un royaume terrestre chacun est estimé et honoré selon l'usage qu'il remplit, que ne doit-ce pas être dans le Royaume céleste ? Ceux qui ont vécu seulement pour eux et pour la volupté, sans avoir pour fin un autre usage, sont aussi sous les fesses, et ils habitent au milieu d'ordures selon les espèces et les fins des voluptés.

5396. Il m'est permis de rapporter ceci par forme d'Appendice : il y avait autour de moi une grande foule d'Esprits, qui se faisait entendre comme une sorte de flux désordonné; ils se plaignaient en disant que maintenant le tout périssait, car dans cette foule il n'apparaissait rien qui fût consocié, ce qui leur faisait craindre une destruction ; ils s'imaginaient aussi être le tout, selon la coutume quand de telles choses arrivent. Toutefois, au milieu d'eux, je perçus un son agréable, d'une douceur angélique, dans lequel il n'y avait rien qui ne fût en ordre ; des chœurs angéliques étaient là en dedans, et cette foule d'Esprits en désordre étaient en dehors ; ce flux angélique dura longtemps ; et il me fut dit que par là, il était représenté comment le Seigneur gouverne les choses confuses et en désordre qui sont en dehors, d'après un pacifique dans le milieu, par lequel les choses en désordre sont remises en ordre dans les périphéries, chacune étant redressée de l'erreur de sa nature.