XV

CORRESPONDANCE DES MALADIES
AVEC LE MONDE SPIRITUEL



5711. Puisqu'il va être traité de la Correspondance des maladies, il faut qu'on sache que toutes les maladies chez l'homme ont aussi une correspondance avec le monde spirituel ; car dans la nature entière, tout ce qui n'a pas de correspondance avec le monde spirituel, cela ne doit pas exister, n'a aucune cause d'après laquelle il puisse exister, par conséquent d'après laquelle il puisse subsister ; les choses qui sont dans la nature ne sont que des effets, dans le monde spirituel sont leurs causes, et dans le ciel intérieur les causes de ces causes, qui sont les fins : l'effet ne peut subsister non plus si la cause n'est pas continuellement en lui, car la cause cessant, l'effet cesse ; considéré en lui-même, l'effet n'est autre chose que la cause, mais il est la cause revêtue extrinsèquement, de manière qu'il sert dans la sphère inférieure, pour que la cause y puisse agir comme cause ; de même qu'il en est de l'effet par rapport à la cause, de même il en est de la cause par rapport à la fin ; la cause, à moins qu'elle n'existe aussi par sa cause, qui est la fin, n'est pas une cause, car une cause sans fin est une cause sans aucun ordre, et où il n'y a aucun ordre, rien ne se fait. De là, il est maintenant évident que l'effet considéré en lui-même est la cause, que la cause considérée en elle-même est la fin, et que la fin du bien est dans le ciel et procède du Seigneur, qu'en conséquence un effet n'est point un effet, si la cause n'est point en lui et n'y est point continuellement, et qu'une cause n'est point une cause, si la fin n'est point en elle et n'y est point continuellement, et qu'une fin n'est point une fin du bien, si le Divin qui procède du Seigneur n'est point en elle : de là aussi, il est évident que comme toutes choses en général et en particulier dans le monde ont existé par le Divin, de même aussi elles existent par le Divin.

5712. Ces observations ont été faites afin qu'on sache que les maladies ont aussi une correspondance avec le monde spirituel, non pas, il est vrai, avec le ciel qui est le Très-Grand Homme, mais avec ceux qui sont dans l'opposé, ainsi avec ceux qui sont dans les enfers : par le monde spirituel, dans le sens universel, il est entendu non seulement le ciel mais aussi l'enfer, car lorsque l'homme meurt, il passe du monde naturel dans le monde spirituel. Si les maladies ont une correspondance avec ceux qui sont dans les enfers, c'est parce que les maladies correspondent aux cupidités et aux passions du mental (animus), celles-ci aussi en sont les origines ; en effet, les origines des maladies dans le commun sont les intempérances, les luxures de divers genres, les voluptés entièrement corporelles, puis aussi les envies, les haines, les vengeances, les lascivetés, et autres passions semblables, qui détruisent les intérieurs de l'homme ; quand les intérieurs ont été détruits, les extérieurs souffrent et entraînent l'homme dans la maladie, et ainsi à la mort ; il est connu dans l'Eglise que la mort vient à l'homme par les maux ou à cause du péché, il en est aussi de même des maladies, car elles sont du domaine de la mort. D'après ces explications, on peut voir que les maladies ont aussi une correspondance avec le monde spirituel, mais avec les êtres impurs qui y sont, car les maladies en elles-mêmes sont impures, puisqu'elles ont leur source dans les choses impures, ainsi qu'il vient d'être dit.

5713. Tous les infernaux introduisent des maladies mais avec différence, par la raison que tous les enfers sont dans les cupidités et les convoitises du mal, par conséquent contre les choses qui appartiennent au ciel, c'est pourquoi ils agissent d'après l'opposé contre l'homme ; le Ciel, qui est le Très-Grand Homme, contient toutes choses en enchaînement et en bon état ; l'enfer, parce qu'il est dans l'opposé, détruit et divise tout ; si donc les infernaux s'appliquent à l'homme, ils introduisent des maladies, et enfin la mort : toutefois, il ne leur est pas permis d'influer jusque dans les parties solides du corps elles-mêmes, ou dans les parties dont se composent les viscères, les organes et les membres de l'homme, mais seulement dans les cupidités et dans les faussetés ; seulement, quand l'homme tombe dans une maladie, ils influent dans ces impuretés qui appartiennent à la maladie ; car, ainsi qu'il a été dit, il n'existe jamais rien chez l'homme, sans qu'il y ait une cause dans le monde spirituel ; si le naturel chez l'homme avait été séparé du spirituel, il aurait été séparé de toute cause d'existence, et par conséquent aussi de tout vital. Mais cela néanmoins n'empêche pas que l'homme ne puisse être guéri naturellement, car la Providence du Seigneur concourt avec les moyens naturels. Qu'il en soit ainsi, c'est ce qu'il m'a été donné de savoir par de nombreuses expériences, et cela tant de fois et si longtemps qu'il ne m'est resté aucun doute ; car de mauvais Esprits venant de pareils lieux se sont souvent et longtemps appliqués à moi, et selon leur présence ils introduisaient des douleurs et aussi des maladies ; il m'a été montré où ils étaient et quels ils étaient, et il m'a été dit aussi d'où ils venaient.

5714. Il y avait un Esprit qui, dans la vie du corps, avait été adultère à l'excès, et avait placé son grand plaisir à commettre des adultères avec un grand nombre de femmes, que bientôt après à avait rejetées et prises en aversion ; il avait persévéré dans une telle conduite jusqu'à la vieillesse ; en outre, il s'était aussi livré aux voluptés, et n'avait voulu faire du bien et rendre service à autrui qu'en vue de lui-même et surtout en vue de ses adultères : cet Esprit fut quelques jours chez moi, je le voyais sous les pieds; et, quand la sphère de sa vie m'était communiquée, partout où a venait, a infligeait quelque douleur aux périostes et aux nerfs de l'endroit, par exemple aux doigts du pied gauche ; et quand il lui fut permis de s'élever, il y eut douleur aux parties où il était, principalement aux périostes dans les lombes, même aux périostes de la poitrine sous le diaphragme, et aussi aux dents par la partie intérieure. Quand sa sphère opérait, il introduisait aussi dans l'estomac une grande oppression.

5715. Il apparut un grand trou quadrangulaire tendant obliquement en bas à une profondeur considérable ; dans le fond, je vis un trou rond, qui alors était ouvert, mais qui bientôt après fut fermé ; il s'en exhalait une chaleur importune qui, amassée de divers enfers, tirait son origine des cupidités de différents genres, par exemple du faste, des lascivetés, des adultères, des haines, des vengeances, des rixes et des combats ; ainsi, cette chaleur qui s'exhalait avait sa source dans les enfers : quand cette chaleur agissait dans mon corps, elle introduisait à l'instant une maladie telle qu'est celle de la fièvre chaude ; et, quand elle cessait d'influer, aussitôt la maladie cessait. Lorsque l'homme tombe dans telle maladie qu'il avait contractée par sa vie, aussitôt il s'adjoint à la maladie une sphère impure correspondante, et elle est présente comme cause fomentatrice. Pour que je susse comme chose certaine qu'il en était ainsi, il y eut chez moi de plusieurs enfers des Esprits, par lesquels m'était communiquée la sphère des exhalaisons qui en provenaient ; et, selon qu'il était permis que cette sphère agit sur les parties solides de mon corps, j'étais saisi d'une pesanteur, d'une douleur, et même d'une maladie correspondante, lesquelles cessaient à l'instant que ces Esprits étaient repoussés : et, afin qu'aucun endroit ne fut laissé en doute, cela a été répété des milliers de fois.

5716. Non loin de là, il y a aussi des Esprits qui répandent des froids impurs, comme ceux d'une fièvre froide, ce qu'il m'a encore été donné de savoir par des expériences ; ces mêmes esprits introduisent aussi de ces choses qui troublent le mental ; ils causent pareillement des défaillances. Les Esprits qui viennent de cet endroit sont très malicieux.

5717. Il y a certains Esprits qui non seulement ont leur rapport avec les parties les plus visqueuses du Cerveau, lesquelles en sont les excrémentiels, mais qui savent aussi les imprégner d'une sorte de venin : quand de tels Esprits viennent en foule, ils s'élancent au-dedans du crâne, et de là par continuité jusque dans la moelle épinière : cela ne peut pas être senti par ceux dont les intérieurs n'ont point été ouverts ; il m'était donné de sentir manifestement l'irruption, et aussi leur effort, à savoir pour me tuer, mais cet effort était vain, parce que j'étais préservé par le Seigneur : ils tendaient à m'enlever toute faculté intellectuelle : je sentis manifestement leur opération, et par suite aussi une douleur, qui cependant cessa bientôt ; ensuite je parlai avec eux, et ils furent forcés d'avouer d'où ils étaient ; ils me racontèrent qu'ils vivaient dans de sombres forêts, où ils n'osent exercer aucune violence contre leurs compagnons, parce qu'autrement il est permis à leurs compagnons de les traiter impitoyablement ; ainsi, ils sont tenus dans des liens ; ils sont difformes, d'une face bestiale, et couverts de poils. Il m'a été dit que tels ont été ceux qui autrefois massacraient des armées entières, comme on le fit dans la Parole ; en effet, ils faisaient irruption dans les chambres du cerveau de chacun, et ils y portaient la terreur jointe à une telle frénésie que l'un massacrait l'autre : aujourd'hui, de tels Esprits sont tenus renfermés au-dedans de leur enfer, et ne s'en échappent point. Ils ont aussi leur rapport avec les tumeurs léthifères de la Tête en dedans du crâne. Il a été dit qu'ils s'élancent au-dedans du crâne, et de là par continuité jusque dans la moelle épinière ; mais que les Esprits eux-mêmes s'élancent, il faut qu'on sache que c'est là une apparence ; ils sont portés en dehors par un chemin qui correspond à ces espaces dans le corps, ce qui est senti comme si l'irruption était en dedans ; cela est l'effet de la correspondance ; de là, leur opération est facilement dérivée dans l'homme vers qui elle est déterminée.

5718. Il y a un certain genre d'Esprits qui, parce qu'ils veulent dominer et gouverner seuls tous les autres, excitent dans ce but parmi les autres des inimitiés, des haines et des combats ; par suite je vis des combats, et j'étais étonné ; je demandai qui étaient ces Esprits, et il me fut dit que c'était ce même genre d'Esprits qui, parce qu'ils veulent seuls commander, excitent des divisions, selon la maxime: divise et commande. Il me fut aussi donné de converser avec eux ; et aussitôt, ils dirent qu'ils gouvernaient tous les autres ; il me fut donné de répondre qu'ils étaient des folies, s'ils cherchent à établir leur empire par de tels moyens ; ils conversaient avec moi d'en haut à une moyenne hauteur au-dessus de la région frontale ; leur langage avait la rapidité d'un torrent, parce que dans la vie du corps ils avaient eu beaucoup d'éloquence. je fus instruit que ce sont de tels Esprits qui ont leur rapport avec la pituite épaisse du cerveau, auquel par leur présence ils enlèvent le vital et impriment la torpeur ; de là les obstructions, d'où résultent les principes d'un grand nombre de maladies ; de là aussi les affaiblissements. J'ai observé qu'ils étaient sans aucune conscience, et qu'ils plaçaient la prudence et la sagesse humaines à exciter des inimitiés, des haines, des luttes intestines, en vue de commander : il me fut donné de leur demander s'ils savaient qu'ils sont maintenant dans une autre vie, où ils vivront éternellement, et qu'il y a là des lois spirituelles qui défendent absolument ces menées ; qu'ils ont pu, lorsqu'ils étaient dans le monde, être estimés et passer pour sages parmi les sots, mais qu'ils sont des insensés parmi les sages : cela leur déplaisait : je continuai, en leur disant qu'ils devaient savoir que le ciel consiste dans l'amour mutuel, ou amour de l'un envers l'autre ; de là l'ordre dans le ciel et de là tant de myriades sont gouvernés comme un seul ; mais que c'est le contraire chez eux, puisqu'ils insinuent aux autres de ne respirer contre leurs compagnons que des choses qui appartiennent à la haine, à la vengeance et à la cruauté ; ils répondirent qu'ils ne peuvent être autrement que comme ils sont; il me fut donné de dire en réponse que par là, ils peuvent savoir que la vie de chacun lui reste après la mort.

5719. Ceux qui méprisent et tournent en dérision la Parole dans la lettre, et davantage encore les choses qui y sont dans un sens plus élevé, conséquemment aussi les doctrinaux tirés de la Parole, et qui en même temps ne sont dans aucun amour à l'égard du prochain, mais sont dans l'amour de soi, ceux-là ont leur rapport avec les vices du sang, qui se répandent dans toutes les veines et dans toutes les artères, et corrompent toute la masse. Afin que par leur présence ils ne portent rien de tel dans l'homme, ils sont tenus séparés des autres dans leur enfer ; et ils n'ont de communication qu'avec ceux qui leur ressemblent, car ceux-ci se précipitent dans l'exhalaison et dans la sphère de cet enfer.

5720. Il y avait chez moi des Esprits hypocrites, à savoir qui parlaient saintement des Divins avec une affection d'amour pour le public et pour le prochain, et faisaient preuve de justice et d'équité, mais cependant de cœur les méprisaient et s'en moquaient : comme il leur était permis d'influer dans les parties du corps auxquelles d'après l'opposé ils correspondaient, ils imprimèrent à mes dents une douleur et quand leur présence était très proche, une douleur si violente que je ne pouvais pas la soutenir ; et, autant ils étaient repoussés, autant la douleur cessait ; cette expérience fut répétée plusieurs fois, afin qu'il ne me rest‚t aucun doute. Parmi ces Esprits, il y en avait un que j'avais connu dans la vie de son corps, c'est pourquoi je conversai avec lui ; et de même, selon qu'il était plus ou moins proche de moi, j'éprouvais aux dents et aux gencives une douleur plus ou moins vive ; quand a se levait en haut vers la gauche, la douleur s'emparait de ma m‚choire gauche, et de l'os de la temps gauche, jusqu'aux os de la joue.

5721. Les plus opini‚tres de tous sont ceux qui, pendant la vie dans le monde, ont paru plus justes que les autres, et ont en même temps été constitués en dignité - de là pour eux, en raison de ces deux motifs, autorité et aussi gravité -, et qui cependant n'ont rien cru, et ont vécu de la seule vie de l'amour de soi, étant embrasés d'une haine intérieure et de vengeance contre tous ceux qui ne leur étaient pas favorables, et qui ne leur rendaient pas une sorte de culte, et plus encore contre ceux qui, de quelque manière, s'opposaient à eux ; s'ils découvraient chez ceux-ci quelque défaut, as en faisaient un mal énorme, et ils les diffamaient, lors même qu'ils auraient été du nombre des meilleurs citoyens. Ceux-là dans l'autre vie parlent comme dans le monde, à savoir avec autorité et gravité, et comme d'après le juste, de sorte que plusieurs s'imaginent qu'on doit les croire de préférence aux autres ; mais ils sont très malicieux ; quand ils s'appliquent à l'homme, ils introduisent une grande douleur par un ennui qu'ils insufflent et augmentent continuellement jusqu'à causer une excessive impatience, ce qui introduit dans le mental (animus), et par suite dans le corps, une telle faiblesse que l'homme peut à peine se lever du lit : cela m'a été montré en ce que, quand ils étaient près de moi, j'étais saisi d'une pareille faiblesse qui cependant cessait à mesure qu'ils s'éloignaient. Ils mettent en usage plusieurs artifices pour insinuer l'ennui et par suite la faiblesse ; c'est principalement, entre eux et les leurs, par des bl‚mes et des diffamations dont ils injectent la sphère commune. Quand dans leurs cabinets ils raisonnent sur le Culte Divin, sur la foi et sur la vie éternelle, ils rejettent tout absolument, et ils font cela comme ayant plus de sagesse que les autres. Dans l'autre vie, ils veulent être appelés diables, pourvu qu'il leur soit permis de commander aux enfers et ainsi, comme ils le croient, d'agir d'après ce pouvoir contre le Divin. Au-dedans ils sont pleins de saletés, parce que plus que les autres ils sont dans l'amour de soi, et par suite dans la haine, dans la vengeance, et dans la cruauté contre tous ceux qui ne les adorent pas. Ils sont punis rigoureusement - ce que j'ai appris aussi -, jusqu'à ce qu'ils se désistent de séduire les autres par l'apparence du juste : quand cette apparence leur est enlevée, ils parlent d'un autre ton : ensuite ils sont rejetés du monde des Esprits, et portés alors vers la gauche, et là ils sont précipités profondément dans un enfer ; cet enfer est vers la gauche à une moyenne distance.

5722. Il y en a d'autres qui, dans la vie du corps, ont été très crapuleux ; leur corruption est telle qu'on doit la taire ; ceux-là, par leur présence et leur influx dans les parties solides du corps, introduisent le dégoût de la vie, et une telle torpeur dans les membres et dans les articulations que l'homme ne peut pas se lever de son fit. Ils sont très opini‚tres, et les ch‚timents ne les forcent pas à se désister, comme les autres diables ; ils apparaissent près de la tête, et là comme s'ils étaient couchés : quand ils sont chassés, cela a lieu non pas subitement, mais lentement ; et alors ils sont roulés par degrés vers les inférieurs ; et quand ils arrivent au fond, ils y sont tellement tourmentés qu'il leur est impossible de ne se pas désister d'infester les autres. Leur plaisir de faire le mal est tel qu'il n'y en a pas de plus grand pour eux.

5723. Il y eut chez moi des Esprits qui introduisirent dans mon estomac une telle oppression, qu'il me semblait pouvoir à peine vivre l'oppression était telle qu'elle eut introduit chez d'autres la défaillance mais ils furent éloignés, et aussitôt l'oppression cessa : il me fut dit que de tels Esprits sont ceux qui, dans la vie du corps, ne se sont livrés à aucune étude, ni même à aucun soin domestique, mais seulement à la volupté ; et, en outre, ils ont vécu dans une honteuse oisiveté et dans la nonchalance, sans s'occuper en rien des autres ; ils ont aussi méprisé la foi : en un mot, ils ont été des animaux et non des hommes : la sphère de ces Esprits introduit chez les malades la torpeur dans les membres et dans les articulations.

5724. Il y a dans le cerveau des viscosités, auxquelles a été mêlé quelque spiritueux ou vital ; ces viscosités, chassées du sang qui est là, tombent d'abord entre les méninges, ensuite entre les fibres, une partie dans les grands ventricules du cerveau, et ainsi du reste : les Esprits, qui ont d'une manière correspondante leur rapport avec ces viscosités dans lesquelles il y a quelque chose de spiritueux ou quelque chose de la vie, apparaissent presque directement au-dessus du milieu de la tête, à une moyenne distance, et sont tels que, d'après leur habitude dans la vie du corps, ils excitent des scrupules de conscience, et les insinuent dans des choses absolument étrangères à la conscience ; de cette manière, ils chargent la conscience des simples ; ils ne savent pas non plus ce qui doit remuer la conscience, plaçant la conscience dans tout ce qui se présente. De tels Esprits introduisent aussi une anxiété sensible dans la partie de l'abdomen sous la région du diaphragme : dans les tentations ils sont présents aussi, et ils produisent des anxiétés parfois intolérables : ceux d'entre eux qui correspondent à un flegme visqueux moins vital tiennent alors opini‚trement la pensée dans ces anxiétés. je me suis aussi entretenu avec ceux-ci pour savoir quels ils étaient ; ils cherchaient par divers moyens à charger la conscience ; cela avait été le plaisir de leur vie ; et il me fut donné d'observer qu'ils ne pouvaient être attentifs aux raisons, et qu'ils n'avaient pas sur les choses une intuition plus universelle, d'après laquelle ils pussent voir les singuliers.

5725. Il m'a été donné d'apprendre par expérience ce que c'est que l'inondation ou le déluge dans le sens spirituel ; cette inondation est double, l'une concerne les cupidités, et l'autre les faussetés ; celle qui concerne les cupidités appartient à la partie volontaire, et à la partie droite du Cerveau ; celle qui concerne les faussetés appartient à la partie intellectuelle, dans laquelle est la partie gauche du Cerveau. Quand l'homme, qui a vécu dans le bien, est remis dans son propre, ainsi dans la sphère de sa vie même, alors il apparaît comme une inondation ; lorsqu'il est dans cette inondation, il s'indigne, il s'irrite, il pense avec trouble, il désire avec véhémence ; d'une manière, quand est inondée la partie gauche du Cerveau où sont les faux, et d'une autre manière, quand c'est la partie droite où sont les maux. Mais quand l'homme est tenu dans la sphère de la vie qu'il a reçue du Seigneur par la régénération, a est entièrement hors d'une telle inondation ; il est comme dans une température sereine et douce, et il est dans l'allégresse et dans la félicité, ainsi bien loin de l'indignation, de la colère, du trouble, des cupidités, et des autres passions semblables ; cet état est le matin ou le printemps des Esprits, l'autre est leur soir ou leur automne. Il m'avait été donné de percevoir que j'étais hors de l'inondation, et cela assez longtemps, tandis que je voyais que d'autres Esprits y étaient ; mais ensuite, je fus moi-même immergé ; et alors, j'aperçus la ressemblance d'une inondation. Dans une telle inondation se trouvent ceux qui sont dans les tentations. Par là aussi, j'appris ce que signifie le déluge dans la Parole, à savoir que la dernière postérité des Très-Anciens, qui étaient de l'Eglise céleste du Seigneur, a été entièrement inondée de maux et de faux, et a ainsi péri.

5726. Comme la mort ne vient pas d'autre part que du péché, et que le péché est tout ce qui est contre l'ordre Divin, il en résulte que le mal bouche les vaisseaux les plus petits de tous, et absolument invisibles, dont sont issus des vaisseaux immédiatement plus grands invisibles aussi ; en effet, les vaisseaux les plus petits de tous, et absolument invisibles, sont contigus aux intérieurs de l'homme ; de là l'obstruction première et intime, et de là le vice premier et intime dans le sang ; quand ce vice prend de l'accroissement, il cause la maladie, et enfin la mort. Si au contraire l'homme vivait la vie du bien, ses intérieurs seraient ouverts du côté du ciel, et par le ciel vers le Seigneur, par conséquent aussi les vaisseaux les plus petits de tous et invisibles - il est permis, à cause de la correspondance, d'appeler ces petits vaisseaux les délinéaments des premières trames -, par suite l'homme serait sans maladie, et seulement il décroîtrait vers la dernière vieillesse jusqu'à ce qu'il redevint enfant , mais enfant sage ; et quand alors son corps ne pourrait plus être au service de son homme interne, ou de son esprit, il passerait, sans maladie, de son corps terrestre dans un corps tel que celui qu'ont les anges, ainsi de ce monde immédiatement dans le ciel.

5727. Ici finit ce qui concerne la Correspondance ; dans ce qui suit, il sera parlé des Esprits et des Anges chez l'homme.