V
CORRESPONDANCE DU CERVEAU ET DU CERVELET
AVEC LE TRES GRAND HOMME
4039. Dans ce qui précède, il a été traité de la Correspondance du Cur et des Poumons avec le Très-Grand Homme, ou avec le Ciel ; maintenant il s'agit de la Correspondance du Cerveau et du Cervelet, et des Moelles qui en sont des annexes. Mais, avant qu'il soit traité de la Correspondance, il sera dit comme préliminaire quelque chose sur la forme du Cerveau dans le commun, d'où vient cette forme, et ce qu'elle représente.
4040. Quand le Cerveau est dépouillé du Crâne et des Téguments qui l'enveloppent de tout côté, on y voit des circonvolutions et des gyres admirables, dans lesquels ont été placées les substances appelées corticales, d'où partent les fibres qui constituent la Moelle du Cerveau ; ces fibres s'étendent de là par les nerfs dans le corps, et y remplissent des fonctions au gré et à la discrétion du Cerveau : toutes ces choses sont absolument selon la forme céleste ; car une telle forme est imprimée aux Cieux par le Seigneur, et une telle forme par suite est imprimée aux choses qui sont dans l'homme, et principalement à son Cerveau et à son Cervelet.
4041. La forme céleste est étonnante et surpasse entièrement toute intelligence humaine, car elle est bien au-dessus des idées des formes que l'homme peut saisir d'après les choses mondaines même par les moyens analytiques ; selon cette forme sont disposées en ordre toutes les sociétés célestes, et ce qui est surprenant, il y a une gyration selon les formes gyration que les Anges et les Esprits ne sentent point ; il en est de cela comme du mouvement de la terre sur son axe chaque jour, et autour du soleil chaque année, les habitants de la terre ne l'aperçoivent point. Il m'a été montré quelle est la forme céleste dans la Sphère infime ; elle était semblable à la forme des circonvolutions qui se présentent dans les cerveaux humains ; il m'était donné de voir perceptiblement ce flux ou ces gyrations ; cela durait pendant quelques jours : de là, il est devenu évident pour moi que le Cerveau a été formé selon la forme de la fluxion du ciel ; mais les choses qui y sont intérieures, et qui n'apparaissent point à l'oeil sont selon les formes intérieures du ciel, lesquelles sont absolument incompréhensibles ; et il m'a été dit par les Anges que par là, on leur voir que l'homme a été créé selon les formes des trois cieux, et qu'ainsi l'image du ciel a été imprimée en lui, au point que l'homme est dans la forme la plus petite un très petit ciel, et que par suite il y a correspondance de l'homme avec les cieux.
4042. Maintenant, il résulte de là que par l'homme seul, il y a une des cente des cieux dans le monde, et une ascension du monde dans les cieux ; c'est par le Cerveau et par ses intérieurs que se font la descente et l'ascension ; là, en effet, sont les principes mêmes, ou les fins premières et ´ernières, dont découlent et sont dérivées toutes et chacune des choses qui sont dans le corps ; c'est de là aussi que viennent les pensées qui appartiennent à l'entendement et les affections qui appartiennent à la volonté.
4043. Si les formes encore plus intérieures, qui aussi sont plus universelles, ne sont point compréhensibles, ainsi qu'il a été dit, cela vient de ce que les formes, quand elles sont nommées, portent avec elles l'idèe de l'espace et aussi celle du temps, lorsque cependant dans les intérieurs, où est le ciel, rien n'est perçu au moyen des espaces et des temps, parce que les espaces et les temps sont les propres de la nature, mais tout est perçu au moyen des états et au moyen de leurs variations et de leurs changements ; mais comme les variations et les changements ne peuvent être conçus par l'homme sans des choses qui appartiennent à la forme ainsi qu'il a été dit, ni sans des choses qui appartiennent à l'espace et au temps, lorsque cependant de telles choses ne sont pas dans les cieux, on peut voir par là combien ces intérieurs sont incompréhensibles, et aussi combien ils sont ineffables ; toutes les paroles humaines, par lesquelles on voudrait les désigner et les saisir, enveloppant des choses naturelles, ne sont pas non plus adéquates pour les exprimer ; dans les cieux, ces intérieurs se manifestent par les variations de la lumière céleste et dela flamme céleste, qui procèdent du Seigneur, et cela dans une telle et une si grande plénitude que des milliers de milliers de perceptions pourraient à peine tomber dans quelque chose de perceptible chez l'homme : mais néanmoins les choses qui se font dans les cieux sont représentées dans le monde des Esprits par des formes, dont approchent parla ressemblance les formes qui apparaissent dans le monde.
4044. Les représentations ne sont autre chose que les images des spi rituels dans les naturels, et quand ceux-là sont convenablement représentés dans ceux-ci, ils correspondent : toutefois, celui qui ignore ce lue c'est que le Spirituel, mais sait seulement ce que c'est que le naturel, peut croire que de telles représentations et de telles correspondarces ne sauraient exister, car il dira en lui-même : comment le spirituel petit-il agir dans le matériel ? Mais s'il veut réfléchir sur ce qui se passe en ui à chaque instant, il pourra en prendre quelque idée, à savoir, en remarquant comment la volonté peut agir sur les muscles du corps et présenter des actions réelles, et aussi comment la pensée peut agir sur les organes du langage en mettant en mouvement les poumons, la trachée, le gosier, la langue, les lèvres, et former le langage, puis comment les affections peuvent agir sur la face et y présenter des images d'elles-mêmes, au point que par là on sait souvent ce qu'un autre pense et veut ; ces remarques peuvent donner quelque idée des représentations et des correspondances. Puis donc que de telles choses se présentent dans l'homme, et qu'il n'y a rien qui puisse subsister par soi-même, mais que tout subsiste par un autre, et cet autre aussi par un autre, et enfin par un Premier, et cela au moyen du lien des correspondances, ceux qui jouissent d'un jugement quelque peu étendu peuvent conclure de là qu'il y a correspondance entre l'homme et le ciel, et en outre entre le Ciel et le Seigneur, Qui est le Premier.
4045. Puisqu'une telle correspondance existe, et que le Ciel a été distingué en plusieurs cieux plus petits, et ceux-ci en cieux encore plus petits, et que partout ils ont été divisés en sociétés, il y a là des cieux qui ont leur rapport avec le Cerveau et avec le Cervelet dans le commun, et dans ces cieux il y en a qui ont leur rapport avec les parties ou les membres qui sont dans les Cerveaux, par exemple les uns avec la dure-mère, d'autres avec la piemère, d'autres avec les sinus, et d'autres avec les corps et les cavités qui y sont, tels que le corps calleux, les corps striés, les glandules plus petites, les ventricules, l'entonnoir, et autres parties : c'est pourquoi il m'a été découvert quels sont ceux qui ont leur rapport avec chacune de ces parties, comme on peut le voir par ce qui va suivre.
4046. Il m'apparut à une moyenne distance au-dessus de la tête plusieurs Esprits, qui agissaient dans le commun par une sorte de pulsation du cur, mais c'était comme une ondulation réciproque de bas et de haut, avec une certaine aspiration froide sur mon front ; de là je pus conclure qu'ils étaient d'une situation moyenne, c'est-à-dire qu'ils appartenaient tant à la province du Cur qu'à celle des Poumons, et aussi qu'ils n'étaient pas des esprits intérieurs ; ensuite, ces mêmes esprits présentaient une lueur enflammée, épaisse mais toujours lumineuse, qui apparut d'abord sous la partie gauche du menton, puis sous l'oeil gauche, ensuite au-dessus de l'oeil, mais elle était obscure, cependant toujours enflammée, sans blancheur éclatante ; par là je pus savoir quels ils étaient, car les lueurs indiquent les affections, et aussi les degrés de l'intelligence ; plus tard, comme je portais la main à la partie gauche du crâne ou de la Tête, je sentis sous la paume une pulsation qui ondulait pareillement de bas et de haut ! indice d'après lequel je savais qu'ils appartenaient au Cerveau. Quand je demandai qui ils étaient, ils ne voulaient point parler ; il me fut dit par d'autres qu'ils ne parlent pas de bon gré ; enfin, ayant été forcés de parler, ils disaient que quand ils parlaient, on découvrait qui ils étaient ; je perçus qu'ils étaient du nombre de ceux qui constituent la province de la Dure-Mère, qui est l'enveloppe commune du Cerveau et du Cervelet ; il fut ensuite découvert quels ils étaient, car d'après la conversation avec eux, il était donné de le savoir ; ils étaient, comme lorsqu'ils avaient vécu hommes, c'est-à-dire qu'ils ne portaient nullement leurs pensées sur les choses spirituelles et célestes, et ne s'en entretenaient pas, parce qu'ils étaient tels qu'ils n'avaient pas cru qu'il existt autre chose que le naturel, par cette raison qu'ils n'avaient pas pu pénétrer au-delà, mais cependant ils n'avouèrent point cela ; du reste, ils avaient, comme les autres, adoré le Divin, ils avaient prié et s'étaient comportés en bons citoyens. Il y en avait ensuite d'autres qui aussi influaient dans le pouls, non toutefois avec une ondulation de bas et de haut, mais transversalement ; d'autres encore dont l'influx se faisait d'une manière non pas réciproque, mais plus continue ; et aussi d'autres par lesquels le pouls excité sautait d'un lieu dans un autre ; il me fut dit qu'ils avaient leur rapport avec la petite lame extérieure de la dure-mère, et qu'ils étaient de ceux qui n'ont pensé sur les spirituels et les célestes que d'après les choses qui sont les objets des sens externes, ne comprenant pas autrement celles qui étaient intérieures ; il me parut à leur voix que ces esprits étaient du sexe féminin ; plus ceux qui raisonnent d'après les sensuels externes, par conséquent d'après les choses mondaines et terrestres, sur celles qui appartiennent au ciel ou sur les spirituels de la foi et de l'amour, réunissent ces choses en un et les confondent, plus Us vont extérieurement jusque vers la peau externe de la Tête, avec laquelle ils ont leur rapport ; mais ils sont néanmoins audedans du Très-Grand Homme, quoique dans ses extrêmes, s'ils ont mené la vie du bien ; car quiconque est dans la vie du bien d'après l'affection de la charité est sauvé.
4047. Il m'en est apparu au-dessus de la tête encore d'autres dont l'action commune, influant au-dessus de la tête, était transversalement fluide de devant en arrière : et il m'en est aussi apparu d'autres dont l'action, influant, allait de l'une et de l'autre tempe vers le milieu du Cerveau ; je perçus que c'étaient ceux qui appartenaient à la province de la Pie-Mère, laquelle est une seconde enveloppe environnant de plus près le Cerveau et le Cervelet, et communiquant avec eux par les fils qui en sortent : il me fut donné de savoir par leur langage quels ils étaient, car ils me parlèrent ; ils étaient, comme ils avaient été dans le monde, c'est-à-dire qu'ils ne se fiaient pas beaucoup à leur pensée, et par conséquent ne se déterminaient pas à penser quelque chose de certain sur les choses saintes, mais s'en rapportaient à la foi des autres, n'examinant point si telle chose était vraie ou non ; que tels ils fussent, c'est aussi ce qui me fut montré au moyen de l'influx de leur perception dans l'Oraison Dominicale, lorsque je la lisais ; car tous sans exception, Esprits et Anges, peuvent d'après l'Oraison Dominicale être connus tels qu'ils sont, et cela par l'influx de leurs idées de pensée et de leurs affections dans ce que contient cette prière ; de là aussi, je perçus qu'ils étaient tels, et qu'en outre ils pouvaient servir d'intermédiaires aux Anges ; car entre les cieux, il y a aussi des esprits intermédiaires par lesquels s'opère la communication ; en effet, leurs idées étaient non pas fermées, mais ouvertes, ainsi ces esprits se laissent mettre en action, et ils admettent et reçoivent facilement l'influx ; en outre, ils étaient modestes et pacifiques ; et ils disaient être dans le ciel.
4048. Il y avait près de ma tête un esprit qui me parlait ; par le son de sa voix, je perçus qu'il était dans un état de tranquillité, semblable à une sorte de sommeil paisible ; il m'interrogea sur divers sujets, mais avec une telle prudence qu'en pleine veille, il n'aurait pas parlé plus prudemment ; je perçus que c'étaient des Anges intérieurs qui parlaient par lui, et que cet esprit était dans cet état afin de percevoir et' de transmettre ; je le questionnai sur cet état, et je lui dis que son état était tel ; il répondit qu'il ne prononçait que le bien et le vrai et apercevait s'il y avait autre chose, et que si une autre chose influait, il ne l'admettait pas ou ne la prononçait pas ; quant à son état, il disait qu'il était paisible, et il me fut donné aussi de le percevoir par communication : il me fut dit que de tels esprits sont ceux qui ont leur rapport avec le Sinus ou les grands Vaisseaux sanguins dans le Cerveau ; et que ceux qui étaient semblables à cet esprit ont leur rapport avec le Sinus Longitudinal, qui est entre les deux hémisphères du cerveau ; et là, ils sont dans un état tranquille, quel-que agitation qu'il y ait de chaque côté dans le Cerveau.
4049. Au-dessus de ma tête, un peu sur le devant, il y avait des esprits qui conversèrent avec moi ; ils parlaient avec aménité, et influaient avec assez de douceur ; ils étaient distingués des autres, en ce que sans cesse leur désir ardent et leur souhait étaient de venir dans le ciel ; il me fut dit que tels sont ceux qui ont leur rapport avec les Ventricules ou grandes Cavités du Cerveau, et appartiennent à cette Province ; la raison m'en fut aussi donnée, c'est que la meilleure espèce de lymphe, qui est là, est d'une semblable nature, à savoir en ce qu'elle revient dans le cerveau, pour lequel par conséquent elle a aussi une semblable tendance le Cerveau est le Ciel, et la tendance est le désir ardent et le souhait telles sont les correspondances.
4050. Il m'apparut d'abord une sorte de face sur une fenêtre d'azur ; cette face peu après se retira à l'intérieur ; alors je vis une petite étoile vers la région de l'oeil gauche, puis plusieurs petites étoiles rutilantes qui lançaient des éclairs blancs ; ensuite, je vis des murailles, niais point de toit, les murailles seulement au côté gauche ; enfin une sorte de ciel étoilé ; et comme j'avais vu cela dans un lieu où il y avait des Méchants , je croyais que c'était quelque chose de mauvais qui m'avait été présenté à la vue ; mais bientôt, la muraille et le ciel disparurent, et je vis un puits d'où il sortit un nuage blanc ou une vapeur blanche ; il me semblait aussi que quelque chose était tiré du puits : je demandai ce que tout cela signifiait et représentait ; il me fut dit que c'était la représentation de l'Entonnoir dans le Cerveau ; que le Cerveau qui était au-dessus est signifié par le ciel ; que ce que j'avais vu ensuite était ce vaisseau, qui est signifié par le puits et qui est nommé entonnoir ; que le nuage ou la vapeur qui en sortit était la lymphe qui passe à travers et qui en est tirée ; et que cette lymphe était de deux espèces, à savoir celle qui est mêlée avec les esprits animaux, laquelle est du nombre des lymphes utiles, et celle qui est mêlée avec les sérosités, laquelle est du nombre des lymphes excrémentielles : il me fut montré ensuite quels étaient ceux qui appartiennent à cette province, mais seulement ceux qui étaient d'une condition vile ; j'en vis même aussi, ilscourent sans ordre çà et là, ils s'attachent à ceux qu'ils voient, font attention aux moindres choses, et annoncent
aux autres ce qu'ils entendent dire ; ils sont enclins aux soupçons, impatients, sans repos à l'imitation de cette lymphe qui est dans l'entonnoir et qui est portée de côté et d'autre ; leurs raisonnements sont les fluides là qui représentent ; mais ceux-ci sont d'une condition moyenne : quant à ceux qui ont leur rapport avec les lymphes excrémentielles de l'entonnoir, ce sont ceux qui font descendre les vérités spirituelles jusqu'aux choses terrestres, et les y corrompent ; par exemple ceux qui, lorsqu'ils entendent dire quelque chose sur l'amour conjugal, l'appliquent aux scortations et aux adultères, et font ainsi descendre jusqu'à ces abominations les choses qui appartiennent à l'amour conjugal ; de même pour le reste ; ceux-ci m'ont apparu en avant à quelque distance sur la droite. Mais ceux qui sont de la bonne condition sont semblables à ceux dont il vient d'être parlé, no 4049.
4051. Il y a des Sociétés qui ont leur rapport avec cette région du Cerveau appelée Isthme, et il y en a aussi qui ont leur rapport avec les petits nuds de fibres dans le Cerveau, lesquels paraissent comme glandulaires, d'où effluent les fibres pour diverses fonctions, fibres qui font un dans ces principes ou dans ces glandules, mais qui agissent de différentes manières dans les extrêmes . une société des esprits auxquels correspondent de telles parties me fut présentée, et voici ce que je puis en dire : il vint des Esprits par devant,ils m'adressèrent la parole, en disant qu'ils étaient des hommes ; mais il me fut donné de leur répondre qu'ils n'étaient pas des hommes doués d'un corps, qu'ils étaient des esprits, et par conséquent aussi des hommes, parce que le tout de l'esprit conspire pour ce qui est de l'homme, même pour une forme semblable à l'homme doué du corps, car l'esprit est l'homme interne ; puis aussi, parce que les hommes sont hommes par l'intelligence et par la sagesse, et non par la forme ; que d'après cela, les bons esprits, et à plus forte raison les Anges, sont des hommes plus que ceux qui sont dans le corps, parce qu'ils sont davantage dans la lumière de la sagesse : après cette réponse,ils me dirent qu'ils étaient en grand nombre dans une société, où l'un n'est pas semblable à l'autre ; mais comme il me paraissait impossible, qu'il pût exister dans l'autre vie une société composée d'esprits, dissemblables, je m'entretins avec eux sur ce sujet ; et enfin j'appris que quoique dissemblables,ils sont néanmoins consociés quant à la fin, qui pour eux est une ; ils me dirent ensuite qu'ils sont tels, que chacun d'eux agit différemment de l'autre, et parle aussi différemment, et cependant as veulent et pensent la même chose ; ils illustrèrent aussi cela par un exemple : quand dans la société l'un dit d'un Ange qu'il est le plus petit dans le ciel, un autre dit qu'il est le plus grand, et un troisième qu'il n'est ni le plus petit ni le plus grand, et ainsi, avec beaucoup de variété ; les pensées néanmoins font un, à savoir, en ce que celui qui veut être le plus petit est le plus grand, et qu'ainsi respectivement il est le plus grand, et qu'il n'est ni le plus petit ni le plus grand, parce qu'ils ne pensent point à la prééminence ; il en est de même pour les autres choses ; ainsi ils sont consociés dans les principes, mais ilsagissent de différentes manières dans les extrêmes : ils s'appliquèrent à mon oreille, et ils me dirent qu'ils étaient de bons esprits, et que telle était leur manière de parler : il me fut dit à leur sujet, qu'on ne sait d'où ilsviennent, et qu'ils sont du nombre des sociétés vagabondes.
4052. Telle est en outre la correspondance du Cerveau avec le Très-Grand Homme, que ceux qui sont dans les principes du bien ont leur rapport avec les choses qui dans le Cerveau y sont des principes, et sont appelés glandules ou substances corticales, tandis que ceux qui sont dans les principes du vrai ont leur rapport avec les choses qui dans les cerveaux effluent de ces principes, et sont appelées fibres ; mais cependant avec cette distinction, que ceux qui correspondent à la partie droite du Cerveau sont ceux qui sont dans la volonté du bien et par suite dans la volonté du vrai, tandis que ceux qui correspondent à la partie gauche du Cerveau sont ceux qui sont dans l'entendement du bien et du vrai, et par suite dans l'affection de ce bien et de ce vrai ; cela vient de ce que, dans le Ciel, à la droite du Seigneur sont ceux qui sont dans le bien d'après la volonté, et à la gauche du Seigneur ceux qui sont dans le bien d'après l'entendement ; ceux-là sont appelés célestes, et ceux-ci spirituels.
4053. Qu'il y ait de telles correspondances, personne n'en a eu connaissance jusqu'à présent, et je sais qu'on doit en être étonné quand on l'apprend, et cela parce qu'on ne sait pas ce que c'est que l'homme Interne, ni ce que c'est que l'homme Externe, et qu'on ignore que l'homme Interne est dans le monde spirituel, et l'homme Externe dans le monde naturel ; et que c'est l'homme Interne qui vit dans l'homme Externe, et qui influe dans celui-ci, et le gouverne : de là, et d'après ce qui a été rapporté, n° 4044, on peut néanmoins savoir qu'il y a un influx, et qu'il y a une Correspondance : qu'il en soit ainsi, c'est ce qui est très connu dans l'autre vie ; on y sait aussi que le Naturel n'est autre chose que la représentation des Spirituels par lesquels ilexiste et subsiste, et que le Naturel représente de la même manière qu'il correspond.
4054. De même que le Ciel, le Cerveau est dans la Sphère des fins qui sont les usages, car tout ce qui influe du Seigneur est une fin concernant la salvation du Genre humain ; c'est cette fin qui règne dans le Ciel, et qui par suite règne aussi dans le Cerveau ; en effet, le Cerveau où est le mental de l'homme, regarde les fins dans le corps, a savoir pour que le corps serve l'âme, pour que l'âme soit heureuse dans l'éternité. Toutefois, il existe des Sociétés qui n'ont aucune fin d'usage ; on y veut seulement être parmi des amis et des amies, et dans les voluptés,ou l'on ne s'intéresse qu'à soi, et l'on ne soigne que sa petite peau ; s'agit-il de choses domestiques ou de choses publiques, elles sont pour la même fin les.Sociétés de tels esprits sont aujourd'hui en plus grand nombre qu' on ne le peut croire ; dès que ces esprits approchent, leur sphère opère, et elle éteint chez les autres les affections du vrai et du bien ,lesquelles étant éteintes, eux alors sont dans la volupté de leur amitié : ceux-là sont des obstipations du Cerveau, et ils y introduisent les stupidités : plusieurs sociétés de semblables esprits ont été chez moi, et je percevais leur présence par un engourdissement, une nonchalance et privation d'affection ; je me suis aussi parfois entretenu avec eux : ce sont des pestes et des fléaux, quoique dans la vie civile, quand ils étaient dans le monde, ils se fussent montrés bons, agréables, enjoués et même ingénieux, car ils connaissent les bienséances et les manières de s'insinuer par elles, surtout dans les amitiés ; ils ne savent ni ne veulent savoir ce que c'est qu'être ami par le bien, ou ce que c'est que l'amitié du bien : un triste sort les attend ; ils vivent enfin dans la fange, et dans telle stupidité qu'à peine leur reste-t-il quelque chose d'humain, quant àla compréhension : en effet, la fin fait l'homme, et telle est la fin, tel est l'homme, par conséquent tel est l'humain qu'il a après la mort.
4218. Afin qu'on sache pleinement ce qui en est de l'homme, et qu'il est en connexion avec le Ciel, non seulement quant aux pensées et aux affections, mais aussi quant aux formes organiques tant intérieures, qu extérieures, et que sans cette connexion il ne peut pas même subsister un instant, il m'est permis de continuer les explications sur Correspondance avec le Très-Grand Homme.
4219. Pour savoir en général ce qui en est du Très-Grand Homme, il faut tenir pour certain que le Ciel tout entier est le Très-Grand Homme, et que le Ciel est nommé le Très-Grand Homme parce qu'il correspond au Divin Humain du Seigneur ; en effet, le Seigneur Seul est Homme, et ce n'est même qu'autant qu'ils tiennent du Seigneur, l'ange et l'esprit, et aussi l'homme qui est sur terre, sont hommes ; qu'on ne ne croie pas que l'homme est homme parce qu'il a une face humaine et un un corps humain, et parce qu'il a un cerveau et aussi des viscères et des membres ; ces choses lui sont communes avec les Animaux brutes, c'est même pour cela que ce sont ces choses qui meurent et deviennent cadavre ; mais l'homme est homme parce qu'il peut penser et vouloircomme homme, ainsi recevoir les choses qui sont Divines, c'est-à-dire qui appartiennent au Seigneur ; par ces choses, l'homme se distingue des bêtes et des animaux féroces et aussi l'homme devient un tel homme dans l'autre vie, selon la proportion dans laquelle elles lui ont été appropriées par la réception dans la vie du corps.
4220. Ceux qui, dans la vie du corps, ont reçu les choses Divines appartenant au Seigneur, c'est-à-dire ceux qui ont reçu son amour à l'égard de tout le Genre Humain, par conséquent la charité à l'égard du prochain et l'amour réciproque envers le Seigneur, sont dans l'autre vie gratifiés d'intelligence et de sagesse, et d'une félicité ineffable, car ils deviennent Anges, ainsi véritablement hommes ; mais ceux qui, dans la vie du corps, n'ont pas reçu les choses Divines appartenant au Seigneur, c'est-à-dire l'amour à l'égard du genre humain, ni à plus forte raison J'amour réciproque envers le Seigneur, mais qui se sont seulement aimés et même adorés, et ont eu par conséquent pour fin ce qui appartient à soi et au monde, ceux-là dans l'autre vie, après y avoir parcouru brièvement les cercles de la vie, sont privés de toute intelligence, et ils deviennent très stupides, et sont là parmi les infernaux stupides.
4221. Pour que je susse que cela est ainsi, il m'a été donné de converser avec des esprits qui avaient vécu de cette manière, et aussi avec un esprit que j'avais même connu dans la vie du corps ; tout le bien que celui-là avait fait au prochain pendant qu'il vivait, il l'avait fait pour soi-même, c'est-à-dire pour son honneur et son profit ; quant aux autres, il les avait méprisés et même haïs ; à la vérité, il avait confessé Dieu de bouche, mais il ne l'avait pas reconnu de cur : lorsqu'il me fut donné de converser avec lui, il s'exhalait de lui une sphère comme corporelle ; son langage était non celui des esprits, mais comme celui d'un homme encore vivant ; car le langage des esprits se distingue du langage humain en ce qu'il est plein d'idées, ou en ce qu'il y a en lui le spirituel, ainsi quelque chose de vivant qui ne peut être exprimé, mais il n'en est pas de même du langage humain ; de lui s'exhalait une telle sphère, et elle était perçue dans chaque mot qu'il prononçait ; il apparaissait là parmi de vils esprits, et il me fut dit que ceux qui sont tels deviennent successivement, quant aux pensées et aux affections, si grossiers et si stupides, qu'il n'y a personne de plus stupide dans le monde : ils ont leur place sous les fesses, où est situé leur enfer ; c'est aussi de là que m'avait apparu auparavant un esprit, non sous la forme qu'ont les esprits, mais sous la forme d'un homme d'une grossière corpulence ; il y avait en lui si peu de la vie de l'intelligence qui est proprement humaine qu'on eût dit qu'il était la stupidité en effigie ; par là je vis clairement ce que deviennent ceux qui ne sont dans aucun amour envers le prochain, ni envers le Public, ni à plus forte raison envers le Royaume du Seigneur, mais qui sont seulement dans l'amour de soi, et ne regardent qu'eux seuls en toutes choses, s'adorent même comme des dieux, et veulent aussi par conséquent être adorés par les autres, ayant cela pour but dans tout ce qu'ils font.
4222. Quant à ce qui concerne la Correspondance du Très-Grand homme avec les choses qui sont chez l'homme, elle existe avec toutes en général et avec chacune en particulier, à savoir avec ses organes, ses ru membres et ses viscères, et même au point qu'il n'y a aucun organe aucun membre dans le corps, ni aucune partie dans un organe ou dans un membre, ni même aucune particule de ces parties, avec laquelle il n' y ait correspondance ; il est notoire que chaque organe et chaque membre dans le corps consiste en parties et en parties de parties ; par exemple, le Cerveau ; dans le commun, il se compose du Cerveau proprement dit, du Cervelet, de la Moelle allongée, et de la Moelle épinière, car celle-ci en est la continuation ou une sorte d'appendice ; le Cerveau proprement dit consiste en plusieurs membres, qui en sont les parties, à savoir, en Membranes qui sont appelées dure-mère et pie-mère, en un Corps calleux, en corps striés, en ventricules et cavités, en glandules mineures, en cloisons, généralement en substance cendrée et en substance médullaire, outre les sinus, les vaisseaux sanguins et les plexus ; il en est de même des organes sensoria et motoria du corps et des viscères ; cela est suffisamment connu d'après les recherches anatomiques : toutes ces choses, dans le commun et dans le particulier, correspondent très exactement au Très-Grand Homme, et elles y correspondent comme à autant de cieux ; car le Ciel du Seigneur a été pareillement distingué en cieux moindres, et ceux-ci en des cieux encore moindres, et ces derniers en cieux très petits, enfin en Anges dont chacun est un fort petit ciel correspondant au Très-Grand : ces Cieux sont très distincts entre eux, chaque ciel appartenant à son ciel commun, et les cieux communs au ciel le plus commun ou au ciel tout entier, qui est le Très-Grand Homme.
4223. Quant à la correspondance, voici ce qui en est : Les Cieux dont il vient d'être parlé correspondent, il est vrai, aux formes organiques mêmes du Corps humain, c'est pourquoi il a été dit que ces sociétés ou ces Anges appartiennent à la province du Cerveau, ou à la province du Cur, ou à la province des Poumons, ou à la province de l'OEil, et ainsi du reste ; mais néanmoins ils correspondent principalement aux fonctions de ces viscères ou de ces organes ; il en est de cela comme de ces organes ou de ces viscères eux-mêmes, en ce que leurs fonctions constituent un même tout avec leurs formes organiques, car on ne peut concevoir une fonction que par des formes, c'est-à-dire par des substances ; les substances, en effet, sont les sujets par lesquels existent les fonctions ; par exemple, on ne peut concevoir une vue sans oeil ' ni une respiration sans poumon ; l'oeil est la forme organique d'après laquelle et par laquelle existe la vue, et le poumon est la forme organique d'après laquelle et par laquelle existe la respiration ; de même aussi pour tous les autres organes ou viscères : c'est donc aux fonctions que correspondent principalement les sociétés célestes, et comme c'est aux fonctions, c'est aussi aux formes organiques qu'elles correspondent, car l'un ne peut être divisé d'avec l'autre, et en est inséparable, au point que, soit qu'on dise la fonction, ou qu'on dise la forme organique par laquelle ou d'après laquelle existe la fonction, c'est la même chose ; de là résulte qu'il y a Correspondance avec les organes, les membres et les viscères, parce qu'il y a correspondance avec les fonctions ; c'est pourquoi, quand la fonction est produite, l'organe aussi est excité ; il en est encore de même de toutes et de chacune des choses que l'homme fait ; quand l'homme veut faire telle ou telle chose, quand il veut la faire de telle ou telle manière, et qu'il y pense, les organes se meuvent convenablement, ainsi selon l'intention de la fonction ou de l'usage ; car c'est l'usage qui commande aux formes. Par là on voit aussi qu'avant que les formes organiques du corps aient existé il y avait l'usage, et que l'usage les a produites et se les est adaptées, et non vice versa ; mais quand les formes ont été produites, ou quand les organes ont été adaptés, les usages en procèdent, et alors il semble que les formes ou les organes sont avant que les usages soient, lorsque cependant il n'en est pas ainsi ; en effet, l'usage influe du Seigneur, et cela par le Ciel, selon l'ordre et selon la forme suivant laquelle le Ciel a été mis en ordre par le Seigneur, par conséquent selon les correspondances ; c'est ainsi qu'existe l'homme, et c'est ainsi qu'il subsiste ; par là, on voit de nouveau d'où vient que l'homme, quant à tout ce que le constitue en général et en particulier, correspond aux cieux.
4224. Les formes organiques non seulement sont celles qui se présentent à l'oeil, et celles qui peuvent être découvertes par le microscope, mais même il y a des formes organiques encore plus pures qui ne peuvent jamais être découvertes ni par l'oeil nu, ni par l'oeil aidé de l'art ; celles-ci sont les formes intérieures ; telles sont les formes qui appartiennent à la vue interne, et qui enfin appartiennent à l'entendement, celles-ci sont imperscrutables, mais néanmoins ce sont des formes, c'est-à-dire, des substances ; en effet, aucune vue, même la vue intellectuelle, ne peut exister que par quelque chose ; c'est même une vérité, connue dans le Monde savant, que sans la substance, qui est le sujet, il n'y a aucun mode, ou aucune modification, ou aucune qualité, qui se manifeste activement ; ces formes plus pures ou intérieures, qui sont imperscrutables, sont celles qui déterminent les sens internes, et qui produisent aussi les affections intérieures : avec ces formes correspondent les cieux intérieurs, parce qu'ils correspondent avec les sens de ces formes et avec les affections de ces sens. Mais comme il y a beaucoup de choses qui m'ont été découvertes sur ces formes et sur leur correspondance, je ne puis les exposer clairement qu'en traitant de chacune d'elles en particulier, c'est pourquoi dans ce qui suit il m'est encore permis, d'après la Divine Miséricorde du Seigneur, de continuer ce qui a été commencé, dans la Partie précédente, sur la Correspondance de l'homme avec le Très-Grand Homme, afin que l'homme sache enfin, non d'après quelque raisonnement ni d'après quelque hypothèse, mais d'après l'expérience même, ce qui est en lui, et de son homme Interne, qui est appelé son âme, et enfin de sa conjonction avec le ciel et par le ciel avec le Seigneur, par conséquent afin qu'il sache d'où l'homme est homme, et par quoi il est distingué des bêtes ; et, de plus, comment l'homme se sépare lui-même de cette conjonction, et se conjoint avec l'enfer.
4225. Il faut dire, avant tout, qui sont ceux qui sont au-dedans du TrèsGrand Homme, et qui ceux qui sont au-dehors : tous ceux qui sont dans l'amour envers le Seigneur et dans la charité à l'égard du prochain, et qui de cur lui font du bien selon le bien qu'il y a chez lui, et ont la conscience du juste et de l'équitable, sont au-dedans du Très-Grand Homme, car ils sont dans le Seigneur, par conséquent dans le Ciel ; mais tous ceux qui sont dans l'amour de soi et dans l'amour du monde, et par suite dans les convoitises, et font le bien seulement par rapport aux lois, à leur propre honneur et aux richesses du monde, et à cause de la réputation qu'ils en retirent, qui en conséquence intérieurement sont sans pitié, dans la haine et la vengeance contre le prochain à cause d'eux-mêmes et du monde, et se réjouissent de ses pertes quand il ne leur est pas favorable, ceux-là sont en dehors du Très-Grand Homme, car ils sont dans l'enfer ; ils correspondent non pas à quelques organes et à quelques membres dans le corps, mais aux différents vices et aux différentes maladies qui y ont été introduites, et dont aussi dans la suite, par la Divine Miséricorde du Seigneur, à sera parlé d'après l'expérience. Ceux qui sont hors du Très-Grand Homme, c'est-àdire hors du ciel, ne peuvent point y entrer, car les vies sont contraires ; bien plus, s'il en est qui y entrent par quelque moyen, ainsi qu'il arrive quelquefois à ceux q ui, dans la vie du corps, ont appris à se déguiser en anges de lumière, mais quand ils y viennent, ce qui est parfois permis afin qu'on sache quels ils sont, ils ne sont néanmoins admis qu'à la première entrée, c'est-à-dire que vers ceux qui sont encore simples et non complètement instruits, - alors ceux-là qui entrent comme anges de lumière peuvent à peine y demeurer quelques moments, parce qu'il y a là la vie de l'amour envers le Seigneur et de l'amour à l'égard du prochain ; et comme là rien ne correspond à leur vie, ils peuvent à peine respirer ; - les esprits et les anges respirent aussi, voir n° 3884 à 3893 ; - par suite, ils commencent à éprouver des angoisses, car la respiration est en rapport avec le libre de la vie ; et, chose surprenante, c'est qu'enfin ils peuvent à peine se mouvoir, mais ils deviennent comme ceux qui ont une oppression, leurs intérieurs étant saisis d'angoisse et de tourment ; c'est pourquoi ils se retirent de là en se précipitant, et cela jusque dans l'enfer, où ils retrouvent la respiration et la mobilité ; c'est de là que la vie, dans la Parole, est représentée par la mobilité. Ceux, au contraire, qui sont dans le Très-Grand Homme sont dans le libre de la respiration, quand ils sont dans le bien de l'amour; mais néanmoins, ils ont été distingués selon la qualité et la quantité du bien, c'est de là qu'il y a tant de cieux, qui dans la Parole sont appelés Demeures, - jean, XIV. 2 ; - et chacun dans son Ciel est dans sa vie, et a l'influx provenant du Ciel entier ; chacun y est le centre de tous les influx, par conséquent dans le plus parfait équilibre, et cela selon la forme merveilleuse du Ciel, laquelle procède du Seigneur seul, ainsi avec toute variété.
4226. Parfois des esprits récemment arrivés, qui pendant leur vie dans le monde avaient été intérieurement méchants, mais qui extérieurement avaient paru bons par des uvres faites aux autres en vue d'eux-mêmes et du monde, se sont plaints de n'être pas admis dans le ciel, car ils n'avaient eu du ciel d'autre opinion que celle d'une admission par faveur ; mais parfois, il leur était répondu que le ciel n'est refusé à personne, et que s'ils le désiraient ils y seraient admis ; quelques-uns même furent admis dans les sociétés célestes le plus près de l'entrée, mais quand ils y furent arrivés, par la contrariété et la répugnance de la vie, ils perçurent, comme il a été dit, la cessation de la respiration, une angoisse et un tourment comme infernal, et ils se retirèrent avec précipitation ; ils disaient ensuite que le ciel pour eux était l'enfer, et qu'ils n'auraient jamais cru que le ciel fût tel.
4227. Il y en a plusieurs de l'un et l'autre sexe qui dans la vie du corps ont été tels, que partout où ils ont pu, ils ont cherché à mettre sous leur joug par artifice et tromperie le mental (animus) des autres, dans le but de commander, surtout chez les puissants et les riches, pour être seuls à gouverner sous leur nom, et qui ont agi clandestinement et ont éloigné les autres, principalement les hommes probes, et cela par divers moyens, non pas, à la vérité, en les blâmant, parce que la probité se défend elle-même, mais par d'autres moyens, en pervertissant leurs conseils, en disant que ces conseils étaient simples et même mauvais, en leur attribuant les infortunes, s'il en arrivait, et par d'autres artifices semblables : ceux qui ont été tels dans la vie du corps sont encore tels dans l'autre vie, car la vie de chacun le suit ; j'en ai eu la certitude par une vive expérience quand des esprits de cette sorte étaient chez moi, parce qu'alors ils agissaient pareillement, mais avec encore plus d'adresse et de génie, car les esprits agissent plus subtilement que les hommes, parce qu'ils ont été dégagés de liens avec le corps et de chaînes avec les grossiers moyens des sensations ; ils étaient si subtils que parfois je ne percevais pas que leur intention ou leur fin était de commander ; et quand ils parlaient entre eux, ils prenaient bien garde que je n'entendisse et que je ne perçusse cette intention ; mais il me fut dit par d'autres, qui les avaient entendus, que leurs desseins étaient abominables, et qu'ils s'étudiaient à parvenir à leur fin par des arts magiques, ainsi par le secours de la tourbe diabolique ; ils regardaient comme rien les massacres des gens probes ; ils méprisaient le Seigneur, sous Lequel ils disaient vouloir commander, Le regardant seulement comme un autre homme, pour qui, comme chez d'autres nations qui ont déifié et adoré des hommes, il existait un culte datant de loin, et auquel ils n'avaient pas osé s'opposer, parce qu'ils étaient nés dans ce culte, et auraient nui à leur réputation : je puis dire d'eux, qu'ils obsèdent les pensées et la volonté des hommes qui leur sont semblables, et qu'ils s'insinuent chez eux dans leur affection et dans leur intention, au point que ceux-ci, sans la Miséricorde du Seigneur, ne peuvent nullement savoir que de tels esprits sont présents, et qu'ils sont en société avec eux. Ces esprits correspondent chez l'homme aux corruptions du sang plus pur, qui est appelé l'esprit animal ; ces corruptions entrent sans ordre dans ce sang, et partout où elles se répandent, elles sont comme des poisons qui introduisent dans les nerfs et les fibres un froid et une torpeur, sources de maladies très graves et fatales. Quand de tels esprits agissent en compagnie, ils sont discernés en ce qu'ils agissent d'une manière quadrupède, s'il est permis de parler ainsi, et en ce qu'ils se placent à la partie postérieure de la tête sous le cervelet à gauche ; car ceux qui agissent sous l'occiput opèrent plus clandestinement que les autres, et ceux qui agissent vers la partie de derrière désirent commander. Ils ont raisonné avec moi sur le Seigneur, et il me disaient qu'il est étonnant qu'il n'écoute pas leurs supplications quand ils prient, et qu'ainsi il ne porte pas secours à ceux qui le supplient ; mais il me fut donné de répondre qu'ils ne pouvaient pas être entendus parce qu'ils ont pour fin des choses qui sont contraires au salut du genre humain, et parce qu'ils prient pour eux-mêmes contre tous, et que, quand on prie ainsi, le Ciel est fermé, car ceux qui sont dans le Ciel ne font attention qu'aux fins de ceux qui prient ; ils ne voulaient pas, il est vrai, reconnaître cela, mais néanmoins ils ne purent rien répondre. Il y avait des hommes de cette sorte, et eux étaient en compagnie avec des femmes ; ils disaient que par les femmes, ils pouvaient saisir un grand nombre de desseins, parce qu'elles étaient plus promptes et plus habiles à distinguer clairement de telles choses ; ils se plaisent surtout dans la compagnie de celles qui ont été des prostituées. Ceux qui sont tels s'appliquent le plus ordinairement dans l'autre vie aux arts secrets et magiques, car dans l'autre vie il y a un très grand nombre d'arts magiques, qui sont abosolument inconnus dans le monde ; dès que ceux de cette sorte viennent dans l'autre vie, ils s'y appliquent, et ils apprennent à fasciner ceux chez qui ils sont, surtout ceux sous qui ils désirent ardemment régner ; ils n'ont point d'horreur pour les actes les plus criminels. Dans un autre endroit, il sera parlé de leur enfer, et il sera dit quel il est, et où ils résident quand ils ne sont pas dans le monde des esprits. D'après ce qui précède on peut voir que la vie de chacun le suit après la mort.