Biographie sommaire

 

 

Saint Aelred naquit en 1110 à Hexham, en Écosse. Son père était le prêtre du lieu. En ce pays, le célibat ecclésiastique souffrait encore des exceptions à cette époque. Hexham avait été une abbaye célèbre au temps de l'expansion du christianisme en Grande-Bretagne au VIIIe siècle. Aelred fut élevé dans le culte de ce passé monastique ; puis il alla terminer son éducation au monastère bénédictin de Durham, où son père devait finir ses jours comme moine.

 

Un événement changea soudain l'existence du jeune homme. Le roi d'Écosse, David Ier, le choisit pour vivre à la cour, en compagnie de ses fils. Favorisé de l'affection et de la confiance du roi, Aelred devint une sorte de majordome du palais. Cette vie de cour n'était pas sans dissipations et ses amitiés ne furent pas sans reproche. Il rappellera plus tard à sa sœur recluse, combien elle s'était désolée de la légèreté de sa conduite. Les anciens hagiographes diffèrent, en général, des modernes par la manière de présenter les années qui précèdent la conversion de leurs saints. Tandis qu'aujourd'hui on se complaît, parfois jusqu'à l'excès, à marquer la rupture et le changement de vie, les anciens s'efforçaient de canoniser leur héros dès le berceau. Walter Daniel, moine de Rievaulx et secrétaire de saint Aelred, nous fournit dans sa « Vie d'Aelred » un excellent exemple de cette ancienne manière. Il dépassait les bornes en affirmant qu'Aelred vivait comme un moine à la cour d'Écosse. Une telle exagération ne devait pas échapper à deux chanoines qui, peu soucieux de voir canoniser un moine, ne manquèrent pas de publier aussitôt une mise au point. L'embarras de Walter Daniel à répondre à leurs attaques, suffit à trahir sa pieuse fraude, sans compter que les confessions réitérées de saint Aelred lui donnent le plus évident démenti. Comme les « Confessions » de saint Augustin, dont Aelred savait de longs passages par cœur, ces pages autobiographiques sont plus édifiantes, au sens propre du mot, que les éloges conventionnels les mieux intentionnés.

 

En 1134, le roi l'envoya en mission auprès de l'archevêque d'York, Thurstan. À l'occasion de ce voyage, il rendit visite dans les environs d'York à un parent qui lui parla de l'arrivée des moines cisterciens dans le pays. Aelred exprima aussitôt le désir de les voir. Ayant prit congé de l'archevêque, il suivit son parent jusqu'au château de Helmsley où vivait le comte Walter Espec, non loin du nouveau monastère. C'est, en effet, vers Walter Espec que le roi d'Angleterre avait dirigé les moines envoyés de Clairvaux par saint Bernard deux ans plus tôt. Le lendemain de l'arrivée d'Aelred, Walter Espec le conduisit à l'abbaye située sur les bords de la Rie ; ils y furent reçus avec le cérémonial d'usage par le prieur, l'hôtelier et le portier. Dans le cœur du jeune homme, des souvenirs d'enfance se réveillèrent et la grâce de Dieu fit son œuvre. Rentrés au château, Aelred, son hôte et ses compagnons passèrent la soirée à commenter cette visite. Le lendemain matin, il fallut repartir pour l'Écosse, mais la route que suivit Aelred avec son escorte, surplombait la vallée au fond de laquelle apparut bientôt le monastère. Au croisement d'un chemin qui y descend, il demanda à un de ses compagnons : « Que diriez-vous d'y aller faire une dernière visite ? ». Le compagnon acquiesça et la petite troupe gagna l'abbaye, et y fut reçue comme la veille : mais cette fois, avec la liberté de ceux qui ne calculent pas, Aelred décida d'y rester et de se faire moine. Ses compagnons durent repartir sans lui et aller annoncer la nouvelle au roi David. Après quatre jours passés à l'hôtellerie, Aelred fut invité à déclarer son intention à la communauté rassemblée au chapitre. On peut facilement imaginer la joie de cette petite communauté française à la vue d'une telle recrue. Il édifiait tous les moines par ses vertus, nous dit Walter Daniel, et attirait tous les regards par son extérieur agréable. « Ses attitudes étaient avenantes. Il ne se poussait pas en avant. D'une constitution délicate, il affrontait généreusement les travaux les plus pénibles et y égalait par son courage les hommes les plus robustes. Il ne ménageait pas la peau tendre de ses mains mais empoignait vigoureusement les rudes outils des travaux des champs. »

 

L'abbé Guillaume, l'ancien secrétaire de saint Bernard, le fit bientôt entrer dans son conseil et en 1141, il l'envoya négocier en cour de Rome l'affaire de l'élection simoniaque du successeur de l'archevêque d'York. À son retour de Rome, Aelred fut nommé maitre des novices. En 1143, il fut envoyé comme abbé de la fondation de Rievaulx à Revesby, près de Lincoln. Quatre ans plus tard, saint Aelred fut rappelé par les moines de Rievaulx qui l'avaient élu abbé, charge qu'il devait remplir durant vingt ans et jusqu'à sa mort. Il devait passer les dernières années de sa vie dans la maladie. Il se construisit une cabane à l'écart où il aimait à recevoir des groupes de ses moines pour leur parler des choses de Dieu. II mourut le 12 janvier 1167.