SECTION IV:
Les Enseignements de Maître Philippe (1849-1905) sur les Anges
On se rappellera peut-être, qu'au début de notre Préface, nous avons indiqué que, notre intérêt pour l'étude du mystère et du ministère des anges, avait été éveillé par l'enseignement du Maître Philippe, de Lyon, et par celui du Sâr Péladan. Pour bien comprendre la valeur primordiale que nous attribuons à l'enseignement de Maître Philippe, il faut se rapporter aux ouvrages consacrés à cet extraordinaire Envoyé de Dieu, et, pour cela, nous ne saurions mieux faire que de recommander la lecture des ouvrages suivants: Dr. Ph. Encausse: Le Maître Philippe, de Lyon. Thaumaturge et «Homme de Dieu». Ses Prodiges, ses Guérisons, ses Enseignements (Diffusion scientifique, Paris 1955); Michel de Saint-Martin: Révélations. Entretiens spirituels sur le Maître Philippe, de Lyon (Edit. Dangles, Paris 1955); Alfred Haehl: Vie et paroles du Maître Philippe (P. Derain, Lyon 1959); Dr Ed. Bertholet: La Réincarnation d'après le Maître Philippe, de Lyon (Edit. Rosicruciennes, P. Genillard, Lausanne 1960). Après lecture de ces ouvrages, on sera fixé sur la valeur du message délivré au monde par Maître Philippe, cet extraordinaire et incomparable Envoyé de Dieu. Les pouvoirs de Maître Philippe s'étendaient à tous les plans de la nature; il lui était aussi aisé de commander au vent, aux nuages, à la pluie, à la foudre que de guérir instantanément de malheureux malades, abandonnés par la médecine et condamnés à une fin lamentable; il lui est même arrivé de ressusciter des morts; alors on comprendra la valeur des enseignements d'un tel Maître et combien ce qu'il nous dit ayant trait à la mission des anges est à prendre en considération. Maître Philippe était parfaitement conscient de l'étendue de ses pouvoirs extraordinaires, il en parle nettement dans une lettre à son ami, le Dr Encausse (Papus): nous lisons en effet: «Vous savez bien mon digne ami que Dieu nous a remis plein pouvoir et qu'il (a) armé notre main du vent, de la grêle, du feu, de la foudre, de la mort et de la vie.» Grâce à l'obligeance du Dr Ph. Encausse, nous pouvons donner une reproduction de ce document capital, d'où il résulte que les pouvoirs extraordinaires de Maître Philippe lui avaient été donnés directement par Dieu lui-même (voir fig. 37 ci-dessous).
Voici tout d'abord une déclaration nette de Maître Philippe se rapportant à l'existence des anges: «Les anges. Chérubins, Séraphins, etc., créés au début, avant l'homme, existent bien. * Entre l'homme et les anges, il y a Dieu, car Dieu est partout. Mais il y a aussi les dieux; et parmi les dieux il y en a qui se croient très grands et qui ne sont rien.» * Dans l'enseignement de Maître Philippe, enseignement de portée pratique et nullement dogmatique, il est fréquemment fait mention de l'existence de l'ange gardien et des services qu'il est appelé à nous rendre, si nous nous en montrons dignes, et surtout si nous sommes attentifs à ses conseils. Lors d'une des nombreuses séances d'instruction données par le Maître à ses fidèles, on lui avait posé la question: «Pourquoi avons-nous des Anges gardiens?» En son style imagé, le Maître répondit: «Si vous compreniez ce qu'est l'âme, vous ne poseriez pas cette question. Imaginez que vous avez un tout petit enfant. Le laissez-vous aller seul, ou mettez-vous auprès de lui des personnes plus âgées pour le conduire?» Si l'on y réfléchit bien, cette simple réponse en dit long sur la vraie et complexe mission de l'ange gardien à l'égard de l'âme qui lui est confiée. * Autre question; «Change-t-on d'ange gardien?» «Oui, mais il faut avancer, et quelquefois au contraire, si notre ange gardien voit que nous ne suivons pas ses conseils, il nous laisse. «Au fur et à mesure où nous progressons, nous changeons d'ange gardien jusqu'au jour où nous serons libres et n'aurons plus d'ange gardien.» «Le seul qui n'ait pas d'ange gardien (c'est-à-dire d'esprit supérieur à lui), c'est celui qui est le Christ. Au-dessus de Lui, il n'y a rien. Il est l'esprit vivant, conscient total de l'humanité.» Cette affirmation est à mettre en parallèle avec cette déclaration de Jésus que l'on trouve rapportée dans Jean (VIII, 58): «En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu'Abraham fût, je suis». * Maître Philippe rendra attentif au fait que chaque homme «peut progresser dans le mal comme dans le bien, c'est-à-dire redescendre au lieu de monter; dans ce cas, il peut être certain d'avoir perdu le contact intime avec son ange gardien. Par contre, lorsqu'on progresse dans le bien, on peut être assuré que l'on recevra «des avertissements des anges gardiens, mais il faut promettre de ne jamais reculer devant le danger». Ce qui veut dire que l'on ne doit jamais reculer devant l'épreuve qui nous est prédite, mais s'y préparer, afin que par notre acceptation, elle tourne à notre profit et à notre évolution spirituelle; pour cela, l'aide nous sera donnée par le canal de l'ange gardien. Un auditeur ayant posé cette question: «Est-il possible de voir son ange gardien?» Le Maître répondit: «Peu ou presque point peuvent le voir. Celui qui a ce don a de grands comptes à rendre, car il est dit dans l'Ecriture: «Celui qui a beaucoup reçu, doit beaucoup donner». Cet homme privilégié ne doit jamais manquer de faire le bien et de remplir son devoir. En effet, il est du devoir du riche de donner au pauvre, et le devoir de celui qui n'a rien est de ne pas envier le riche, car l'un et l'autre manqueraient à la charité; or, personne n'entrera dans le royaume du Ciel s'il n'a la charité.» * Assistance des anges au moment de la mort: «Au moment de la mort, au départ, un ange est là qui vient pour nous conduire comme dans une voiture, car, la mort n'existant pas, nous ne devons pas nous en effrayer; ce qui n'est pas pour tous». Il y aurait donc, d'après notre Envoyé de Dieu, au moment de la mort, qui n'est pas un anéantissement, mais un passage de l'âme d'un état à un autre, non seulement notre ange gardien, mais encore un ange préposé spécialement à nous faire la conduite sur les plans supérieurs. Phaneg, un disciple très près du Maître donnera, dans son étude sur la Mort et l'Au-Delà, quelques indications plus détaillées des processus qui se passent au moment de la mort: «S'il existe des esprits (anges) chargés de nous recevoir à notre arrivée dans le monde invisible, si on nous a donné des anges dont la mission est de veiller sur nous pendant notre vie, la science antique nous enseigne et les voyants de tous les pays le confirment qu'il y a aussi des esprits inférieurs dont le rôle consiste à nous faire passer de vie à trépas; ces êtres sont souvent vus par les mourants, mais la description qu'ils en donnent est mise sur le compte du délire. La science médicale s'accorde sur ce point avec la science sacrée; elle établit, en effet, qu'en définitive, quelle que soit la cause de la mort, nous mourrons toujours asphyxiés; or, la science secrète et les voyants ont de tout temps enseigné que ces êtres dont je parle venaient s'accroupir sur la poitrine des mourants et les étouffaient.» * Une affirmation curieuse, mais riche en enseignements, est donnée par Maître Philippe au sujet des anges vus au tombeau du Christ: «C'étaient des esprits divins qui, pour se rendre visibles, utilisaient la vie du Christ encore flottante autour du corps.» * Les anges et tout spécialement nos anges gardiens, sont très attentifs à nos prières et notamment à la façon dont nous les faisons; on sait qu'un de leurs rôles principaux est justement de porter nos prières et nos vux au Seigneur. La prière pour être entendue doit partir du fond du cur et Maître Philippe mettra en garde ses auditeurs en disant: «La prière inattentive est, pour les êtres invisibles qui l'entendent, un sujet de moquerie, et nous en serons la risée.» Dans une autre occasion, le Maître conseilla: «II faut répéter la prière, parce que nous sommes inattentifs et souvent une seule syllabe est entendue; c'est alors déjà une occasion pour notre ange gardien de la recueillir.» * Autre recommandation de Maître Philippe à propos de la prière: il faut, dit-il, remercier souvent le ciel pour les bienfaits reçus et il précise: «Ne croyez pas que ce soit que le Ciel ait besoin de nos remerciements, mais c'est une politesse et une marque de respect; de plus, ces remerciements causent une véritable joie aux serviteurs de l'Invisible qui ont été chargés par le Ciel d'exaucer nos prières.» Autre précision: «La prière seule ne peut nous sauver, mais elle donne prise à notre ange gardien pour nous conduire. Il est nécessaire de prier souvent, avant le sommeil, au réveil, et enfin élevez votre âme vers Dieu.» * Voici un sérieux avertissement: «Cesser de prier, c'est ne plus pouvoir prier un jour. Et puis notre Ennemi (le Diable) est effrayé, s'il sait que nous prions; il n'ose plus attaquer.» Car, dira encore le Maître, «en opposition aux cohortes angéliques, il y a bel et bien le Diable et sa troupe de démons. Le Diable est très puissant et il exauce ceux qui sont dans sa voie, alors que Dieu ne les exaucerait pas; mais il fait toujours payer ses dons.» Au demeurant, «on ne peut nier l'existence des esprits infernaux, car ce serait nier celle des esprits bienfaisants». * Voici deux déclarations de Maître Philippe qui vont étonner, car elles sont contraires à nos opinions courantes, mais elles méritent attention, car elles peuvent ouvrir des horizons nouveaux: «II y a des êtres, des anges, qui n'ont pas encore été créés et qui n'ont pas chuté, mais qui chuteront. Eh bien! Ils sont moins avancés que n'importe quel homme, pourvu qu'il ait fait une existence.» * «Tout ce qui existe, existe par la volonté de Dieu, et il faut tous plier sous le joug des lois civiles, qui ne peuvent être justes, puisqu'elles ont été faites par des hommes qui ne le sont pas. Lorsqu'un coupable est jugé par les lois civiles, il subit une peine: il est dispensé d'être jugé par les lois du Ciel. Ceux qui jugent seront jugés à leur tour. Mais surtout ce qu'il ne faut pas faire, c'est délater ou dénoncer un coupable. Celui qui accomplit cet acte méritoire de ne pas dénoncer peut être sûr d'être un jour lange gardien d'un coupable pour lequel il pourra obtenir le pardon du Ciel, ou avoir, dans sa famille, jusqu'à la septième génération, un coupable qui sera pardonné par son acte méritoire et échappera au châtiment.» Maître Philippe, s'appuyant sur l'ordre de Jésus disant: «Veillez et priez afin que le démon n'entre pas en vous», ajoutait: «Veillez et priez, le temps de la moisson est proche». On doit révérer lange gardien; c'est notre ami le plus sûr, mais on ne doit pas lui rendre un culte. Et le Maître le fera ressortir en disant: «II faut demander à Dieu d'abord, ensuite à son ange gardien». Quelques déclarations des élèves du Maître, notamment (de son successeur direct, M. Chapas, compléteront le tableau; écoutons tout d'abord M. Chapas disant à propos d'un passage de la Genèse (111,21), fort mal compris par ceux qui ne s'attachent qu'au sens littéral de la phrase: «L'Éternel fit à Adam et à sa femme des habits de peau et les en revêtit.» «Cela a bien trait à la chute des anges et non au péché matériel commis dans la matière physique... Ce que Moïse indique là est bien l'incarnation dans la chair (vêtements de peau) d'âmes angéliques déchues. Or, les hommes ne sont autre chose que ces anges déchus qui ont écouté les tentations des anges révoltés.» Et M. Chapas de préciser encore: «Dieu laissa aux Anges déchus, comme aux premiers révoltés, la possibilité de se racheter, et c'est pour nous racheter que nous devons, dans la Matière qui est devenue le fief du Démon, évoluer en nous détachant de ce qui est Matière, pour monter vers ce qui est Esprit. Pour ce travail, une existence humaine pourrait difficilement suffire, et c'est pourquoi nous revenons et reviendrons jusqu'à ce que nous soyons complètement libérés du joug de Satan.» Un autre enseignement de M. Chapas est capital: «Le mal que nous faisons, nous l'empruntons ou l'achetons au Démon et nous lui en sommes redevables». Un autre disciple, Jules Ravier, traitant de la prière, recommandera «d'écouter la voix de lâme et de lange gardien, dans le silence et à l'abri du tumulte des passions». Dans Initiations (1), faisant allusion au ministère des anges, Sédir dit: «Dans cette montée vers la Lumière, il y a des moments où nul n'aurait assez de force pour seulement lever la paupière, si un ange nétait envoyé. Ah! docteur, c'est cela que vous apprend la prière.» «Lisez IÉvangile avec la plus grande simplicité, avec toute votre candeur; peu à peu, ce qui vous semble insipide vous deviendra savoureux; la loi est simple; faites ce qu'on vous demande, mon enfant Servir est votre devise... Celui qui sert les hommes sera servi un jour par les anges.» Sédir, alias Yves le Loup (1871-1926), fut un occultiste des plus avertis, ayant fait le tour de tous les enseignements initiatiques; mais, dès quil eut été mis en contact avec le Maître Philippe, il abandonna la voie du magiste pour suivre uniquement la voie mystique. Il n'est pas étonnant que l'on retrouve un reflet de lenseignement de Maître Philippe dans l'abondante littérature mystique publiée à partir de cette époque par Sédir, et l'on ne sera pas étonné dy trouver de fréquentes allusions au ministère des anges. Dans un exposé consacré à la Salutation angélique à Marie, Sédir écrit: «Elle est la reine des saints, comme elle est la reine des anges pour être restée pure après avoir traversé la fange». De plus Sédir relève le fait que dans la Salutation angélique, il y a trois partie: une dite par l'ange, une dite par une créature privilégiée, la mère du Précurseur et une inventée par des hommes pieux. Or, chacune de ces trois parts se divise en deux phrases et lAinsi soit-il termine le septénaire. De la sorte le nombre 7 se retrouve ici pour avoir joué un grand rôle dans la vie de la Vierge; qu'on en juge plutôt: « À sept ans, elle eut l'intuition de sa mission; à quatorze ans, elle s'était mariée; à vingt-huit ans, son fils la quitta; à quarante-neuf ans, elle vit son fils mourir et à soixante-trois ans, elle reçut sa couronne... Le nombre 7 semble être celui qui se retrouve le plus sur cette terre; il doit avoir un rapport étroit avec la loi de la vie humaine. Mais à propos de la salutation à Marie, remarquons ceci: c'est l'Ange qui salue la Vierge; elle est la femme juste qui lui décerne une juste louange, et les pécheurs qui l'élisent; ou si l'on préfère, l'Ange nous montre ce qu'elle est en face de Dieu; Élisabeth nous indique sa place dans le genre humain, tandis que la troisième partie est la conclusion irrésistible des deux autres. Et voici à ce même propos une phrase où l'on retrouve textuellement le même terme employé par Sédir et par son Maître: «L'ange salue Marie; c'est une politesse. Savez-vous ce que c'est que la politesse, ou plutôt ce qu'elle devrait être? Ce n'est pas demander avec une feinte sympathie, des nouvelles de sa santé à un raseur, car si quelqu'un vous ennuie, vous ne l'aimez pas, votre politesse est un mensonge, elle vient des ténèbres et enfante des ténèbres. Ce n'est pas énorme, évidemment, mais si nous ne faisons pas les petites choses, comment pourrons-nous en entreprendre de grandes? Le salut de Gabriel est donc animé d'un sentiment sincère. Quelles sont les qualités des anges? L'obéissance, l'innocence. Sans cela ils ne seraient pas anges. Puisque Gabriel salue la Vierge, c'est qu'il reconnaît dans cette femme une pureté et une obéissance plus grandes qu'en lui-même... Et que veulent dire ces paroles: pleine de grâce? La Sainte-Vierge était belle, mais pas comme on entend ce mot chez les artistes. L'intensité de la vie intérieure modelait son visage; il était extrêmement mobile; et comme elle faisait toutes choses de tout cur, sa figure exprimait, pour chacune de ses actions, le type idéal de la faculté qu'elle utilisait. Et l'article sur la Salutation angélique se termine sur cette affirmation: «La prière à la Vierge est plus facilement entendue», or, on sait qu'après la mort il y a un jugement individuel. «À ce tribunal, la justice est représentée par les génies (anges) qui avaient mission de nous surveiller, de nous aider et de nous guider; si nous n'avons pas utilisé leurs offices, ils le disent. Mais le Ciel intervient toujours pour pallier nos fautes et excuser nos négligences. Or, la forme du Ciel, le rayon de l'Absolu le plus proche de la terre, c'est la Vierge; voilà pourquoi la religion nous la présente comme secourable aux agonisants.» Parlant de la prière, de son utilité et de son efficacité, ainsi que des entités de l'Au-Delà, des anges qui l'entendent, Sédir donnera ce conseil précieux: Si vous voulez que votre chambre soit pure, faites-en le temple du vrai culte, je veux dire exercez-y le bien, l'indulgence; ne vous y mettez pas en colère; n'en laissez pas les murs entendre des paroles inutiles ou malignes; il y a partout des yeux et des oreilles qui nous observent et nous écoutent; donnez le bon exemple, même aux êtres que l'on croit inanimés. C'est particulièrement dans ses Conférences sur l'Evangile que Sédir fait de nombreuses allusions à l'intervention des anges dans la vie de chacun de nous; nous allons en donner une série d'exemples instructifs: Le Père, après avoir créé les êtres, en suit la marche, pour en prévenir les écarts. Chacun de Ses gestes de sollicitude est un ange, intelligent, individuel et libre. * Les Anges se manifestent aux personnages de l'histoire sacrée pendant la veille, pendant l'extase ou pendant le sommeil; cela dépend de leur nature et de l'état psychique de l'individu. C'est pendant le sommeil que la perception est la plus facile; il est inutile et indiscret de les appeler de son propre chef; si on a besoin d'une lumière, c'est au Père lui-même qu'il faut demander, et Lui désigne le messager qu'il juge convenable, en lui fournissant les moyens pour se faire comprendre avec netteté, même au moins intuitif et au moins clairvoyant. En tout cas, si vous demandez des renseignements aux Invisibles, même par des moyens un peu illicites, cela vous oblige à leur obéir, sous peine de difficultés ultérieures plus grandes que celles auxquelles vous avez voulu échapper. L'ange indique à Joseph le nom que doit porter l'enfant miraculeux. Il y a là une raison très nette: l'importance occulte du nom. * À propos de l'action des démons dans le monde, Sédir reprendra presque textuellement l'enseignement de Maître Philippe: Ainsi les démons, adversaires, comme les anges serviteurs du Christ existent tous; ils ont été créés avant l'homme; l'esprit de ce dernier est l'un de leurs principaux champs de bataille. Nous avons tous en nous du bien ou du mal inné; nous recevons aussi les visites plus ou moins longues des soldats de la Lumière et des soldats des Ténèbres. Notre mission consiste à utiliser les secours intellectuels, moraux, psychiques que nous apportent les anges, pour faire évoluer le ou les démons qui sont les hôtes temporaires de notre esprit. L'une des récompenses de nos travaux, c'est que le mal ou le représentant du mal que nous sommes arrivés à purifier, finit par devenir une partie intégrante de nous-mêmes. Et ce pouvoir immense donné à l'homme s'étend des profondeurs de ses organismes internes jusqu'aux trois règnes de la nature terrestre, jusqu'aux hiérarchies invisibles dont nous sommes les guides (ou bien plutôt ne sont-ce pas les hiérarchies qui sont nos guides et messagers-serviteurs?) Il est difficile d'aimer son prochain. Dès que l'ange de la compassion est parvenu à se trouver une place dans notre esprit, les volontés de la chair et du sang s'efforcent de prendre à leur bénéfice la lumière que cet ange émane. De sorte que, après avoir aidé un de nos frères, spontanément, simplement, il arrive que nous commençons, sans nous en apercevoir, à l'aimer. Tout homme, si sage et si vertueux soit-il, aura, un jour ou l'autre, besoin de la miséricorde divine; s'il nous fallait réparer, selon une stricte justice, tout le mal que nous causons, avec ses suites, notre travail n'aurait pas de fin, d'autant plus qu'en le faisant, nous commettons sans cesse de nouvelles fautes; cest pourquoi la grâce divine intervient de temps à autre, soit par le ministère de lange gardien, soit par celui d'autres envoyés, et nous remet larriéré de notre dette. Pour s'unir au Ciel, il faut agir comme Lui et faire miséricorde dans notre petit cercle d'influence, comme II fait pour le monde entier. «Pardonne-nous nos offenses comme nous les pardonnons aux autres.» On peut se demander si la plupart des gens qui profèrent cette parole de la Prière du Maître, sont vraiment conscients de sa terrible portée? À ce propos, Sédir émet quelques réflexions a retenir: Une injure, de même que n'importe quel acte, n'est viable que par le sentiment cardiaque qui lui a donné naissance. Ce sentiment est un acte ou une parole dans son plan, dans le cur universel, dans cette voie centrale qui est le séjour du Verbe et de ses agents. Les êtres commis par Celui-ci à notre protection, les anges gardiens, connaissent nos actions par les sentiments cardiaques qui les déterminent. Ils voient donc l'offense, la vengeance ou le pardon. La paix ne peut par suite se conclure qu'entre quatre personnes, les deux hommes et leurs deux guides; et comme nous changeons de guide, sans cesse, si ce pardon n'est pas donné de suite, il faudra, pour qu'il soit valable, attendre dans lenchevêtrement de la vie, que le destin nous remette en présence de notre ennemi, et que nous retrouvions chacun l'ange que nous avions lors de linsulte. Le Christ ne violente aucune liberté; II laisse les êtres agir, même de travers; II se contente de les retenir quand ils glissent sur le flanc de la montagne; Son bras secourable se nomme lange gardien. Celui qui lèse un disciple, lèse le Maître et la pénalité qu'il encourt est très sévère. Car l'homme n'est jamais seul; des sociétés l'entourent, chacune dans un plan dexistence spécial; quand il est conscient de l'une il est inconscient de lautre, bien qu'elle soit tout de même présente; la course des planètes autour du soleil et des satellites autour des planètes offre une image de ces mouvements. Mais il existe une sphère très centrale en nous, dépendante du soleil invisible, et à la porte de laquelle se trouve l'ange gardien que le Père commet a notre assistance. Cet être perçoit sous leur forme essentielle tous nos gestes toutes nos paroles, nos sentiments, nos pensées, tous nos visiteurs les génies les diables et les circonstances externes. Ce témoin céleste de notre vie est la forme spirituelle de la sollicitude divine qui sincline vers chacun de nous personnellement. Il nous accompagne et essaie de nous guider. Si nous le suivons, il nous emmène vers Dieu par le plus court; si nous ne l'écoutons pas, c'est lui qui nous suit, malgré notre obstination. Et cette présence inéluctable aggrave notre responsabilité. Sédir, comme son Maître Philippe, partisan de la loi de réincarnation, revient sur la question capitale du pardon des offenses et des injures; on ne saurait trop répéter combien la question est dactualité et combien nous avons avantage à pardonner tout de suite, si nous ne voulons pas être liés indéfiniment à la chaîne des renaissances expiatoires: écoutons-le encore une fois: Celui qui ne vainc pas ses rancunes, se rive un lourd boulet. On ne sait pas assez que tous nos actes ont une contrepartie invisible. À notre côté se tiennent jour et nuit notre ange gardien et notre démon, qui sont nos témoins constants, et un guide temporaire qui change de temps à autre; ils perçoivent non pas la forme physique de nos actes, mais les sentiments qui en sont les sources. Ils se souviennent de tout malgré les morts et les renaissances. Une conversation, une dispute ne se passent pas entre deux interlocuteurs, mais entre quatre; les deux hommes et leurs deux guides. Le bon ange et le mauvais interviennent dans notre conseil intérieur; mais notre décision une fois prise, les deux guides la suivent; comme nous en changeons plusieurs fois par existence, si nous rencontrons notre ennemi quelque temps, lui et nous n'avons plus les mêmes guides, et la réconciliation que nous tenterions alors ne peut être complète. Il faudra donc attendre, parfois plusieurs vies, pour que chacun des adversaires retrouve le guide qu'il avait au moment de la dispute et qu'ils se retrouvent eux-mêmes en présence sur ce plan physique; on aperçoit de suite combien il importe de faire la paix entre nous, au plus tôt et sans se lasser. On retiendra cette qualification du Diable qui situe bien le néfaste personnage: Le diable est le cancer de la création, le grand obstacle, le grand ennemi. La première chose dont il soit l'adversaire, c'est la Vie; c'est pour cela que le Christ l'appelle «meurtrier dès le commencement». Il s'oppose ensuite à l'image de la Vie, à la Vérité; c'est pourquoi il est «le père du mensonge». Enfin, dans Initiations, Sédir, par la bouche de l'Initié Andréas, dira, et cela toujours dans la ligne et en parfaite concordance avec l'enseignement de Maître Philippe: «Lisez l'Evangile avec la plus grande simplicité, avec toute votre candeur ; peu à peu, ce qui vous semble insipide vous deviendra savoureux; la loi est simple; tout est simple... Faites ce qu'on vous demande, mon enfant... Servir est votre devise... ; celui qui sert les hommes sera servi un jour par les anges...» Pour avoir une idée encore plus complète de l'enseignement de Maître Philippe en matière d'angéologie, nous rapporterons les notes prises par un de ses élèves directs, Alfred Haehl, notes consignées dans son excellent livre: Vie et paroles du Maître Philippe (2). Au chapitre Anges Gardiens, nous lisons: Sur la terre nous progressons tous vers le bien et à chaque période où notre âme se perfectionne et fait un pas pour notre avancement, nous changeons de guide et, celui qui vient est à son tour plus avancé que le précédent. * Pensez-vous que, lorsque Dieu vous a envoyés en ce monde, II vous a envoyés seuls? Non. Lorsque Dieu a créé l'homme. II l'a créé simple et ignorant toute chose. Nous sommes suivis depuis notre plus tendre enfance jusqu'au-delà de la tombe. * Car nous ne sommes jamais seuls; nous avons toujours avec nous notre guide, notre ange gardien. Il est notre conseiller. Lorsque nous sommes tentés par le mal, il emploie tous les moyens possibles pour nous en détourner; c'est la voix qui nous dit: «Ne fais pas cela, c'est mal ». Il ne réclame de nous qu'un peu de bonne volonté. Si nous succombons à la tentation, nous lui faisons de la peine et il pleure. Cet ange préside à notre naissance; il est à notre chevet, et nous suit pendant notre vie jusqu'à notre mort. Là un autre vient à nous. * L'âme est jugée devant un accusateur, notre mauvais ange, et un défenseur, notre ange gardien. * Vous vous étonnez que, malgré l'existence et la protection de notre ange gardien, nous commettions encore des fautes. Supposez que vous soyez un tout petit enfant et que l'on vous confie aux soins d'une bonne; elle vous mène promener dans un terrain accidenté où se trouvent des pierres et des ronces. Bien qu'elle vous donne la main, vous trébuchez parfois, vous tombez et vous vous piquerez, mais ne sera-ce pas là le seul moyen pour que vous réfléchissiez, pour que vous appreniez à marcher et pour que vous vous fortifiez. * Si vous ne voulez pas avoir d'ange gardien, progressez et on vous le retirera. * Alfred Haehl rapporte une anecdote contée par Maître Philippe lors d'une des réunions au local, rue Tête d'Or; elle est grosse de signification; elle nous apprend que de l'autre côté on s'occupe beaucoup plus de nos faits et gestes que nous ne le croyons: Un jour il est venu à la séance un grand agent (de police) blond, en bourgeois. Au moment où j'ai prié les gens de se lever comme d'habitude, il est resté assis, le chapeau sur la tête. Il a roulé une cigarette et s'est mis à fumer. A ce moment, j'ai vu un ange qui traversait le plafond de la salle et qui est venu à lui et l'a marqué sur le Livre de Mort. Trois jours après, il était mort. Et il est bien différent de n'être pas marqué sur le Livre de Vie et d'être marqué sur le Livre de Mort. La description par le Maître Philippe de l'Ascension du Christ est à retenir; rappelons, si nous voulons réaliser la valeur de la déclaration du Maître, que cet Envoyé de Dieu avait la faculté de se mouvoir dans les trois plans et de lire les clichés astraux: «Lorsque le Christ est monté au Ciel devant ses apôtres, II était assis de côté dans un trône. Des anges l'entouraient et il était porté sur des nuages blancs, rouges et noirâtres, à cause de l'épaisseur. Il tenait une main levée, trois doigts en l'air.» Comme nous l'avons déjà relevé. Maître Philippe croyait à l'existence du Diable et à celle des démons, êtres voulus et tolérés par Dieu: Dieu, quand il a créé le monde, a créé des êtres inoffensifs; II a créé aussi des êtres infernaux. Il les a créés sciemment. Tout ce que Dieu a fait. Il l'a fait en connaissance de cause. * Le démon existe, c'est certain et nous ne devons pas nier l'existence des esprits infernaux, ce serait nier les esprits bienfaisants, mais il ne faut pas être superstitieux. * II y a des démons attachés à la matière, d'autres à l'air, qui sont déjà assez méchants; ils produisent les orages, etc... D'autres dans le mental; ils attaquent les hommes déjà forts, les saints, par les tentations. * Nous avons le bien et le mal en nous. Le mal n'est pas autre chose que le démon, et nous-mêmes nous ne sommes que des anges déchus. Les idées de mal que nous avons sont bien des idées du démon; mais nous n'avons qu'à bien faire. Nous avons déjà appris que le saint Curé d'Ars croyait à l'existence des anges tutélaires et des démons persécuteurs; il est intéressant de relever une anecdote racontée par Maître Philippe d'où il ressort que ses pouvoirs extraordinaires avaient été connus longtemps à l'avance par le Curé d'Ars: Le curé d'Ars, nous dit un jour M. Philippe, était un pasteur envoyé pour protéger les brebis. Un jour il vint à lui une mère avec son enfant atteint depuis longtemps de double paralysie infantile; il ne marchait qu'avec des béquilles. Le curé d'Ars l'examina et dit: «Pour nous, nous ne pouvons rien faire qu'empêcher le mal d'augmenter, mais dans quelque temps vous trouverez un jeune homme qui le guérira». La femme partit et, plus tard, à Lyon, elle vint par hasard me trouver. L'enfant était assis sur une chaise; moi je voyais qu'il était guéri. Je dis alors à la femme de monter avec son fils à Fourvière et d'y suspendre les béquilles en ex-voto, et comme la femme me répondait qu'il ne pouvait pas, je dis à l'enfant de se lever et de marcher et il le fit aussitôt. Enfin nous quitterons Maître Philippe sur cette parole qu'il proféra un jour: «Mon ange gardien, c'est Dieu. Aussi vos anges gardiens ne peuvent-ils voir le mien. Je suis le seul à n'avoir pas d'ange gardien.» ___________ (1) Voir Initiations, de Sédir, publié sur le site même. (2) Cette oeuvre fait aussi partie de celles publiées sur le site: Alfred Haehl, Vie et paroles du Maître Philippe |