CHAPITRE VII

Les Souverains Pontifes et prélats de l'Église

approuvent la dévotion de l'esclavage de la sainte Vierge,

et accordent quantité d'indulgences en sa faveur

 

 

La dévotion de l'esclavage de Notre-Dame ayant été entretenue durant plusieurs siècles par la ferveur des particuliers, enfin l'Église s'est déclarée sur une pratique si sainte, ayant été approuvée par nos saints Pères les Papes, et par un grand nombre de très illustres prélats, et ayant été reçue par un consentement extraordinaire des fidèles. De prime abord qu'elle commença d'éclater davantage, aussitôt elle ne manqua pas d'avoir ses contradictions ; plusieurs personnes d'esprit et de piété y trouvant à redire (car c'est l'ordinaire des affaires de Dieu de ne s'établir que par les contradictions) ; mais la divine Providence, qui conduit toutes choses avec autant de force que de suavité, se servit de ces oppositions pour son établissement : car les raisons que l'on objectait, ayant donné lieu à l'examen sévère et exact qu'en firent plusieurs graves théologiens par le commandement des évêques, elle lui procura les justes approbations que lui donnèrent ces grands hommes avec tous les témoignages qu'on pouvait souhaiter en une telle rencontre.

 

Le P. Cornelius a Lapide, aussi recommandable pour sa grande piété que pour sa rare doctrine, qui a obligé toute l'Église par ses dévots et savants Commentaires sur l'Écriture, fut un des premiers qui eut la commission d'examiner cette dévotion : ce qu'il fit avec soin ; et l'ayant fait, il lui donna des louanges dignes de sa piété. L'archevêque de Cambrai donna la même charge au P. Herman Hugues, de la Compagnie de Jésus, personnage assez connu par sa vertu et par sa science ; mais l'estime qu'en fit ce Père fut si grande que ce prélat voulut lui-même être du nombre des associés à cette dévotion, et en bénir, publiquement les chaînes. Le révérendissime Paul Budot, évêque d'Arras, s'appliqua lui-même à examiner sérieusement les écrits qui en avaient été composés, et il y trouva tant de solidité, tant d'avantages pour le service de Dieu, que, non content de l'approuver, il donna des indulgences, et manda à ses doyens et curés, aux prédicateurs et confesseurs de travailler fortement à son établissement en tous les lieux de sa juridiction. Ensuite les Pères de la Compagnie de Jésus présentèrent, au nom de leurs congrégations de Cologne, un petit livre qu'ils avaient fait de cette dévotion à leur archevêque, qui leur donna une ample approbation ; par laquelle il reconnaît que cette dévotion est fort ancienne et solide, et hautement louée par le B. cardinal Pierre Damien, et que du temps même de ce très pieux cardinal, elle avait été reçue en plusieurs parties du monde, et il commanda à tous ses curés de l'avancer selon leur pouvoir, et à tous prédicateurs de prêcher en public, et de dire en particulier qu'il n'y avait rien de contraire aux sacrés canons ou à la véritable piété, et de détromper tous ceux qui s'imagineraient qu'elle serait ou superstitieuse ou moins approuvée. L'archevêque de Malines, Jacques Boonen, Gaspard Nemius, évêque d'Anvers, Antoine Triest, évêque de Gand, donnèrent leur approbation à cette dévotion, la louèrent hautement et voulurent être du nombre des esclaves.

 

Mais enfin le Saint-Siège l'a autorisée et accordé de grandes indulgences aux associés. Le Pape Grégoire XV donna des indulgences aux esclaves de Notre-Daine, et le Pape Urbain VIII, ayant été consulté sur les marques extérieures des petites chaînes que les esclaves portaient, approuva une si louable ferveur, et donna une bulle le 20e jour de juillet 1651, qui commence Cum sicut accepimus, par laquelle il accorde de grandes indulgences à ces captifs de la bienheureuse Vierge, car c'est ainsi qu'il les nomme, et permet d'en ériger des confréries. Les Pères Augustins déchaussés de Provence, voulant établir à Marseille une assemblée d'esclaves de Notre-Dame, se sont adressés à notre Saint-Père le Pape Alexandre VII, qui â expédié une bulle le 23e jour de juin 1658, comme nous l'avons déjà dit, par laquelle, outre les indulgences que leur avait accordées Urbain VIII, il fait les esclaves de Notre-Dame participants de toutes celles qui sont accordées à la grande confrérie de Notre-Dame du Pilier à Sarragosse.

 

Plusieurs prélats ont fait paraître leur zèle pour le saint esclavage ; accordant quarante jours d'indulgences au jour de l'entrée en association et au jour de la rénovation qui se fait tous les ans ; vingt jours aussi d'indulgences pour tous les jours que l'on portera les chaînettes, pour autant de fois que les esclaves mortifieront quelques-uns de leurs sens ou résisteront à quelque tentation ; dix jours à chaque fois qu'ils réciteront l'oraison par laquelle on s'offre à la Mère de Dieu en qualité d'esclave, ou qu'ils feront quelque aumône pour marque de leur servitude, ou qu'ils béniront la table et rendront grâces à Dieu après leur repas, ou enfin lorsqu'ils prononceront ces paroles, Ave, Maria, en se saluant, et qu'ils les écriront au commencement de leurs lettres.

 

Les religieux du couvent de l'hôpital de la Charité, au faubourg Saint-Germain, de Paris, servant les pauvres malades, jour et nuit, avec une charité infatigable, à l'imitation du bienheureux Jean de Dieu, leur glorieux fondateur, qui, par une folie très sage, s'étant élevé à la plus haute science des saints, a paru un prodige de la grâce, dans nos derniers siècles ; ces bons religieux, dis-je, ont rendu, par leur piété, leur maison grandement recommandable : mais elle est encore très considérable par le concours des peuples, qui y viennent rendre leurs vœux à la majesté divine, et y faire leurs dévotions : Feu M. Bernard, prêtre, dont la mémoire est en bénédiction, avait choisi ce lieu saint, par une inspiration divine, pour y pratiquer les actions éminentes de cette rare piété, qui a fait, en nos jours, l'admiration de tout Paris ; et, l'ayant aimé en sa vie, il n'a pas voulu en être séparé en sa mort, ayant désiré que son corps y fût enterré, et y demeurant toujours en esprit ; comme il est facile de juger par les merveilles que la toute-puissance de Dieu y opère en faveur de ceux qui en implorent les charitables secours ; mais il faut encore dire que ce lieu est très célèbre par la confrérie de l'esclavage de la très sainte Mère de Dieu, qui y est établie avec beaucoup de bénédiction. Les grandes indulgences que le Saint-Siège y a concédées marquent encore fortement ce que nous avons déjà dit, combien cette dévotion est approuvée du Siège apostolique, et le Saint-Père, y accordant des grâces si précieuses, fait assez voir le désir qu'il a que les fidèles s'y enrôlent, et se mettent du nombre des glorieux captifs de la Mère de Dieu. J'ai estimé que Dieu tout bon, et sa très sainte Mère, seraient glorifiés de mettre ici ces indulgences, que notre Saint-Père le Pape Alexandre VII a concédées aux confrères et sœurs de ladite association de l'esclavage de la reine du ciel, établie dans ce couvent et hôpital des religieux de la Charité du faubourg Saint-Germain, de Paris.

 

1. Premièrement, tous les fidèles Chrétiens de l'un et l'autre sexe, lesquels entreront ci-après dans ladite confrérie, gagneront l'indulgence et la rémission plénière de tous leurs péchés, le premier jour de leur entrée en icelle, pourvu, qu'étant vraiment pénitents et confessés, ils reçoivent le très-saint sacrement de l'Eucharistie.

2. Les mêmes confrères et sœurs étant à l'article de la mort vraiment pénitents et confessés, et ayant reçu la sacrée communion ; ou, s'ils ne peuvent faire cela, étant au moins contrits, et invoquant dévotement de bouche, s'ils peuvent, ou au moins de cœur, le nom de Jésus, gagneront la même indulgence plénière.

3. Item. Les mêmes qui, étant vraiment pénitents et confessés et repus de la sacrée communion, visiteront dévotement, tous les ans, l'église, chapelle ou oratoire de ladite confrérie, au jour et fête de l'Annonciation de la bienheureuse et immaculée Vierge Marie, qui est la fête particulière du saint esclavage, depuis les premières vêpres jusqu'au soleil couché de ladite fête, et pareillement tous les troisièmes dimanches de chaque mois, et y feront de saintes prières à Dieu, pour la concorde entre les princes chrétiens, l'extirpation des hérésies, et l'exaltation de notre mère sainte Église, gagneront aussi l'indulgence plénière.

4. Lorsque lesdits confrères et sœurs aussi vraiment pénitents et confessés, et repus de la sacrée communion, visiteront l'église, chapelle ou oratoire de ladite confrérie, et y prieront, comme il est dit, aux jours et fêtes de la Conception, de la Nativité, de la Purification et Assomption de la sainte Vierge, ils gagneront chaque jour des susdits qu'ils feront cela, sept ans et autant de quarantaine d'indulgences.

5. Mais chaque fois qu'ils assisteront aux messes et offices divins qui se célébreront ou réciteront dans ladite église, chapelle ou oratoire ou aux assemblées publiques ou particulières de la même confrérie, qui se tiendront ou feront ; ou lorsqu'ils recevront les pauvres, ou qu'ils mettront la paix entre les ennemis, ou la feront mettre, ou la procureront ; comme aussi, lorsqu'ils accompagneront à la sépulture le corps des défunts, soit des confrères et sœurs ou d'autres, ou se trouveront à quelque procession que ce soit, qui se fasse avec la licence de l'ordinaire, ou quand on porte le saint sacrement de l'Eucharistie, soit aux processions, soit aux malades ou autrement, en quelque lieu et manière que te puisse être, ou, étant empéchés, si, au signe de la cloche qu'on fait pour cela, ils disent une fois l'Oraison dominicale ou la Salutation angélique, ou même s'ils récitent cinq fois la susdite Oraison et Salutation pour les âmes des confrères et sœurs susdits, ou s'ils remettent quelque dévoyé au chemin de salut, ou s'ils enseignent les commandements de Dieu et les choses qui appartiennent au salut à ceux qui ne les savent pas, ou s'ils font quelque autre œuvre que ce soit de piété ou de charité, ils gagneront autant de fois pour chacune desdites œuvres soixante jours d'indulgence.

Il y a encore d'autres indulgences accordées par le Pape Clément VIII, lesquelles ont été confirmées par le Pape Urbain VIII.

1 Tous ceux et celles qui porteront sur soi le chapelet ou couronne de douze Ave, Maria et trois Pater noster, au nom des douze priviléges que la sainte Vierge a reçus de Dieu, ayant au bout les fers en signe de l'esclavage.

2. Qui la dira tous les jours, autant de fois qu'il la dira gagnera cent jours d'indulgence.

3. Qui, les jours et fêtes de la sainte Vierge, confessé et communié, dira ladite couronne, gagnera indulgence plénière et rémission de tout péché.

4. Qui, les samedis, confessé et communié, la dira, gagnera mille ans d'indulgence.

5. Qui, le jour de la fête de l'Annonciation de la sainte Vierge, fête principale de l'esclavage, confessé et communié, visitera une église ou chapelle de la sainte Vierge, gagnera toutes les indulgences concédées ce jour-là aux églises qui sont dedans et dehors la ville de Rome.

6 Qui, le jour qu'il sera reçu à cette sainte association des esclaves de la sainte Vierge, confessé et communié, s'offrira à la sainte Vierge, et dira l'oraison de l'esclavage, gagnera indulgence plénière et rémission de tout péché.

7. Et tous les autres jours qu'il la dira, gagnera cent ans d'indulgence.

8. Qui, après avoir dit ladite couronne, dira un Pater noster et un Ave, Maria, pour notre Saint-Père le Pape et pour l'heureux état de la sainte Église, gagnera la rémission de la troisième partie de ses péchés.

9. Qui, à l'heure de la mort, dira : « Jésus, Maria, je suis esclave de Jésus et de Marie », gagnera indulgence plénière.