Les Envoyés du Père

(L’Initiation n°4 de janvier 1909)





Ce qui est écrit en bleu se trouve déjà dans l'autre article de Mr Jean Finot, tandis que les notes rajoutées par C.B. (haut et bas de l'article) sont en noir.

     La mort toute récente du juste et vénérable Vigne de Vialas nous rappelle la sublime mission de ces trois Saints, qui ont vécu à la même époque. Nous voulons parler de Francis Schlatter, le saint de Denver, de Vignes, de Vialas (Lozère) surnommé le Juste et de Philippe, cet autre envoyé du Père que les lecteurs de l'Initiation connaissent depuis longtemps.

    En 1905, la presse du monde entier s'occupait des merveilleuses cures faites par le divin Thaumaturge américain. Notamment la Revue des Revues de Jean Finot traduisit, des divers journaux américains, les détails intéressants qui vont suivre.
 

    Depuis deux mois la ville de Denver, la délicieuse perle du Colorado, était en fête. Des centaines de milliers de pèlerins y accouraient de tous les coins de l'Amérique. Aussitôt arrivé, tout le monde se rendait à la petite maison appartenant à l'honorable Master E.-L. Fox, l'échevin de la ville, qui abritait sous son toit François Schlatter, le plus grand thaumaturge de notre siècle. Pendant ces deux mois, la ville de Denver a pu admirer un choix de malades et de maladies les plus rares et les moins connues.

Tous, ou presque tous quittaient Schlatter, rassurés sur l'issue de leur sort, sinon complètement guéris. Les trains étaient bondés ; les hôtels regorgeaient de visiteurs, et à travers tous les pays on n'entendait que des hymnes élogieux et attendrissants en l’honneur de Schlatter, le saint de Denver.

La joie durable n’est cependant pas de ce monde.

Le 14 novembre 1895, des milliers de personnes stationnaient de nouveau devant la maison de Fox, mais cette fois leur douleur et leur désespoir faisaient peine à voir. Les femmes sanglotaient, les hommes proféraient des menaces, et les cris de douleur des malades, se mêlant aux explosions de colère de toute l'assistance, donnaient un cachet particulier à la ville de Denver, toujours si riante.

Que s'était-il donc passé ? François Schlatter, le saint Schlatter, avait quitté subitement, dans, la nuit, le pays du Colorado. Est-ce pour toujours, est-ce seulement pour quelque temps, personne ne le savait. La nouvelle se répandit dès le matin et prit les proportions d'une calamité publique.

Et le journal Rocky-Mountain News et, les autres journaux du Colorado, en enregistrant la nouvelle tragique de la disparition de Schlatter, versaient des larmes sur le sort des malades abandonnés.

Comment et pourquoi le saint homme s'en est-il allé ? Les journaux américains, qui prévoient même les événements qui n'arrivent jamais n'ont cependant pas prévu cette foudre qui venait de tomber sur la tête de leurs millions de lecteurs.

La veille, le saint avait soigné ou plutôt béni, comme d'habitude, les 4.000 pèlerins venus un peu de partout. Il paraissait être aussi paisible et doux que de coutume et rien ne faisait prévoir sa désertion :

" Oui, une vraie désertion ! " criait la foule exaspérée.

M. Fox, plongé dans une douleur profonde, n’essayait même pas de consoler ses concitoyens. Lui, jadis complètement sourd, était allé voir un jour, à Omaha, Schlatter, qui ne fit que lui tendre la main, et sa surdité disparut. Plein de reconnaissance, il offrit une somme assez forte à Schlatter, mais celui-ci refusa.

Il lui offrit alors l'hospitalité de sa maison à Denver. Schlatter accepta et s'y rendit, précédé de la gloire de sa sainteté et de ses cures miraculeuses.

Deux mois se passèrent ainsi et jamais prophète n'eut de disciple plus dévoué et plus enthousiaste que l'échevin de la capitale du Colorado. Et du coup, quel malheur !

Le 14 novembre, lorsque M. Fox fut entré dans la chambre de son hôte, son lit était vide. Tel qu'il, était venu dans son costume uni que, Schlatter avait disparu. Et pour toute trace de son séjour, il ne laissait que ces quelques mots :

" M. Fox, Ma mission est finie et le Père, me rappelle. Je vous salue. Francis Schlatter. 13 Nov. "

Et ce fut tout !

Depuis on cherche Schlatter et on se désespère.

Celui qui " a enivré ", au dire d'un révérend du Colorado, "1'âme altérée du peuple " et rempli du chant de triomphe céleste le pays du péché, a disparu à tout jamais.

" Et les rois de l'or, lui répond un autre, ne fermeront plus la bouche devant l'envoyé du ciel, car la plante qui est sortie de la terre sèche s'est évanouie par la colère du ciel. " …..

La douleur des exaltés du nouveau monde a de quoi nous toucher car Schlatter était un bon Français avant de devenir thaumaturge officiel du Colorado. Né en Alsace en 1855, Schlatter arriva un jour en Amérique, y fit tous les métiers et se réveilla un beau matin saint homme. Tête découverte, pieds nus, il parcourait les vastes Etats américains et se disait envoyé du ciel. Il préchait l'amour de Dieu et la paix des âmes. On le met en prison, où il continue à prêcher. Les prisonniers le raillent d'abord et finissent par être troublés.

Francis Schlatter n'a qu'à mettre sa main sur la tête des malades pour les guérir. Sorti de la prison, il s'en va au Texas. Son costume extravagant, ses pieds nus, ses cheveux longs qui encadraient d'une façon étrange son visage rayonnant de véritable illuminé, attirent des foules autour de lui. Les exaltés le tiennent pour un Elie ressuscité. Schlatter, sans se soucier de ses contemporains, ne faisait cependant que prêcher ;

" Prêtez l'oreille et venez à moi. Je ne suis qu'un simple envoyé de mon Père céleste. "

Et tous venaient à lui et il guérit les inguérissables et console les inconsolables. A Throckmorton, on l'enferme dans une maison de fous, mais il en sort plus imposant que jamais. I1 s'en va alors vers la Californie. Objet de culte et d'admiration, il traverse les villages mexicains et répand la croyance en son " Père " parmi les falsificateurs de denrées et les impies américains. I1 fait en même temps pleuvoir des miracles sur la tête des malades, bénit les enfants et arrive ainsi à San Francisco, en décembre 1894. De là, toujours à pied, tête nue, il parcourt les déserts de Mohave et arrive au mois de Mars 1895 à Flagstaft. Après y avoir passé quelques semaines, comme simple pâtre, il continue sa course pénible à travers les tribus indiennes. Et il y " faisait connaître le nom de sa sainteté, comme disait Ezéchiel, et les habitants du pays allaient à sa rencontre et admiraient la puissance du Seigneur". Cinq jours de suite il passa en compagnie du chef de la tribu des Navajos, en semant des miracles et rem plissant d'enthousiasme les âmes simples qui accouraient pour toucher ses  mains.

Le 15 août, Schlatter arrive à Albuquerque et, un mois après, nous le voyons à Denver, devenu sa résidence favorite. C'est dans ce paradis du nouveau monde que Schlatter accomplit ses miracles les plus éclatants. Denver devint sa "ville", et de toutes parts les incrédules et les croyants, les bons et les méchants, accouraient vers l'envoyé du ciel. Des femmes, touchées par les grâces du " Fils du Père ", lui faisaient cortège, les hommes l'admiraient, les reporters américains eux-mêmes, tout en interviewant le saint homme, s'inclinaient respectueusement devant la simplicité de sa personne et racontaient, en termes enflammés, les miracles accomplis par le " prophète de Denver ".

Les reporters et les journaux américains se mettant au service du "prophète" jettent du reste une lumière étrange sur ce saint fin de siècle. Car Schlatter, le " saint taciturne " comme l'appelaient les foules, ne devenait éloquent que dans l'intimité des envoyés des journaux. Le thaumaturge " prenait garde à ses voies", comme chante le psalmiste afin de ne pas pêcher par sa langue, et il gardait sa bouche " avec un frein " tant que les méchants étaient devant lui; mais aussitôt en présence des reporters, le feu de sa méditation se répandait dans des confessions touchantes et ingénieuses. Ce n'est, en somme, que grâce à eux que son " évangile " si simple parvint jusqu'à nous.

" Je ne suis rien, leur disait-il, mais c'est mon Père qui est tout. Ayez foi en lui et tout ira bien. " Ou :

" Mon Père remplace aussi aisément une paire de poumons malades, qu'il nous guérit des rhumatismes ou de l'enrouement. Il n'a qu'à vouloir et le malade devient bien portant et l'homme sain devient malade ".

" Vous me demandez en quoi consiste ma force. Elle n'est rien, c'est sa volonté qui est tout. " Un jour qu'une foule de quelques milliers de personnes se presse sur ses pas, Schlatter s'adresse à un homme qui se trouve à sa proximité :

" Sortez ! lui dit-il avec un ton de violence qui frappe l'assistance. Sortez et quittez Denver, car vous êtes un assassin !"

Et l'inconnu s'en alla et la foule émerveillée salua le saint homme disant qu'il n'est pas en son pouvoir de guérir les gens  méchants.

La foi descendait jusqu'aux chemins de fer du Nouveau-Mexique. Un jour, la direction de l'Union Pacific Railway fit placarder dans le pays un avis disant que tous ceux parmi ses employés de même que leurs familles, qui désireraient consulter Schlatter, recevraient leurs permis et leur congé régulier.

Le Omaha World Herald raconte à cette occasion le spectacle grandiose des milliers d'hommmes, de femmes et d'enfants appartenant à tous les degrés de l'administration du chemin de fer, qui allaient demnander le pardon de leurs péchés et la guérison de leurs maladies au saint homme de Denver... Et c'est ainsi que les chemins de fer, joints au reportage moderne, faisaient cortège aux exploits miraculeux du prophète ...

Et le saint homme continuait à faire des miracles. Les aveugles voyaient, les sourds entendaient et les culs-de-jatte marchaient. La foi s'allumait dans le Nouveau-Mexique et jetait ses rayons célestes sur toute l'Amérique. Le charme infini qui se dégageait de la personne de François Schlatter descendait comme une suggestion grandiose sur les consciences les plus incrédules.

L'écho de ses exploits arriva même en Europe et certains Journaux anglais racontaient des cures de Schlatter tellement invraisemblables que le Nouveau-Mexique a failli devenir le refuge de tous les incurables de l'univers.

Le général E. F. Test a publié, dans l'Omaha World Hérald, un long article où il est dit entre autres :

" Tous ceux qui l'approchent sont soulagés dans leurs souffrances. Le Dr Keithhey a été guéri de la surdité... Je me suis servi de lunettes pendant nombre d'années... Un geste de sa main a suffi pour que je n'en eusse plus besoin..."

Un des hauts fonctionnaires de l'Union Pacific, M. Sutherland, fortement éprouvé par un accident de chemin de fer, ne pouvait plus ni marcher ni mouvoir ses membres. On l'a transporté à Denver et il en est revenu complètement guéri. Non seulement il a recouvré la faculté de marcher, mais, sourd depuis une quinzaine d'années, il s'est débarrassé par la même occasion de sa maladie et a regagné la faculté de l'ouïe.

M.Stewart (Highlands, Jasper street), sourd depuis vingt ans, a été complètement guéri par le saint de Denver (Rocky Mountain Daily News, 12 Novembre). Rien ne peut résister à la grâce et à la puissance miraculeuse de Schlatter. La cécité, la dipthérie, la phtisie s'évanouissent devant sa main et surtout devant ses gants, comme de simples migraines sous l'intluence de l'antipyrine.

Mme V. V. Snook (North Denver) était atteinte d'un cancer depuis de longs mois. Epuisée de souffrances, elle envoie ehez le saint homme demander un de ses gants. Le " Fils du Père " lui en envoya deux en disant qu'elle sera guérie, et elle était guérie... Il en fut de même de John Davidson (1217, 17th Street Denver), du colonel Powers de Georgetown et d'une douzaine d'autres, tous atteints depuis de longues années de maladies plus ou moins incurables.

L'ingénieur Norris (Albuquerque), souffrant de la cataracte, fut guéri en un clin d'œil... Un bûcheron complètement aveugle distingue les couleurs après avoir été touché par la grâce de Schlatter.

Le général Test déclare avoir vu un cul-de-jatte marcher sous les yeux du thaumaturge. L'ingénieur Stainthorp, aveugle, perçoit le jour. W.-C. Dillon, courbé sous les maladies contractées quelque dizaine d'années auparavant, se remet du coup. Lorsque le saint de Denver le toucha pour la première fois, une grande chaleur traversa son corps. Ses doigts immobiles depuis de longues années se redressèrent subitement, une félicité inexplicable s’empara de tout son être, et il se leva rempli de bonheur et de foi.

Jim Welsh de Colorado Springs avait la main droite paralysée. Schlatter le touche et la main est redevenue saine et forte. Le Nouveau Mexique exultait en présence de la grâce céleste descendue sur Denver. Mme M.- C. Holmes de Havelock, Nébraska, souffrait de tumeurs au-dessous des yeux. Elle y a posé le gant que lui a donné Schlatter et les tumeurs disparurent. (Denver News, 12 novembre 1895.)

Des montagnes de gants qui arrivaient de toutes parts, gisaient sur le sol de la maison où habitait Schlatter. Le thaumaturge les touchait de sa main et les distribuait à la foule. La foi étant la seule raison des guérisons, "  il est inutile, disait Schlatter, de toucher les malades de sa main ". Et s'il le faisait, ce n'était que pour impressionner les âmes ayant besoin de cet effet palpable pour jouir des bienfaits que " son Père " faisait descendre par son intermédiaire sur la terre.

C'est ce qui nous explique aussi comment Schlatter a pu soigner de 3 à 5.000 personnes par jour. Adossé contre un pupitre, il étendait ses mains sur la foule qui s'en allait, la paix dans l'âme.

  Et la perle du Colorado jubilait en constatant comment les muets parlaient, les culs-de-jatte marchaient, les aveugles voyaient, et tous glorifiaient le " Fils de son Père. "
 
 

Son désintéressement était au-dessus de tout soupçon, et le mépris qu'il professait pour le "roi dollar" remplissait d'étonnement et d’admiration ses fidèles.

" L'argent, que voulez-vous que j'en fasse ? " disait Schlatter. Mon Père ne me donne-t-il pas tout ce dont j'ai besoin ?... Il n'y a pas de plus grande richesse que la foi; or, je crois à mon Père de toute ma foi ardente. "

Les dons affluaient de toutes parts et Schlatter les renvoyait avec sa douceur habituelle. On finit par ne plus lui envoyer que des gants que le saint homme, après les avoir touchés de ses mains, donnait aux malades et infortunés.

Il a été donné à la France d’avoir aussi son thaumaturge, son homme aux miracles.

Tandis que les Etats-Unis pleurent la disparition subite de Schlatter, l’homme saint de Denver, une étoile grandit dans le pays des Cévennes, à Vialas, qui fera bientôt pâlir tous les guérisseurs du passé. Cet homme n’est autre que Vignes, l’homme simple devant le Seigneur qui depuis bientôt trente-cinq ans opérait des miracles en petit et qui du coup, grâce à la violente résurrection du mysticisme dans ces années dernières, est devenu le thaumaturge officiel de la Suisse allemande. Ce qui donne un cachet particulier à la glorification du guérisseur de Vialas, c'est que ce sont presque exclusivement les protestants qui ont proclamé sa sainteté. Car les yeux des aveugles qui ont aperçu les premiers la lumière venue des Cévennes, furent précisément ceux des habitants de la frontière suisse, du canton de Berne et du grand duché de Bade. C'est à eux surtout qu'il a été permis de voir ses prodiges étranges : des aveugles qui voyaient, des poitrinaires qui guérissaient à vue d’œil, des boiteux qui marchaient. Et si la Suisse se montre si enthousiaste pour les paroles de Vignes, c'est quelle y a été préparée de longue date par les guérisons miraculeuses qu'y opérait vers l'année 1860 Mlle Trudel, aux abords du lac de Genève. Ce fut plus tard Mlle von

Seckendorff qui maintenait la sainte tradition. La France, qui se débattait dans ses souffrances de l'année terrible, passait inattentive devant les montagnes de miracles qui se levaient vers le ciel, en 1870, grâce aux établissements médicaux par la prière surgissant dans tous les coins de la Suisse allemande. Plus tard, le brave Samuel Zeller, puis Mlle de Manteuffel, et enfin le pasteur Stockmayer, qui, lui-même guéri par la " prière ", ne voulut plus connaître " d'autre pharmacie que celle des prières de Jésus ". Les maisons de santé par la prière continuaient à exister, mais les malades y faisaient des apparitions de plus en plus rares.

La foi aux guérisons par la prière subsistait quand même et il a suffi aux guérisons de Vignes de parvenir jusqu'à la Suisse pour entendre " les femmes élever leur voix en l'honneur de l'homme miraculeux et leurs époux et leurs fils prêter les oreilles à ses paroles ".

Ce ne furent pas seulement les profanes, mais un homme pieux entre tous, le pasteur J. Schlachter, de Biel, qui s'est mis devant la porte du "Juste de Vialas " pour chanter sa gloire aux croyants, et aux malades. Et sa voix fut écoutée grâce au Brosamen, le célèbre journal de la Société Evangélique du canton de Berne, devenu désormais l’écho fidèle des miracles de Vialas.

Le pasteur de Biel a bien compris ce qu’il faut pour faire triompher la vérité et pour confondre les méchants, car il a écrit une série de brochures éloquentes et enflammées sur le vieil Evangile.

L'atmosphère de candeur juvénile qui caractérise, la vie des paysans des Cévennes a mis son cachet adorable sur les manifestations de foi de Vignes.

- Où avez-vous trouvé la première inspiration ?

lui demanda le pasteur Schlachter.

- Dans le Livre. Le cent-troisième psaume ne nous dit-il pas que " c'est l'Eternel qui rassasie ta bouche de biens et qui renouvelle ta jeunesse comme celle de l’aigle ".

Vignes rendait donc la jeunesse à ses contemporains.

	C'est à l'âge de douze ans que pour la première fois une voix intérieure lui a dit de prier aux pieds du lit de sa mère mourante. Sa mère fut guérie et il ne cesse de prier pour les valets de ferme, pour ses enfants, pour son bétail. Tout croissait et prospérait autour de lui.

Son Evangile est d'une simplicité touchante.

" Nous sommes nés, dit-il, comme simples créatures de Dieu, mais nous devions devenir ses enfants. "

Dieu est le père et l'ami de ses enfants, qui jouissent autant de ses bienfaits qu'ils croient en lui. " Et les prières de ceux qui prient seront écoutées, a dit Jésus, et tous seront guéris. Il n'y a qu'un seul docteur : Dieu par notre sauveur Jésus-Christ. Quand vous voudrez le connaître et vous donner à lui, vous serez guéri. Jésus a dit aux paralytiques : Allez et marchez et ils ont marché ; aux aveugles : Regardez et ils ont vu ; aux sourds : Ecoutez et ils ont entendu ; il en sera de même pour vous si vous avez la foi qui soulève les montagnes. Allez en paix et soyez guéri "

Loin de se décourager devant les malades récalcitrants, Vignes n'y voit qu'une preuve du manque de foi de leur part.

- Vous n'êtes pas guéris, leur dit-il, parce que vous êtes des païens sans foi. Fiez-vous à Dieu et croyez aveuglément, et ce n'est qu'alors que la grâce descendra sur vous.

Un cul-de-jatte à qui il ordonna de marcher n'ayant pas osé exécuter ses ordres, Vignes lui jeta ce reproche amer :

- Tu ne crois pas ; comment veux-tu que je te guérisse ?

Du reste il ne veut pas qu'on vienne chez lui :

- N'avez-vous pas votre Dieu à Berne ou à Tarascon ? disait-il à ceux venus vers lui tout dernièrement plus nombreux que jamais. Je ne suis rien, je ne sais rien.

Et en disant ceci, il demande à tous des détails sur leurs maladies et fait sa prière :

C'est ce grand Dieu qui par sa pure grâce efface la souillure de vos péchés, de toute infirmité et retire la vie du tombeau… Fiez-vous à Jésus-Christ qui a dit ; " Priez et vous serez guéris. "

Il ne faut pas aller chez les médecins, comme il ne faut pas aller aux pharmaciens. Allez à l’église et priez. Vous n’êtes pas guéris, c’est que vous ne croyez pas à Lui, c'est que vous ne croyez pas à la force de la prière... Amen.

Et ceux qui croient s'en vont rassurés dans leurs âmes et sains de leurs corps. Une boiteuse à qui il ordonne de marcher s'en va d'un pas sûr. Telle autre qui ne pouvait mouvoir ses bras, les soulève en l'air.

B..., que son tabes parait plonger dans des douleurs convulsives, jette par terre son chapeau et le ramasse gaiement (Frohe Botschaft).

Mme Schmitt (Oberer Henberg, 14 à Bâle) raconte que Vignes fixa son regard, en sa présence, sur une femme qui avait mal aux yeux et celle-ci a du coup ressenti uñ mieux sensible. Une autre avait un lupus sur le visage et à mesure que Vignes priait, son lupus s'en allait.

M. Perrin-Bonjour, de Berne, raconte que Vignes a dit à une femme sourde : " Vous entendez déjà mieux " et, lui parlant à voix basse, il se faisait comprendre d’elle.

On cite également le récit d’un paysan de Vialas :

" Monsieur, j'étais dans mon champ, ma vache s'était un peu éloignée, je cours après elle pour la rattacher, lorsque je l'aperçois au loin ; à côté d'elle, un serpent des plus venimeux se disposait à la piquer. Je vois M. Vignes dans le lointain, je l'implore de prier le Seigneur d'éloigner le serpent de ma vache ; ma prière fut entendue car le serpent se retourna, se suspendit à une branche d'arbre et devint sec ".

Comme Schlatter de Denver, Vignes de Vialas guérit à distance. Des lettres affluent de toutes parts, et Vignes ne cesse de répéter avec sa voix grave et solennelle : Dieu y répondra. Et il prie et les guérisons s'en suivent.

" J'ai vu des lettres de Nîmes, de Bâle, nous assure le directeur du journal Brosamen, où on le remerciait vivement des guérisons accomplies à distance.

Mais Vignes ne répond jamais aux lettres. S'il ne veut pas qu'on aille le voir à Vialas, il aime encore moins qu'on lui écrive. Dans la FroheBotschaft,je retrouve cependant le corps d'une lettre unique adressée par Vignes à une de ses malades.
Sauvons-vite de l'oubli cette sainte relique du pays de Lozère :


    1895. MADAME,

    Je ne tiens aucune correspondance ; il m'est impossible, vous m'obligez. Je viens vous dire qu'il n'y a qu'un seul vrai docteur, Dieu par notre Sauveur Jésus ; veuillez le connaître tel qu'il doit l'être, sans faiblesses ni réserves ; donnez-vous à lui avec foi et amour, le Seigneur accomplira ses divines promesses sur vous et vos malades, vous aurez, bien lieu de remercier votre bon Père Céleste, pour votre bienfaiteur, c'est le souhait de mon cœur, pour vous et pour moi aussi que je désire de tout cœur que sa Sainte volonté s'accomplisse sur tous. Amen.

Dans cette agréable attente, que Dieu par notre Seigneur soit et demeure avec vous tous.



    L'Initiation a parlé en son temps du Maître Philippe. Pour éviter des redites, nous laisserons la parole au docteur Papus, en citant les belles pages extraites des Conférences ésotériques, 1908.

" J'ai observé, nous dit le docteur Papus, d'autres guérisons très intéressantes ; je vous en citerai quelques-unes. Elles ont été opérées par un homme que je considère comme un maître véritable. Il s'agit de Philippe, de Lyon. J'étais là, avec deux autres médecins, quand une maman de vingt à vingt-deux ans est arrivée, portant dans ses bras un petit enfant de cinq ans la tête ballante et les yeux vitreux. Elle dit à Philippe : " Mon enfant doit mourir dans deux heures ; et, comme vous m'avez sauvée il y a dix ans, je viens vous demander de guérir mon enfant. "

Nous sommes trois médecins qui l'examinons et nous découvrons un cas de méningite tuberculeuse, très prononcée ; l'enfant devait mourir. Il faut que je vous dise, maintenant, comment Philippe opérait ; il y avait toujours là prés de deux cents personnes. Philippe n'était pas poseur du tout.

D'un caractère bon enfant, il faisait toujours rire ses malades. Alors, devant le monde, il dit en voyant l'enfant que nous avions examiné : " On peut guérir cet enfant. Voulez-vous, vous engager tous à ne pas dire du mal des absents pendant trois mois ? " Tout le monde bondit et répond que ce n'est pas possible. En marchandant, on est arrivé à deux heures. Moi, je n'ai jamais pu rester deux heures sans dire du mal des absents ! Eh bien ! Philippe a dit : " C'est entendu ! vous allez essayer de ne pas dire du mal des autres pendant deux heures. "

L'enfant était dans une pièce à côté. Au bout des deux heures, je suis allé le chercher ; je l'ai pris par la main et il a fait avec moi le tour de la salle ; il était guéri.

J'ai vu d'autres cas, notamment un malade qui souffrait beaucoup de l'estomac, personne ne pouvait savoir ce qu'il avait. Or, ce Philippe dont je vous parle, était très modeste, très gentil, et il s'effaçait toujours. Ce n'est pas lui qui prétendait savoir quelque chose ! Alors, il nous dit : " Docteurs ; examinez donc ce malade ". Moi, je ne vois pas du tout ce qu'il a ; mes confrères, non plus. On examine son estomac ; il n'est pas dilaté. Enfin, nous ne trouvons rien. Alors, Philippe nous dit gentiment : " Est-ce que vous avez bien observé s'il avait son appendice xiphoïde ? " C'est un tout petit os placé au bas du sternum : On ramène alors le malade et on constate que le sternum s’arrêtait net à l'appendice xiphoïde ? "

Philippe nous dit : " Je crois qu'il a l'appendice xiphoïde tourné en dedans " Ce déplacement produit une pression sur l'estomac et provoque de la gastralgie ! Nous avions alors la main sur la partie malade et pendant que nous pressions très peu, voilà , l'appendice xiphoïde qui reprend sa place normale, sans que Philippe ait touché le malade. C'est une action à distance.

Je vous citerai encore un autre fait. Il ne fallait pas du tout parler de ses guérisons. Il a passé ses examens en médecine. Mais il n'a pas été reçu docteur en France, parce qu'il avait eu l'audace de ressusciter un mort alors qu'il n'était qu'étudiant de première année. On ne lui a plus permis de prendre ses inscriptions. Or, il était pauvre fils de paysan. Ce qu'il savait, il le possédait de naissance. Néanmoins il lui fallait passer par les Facultés et apprendre choses terrestres. Etant très pauvre et ne voulant rien demander à personne, cet homme portait la viande et s'était mis au service d'un boucher et il portait de la viande à domicile : il recevait quelques pourboires et le boucher lui donnait 30 francs par mois et le nourrissait ; c'est avec cet argent qu'il faisait ses études l'après-midi, car son patron ne l'employait que le matin.

Cela l'a suivi toute sa vie. Quand il passait dans la rue, on se disait en le montrant du doigt : " Tiens ! voilà Philippe le boucher ", comme on disait : " Voilà Jésus, le charpentier. " Il faisait du magnétisme et il a fini par passer son doctorat en Russie. Dans ses derniers examens, il y avait cinq malades à observer.

Je vous dirai une chose curieuse, c'est que les médecins de là-bas ont remarqué que tout malade visité par Philippe était aussitôt guéri. Donc il était en clinique externe ; on lui montre un malade et on le prie de dire ce qu'il a. Philippe répond qu’il a un abcès du rocher ou de l'oreille. Les médecins disent non et croient à un rhumatisme. Or, pendant qu'on discutait ce diagnostic, l'abcès s'ouvre et tout le pus s'écoule à l'extérieur de l'oreille. Le malade était guéri et les médecins n'en revenaient pas.

Eh bien ! cet homme très modeste est mort mais il n'a pas cessé de s'occuper de la Terre. Et il s'est passé un fait très curieux dont je pourrais vous dire un mot, en laissant de côté toute communication spirite.

Il y a des gens qui disent beaucoup de mal de Philippe. Tant qu'il était sur Terre on courbait la tête, car il n'avait qu'à regarder quelqu'un pour connaître et réciter aussitôt toute sa vie passée. Un jour, il vint à Paris pour le baptême, du petit Durville, il s’est donc dérangé de Lyon et en arrivant il dit à Durville père : " Vous ne croyez à rien aujourd'hui, mais vous croirez plus tard. " Et vous voyez que Durville a découvert les fantômes et qu'il commence à admettre l'existence du corps astral.

Ainsi, Philippe était à Paris, et à la porte de l'église Saint-Merri où se faisait le baptême du petit Durville, il y avait un vieux mendiant, délicieux comme type, couvert de guenilles, avec une barbe à moitié rasée. Alors Philippe va se placer à côté de lui et, comme s'il se parlait à lui-même, il dit à l'oreille du vieux mendigot : " J'ai 8.500 francs en or et puis 6.500 francs en billets de banque. " L'autre le regardait avec épouvante. Et Philippe continua de parler et lui indiqua l'endroit où il avait caché son argent. Le pauvre mendiant ne savait plus où se mettre. Je vais vous raconter une autre histoire. Un monsieur vient assister à l'une des séances de Philippe et demande à parler au Maître ; on lui pose cette question :" Est-ce pour vous ? " " Pour moi ?

répond-il, vous me croyez donc aussi bête que tous ces gens qui sont là. Non, je suis tout simplement chargé de faire une commission et, quant à moi, je n'ai rien à demander. " Philippe le regarde et lui dit : " Monsieur, voulez-vous venir dans la petite chambre d'à côté ? " Il faut vous dire que c'était un très grand honneur que d'aller parler seul à Philippe. Le monsieur passe donc dans la petite pièce et Philippe lui dit : " Savez-vous ce que vous faisiez le 28 juillet 1884 à 3 heures du soir?... vous étrangliez une femme.

Ne craignez rien, moi seul vous ai vu et la police ne va pas tarder à vous découvrir. Mais ne craignez rien.

Si vous voulez demander pardon au ciel tout de suite, on ne vous trouvera pas. " Eh bien ! cet homme qui voulait faire l'esprit fort est tombé à genoux et a imploré le pardon du ciel. Je vous citerai autre chose encore. Depuis sa mort, on a dit tant de mal de lui que ceux qui l'ont connu et aimé sont devenus enragés pour le défendre. Laissons de côté ces adversaires acharnés de Philippe et pardonnons-leur comme il leur a pardonné. Après sa mort, il nous a ordonné de les aider et de les éclairer. Ne soyons donc pas plus papistes que le Pape. Je connais un être que Philippe a empêché de se tuer. C'était un pauvre garçon qui avait des ennuis de ménage ; et, au lieu de prendre une détermination quelconque, il préféra en finir avec la vie. Il s'était rendu sur une haute falaise et allait se jeter en bas, lorsqu'il en fut empêché par une force invisible. Cet homme était venu voir Philippe par curiosité, et celui-ci, très gentil, lui dit :

" Cher monsieur, vous rappelez-vous telle journée où vous alliez vous jeter du haut d'une falaise ? J'étais là et je vous ai vu. " Il n'a plus rien demandé.

Eh bien ! des êtres aussi puissants que cela sont très rares ici-bas. Je n'en ai connu qu'un qui nous a appris à essayer d'être bon ; il nous apprit la tolérance envers tous, la nécessité de ne dire dé mal de personne, la confiance absolue dans le Père, la tolérance pour les défauts d'autrui, la nécessité de ne dire de mal de personne, la pitié pour la douleur des autres ; enfin, il nous a montré qu'on ne pouvait évoluer qu'en partageant les souffrances des autres, non en s'enfermant dans une tour d'ivoire de crainte de perdre sa pureté et sa sagesse.

Voilà pourquoi nous essayons de remuer un peu l'Humanité, de répandre autour de nous quelques idées qui ne proviennent que de notre cerveau et de propager les deux grandes vertus qui nous viennent du ciel : la Bonté et la Tolérance

C. B.