Les « Amitiés Spirituelles » ne sont pas autre chose qu'un mouvement de reprise du christianisme primitif, un moyen pour rapprocher les hommes du Christ. Ce qui nous lie, c'est la reconnaissance de la divinité du Christ et l'observance de l'Évangile. Le reste n'importe pas, ni la race, ni la religion, ni les opinions. Or le Christ a déclaré que « le premier et le plus grand commandement, c'est d'aimer Dieu de tout son coeur et le prochain comme soi-même ». Voici la déclaration de principes des « Amitiés Spirituelles » L'Association des « Amitiés Spirituelles » groupe les personnes de bonne volonté, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, qui reconnaissent le Christ comme le seul Maître de la vie intérieure et l'Évangile comme la vraie loi des consciences et des peuples. Il ne s'agit ni de fonder une religion nouvelle, ni de créer une secte de plus. Les membres de ce groupe respectent. toutes les formes sociales ou religieuses : rien n'existe qui n'ait sa raison et son utilité. Ils ne critiquent aucune opinion, mais ils veulent ne dépendre que du seul Christ. Ils sont persuadés qu'une évolution collective réelle ne peut s'obtenir que par le relèvement spirituel et moral de chaque individu, et que les terribles difficultés qui menacent le monde occidental seraient vaincues si la majorité, à tous les degrés de l'échelle sociale, accomplissait davantage son devoir. Ils professent comme axiome de foi : Jésus-Christ seul Fils de Dieu. Dieu Lui-même, venu dans le monde pour l'emmener à Sa suite jusqu'à la vie éternelle. Leur unique maxime, c'est d'aider les autres de toutes manières. Leur sacrement essentiel, c'est l'obscure prière au seul Dieu vivant, toute simple, toute confiante, toute joyeuse. Leur idéal est de préparer l'esprit humain, l'individuel comme le collectif, à recevoir la Lumière divine. En conséquence, les membres des « Amitiés Spirituelles » s'attachent à faire passer dans leurs actes les maximes de l'Évangile ; ouvriers, employés, patrons, pères, mères, citoyens, ils essaient d'accomplir ces diverses tâches avec une conscience intègre, chacun dans son cercle d'action. Leur rayonnement s'opère d'abord par la prière, l'aide aux affligés, puis par la parole et enfin par le livre. Profondément convaincus que rien n'arrive sans la permission de Dieu, ils ne font pas figure de réformateurs austères ; l'expérience leur a démontré qu'un bon et fraternel coup d'épaule au malheureux embourbé l'aide et le réconforte bien plus que les discours. Ils ne s'immiscent jamais dans les consciences parce que, à leur avis, nos rapports avec Dieu sont chose trop grave pour dépendre d'un intermédiaire. Ils vous demandent seulement de tenter pour votre compte l'essai qu'ils ont tenté pour le leur. S'interdisant toute polémique, ils ne dépendent d'aucune église, d'aucun groupe politique, ni d'aucune société secrète. Nous pensons que les « Amitiés Spirituelles » ont leur mot à dire dans l'universelle inquiétude qui oppresse le monde ; elles ont à tourner les regards vers la délivrance que beaucoup ne semblent plus attendre. Sédir a écrit : « Nous croyons avoir trouvé une solution à tous les problèmes, une porte à toutes les prisons, un remède à tous les maux ». Et il ajoutait : « Nous offrons notre découverte à qui veut en faire l'essai loyal, en respectant les conditions de l'expérience. Elle est vieille d'ailleurs, la trouvaille ; mais les remèdes oubliés ne guérissent-ils pas mieux souvent que des recettes plus récentes ? ». Sédir affirme qu'indépendamment de toutes les associations secrètes, de toutes sectes, l'enseignement du Christ s'est transmis, au travers des siècles, dans sa pureté et sa perfection primitives, par une chaîne ininterrompue de disciples inconnus. Ils dispensent les consolations, les réconforts dont le monde a besoin et la délivrance de toutes les détresses. Le but de la vie n'est pas la connaissance. A des êtres relatifs il est impossible d'appréhender l'Absolu. Au reste, l'intellect n'est qu'un des organes de notre personnalité totale ; dans la meilleure hypothèse il procure une image de la vie, mais ce n'est qu'une image, ce n'est pas la vie. La vérité est réservée à ceux qui s'efforcent de la vivre, non pas à ceux qui réfléchissent sur elle, qui la pensent. Le Christ a dit « Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît ». Notre mouvement est fils de l'amitié. Nous voulons être des amis. « Pour nous, l'amitié, c'est le culte du même idéal, l'observance de la même discipline, la réalisation des mêmes activités. Et, parce que notre idéal se nomme le Christ ; notre discipline, l'Évangile ; nos activités, la bienfaisance et la prière, nous croyons notre amitié la plus pure, la plus haute, la plus solide ». Il n'y a pas chez nous d'autorité centrale donnant des instructions ; chacun est libre de ses actes et seul responsable devant Dieu ; chacun doit se sentir responsable de l'oeuvre tout entière. Nous n'attaquons personne, nous ne critiquons personne, convaincus que tout ce qui vit a le droit de vivre et que ce qui est mauvais disparaîtra de lui-même lorsque le moment sera venu. Certes, nous donnons notre opinion lorsqu'on nous la demande, nous proclamons ce que nous croyons vrai, mais nous n'imposons notre opinion à personne. L'Évangile parle toujours de morale et de piété, jamais de recherches scientifiques ou philosophiques. Sédir a expliqué ce point de vue dans sa brochure L'Évangile et le problème du Savoir. Il montre que le disciple du Christ a le droit de faire marcher son cerveau avec le devoir de contenir cette activité au-dedans de certaines limites. Le piège où risque de tomber l'intellectuel est l'insatiabilité, « comme d'autres travailleurs ont tort qui ruinent leur santé pour acquérir la fortune ». La seule pauvreté spirituelle nous rend susceptibles d'être instruits par le Ciel. L'homme aperçoit alors des lumières inconnues ; au lieu des formes et des lois, ce sont les types essentiels qui se montrent à lui : l'esprit des choses, les esprits des êtres, leurs relations centrales, leur simplicité permanente. Les candidats à l'initiation sont inspirés par la conviction qu'ils appartiennent à une élite et qu'ils peuvent s'aventurer là où les chercheurs ordinaires n'ont pas accès ; ils s'imaginent ainsi, par leurs propres forces, sortir du fini, du conditionné. Les « Amitiés Spirituelles » n'ont qu'un objectif : redire les enseignements de l'Évangile. Elles ne cherchent pas à dominer la nature, elles ne le désirent pas. Le coeur est le vrai centre de l'homme ; le mental, la sensibilité ne sont que des instruments. Ce qui distingue la Vérité divine des vérités humaines, c'est que celles-ci ne sont que des points de vue, des approximations, en tout cas des affirmations théoriques sans rapport immédiat avec la vie, tandis que la Vérité divine n'est pas une doctrine, mais une vie et une vie qui se réalise et qui se développe dans la mesure où elle est vécue. Nous croyons que les plus hautes spéculations philosophiques ne valent pas un verre d'eau porté à un fiévreux. Du reste, en agissant ainsi, nous ne faisons que suivre l'exemple du Christ. Il aurait pu rester dans Son Royaume et lancer de là des courants de sympathie et de réconfort sur la pauvre humanité dévoyée et douloureuse ; Il aurait pu envoyer des anges, des prophètes, des sages au secours de la détresse humaine ; Il a préféré venir Lui-même ici-bas. De toutes les solutions que comportait le problème formidable de la Rédemption, lI a choisi celui où Il avait le plus à payer de Sa personne. Il a été le bon berger qui cherche la brebis égarée jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée – et, au terme d'une vie d'amour et de sacrifice, Il a résumé tout son enseignement et tous Ses exemples dans cette parole : « Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres ». Telle est notre foi, telle est notre devise. Et cette imitation de Jésus-Christ n'est pas le privilège d'une élite ou d'une caste sociale ; elle est accessible à toute créature de bonne volonté. Le Royaume de Dieu n'est pas une aristocratie d'intellectuels ; le Royaume de Dieu est pour tous. Le Christ a annoncé qu'un jour il y aura un seul troupeau sous la conduite de l'unique Berger. Et Il a montré le chemin : « On vous reconnaîtra pour mes disciples si vous vous aimez les uns les autres ». Et le Maître de Sédir a déclaré : « On ne vous demandera pas ce que vous avez cru ; on vous demandera ce que vous avez fait ». Il est écrit : « Vous reconnaîtrez l'arbre à ses fruits ». Le Christ a déclaré : « Si vous demeurez en moi et si mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez et vous l'obtiendrez ». Il ne nous appartient pas de dévoiler des choses qui doivent rester secrètes ; mais ceux qui ont vécu auprès de Sédir ont été témoins de guérisons, de délivrances, d'illuminations que « les circonstances » ne sauraient expliquer. Nous sommes invités non pas à un travail sur Dieu, mais à un effort vers Dieu. Sédir disait à ses amis : « Nous passons notre vie à donner à Dieu ce qu'Il ne nous demande pas et à ne pas Lui donner ce qu'Il demande ». Dieu veut de nous bien plus que notre piété, bien plus que nos saintes habitudes, que notre doctrine orthodoxe, que toutes nos belles paroles ; Il veut notre coeur tout entier, chacune de nos pensées ; Il veut toute notre vie. Beethoven disait : « Chacun aime comme il peut ». Et Sédir ajoutait : « Mais chacun doit aimer autant qu'il peut ». Celui qui n'aime pas n'est pas disciple du Christ, quand même il prononcerait Son nom, quand même il parlerait en Son nom. Celui qui ne pardonne pas les offenses, ce n'est pas Dieu qui le condamne, c'est lui-même qui se condamne, car il demande à Dieu de lui pardonner comme lui-même il pardonne. L'homme qui n'aime pas, l'homme qui ne sort pas de lui-même pour regarder la souffrance humaine et essayer d'y porter remède, celui-là serait-il un savant, un artiste, un moraliste, un remueur de foules, devant Dieu il n'est rien, et devant les hommes il rayonne la dureté de son coeur. Il y a des êtres qui ne peuvent pas croire au Christ lorsqu'ils voient vivre ceux qui se disent disciples du Christ. De tout temps la vie mystique a été comparée à une cime dont l'ascension doit être faite. Ceux qui ont seulement tenté l'escalade ont découvert de tels horizons, ils ont reçu de telles impressions intérieures, une telle certitude, qu'en eux s'est allumé le désir de partager avec leurs frères les joies qui leur ont été accordées. Mais comment des récits parviendraient-ils à faire sentir des réalités éprouvées, des bénédictions reçues : comment feraient-ils entrer dans des poumons, dans des yeux l'atmosphère de la montagne, le panorama que révèle le sommet de la montagne ? Ce que Sédir a écrit sur la vie mystique n'est rien d'autre que le récit d'un voyageur qui est allé à la conquête de la cime, but des efforts millénaires de l'humanité. Si, pendant plus de trente ans, il a fait des conférences et écrit des livres, c'est avec l'espoir que ses paroles éveilleront dans un esprit, dans un coeur le désir de l'ascension mystique. S'il décrit des paysages, s'il met en garde contre des précipices, s'il exalte la joie de la montée, c'est qu'il espère que ce qui lui a donné à lui-même la certitude de l'intelligence et la paix du coeur peut donner à d'autres la même certitude et la même paix. Ceux qui demeurent au pied de la montagne, les tièdes, les timides, les dilettantes, ne connaissent pas cette beauté : l'aspiration vers le mieux, le désir d'une vie plus haute : ils ne connaissent pas la fatigue infiniment noble de l'ascension. Connaître par la seule intelligence les réalités spirituelles, c'est en avoir une connaissance factice et fausse, c'est connaître par la seule contemplation d'une carte de géographie l'horizon que l'on découvre d'un sommet.
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