LES ASPECTS DU MESSIE
(Dans cet ouvrage Sédir commence toujours ses chapitres par un extrait Synoptique des Évangiles)
Jésus, montant à Jérusalem, prit en particulier les Douze, et, chemin faisant, il leur dit : « Voila que nous montons à Jérusalem. Toutes les choses qui ont été écrites par les prophètes sur le Fils de l'homme seront accomplies; le Fils de l'homme sera livré aux chefs des prêtres et aux scribes, qui le condamneront à mort, puis ils le livreront aux païens, pour qu'il soit bafoué, flagellé et crucifié; et, le troisième jour, il ressuscitera ». Mais à cela les disciples ne comprirent rien; c'était pour eux un langage caché dont ils ne saisissaient pas le sens. * * * Alors s'approcha de lui la mère des fils de Zébédée, Jacques et Jean, et ceux-ci avec elle, et elle se prosterna pour lui faire une demande. Il lui dit : « Que veux-tu ? » Elle lui répondit : « Ordonne que, dans ton Royaume, mes deux fils que voici soient assis, l'un à ta droite, l'autre à ta gauche », Jésus répondit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? » - « Nous le pouvons », lui dirent-ils. Et il répondit : « Oui, ma coupe, vous la boirez et vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé; mais quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n'est pas à moi de l'accorder; ces places sont à ceux pour qui mon Père les a préparées ». Les dix autres, qui avaient entendu, furent indignés contre les deux frères. Alors Jésus les appela et leur dit : « Vous savez que les princes des nations dominent sur elles, que les grands les tiennent sous leur autorité. Il n'en sera pas ainsi parmi vous; au contraire, que celui qui voudra devenir grand parmi vous soit votre serviteur; que celui qui voudra être le premier parmi vous soit votre esclave, comme le Fils de l'homme qui n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme rançon pour plusieurs ». * * * A la sortie de Jéricho, Jésus fut suivi d'une grande foule. Et voici que deux aveugles, assis le long du chemin, entendant dire que c'était Jésus qui passait, se mirent à crier : « Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David ! » La foule les menaçait pour les faire taire, mais ils crièrent plus fort : « Aie pitié de nous, Seigneur, Fils de David ! » Jésus s'arrêta, les appela et leur dit : « Que voulez-vous que je vous fasse ? » Ils lui répondirent : « Seigneur, que nos yeux soient ouverts ! » Ému de compassion, Jésus toucha leurs yeux. Et subitement, ils recouvrèrent la vue, et ils le suivirent. * * * Jésus, après ces choses, parcourait la Galilée, ne voulant pas voyager en Judée, ou les Juifs cherchaient à le faire périr. La fête juive dite des Tabernacles approchait cependant, et ses frères lui dirent : « Pars de ce pays-ci, transporte-toi en Judée, afin que tes disciples voient, eux aussi, les oeuvres que tu accomplis. On n'agit pas en cachette, quand on veut se faire connaître; puisque tu fais ces choses, manifeste-toi toi, même au monde ! » (En effet, ses frères non plus ne croyaient pas en lui). Jésus leur répondit : « Mon temps, à moi, n'est pas encore venu; pour vous, que le monde ne peut haïr, le moment est toujours opportun; mais le monde me hait, moi, parce que je rends de lui le témoignage que ses oeuvres sont mauvaises. Rendez-vous à la fête; quant à moi, Je ne vais pas encore à cette fête, parce que mon temps n'est pas encore accompli ». Cela dit, il demeura en Galilée. Puis, lorsque ses frères furent partis pour la fête, lui-même s'y rendit aussi, non pas ouvertement, mais comme en cachette. Pendant la fête, cependant, les Juifs s'informaient de lui, et disaient : « Où est-il ? » Dans la foule, une quantité de bruits couraient sur lui : « C'est un homme de bien », disaient ceux-ci, « Nullement, c'est tout le contraire, disaient ceux-là, il égare le peuple ». Mais personne, par crainte des Juifs n'osait s'exprimer librement sur son compte. On était déjà au milieu de la fête, lorsque Jésus monta au Temple. Il se mit à enseigner, au grand étonnement des Juifs, qui disaient : « Comment cet homme est-il si instruit, lui qui n'a pas étudié ? » Jésus leur répondit : « Mon enseignement n'est pas de moi, mais de Celui qui m'a envoyé. Si quelqu'un veut faire sa volonté, il saura si mon enseignement est de Dieu, ou si je parle de mon chef. Celui qui parle de son chef poursuit sa gloire propre; mais celui qui poursuit la gloire de Celui qui l'a envoyé, est véridique, lui, et sans fraude. N'est-ce pas Moïse qui vous a donné la Loi ? Et aucun de vous ne la met en pratique! Pourquoi cherchez-vous à me tuer ? ». La foule répondit : « Tu es possédé d'un démon; qui donc cherche à te tuer ? » Jésus répliqua par ces paroles : « Une seule oeuvre accomplie par moi vous a tous surpris. Moïse vous a donné la circoncision (elle n'a pas été instituée par Moïse, elle vient des patriarches); cette circoncision, vous la pratiquez le jour du sabbat. Si on peut, pour ne pas violer la loi de Moïse, pratiquer la circoncision le jour du sabbat, pourquoi vous irritez-vous contre moi pour avoir, ce même Jour de sabbat, rendu un homme entièrement sain ? Ne jugez pas sur l'apparence, mais jugez selon la justice ». Quelques-uns des habitants de Jérusalem disaient : « N'est-ce pas là celui qu'on cherche à faire mourir ? Le voici qui parle librement, et on ne lui dit rien. Les chefs auraient-ils vraiment reconnu qu'il est le Christ ? Nous savons pourtant d'où est celui-ci; or, quand le Christ viendra, personne ne saura d'où il est ». Alors, Jésus, enseignant dans le Temple, s'écria : « Vous me connaissez et vous savez d'où je suis! Je ne suis pas venu de moi-même, mais Celui qui m'a envoyé est véritable et vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais, car je viens de lui, et c'est lui qui m'a envoyé ». Ils cherchaient donc à le saisir; cependant, personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n'était pas encore venue. Mais, parmi le peuple, plusieurs crurent en lui, et ils disaient : « Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n'en a fait celui-ci ? ». Les pharisiens entendirent les propos que la foule tenait à son sujet; et, de concert avec eux, les principaux sacrificateurs envoyèrent des agents pour s'emparer de lui. Jésus dit alors : « Je suis encore avec vous pour un peu de temps; puis, je m'en vais à Celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez et vous ne me trouverez pas, et là ou je serai vous ne pouvez venir ». Les Juifs se dirent entre eux : « Où ira-t-il donc que nous ne le trouverons pas ? Doit-il aller vers ceux qui sont dispersés parmi les Grecs, et enseigner les Grecs ? Que signifie ce qu'il a dit : Vous me chercherez, et vous ne me trouverez pas, et là ou je serai vous ne pouvez venir ? ». * * * Le dernier, le grand jour de la fête, Jésus était là, debout, et il s'écria : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive, comme l'a dit l'Écriture, couleront de son sein ». Il disait cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui; car l'Esprit n'avait pas encore été donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. Plusieurs parmi la foule, ayant entendu ces paroles, disaient : « Cet homme est véritablement le prophète ». D'autres disaient « C'est le Christ ». Et d'autres : « Mais le Christ viendra-t-il de la Galilée ? L'Écriture ne dit-elle pas que c'est de la famille de David que le Christ doit sortir ? ». Le peuple était donc divisé à son sujet. Et quelques-uns d'entre eux voulaient le saisir; mais personne ne mit la main sur lui. Les agents retournèrent donc vers les principaux sacrificateurs et les pharisiens; et ceux-ci leur dirent : « Pourquoi ne l'avez-vous pas amené ? ». Les agents répondirent : « Jamais homme n'a parle comme cet homme ! ». Les pharisiens leur dirent : « Avez-vous été séduits, vous aussi ? Y a-t-il un seul des chefs ou des pharisiens qui ait cru en lui ? Mais cette populace qui ne connaît point la Loi est exécrable ». Nicodème (celui qui était venu précédemment trouver Jésus et qui était l'un d'entre eux) leur dit : « Notre loi juge-t-elle un homme sans qu'on l'ait entendu d'abord, et qu'on ait pris connaissance de ce qu'il a fait ? ». Ils lui répondirent : « Es-tu Galiléen, toi aussi ? Informe-toi, et tu verras qu'il ne sort pas de prophète de la Galilée ». * * * Jésus leur parla de nouveau, disant : « Je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». Les pharisiens lui dirent : « C'est toi-même qui témoignes de toi-même; ton témoignage n'est pas valable ». Jésus leur répondit : « Bien que je sois à moi-même mon propre témoin, mon témoignage est valable, parce que je sais d'où je suis venu et où je vais. Vous, vous ne savez ni d'où je viens, ni où je vais. Vous, vous jugez selon la chair, moi, je ne juge personne. Et, s'il m'arrive de juger, mon jugement est véritable, parce que je ne suis pas seul, mais le Père qui m'a envoyé est avec moi. Il est écrit dans votre Loi que le témoignage de deux personnes est valable. Or, il y a moi qui me rends témoignage à moi-même, et il y a le Père qui m'a envoyé, et qui, lui aussi, me rend témoignage ». Alors ils lui dirent : « Où est ton Père ? » Jésus répondit : « Vous ne connaissez ni moi ni mon Père; si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ». Il prononça ces paroles dans le Trésor, lorsqu'il enseignait au Temple. Personne ne l'arrêta, parce que son heure n'était pas venue. * * * Il leur dit encore : « Je m'en vais; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché. Au lieu où je vais vous ne pourrez venir ». Et les Juifs se demandaient : « Est-ce qu'il se donnera la mort, puisqu'il dit : Au lieu ou je vais vous ne pourrez venir ! » Jésus reprit : « Vous êtes d'en bas; moi, je suis d'en haut; vous êtes de ce monde; moi, je ne suis pas de ce monde; aussi vous ai-je dit que vous mourrez dans vos péchés ». - « Qui donc es-tu », demandèrent-ils. Jésus leur répondit : « Avant tout, je suis ce que je vous dis. J'ai, sur vous, beaucoup à dire, j'ai beaucoup à juger, mais Celui qui m'a envoyé est véridique, et ce que j'ai entendu auprès de lui, je le proclame dans le monde ». Mais ils ne comprirent pas qu'il leur parlait du Père. Alors il ajouta : « Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous reconnaîtrez ce que je suis, vous reconnaîtrez que je ne fais rien de moi-même, mais que je parle d'après les enseignements du Père. Celui qui m'a envoyé est avec moi; il ne m'a pas laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable ». Pendant qu'il parlait ainsi, plusieurs crurent en lui. * * * Or, à ces Juifs qui avaient foi en lui, Jésus disait : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes véritablement mes disciples; vous connaîtrez la vérité et la vérité vous rendra libres ». Ils lui répliquèrent : « Nous sommes du sang d'Abraham, et nous n'avons jamais été les esclaves de qui que ce soit. Comment dis-tu : Vous deviendrez libres ? ». Jésus leur répondit : « En vérité, en vérité je vous le dis, quiconque commet le péché est l'esclave du péché; or, ce n'est pas pour toujours que l'esclave demeure dans la maison, le Fils y demeure toujours : si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres. Je sais que vous êtes de la descendance d'Abraham; mais, parce que ma parole n'a pas prise sur vous, vous cherchez à me faire périr. Ce que j'ai vu auprès du Père, moi, je le dis; ce que vous avez appris de votre père, vous, vous le faites ». Ils répondirent : « Notre père à nous, c'est Abraham ». Jésus leur dit : « Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les oeuvres d'Abraham, au lieu de cela, vous cherchez à me mettre à mort, moi qui vous dis la vérité, que j'ai entendue auprès de Dieu. Cela, Abraham ne l'a pas fait. Vous, vous faites les oeuvres de votre père ». Ils répliquèrent : « Nous ne sommes pas des enfants illégitimes, nous avons un seul Père : Dieu ». Et Jésus reprit : « Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et je viens; ce n'est pas, en effet, de moi-même que je suis venu; mais c'est lui qui m'a envoyé. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas mon langage ? Parce que vous ne pouvez comprendre ma parole. Vous avez le diable pour père, et c'est aux convoitises de votre père que vous voulez obéir. Dès le commencement, il a été homicide, et il ne s'est pas tenu dans la vérité, parce qu'il n'y a point de vérité en lui. Quand il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur et père du mensonge. Quant à moi, parce que je dis la vérité, vous ne me croyez pas. Qui de vous me convaincra de péché ? Puisque je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ? Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu; vous, vous ne les écoutez pas, parce que vous n'êtes pas de Dieu ». Les Juifs lui répondirent : « N'avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain et que tu es possédé du démon ? :« Jésus répliqua : « Je ne suis pas possédé du démon, mais j'honore mon Père et vous, vous me méprisez. Pour moi, je ne cherche pas ma gloire; il est quelqu'un qui la cherche et qui en est juge. En vérité, en vérité je vous le dis, si quelqu'un garde ma parole, il ne verra jamais la mort ». - « Nous sommes maintenant convaincus, lui dirent les Juifs, que tu es possédé du démon. Abraham est mort, ainsi que tes prophètes; et toi, tu dis : Si quelqu'un garde ma parole, il ne goûtera jamais la mort ! Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? que les prophètes, qui sont morts ? Qui prétends-tu être ? » Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire est vaine. C'est mon Père qui me glorifie, mon Père dont vous dites qu'il est votre Dieu. Vous ne le connaissez pas, moi, je le connais. Et si je disais que je ne le connais pas, je serais comme vous un menteur; mais je le connais et je garde sa parole. Abraham, votre père, a tressailli de joie, dansl'espoir de voir mon jour; il l'a vu, et il a été dans la joie ». Les Juifs lui dirent : « Tu n'as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham ! » Jésus leur dit : « En vérité, en vérité je vous le dis, avant qu'Abraham fut, je suis ». Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter; mais Jésus se cacha et sortit du Temple. * * * Au point du jour, il retourna dans le Temple. Tout le peuple vint à lui; et, s'étant assis, il se mit à les enseigner. Alors les scribes et les pharisiens lui amenèrent une femme qui avait été surprise en adultère et, l'ayant placée au milieu de la foule, ils dirent à Jésus : « Maître, cette femme a été prise en flagrant délit d'adultère. Or, Moïse nous a ordonne dans la Loi de lapider ces sortes de personnes; et toi, qu'en dis-tu ? » Ils disaient cela pour le mettre à l'épreuve, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus, s'étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre. Comme ils continuaient à l'interroger, il se releva et leur dit : « Que celui de vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier ». Et, s'étant baissé de nouveau, il écrivait sur la terre. Quand ils entendirent cette parole, ils sortirent l'un après l'autre, en commençant par les plus âgés; et Jésus resta seul avec la femme, qui était toujours là. Alors Jésus, s'étant relevé et ne voyant personne que la femme, lui dit : « Femme, où sont-ils, ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée ? ». Elle répondit : « Personne, Seigneur ». Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas; va, et ne pèche plus ». * * * Comme Jésus passait, il vit un homme aveugle de naissance. Et ses disciples lui demandèrent : « Maître, qui a péché, cet homme, ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? » Jésus répondit : « Ce n'est pas que lui ou ses parents aient péché; mais c'est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut, pendant qu'il fait jour, que j'accomplisse les oeuvres de Celui qui m'a envoyé; la nuit vient, où personne ne peut travailler. Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde ». Ayant ainsi parlé, il cracha à terre et, formant de la boue avec sa salive, il mit cette boue sur les yeux de l'aveugle. Puis il lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (mot qui signifie : envoyé). L'aveugle alla se laver et revint voyant clair. Les voisins et les gens qui, auparavant, avaient remarqué qu'il demandait l'aumône, disaient : « N'est-ce pas la l'homme qui était assis et qui mendiait ? » - « C'est bien lui », répondaient les uns. - « Non, affirmaient les autres, mais il lui ressemble ». Lui, il disait : « C'est bien moi ». On lui demanda alors : « Comment tes yeux se sont-ils donc ouverts ? » Il répondit : « Celui que l'on nomme Jésus a fait de la boue; il l'a mise sur mes yeux; puis il m'a dit : Va te laver à Siloé. J'y suis allé; je me suis lavé et j'y vois ». Ils lui demandèrent : « Et lui, où est-il ? » Il répondit : « Je n'en sais rien ». On conduisit aux pharisiens cet aveugle guéri. Or, c'était un jour de sabbat que Jésus avait fait de la boue et lui avait ouvert les yeux. Les pharisiens lui demandèrent, à leur tour, comment il avait recouvré la vue. Il leur répondit : « Il m'a mis de la boue sur les yeux, je me suis lavé, et j'y vois». Là-dessus, quelques-uns de ces pharisiens dirent : « Cet homme ne vient pas de Dieu, puisqu'il n'observe pas le sabbat ». Mais d'autres : « Comment un pécheur peut-il faire de tels miracles ? » Ils étaient en désaccord. Alors ils s'adressèrent de nouveau à l'aveugle : « Et toi, que dis-tu de lui, puisqu'il t'a ouvert les yeux ? » Il répondit : « C'est un prophète ». Ne croyant pas que cet homme avait été aveugle et qu'il avait recouvré la vue, les Juifs mandèrent ses père et mère, et ils leur posèrent ces questions : « Est-ce bien là votre fils que vous dites être aveugle de naissance ? Comment se fait-il qu'il y voit maintenant ? » Ses parents répondirent : « Nous savons que c'est la notre fils et qu'il est né aveugle; mais comment il se fait qu'il voit maintenant, nous ne le savons pas. Nous ne savons pas non plus qui lui a ouvert les yeux. Interrogez-le; il est d'age à s'expliquer sur lui-même ». Ses parents parlèrent ainsi par crainte des Juifs, car ceux-ci avaient déjà décidé que si quelqu'un reconnaissait que Jésus était le Christ, il serait chassé de la synagogue. C'est pour cela que ses parents dirent : « Il est d'age à répondre, interrogez-le ». Alors les pharisiens appelèrent pour la seconde fois l'homme qui avait été aveugle, et lui dirent : « Rends gloire à Dieu ! nous savons que cet homme est un pécheur ». Et lui, il répondit : « Je ne sais pas si cet homme est un pécheur, mais je sais une chose : c'est que j'étais aveugle et maintenant je vois ! » Ils lui dirent : « Que t'a-t-il fait ? comment t'a-t-il ouvert les yeux ? » Il répondit : « Je vous l'ai déjà dit, et vous ne m'avez pas écouté. Pourquoi voulez-vous l'entendre encore ? Voulez-vous, vous aussi, devenir ses disciples ? » Alors ils l'accablèrent d'injures, disant : « C'est toi qui es son disciple; nous sommes, nous, les disciples de Moïse; nous savons que Dieu a parlé à Moïse : quant à cet homme, nous ne savons d'où il vient ». L'aveugle guéri leur répondit : « Voici qui est fort étonnant, vous ne savez d'où il vient, alors qu'il m'a ouvert les yeux ! Nous savons que Dieu n'écoute pas les pécheurs; si, au contraire, quelqu'un craint Dieu et fait sa volonté, c'est celui-là que Dieu écoute. Jamais on n'a entendu dire que quelqu'un ait ouvert les yeux d'un aveugle-né. Si cet homme ne venait pas de Dieu, il ne pourrait rien faire ». Ils lui repliquèrent : « Tu es né dans le péché des pieds à la tête, et tu nous fais la leçon ! » Et ils le jetèrent dehors. Jésus apprit qu'ils l'avaient chassé, et l'ayant rencontré, il lui dit : « Crois-tu au Fils de l'homme ? » Il lui répondit : « Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ? » Jésus lui dit : « Tu l'as vu; c'est lui-même qui te parle ». - « Je crois, Seigneur », dit alors cet homme en se prosternant devant lui. Et Jésus dit : « C'est pour un jugement que je suis venu dans ce monde; c'est pour que les aveugles voient et que ceux qui voient deviennent aveugles ». Des pharisiens qui étaient présents entendirent ce mot et lui demandèrent : « Et nous, sommes-nous aussi des aveugles ? » Jésus leur répondit : « Si vous étiez aveugles, vous ne seriez point coupables; mais comme vous dites : nous voyons, votre culpabilité reste entière ». * * * « En vérité, en vérité je vous le dis, celui qui n'entre pas par la porte dans la bergerie, mais qui y monte par quelque autre côte, est un voleur et un brigand. Celui qui entre par la porte est le berger des brebis. A celui-ci le portier ouvre, et les brebis entendent sa voix. Il appelle par leur nom les brebis qui lui appartiennent et les fait sortir. Quand il a fait sortir toutes les siennes, il marche devant elles et ses brebis le suivent, parce qu'elles connaissent sa voix. Elles ne suivront pas un étranger; au contraire, elles le fuiront, car elles ne connaissent pas la voix des étrangers ». Telle est la parabole que leur dit Jésus; mais eux, ils ne comprirent pas de quoi il leur parlait. Jésus reprit donc « En vérité, en vérité je vous le dis, je suis la porte des brebis. Tous ceux qui sont venus avant moi étaient des voleurs et des brigands, mais les brebis ne les ont pas écoutés. Je suis la porte; si quelqu'un entre par moi, il sera sauvé; il entrera, il sortira, il trouvera sa pâture. Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire. Moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie et qu'elles l'aient en abondance. Je suis le bon berger. Le bon berger donne sa vie pour ses brebis. Quant au mercenaire, quant à celui qui n'est pas le berger, à qui les brebis n'appartiennent pas, s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et prend la fuite; alors le loup les emporte et les disperse. Il agit ainsi, parce qu'il est mercenaire et qu'il n'a nul souci des brebis. Je suis le bon berger; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, de même que le Père me connaît et que je connais le Père; et je donne ma vie pour mes brebis. J'ai d'autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie. Celles-là aussi, il faut que je les amène. Elles entendront ma voix, et il y aura un seul troupeau, un seul berger. Voici pourquoi le Père m'aime; il m'aime parce que je donne ma vie pour la reprendre. Personne ne me l'ôte; je la donne de moi-même; j' ai le pouvoir de la donner; j'ai le pouvoir de la reprendre; tel est l'ordre que j'ai reçu de mon Père ». Ces paroles furent l'occasion de nouvelles divisions entre les Juifs. La plupart disaient : « C'est un possédé, c'est un fou; pourquoi l'écoutez-vous ? ». D'autres disaient : « Ce ne sont pas les paroles d'un possédé; est-ce qu'un démon peut rendre la vue aux aveugles ? » * * * C'était l'hiver, et l'on célébrait à Jérusalem la fête de la Dédicace. Dans le Temple, sous le portique de Salomon, Jésus se promenait. Les Juifs firent cercle autour de lui et lui dirent : « Jusqu'à quand nous tiendras-tu l'esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement. Jésus leur répondit : « Je vous l'aidit et vous ne croyez pas. Les oeuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi, mais vous ne croyez pas, parce que vous n'êtes pas de mes brebis. Mes brebis entendent ma voix; je les connais et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle; elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout et nul ne peut ravir ce qui est dans la main du Père. Moi et le Père, nous sommes un ». De nouveau, les Juifs apportèrent des pierres pour le lapider. Jésus leur dit « J'ai fait devant vous, de par le Père, beaucoup d'oeuvres excellentes; pour laquelle me lapidez-vous ? » Les Juifs répondirent : « Ce n'est pour aucune oeuvre excellente que nous te lapidons, mais parce que tu blasphèmes, parce que, toi, qui n'es qu'un homme, tu te fais Dieu ». Jésus leur répondit « N'est-il pas écrit dans votre Loi : J'ai dit : Vous êtes des dieux ? Ainsi, votre Loi a appelé dieux ceux auxquels s'adressait la parole de Dieu (et l'Écriture est indiscutable), et moi, que le Père a sanctifié et a envoyé dans le monde, vous m'accusez de blasphème parce que j'ai dit : Je suis Fils de Dieu ! Si je ne fais pas les oeuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais si je les fais, quand même vous n'auriez aucune foi en mes paroles, croyez du moins à mes oeuvres; qu'elles vous fassent savoir, qu'elles vous fassent reconnaître que le Père est en moi, et que moi je suis dans le Père ». Encore une fois, ils s'efforcèrent de mettre la main sur lui, mais il leur échappa et retourna sur l'autre rive du Jourdain, l'endroit ou Jean avait baptisé tout d'abord, et il y séjourna. Des multitudes vinrent à lui, et l'on disait : « Jean, il est vrai, n'a fait aucun miracle; mais tout ce qu'il a dit de celui-ci était vrai ». Là, un grand nombre crurent en lui.
(MATTHIEU
ch. 20, v. 17 à 19; MARC ch. 10, v. 32 à 34; Luc ch. 18, v. 31 à 34. -- MATTHIEU ch. 20, v. 20 à 28; MARC ch. 10. v. 35 à 45; Luc ch. 22, v. 24 à 30. -- MATTHIEU ch. 20, v. 29 à 34; MARC ch. 10. v. 46 à 52; Luc ch. 18, v. 35 à 43. -- JEAN ch. 7, v. I à 24. -- JEAN ch. 7, v. 25 à 52. -- JEAN ch. 8, v. 12 à 59. -- JEAN ch. 7, v. 53 à ch. 8, v. 11. JEAN ch. 9. -- JEAN ch. 10, v. I à 19. -- JEAN ch. 10, v. 22 à 42).
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