LES SANCTIONS Nous avons déjà vu ce qu'il faut entendre par jugement et qu'il s'en produit sans cesse au cours de l'évolution universelle, dans toutes les catégories de l'Etre. Le Christ indique les sept signes précurseurs des jugements. Ce sont : Quand le Père Se manifeste directement, Son messager terrestre ne fait ni réclame, ni publicité, et ne parle jamais ni de son savoir, ni de ses pouvoirs. C'est une règle absolue. Ne vous émouvez donc pas si un thaumaturge se manifeste, faisant de la propagande et entraînant les foules. Le Ciel ne nous demande que de faire notre devoir. Si vous l'accomplissez de votre mieux, cela suffit pour que vos noms soient transcrits sur le Livre : et l'Ami saura bien vous trouver, aux champs, à la boutique, ou dans le palais. Le Seigneur n'a pas à faire de la réclame : ne courez pas après les on-dit : les manifestations uniquement extérieures sont un chemin vers les ténèbres; gardez-vous des dieux. Le Christ Se montrera d'un coup, comme un éclair, à tout le genre humain; et Sa parole alors aura retenti partout. Les hommes ne soupçonnent pas la force de la douceur. Ainsi, durant ces dernières années, si l'Église ne s'était pas défendue, ni par des polémiques, ni par des protestations, ni par d'habiles manoeuvres, elle aurait, non seulement réparé ses torts anciens, mais aussi, en quelques années, reconquis et au delà la place prépondérante qu'elle avait, il y a deux siècles, dans les conseils de l'Europe. Les prêtres n'ont pas eu confiance dans le Ciel; le Ciel les abandonne à leurs seules ressources : on verra bientôt le résultat de leur présomption. Les sept signes que nous venons d'énumérer, et dont le premier est le plus visible, correspondent aux sept signes qui annoncent la naissance d'une race nouvelle. Un jugement peut être aussi bien individuel, psychique, végétal, minéral que social : dans chacun de ces procès, les amateurs d'hermétisme pourront retrouver les sept présages en question, aussi bien que dans les travaux occultes et en particulier dans la préparation de la pierre philosophale. Voici maintenant l'intervention divine de la grâce. Comme nous l'avons vu précédemment, chaque race de créatures construit un temple invisible dont les temples de pierres ne sont que les matérialisations. Quand les hommes sont pervertis, comme l'était, par exemple, le sacerdoce israélite, ils détruisent le Temple invisible, ils appellent le Titus qui en détruira aussi l'image physique. Et le Verbe peut, s'Il le veut, reconstruire en trois jours et le temple essentiel et le temple formel. Toutes les thaumaturgies dont le principe est divin se règlent sur le nombre trois. Je pourrais vous dire à ce sujet de nombreuses anecdotes. La marche naturelle des phénomènes va aussi par trois; et le miracle n'est jamais en somme qu'une accélération de cette marche. De sorte qu'une évolution, un jugement et le repos paradisiaque qui le suit peuvent, par extraordinaire, s'accomplir dans un temps beaucoup plus court que ne l'exige l'ordre naturel. Ainsi, un homme qui naît privé d'un de ses membres a en général besoin de trois incarnations pour que son corps redevienne normal; mais un Envoyé du Ciel peut lui guérir son infirmité en trois jours. Voyez combien il est juste de travailler à acquérir la pleine possession de soi-même par la patience. Celui-là seul qui se résigne, qui subit l'épreuve, qui ne s'en effraie pas, qui ne s'affole pas, courant de ci de là pour y échapper, celui-là ne dépense point en vain les forces de son corps et de son coeur. Une mesure prudente, pensez-vous peut-être, ce serait de quitter les villes, les centres que le torrent de la civilisation fait comme les vampires et les cancers des peuples, où tous les raffinements de l'égoïsme et tous les affolements de la cupidité se donnent rendez-vous. Restez là ou le destin vous a mis. Vous êtes à cet endroit parce qu'il est le meilleur pour votre âme et pour les autres âmes; là où les circonstances vous fixent se réunissent les fils des travaux auxquels vous êtes spécialement aptes; là, vous trouverez l'épreuve dosée juste pour votre force; là convergent les lumières que vous êtes capables d'assimiler et qui vous sont saines. L'existence est si courte; elle n'est jamais qu'une pause d'une seconde dans le grand voyage cosmique : pourquoi s'inquiéter et s'affoler ? L'écolier n'a pas à choisir ce qu'il faut apprendre; c'est le Maître qui choisit pour lui et qui distribue le programme pour l'année entière. On s'est beaucoup fatigué pour faire la preuve de cette parole : « Je vous dis en vérité que cette génération ne pas-sera pas que toutes ces choses n'arrivent ». La ruine du Temple et la guerre romaine ont servi aux écrivains religieux pour interpréter ce texte; toutefois, dans cette période de massacres, il n'y a eu ni novateurs remarquables, ni épidémies extraordinaires, ni cataclysmes universels. Si les commentateurs avaient lu le Talmud, ils auraient appris combien la doctrine des existences successives était en vogue chez les Juifs et quelles étaient les lois qui, d'après les rabbins kabbalistes, présidaient aux révolutions des âmes. Celles-ci, en effet, arrivent sur terre par groupes, y vivent par groupes, s'en vont et reviennent encore par groupes. Ce sont ces groupes que le Christ appelle des générations. L'ensemble de ceux qui vivaient en même temps que Lui et qui entendirent Ses vaticinations sera là de nouveau quand elles se réaliseront; voilà ce qu'Il a voulu dire. Comprenez comment les plus sublimes des créatures sont vaines en face du Verbe; combien elles ne peuvent rien sans Lui; avec quelle rigueur elles ne savent rien de ce qu'Il veut bien leur dire. Et, en même temps, sachez, avec une certitude sereine, que personne ne peut, ni ne pourra jamais dire quels sont les desseins de Dieu; si le Christ reviendra en Amérique ou en Perse, ou aux Indes; s'Il sera là en 1980, en 2000, où dans dix siècles. Il est répété que ce jour du jugement surprendra les hommes comme le filet du pêcheur surprend le poisson; combien peu avons-nous confiance en Dieu pour essayer de savoir quand même, ou combien risible est notre prétention ! Soyons éveillés; sachons être prêts. Ceci n'est pas autre chose que la suprématie de la conscience. Il faudrait ne pouvoir jamais perdre le contrôle de soi; dès qu'il y a surprise, fascination, ou charme, c'est que nous subissons, c'est que nous sommes en infériorité; notre esprit n'est pas présent; et il se peut alors que nous soyons attaqués à l'improviste. Tous les hommes ont la gérance d'une petite portion du domaine divin; mais, parmi eux, les « soldats », qui tiennent leur poste directement du Maître, exercent une influence beaucoup plus active avec une responsabilité plus lourde; mais aussi leur salaire est bien plus précieux, puisqu'ils deviendront les amis et les égaux de leur Maître. Il est compréhensible que, si l'un d'eux manque à ses devoirs, il devient fauteur des plus grands désordres, et c'est par une raison profonde que Matthieu enseigne qu'alors on le rejettera avec les hypocrites. Le « soldat » du Christ, en effet, est reconnaissable, dans la Lumière centrale invisible, à l'uniforme dont il est revêtu. Or, une foule d'esprits ont les yeux tournés vers lui comme, sur terre, les subalternes se conduisent d'après ce qu'ils voient faire à leurs chefs. Si le directeur d'une administration se laisse aller à des écarts, tous ses employés deviennent négligents. Toutefois, un désordre qui a sa cause dans l'invisible est beaucoup plus difficile à réparer. D'autre part, la sincérité n'est pas une abstraction métaphysique; c'est une vertu, une force agissante, un organe de notre esprit, tout comme le larynx, par exemple est un organe de notre corps. La sincérité, ainsi que chacune de nos puissances, a deux formes : la première est l'accord de nos actes, de nos gestes et de nos paroles avec nos sentiments conscients; la seconde est l'accord de ces sentiments avec la Lumière intérieure surnaturelle. Elle est la racine de la première. Or, par définition, le « soldat » connaît cette Lumière; il ne pèche donc jamais par ignorance; donc, quand il faute, c'est par une sorte de mensonge intime, par hypocrisie. |