L'initiation évangélique ne propose qu'un seul but : l'accomplissement de la volonté du Père ; qu'un travail : l'amour fraternel ; qu'une méthode : la résignation et la demande. Elle ne s'adresse qu'au coeur ; elle n'emploie aucun entraînement ; elle ne nécessite aucun régime. Elle est assez simple pour qu'un enfant la comprenne et parfois plus terrible que les austérités effrayantes des rishis séculaires. Elle est silencieuse, mais la voix de son disciple peut retentir jusque par-delà les constellations ; elle est douce, car d'un sourire l'Ami nous donne la force pour un siècle de travaux ; mais, malheureusement, elle est très inconnue, parce que les hommes ne courent qu'après l'étrange, le rare et le brillant.
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N'importe lequel des travaux que l'existence nous demande nous développe, mais nous n'avançons sur la route que par la charité. La charité, c'est la patrie du disciple ; qu'il en sorte, il n'est plus un disciple. Les autres patries de l'homme immortel : la science, l'art, la pensée, les affaires, le travail manuel, elles appartiennent à l'univers du Destin. La charité à elle seule constitue l'univers de la Liberté. Se mouvant dans le Destin, les hommes s'imaginent être libres, et ils n'y sont réellement que des esclaves. Tandis que, s'ils entrent dans l'Amour par l'offrande d'eux-mêmes à leurs frères et à Dieu, alors, sous leur apparence d'esclaves, ils vivent dans la bienheureuse liberté. « Mon joug est doux, annonce Jésus, et mon fardeau léger».
J'entends dire : « Des pauvres, des malades, je n'en connais point, et puis, comment les aborder ? ». Mais lisez les journaux, demandez aux dispensaires : il en pullule, des pauvres et des malades : Paris compte soixante-dix mille vieillards (2) impotents que l'Assistance publique ne peut pas héberger, ni les maisons religieuses ; voilà tel hôpital pour les filles-mères où il y a de la place pour sept cents lits, mais on n'a d'argent que pour en préparer deux cents ; voilà tel coin de la zone où des enfants vivent avec ce qu'ils trouvent dans les poubelles ; et les pauvres honteux, par milliers ? Je sais, c'est ennuyeux de se déranger, d'ouvrir son portefeuille, de monter des étages, d'être mal reçu ; il faut du courage pour revenir à la charge ; est-ce que les commis-voyageurs se rebutent quand il s'agit de placer leur marchandise ? Quelques-uns d'entre vous ne craignent pas ces fatigues ; mais les dévouements peuvent sans cesse augmenter puisque, l'expérience nous l'enseigne, le Ciel efface toujours les lassitudes de Ses serviteurs par le don de nouvelles énergies.
Pardonnez-moi de vous solliciter constamment à de nouveaux efforts. Vous voyez toute la peine que se donnent nos pauvres frères aveugles qui ne travaillent que pour eux. Quelle ne devrait pas être notre ardeur, nous qui prétendons servir le meilleur des Maîtres ; nous qui avons entrevu la beauté de Son oeuvre, qui goûtons parfois le bonheur de sécher quelques larmes, nous, enfin, qui avons tant reçu, à qui tant de trésors sont promis ? Ne continuerons-nous pas à donner de plus en plus de tout ce que le Ciel nous confie, afin que le plus grand nombre possible de nos compagnons d'exil voie surgir les perspectives lumineuses du Royaume de la paix fraternelle ?
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L'intelligence possède de la vie, mais elle n'est pas la Vie ; si on la cultive exclusivement, on travaille sur un reflet, tandis qu'il y a en nous une réalité, qui est le coeur.
Ce que j'appelle le coeur, ce n'est pas la sentimentalité contemplative de la nonne cloîtrée. C'est cela, oui, mais c'est aussi tous les sentiments, tous les amours, toutes les haines, toutes les joies, toutes les douleurs, les rires, les larmes, les mélancolies, le gonflement du muscle pour l'effort, les émotions de l'adolescence, les ambitions de la maturité ; c'est la vie tout entière enfin qu'il faut vivre. Purifier notre corps astral, c'est prendre des douches pour acquérir des pouvoirs magiques ; c'est l'acte qu'il faut purifier, sublimer, unifier. Telle est la véritable Imitation du Verbe.
Les paroles de l'Evangile doivent se comprendre littéralement et absolument. Si l'on vit bien, ce « reste» que le Ciel nous donne «par surcroît» comprend tout : sciences, pouvoirs, facultés transcendantes.
Lisez l'Evangile avec la plus grande simplicité, avec toute votre candeur ; peu à peu, ce qui vous semble insipide vous deviendra savoureux ; la loi est simple... faites ce qu'on vous demande... Servir est votre devise... celui qui sert les hommes sera servi un jour par les anges.
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Qu'est la vie de notre âme ? L'Amour agissant.
Qu'est la vie de Dieu, la Vie éternelle ? L'Amour agissant.
Que sera le lien de ce couple ? Encore l'Amour agissant.
Aucun moraliste, aucun religieux, aucun intellectuel n'a trouvé d'autre solution à notre problème que l'amour du prochain, que la pratique de la fraternité.
De quoi se nourrit l'Amour sinon d'actes ? De quels actes, sinon des plus intenses ? Quels actes exigent la plus forte dépense d'énergie, sinon ceuxlà où s'ajoutent à l'effort pour notre frère, l'effort contre le milieu et l'effort contre soi-même ?
Mais ceci est plus haut que l'altruisme et plus complet que la philanthropie. Son vrai nom, c'est la charité.
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L'Amour n'a besoin pour s'épanouir que de soimême ; plus il se donne, plus fort et plus splendide il renaît. Il ne s'enquiert pas des chances de réussite, il ignore les temporisations prudentes, les combinaisons adroites, les précautions timides. Dès qu'il aperçoit une larme, il s'élance pour la sécher ; entre l'agresseur et la victime on le voit s'offrir et, bien que faible, nu, sans armes, il triomphe finalement de toutes les violences. Sa force réside dans sa spontanéité, parce qu'il est, par sa racine, identique à l'Esprit.
L'Amour, la ferveur, le feu, voilà ce que nous devrions demander tous les matins et tout le long des jours.
Presque tout est possible à celui qui veut ; tout est possible à celui qui aime. Mais il faut aimer constamment, uniquement, et à chaque heure un peu plus qu'à l'heure précédente. Il faut évoquer sans cesse en soi ce visage sensible de Dieu qui est l'Amour. Il faut se forcer à aimer. Et, quand notre sensibilité se révolte devant certaines horreurs physiques ou morales, il faut se forcer à faire au moins les gestes de la divine et humaine fraternité.
Beaucoup d'âmes anémiques prétendent ne pas pouvoir de tels efforts et attendent tout du Ciel. C'est une erreur. « Aide-toi, le Ciel t'aidera ». Il faut de l'énergie, une énergie disciplinée, systématique ; notre nature doit être domptée, puis dressée comme un chien de police. Sans quoi ses élans accidentels ne provoqueront en somme que des chutes décourageantes. Quand le dressage sera parfait, alors nous pourrons céder à nos enthousiasmes, puisqu'ils ne s'élanceront désormais que vers Jésus.
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L'amour devient le plus illusoire des mirages, si c'est moi que je cherche en lui. Si c'est moi que j'aime en l'être que je préfère, il devrait s'appeler seulement recherche de plaisir ou satisfaction d'égoïsme sentimental. L'amour devient la plus stable des réalités si j'en fais une ferveur de sacrifice.
La plupart des amours ne sont que des fascinations magnétiques. On ignore tout de ces forces mystérieuses ; c'est pourquoi les passions déconcertent souvent le spectateur, et leur psychologie reste toujours spéculative. Incapables de nous donner les uns aux autres par devoir, la nature nous verse un philtre ; et cette ivresse fluidique, qui nous jette de l'exaltation à l'amertume et de la frénésie au
dégoût, nous apprend au moins les gestes élémentaires de l'altruisme, ou plutôt nous entraîne à les accomplir. Il n'y a point d'exemple, en effet, que deux amants, si bien assortis soient-ils, ne se trouvent bientôt dans l'obligation de se sacrifier l'un à l'autre quelques préférences ou quelques commodités. La somme de ces ennuis en vient d'ailleurs assez vite à dépasser la somme des joies.
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Aimer sa famille, sa cité, sa patrie, l'humanité, ce ne sont pas des faiblesses, mais bien d'excellentes écoles pour le moi ; car on ne peut pas aimer sans agir ; et plus intimement nous vivons avec les objets de nos affections, plus ardue devient la tâche de rendre cet amour vivant dans nos paroles, dans nos actes et dans notre caractère. Un amour qui ne se sacrifie pas n'est qu'un égoïsme.
Aimer l'humanité, ce n'est pas très difficile ; l'humanité, c'est loin, c'est vague, et puis, c'est trop grand ; on ne voit pas grand-chose à faire pour elle. Aimer sa patrie, c'est déjà moins facile, parce qu'il y a la guerre, et l'opposition de nos intérêts particuliers avec l'intérêt collectif. Mais le plus difficile, c'est d'aimer nos voisins, nos camarades, à la personnalité desquels notre personnalité se heurte chaque jour. Là, les occasions de se maîtriser abondent. Si l'on veut suivre l'entraînement à fond, il faut toujours accepter, sauf si l'on veut nous induire à mal faire, toujours s'effacer, toujours se laisser mettre à la dernière place, toujours donner ses aises et ses préférences ; voilà le meilleur des exercices ; il vainc nos défauts, il transforme nos travers, il nous oblige à nous dépasser nous-mêmes.
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Toute joie consiste dans l'expansion de quelqu'une de nos forces ; la joie la plus haute vient de l'expansion la plus profonde et la plus vaste. Or, le don de soi-même, le don de ce que nous croyons posséder, le sacrifice en un mot, n'est-ce pas cette expansion parfaite qui agrandit jusqu'à leurs limites les développements de tout ce qui vit en nous ?
La méthode vraie de notre culture, c'est donc le sacrifice et nul livre ne l'explique mieux que l'Evangile.
Les variétés du sacrifice sont innombrables ; l'aumône, encore que bien peu la pratiquent convenablement, est la plus facile. Mais offrir son temps, offrir ses aises, supprimer ses manies, s'imposer une attitude affectueuse quand l'indifférence ou l'antipathie nous éloigne d'un être qui souffre, voilà des charités possibles au plus pauvre, plus coûteuses que l'aumône. Ces contraintes sont des communions réelles, des eucharisties créatrices de miracles. Voilà l'essentielle religion, le culte éternel ; voilà le seul rite bon pour tous les hommes et sans lequel aucun autre rite n'a de valeur.
Choisissez votre idéal. Il est impossible d'en trouver un plus beau que le service d'autrui ; mais choisissez le mode de ce service ; et ensuite mettez-vous au travail ; réalisez dans tous les plans, par tous les moyens ; ne regardez pas en arrière, mais en avant. « Servir, servir et rien de plus ». L'Amour est le Maître, le Dieu, le Mystère suprême, le Néant, l'Ignorance, la Toutepuissance et l'Omniscience. Il est l'initiateur pour le monde et pour l'homme ; il est sa propre raison, le commencement et la fin de tout ; il est la souffrance et la récompense, la folie et la sagesse, la mort et la vie. Je vous propose cette pierre philosophale qui est un feu vivant, cet élixir qui guérit tout, cette arme qui brille dans les yeux des enfants et des saints. Sa présence change l'enfer en paradis, son absence glace et enténèbre les plus radieuses splendeurs.
Il est humain d'aimer qui nous donne des joies ou des plaisirs ou simplement qui nous plaît ; mais il est divin d'aimer qui nous fait du mal. Le véritable amour est celui qui se nourrit de privations, d'afflictions, d'hostilités ; celui-là seul descend de Dieu, restitue l'harmonie, édifie la paix. Le Royaume de Dieu n'est pas un symbole ni une abstraction ; c'est un tout vivant, organique, qui s'approche de la terre, depuis vingt siècles, qui en est plus près peut-être que jamais malgré les horreurs où nous vivons, et que nos efforts, la moindre parole de pardon, le moindre geste de bonté obligent à descendre avec une impérieuse autorité. Cette évocation-là est beaucoup moins cérémonieuse que les mystères de la magie ; mais par contre beaucoup plus grave. Imaginez comme vous pouvez cet événement : l'arrivée du Ciel sur la terre. Aucun rite n'y est utile, mais la seule perfection morale ; aucun sacrifice que celui du moi, aucun encens que celui de la prière. Dans la mesure où l'être humain se vide du temporel, l'éternel le remplit.
Or le Fils est toujours là, attentif à chaque effort, prêt à soutenir le moindre faux pas, heureux de verser Sa propre vie à la première demande du dernier d'entre nous. Souvenons-nous de cette présence universellement particulière ; comportonsnous, sous Ses yeux, comme nous croyons qu'Il Se comporterait Lui-même. Certainement, quelque jour, ici ou quelque autre part, dans l'immensité de la création, cette présence, d'invisible deviendra visible ; rares d'abord, ces visites, de plus en plus fréquentes, deviendront à la fin de la durée une union perpétuelle parmi les spendeurs de la maison du Père.
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Notre vie extérieure, la famille, la profession, les relations mondaines, nous avons bien compris qu'il faut en remplir les devoirs et en observer les convenances, à fond et de son mieux. C'est l'esprit selon lequel toutes ces choses doivent être vécues dans lequel, n'est-ce pas ? nous chercherons à nous acclimater. D'abord, comme je m'excuse de vous le redire si souvent, ne faites rien que pour le Christ, pour Lui obéir, pour L'aider, pour qu'Il voie que vous L'aimez un peu.
Ensuite, sauf pour ceux envers lesquels vous avez certaines responsabilités : enfants, serviteurs, subordonnés, comprenez bien que l'exemple reste le meilleur des sermons. Sans doute un appel cordial fait quelque chose ; mais, si peu qu'on fasse la morale à quelqu'un, on se place audessus de lui et on le juge. D'où réactions fâcheuses et dettes contractées par le critique.
Enfin, et ceci résume tout, soyez petits ; si vous ne parvenez pas tout seuls à mettre l'orgueil sous vos pieds, faites-vous bousculer, faites-vous piétiner par les autres. Considérez avec quelle perfection nous ne sommes rien ; comment rien de ce qui est nous-mêmes n'est à nous ; comment rien de ce que nous faisons n'est méritoire. Oui, faites vous tout petits au-dedans de vous-mêmes ; privez votre moi de ses nourritures terrestres, faites-le jeûner, donnez-lui à manger ce qu'il n'aime pas ; obligez-le aux pénibles travaux.
Mais que personne ne s'aperçoive de ces rigoureuses disciplines. Dès qu'un effort quelconque devient si dur qu'on puisse en lire la trace sur votre visage. allez vite vous enfermer et, là, sans que personne vous voie, travaillez-vous, raisonnez votre moi, réfléchissez, priez, jusqu'à ce que le sentiment de la certitude et de la paix emplisse à nouveau votre coeur rasséréné.
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Entre l'incrédule qui s'exténuerait à secourir les autres et à vivre en honnête homme et le dévot scrupuleux qui resterait dans un égoïsme confortable ou dans une orgueilleuse dureté, c'est l'incrédule le plus chrétien des deux ; car Jésus a surtout prêché l'action et par l'action. Les oeuvres sont indispensables ; la foi toute seule ne sert que comme préparation ; l'Evangile proclame à chaque page l'indispensable nécessité des actes.
Le Maître du champ laisse croître ensemble l'ivraie et le bon grain ; ce n'est pas l'homme qui moissonne ; c'est d'autres êtres. Ne vous occupez que d'aider le froment à bien mûrir. Comme le Père donne à tous Sa vie, Son soleil, Sa joie, donnez aussi à tous ce qu'ils vous demandent essentiellement à travers leurs demandes apparentes, je veux dire le secours fraternel et l'affectueuse exhortation vers les certitudes ineffables que vous avez reçues.
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Les formes matérielles de la vie sont là pour entretenir notre existence, oui d'abord ; mais également pour que nous respections la Vie, pour que nous la développions, pour que nous lui infusions la Lumière éternelle qui brille en nous. Ceci est une des plus grandes formes de la charité, cette charité dont on parle tant et que l'on connaît si peu. Si les hommes savaient, s'ils cherchaient le réel visage ardent de la charité, s'ils ouvraient leurs yeux à son fort regard, comme ils l'aimeraient, comme ils se précipiteraient sur ses pas, comme ils se feraient partout ses auxiliaires infatigables !
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Toutes les vertus spirituelles ne sont qu'une seule vertu ; qui possède l'une possède les autres. Mais, entre toutes, c'est la charité que Dieu me demande, parce que c'est celle-là vers l'acquisition de laquelle il m'est possible de faire les efforts les plus précis. Les formes de la charité sont innombrables. Si ce feu brûle dans mon coeur, tous mes actes, toutes mes paroles, toutes mes pensées seront des aumônes et des offrandes. S'il ne brûle pas, il me reste la ressource inestimable d'agir, de parler, de penser, comme si j'aimais. Voilà le divin mensonge auquel il faut que je m'oblige en tous temps et en tous lieux.
La charité n'est pas la bienfaisance, ni la philanthropie. Celles-ci sont prudentes, raisonnables, humaines. La charité est folle ; elle ne consulte rien que sa compassion ; aucun obstacle ne l'arrête ; aucune ingratitude ne la rebute ; aucune récompense ne l'excite. Elle connaît de science infuse toutes les délicatesses ; elle parle tous les langages ; elle se met au niveau de toutes les conditions. Elle peut m'agrandir jusqu'aux bornes de l'univers ; par elle Dieu S'oblige à me servir ; par elle Dieu a créé le monde et le recrée. C'est elle qui forme le corps du Fils de l'homme et l'âme du Fils de Dieu. Par elle tous les miracles deviennent possibles, tous les mystères se dévoilent, toutes les chaînes de la matière sont brisées.
Or, ce principe de toutes les forces, cette source de toutes les beautés, ce secret de toutes les délivrances, c'est la seule vertu entre toutes dont je puisse suivre l'entraînement avec la précision, avec toute la rigueur d'un exercice physique. Dans la culture des autres vertus, quelque chose échappe à mon contrôle. Tandis qu'une pensée, une parole, un geste d'aide à une créature souffrante sont toujours soumis à ma conscience et possibles à ma volonté.
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Surtout cherchez à allumer en vous-mêmes l'incendie de l'amour; pressez-vous vous-mêmes ; évertuez-vous ; priez constamment pour que le feu descende. Si vous brûlez, vous enflammerez les autres. Plus vous brûlerez, plus vous vous donnerez ; plus vous vous donnerez, plus vous recevrez ; plus vous recevrez, plus vous voudrez donner; et, de la sorte, vous inaugurerez dès cette terre une image vivante des torrents toujours nouveaux de tendresse, de béatitudes et de grâces qui roulent dans tous les sens de l'infini et en quoi réside le mouvement sans bornes de l'immobile éternité.