LA FATIGUE

Comment faire rendre à nos corps visibles et invisibles le maximum de travail avec le minimum d'usure ? Comment réparer cette usure ?

Faites-vous expliquer par un médecin la fatigue musculaire, et vous saurez le mécanisme de toutes les sortes de fatigues; nerveuse, magnétique, mentale, psychique. Car toutes nos facultés sont faites de substances matérielles, quoique plus ou moins subtiles, plus ou moins pondérables. Par conséquent tout, en nous, est limité, conditionné; tout a un besoin d'aliments et de repos; tout s'use; même le vêtement de notre âme est renouvelé au bout de trois ou quatre cents siècles.

La fatigue est un envahissement de l'organisme par les résidus de cette combustion vivante qu'est le travail. Elle disparaît à la suite de ces nettoyages qui, en physiologie, sont le sommeil et les afflux de sang artériel; descente d'une force supérieure et nutrition des tissus. Or, vie physique, vie magnétique, vie mentale, tout cela, ce n'est que des dosages différents de la Vie universelle, de la Vie de l'Esprit. Or, le Maître de l'Esprit, c'est le Verbe. Il a déclaré : " Je suis la Vie "; et encore : " Voici, Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin ". Donc, appelez notre Jésus, le perpétuel et l'universel Rénovateur.

Pour Le faire venir, il faut tendre vers Lui; pour être un avec Lui, il faut évoquer cette Union objective en réalisant l'Unité intérieure.

Appelez Jésus en ouvrant les yeux le matin; appelez-le avant chaque travail de la journée. Une seconde suffit pour cela. Vous ne travaillez que pour Lui, n'est-ce pas ? Donc Il est prêt à descendre sur chacun de vos actes. Que tous ces actes soient en union avec Lui, les plus simples comme les plus relevés. Mettez en chacun " toutes vos forces, tout votre coeur, toute votre pensée, toute votre âme ". Ne faites pas une chose en pensant à une autre, puisque vous désirez que Dieu envoie Son ange sur cette chose. Ainsi vos moindres oeuvres seront totales.

Et puis, de la cime de notre âme jusqu'à la moelle de nos os, tout se tient en nous; il est impossible de sectionner ces engrenages innombrables. Ne pensez pas à vos projets en laçant vos souliers, car votre méditation sera incomplète, votre geste malhabile, et la dépense générale de vos forces double ou triple.

Il y a deux domaines en nous; le surnaturel, celui de l'âme; et le naturel, qui comprend tout le reste. Dans ce dernier, tout a des limites, des usures et des besoins de repos. Dans le premier, rien ne s'use; c'est la Vie divine; c'est là qu'est votre contact avec Jésus. Vous pouvez sentir et maintenir ce contact lorsque vous avez, une fois pour toutes, abandonné tout le naturel; vous pouvez, au milieu du tumulte et des bouleversements, garder cette union, si intime, si profonde, si paisible, qu'elle reste presque imperceptible. C'est le véritable mysticisme.

Vos organes, vos corps, vos facultés travaillent alors sans que votre moi les retienne avec cette crainte de les perdre qui fait la grande faiblesse de l'homme. La fatigue ainsi diminue. Essayez de parcourir deux lieues en faisant marcher volontairement les muscles de vos jambes. Puis, oubliez que vous avez des jambes, et vous verrez quel chemin vous pourrez couvrir sans fatigue. C'est ce que Jésus nous fait entendre lorsqu'Il nous affirme que " Son joug est commode et Son fardeau léger ". C'est ce que les mystiques expriment en disant que, selon l'Amour, tout est facile. Voilà comment nous pouvons, au milieu des plus pénibles efforts, montrer à nos frères un visage souriant et cette allégresse qui les attirera vers notre Maître mieux que tous les discours.