L'INITIATION


   Ce que la science occulte appelle l'Astral, comprend tout l'Invisible L'immense variété de matières qui composent la création sont pénétrées d'Esprit à des degrés différents, mais aucune d'elles n'est l'Esprit; celui-ci ne se trouve à l'état pur que dans ce que l'Evangile appelle le royaume des Cieux. Nous ne possédons pas d'étalon pour mesurer les divers pourcentages de condensation de la matière ; cet étalon existe, mais dans un plan encore inaccessible à notre intelligence, le plan des Nombres.

   A notre point de vue relatif de terriens, notre matière physique est la plus dense, mais au point de vue universel, il existe beaucoup de plans plus denses que le nôtre.

   Etymologiquement, le mot astral désigne toutes les espèces de forces qui agissent par rotation, par paraboles, par ondes; les anciens occultistes ont appliqué ce mot à toutes les sphères invisibles, à cause de leur à priori panthéiste on émanationiste.

   Il faut identifier plan et planètes; il y a encore plus de planètes invisibles que de corps célestes visibles ; il ne faut donc pas espérer les cataloguer en une existence.

   Les êtres créés, depuis le vibrion jusqu'à la nébuleuse, en y comprenant tous les états psychiques, peuvent se considérer comme statique ou dynamique, en repos ou en mouvement : ainsi par exemple, un homme est immobile, il vit cependant, il représente une planète, s'il agit, il vit encore, mais alors son acte est analogue à la vie d'un cliché.

   Tout est donc dans un interéchange continuel; les hommes n'ont pas inventé les voyages; tout voyage dans la Nature ; tous les êtres réagissent les uns sur les autres, donnent et reçoivent ; la terre rayonne des germes minéraux, végétaux, animaux, humains, géniaux, mentaux, magnétiques, etc., et elle en reçoit autant de tous les coins de l'Univers.

   Nous baignons donc dans l'Invisible ; nous sommes l'un des canaux les plus importants par lesquels l'Esprit de la Terre reçoit de nouvelles formes de vie, et en expédie ; notre mission est donc très grave. L'homme terrestre sur 100 parties, en a 99 dans l'Invisible, et une seulement dans le visible ; notre esprit, qui comprend peut-être des milliers d'organes fluidiques, agit dans cet Invisible, tant terrestre que cosmique, y cherche, y voyage, s'y nourrit, et le cultive : il ne faut donc pas le lancer à l'aveugle dans cet océan, et il importe de bien choisir sa boussole.

   En effet, tout travail a pour effet de nous rapprocher du but que nous avons choisi ; ce but, notre idéal, est un dieu; car tout le subjectif est la correspondance d'un être objectif ; et ce travail a comme dernière conséquence de nous incorporer a l'être de ce dieu : comme la cellule végétale tend vers la vie animale, et l'atteint quand une bête se l'est assimilée comme aliment: le processus est partout analogue.

   Notre existence tout entière, jusque dans ses plus vulgaires manifestations doit donc tendre vers la forme de vie la plus haute, vers la vie éternelle : qu'est ce que cette dernière ? C'est le sacrifice constant d'un pour tous, de tous pour un, de tous pour tous. C'est l'Amour qui est le Centre des centres ; c'est donc à l'Amour qu'il faut rendre un culte vivant, en agissant, en pensant, en travaillant pour lui.

   Les entraînements ésotériques sont donc des trompe-l'oeil, en ce sens qu'ils ne s'adressent pas au centre de l'homme, mais à un de ses organes externes: magnétisme, mental, psychisme, etc. Le jardinier, qui coupe des feuilles et des rameaux pour obtenir une fleur belle et monstrueuse, mais éphémère, fait comme l'initié qui tue en lui telle ou telle forme de la vie, l'énergie sexuelle par exemple, pour la sublimer en une faculté plus rare : cette faculté ne sera pas viable ni saine.

   Ainsi il ne faut appeler à son aide aucune créature, aucun adepte, aucun sage, aucun saint, aucun génie, aucun archange : toute créature est, parce que créature, capable d'erreur : il ne faut appeler que Dieu, et l'appeler d'une façon vivante, non seulement par le désir mais aussi et surtout par l'acte.

   Toute créature, même la plus élevée, est chargée des chaînes du temps et de l'espace : elle répondra donc moins vite à notre appel que le Ciel qui est libre ; il ne faut rien déranger dans le monde ; mais Celui qui vit hors du monde, le Ciel, se dérange et est auprès de celui qui l'évoque, non pas avec des cérémonies, mais par l'holocauste de ses désirs propres : le Ciel est l'inverse de la Nature ; celle-ci vit par l'individualisme, ou l'essaie tout au moins; celui-là vit par l'universalisme ; toutes les fois donc que l'homme oublie son individu pour s'occuper d'un autre, il évoque le Ciel, et le Ciel vient à côté de lui et en lui. « Celui qui fait la volonté du Père est ma mère, dit le Verbe. »

   Les enseignements des hommes célèbres ne doivent donc être pour nous que des gymnastiques intellectuelles ; le vrai travail est au centre de nous-mêmes à la racine de notre volonté, de notre moi, dans cet organe qu'on peut appeler le cœur invisible qui est la lampe où couve l'étincelle de la lumière incréée.

SÉDIR