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Depuis l'aube des temps, l'homme cherche inlassablement
le mystérieux principe qui pourrait être à la source
de la vie.
Il le recherche de façon vitale, tel l'enfant enfermé dans le ventre de sa mère et qui essaye de passer du premier état de vie vers un autre qui lui serait plus favorable. N'existerait-il
pas un Créateur au-delà de cet univers visible qui l'entoure
de toutes parts? L'homme
observa d'abord le soleil, les étoiles, le feu, tous ces éléments
dont il était tributaire et qu'il regardait comme des dieux.
Les premières civilisations codifièrent ces liens, qui semblaient unir l'homme au cosmos ou aux dieux, et tentèrent d'offrir une solution aux grandes aspirations religieuses de l'humanité. |
Ces interrogations et réponses furent à l'origine des
mythes, des cultes et des rites. Certaines furent divulguées
et d'autres parfois volontairement cachées, comme nous le confirmera
l'histoire des religions ou celle de l'ésotérisme.
C'est ainsi que toutes ces théophanies et ces religions, qu'elles soient révélées ou non, et les différents cultes rendus à Dieu forment l'ensemble de ce qui s'appelle maintenant "le Sacré'. Pour en savoir
plus sur le sacré et le profane, nous allons interroger un consultant
chrétien spécialisé dans ces domaines : Mr Roland
Soyer. |
D:
Êtes-vous d'accord avec cette entrée en matière?
RS : Oui,
mais n'oublions pas le point de vue spirituel qui est celui de
la Révélation! Car,
comme nous l'indique l'histoire de l'humanité, tandis que certains
hommes tentent de se relier à un principe créateur, d'autres
cependant affirment l'avoir toujours connu, que ce soit par l'intermédiaire
de révélations, d'un envoyé du Ciel ou par contact
direct. D: Pourquoi avoir choisi ce titre "Du profane au sacré et de l'ésotérisme au Christ" pour votre témoignage? R.S : Deux significations peuvent être données aux termes "profane" et "sacré", l'une au sens propre désignant les réalités extérieures (profanes ou sacrées), l'autre au sens figuré indiquant une orientation intérieure (du profane vers le sacré). C'est à la deuxième que va ma préférence. |
Il faut
bien les distinguer car, si on les confond l'une avec l'autre, cela
provoque toutes sortes de confusions : que l'on considère par
exemple une personne comme profane sous prétexte qu'elle adopte
un culte différent du nôtre ou que l'on déprécie
son discernement parce que l'on ne connaît ni ne comprend ses
rites, livres ou objets sacrés, voilà qui peut nous entraîner à la juger ou à la condamner!
Pour apprécier les autres, les apparences extérieures sont parfois trompeuses. C'est fréquemment en raison d'une telle confusion que les libertés d'autrui ont été profané, au nom même "du sacré"; rappellons-nous les guerres de religions ou la ségrégation raciale! Du point de vue du coeur et de la psychologie, ce que l'on observe est souvent à l'inverse : c'est ainsi qu'une personne dépourvue de morale peut très bien se trouver dans un lieu sacré tandis qu'un coeur sincère peut se procurer un livre religieux dans un endroit profane; c'est un exemple parmis tant d'autres. C'est pourquoi j'ai choisi ce titre car, au sens figuré, il ne doit se rapporter qu'à l'élévation intérieure. D:
Mais ne sommes-nous pas contraints d'observer ou d'établir des
différences pour faire un choix ?
J'aimerais d'ailleurs m'attarder un peu sur ces questions délicates des différences fondamentales entre : sens critique, discernement, constatations, jugements de valeur, etc. Tout ces regards que l'on porte sur l'extérieur, du monde et d'autrui. Juger les autres, au sens mauvais, consiste surtout à juger autrui sur des apparences (pas sur leur niveau intérieur que Dieu seul connaît) mais pour ensuite mieux les condamner irrémédiablement d'après ces mêmes apparences. Tout le problème vient du fait que, si l'on peut bien discerner et avoir un sens critique sur autrui à un moment, l'on franchi très vite la frontière et l'on s'en sert aussitôt pour la condamnation globale de l'individu. Ce qu'il ne faut pas faire... Par contre, juger l'arbre à ses fruits fait appel au discernement, à l'évaluation; non pas pour critiquer autrui mais plutôt pour chercher à comprendre et trier "le bon grain de l'ivraie" afin d'éviter les pièges. C'est surtout pour soi-même et pour notre propre parcours qu'il nous est même conseillé de pratiquer ce genre de démarche! Non pour évaluer les personnes mais pour voir la provenance de leur doctrine. Éviter le péché et non le pécheur! C'est une démarche qui consiste à nous aider intérieurement, et non pour juger des personnes d'après l'extérieur. |
De même que l'on peut aider les autres, à condition que ce ne soit pas contre leur volonté. Lorsqu'il y a opposition seul l'exemple silencieux reste possible. Discernons, évaluons, jugeons bien, au moment opportun seulement, et non pas à contre courant ou pour forcer les autres, mais que cela ne nous entraîne jamais à condamner qui que ce soit. Voilà ce qu'il faut éviter! Un autre problème
consiste à prêter à ces termes "profane" et "sacré"
une acception hiérarchique maladroite, comme si l'on entendait
par là du pire au meilleur, du plus bas au plus haut. Si sens
hiérarchique il y a, évitons de le projeter sur autrui
ou ses croyances; réservons-le plutôt à nos propres
aspirations, afin que notre intériorité s'accroisse et
que notre coeur s'élève dans l'amour.
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Je pense qu'un véritable dialogue entre croyants de confessions
diverses, voire opposées, ne pourra s'instaurer que le jour où
leurs actes seront le fruit d'un authentique amour intérieur;
chacun choisira alors, son chemin librement, sans condamner l'autre
d'après les apparences extérieures.
Quant aux actes, uniquement inspirés par la Charité, ils deviendront l'expression du seul culte intérieur, en Esprit et en Vérité, comme le Christ l'avait demandé et le demande encore à ceux qui veulent le suivre. |
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