UNE   RENCONTRE

 

 Nizier  Anthelme  PHILIPPE (1849-1905)  appelé LE  MAÎTRE PHILIPPE DE LYON


Mr Philippe naquit au Rubathier, commune de Loisieux, canton de Yenne en Savoie. 
(ci-dessus l'église de son village où il fut baptisé)
Ce grand thaumaturge a laissé au XIXème siècle la marque d'un authentique ami du Christ. 
(le plus grand peut-être, aux dires de certains)
Incarnant la perfection des Évangiles, les miracles fleurissaient sous ses pas sans efforts
et l'on voyait rassemblés en lui tous les dons de l'Esprit.
Son humilité et sa discrétion étaient telles que, malgré les recherches et investigations des historiens, il reste encore aujourd'hui méconnu ou incompris.
Il fut encore appelé le père des pauvres, l'envoyé ou l'ami de Dieu.

D: Comment avez-vous effectué ce passage de la recherche ésotérique au Christianisme? 

RS :    Il n'y a pas de franche démarcation dans la littérature concernant ces sujets. Comme je vous le disais précédemment, l'histoire des courants religieux fourmille de documents traitant des Mystères de l'antiquité, des hérésies, de la gnose ou du paganisme, tandis que de nombreuses librairies d'ésotérisme possèdent, à l'inverse, des rayons spécialisés sur la religion, la symbolique, les phénomènes surnaturels ou les miracles. 
C'est d'ailleurs ce qui rend plus grande, au départ, la difficulté de se repérer parmi ces chemins, du moins tant qu'on n'a pas  trouvé une foi et des repères solides; c'est l'élément mystérieux et providentiel dans la démarche de chacun. 

C'était mon cas lorsqu'à 17 ans je découvris, au beau milieu de l'ésotérisme, un courant de pensée mystique, une voie évangélique tournée vers la pratique active de la charité. Un mouvement centré sur le "Maître Philippe", comme on l'appelait, et ses amis Sédir (Yvon Le Loup), le Docteur Marc Haven (Emmanuel Lalande) et le milieu des "Amitiés Spirituelles". Cette voie provoquait de multiples guérisons et conversions.  De nos jours elle est malheureusement présentée en marge de l'Église, ce qui autorise certains à y voir une opposition, d'autant que certains occultistes, fascinés par la personnalité de Mr Philippe, gravitaient autour de lui. Pour ma part, je m'aperçus très vite qu'il s'agissait bel et bien d'authentiques finalités chrétiennes, conduisant aux Évangiles et au Christ. 

   
 

YVON LE LOUP  (1871-1926)

( Pseudonyme : SÉDIR )

Après avoir effectué un long parcours dans les hautes sphères de l'ésotérisme, Sédir déboucha finalement sur une conversion extraordinaire et définitive au Christ.
Fondateur des "Amitiés Spirituelles", il comptait parmi les disciples  de Mr Philippe, qui l'avaient le mieux compris. 
Écrivain et mystique, il a laissé dans ses ouvrages des pages éblouissantes de clarté sur les mystères du  christianisme, l'amour du Ciel et de ses envoyés, tels que sa  rencontre avec Mr Philippe les lui avait révélés.

ALBERT LEGRAND, ÉMILE BESSON, MAX CAMIS


Successeurs de Sédir à la direction des "Amitiés Spirituelles", ces trois  infatigables témoins ont passé leur vie à faire connaître l'oeuvre de Sédir, augmentant ainsi le nombre des disciples de l'Évangile.
 "Les Amitiés Spirituelles", association chrétienne libre et charitable créée en 1920, regroupe les personnes  de bonne volonté, quelles que soient leur nationalité ou  leur religion, 
qui reconnaissent le Christ comme Dieu, seul Maître de la vie intérieure et l'Évangile comme la vraie loi des consciences et des peuples.
Elle existe encore aujourd'hui et organise des permanences, des causeries, tout en diffusant les ouvrages de Sédir.

D :  Ce courant de pensées est-il véritablement conforme à la pensée de l'Église? 

RS : Sur ce point, j'estime qu'il n'y a aucune difficulté si l'on entend ici l'Église catholique (prise en sons sens primitif d'universelle ) et apostolique : celle qui s'offre à tous les hommes, tous les peuples et toutes les races, charitable, oecuménique et non intégriste ni partisane. 
     Pour avoir côtoyé plusieurs descendants et amis de Mr Philippe et de Sédir, je dirais volontiers qu'ils ont tous manifesté l'amour des Écritures et du Christ. 
J'ai été  témoin de leur confiance en Dieu, de leur simplicité et humilité lorsqu'ils faisaient le bien en silence; il faut avoir connu Émile Besson ou Marie Auber, tous deux anciens secrétaires de Sédir, pour comprendre qu'ils vivaient une vie de service offerte au Christ et à leurs frères. 
Marie Auber, aveugle pendant presque 80 ans, ne demandait jusqu'à la veille de sa mort (à l'âge de 101 ans) qu'à partager sa soupe, donner aux autres et parler du Christ.  En un mot, ne juge-t'on pas l'arbre à ses fruits ? 

 
D:  A ne considérer que la bonté de Mr Philippe, on ne voit pas grand'chose à redire, mais n'a-t'il pas parlé aussi de réincarnation?  

RS :  Vous soulevez effectivement un point délicat, d'autant que la réincarnation est un sujet assez galvaudé et que les principaux ouvrages  concernant Mr Philippe sont l'oeuvre de personnes issues des milieux ésotériques, ce qui ne va pas sans orienter la présentation d'un sujet déjà difficile.  
   Possédant à cet égard quelques documents inédits, je vous dirai néanmoins ceci : il faut savoir que Mr Philippe n'a jamais fait, de la réincarnation, une loi ni une finalité. Tout au contraire, l'une de ses rares affirmations en la matière a consisté à dire "que la réincarnation et la seule, c'est la résurrection de la chair".  
   Ce qu'il a pu en dire par ailleurs s'est toujours voulu en contradiction avec les affirmations "réincarnationnistes" des spirites ou des Orientaux et il a eu au le mérite de la replacer dans une perspective proprement chrétienne. 
Toutefois, je vous concéderai volontiers que c'est précisément ce souci de conformité à la doctrine chrétienne qui nous en rend maintenant l'interprétation plus ardue! 

 
 
   Lorsque Mr Philippe évoquait la réincarnation, il faudrait plutôt l'entendre comme une explication du purgatoire, si l'on veut un rapprochement avec le catholicisme, ou comme un écho de la loi du talion pour ce qui est de l'Ancien Testament. 
   De plus, il ne l'a pas enseignée en tant que doctrine et n'en parlait qu'en termes très simples. 
Il décrivait, pour ainsi dire, la longue patience de Dieu qui ne condamne personne et désire le salut pour tous, puisqu'il nous attend éternellement ! 
  Par là, il voulait nous indiquer que nous n'avons bien qu'une seule existence à vivre avant le jugement particulier puisque le Christ nous a rendu libres et que l'on peut désormais ressusciter, par sa grâce, au terme de cette vie terrestre. Seulement, comme le disait encore Saint Paul, refuser cette grâce du Christ, c'est revenir à notre condition d'esclaves et donc au talion de Moïse et à nos épreuves "purgatives".  
   Tant que nous n'avons pas recouvré la liberté en Christ, ce retour constant aux fautes quotidiennes conditionne les épreuves et les dettes a payer. Voilà la réincarnation, comme je la comprends, chez Mr Philippe, c'est à dire l'enchaînement qu'entraîne une vie hors du Christ, ce qui n'est certainement pas une fin en soi !
   En ce qui concerne la finalité ultime de l'être humain, il ne connaissait que l'homme libéré en une seule existence, dans la résurrection de la chair, par la grâce de l'Esprit-Saint . 
Il faisait remarquer cependant :  "Qui est capable de tout laisser pour l'amour de ses frères en cette vie? " et précisait encore : "On ne va pas au Ciel les uns sans les autres"
   Mr Philippe ne pouvait annoncer quoi que ce soit qui fût en dissonance avec les paroles de l'"ami", ce Christ qu'il aimait tant : "Vous ne trouverez rien dans mes paroles qui ne soit contenu dans les Évangiles". 

 Ses paroles soulignaient aussi que la mort n'est qu'une apparence, une transition et que nous n'avons pas à nous soucier du lendemain.  
Une fois encore, elles sont à rapprocher de celles de Saint Paul (II Co. V, 6 à 11) : "Ainsi donc, nous sommes toujours pleins de confiance, tout en sachant que, tant que nous habitons dans ce corps, nous sommes  hors de notre demeure, loin du Seigneur, car nous cheminons par la foi, non par la vue....Oui, nous sommes pleins de confiance et nous préférons quitter la demeure de ce corps pour aller demeurer auprès du Seigneur. Aussi notre ambition, que nous conservions notre demeure ou que nous la quittions, est-elle de lui plaire. Car il nous faudra tous comparaître à découvert devant le tribunal du Christ afin que chacun recueille le prix de ce qu'il aura fait durant sa vie corporelle, soit en bien, soit en mal. " 

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