n ° 52 - Octobre 1962 En marge des noces de Cana Toute parole, tout acte du Verbe sont créateurs dans le plan central du Monde et, dans ce même plan, tout épisode de Sa mission terrestre n'a qu'un sens. Mais dans les nombreux ordres du relatif cette parole, cet acte, cet épisode sont perçus sous de multiples aspects par les créatures et engendrent dans les cycles temporels de multiples réalités secondes, dont chacun saisit ce qu'il en peut saisir. De cette perception, différente pour chacun, naissent les exégèses innombrables et disparates en apparence, puisque nous vivons présentement dans le pays de la multiplicité et non dans celui de l'Unité. La Voie du Ciel, inversement, si elle a la Béatitude pour terme ultime - et combien lointain pour la plupart ! - offre pas mal d'épines et fort peu de roses aux premiers pas. Renoncements, lutte contre les appétits, contre l'orgueil, l'égoïsme foncier sont choses aussi peu « naturelles » que possible. Mais le Ciel réserve le vin spirituel pour la fin. Et, à la différence des ivresses terrestres, la plénitude n'engendre ni lassitude, ni dégoût, ni remords. Dans l'ordre naturel, une lourde croix, toujours plus pesante, se cache sous les guirlandes de roses des chimères exaltantes par quoi les génies de l'orgueil, de la puissance, de la jouissance ou du savoir nous poussent dans la voie large qui mène à la révolte et à l'avilissement. Dans l'ordre divin, la Rose de béatitude fleurit sur la Croix du sacrifice, à l'heure ultime du Consummatum est. |