De cendre et de flamme
La bûche quon plaçait le vingt-quatre décembre
sur la grille de lâtre, incandescent berceau,
me livrait au pouvoir des rites ancestraux
et toute la forêt semblait hanter ma chambre.
Sur les braises courait un long frisson daurore...
Je contemplais, pensif, immobile veilleur,
tandis que gémissait, en proie à ses douleurs,
la souche, délivrant une âme en mal déclore.
Cendre qui fut brasier, écorce qui fut sève,
le bois sec vagissait, emmailloté de feu,
et la pensée en moi se prolongeait en rêve
quand les derniers tisons noircissaient peu à peu.
Flamme, qui fis ton jeu de végétales cibles
et rendis à lEther ce qui dEther venait,
la cendre te dirait, si tu linterrogeais :
« Je recèle en mes flancs un Sel incorruptible ! »
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Ainsi, Verbe divin, Feu purificateur,
pour que cesse une fois la charnelle imposture
tu viendras consumer ce qui ment et qui meurt,
- car ne subsisteront dans ta Gloire, ô Seigneur,
que lultime Elément portant Ta signature
et le vivant reflet de Ton cur en nos coeurs !