(écrit en 1938)
I. RAM ET LES ARIAS
L'engouement actuel de l'Europe pour l'Asie n'est pas un phénomène spontané, bien au contraire. Le point de départ apparent de cet engouement coïncide avec l'installation définitive des Anglais en Inde. Le vieil axiome que « le vainqueur finit toujours par être absorbé par le vaincu », se vérifie une fois de plus, et les Anglo-Saxons, si positifs, si réalistes, dans l'ordre matériel des choses, sont cependant les plus mal armés dans l'ordre métaphysique, et les plus sensibles à l'ascendant intellectuel de l'Orient.
De nos jours, toute une élite en Europe est imprégnée des concepts orientaux, et nombreux sont ceux qui vont, proclamant à tous les échos, la faillite de l'Occident.
Certes, l'atrocité de la dernière guerre semble en partie justifier leurs dires. D'autre part, l'Orient détient encore bien des vérités et des secrets oubliés par nous, bien des trésors d'art et de littérature qu'il serait absurde de négliger ou de mésestimer.
Faut-il en conclure que l'Europe doive marcher à la remorque de l'Asie ? Faut-il accepter en bloc tout ce qu'elle nous offre ? Il nous semble, au contraire. que nous devons examiner attentivement ce qui nous vient de l'Extrême-Est. La prudence doit aussi bien tempérer nos engouements irréfléchis, que nos ostracismes injustifiés.
« A en croire les prophètes qui vaticinent en ce moment sur le territoire de notre vieille Europe déchirée,... la toujours jeune Asie et l'Inde en particulier, sont l'écrin resplendissant d'où la vérité s'échappe en ondes virginales ; notre Occident, celte et latin, est le réservoir de l'obscurantisme délétère... Il est grand temps de réagir »(1). L'Orient et l'Occident peuvent, à mon avis, se comprendre et se pénétrer dans tous les modes de l'activité humaine, sauf peut-être dans le mode religieux... Si le génie français perdait ses attaches traditionnelles, je crois avec M. Massis, que la crise contemporaine pourrait lui faire courir un grave péril... Les civilisations orientales nous dépassent de loin en profondeur... La chimie actuelle reprend quelques procédés de l'alchimie brahmanique, la physique actuelle arrive aux conceptions de la physique taoïste et de la physique indoue ; les théories de Freùd forment un chapitre de certaines yogas ; Bergson se retrouve dans la théorie du Bhâkti ; ce que Paul Valéry nous explique en langage littéraire, c'est la métaphysique des adwaïtis ; nos psychistes découvrent une science cultivée dans toute l'Asie... « Nos novateurs vont de l'externe sensible à l'interne métaphysique. Les sages orientaux se flattent, au contraire, de posséder des principes tellement certains que leurs conséquences aboutissent à un contrôle exact des faits physico-chimiques, psychiques ou intellectuels. C'est dans le seul domaine utilitaire que l'Europe, assure-t-on, peut « apprendre quelque chose à l'Asie. Je l'accorde, mais il y a un autre domaine où nous, Européens, pouvons offrir aux Asiatiques une lumière précieuse, dans l'ordre religieux : la lumière du Verbe, qu'ils ont perdue depuis peut-être 6.000 ans » (2).
Mais écoutons un autre son de cloche : « L'Orient correspond à la vie, l'Occident correspond à la forme, et de même que la forme n'a d'existence que grâce à la vie, de même, l'Occident a toujours tiré son existence de l'Orient... L'Orient est la source inépuisable de toute spiritualité et de toute vie. C'est d'Orient que partent tous les élans vers la Divinité... C'est sur l'horizon oriental que se lève le soleil » (3).
« L'éloignement où vivent l'Orient et l'Occident, n'est imputable qu'à ce dernier. Or, le prosélytisme est, pour l'Oriental, l'indice d'un sentiment tactisme qui restera toujours étranger à sa nature... Et l'Orient n'a jamais admis que l'Occident fût le détenteur de la connaissance pure. La science n'est que l'application partielle d'une connaissance générale qui n'est pas l'apanage de l'Occident, mais dont la source profonde semble bien être au coeur du vieil Orient... C'est dans la pensée même de l'Orient que nous devons prendre les éléments de notre rapprochement. La phiphilosophie d'Occident explique des mots avec des mots... et si elle s'élève, elle se transforme en mystique, ce qui est pure métaphysique. La sagesse traditionnelle de l'Orient (par quoi le sage s'affranchit des conditions individuelles et transfère sa consecience sur le plan de la Toute-Puissance), s'exprime par les images des Dieux, mais c'est elle qui crée les Dieux » (4).
On peut voir combien les opinions sont partagées. Ce n'est pas ici le lieu de discuter les assertions ci-dessus. Nous en reparlerons plus loin. Nous ne nous étendrons pas non plus sur la logomachie confuse du dernier écrivain cité, lequel ne nous semble pas plus renseigné sur la mystique occidentale que documenté sur la métaphysique tout court. Mais nous tenons à prévenir le lecteur que nous userons largement des citations, au cours de notre exposé. Nos raisons sont simples : D'abord, tout a été dit, et souvent mieux que nous ne saurions le redire ; ensuite nous tenons à rendre à Caesar ce qui est à Caesar. Cette méthode, ne pourra qu'aider le lecteur à se faire une opinion motivée en lui permettant d'apprécier plus exactement nos conclusions. Ceci dit, reprenons notre exposé. C'est une opinion assez répandue parmi nos intellectuels, que « toute lumière vient d'Orient ». M. J. Heugel a excellemment résumé cette thèse « La caste des sages et l'Etat social théocratique, sont sous l'influence de l'Orient... Tournons nos regards vers l'Ouest, c'est là que tombe le soleil... Sous l'influence occidentale se trouvent les pasteurs, les marchands, et l'Etat social ploutocratique ».
C'est une tendance analogue que dénote le vers, connu, de Leconte de Lisle :
« O Très saint Orient qui conçus tous les Dieux... »
Rien ne nous semble plus erroné que cette façon d'appliquer le symbolisme. De même, il est inexact d'assimiler, comme l'ont fait certains, le Krita Youg, l'âge d'or des Indous, à l'Orient. D'abord, c'est une regrettable confusion des concepts. En effet, assimiler un cycle temporel, tel que celui des quatre âges de l'humanité, (cycle d'ordre essentiellement dynamique et cinématique, comme tout ce qui dépend du temps), à un cycle spatial (d'ordre essentiellement statique, comme tout ce qui se réfère à l'étendue), c'est confondre deux catégories inverses, quoique relativement complémentaires. De plus, le mot « Orient », appliqué à l'Asie, n'a de sens que par rapport à l'Europe. La terre étant sphérique, le seul Orient absolu, pour elle, serait le point que frappèrent les premiers rayons du soleil, éclairant notre globe à sa naissance. Ce point, peut être aussi bien Paris que New-York ou Pékin. En d'autres termes, pour un Asiatique, l'Orient, c'est l'Amérique ; pour un Américain, c'est l'Europe. Si donc la lumière vient d'Orient cet Orient n'est pas pour nous un point fixe de la terre, puisqu'en 24 heures, tous ses méridiens ont été « orientaux ». De plus, comme permettent de le supposer les calculs de Brück, le pôle de la civilisation se déplace bien d'Est en Ouest, au cours de périodes multi-séculaires, mais il se déplace et chaque pays lui sert d'asile, tour à tour. Cette loi d'ailleurs n'est pas la seule à déterminer la marche de la civilisation, et d'autres, moins connues mais tout aussi réelles, la modifient, comme le prouve l'exemple de l'Egypte. L'histoire est témoin de reflux périodiques de la civilisation, d'Ouest en Est.
Ainsi, la lumière ne vient pas toujours d'Orient « Pourquoi donc la lumière née sous notre ciel, serait-elle moins lumière que celle qui nous vient du ciel de l'Inde ? » (5).
Chaque race possède sa lumière propre, ses phases particulières de développement, et ses cycles, de durée différente de ceux des autres races. Mais chaque race n'a pas le même travail à accomplir, les mêmes facultés à développer, les mêmes obstacles à surmonter ; aussi, ce qui fait la force de telle collectivité, ferait la faiblesse de telle autre, et telle nourriture intellectuelle assimilée sans danger par le groupement humain auquel elle était destinée, empoisonnerait l'esprit d'un groupement dont la fonction serait de développer des vertus et des facultés tout autres.
« Une race possède des caractères psychologiques « presqu'aussi fixes que ses caractères physiques, « Comme l'espèce anatomique, l'espèce psychologique ne se transforme qu'après des accumulations d'âges.... Les différences profondes qui existent entre la constitution mentale des divers peuples, ont pour effet de leur faire percevoir le monde de façon très dissemblable. Il en résulte qu'ils sentent, raisonnent et agissent de façons très différentes » (6).
Cette opinion d'un penseur dont nul ne contestera la valeur, résultant d'un point de vue très éloigné du nôtre, mérite qu'on l'examine soigneusement. Voyons pour l'instant quels arguments invoquent nos orientomanes, en faveur de leur thèse. Nous n'insisterons guère sur les arguments d'ordre esthétique, les différentes manifestations artistiques d'une civilisation n'étant que le reflet des principes psychologiques, philosophiques et religieux de celle-ci.
Les arguments dont nous croyons devoir tenir compte (en dehors de ceux que nous avons déjà examinés), peuvent se résumer ainsi :
1 ° Dans l'ordre ethnique, nous sommes des Aryens comme les Indous. La civilisation née dans les parages de l'Iran, forme le fond de notre propre tradition. Par migrations successives, les Aryens, ou Iraniens, se sont dirigés d'Est en Ouest. La portion demeurée dans l'Aryaman a seule conservé intacte la pure tradition primitive. L'Asie est donc le berceau des peuples d'Europe et la source de notre civilisation. Celle-ci étant en décadence, nous devons remonter à la source, pour y puiser les vérités éternellement jeunes, que nous avons oubliées ou altérées.
2° Dans l'ordre linguistique, notre filiation aryenne est prouvée par la parenté des langues européennes et asiatiques, (en particulier le sanskrit).
Ce fait nécessite une origine commune pour les Indous et les Européens, origine que nous devons naturellement, situer en Asie.
3° Dans l'ordre intellectuel, nos philosophies, nos sciences, nos religions, trouvent en Orient leurs prototypes. Mieux, notre science actuelle et tout ce qu'ont écrit nos penseurs, n'est que balbutiements d'enfants étourdis, devant la majesté des synthèses orientales.
4° Dans l'ordre social, moral et religieux, l'Asie nous a précédés et dépassés. La pureté de la morale, la sagesse des institutions, le sentiment religieux des peuples de l'Extrême-Est, prouvent que nous avons tout à gagner en acceptant docilement les leçons qu'ils leur plaira de nous donner. D'ailleurs, nos grands écrivains, nos grands penseurs, nos fondateurs de religions ou de Fraternités occultes, ont tous été se faire initier en Asie, ou se sont inspirés des concepts orientaux. Jésus même a été initié en Inde ou au Thibet.
Nous allons maintenant envisager la première de ces thèses, si séduisantes dès l'abord, nous réservant d'examiner les autres dans une étude ultérieure.
« Il n'est pas de pays qui se présente à notre imagination entouré de plus d'intérêt et de prestige que l'Hindoustan, c'est par cette contrée quecommence l'histoire du monde et c'est là qu'ont dû vivre et s'assembler les premières familles humaines » (7).
« L'Inde est le berceau du monde, c'est de là que la mère commune, en faisant rayonner ses fils jusque dans les contrées occidentales, nous a légué à tout jamais, comme signe de notre origine, sa langue et ses lois, sa morale, sa littérature et ses religions » (8).
Ces deux citations résument assez bien les sentiments de tous ceux qui ont soutenu la thèse de notre filiation aryenne.
Nous allons voir ce que valent ces assertions. Pour cela, quelques notions d'ontologie humaine, nous semblent nécessaires. Nous nous appuierons, pour les exposer, sur des données presque exclusivement occidentales, et le lecteur verra (non sans plaisir, nous l'espérons), combien nos propres traditions originales et les travaux de nos plus profonds penseurs, sont susceptibles d'être mis en parrallèle avec les théories dont les sanctuaires indous ont bien voulu nous gratifier.
Le seul défaut de nos documents est d'être trop clairs et de ne point posséder le mystérieux attrait de ce qui vient de loin. Ah ! s'ils avaient été rédigés en sanskrit ou en chinois, il y a longtemps qu'ils seraient tombés dans le domaine public, et pieusement vénérés par nos enthousiastes xénophiles....
Sans nous attarder à discuter la fantaisiste répartition des races humaines qu'une Ecole d'inspiration vaguement orientale (9) a forgée pour les besoins de sa cause, nous allons résumer la théorie occidentale traditionnelle des races (10). D'une façon générale, nous pouvons dire que quatre races différentes ont successivement peuplé la terre, rattachées chacune à un continent. Chaque continent a donc généré sa flore et sa faune, et façonné sa race humaine. Ces quatre races sont, dans l'ordre de leur apparition sur la terre, la race jaune, la race rouge, la race noire et la race blanche.
Ce décalage dans l'apparition des races, fait que chacune a été ou sera, en son temps, maîtresse de la terre et initiatrice, mais aussi dominatrice, des autres. Pendant qu'une race était à son zénith, les autres étaient en voie de régression ou d'ascension. L'on petit même dire que les deux premières races étant, l'une en voie d'ascension, l'autre à son zénith, les deux autres étaient encore dans la Thébah, dans l'arche occulte où s'élaborent les milieux et les éléments nécessaires à toute manifestation physique et dont l'étude nous éloignerait trop de notre sujet. Il est donc enfantin de prétendre appliquer au continent asiatique les mêmes périodes cycliques qu'au continent européen. Les lois de ces cycles ne diffèrent point en essence, mais sont successives dans leur réalisation et leur durée est proportionnelle à celle du développement particulier des diverses facultés que chaque race doit plus spécialement mettre en oeuvre (11).
Il y eût jadis un grand continent Pacifique, appelé Lémurie par la tradition. Cette Lémurie disparut, mais la Chine, sa plus florissante colonie, subsista, tandis qu'une terre nouvelle, que peupla une race à peau rouge, naissait dans l'Atlantique. Alors, la future Europe et la future Amérique, existaient à peine, sous forme d'îles sporadiques. Il y a à peu près onze mille ans (*12), un déluge bouleversa la terre, l'Atlantide fut engloutie et l'Europe actuelle s'exhaussa.
Des nombreux comptoirs atlantes, l'Egypte, à peu près seule, subsista (*13). L'Amérique, ou plutôt l'arête rocheuse et les îles qui la constituaient alors, n'était qu'une petite colonie atlante. Seuls quelques montagnards et pâtres, peu cultivés, durent échapper au désastre. Les plaines furent balayées par l'eau, ce qui explique à la fois les lacunes de la civilisation pré-colombienne et l'analogie de ses monuments avec ceux d'Egypte (14).
Après ce cataclysme, les noirs, originaires d'Afrique, qui avaient enduré pendant des siècles le joug atlante, prirent la domination de notre planète, et couvrirent la terre de constructions cyclopéennes, reproduisant ainsi dans leur architecture leur abri primordial : la caverne.
Pendant ce temps, la race blanche, ignorée des noirs grâce aux forêts et aux marécages d'Europe, ainsi qu'à son climat rigoureux, commençait à se développer et à essaimer, cheminant du Nord au Sud et d'Est en Ouest. Les environs de la mer Blanche et de l'actuelle Finlande, furent le premier habitat où cette race s'arrêta assez longtemps dans sa marche vers le sud-est. De là, tandis qu'un groupe de familles se répandait dans le Sud de la péninsule skandinave, un second parti s'avançait dans la terre des chevaux ou Ross-Land (15), franchissait les hautes terres ou Poll-Land (16), pénétrait dans le Teutosk-Land ou Deutschland (terre des peuples de Teut, le Teutatès gaulois), puis, progressant toujours, il occupa les terres basses ou Holl-Land (17), puis le pays plus clément qui fut plus tard la Gaule : Wall-Land ou Gall-Land, (la terre des Vaillants). La première rencontre des noirs, établis dans l'Europe du Sud, et des blancs progressant sans cesse, eût probablement lieu dans le Midi de la France, 7 à 8.000 ans avant notre ère. Nos ancêtres, mal armés, furent en grande partie emmenés en captivité par les phalanges disciplinées des noirs, qui les employèrent à l'édification de leurs forteresses et de leurs monuments (*18), ainsi qu'au dur travail des mines. Pendant des siècles les blancs traqués ne durent leur salut qu'à l'épaisseur de leurs forêts et à la rigueur du climat nordique. Ils durent s'organiser féodalement, et, pour combattre leurs puissants adversaires, employèrent la seule tactique qui leur fut possible : des raids foudroyants, suivis de replis rapides dans les terres boisées où les noirs n'osaient guère se risquer. Leur nombre croissant, leurs assauts se multiplièrent, ils apprirent à se servir des mêmes armes que leurs adversaires et, à la voix de leurs prophétesses, les Voluspas (19), ils coordonèrent leurs efforts contre l'ennemi commun. C'est alors qu'ils se décernèrent le nom glorieux de Celtes (20), c. a. d. de Héros.
Après bien des alternatives, les noirs furent presque partout chassés d'Europe ou forcés de se soumettre aux blancs.
On peut trouver des vestiges de ces événements dans la géographie où Nerac s'oppose à Albi, les Albains aux Sabins (sabéens, noirs) (21), etc....
Par suite de circonstances dont l'exposé sortirait du cadre de notre travail, des Celtes durent s'expatrier pour des raisons religieuses. Ces transfuges furent les ancêtres des Hébreux (22).
Mais, vers 6.000 av. J.-C., alors que les Voluspas et les druidesses, d'abord vénérées, avaient instauré leur domination et fait couler partout le sang des sacrifices humains, malgré l'opposition des druides (23), un fléau inconnu décima notre race. Un jeune druide (24*) très instruit et d'une grande renommée sut seul en trouver le remède. Ce remède était la plante que nous appelons encore de nos jours le Gui (25). Ce druide voulut profiter de sa découverte pour fortifier l'autorité de ses pairs, ramener les druidesses a la raison, et faire cesser les sacrifices humains. Les druidesses s'y refusèrent, et la Celtide fut bientôt divisée en deux camps. Ce chef que ses partisans avaient surnommé Gwydder ou Gwyddon, c'est-à-dire le savant et aussi le guide (26), prit alors pour emblème personnel celui de sa tribu, le bélier, en celtique Ram (27), et qui servit de signe de ralliement à ses fidèles. Les autres conservèrent l'emblême générique de la race blanche (28), le taureau (Thor ou Tharv). Pour éviter une guerre civile désastreuse, Ram, rassemblant ses nombreux partisans, partit dans la direction du sud-est.
Le lieu de naissance (29), le point de départ et le périple de ce théocrate, sont difficiles à reconstituer. Cependant, à titre de simple indication (qu'un chercheur consciencieux pourrait éventuellement vérifier et rectifier), nous allons livrer au lecteur nos présomptions à ce sujet. Ram est très probablement originaire d'un territoire, actuellement englouti, qui reliait l'Angleterre à la Belgique, entre Ramsgate (le seuil ou le rempart de Ram) et Ramskapelle. Longtemps après son exode, ceux des siens qui n'avaient pas voulu le suivre, furent forcés par les débordements de la mer du Nord (30*), de descendre vers le sud. Ce fut la tribu belge des Rèmes dont le centre ainsi déplacé, oscilla, en Gaule, dans les environs de Reims, dont le nom rappelle encore l'emblème séculaire du bélier. Inutile de dire pourquoi, face à Ramsgate, Oxford (la citadelle du taureau) menaçait la région.
Bien des noms de lieu pourraient jalonner le périple de Ram ; citons (sous réserve de contrôle), Rœmsch (Ram-osk), en Rhénanie ; Wagram (la route ou les chariots de Ram) près de Vienne ; Lemberg (aujourd'hui Lvof). Ce dernier nom signifiant montagne de l'agneau, provient du surnom de Lam (agneau) donné à ce législateur par ses adversaires, car ils le taxaient de pusillanimité et estimaient le titre de bélier trop honorable pour un tel fuyard. En Inde même, des cités rappellent encore son nom entre autres Rampoor (31).
De son existence, Rani nous a laissé au moins deux monuments authentiques, le Ramayana mis à part.
Le premier est le Zodiaque, qui raconte allégoriquement son histoire ; le second c'est la légende d'Heraklès ou Herr-ailes, le Seigneur universel, laquelle, sous les voiles grecs qui la déforment, est assez significative pour que nous nous y arrêtions un instant.
Heraclès, dont l'ordre des travaux a d'ailleurs été interverti par les Grecs, était fils de Jupiter et d'Alkmène (c'est-à-dire de l'inspiration divine, agissant dans un intellect humain sanctifié : Heylikmen). Il enleva les pommes d'or (32*) du jardin des Hespérides. Cette symbolique transparente signifie en langage moderne qu'il avait conquis les trésors de science des derniers sanctuaires noirs d'Europe, établis au sud de l'Espagne, non loin des célèbres colonnes d'Hercule. L'histoire du gui, trop crûment révélatrice, n'est pas mentionnée. Par contre, celle des écuries d'Augias, roi d'Elide, qu'il nettoie en détournant le cours du fleuve Alphée, exprime son effort pour épurer la religion des Celtes, celle d'Og-As, le grand ancêtre. L'Elide n'est rien d'autre que la Celtide, la terre des Helds ou Keltes. Le fleuve Alphée dont il détourne le cours, c'est la race blanche qu'il divise (33).
C'est alors que commence son exode. De même que Thésée combattit le Minotaure, (men-thor ou mind-thor), c'est-à-dire « les hommes du Taureau ou l'esprit de brutalité taurique », il lutte contre la puissance militaire des Taurisques (34*) de Germanie (35), les Goths de la forêt Hercynienne, dont l'emblème particulier était le sanglier. Mais, auparavant, il a dû triompher des embûches que lui tendaient sans cesse ses adversaires intellectuels et ses égaux de caste (36).
Franchissant ensuite les Karpathes (le passage des chariots), auxquelles cet exploit difficile valut peut-être leur nom, il vainc Diomède, roi de Thrace (37*), qui, fidèle aux druidesses, multipliait les sacrifices humains. Chacun connait le sort que lui réserva Ram, d'après la légende grecque. Divisant alors ses forces en deux groupes, il confie le commandement d'un de ceux-ci à son lieutenant Hanuman (38), et prend la tête de l'autre. L'un, après avoir instauré en Thrace un gouvernement feudataire, passe en Bythinie et en Mysie, soumet la Cilicie, pacifie la Mésopotamie, longe l'Euphrate, conquiert la Perse, installant partout des gouvernements à sa dévotion.
L'autre, franchit le Caucase, fonde le royaume d'Arménie (39), puis, traversant l'Oural, disperse un fort parti de Scythes (c'est l'épisode de la poursuite de la biche aux pieds d'airain). Il arrive aux alentours du lac Oxyanus et, là, doit à nouveau livrer bataille aux Massagètes et aux Parthes, habiles archers et frondeurs renommés, (ce sont les « oiseaux » du lac Stymphale) (40).
Il descend alors le cours du fleuve Oxus (la rivière des buffles).
Alors, les hordes tatares et scythiques (41) le laissent en paix, en échange de la promesse de ne pas attenter à leur indépendance. Plusieurs tribus guerrières viennent même renforcer son armée. C'est également vers la mer Caspienne que se situe vraisemblablement la lutte des Ramides contre les Amazones (42).
Après un séjour de quelque durée en Perse, où il réorganise son armée et fonde Ispahan (43), Ram conquiert le Belouchistan et l'Afghanistan, puis, après une longue lutte, soumet l'Inde et s'empare de Ceylan, où résidait le Rawon ou Ravana (souverain) indou, portant un coup décisif à la suprématie des peuples noirs sur la terre.
Si nous nous sommes étendu si longuement sur l'histoire de Ram, ce n'est pas dans le but de déployer une érudition vaniteuse. Notre intention est autre. En concrétisant cet événement d'une façon aussi précise que le permettait l'obscurité d'un passé huit fois millénaire, nous avons tenté de faire partager au lecteur de bonne foi notre conviction touchant l'existence historique de ce druide. Cette existence est confirmée, aussi bien par les légendes grecques que par les traditions indoues, chinoises ou thibétaines, par les figures du Zodiaque comme par le mythe d'Héraklès ou celui des Voyages de Dyonisos (44*), par l'autorité de Nonnos le Panapolitain et par celle de Valmik, par l'étude de la géographie ancienne comme par la philologie. Cette concordance sera difficilement attribuée au hasard. Enfin, nous invoquerons, dans notre appendice, l'appui du grand législateur des Hébreux, dont l'oeuvre; mieux traduite, projettera plus tard une vive lumière sur l'histoire lointaine de notre globe (45 **).
Ainsi donc, notre tradition, dans sa triple orthodoxie (moysiaque, chrétienne et celtique), ne vient pas d'Orient, nous ne sommes pas des Aryens (du moins, au sens où certains ethnologues entendent ce terme), et les migrations dont tirent argument les partisans de notre origine iranienne, eurent lieu d'Ouest en Est, aussi bien que d'Est en Ouest (46*)
La race blanche, limitée à l'Ouest par l'Océan, a dû, logiquement, orienter ses exodes vers l'Est. Est-ce trop demander au lecteur que de le prier d'accorder quelque crédit à une thèse aussi plausible que la thèse contraire ? Nous ne le croyons pas.
Mais, ce point admis, une conclusion s'impose, dont l'importance n'échappera pas à celui qui aura bien voulu nous accorder son attention :
La lumière intellectuelle que nous présente en ce moment l'Orient (et plus particulièrement l'Inde), n'est que notre propre lumière intellectuelle, réfléchie par une mentalité différente de la nôtre (47), modifiée encore par les vestiges d'une religion et d'institutions antérieures, et dont le reflet inversé et dénaturé nous attire actuellement. Nous essaierons, quelque jour, d'expliquer combien cette lumière fut, en effet, inversée, et pourquoi ; pour l'instant, bornons-nous à nous demander si nombre de nos contemporains ne font pas fausse route en se tournant vers l'Orient, si, au lieu d'étudier nos propres conceptions à travers le prisme d'une mentalité très différente, et par l'intermédiaire de langues (sanskrit, Pâli, Thibétain), qui nous sont assez familières dans leurs formes, mais nous échappent dans leur génie, nous n'agirions pas plus sagement en dirigeant d'abord nos investigations vers notre vieille tradition celtique, complétée par la lumière définitive que le Christ, Jésus, est venu nous apporter voici deux mille ans (48).
II. LES DEUX VOIES
Nous n'avons pas en vue, dans ce qui va suivre, de dénigrer systématiquement les synthèses orientales, mais d'en discuter l'adaptation, plus ou moins judicieuse, plus ou moins opportune, à notre mentalité. D'autre part, certaines tendances assimilent au Christianisme, sous couleur d'« ésotérisme », les traditions les moins conformes à son Idéal. Nous essaierons donc d'établir un rapide parallèle entre ces doctrines et celles de l'Évangile. Incidemment, nous exposerons quelques données particulières touchant le double principe universel et les systèmes qui en découlent, ce point n'étant pas absolument étranger à notre Sujet.
Les synthèses élaborées par les Orientaux, à notre usage, comme celles que bon nombre d'Occidentaux ont empruntées à l'Orient, portent toutes ce grave défaut, d'être des « traductions », des « adaptations », et de nous donner, des doctrines auxquelles elles prétendent se référer, une idée parfois fort approximative, et souvent très fausse.
L'étudiant s'expose donc à des erreurs de jugeaient et d'interprétation d'autant plus lourdes que ses études, le plus souvent purement livresques, portent rarement sur des textes originaux. Eût-il d'ailleurs ces textes que, la même cause profonde qui nous rend impénétrable la mentalité d'un Chinois ou d'un Indou, lui déroberait bien longtemps le génie hiéroglyphique, allégorique et idiômatique qui les vitalise et en permet l'intime assimilation.
Il est curieux de remarquer que l'infiltration des doctrines orientales en Europe marche de pair avec la propagation de nombreux systèmes d'occultisme, qualifié « chrétien » (49*), et de christianisme, baptisé « ésotérique ». Quels que soient les buts et les rapports de ces deux activités, force nous est de constater qu'une de leurs conséquences est la désagrégation de notre rempart moral et spirituel : Le Christianisme.... sans épithète.
Ce travail désagrégateur réussit au mieux parmi les peuples anglo-saxons. L'Angleterre a conquis l'Inde. En attendant mieux, celle-ci prend sa revanche dans le domaine intellectuel.
Pour cette dernière, certaines théories sont « articles d'exportation ». Tels ces médecins sceptiques qui, selon la mentalité du malade, lui prescrivent une cure dont ils se garderaient d'user pour eux-mêmes, les Indous ont adapté à la mentalité anglo-saxonne un néo-bouddhisme « ad usum delphini », qui, du moins dans ses formes, n'en choque pas trop les convictions religieuses.
Pendant ce temps l'Allemagne, cette Inde de l'Europe, se tourne par dépit vers l'Orient fascinateur, afin de rompre tout lien spirituel avec ses victimes momentanément victorieuses.
Sans discuter la valeur intrinsèque des doctrines auxquelles nous venons de faire allusion, nous nous contenterons d'en souligner les différences avec les préceptes évangéliques. Nous exposerons ce que chaque initiation offre de plus net sur l'homme, ses relations avec la Divinité et la Nature.
Selon le Nouveau Testament, Dieu, le Père inconcevable, est un principe supranaturel et suprasubstantiel, infiniment bon, éternellement indépendant de sa création. Essence de tout amour, de toute sagesse et de toute vie, son Verbe est l'efficience dont il est le Principe. Cette puissance du Verbe, (qu'il manifeste triplement comme créateur, conservateur, et rédempteur), s'est incarnée une fois pour toutes (sur notre terre) il y a deux mille ans pour frayer à l'humanité déchue un chemin, du relatif à
l'Absolu. Il réapparaîtra à l'heure du combat final, sous un aspect dont nul ne peut préjuger, pour juger le monde et libérer les hommes de bonne volonté, sans avoir à se réincarner ni choisir d'intermédiaire entre sa Divinité et nous. Etant l'Amour, l'amour seul l'atteint ; étant l'Acte permanent, il enseigne l'action et, pour les hommes à la foi agissante, ses mérites infinis comblent le gouffre creusé entre eux et Lui par l'orgueil et l'égoïsme.
Selon les théories en vogue, le Divin est une autocréation de l'humain, un épanouissement de notre Moi transcendant. Il n'y a pas de Dieu indépendant de son oeuvre qui, des démons aux dévas, provient de la subdivision de l'unité divine (confondue avec la substance universelle, comme l'indique le graphisme de l'alphabet sanskrit) (50*), se limitant pour acquérir la connaissance. Nous sommes donc des Dieux qui s'ignorent. Ce principe divin se manifeste à nous comme intelligence et non comme amour. Cycliquement, des dieux (hommes évolués) reviennent nous aider... de leurs conseils, car chacun doit se sauver soi-même. Pour nous diviniser la méditation suffit, l'action est néfaste, puisque génératrice de Karma. Les facultés divines sont des abstractions et le summum de l'évolution est un état d'impassibilité absolue : le Nirvana.
Selon l'Évangile, l'homme s'est fourvoyé dans le royaume de Mammon, qui lui a prêté ses facultés naturelles, mais en a fait son esclave.
Pour lui échapper, l'homme doit abjurer l'orgueil-égoïsme et lui restituer ses prêts. Il ne peut le faire qu'avec l'aide du Verbe dont il doit observer le commandement essentiel : l'Amour du prochain. La « culture », les entraînements ésotériques, paralysent sa marche, puisque son effort est d'ordre cardiaque et qu'à la fin, comme le dit notre Maître, il recevra la Connaissance « par surcroît ».
Selon les Écoles d'inspiration orientale, le désir cause l'hylophilie, d'où les incarnations et leur conséquence, la douleur (51*). Il faut donc tuer les désirs, quelque soit leur objet, et pratiquer le non-agir pour supprimer le Karma. L'homme localise sa volonté dans l'intellect qu'il développe par une ascèse sévère. Au sommet, il réalise sa divinité virtuelle et, désormais impassible, se fond dans le Soi universel.
Pour le Christianisme, la Nature est finie et la Matière temporaire. Le mal, accident dû à la créature doit être réparé par elle, mais la bonté divine secourt sa faiblesse, dans la mesure où, s'humiliant, elle fait appel à Dieu.
L'homme, ayant entraîné la création dans sa chute, doit maintenant la rétablir dans l'ordre primitif et ce travail gigantesque, où l'action prime la contemplation, n'est réalisable qu'avec l'aide du Ciel.
Pour nos néo-bouddhistes, la Nature est tout. Elle n'a pas été créée, mais évoluée. Elle est l'intégration du Divin, dont tout être est un sous-multiple.
La prière (telle que l'entendent les chrétiens) est inutile : Un Dieu ne s'implore pas lui-même.
Les formations étant la conséquence de l'ignorance radicale, il faut donc se détacher des formes et considérer comme unique réalité son Moi transcendant. L'objectivité des choses est une faiblesse de l'entendement que corrige la méditation. Celle-ci,
d'analyse en analyse, ramène le monde phénoménique au vide primordial et l'illusion s'évanouit. Seule subsiste dans le vide purifié, l'intelligence sans amour du Moi déifié.
Telle est, en résumé, cette doctrine négatrice de l'action, engendrant presque fatalement l'orgueil spirituel, et enfermant l'homme dans un royaume créé à son image : splendide, mais stérile et glacé (52), auquel manque, selon nous, l'essentiel : la présence ineffable de Celui qui est la Résurrection et la Vie.
A SAVORET
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NOTES et APPENDICE
(1) Chevillon. « Orient et Occident »
(2) Sédir. « L'Europe et l'Asie ».
(3) J. Heugel. « L'Orient et l'Occident ».
(4) Alfred Maynard. « Orient et occident ».
(5) Chevillon. « Orient et Occident ».
(6) Gustave Lebon.
(7) Bâtissier. « Histoire de l'Art monumental .
(8) Louis Jacolliot.
(9) La Société Théosophique.
(10) Nous renvoyons le lecteur que cette question intéresserait à l'ouvrage de notre maître Fabre l'Olivet « Histoire Philosophique du Genre Humain ».
(11) Les quatre âges du monde, appelés Yùg par les brahmanes et Yomym par Moyse, correspondent à des durées variables, puisque relatives à l'importance de l'être individuel ou collectif dont elles signalent les phrases évolutives. Les Indous reconnaissent être dans leur 4e âge, nommé Kali Yùg c.a.d. période d'obscuration, de régression. Mais ce terme ne saurait s'appliquer à l'Europe, comme le prétendent certains, car son développement cyclique offre à la fois un autre point de départ et des phases de durée différente. Le « Traité des causes secondes » de l'abbé Trithême, est révélateur à cet égard.
(12) les notes avec un * marquent une note majeure mise en appendice par l'auteur
(13): « Il y a à peu près onze mille ans, un déluge bouleversa la terre ...» Dans un papyrus de la collection de Saint-Pétersbourg, traduit par le savant Henri Schliemann, et datant de la 2' dynastie égyptienne, soit 5.000 ans avant notre ère, il est narré comment le Pharaon Sent envoya une expédition à la recherche de l'Atlantide, d'où étaient venus, 3.500 ans auparavant, les devanciers des Egyptiens. Cette expédition croisa pendant 5 ans et revint annoncer au Pharaon qu'aucune trace de ce pays n'avait pu être retrouvée. Un second papyrus, toujours à Pétersbourg, faisait également mention de l'Atlantide, reportant à une période antérieure de 14.000 ans, le sommet de la civilisation atlante. Schliemann découvrit encore une singulière concordance entre une recette médicale égyptienne, retrouvée à Troie, et les termes d'un manuscrit mexicain de la collection de Berlin, provenant d'un prêtre aztèque.
(14) Ainsi, l'usage de la roue était inconnu dans l'Amérique ancienne, et les routes, escarpées, étaient souvent de longs escaliers impraticables aux chariots.
(15) Le mot Land, signifie terre, dans le sens d'étendue ou d'espace occupé. C'est une nasalisation du primitif LAT qui exprime encore en français, la double idée de chose possible ou possédée et d'étendue, selon les 2 sens du mot latitude. Le mot Ross, signifiant cheval, dérive d'un vocable exprimant l'idée d'une roue en mouvement. Deux acceptations s'en tiraient. La première ayant trait à son mouvement circulaire sur elle-même, la seconde à son mouvement continu sur le sol. L'Hébreu, pour des raisons que nous n'avons pas à développer ici, s'est surtout attaché dans le radical ROD au premier sens. Dans nos idiômes, la roue a donné naissance à l'idée de tourner (latin Rota) puis à celle de la route (road) que trace la roue, puis à celles, accessoires, de course, de raid, de cavalier, de cheval. De là un rôdeur (qui erre sur les routes), l'action de faire route, de partir, d'être prêt à partir, à chercher, à scruter, puis à entreprendre une action quelconque (voir l'anglais Read).
(16) Ce vocable s'appuie sur la racine PAL, exprimant toute idée d'érection, de monument dressé en commémoration, de point culminant, c'était au sens le plus restreint un pal, un pieu, un poteau. Quand ce même vocable exprimait une profondeur, c'était par altération du primitif VAL ou FALL, exprimant ce qui tombe, défaille, se corrompt, se perd, (voir le français aval et vallée). L'Hébreu, dont le Phé possède la double articulation F et P, nous offre ces deux sens :
1° Phal. Phéla : une chose suréminente, admirable, une supernation ;
2° Népal, Pheloush : ... ce qui tombe, décline, se disperse, se corrompt.
(17) Hele, en gaulois, désignait un marécage. L'idée de vide et d'abaissement que contenait cette racine, a influé sur les mots similaires qui dans bien des langues européennes signifient : enfer, coque vide, cavité, ventre, etc...
(18) « ...qui les employèrent à l'édification de leurs forteresses et de leurs monuments ». De là vient l'horreur des Celtes et des Sémites, pour toute image taillée. Les monuments druidiques sont des blocs que le ciseau n'a point équarris. De même l'idée de construire un temple à la Divinité, leur paraissait monstrueuse. Chez les Arabes, la pierre noire de La Mecque, semble l'indice d'une tradition d'origine nordique. Enfin, on peut lire avec fruit dans le Peutateuque les textes suivants assez explicites : Genèse 21, 33, « Et Abraham planta une chênaie à Baer-Shéba, et il invoqua là le nom de l'Eternel... ».
Genèse 28, 18. « Et Jacob se leva de bon matin et prit la pierre dont il avait fait son chevet, et la dressa pour monument, et il versa de l'huile sur le sommet, et il appela ce lieu Bethel (c'est-à-dire Temple de Dieu)... ».
Exode 20, 25. « Si tu me fais un autel de pierres, tu ne le tailleras point ; si tu levais le fer dessus, tu le souillerais. »
(19) Voluspa : de spac'h vision, contemplation et de Voll : totalité et plénitude, soit : celui ou celle qui voit tout, qui possède la clairvoyance intégrale.
(20) Ce mot transcrit tantôt Kelt, tantôt Held, a donné naissance au gothique Halita, et se rapproche beaucoup de l'hébreu Hell, Heilal, qui exprime toute idée de gloire et de renommée, ainsi que de l'épithète honorifique des sages de la Mésopotamie : Khaldaïn ou Khaldéens.
(21) « Les sabéens... » (*) Ce terme qui devrait s'écrire Zabéens, provient de l'antique religion des noirs, dont subsistent de rares vestiges. Selon Fabre d'Olivet, ce mot proviendrait des radicaux ZO-AB le père (ab) rayonnant (Zo). Cet épithète désignait au sens propre le soleil, au figuré la lumière hyperphysique et au hieroglyphique le Verbe créateur. A ce mot, se rattachaient ceux, accessoires, de culte et de sacrifice, comme on peut le voir dans l'hébreu Mazeb-ah (un lieu de sacrifice), dans l'ethiopien Zabh (sacrifier), dans le nom hébreu du métal solaire par excellence, l'or Zahab. En dialectes africains, Zapa ou Zampa, altération visible de Zaba, désigne encore le Dieu suprême. S'bâ en arabe et Samba chez certaines peuplades noires, désigne le Lion, animal solaire, hiéroglyphe de toute force rayonnante, en sanskrit simha, (sans doute par altération de b en h dans ce mot d'origine étrangère)
En latin, sabazius était un surnom de Bacchus, et l'on sent facilement que l'Italie, par sa position géographique, a dû conserver longtemps des traces du culte africain. Toute l'Afrique fourmille de noms de lieux rappelant les Sabéens : saba, azabo, zebb, zebéa, zebid, etc.
(22) Le mot Whebry ou Wharby, tient à une famille linguistique exprimant aussi bien dans le Nordique über, hyper, que dans l'hébreu wheber ou haber, d'idée de ce qui passe outre, est au-delà, transhume, est aux confins ou de l'autre côté d'un lieu quelconque. Le sanskrit upar, upari, s'en rapproche sensiblement. Il est remarquable que les Celtes se soient servis de ce vocable pour exprimer les confins de leur territoire originel les Hébrides, au Nord ; la S-ybérie (hyper = super) à l'Est ; l'Ibérie caucasique, au Sud-est ; l'Hesperie ou Iberie hispanique, au Sud-ouest.
(23) Le mot druide ne vient pas du nom celtique du chêne, mais du mot wyd, qui signifiait science, avec l'article masculin celtique, analogue au grec « Th », et prononcé pleinement ou par contraction d', dy, der, dhe, the, etc... selon le dialecte. Le mot exact est donc der wyd (le savant).
(24) « un jeune druide ». L'étymologie que Fabre d'Olivet fournit de ce mot, diffère assez de la nôtre. Comme elle est très soutenable, nous croyons bien faire en la reproduisant telle qu'elle se présente à notre mémoire pour l'agrément du lecteur ami des recherches étymologiques : « Druide, c'est l'article d'avec la racine rad exprimant la connaissance RADicale, la racine, le fond des choses, l'éRUDition. »
(25) Ce mot, prononcé selon les dialectes, gvy, gwy, wy, by, etc.... exprima ce qui est uni, lié, entrelacé, flexible, d'où le gothique withan (lier), le scandinave vidie (osier), le latin vitex (osier), l'eolien Fitea (saule, osier), le sanskrit waiwas (un jonc flexible), l'hébreu vav, un noeud, un crochet, etc.
Après sa mise en honneur, il exprima mystiquement le rôle conservateur de la vie, qu'avait joué cette plante salvatrice, comme le prouvent encore l'anglais tobe, le latin vita, le gaulois bitu, le français vie et le grec bios. Ainsi le verbe être celtique oen fut modifié et détrôné dans bien des cas par le radical be, wy, ce qui est une des causes de sa marche irrégulière dans nos langues. L'idée de ce qui est saint, consacré, voué etc... a découlé des idées attachées au gui (voir le gothique weiha, le français voeu etc...).
(26) Gwyddon, dont nous avons fait Guyon, est assimilé à l'hermès gaulois ; widder ou waedder est en Germanique le nom du bélier astrologique, ce qui est à retenir ; gwydd en gallois veut dire science.
(27) Ram a exprimé, en tant que bélier, le conducteur pacifique, le guide vigilant du troupeau, par opposition à la force brutale du taureau. Le mot français bélier, porte sur la même racine que l'anglais bull (taureau), mais c'est à cause de la clochette (bell) que tous deux portaient au cou. Le nom de Ram, pris en mauvaise part, par les uns, et prononcé avec vénération par les autres, a donné naissance en scandinavie, par exemple à des idées de fuite, de désertion, d'exil, de tumulte, ce qui s'explique de soi-même. En hébreu, pour restreindre nos citations, il a exprimé tout mouvement d'élévation, toute chose sublime et supérieure ; on entend par RYM une bête à cornes, probablement un moufflon.
(28) C'était du moins le plus répandu ; ensuite venaient l'ours et le sanglier.
(29) D'après les traditions indoues, Ram est fils de Daçaratha c.a.d. de la terre de teutates (Deutsch'artha).
(30) : « ...les débordements de la mer du .Nord » (*). « A côté des provinces heureuses comme la Gaule, il était, dans l'empire celtique, d'autres terres moins favorisées. Celles-ci se trouvaient outre Rhin, surtout dans la direction du Nord-Est. Leurs habitants avaient à lutter... contre la mer du Nord et ses formidables raz-de-marée... En Champagne, le peuple belge des Rèmes prit la place des Gaulois....» Albert GRENIER. « Les Gaulois ».
Les Cimbres et les Teutons, qui envahirent l'empire Romain en 113 avant notre ère avaient dû quitter leur habitat en Chersonèse Cimbrique (Jutland) dévasté par de monstrueuses marées.
Les bancs de sable à l'estuaire de la Tamise, recouvrent de plusieurs mètres une contrée jadis fertile.
(31) « Ram fut donc le premier homme de la race « blanche que la Providence inspira directement. C'est « lui que les Hindous honorent encore sous son propre nom de Rama. C'est lui que le Thibet, la Chine, le Japon, et les immenses régions du nord de l'Asie, connaissent sous le nom de Lama, de Fo, de Pa, de Pa-di-sha ou de Pa-si-Pa ». Fabre d'Olivet. « Histoire philosophique du genre humain ».
(32) « Les pommes d'or ». Quelques-uns ont voulu voir dans ces pommes d'or des oranges, arguant de ce fait qu'il y a pas mal d'orangers en Espagne. Mais de nombreuses histoires symboliques de l'antiquité qui ne s'appliquent pas à l'Espagne, relatent l'emblême des pommes d'or. Il faut ici se souvenir que l'initié aux mystères, (voir Apulée et Virgile entre bien d'autres) était dit « descendu aux enfers » et que les grenades étaient le symbole de cette descente, comme l'indique le mythe de Proserpine.
On peut aussi noter les histoires où ces pommes d'or sont gardées par un dragon, dragon bien connu des initiés antiques, analogue comme symbolisme aux chimères de nos cathédrales, et connu.... tout au moins de nom, de nombreux occultistes modernes, plus forts (heureusement pour eux) en esotérisme théorique qu'en magie pratique.
Le lecteur curieux pourra consulter à ce sujet l'intéressante brochure d'ANTOINE ROUGIER : « La Légende de la Tarasque ».
(33) Rapprocher ceci de l'appendice (Moyse et Ram).
(34) « La puissance militaire des Taurisks de Germanie ».
Ce mot est formée de : Thor, symbole de la force brutale dans ses diverses manifestations et en particulier de la foudre, du taureau, etc..., mot auquel se rattachent encore le français terrible, torture, tourment, et le grec tyranos, un tyran ; Osk qui signifiait au sens propre un peuple, une multitude, une armée. La mythologie grecque nous raconte la lutte d'Heraklès contre le géant des montagnes Taurisk, dans le sud de la Gaule, où se perpétue la légende de la monstrueuse Thar-ask, qui a donné son nom à la ville de Tarascon. L'erreur de nombreux commentateurs est d'avoir pris un nom générique pour un nom d'individu, voire d'animal. Il s'agit bien des « peuples de taureau », des « Centaures » germaniques, cavaliers émérites, ; car le nom mêmes de Centaures (Kan-thor) indique la puissance Kan ou si l'on veut, les chefs (King), du Taureau (Thor).
(35) Le nom de la Germanie vient de l'épithète générique de ses chefs féodaux : Les Gher-mann ou Herrmann (les chefs des hommes, les hommes de guerre). C'est de ce nom Hermann, précisé par leur emblême favori, que le génie grec a tiré l'épisode du Sanglier d'Erymanthe.
A propos de Ram-Héraclès, inutile de dire que le nom de son épouse symbolique, Dejanire ou Dian-hera n'est pas plus spécifiquement achéen que les autres vocables de sa légende. Dian-Héra, n'est autre que la grande déesse des Celtes, assimilée allégoriquement à l'astre des nuits, et qui s'apparente à la divinité irlandaise Eyre, la Herta germanique, l'Artemis grecque, l'Ardwenna gauloise, reine de la nuit et des ténèbres (Gallois : dowfn, sombre).
(36) Ici, le renard, Luern, symbole de la ruse et de la science appliquée au mal, est devenu un nom de pays. Il est à remarquer que Ler, Lhern, Learn, pris dans un sens favorable, expriment toute idée d'enseignement et de lumière intellectuelle.
(37) : « Roi de Thrace ». Les Thraces étaient des montagnards celtes, bien différents des Grecs, comme types et comme coutumes. Orphée aux cheveux blonds était Thrace.
(38) Ce nom, que l'Inde nous a transmis, signifia, en Celtique : le psychopompe (ahn, âme, souffle, inspiration, man, moniteur, directeur). L'épisode des singes, lors de la prise de Ceylan, se réfère à cette fonction, mais ceci nous entraînerait dans le domaine de l'occultisme que nous n'avons pas en vue d'explorer ici. Voir à ce sujet : « Le Crocodile », de L.Cl. de Saint-Martin.
(39) On peut reconnaître dans le nom de l'Arménie, celui de Ram, précédé de l'article phénicien : Hé.
(40) C'est-à-dire le lac des pierres jetées, comme le laissent à penser le Celtique Stoen (pierre) et Fall (jeter, faire choir etc...). Stoen, est devenu très régulièrement Stoem, devant Fall, par mutation de n en m, devant les consonnes B, P, Ph.
(41) Scythe, vient du radical Skith : rejeté, retranché. Ce terme désignait les tribus errantes, pérégrinant aux confins de l'Europe et de l'Asie, les Cuthéens de la Genèse. Son synonyme est Parthe, qui exprime l'action de vivre en dehors de la communauté.
(42) Amazones, selon Fabre d'Olivet, signifie proprement : sans mâles. Le Celtique Ohn et l'Hébreu Ayn, ont le même sens privatif. Le Français, a laissé tomber l's de mas-le, pour le remplacer par un accent circonflexe. Le nom de la reine des Amazones, Hippolyte, signifie : Celle qui combat à cheval ; de Epo, cheval, et de Leyd, Lud ou Lut, combat, combattant.
(43) de Spach't ou Ispach't, surveiller (voir la note concernant la Voluspa). Ispahan pourrait, donc avoir signifié : l'observatoire.
(44) : « Les voyages de Dyonisos ». La légende du Dyonisos est double : d'une part, elle exprime la formation et le rôle d'un principe cosmogonique dont nous n'avons pas à pénétrer le mystère, d'autre part, elle se réfère à l'histoire de Ram, le nom de Bakkhos ou Bacchus, provient très vraisemblablement d'un mot qui en persan, en sanskrit, en Russe, etc... signifie le Seigneur, sous les formes Bojé, Baghat, Bhagwat, etc... En celtique, ce radical a signifié la parole, le Verbe, la sagesse ; d'où le gallois bugad (clamer) le français bagoût, le latin vox et le sanscrit vak, vatch, Boc'hra, en celtique signifiait sagesse selon Peter Davidson, et c'est peut-être de ce vocable que proviennent l'anglais Book et l'allemand Bùch (livre). - Les Grecs représentaient Bakkhos, comme un homme blond. Mégasthène, admettait comme vraies les conquêtes de Bakkhos et d'Héraclès, soutenant que, dans l'Inde, les Brahmanes de la montagne étaient des adeptes inspirés du culte de Dyonisos alors que ceux de la plaine étaient voués au service d'Héraklès. Nonnos, fait de Bakkhos un celte blond, combattant, avec sa troupe, « les Indiens noirs aux cheveux crépus ».
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(45) : « Le grand législateur des Hébreux. » Dans plusieurs passages de la Genèse, il est fait allusion par Moyse à Ram, à l'empire que celui-ci fonda, ainsi qu'à ses héritiers spirituels, (dont il se targue d'être), et à leur lutte contre le naturalisme envahissant.
Tout en regrettant de ne pouvoir citer ici l'ensemble des témoignages que renferme le Sepher Brashith à ce propos, nous allons seulement faire état de quelques textes, en basant notre traduction sur des travaux de Fabre d'Olivet et sur ceux de Saint-Yves d'Alveydres, quoique ce dernier auteur, s'il nous semble intéressant à lire, ne soit pas sans parti-pris et doive être vérifié avec soin, surtout en ce qui concerne ses interprétations cosmogoniques.
Si nous ne nous sommes pas abusé, Moyse nomme Ram, Phaleg. Cet ami des sèches énumérations, si avare de détails, a soin de nous répéter ce nom, en ajoutant : « C'est de son temps que la terre fut divisée. » Le lecteur peut, ici, se reporter à la légende des écuries d'Augias.
Quoique mentionné au chapitre X de la Genèse, l'histoire de ce fils d'Heber tourne court, et seule la postérité de son frère Yoktan y est relatée. Cela se conçoit si l'on veut admettre que l'histoire sociale, proprement dite, commence au chapitre XI.
Alors Phaleg reparaît pour la troisième fois et sa postérité symbolique est enfin décrite :
Et Phaleg (le séparateur), engendra Rehou (b1).
Et Rehou (le pasteur temporel, l'autorité légitime), engendra Seroug (b2), (le destructeur de l'empire, le prince de la violence).
Si nous ne nous sommes pas abusé, ces trois noms symboliques désignent donc, respectivement : Ram, l'empire théocratique qu'il fonda, et le schisme qui en causa le démembrement.
Quant aux causes profondes de ce schisme, Moyse y fait allusion par deux fois, non dans ce chapitre, mais au chapitre X où il est question des principes : Irshou et ses imitateurs y sont d'abord qualifiés du terme générique de Nemrod ou Nimrod, « le principe de révolte, de despotisme et d'anarchie », qu'il soit le fait d'un peuple, d'une caste, ou d'un tyran. Sous cet angle, tragique retour de l'histoire, les Soviets renouvellent Irshou et le même étendard rouge leur sert d'emblème. Mais, auparavant, Moyse a pris soin de nous éclairer sur le principe métaphysique dont découla ce schisme, schisme dont les conséquences sont loin d'être épuisées et en lequel le panthéisme asiatique plonge ses racines millénaires. Un volume suffirait à peine à développer les multiples conséquences de ce qu'expose en 6 mots, l'écrivain sacré :
Gènese, chap. X, verset 4
« V-B'NY YVN ALYShE V-ThRShYSh KThYM V-DODNYM ».
Or, les fils de Yavan (furent) Alisha et Tharshish Cuthim et Dodartim.
Yavan et son dérivé Yonah (la colombe), expriment le principe plastique de la nature, la puissance formatrice universelle, la Vierge Cosmique. Or, la création entière est la résultante de l'interaction de deux principes, irréductibles, quoique complémentaires : Yin-Yâng, Aourim et Thoummim, le Même et l'Autre, le Diviseur et le Divisible etc...
Le principe passif et substanciel est ce Yavan que signale Moyse. Or, les divergences de tous les systèmes cosmogoniques proviennent d'un désaccord fondamental au sujet des relations mutuelles et de la prééminence respective de ces deux principes. Ces systèmes se réduisent à quatre : 1° prééminence du principe viril et créateur sur le principe féminin et formateur, c'est le système auquel se réfère toute la tradition Judéo-Chrétienne ; 2° prééminence du principe formateur et naturel sur le principe actif et naturant, ce fut la thèse d'Irshou ; 3° hermaphrodisme universel et équivalence des deux principes, ce fut, s'il faut en croire Fabre d'Olivet, la métaphysique de Krishna ; 4° équivalence des deux principes, conçus comme une polarisation de l'Indifférentié, mais avec inaptitude absolue à reconstituer leur unité primitive, c'est le système diarchique ou manichéen.
Les héritiers intellectuels d'Irshou ont même tenté de faire dévier le culte chrétien, sans, heureusement, y parvenir. Nous voulons parler des Gnostiques et de la théorie, selon nous erronée, de la Vierge-Esprit.
De nos jours, Merejkovski n'écrit-il pas : « Le Père n'a pas sauvé, le Fils ne sauve plus, la Mère sauvera... Le premier Testament est celui du Père, le second celui du Fils, le troisième celui de l'Esprit-Mère.... »
Cependant, s'il est une loi vraiment universelle, c'est celle qui veut qu'un principe passif ne puisse féconder un principe passif, et encore moins se féconder lui-même. Non, la Vierge, que ce soit la Vierge-Cosmique ou son incarnation ineffable en Marie, mère de notre Sauveur, la Vierge n'est pas l'Esprit. La plus haute des créatures que les litanies définissent magnifiquement « MIROIR de la Trinité », n'est cependant pas une Personne Divine quoique préexistante à toute création effective dont elle est le support cosmique. Et, n'est-ce pas ici le cachet d'authenticité indéniable du Christianisme que cette concordance absolue entre les principes en jeu dans la création de l'univers et ces mêmes principes descendus en son sein pour sa Rédemption :
CRÉATION
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RÉDEMPTION
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I. Rouah Elohim
Esprit de Dieu |
I. Rouah ha Qodesh
Esprit Saint |
II. Maym Les Eaux Primordiales |
II. Marie ou Myriem La Vierge Marie |
III. Aôr
Le Verbe-Lumière
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III. Yshouah (Jésus)
Le Verbe Incarné
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IV. Herodes (Le représentant de Mammon)
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Ayant ainsi quelque peu éclairé notre route, nous pourrons voir dans les Cuthim (Cuthéens) et les Dodanim (Dodanéens) de Moyse, les sectateurs du principe féminin et ceux du principe orthodoxe, se disputant la suprématie sur la terre. C'est donc avec raison que Moyse indique le principe formateur et la suprématie de la mère, comme cause ou plutôt comme prétexte de la révolte d'Irshou.
Un peu plus loin, l'auteur de la Genèse nous décrit les luttes qu'engendra cette révolte et leurs conséquences.
C'est d'abord le rappel de ceux qui restèrent fidèles à la doctrine orthodoxe et au pouvoir légitime: Thareh (la loi régulatrice). Voici Abram, « paternité et filiation de Ram », comme l'explique très bien Saint-Yves d'Alveydres, puis son frère Nahor (b3) (la restauration de l'équilibre social), enfin Haran (b4), père de Lot (b5), ou en d'autres termes, la synthèse intellectuelle qui, pour être désormais à l'abri des profanes, s'enveloppa dans les voiles des Mystères et des Initiations.
Puis Moyse, après avoir décrit en termes vigoureux la lutte des Irshouistes et des Ramides, sous couleur de décrire le combat de quatre rois contre cinq, dans la Vallée des Dieux, se déclare lui-même fils spirituel et héritier intellectuel de Ram.
Il se donne comme descendant d'Am-Ram et de Yokabed (b6), de la lignée de Qahat, de la tribu de Levi.
En style moins condensé, il déclarait donc se rattacher à la tradition orthodoxe, spiritualiste, celle qui avait reçu la promesse du Messie, se proclamait fils de l'attente ou de l'espérance (ce qui peut s'entendre de la reconstitution de l'empire théocratique du Bélier, au social, mais, également, de l'incarnation du Verbe, au spirituel) et se relier à Anram-Yokabed (la métropole de Ram et sa compagne la lumière de Gloire, l'illumination spirituelle).
Le lecteur excusera la longueur et l'aridité de cette note, mais il n'était peut-être pas inutile de lui faire pressentir quelles lumières trop ignorées renferme notre tradition Judeo-Chrétienne, à l'encontre de l'opinion généralement reçue.
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(b1) Ce mot, tantôt écrit tel quel (Rehou, Rewou), tantôt revêtu de la particule intensive ON (Rewon), se reconnaît dans le nom du Pha-Raon d'Egypte, comme dans celui du Ravana de l'Inde. Il a toujours désigné un pasteur temporel, et au sens le plus restreint un berger.
Selon la façon de l'envisager, il a pu, comme le prouve l'hébreu, désigner le mal et l'oppression ou, au contraire, l'affection, la protection, le soin qu'on prend d'autrui. Bien des termes analogues ont subi la même altération dualistique et le grec Tyranos, par exemple, quoique dérivé du radical Tor ou Thor, n'a pas toujours été le synonyme d'oppresseur.
(b2) L'on peut entendre par Seroug ou Sheroug, la destruction de l'empire, la rupture de l'harmonie, le prince rebelle.
Sar signifie : prince, seigneur et Sour : puissance harmonique. Roug, signifie frapper et détruire (Celt. orgiat = tuer, tueur). Il est remarquable que ce mot, qui désigne le schisme d'Irshou et le point de départ de la puissance de ceux que l'Egypte nomma Hyksos (pasteurs), et qui se proclamèrent eux-mêmes les rouges, les sanglants, les bouviers, les sectateurs de la colombe (Phéniciens, Pinks, Idumeens, Ioniens, etc...) soit le même que prirent de nombreux rois assyriens, avec la particule intensive On. Le premier de ceux-ci, Sarg-on 1er, est situé par les historiens vers l'an trois mille avant Jésus-Christ. Chose curieuse, le mot arabe Sherg, désigne l'Orient, et son dérivé Serghi, un Oriental.
(b3) Nahor, du radical Nah, exprimant toute idée d'équilibre résultant, avec le modificatif R, image d'un principe moteur.
(b4) Haran, du radical Har, exprimant tout effort intellectuel, toute conception dans les deux sens que nous attachons encore à ce mot, la particule intensive N en renforce le sens. Le lecteur peut ici noter ce rapprochement curieux : Har est aussi une montagne et Aron est un massif montagneux.
(b5) Lot, signifie voiler, enclore, cacher avec soin, LUTer, et également une crypte, une caverne.
Le lecteur a déjà remarqué que nous évitons, autant que possible, toute interprétation métaphysique de la cosmogonie de Moyse. De plus qualifiés que nous combleront cette lacune dont nous nous excusons.
(b6) Amram ou Wam-ram, est formé de Wam (une métropole, une nation) et de Ram. Sa femme supposée est Yo-Kbed : La lumière de gloire (cabod signifie : gloire, splendeur). - Qahat, signifie proprement : qui attend, qui espère. - Levi veut dire : Lié, rattaché (Lev) au principe mâle ou orthodoxe (Y), par opposition aux Yonidjis ou Ioniens, qui se réclamaient du principe féminin (Yoni en indou, Yonah en hébreu, Gwen en celte).
Nous ajouterons qu'un des frères d'Amram se nomme Hébron (le compagnonnage), que le nombre des années supposées de Levi et d'Amram est le même (137), et que l'épouse symbolique de Moyse, porte, féminisé, le nom même de sa Cosmogonie (sepher-sephora).
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(46): Il est remarquable que dans les langues celtiques de l'Europe, depuis les temps les plus reculés, le nom de l'Est, de l'Ouest et du Sud soient restés les mêmes, à quelques modifications près.
L'Est (East, Ost) est toujours par son sens radical « Le côté de l'ASie », et les peuplades de l'Europe orientale sont nommés ASTI par les écrivains latins.
L'Ouest (WEST), c'est « le côté de l'EAU » (Wasser, Water).
Le Sud, comme nous l'avons vu, c'est « le côté des peuples noirs », des Sudéens ou Suthéens, qui, dans les idiômes africains signifie les Seigneurs, les éclatants, mot qu'on peut rapprocher de l'hébreu Sheday qui signifie les dieux, les tout-puissants.
Le lecteur pourra juger à quelle partie du monde convient le sens primitif des termes qui expriment ces points cardinaux, et si des « Iraniens » eussent placé l'océan à l'ouest, l'Asie à l'est, et des peuples noirs au sud, où est justement leur océan.
(47) Il faut ici tenir compte, non seulement des autochtones de l'Inde, mais aussi des nombreux alliés et partisans de Ram, parmi lesquels les Celtes n'étaient pas, tant s'en faut, en majorité.
(48) Dans les traditions hébraïques et en particulier dans le sepher Brashith, nous pourrions également retrouver des concepts plus accessibles à notre cérébralité et aussi profonds que ceux des livres sacrés de l'Orient.
(49) « La propagation de nombreux systèmes d'occultisme, qualifié « Chrétien ». Ces systèmes nombreux, dont quelques-uns groupent des dizaines de milliers d'adhérents, sont en effet plus pernicieux pour ceux qui cherchent la vérité d'un coeur sincère, que les systèmes ouvertement hostiles au christianisme.
Par leur terminologie ambigüe, par la vénération qu'ils affectent pour Jésus, ils surprennent la bonne foi du lecteur ou de l'auditeur. Un remarquable exemple de terminologie évangélique et de pensée antichristique, nous est fourni par le système de Rudolf Steiner. Dans son ouvrage : « Les Guides spirituels de l'Humanité », (du moins dans la traduction qu'il nous a été donné de lire), ce dualisme est plus apparent encore que dans ses autres oeuvres.
Et, que dire des « Sociétés Rosicruciennes », des « Fraternités Rosicruciennes ».... Elles sont aussi nombreuses que divergentes dans leurs affirmations, toutes, cependant, prétendent se rattacher « aux vrais Rose + Croix ». N'est-ce pas hier qu'une « Fraternité » lançait un manifeste, fort bien rédigé d'ailleurs, où la croix et le mystique I. N. R. I. faisaient pendant à un Swastika indou, autour duquel s'enroulait le dragon Long, l'antique et mystérieux emblème des initiés jaunes. Pour qui sait, d'ailleurs, avec quel sourire de pitié ironique la très vieille sagesse chinoise considère la vieille sagesse indoue, cette mosaïque de symboles, baptisée synthèse, est assez attristante.
(50) « confondue avec la substance universelle, comme l'indique le graphisme de l'alphabet sanskrit ». L'alphabet sanskrit est formé de signes, dont la particularité est d'être suspendus à une ligne horizontale à la façon d'un pendu à sa potence, si l'on nous passe cette comparaison triviale. Cette ligne horizontale, est l'image de l'eau universelle, de la substance passive. Ainsi la notion, spécifiquement chrétienne, du surnaturel est exclue au profit du culte de la « Mère ». Si les indous se sont écartés de la lumière directe du Verbe, depuis de nombreux siècles, nous ne prétendons pas qu'il en fut toujours ainsi. Dans une petite brochure, devenue rare, « La Création », Sedir écrivait ces lignes remarquables : « Le Manou actuel, nom donné par les Brahmes à la puissance cosmique qui dirige la terre entre deux déluges universels, ce Manou, quatorzième du nom, nous répondra que les quatre livres sacrés qu'il dicta dans l'éternité antérieure, aux sept Rishis, ont été revêtus par la prudence des sages, d'un vêtement phonétique trompeur ; et que ce vêtement, la langue sanscrite, celui-là seul peut l'ôter, qui a fait preuve d'assez de force d'âme, de sainteté et de génie pour qu'aucune lumière intellectuelle ne puisse l'aveugler ou l'enivrer ».
Nous n'ajouterons à ceci qu'une petite remarque personnelle, à l'intention des lecteurs familiarisés avec la Qabbale.
La lettre hébraïque Mem, symbole de la mère et de l'eau universelle, est formée d'un Beth et d'un Nun, images de la paternité ou du Verbe créateur (B) et du fils, ou de la création réalisée (N). Ainsi, pour les très savants créateurs de l'alphabet hébreu, la Mère ne se conçoit pas sans le Père et le Fils... Nos lecteurs pourront développer les conséquences de ce symbole. Mais, le Beth, lui-même, est formé d'un Resh (R) image du principe moteur universel, et contenant en puissance les virtualités qu'exprime le terme Ruac'h (Esprit), et ce Resh domine la barre horizontale - image de la passivité substantielle. En cette simple figure est donc condensée, avec le symbole des deux principes universels, la phrase révélatrice du second verset de la Genèse : « Et l'Esprit de Dieu se mouvait sur les Eaux ».
(51) « Les incarnations et leur conséquence, la douleur. » « L'Occidental considère la souffrance comme un adjuvant ; l'Oriental la regarde comme un mal en soi. L'Occidental voit dans la vie un tremplin nécessaire pour se projeter dans l'immortalité... L'Oriental considère la vie comme une erreur de la création... inéluctable, mais monstrueuse, dont il faut se délivrer par tous les moyens. »
G. Chevillon : « ORIENT ET OCCIDENT ».
(52) Nous ne discutons pas ici l'intérêt d'une telle doctrine ; tout a sa raison d'être. Mais, si elle cadre bien avec la mentalité orientale, nous l'estimons incompatible avec la nôtre, même et surtout revêtue de formes plus ou moins chrétiennes. Chaque race a son initiateur. Le nôtre est Jésus, et les Bouddhas, passés ou futurs, pour respectables qu'ils soient, n'ont ni mission, ni qualité pour paître Ses brebis.