Quelques réflexions sur le Zodiaque

    Il y a à peu près une vingtaine d'années, alors que je faisais mes premières armes en astrologie, j'avais sur le zodiaque les opinions courantes, celles que les différents auteurs recopient éternellement.

    Peu à peu, je me suis mis à réfléchir sérieusement sur ce sujet et je veux, ici, faire le point des conceptions auxquelles j'en suis arrivé. Si certaines vous semblent douteuses, rien ni personne ne vous oblige à les adopter. Et je dirai tout d'abord que le zodiaque est quelque chose d'extrêmement mystérieux et mal connu. C'est un sphinx qui pose une foule de questions mais, à la différence de l'autre, il ne vous dévore pas quand il vous a posé une « colle » insoluble!

    La Terre a un mouvement propre, sa révolution sur elle - même en 24 heures, origine de la domification. Elle possède, en outre, un mouvement relatif et dépendant du Soleil, qu'elle exécute en un an et qui génère le circuit zodiacal. Entre ces deux, pas de commune mesure ni d'analogie vraiment satisfaisantes. Je reviendrai sur ce point. 

    Auparavant, je note que si le zodiaque est né d'une relation terre - soleil, 1a projection de ses douze divisions sur la sphère céleste est chose purement terrestre. Mieux, si la terre n'était pas inclinée sur son axe, le point gamma 0° Bélier n'existerait pas. Ni non plus nos saisons. Et ce propos m'amène à une remarque que j'estime importante. C'est que les analogies saisonnières dont on abuse en parlant de zodiaque n'ont rien à voir avec ce dernier. Elles ne valent que pour une étroite bande de terre, d'environ 10° de part et d'autre du 45 ème degré, en étant très large. Elles sont fausses partout ailleurs, aussi bien en Islande qu'en Indonésie, au Cap ou en Colombie. Il n'y a aucune relation valable, à l'échelle terrestre, entre ce que j'appellerai le Zodiaque saisonnier (différent selon les latitudes et les climats et n'intéressant jamais notre globe dans son ensemble) et le zodiaque des astrologues, ni entre ce zodiaque, le seul qui nous intéresse, et celui des constellations. Il faudra cesser une fois de raconter l'histoire de la civilisation humaine à l'aide de ce qu'on a appelé, trop pompeusement, l'horloge zodiacale qui, en bonne horloge, mesure le temps mais ne fait pas l'Histoire, Les gens qui parlent d'ère du Bélier, d'ère du Taureau ou d'ère du Verseau (outre qu'ils ne savent pas mieux que moi l'heure initiale qui convient à ces datations) feraient bien de n'y pas mélanger des considérations historiques, politiques ou symboliques tirées du nom des constellations, sous couleur d'ésotérisme. Pour tous les anciens, le cadran stellaire fut une horloge, mais les heures de cette horloge étaient marquées par des étoiles - repères, - comme c'est toujours le cas pour les 28 Nakshatra de l'Inde, - beaucoup plus précises que des constellations qui se chevauchent au lieu de se suivre, dont l'étendue, comptée en degrés est très inégale, et dont la figure, le nombre d'étoiles admises et le nom, symbolique ou pas, ont varié au cours des siècles. 

    Je vous rappellerai seulement que nous appelons Cancer ou Ecrevisse, animaux aquatiques d'un prétendu Signe d'Eau, la Constellation et le Signe que les Egyptiens appelaient Kheper, c'est-à-dire scarabée sacré, et dont on peut voir la figuration sur lesplus anciens zodiaques de ce pays.


    J'appellerai donc, pour ne pas perdre trop de temps, «  ZODIAQUE DES ASTROLOGUES », un cercle coupant l'Equateur selon un angle de 23°, dont le centre coïnciderait avec le centre de la Terre et la circonférence avec 1a route apparente du Soleil, ayant une division duodénaire dont le point gamma est fixé arbitrairement à l'équinoxe de printemps ; ceci du point de vue spatial et quantitatif.


    Il y a en fait autant de zodiaques distincts qu'il y a de planètes dans notre système. Lorsque nous disons Mars est dans les Gémeaux, on dit par exemple sur Jupiter Mars est dans le Lion et sur Saturne Mars est dans la Balance. A chacun sa vérité !...


    J'ai dit que le cercle zodiacal n'avait rien à voir avec le mouvement diurne, ni avec les Maisons, malgré une opinion qui a pris force de tradition parce qu'assez vieille. Outre qu'il est choquant de voir le Capricorne hivernal et négatif comparé à la Maison Dix qui représente le Soleil à Midi, il est à remarquer que le zodiaque et les Maisons sont construites sur des organons inconciliables. La force d'une Maison est dans sa pointe et son action est plus intense sur une planète en fin de Maison précédente que sur une planète logée au milieu d'elle. Tandis qu'à 29°59' d'un Signe, aucune hésitation, nous sommes toujours dans ce Signe. De plus, dans le schéma des Maisons, c'est une banalité de dire que l'influence des angles est prépondérante. Rien de tel dans le Zodiaque, les quatre Signes dits « cardinaux » ne donnent aucune force ou dignité spéciale aux planètes qui s'y rencontrent. On est donc en présence de deux systèmes à disjoindre.


    Je contesterai également les valeurs élémentaires accordées aux Signes zodiacaux, ainsi que la qualification de masculins et féminins qu'on leur octroie. Un seul exemple : le SCORPION, signe hyperviril, combatif, ardent quoique d'une ardeur concentrée de volcan sous la glace, serait un Signe Féminin et, qui, pis est, un Signe d'EAU.


    Autre différence fondamentale avec les Maisons : les Signes se succèdent, non en masculins et en féminins, mais dans une alternance de signes positifs, expansifs, évolutifs et de signes négatifs, involutifs, centripètes, si bien que le Zodiaque est comme une batterie en couronne à douze éléments alternativement positifs et négatifs. Une telle disposition ne rappelle en rien non plus la structure des Maisons.


    Ayant abandonné toutes les fausses analogies, nous pouvons faire justice du système qui veut nous forcer à inverser les Signes en latitude Sud, sous le prétexte que quand c'est le printemps en latitude Nord, c'est l'Automne en latitude Sud, ce qui est d'ailleurs inexact pour les 3/4 de 1a surface du globe. Ainsi, pour prendre un exemple particulièrement frappant, j'imagine une famille habitant à l'embouchure du fleuve des Amazones. Un enfant naît sur le littoral Nord, à 3 km. au - dessus de l'Equateur : Latitude N. Au même moment, dans une famille riveraine, un autre enfant naît sur le littoral Sud, à 3 km. au-dessous de l'Equateur : Latitude Sud, inversion des Signes, complications d'autant plus excessives que toute 1a Terre est comme un point par rapport au Soleil, quelle que soit la latitude qu'on envisage. Donc, si vous voulez m'en croire, traitez les naissances en latitude Sud exactement comme celles en latitude Nord, cela vous évitera des migraines, vous économisera du temps et répondra sans doute plus exactement à la réalité astrologique. D'ailleurs, un astrologue d'Amérique du Sud, Dorsan, après avoir monté des milliers de thèmes, en est arrivé aux mêmes conclusions que moi quant aux analogies saisonnières et à la chimère de l'inversion du zodiaque en hémisphère Sud, conclusions qui ont fait l'objet d'un article très étoffé
dans un récent numéro des « Cahiers Astrologiques » (1).

    Peut-être, me direz - vous, si je refuse les correspondances dites traditionnelles - mais en réalité surtout routinières - qu'on donne aux Signes, par quoi les remplacez -vous ? Je ne les remplace pas, sera ma réponse. Je donne seulement aux Signes la note planétaire qui les justifie et permet de les utiliser. Voyons cela : La mode est aux voyages interplanétaires. Nous allons en faire un ensemble. Notre astronef part du SOLEIL qui, à ce moment, pour la Terre, est à 0° du Lion que je considère, jusqu'à plus ample enquête et à titre d'hypothèse de travail, comme le véritable point gamma du Zodiaque. Le Régent du Soleil nous emmène dans une petite tournée d'inspection à travers son empire colonial : Première escale : Mercure : Signe Vierge. Seconde escale, Vénus : Signe Balance., et ainsi de suite jusqu'à Saturne, Signe Capri. Retour dans l'Ordre : Saturne, secteur Verseau, Jupiter et ainsi de suite jusqu'au Soleil «  nocturne », le Cancer ; à la limite du Cancer et du Lion, nous sommes à notre point de départ. Comme je l'ai dit à mainte reprises dans le schéma Zodiacal primitif, cadeau des Atlantes, la Lune ne comptait pas, ce Zodiaque ayant été mis au point avant qu'elle ne devienne un satellite de notre globe. Et, pas plus qu'Uranus ni Neptune n'ont détrôné Saturne et Jupiter de leur domination sur le Verseau et les Poissons, la Lune n'a détrôné le Soleil dans son Signe nocturne. Ainsi, chaque influence planétaire possède deux secteurs, l'un diurne et extraversif, 1'autre nocturne et introversif. Aux deux Signes Solaires s'opposent les deux Signes de Saturne. Ce sont les deux extrêmes du Zodiaque et vous remarquerez que tous les Signes dits positifs ou masculins ont une analogie d'expression et de rayonnement avec le Soleil, tandis que tous les Signes dits négatifs ou féminins ont quelque chose de 1a concentration et de 1a fixité de Saturne.


    Ainsi, le Bélier représenterait une influence martienne « de haute fréquence » le Scorpion, la même influence « de basse fréquence », étant entendu que cette image empruntée à la physique est inadéquate à son objet - comme, d'ailleurs, toute image ainsi que l'a magnifiquement démontré Platon. Disons, avec autant de justesse, c'est -à - dire d'inexactitude, que le Bélier représente un Mars extraversif, tourné vers le dehors, tout d'impulsion non freinée et de prime saut, tandis que le Scorpion s'accorde mieux à un Mars introvertif, tourné vers le dedans, aux impulsions contrôlées, aux violences calculées.


    J'ai semblé, jusqu'ici, identifier les forces zodiacales aux forces planétaires. Oui et non : Il y a une nuance entre celles - ci et celles - là et cette nuance est délicate à faire sentir. Permettez - moi de risquer une comparaison, tirée cette fois de l'optique.  Vous savez que lorsque la lumière dite blanche ou, comme disait Louis Lucas, « tonalisée », subit diverses sortes de réfractions, elle forme des faisceaux, des halos, etc... dont les couleurs, dispersées ou en anneaux concentriques, se suivent dans un ordre immuable, celui que donne le prisme. Ainsi, l'énergie solaire se décompose - t - elle en SIX ENERGIES, disposées dans un ordre immuable par rapport au corps réfléchissant, faisant fonction de prisme, qu'est la Terre. Ces six énergies, polarisées, constituent les douze secteurs zodiacaux ; chacune d'elles a pour principe un des Soleils actuellement imperceptibles à la vision physique dont j'ai parlé en commentant le texte du Quatrième Jour de la Genèse. Chacune d'elles, également, a une affinité pour une planète en plus particulier, quoique chacune y soit, peu ou prou représentée. Ces forces zodiacales diffèrent des énergies que renvoient les planètes qui leur sont apparentées comme un prototype parfait diffère de sa reproduction imparfaite, comme la lumière directe du soleil est différente du reflet que nous en envoie la Lune. Le Système Zodiacal offre donc avec celui des Maisons une différence de structure ou, si l'on veut, d'organon, en même temps qu'une différence fonctionnelle, comme celle qui séparerait la vie privée d'un homme de ses relations sociales. Avec les forces planétaires, il n'offre qu'une différence de degré d'une part et, de l'autre, évidemment, la différence du virtuel actualisable à l'incidentel actualisant. Mais il ne faudrait pas oublier que toutes ces distinctions ne mettent nullement en cause l'unité et l'harmonie des forces cosmiques, tributaires de l'énergie principielle dont le foyer est le Soleil Central de tous les cosmos concevables ou inconcevables pour notre entendement.

Le tableau suivant résumera de façon un peu simpliste les correspondances astro - zodiacales :

    Je me suis borné ici à une seule des modalités et sur le seul plan psychologique humain, afin de mieux faire ressortir pour chaque influence dite « planétaire » la polarité double, zodiacalement répartie.

    Ainsi, peut - on représenter une puissance PROTO - MARTIENNE dont Mars reflétera les virtualités et les actualisera en partie selon ses liaisons et sa position, puissance dont les deux pôles seront zodiacalement le Bélier, état expansif de son énergie, et le Scorpion, état condensatif. De même on distingue aisément les analogies et les contrastes entre la puissance proto - mercurienne, active et comme ailée dans les Gémeaux, moins subtile et davantage réaliste dans la Vierge. Le premier, tourné vers le dehors, est un hypersociable ; la seconde, tournée vers le dedans, est une hyper - introspective.


    Il va de soi que les vues que je présente ci - dessus, valables à mes yeux, peuvent ne l'être point à d'autres. A chacun son optique !



(1) Peut être est-il bon de préciser ici que le présent texte est celui d'une causerie faite récemment, sans retouches au ton ni au style.