Considérations Elémentaires sur les Maisons

 

    Les premiers pas, en pratique astrologique, sont chose difficile si j'en juge par les miens propres. Le luxe de détails dont les gros traités accablent le néophyte ont le défaut de noyer sous leur nombre les lignes maîtresses d'un caractère ou d'une destinée. Valoriser les éléments d'un thème demande du doigté, de la pratique et du flair.

    Les interprétations « toutes cuites » qu'on rencontre dans tant de manuels ne constituent pas un enseignement à proprement parler, mais un REPERTOIRE, utile pour soulager la mémoire de ceux qui ont déjà un solide bagage théorique et pratique. Les autres courent le danger de céder à la facilité et de substituer au raisonnement astrologique nécessaire, le recours routinier à la pensée et au travail d'autrui.


    D'autre part, celui qui vient à l'astrologie en chercheur désintéressé, ouvert mais non crédule, cherche une science, une « haute science  », même, et trouve surtout une collection de petites recettes, très pratiques dans leur empirisme, mais fort peu instructives en ce qui concerne les lois qui régissent à la fois le cosmos et la destinée humaine. S'il est assoiffé de synthèse, d'ordre et d'harmonie, que de choses le déroutent ! Et le « cosmos » dont il rêvait apparaît mal sous le chaos, le désordre qu'il rencontre. Débrouiller cet apparent chaos, retrouver l'ordre derrière le désordre, deviennent son supplice de Tantale.


    Nulle part, peut-être, l'illogisme et l'arbitraire ne semblent s'en donner davantage à cœur - joie que dans les significations et la distribution des Maisons du thème. Et, sur ce point, plus d'un astrologue chevronné n'en sait guère davantage que l'amateur inexpert ; je n'en veux pour illustration que l'aveu de Kerneiz, qui écrit, dans « LE
VRAI VISAGE DE L'ASTROLOGIE », p. 128 : « Pourquoi la II ème Maison correspond-elle aux biens que le natif gagnera, et la VIII ème à ceux qu'il recevra sans effort ? Pourquoi la VII ème correspond-elle à son mariage et la V ème à ses enfants, la VI ème à ses maladies ? Il semble qu'une fantaisie échevelée ait présidé à cette étrange répartition ».

    J'ai souvent réfléchi, de mon côté, à ce désordre apparent, sans désespérer d'en trouver la clé ou, tout au moins, une des clés. Je présente ici le résultat de ces réflexions, résultat tout provisoire, tout relatif, et ne représentant qu'un point de vue entre nombre d'autres, sans doute aussi valables, aussi légitimes.

1. - Les Six Maisons de l'Etre

    Ce point de vue est moins cosmologique qu'anthropologique, il vise davantage l'homme individuel que l'homme collectif et, partant, laisse l'astrologie mondiale en dehors de son champ visuel, 
    Au départ : Comment est constitué l'être humain, tel que nous le connaissons sur cette terre ? A cette question, il y a plus d'une réponse. La mienne (fig, 1) sera celle ci ; On peut exprimer intégralement ce qu'est l'homme total, dans ses modalités consciente, infra - consciente et surconsciente, Tel qu'il se présente à nos regards, il peut se définir philosophiquement comme une unité relative que nous saisissons sous une triple modalité dont son corps physique porte le sceau : une tête pour penser, un coeur pour aimer et un ventre pour digérer. Plus abstraitement : un centre intellectuel, un centre animique ou passionnel, un centre instinctif. Cette trinité, comme l'enseigne Fabre d'Olivet, est renfermé dans une sphère plus vaste, que cet auteur dénomme sphère volitive. Cette volonté est libre de se fixer dans un des trois centres sus-mentionnés ou de se réintégrer à son centre propre, mais non de rester absolument sans localisation.

2. - Les Six Maisons de Destinée

Ici, s'arrête Fabre d'Olivet, tout au moins dans son enseignement explicite et livresque. J'irai plus loin : hors de cette trinité, ou tri-unité, plongée dans le monde astral et dépendante des incitations des astres, en diverses mesures et gradations - ou, ce qui revient au même - régie par le DESTIN, qui en limite l'expansion et en détermine l'expression actuelle, imaginons, puisqu'il nous faut des images, même imparfaites, une autre sphère, tangente à celle de la volonté : la sphère du principe réellement SPIRITUEL, échappant aux contingences et aux impératifs du Destin. Ce principe spirituel n'est pas soumis aux astres, je viens de le dire, et n'est pas essentiellement affecté par la destinée de l'homme individuel, qu'il influence par le centre ou foyer cardiaque. Ces deux sphères, conditionnée et inconditionnée, peuvent être représentées par un ovoïde à double foyer. Avant la « Chute d'Adam », elles n'en formaient qu'une. La chute l'a dédoublée, créant l'ellipsoïde aux deux foyers séparés. La réintégration sera le retour de cet ellipsoïde à la sphère primitive, par la résorption du foyer inférieur et la soumission de la volonté propre à la Volonté divine : Ainsi, l'homme ne sera plus happé par le tourbillon astral, symbolisé par le serpent OUROBOROS,, et se sera soustrait à l'emprise du Destin,

    De cet exposé sommaire, retenons que l'homme vit à la fois d'une vie intellectuelle;. D'une vie affective, d'une vie sensitive, correspondant aux trois âmes, c'est-à-dire aux trois modalités d'une même âme, que distingue Platon (voir, entre autres, Le TIMEE,41 à 43) : l'âme raisonnable ou intelligente, l'âme irascible ou passionnelle, l'âme concupiscible ou instinctive.


    Il était séduisant de rechercher si cette division traditionnelle n'était point celle-là même qui avait présidé à l'élaboration du système des Maisons astrologiques.


    L'on sait l'importance attachée, à juste titre, à la première Maison : elle indique bien les réactions instinctives du sujet et permet une première appréciation de son potentiel vital, de son tempérament, et, jusqu'à un certain point, de sa morphologie. Les relations les plus sensibles de cet angle (comme, d'ailleurs, des trois autres) sont un rapport de TRIGONE avec les Maisons qui lui sont complémentaires, et un rapport d'OPPOSITION de chaque élément du Trigone avec la Maison qui lui fait vis-à-vis,


    Nous voyons immédiatement (fig. 2) que I'ASCENDANT et le DESCENDANT forment l'axe individuel du MOI (Ascendant) et du TOI (Descendant).


    Nous constatons également que les significations du Trigone du MOI (I, IX, V se développent conformément à la triple division de l'état humain : La IX, en trigone à I'ASC, correspond au domaine intellectuel, que résume le verbe « SAVOIR ». La V, en second trigone, répond au domaine animique ou affectif, dont le verbe est « AIMER ».

L'Ascendant lui-même se rapportera au monde des instincts et des réflexes conditionnés, dont « VIVRE » est le verbe essentiel. 

    Jetons maintenant un coup d'oeil sur les Maisons opposées, formant un second ternaire en étroite corrélation de sens avec le premier : Si l'Ascendant résume le « JE », le « MOI », le Descendant sera le « TU », le « TOI » (non intrinsèquement, mais tel qu'il est perçu par le Moi).


    Au premier angle, se rattache ce que la morale appelle « les devoirs envers soi-même ». Au second, « les devoirs envers le prochain, envers autrui », Ce descendant nous informe de l'attitude de l'individu subjectif en face de l'individu objectif, que ce dernier soit complémentaire (conjoint, associé) ou antagoniste (rival, ennemi déclaré).


    Ce qui règle ces rapports mutuels et réversibles, ce sont des LOIS : contrainte externe des lois écrites et des conventions (qu'elles soient respectées ou violées) et, plus rarement, contrainte interne de la loi morale, chez les humains sensibles aux impératifs de la conscience. Le mariage, qu'on attribue classiquement à la Maison VII,
n'est qu'un cas de ses nombreuses adaptations et n'est signifié par elle qu'en tant que CONTRAT, ainsi s'expliquent les attributions apparemment contradictoires de cette Maison (associations, mariage, conjoint, et aussi divorce, litiges, procès, rivaux, ennemis déclarés) Ceci ne rend pas l'interprétation plus aisée, comme le constatent assez mélancoliquement les aphorismes 14 et 57 du Centiloque. D'autant plus qu'il faut adjoindre à ces significations, celle qui résulte de son opposition à la I, considérée comme Maison vitale : la mort ou tout au moins les ingressus morbides. Certes, la VIII ème Maison est considérée, depuis Ptolémée, comme la vraie Maison de la Mort. On en a même « remis » (Maison occulte, Maison du spiritisme etc...). En tant que II de la VII, la VIII signifie plus simplement « le bien d'autrui ». Intrinsèquement, si cette Maison signifie assez souvent le GENRE de mort, elle n'exprime, en règle générale, que les violences faites au corps et aux biens du sujet par un tiers, ou les bénéfices et dons imprévus que le sujet reçoit d'autrui. Tout dépend du Signe de la VIII et des aspects que reçoit son maître ou qui frappent son ou ses occupants. J'ai tout lieu de croire que l'angle descendant est au moins aussi mortifère que la VIII et qu'il exprime assez volontiers les CAUSES de mort, ainsi que l'état du sujet en fin d'existence. Mais ce n'est pas ici le lieu d'en fournir, sinon la démonstration, du moins, les présomptions. Au surplus, je me hâte de rappeler qu'en énonçant ma propre conviction, je ne la propose qu'à titre d'hypothèse et sous bénéfice d'inventaire. Je prie instamment le lecteur de s'en souvenir à chaque ligne de cette étude.

    Revenons à nos moutons...

    Outre « vivre », l'homme qui a atteint sa complète stature terrestre veut aussi « aimer » et « savoir ». La Maison V va nous éclairer sur les démarches de l'homme affectif, sur les mouvements et les besoins intimes de son âme passionnelle et sur la sublimation éventuelle de ses désirs, en mode artistique : procréation et création artistique sont, pour ainsi parler, les deux pôles entre lesquels oscillent les attributions de la V, d'où son caractère tantôt dionysiaque, tantôt apollonien : Certaines pages de Nietzsche sur la création artistique constituent un éblouissant commentaire de ce qui précède. En leur apportant, comme correctif, les lignes précieuses que Rabindranath Tagore a consacrées au SENS DE L'ART (Feuilles de l'Inde, 1er Cahier) on édifierait sans grand peine une transcendante « métaphysique de la Cinquième Maison ». La XI, sa complémentaire, va nous orienter vers la face objective de ses passions subjectives. Nous y rechercherons donc nos amis, nos protecteurs, et ce que nous pouvons en attendre comme satisfactions ou déceptions. Si la V est la Maison de l'affectivité, la XI sera celle de la réciprocité affective.

    Et voici la IX, où se refléteront nos tendances intellectuelles et nos aptitudes à la Connaissance - je ne dis pas à l'érudition !...

    Les aptitudes inquisitrices du sujet, les facultés qui le qualifient ou le disqualifient pour la Découverte, l'Invention, l'Initiation et Développement de ses facultés intuitives dépendent d'elle, de son Signe et de son Maître C'est, à plus juste titre, ce me semble, que la VIII, la véritable Maison de l'occultisme supérieur, de la Haute science, des songes révélateurs et des intuitions géniales.

    En contre - partie, nous rencontrons la Maison III, qui implique les connaissances relatives et les relations d'ordre cérébral. C'est à bon escient qu'on lui attribue la connaissance analytique, le savoir pratique, le savoir-faire (et parfois le « savoir y faire »), les écrits et les divers moyens d'information sur, par et pour autrui, La littérature et le journalisme lui appartiennent de ce fait.

    La figure 2, concrétisera ces différents rapprochements, dans une classification somme toute plus cohérente qu' « échevelée ». Il est d'ailleurs permis d'en adopter d'autres, si on les estime plus adéquates : à chacun sa perspective propre !

    Ayant tenté de poser le schéma des six Maisons que j'appellerai « Maisons de l'ETRE », il me reste à opérer sur les six autres, que je qualifie de « Maisons de la DESTINÉE ». Mais qu'il demeure bien entendu que la démarcation entre ces deux groupes est bien moins tranchée que ces définitions ne le donnent à supposer : leur systématisme n'est nécessaire que pour fixer les idées au départ. TOUT REAGIT SUR TOUT ! I1 faut se pénétrer de cet axiome, que la pratique astrologique démontre. Un seul exemple : Une planète angulaire, dans quelque angle qu'elle soit localisée, même sans aspect à l'Ascendant, marque toujours la physionomie du natif ; la vie est souplesse, échanges et interpénétration ! Il est utile de dresser des schémas rigides, mais désastreux d'être dupe de ces constructions didactiques !

    Nous venons de voir que les trois Maisons du « Moi » avaient pour reflets les trois Maisons du binôme «  Moi - Toi  » et que leurs deux Angles peuvent se définir l'un par l'autre : « Angle SUBJECTIF » (1) et « Angle OBJECTIF » (VII), pour les Maisons « de Destinée », les trois premières (Milieu du Ciel et ses deux Trigones) constituent les Maisons du binôme « Moi - Eux », exprimant ces rapports en mode ACTIF pour le sujet, Les trois Maisons opposites (Fond du Ciel et ses deux Trigones) formeront donc les Maisons du binôme « Moi - Lui » (et parfois, sous l'angle paternel et familial, « Moi - Nous ») et fourniront leurs indications en mode PASSIF pour le sujet.

    Le F.C, exprimera le « donné » du destin : les limitations et les impératifs que constituent les conditions natales de lieu, de temps, d'hérédité, de famille, et la passivité vis-à-vis des géniteurs, de l'entourage et des circonstances, inhérente à la PETITE ENFANCE.


    Je sais bien que l'angle de la Maison IV est très généralement affecté à la fin de la vie ; mes propres recherches ne me permettent pas de reprendre à mon compte cette affectation, point sur lequel j'aurai peut-être l'occasion de m'expliquer ailleurs.

    Si le « donné » du destin, le cadre auquel le né ne saurait se soustraire que progressivement en dégageant sa personnalité, si ce « donné » dis-je est en IV le « devenir » social sera en X, En effet, le M.C, exprimé entre autres choses, ce que la personnalité enfin « dégagée » édifiera en bien ou en mal, en utilisant le « matériau » initial et brut dont l'expression est en IV. Le Trigone passif des Maisons IV, VIII, XII sera celui de la NECESSITÉ CONDITIONNANTE, la dure Némésis qui décrète, selon les lois d'une Justice sans vetos ni sursis, les conditions inéluctables du retour de l'être dans notre aimable pénitencier sublunaire. Et le Trigone actif des Maisons X, II, VI sera celui de la LIBERTÉ CONDITIONNÉE ou tout au moins conditionnelle. Ainsi, l'axe F.C.-M.C. (flanqués respectivement de leurs Maisons satellites) peut être appelé sans trop d'abus, I'AXE DE DESTINÉE. Pour préciser mes termes, je dirai que la DESTINÉE d'un être ne doit pas être confondue avec son DESTIN : elle est une résultante dont le destin est un des facteurs, l'autre étant sa volonté propre. Et le jeu, forcément inégal, l'interaction de ces deux facteurs va réaliser une destinée concrète dont dépendra son évolution sociale, le terme « évolution » exprimant seulement ici un développement, une métamorphose, un « procès » au sens philosophique du terme, et n'impliquant nullement en soi PROGRES ou REGRESSION, ascension ou chute.

    La destinée, pour l'interprète du thème, comporte une part d'incertitude, d'indétermination, part variable selon l'altitude et l'attitude spirituelles du natif, puisque, le cas échéant, il peut intéresser la Providence à son sort, troisième facteur, astralement inconnaissable. Le cas n'est pas excessivement fréquent, mais peut, toutefois, se présenter. De plus, la volonté propre, elle-même, est sollicitée dans un sens déterminé par le Destin, mais puisqu'il y a lutte, c'est que cette incitation n'est pas irrésistible. La volonté peut donc y céder, ce qui se produit assez souvent pour que le pronostic de l'astrologue fasse figure de prédiction; elle peut lutter contre, et alors l'événement inscrit en puissance dans le thème ne s'actualise qu'en partie; elle peut enfin, activement « pousser à la roue », et l'événement concret qui en résulte dépasse en gravité ou en durée celui qu'on pouvait logiquement prévoir à premier examen.


    Mais .les moyens dont la volonté peut disposer pour se réaliser dans le social, ce sont justement les facultés et les impulsions sur lesquelles les six Maisons de l'Etre nous renseignent. Là encore, TOUT REAGIT SUR TOUT, et l'imprudence, l'ambition, la ruse, l'irascibilité, etc.., dont nous avons préjugé en examinant ces
Maisons ne peuvent pas ne pas jouer un rôle dans le diagnostic à porter sur les Maisons de Destinée.
    Ceci dit, ne nous occupons plus que de ces dernières.

    A son arrivée en ce monde, l'individu est passif, introverti, dépendant du cadre familial, sans que sa volonté puisse modifier ce point de départ. La Maison IV représentera donc le maximum de sujétion et le minimum d'initiative compatibles avec le fait d'exister ici-bas. Parti de cette base, l'individu évolue parmi les autres individus de son espèce; sa volonté, réactionnée par les résistances du milieu social, s'affirme peu à peu, cherche à s'imposer aux êtres et aux événements comme à se dérober à leur emprise, et le tracé de son devenir, oscillant et zigzaguant comme la feuille de température d'un fiévreux, enregistre ces MAXIMA et MINIMA que sont succès et échecs, crédit et déconsidération, faste et misère.


    Par son action plus ou moins libre et responsable, l'être change de niveau social ou se maintient à celui qu'il a atteint. Et c'est en ce sens que la X est dite : la Maison « des oeuvres », Ici les tendances du natif sont actives et « extraversives », selon la terminologie du psychologue Jung. L'être fait effort pour s'assimiler le milieu, voire le
subjuguer, Inversement, le milieu, l'ambiance collective (qui d'ailleurs, dans l'être, ne voit que 1' « apparaître », base du crédit et du discrédit) tend, et c'est là que se manifeste l'opposition de la IV à la X, à s'assimiler l'individu, à le soumettre ou, s'il s'avère asocial, à l'éliminer de façon ou d'autre.

    Les Maisons complétives de ces deux Angles aideront à préciser les modalités de ce mutuel comportement. 

    La Position sociale et la réputation bonne ou mauvaise qu'elle entraîne se voit précisée et amodiée par ses deux Trigones : la II, qui est la Maison de l'acquisivité, de l'appropriation et de la gestion judicieuse ou imprudente des biens matériels qu'elle peut promettre. Elle est liée aux activités et aux initiatives personnelles du natif, conformément à son rang d'élément du Trigone ACTIF.

La IV, est, avant tout, la Maison qui précise le degré de dépendance ou d'indépendance, de subordination ou d'insubordination dans la lutte pour l'existence où nul n'a les coudées absolument franches. Et comme cette efficience sociale se heurte aux réactions défensives du milieu, elle signalera les obstacles, les épreuves et les entraves à l'action. Sauf cas d'espèce, toute planète en VI voit sont activité freinée, rendue irrégulière et difficile, et les Bénéfiques y sont assez fréquemment déceptifs.


    Venons-en maintenant aux Maisons complétives de la IV, et marquées comme elle au coin de la PASSIVITÉ du sujet.

    Opposée à la II, la VIII, nous l'avons dit plus haut, représente les « biens d'autrui » ou par autrui, ceux qui ne doivent rien aux efforts personnels du natif. Egalement, nous avons vu qu'elle représentait de la même façon les dommages, déprédations et atteintes au corps ou aux biens, le corps pouvant être considéré comme notre première et plus précieuse possession, constatation banale que traduit la notion juridique de 1'« HABEAS CORPUS ». Ainsi, une intervention chirurgicale aussi bien qu'un guet-apens ou une mort dans un incendie peuvent être signifiés éventuellement par la Maison VIII. Maison incidente des biens ou dommages par tiers. La VII, qui possède certaines significations apparemment approchées, s'en distingue essentiellement, aussi essentiellement qu'un duel diffère d'une rossée ou d'un assassinat. Et je suis assez enclin à admettre que le « pavé de l'ours » du bon La Fontaine eût dû figurer comme menace en VIII de l'Horoscope supposé du héros de sa fable. Incidence, somme toute !...

    Quant à la XII, dont on a fait une véritable boîte de Pandore, une sorte de Maison-Croquemitaine, le moins qu'on en puisse dire est sans doute qu'elle ne mérite ni cet excès d'honneurs ni cette indignité et qu'elle est une des plus mal connues, avec la VI, Un de ses aspects est sans doute la représentation des tentatives répressives ou éliminatrices du milieu vis-à-vis de l'individu, en tant que perturbateur possible ou inadapté probable. Là, certes, le natif subit passivement censures, prohibitions, et affiche ses carences. Mais il est bien excessif d'en faire la Maison de la Criminalité ou celle des Prisons. La passivité et la dispolarisation psychique qui semblent dans ses apanages en font parfois un succédané, mais sur un plan inférieur, de la IX. (On a remarqué depuis longtemps que la Lune en XII, par exemple, donnait assez souvent des facultés métagnomiques analogues à celles de ce même luminaire en IX).


En fait, mes observations personnelles sur nombre de thèmes (disons 1.5OO) m'amènent à des conclusions que je ne force personne à partager ; 1°) Les Bénéfiques en XII perdent leur pouvoir protecteur et « amortisseur »; ils m'y semblent fort mal placés. 2°) Les Maléfiques en XII, sauf cas d'espèce, perdent beaucoup de leur « mordant » comme aussi de leurs bons côtés (prudence pour Saturne, combativité pour Mars). 3°) Je me range entièrement à l'avis de Ptolémée, et préfère voir les Maféfiques en XII, que les voir au M.C. ou au Desc. 4°) Et la XII n'est pas seule en cause ici ; il n'y a pas, réellement, de Maison « maléfique » en tant que Maison, ni non plus de « bénéfique ».


    Un « gros paquet » en V, Maison réputée bénéfique, peut être infiniment catastrophique et ravager toute une existence. Un amas planétaire en VIII peut, selon le cas, être une source de fatalités ou amener une cascade de legs ou d'héritages. Et ainsi de suite. Ayant regroupé les six Maisons de la Destinée, il ne me reste plus qu'à reconstituer le tableau d'ensemble des douze Maisons, en les désignant, mieux que par des nombres ordinaux, par des qualificatifs assez larges pour se présenter - selon moi, bien entendu - leurs attributions. Si on leur trouve un tour quelque peu trop abstrait, je n'y contredis pas. Il reste à savoir si ce procédé - avec la latitude intellectuelle et la souplesse d'adaptation qu'il suppose - offre davantage d'inconvénients que celui qui consiste à définir rigidement la multitude des sens secondaires - Dieu sait s'ils foisonnent en III ! - en faisant appel davantage à la routine qu'à la réflexion !... Tout a son bon et son mauvais côté.

                            TABLEAU D'ENSEMBLE DES MAISONS

                           I         Subjective ou vitale.
                           IX       Inquisitive, intellective ou intuitive.
                           V        Affective et passionnelle.
                           VII      Objective, contractuelle, anoerétique.
                           III       Relative, cérébrale, littéraire.
                           XI       Elective, adjuvante, sympathique.
                           IV       Passive, dépendante, prédéterminante.
                           XII      Occultante, aliénative, répressive.
                           VIII      Incidente, dotale ou déprédative.
                           X        Active, manifeste, évolutive.
                           VI       Probatoire, défective, dépendante.
                            II       Possessive, économique ou vénale