"Du Menhir à la Croix " pp. 185 à 187


Les deux aspects du Grand Oeuvre


La connaissance analytique est aux antipodes de la connaissance réelle. La clef de cette dernière est la réalisation de l’Esprit Saint. Pour que cet Esprit fasse en nous sa demeure, il faut que nous renoncions à l’esprit impur, à fausse lumière du " spiritus mundi ".

Il est écrit dans la genèse que l’esprit obombrait les eaux primordiales, enveloppées par l’Abîme obscur.

Il faut reconstituer cette eau vierge (Demeure du Saint-Esprit, disent les litanies) en purifiant notre mental et en oubliant le fatras de connaissances indigestes dont nous avons souillé le miroir de notre imagination. Nous serons alors dans les ténèbres mentales, puisque nous ne puiserons plus dans cette sphère les éléments de la connaissance analytique, fruits vénéneux de l'arbre de science.

C’est dans cette nuit, dans cet état de nudité spirituelle de simplification intérieure, que l'esprit pourra descendre et informer, à nouveau, le chaos microcosmique.

Que nous disent les maîtres de l'alchimie ?

" Ramener une terre appropriée à son état chaotique primordial, pour obtenir la terre vierge des sages, aspect sensible de la substance universelle.

Cette terre vierge est le milieu, la matrice, la nourrice blanche. Animer ensuite cette terre vierge avec le concours de l'esprit universel, spécialisation du Ruach elohim de la Genèse. "

C'est ce même processus qui constitue le mode général de l'alchimie spirituelle et le mode particulier d'accession à la Connaissance véritable :

Ramener le mental à la simplicité de la substance première. Dans ce vide l'esprit descendra, afin de l'informer.

Ici, se cache un double écueil : D'abord l’homme doit choisir son Maître et ne servir que lui seul. Or, trop souvent, il se donne, mais avec réticence, il veut et ne veut pas, dit tantôt oui, tantôt non, le plus souvent, peut-être. C'est ici le lieu de rappeler la belle parole du Tao : Avoir peu de foi, c'est ne pas avoir la foi, et celle-ci, qui lui est semblable : Hors LA VOIE, tout est hors de voie. -

Ensuite, l'homme est le champ-clos où s’affrontent l'Esprit Saint et l'esprit impur. Il doit donc veiller sur ses désirs, car selon l'orientation et la qualité du désir, l'un ou l'autre de ces esprits fera en lui sa demeure ; en d'autres termes, dans cette terre vierge où toute graine pourra porter des fruits selon son espèce, germera un rameau de l'arbre de Vie ou un rameau de l'arbre de la science, conformément au mobile secret de l'homme.

On peut ici comprendre combien, sans l'aide du Ciel, le Grand Oeuvre spirituel peut être dangereux, et quelles séductions seront mises en œuvre pour qu’il nous apporte la mort au lieu de la vie.

Or, l'aide du Ciel vient à qui la demande sincèrement. D'où, la nécessité de la prière, dont le principe est un acte d'humilité.

Sans l'humilité un tel travail mène directement à la mort spirituelle, car tout sentiment d'orgueil est signe du Malin. Avec l'humilité, ce travaìl mène à la réception de l'Esprit-Saint, à l'illumination définitive, pourvu qu'on n'oublie pas le Commandement essentiel : L'Amour du Prochain.