Lettre-Preface


dans : Le Substrat mathémathique de l'oeuvre de Nostradamus de I. A. F. -1947


Mon Cher Ami,

En vous incitant à publier la partie la plus accessible de vos travaux sur l'oeuvre énigmatique de Michel Nostradamus, je savais combien il me serait difficile de triompher de votre modestie et de vos scrupules.
Mais j'estimais également que, malgré que vous vous en défendiez, le résultat de vos recherches, s'il ne fournissait pas la clé définitive et intégrale des Centuries, en apportait au moins les principaux éléments. En relisant ces pages substantielles, cette vue s'est ancrée davantage en moi et je suis heureux de vous en remercier, non seulement en mon nom, mais au nom de ceux qui, marqués par l'Etoile, n'auront pas, comme ce fut votre cas, à partir de zéro et connaîtront, par vos lignes, une orientation précise qu'ils chercheraient en vain dans les travaux des innombrables exégètes du Voyant de Salon.

Vous auriez pu - avec quelque sens commercial ou quelque mondaine vanité - donner à ces pages un titre plus prometteur. Mais, comme la Pierre des Sages, la Vérité a des dehors austères. Et c'est elle seule que vous voulez servir.
Je pourrais m'arrêter ici. Mais, au risque d'anticiper sur vos futurs développements, je crois devoir ajouter quelques mots, à l'intention du lecteur bien doué, sur le caractère d'une oeuvre sibylline entre toutes.
Cette oeuvre comporte, et de sorte très ostensible, un certain nombre de vers prophétiques, en majeure partie inélucidés. La restitution de l'ordre chronogique permettrait de les identifier quant au passé et de pressentir, plus ou moins, le sens de l'évotution future de ce cycle d'humanité. Cet ordre existe, puisque l'auteur l'affirme de plusieurs façons et que les résultats de vos investigations en font foi, ouvrant un chemin qui pourrait bien conduire quelque chercheur favorisé d'En-Haut jusqu'au sanctuaire, encore invisible.
Mais je crois être bien d'accord avec vous en affirmant que l'oeuvre du " Janus françois ", outre qu'elle est un recueil de prévisions sans équivalent, renferme, beaucoup moins à découvert, une étonnante synthèse des sciences antiques.
Et Nostradamus, dans ses deux lettres (à son fils César et à Henri Second) y fait suffisamment allusion.
Outre l'astrologie et la cosmologie, il y est question de bien des savoirs, quoique " sub rosa ".
Et je citerai, seulement, pour l'agrément de l'inquisiteur de science, ce passage caractéristique de la lettre à César :
" Parquoy afin qu'à l'advenir ne fussiez abuzé, perscrutant la parfaicte transformation tant seline que solitaire, & soubs terre metaux incorruptibles & aux ondes occultes, les ay en cendres convertis. "
Cette " parfaite transmutation, tant lunaire que solaire ", ainsi que le résumé technique qui suit - habilement mêlé à l'anecdote des livres sapientiaux " livrés à Vulcain " - ne faisse aucun doute sur une partie du contenu des Quatrains, dont l'intérêt non seulement " divinatoire " mais encore doctrinal appelle et justifie des travaux comme le vôtre.
Je me plais à penser qu'au terme de cette voie dont vous aurez eu l'ingrat honneur de dégager les abords, quelque prédestiné vous saluera un jour, d'une âme fraternelle et d'un coeur reconnaissant.

En amitié fidèle,

A. SAVORET. (Epiphanie 1947.)