Vous êtes actuellement sur le site : livres-mystiques.com © de Roland Soyer le 23/12/2008
VISAGE DU DRUIDISME
Chapitre XII
METROLOGIE DRUIDIQUE : LES ENSEMBLES MEGALITHIQUES
A plusieurs reprises depuis une bonne vingtaine d'années, j'ai exposé quelques vues sur la métrologie druidique. Je rappellerai ici mes conclusions antérieures, en les complétant.
L'unité de mesure de longueur druidique est le pied (* EDON), théoriquement de
Dans la pratique, il est vrai, le pied a subi des altérations locales, oscillant entre
Mais les druides, en dehors du pied, utilisaient une autre mesure « sacrée »,
Sans nous appesantir sur leur signification intellectuelle, notons utilement les nombres symboliques du druidisme : 3 et son carré ; 7 et ses multiples ; 12.
Examinons maintenant deux « tables métrologiques » : celle de Suèvres (L.-et-C.) et celle de Mané Rutual (Morb.).
La table de Suèvres est un bloc calcaire de
Passons maintenant à
Les autres dimensions mériteraient peut-être leur examen. Par exemple, on trouve le nombre -n = 3,142, ce qui est une jolie approximation en divisant les
En Gaule, leur appellation générique était Crarus. Des noms comme Litavi-crarus « Pierre de la déesse-Terre », appliqué spécialement à une certaine catégorie de menhirs, et le nom de « divinité » Mediocrarus (« menhir central », « pierre du Milieu », « ombilic ») à rapprocher de Medio-lanon, sont assez parlants. Un vocable s'appliquant particulièrement aux dolmens était, selon les dialectes, Moinos ou Mainos, ou encore Maina. Quant au nom du « cercle de pierres », mal à propos nommé cromlech, le plus usité était Cantos, mais son nom technique chez les druides était Colios. Par cantena, l'on désignait souvent une borne ronde, voire un menhir satellite ; par celicnon, un monument ou une enceinte circulaires (mais non spécialement un « cromlech »). Le gallois cylch « cercle » n'a pas en Gaule le sens de « cercle de pierres ». Le mot remonte à * CELICO-/* CELECO-, premier élément du nom propre Celeco-rîx : « roi ou chef de la circonscription, c'est-à-dire du territoire ».
Le menhir symbolisait au propre la « Pierre tombée du Ciel », au figuré, « le rayon lumineux », comme les obélisques ; au sens supérieur, il était le représentant de l'énergie mâle, du Principe masculin ou Principe Un.
Le dolmen (ou mieux, son couvercle, fréquemment taillé en silhouette de hache polie) représentait le ciel, dont les étoiles ou les constellations étaient représentées par une ou plusieurs cupules. Et ses trois piliers, « ce qui est sous le ciel », selon l'expression elliptique chinoise, en un sens, l'Humanité. C'était avant tout une chambre d'initiation et d'évocations. Que des cadavres y aient été inhumés, parfois bien des siècles après son érection, ne signifie pas que sa destination primitive ait été de servir de tombeau.
Par contre, à quelques exceptions près, la véritable « allée couverte » était un monument funéraire. Dans ce cas, elle était recouverte d'un tertre ou « galgal (* CARNI-) ou d'une butte de terre, en latin tumulus, mot qui avait son pendant en gaulois (* TUMBO-).
Joseph Loth (si mes souvenirs sont exacts) avait déjà proposé ce mot à propos de l'étymologie de Tombelaine. Mais il faut tenir compte des bouleversements apportés par les immigrations, les invasions et les batailles, sans parler de la cupidité des chercheurs de trésors, si bien qu'il est malaisé de s'y reconnaître aujourd'hui.
Quant au Cercle de Pierres, lorsqu'il était centré d'un menhir, il figurait, en un sens, le zodiaque.
Ayant parlé de l'emblème du Principe Un, je dirai, pour compléter, que le Principe Deux était symbolisé par les grandes cuvettes des mégalithes, à ne pas confondre avec les cupules. Elles n'étaient nullement destinées à recueillir le sang des victimes, mais, plus pacifiquement, leau du ciel, employée ritué-liquement, chargée d'un magnétisme particulier. Il s'en trouvait aussi sur rochers fixes dont la destination est claire également. Dans un n° de L'Homme Préhistorique (mai 1913), le préhistorien Ch. Matthis signale un tel rocher, dans un site mégalithique, au nord de Wachfelsen (Alsace), portant au centre, écrit-il, « une cuvette taillée de manière à recevoir l'humidité du ciel et du sol, pour la déverser par une rigole dans un bassin creusé en terre ».
L'eau étant attribuée au principe féminin, comme correspondance sensible des « eaux primordiales » ou de
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Je réserve les développements hermétiques ou autres, qu'appellerait ce qui précède, pour en venir à l'application de l'arithmologie druidique dans les ensembles mégalithiques. Vaste sujet, qu'un gros volume embrasserait à peine. Je me bornerai donc à quelques commentaires sur les alignements de Carnac et sur le Temple circulaire de Stonehenge. Pour Carnac, on pourra se reporter à la carte de la page suivante.
De prime abord, j'avertis le lecteur que ces alignements et leurs mégalithes satellites ont subi de rudes injures du temps, des éléments et des hommes. Une bonne moitié peut-être, surtout parmi ceux de dimensions modestes, a été renversée, détruite ou débitée depuis l'ère chrétienne. Ceci est fâcheux. Un autre point l'est bien davantage : le vaste plan de trigonométrie druidique est assez facile à dater à deux ou trois siècles près. La déviation d'un Grand Axe équinoxial Lopenhet Table des Marchands Double « cromlech » d'Erlanic, d'environ 22°, nous amène vers 3 500 avant J.-C. pour le début de cette entreprise gigantesque. Or, à cette époque, la terre ferme s'étendait notablement plus loin, au Sud et à l'Ouest, si bien que ce qui subsiste du sanctuaire carnacéen n'appartient qu'aux portions N., Centre et partiellement N.O. du système, lequel se développait à travers ce qui est aujourd'hui pour nous la baie de Quiberon. Je n'ai donc rétabli que l'indispensable, sachant que je n'échapperai quand même pas à des critiques dont je prends d'avance mon parti.
Les points sensibles encore debout sont Erlanic,
Quant aux alignements (j'omets ceux d'Erdeven, plus récents) ils formaient autrefois un immense temple à ciel ouvert ou, si l'on veut, une enfilade de temples, qui constitua lOmbilic de
Il est à conclure que c'est par le Grand Axe « A » que commencèrent les travaux.
Carte géo-arithmétique de Carnac (Voir en grand format)
ARITHMOLOGIE CARNACEENNE :
Je chiffre en milliers de pieds les intervalles repérables entre points sensibles et points satellites. On trouve partout les multiples de 3, depuis les
6. Le Moustoir-Ker Grim.
9. Erlanic-Kerpenhir.
18. Lopenhet-Le Moustoir ; Lopenhet-Les Sept Saints ; Lopenhet-Ker Vehini ; Lopenhet-Tumulus Saint-Michel ; Lopenhet-Le Menec.
21. Le Menec-Ker Vehini. 30. Table des Marchands-Lé Moustoir ; Table des Marchands-Tumulus Saint-Michel.
36. Tumulus Saint-Michel-Kerpenhir. 3
39. Le Moustoir-Plougoumelen.
42. Le Moustoir-Gavrinis.
45. Lopenhet-Table des Marchands.
60. Lopenhet-Erlanic.
On multiplierait ces exemples, et pas seulement à Carnac, sans entraîner l'assentiment de ceux dont le siège est fait !
J'ai précédemment parlé de l'érection du temple circulaire de Stonehenge, dans la plaine de Salisbury, qu'on peut situer quelque 1 800 ans avant notre ère d'après les mêmes repères stello-solaires qui permettent de dater d'assez près les mégalithes encore en place, comme l'a démontré mon ami, l'infatigable savant et chercheur que fut le Docteur Marcel Baudouin. Sa seule et légère erreur, à mon sens, fut d'étayer ses calculs sur le cycle précessionnel de Drayson, qui ne représente que quelques mouvements de balance excessifs du globe dans les siècles qui suivirent le déluge atlante et la stabilisation du système Terre-Lune. Dans l'ensemble des siècles, la valeur, tant symbolique que positive de la grande année de 25 920 ans reste entière.
Dans le plan primitif de Stonehenge, autour de la pierre centrale, dite Altar Stone, qui était alors posée sur deux autres plus petites, s'érigeait le grand symbole solaire : cinq grands trilithes, dont le plus élevé avait
Autour, s'érigeait le cercle des « Trente Piliers », de
Là encore, se vérifient les règles de l'arithmologie druidique.
La largeur de l'avenue est de
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Là, dix à douze siècles avant notre ère, les druides firent ériger une Colonne commémorative imposante, de près de
Les Celtes... tiennent leurs assemblées avec de la musique, demandant à cet art d'adoucir les curs. A l'extrémité de leur pays se trouve la colonne dite boréale, très haute, projetant sa pointe sur une mer houleuse. Les lieux voisins de cette colonne sont habités par les Vénètes.
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J'ai déjà fait allusion au magnétisme tellurique. Une de ses conséquences, c'est que l'on ne fonde pas une ville, et moins encore un sanctuaire, n'importe où. Les druides le savaient. La répartition des localités et surtout des hauts lieux sur le sol des Gaules était, en partie, l'uvre des lignes de forces attractives, autour desquelles se groupaient, disons : d'instinct -les êtres susceptibles d'en ressentir l'influence. Pour une moindre part, cette distribution était l'uvre des druides, qui déterminaient l'emplacement des sanctuaires, des lieux d'assemblées et des centres d'initiation et d'enseignement, en les situant sur le passage de ces lignes d'influence telluriques, autant que possible là où se formait un nodus énergétique important, dans la mesure, évidemment, où la géographie physique le leur permettait. Ce réseau tellurique n'est en partie déréglé que depuis un siècle environ, pour des motifs qu'on me permettra de ne pas rechercher pour l'instant.
Après la formation des îles britanniques, les sages de Celtide avaient mesuré
Les diverses « lignes de forces », avec leurs « nuds » centraux ou secondaires pouvaient être, certaines du moins, les « supports » d'influences plus hautes, les chemins ou canaux qu'elles pouvaient emprunter.
Il est au moins troublant de constater, presque équidistants, sur trois des lignes rayonnant de l'Ombilic, les noms de Domrémy, Reims et Rouen, celle de Rouen aboutissant d'autre part à Gergovie et au sanctuaire du Puy-de-Dôme, en effleurant Patay et Orléans, autant que la géographie physique le peut permettre.
Examinons quelques instants les lignes maîtresses sur lesquelles cités et sanctuaires du passé, du présent, de l'avenir se sont édifiés ou s'édifieront.
Tout d'abord, une zone d'influence majeure est inscrite entre les trois Médiolanon de Milan, de Saintes et du territoire des Menapii (entre Meuse et Rhin, non loin de Kampen). Je crois constater que ce dernier, celui de Milan et le sanctuaire de Stonehenge sont à la même distance approchante de l'Ombilic des Gaules, environ un million de coudées de
Centre magnéto-tellurique des Gaules (Voir en grand format)
Sur ma carte, j'ai signalé par une étoile quelque centres ou nuds, parmi lesquels se trouvent d'anciens Mediolanon : Château-Meillant, le Hohneck, Ars, le Huelgoat, et Etain (ancien sanctuaire d'une Etonna (« l'Ailée »), proche d'un Blismes (consacré jadis à Belisama).
Quoique imparfaite (je ne suis pas cartographe) cette carte est assez explicite. En y jetant les yeux, chacun pourra me suivre et juger à sa convenance.
Une des grandes lignes (de celles qu'on pourrait appeler « européennes » par leurs prolongements) part de Carnac, touche Château-Meillant, Ars, Etanna, se dirige vers Assise et se prolonge ensuite en direction d'Athènes, qui n'est nullement son terme ultime. Une autre, assez particulière, relie à Carnac Paris, Reims, Mayence et se poursuit via Berlin et Moscou. Je laisse au lecteur le plaisir de repérer celle qui va, en correctif, rejoindre Vienne, l'antique Vindobona, et de calculer quelques écarts angulaires, dont je veux éviter l'exégèse. J'ai quelque lieu de mentionner le triangle Strasbourg-Lyon-Paris, sur la droite reliant
On parle communément de la « Ceinture de feu » du globe, entendant par-là les fissures telluriques où les ingressus marins ou sous-marins provoquent les courts-circuits du feu électrique souterrain.
L'existence d'un autre réseau, plus subtil, dont je viens de tenter une ébauche localisée, serait-elle le fruit de mon imagination maladive ou désordonnée ? La réponse est libre !...
Il serait fastidieux de poursuivre. Toutefois, à l'intention des quelques-uns qui pourraient m'accorder un relatif crédit, je clos mon énumération sur une remarque nécessaire : l'importance extérieure de certains « relais » secondaires et le rôle actuellement « effacé » joué par quelques « centres » signalés comme essentiels, ne doivent pas abuser ceux qui aiment à aller au fond des choses. Actualisation et virtualisation alternent selon des rythmes qui donnent successivement à chaque « nud » ou « plexus » sa nuit et son jour, sa phase d'éveil et son temps de repos, selon que les cycles particuliers se développent dans le cadre de cycles plus étendus ou plus généraux, englobés à leur tour dans celui dont tous relèvent.
*
* *
Je ne puis songer à examiner ici les nombreux symboles gravés sur mégalithes. Ce serait transformer ce chapitre en un volume épais. Toutefois, je ferai une exception pour les représentations stello-solaires « au naturel », si je puis dire. On les rencontre sur les dolmens vrais, sur quelques allées couvertes et, moins fréquemment sur les menhirs. Il en existe également sur des blocs d'affleurement et des polissoirs. Le Dr Marcel Baudoin a décrit des douzaines de ces représentations, dont on trouve aussi des exemples dans les îles britanniques. Ce sont généralement des constellations circumpolaires ; elles peuvent comporter des canaux intercupulaires ou des rainures (comme sur le bloc de Dingé, dans le M.-et-L.), qui sont des lignes de visée. Certaines sont notablement complexes, telle
En maints endroits, les pierres ainsi gravées sont porteuses de « pas » ou empreintes pédiformes (Pied de
Quoi qu'il en soit du cheval mythique, la représentation de constellations par des cupules me semble établie par nombre d'exemples, dont un des plus probants est sans doute le « Pied de
Je me bornerai à une seule représentation de cet ordre. Elle figure sur la table zénithale du mégalithe de Gatine (île d'Yeu). Malgré ses deux cassures, il est aisé de reconstituer la portion du ciel figurée par les cupules. En outre, la roche porte des empreintes pédiformes. Les deux empreintes de pieds sont en sens inverse l'une de l'autre ; la plus petite indique la direction de la polaire de l'époque : Alpha du Dragon, autrement dit Thuban. La plus grande, pointant vers le S.-E., est orientée soleil levant-solstice d'hiver, avec la déviation néolithique attendue. La polaire repérée, il est facile de reconnaître la constellation du Dragon et, de là, d'identifier le Cygne et sa belle étoile-repère, Deneb ; Dubhê (alpha de
J'ai dit ma pensée sur le nom baroque de « cromlech » dont on a affublé les cercles de pierres levées. Après les constatations qui précèdent, le moment n'est peut-être pas inopportun pour lui restituer sa véritable signification. Crom-lech ne signifie rien d'autre que lech (pierre) de Crom. Or Crom (« le courbe, le cintré ») était un nom métaphorique pour la « voûte céleste », le dôme étoile. C'est donc le ciel divinisé qu'il faut entendre par cette appellation :
La « Pierre du Crom » (Cromlech ou Crom cruaidh), c'est tout mégalithe (ou tout microlithe) portant l'image de Crom, de la coupole étoilée, sous les espèces conventionnelles des « cupules »
[2]
. J'ai déjà rappelé que la dalle couvrant le dolmen était figurative du ciel. Avec ou sans cupules, l'analogie n'a rien de forcé. Ne nommons-nous pas « ciel de lit » un ornement qui n'est à peu près jamais étoile ? Et n'est-il pas connu que le signe égyptien pour représenter le ciel (pe-) est, précisément, un « plafond » ?
Les idées qui ont cours aujourd'hui, touchant la « mentalité primitive », étayées sur le comportement actuel de clans arriérés ou de races abâtardies, ferment bien des portes à ceux qui les professent.
Devant des ensembles aussi vastes et raisonnes que le sont ceux de Carnac et de Stonehenge, que pèsent ces constructions cérébrales ?
Ce qui est ici « primitif », au sens péjoratif dont on a surchargé ce terme, c'est la technique, non la « mentalité ». Et encore ! Car cette technique comportait des méthodes, des secrets, des réalisations dont les techniques dont nous sommes si fiers aujourd'hui ne possèdent plus la clé. Ces monuments d'un lointain passé, qu'on peut, je crois, qualifier de grandioses sans forcer la note, et qui témoignent d'un ensemble de connaissances surprenant, ont demandé autre chose, pour prendre corps, que des peuplades sans lois, des cervelles obtuses et des sacerdotes insipients. Et l'on serait bien en peine de trouver chez les « primitifs » ou supposés tels, chers aux ethnologues, un témoignage authentique qui puisse soutenir la comparaison avec ceux dont je viens d'étudier quelques aspects.
[1]
[2] La fameuse « idole » de l'ancienne Irlande, Cromm cruach, avec ses douze menhirs satellites, de type zodiacal, est, je le répète, le ciel divinisé. Les sacrifices sanglants en son honneur dénotent seulement le schisme dont j'ai assez parlé, sans modifier son caractère fondamental. Mais ce cercle de menhirs satellites est sans doute pour beaucoup dans la signification abusive accordée au mot cromlech.