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VISAGE DU DRUIDISME
Chapitre VI
AMBIORIX ET VERCINGETORIX LES DRUIDES ET ROME
Nous voici parvenus à des temps encore « proto-historiques » et pour une part « légendaires », dans le domaine dit « celtique », mais déjà historiques ailleurs, parfois de longue date.
Entre les XIVe et XIIIe siècles, deux cents ans avant la guerre de Troie, parut ORPHEE, pour le désigner par son nom d'initiation druidique nom qui était en même temps un programme et une affirmation d'orthodoxie, puisqu'il signifiait « LE BELIER », comme continuateur spirituel de l'uvre de RAMA. Le nom pris par Orphée, provint d'un thème ER-Bho (avec suffixe Bho , assez fréquent dans les noms d'animaux) qu'on retrouve dans l'irl. Earb, heirpp, signifiant ici « bouc », comme le grec eriphos, dans l'armén. Oroj « agneau », le lat. aries (avec une autre suffixation). Je dirai que les Celtes de Gaule usaient de préférence d'un autre mot VIRDOS (plus tard : ORDOS) pour désigner le bélier.
Orphée, Celte danubien, et non Thrace d'origine avait reçu l'initiation druidique et, à ce titre car les druides voyageaient beaucoup avait été conférer avec les prêtres d'Osiris. D'où la rumeur de son initiation en Egypte. De retour auprès de ses maîtres, ceux-ci lui proposèrent sa mission. L'ayant acceptée, il se rendit en Thrace pour l'accomplir.
Les Thraces, schismatiques, avaient amalgamé à l'ancien fonds mythique indo-européen et aux rites inversifs et sanglants des druidesses le culte orgiaque d'une divinité atlanto-égéenne, liée exotériquement à la culture de la vigne et au vin (dont le nom est plus que probablement égéen). Cette divinité, androgyne chez les Atlantes, était nommée par ces derniers Bakkhos « Qui initie ». On l'appelait ailleurs Zagreus, vieux mot libyque
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signifiant « le rouge ». Les Thraces l'invoquaient plus particulièrement sous le nom de Sabazios, le même que le Dionysos des Grecs.
Orphée se consacra à réadapter et à purifier ce qui devait devenir pour une large part la « Mythologie grecque », et à instituer le collège initiatique d'où devaient sortir les mystères orphiques dont Eleusis deviendrait le centre d'attraction. En même temps, il posait, sur le plan social et politique, le principe des Amphictyonies, sur le modèle du régime fédératif instauré par Rama.
Mais le temps n'était plus où l'on pouvait réformer sans précautions ni sans tenir compte des ravages faits par le schisme. Orphée, donc, conserva extérieurement une partie des mythes et des symboles du milieu choisi pour son uvre, proscrivant seulement la goétie et les rites sanguinaires. Les Bacchantes ne s'y trompèrent pas un instant et lui vouèrent une haine féroce. Si son épouse Eurydikè « large justice » est purement symbolique, son assassinat par les « Filles de la Mère »
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ne fut que trop réel. Mais son uvre lui survécut, exposant, sous une forme incomprise, sauf des plus hauts adeptes, tout ce que l'Egypte et le druidisme enseignaient d'essentiel sur les principes en action dans le cosmos et sur les destinées de l'âme.
Nous sommes au troisième âge du bronze : la guerre de Troie, conflit avant tout racial, lourd de suites politiques futures et sur lequel les anciens ont jeté plus d'un voile allégorique vient de prendre fin. Les Celtes ombriens, descendus en Italie sous la pression scythique, se renforcent de nouveaux contingents, tandis que se préparent un peu partout d'importants mouvements de peuples et d'idées.
C'est d'abord, après l'éphémère éclat du règne de Salomon, le Schisme des Dix Tribus, la première Diaspora. Elle conduit jusque dans les Iles Britanniques une importante fraction de ces Sémites. Au sud-ouest du pays de Galles, ils se nommeront, je l'ai dit, Silures. En Irlande, les annales les évoquent sous les espèces des Tuatha De Danann « Tribus de
Entendons ici non pas quelque rapport avec le nom celtique du Danube, mais la grande déesse des Phéniciens,
En même temps que l'exode sémitique dont il vient d'être question, se produit une brusque poussée touranienne. C'est, en style archéologique, le peuple dit « à tombes plates », à « incinération », ou « à champs d'urnes ». Il traverse l'Europe du sud-est à l'ouest et fait un crochet à travers
Et c'est, entre 1000 et 900, le premier ZOROASTRE, autre initié orthodoxe, pur Iranien quoique né en Médie. Les Mèdes étaient des Touraniens, parlant une langue non indo-européenne, mais devenus peu à peu bilingues par nécessité. Dire que Zoroastre ou Zarathustra était « de
Mon cadre ne me permet pas de m'attarder sur l'uvre du réformateur de l'Iran, assez connue dans ses grandes lignes. Jetons plutôt un regard sur l'Europe où vient de s'ouvrir le premier âge du fer ( 900 environ). Un siècle plus tard, nombre de tribus germaniques, bousculées par les Scythes et les Touraniens, se déplacent, talonnant parfois à leur tour les Celtes du Danube et de la célèbre Forêt Ercynienne (ER-kunia : « le refuge des aigles »). L'une d'entre elles, celle des Haidui (H initial étymologique) pousse jusqu'en Gaule, probablement à la suite d'une altercation ayant tourné à son désavantage avec les tribus surs. Elle y demande l'hospitalité aux vieilles nations celtiques prégauloises qui l'occupaient : Aulerques, Senons, Bituriges, Arvernes, Lingons, Volques, Parisiens, etc. ! Accueillis sans enthousiasme et un habitat fixe leur ayant été assigné, ces Germains se celtisent superficiellement, toujours prêts à intriguer et à faire jouer tantôt leur astuce, tantôt leur cavalerie. Eux, n'ont pas de « druides » (l'imitation du mot n'étant pas l'adoption de la chose) ; ils ont pour régler leur vie commune un chef mi-temporel mi-religieux, dont César nous fera connaître plus tard le titre : Vergo-bretos, qu'on se retient de traduire par « Dictateur ».
Ils sont, bien entendu, schismatiques, comme une partie de leurs nouveaux voisins les Gaules n'étant orthodoxes qu'en relative majorité, et causent de justes soucis aux vrais druides, qui ne les auraient pas laissés s'implanter s'ils avaient été seuls maîtres du jeu.
Vers la même époque, étaient fondées les deux cités rivales, Carthage d'abord, puis Rome. Bientôt, devenues toutes deux championnes d'une civilisation mercantile et matérialiste, elles ne pourraient que détruire ou ruiner autour d'elles et, finalement, se livrer un duel à mort... Drame d'hier, qui pourrait peut-être se rejouer demain avec d'autres acteurs !
Tandis que se poursuivait dans le nord-est la longue empoignade des Germano-scandinaves et des Scythes (que l'Edda retrace et simplifie quand elle décrit des luttes, puis l'alliance des Ases et des Vanes), Celtes et Etrusques se partageaient l'Italie du nord.
Ces derniers (vers 750) venaient de fonder une cité, RUMA «
C'est ainsi que Rome finit par passer sous la domination d'une communauté étatique de brigands chicaniers à faux nez de juristes, et qu'elle s'agrandit par la force et par la ruse aux dépens de provinces mi-gauloises, mi-tyrrhéniennes, pour devenir le cancer de l'Occident
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Le manque de sens politique et la jalousie mutuelle des clans celtiques allaient faciliter cette besogne : l'insubordination des chefs temporels à l'autorité spirituelle des druides appelait là ; comme plus tard en Gaule, sa rude mais juste punition.
Quittons maintenant l'Italie. A l'aube du V siècle, voici lOdin légendaire et ses Ases (à ne pas confondre avec un autre Odin, postérieur de peu à notre ère et que, pour cette raison, malgré la pénurie de documents le concernant, je nommerai l'Odin « historique »).
Il donne aux Germains nomades, relativement unifiés par le péril scythique et par certaines caractéristiques dialectales (car nous sommes à l'époque de la première « mutation consonantique ») une unité religieuse. Ce qu'on a appelé « l'Islam germanique » était né !
Germains et Scandinaves adoptèrent le nouveau schisme, greffé d'ailleurs sur celui d'Irshou. Sous la pression accrue des hordes touraniennes et scythiques (en langage moderne : slavo-mongoles), le « Drang nach Westen » des tribus germaniques s'accentua. Les Celtes éparpillés de
Ce que les druides avaient voulu faire exécuter dans l'ordre et en temps utile s'accomplissait trop tard, dans le désordre, la dispersion, et l'épée dans les reins.
En premier lieu, s'ébranlèrent les Gaulois proprement dits, Celtes danubiens, rattachés en majorité à l'orthodoxie, mêlés aux Belges, tribus germaniques à l'origine mais déjà assez profondément celtisées, schismatiques pour la plupart. Ainsi passèrent le Rhin pour s'établir en Gaule : Meldi, Mediomatrici, Boii, Redones, Atrébates, et d'autres, suivis ou accompagnés de Belges : Bellovaques, Bodiocasses, etc. ainsi que de quelques fractions germaniques assez vaguement celtisées : Raurici, Nervii, Mena-pii.
Aux confins des Aulerci Brannovices et des Nantuates celtiques s'installèrent d'autres Germains ou semi-germains (Allobroges, Helvetiî). Mais le mouvement ne s'arrêta pas là. Je passe sous silence l'installation de Gaulois en Espagne, sans intérêt pour l'histoire du druidisme, pour m'arrêter un instant à leur irruption en Grande-Bretagne. Là comme en Gaule, ils trouvèrent des tribus de vieille souche (Dumnoni, Parisii, Demetae, et autres). Les leurs (Atrébates, Belgae, Cantii, Catuvellauni, Brigantes) s'y ajoutèrent et s'entendirent rapidement assez bien avec la plupart d'entre elles pour qu'une cinquantaine d'années plus tard (vers 400) une fraction des unes et des autres, agissant de concert, prenne pied en Irlande et s'y installe, non cette fois sans combats. Les annales irlandaises permettent de ne pas se tromper quant à l'identité des envahisseurs ; elles signalent les Fir Bolg c'est-à-dire les Belgae ; les Fir Domman ou Dumnoi et les Gailéôin où l'on reconnaît les « Gaulois ». C'est à peu de choses près le temps où d'autres Gaulois rançonnaient Rome. Il s'écoulerait peu de siècles avant que
Nous sommes dans le second âge du fer (
Lorsque les Gaulois proprement dits se replièrent sur
Je glisserai rapidement sur des événements trop connus : Invasion des Cimbres celtiques et des Teutons germaniques ; recours de Massilia à Rome contre les Ligures, qui devait aboutir à la création de
Laissons-la pour l'instant ces querelles topographiques et topo-nymiques pour revenir à notre sujet.
Le suprême conseil n'avait pas attendu l'intervention de César contre Arioviste, loup contre loup, pour mesurer la portée du double péril romain et germanique qui menaçait une Gaule déchirée par les factions. J'ai déjà dit qu'il n'avait pas les mains libres.
Par les Héduens, la menace de trahison planait sur le pays. Les Belges, Germains d'origine, mais fidèles à leur nouvelle patrie, ne relevaient pas de sa juridiction spirituelle, parce que schismatiques. Pour cette dernière raison, des tribus d'ancienne souche, les Rèmes, entre autres, échappaient à son influence, sinon à ses exhortations. Même parmi les peuples qui reconnaissaient théoriquement son autorité, tels les Arvernes, indiscipline et compétitions s'opposaient à son plan de salut. On le vit bien, lorsque Celtillos, élève estimé des druides et chef temporel des Arvernes, faillit, avec l'appui de ses maîtres, devenir le fédérateur des Gaules enfin pacifiées et fortes. L'ambition jalouse de son frère et de ses rivaux réduisit tout à néant et l'envoya au dernier supplice.
Mais les druides ne se décourageaient pas. Et, sous leur inspiration, s'élabora un programme libérateur qui, s'il avait été exécuté en temps voulu, aurait rendu à
Les druides avaient formé avec soin deux guerriers d'une trempe et d'une ouverture d'esprit exceptionnelles : Ambiorix « roi de la moitié des Eburones » (parce que venu d'Armorique avec ses gens, peu d'années auparavant) et Vercingétorix (autre nom d'initiation !), le propre fils, et vengeur présumé, de Celtillos. Mais il importait que leur double action militaire fût concertée et éclatât simultanément. La menace romaine écartée, Ambiorix, (au nom-programme, je n'y puis rien !) groupant Gaulois et Belges, monterait la « Garde au Rhin », face aux Germains, tandis que Vercingétorix réorganiserait le pays avec l'aide du grand conseil.
La présomptueuse impatience des Eburones força Ambiorix (qui n'était strictement obéi que par sa fraction d'immigrés) à engager le combat deux ans trop tôt : c'était beaucoup demander aux Gaulois, que deux ans de patience !
La partie était pratiquement jouée et perdue. On sauva l'honneur, dans le désespoir !
Ambiorix échappa finalement aux recherches et aux espions de César, et l'on n'entendit plus parler de lui, du moins en Occident.
On sait le sort de Vercingétorix : la valeur militaire et la grandeur d'âme de celui en qui s'incarna la patrie gauloise et qui avait, je tiens à le souligner, renvoyé à César l'anneau apporté par Divitiacus-le-Traître, ne purent racheter, dans l'immédiat, l'indiscipline des uns et la jalousie des autres. « Si César a trop justement écrit Henri Hubert réussit avec une soixantaine de mille hommes à mener à bien cette difficile conquête d'un grand pays, riche en hommes, avec un passé glorieux, c'est qu'il eut toujours en Gaule des alliés, des amis, des espions, qui furent aussi des traîtres, comme l'héduen Dumnorix. »
« Pas une seule fois souligne Camille Jullian Vercingétorix ne parla ou ne combattit au nom des Arvernes, mais toujours au nom de
Réversibilité des mérites !... Qui dira les répercussions de cette foi, couronnée par le sacrifice (dont ses maîtres lui avaient enseigné le pouvoir caché) sur les destinées d'une patrie ?
Sur le plan de la spiritualité druidique vraie, Rome n'avait RIEN à offrir à
« L'école, qui est le séminaire des patries, était passée dans la domesticité des vainqueurs... Les Arvernes, qui avaient dans leurs annales les plus grands rois et les plus fiers patriotes de
Je n'ajouterai que quelques mots : dans ce monde romain, à la fois superstitieusement formaliste et grossièrement hédoniste et sceptique, où étaient tolérés les cultes les plus disparates, deux aspects de la religion et de la spiritualité (les deux plus hauts qu'ait jamais connus l'Occident) firent seuls exception et assumèrent le redoutable honneur de connaître des martyrs : le druidisme agonisant et le christianisme naissant !
[1]
Je rappelle que les Libyens avaient été en contact suivi avec les Atlantes, et leur avaient fait des emprunts aussi bien linguistiques que mythiques.
[2] Tel est l'un des sens du mot Ama-zone qui, au temps d'Orphée, se prononçait encore probablement Ama-Gone. Le passage de -g- à -z- est, si l'on veut, un « scythisme ».
[3]
Ces bandes sans passé commun se créèrent des lettres de noblesse en s'appropriant
[4] Jullian s'avance beaucoup !... Son excuse, si j'ose dire, est d'être décédé en 1930 et de n'avoir assisté ni à la «drôle de guerre», ni à ce qui s'ensuivit, jusques et y compris l'avènement de la vertueuse « petite Quatrième», puis de laprestigieuse «petite Cinquième» !