Vous êtes actuellement sur le site : livres-mystiques.com © de Roland Soyer le 23/12/2008
LE DRUIDISME
A ANIANTA , en qui s'harmonisaient
la Sagesse druidique et la certitude chrétienne,
je dédie filialement cette adaptation
fragmentaire de l'Enseignement véridique.
CONSIDERATIONS LIMINAIRES
Ce n'est pas sans avoir longuement hésité que l'auteur s'est décidé à rédiger les pages qui suivent. Il n'ignore nullement à quelles critiques il s'exposera, soit qu'elles émanent de spécialistes qui font autorité en matière de celtisme, de préhistoire et d'histoire des religions (si toutefois ils lui font l'honneur de le lire), soit qu'elles lui viennent de partisans ou artisans d'un « néo-druidisme », qu'il estime anachronique et pauvre de contenu interne comme le pourrait être un « néo-mithraïsme ».
Les opinions scientifiques sur les Celtes et sur leurs druides ont passablement varié depuis un bon siècle, et elles diffèrent grandement, d'un savant à l'autre, sur nombre de points essentiels.
C'est ainsi que l'une des lumières du celtisme estime « qu'il n'y a aucune base morale à la religion des Celtes ».
Cependant, Camille Jullian n'affirmait-il pas que l'Assemblée des Druides de Gaule, « au-dessus des cinq cents rois de tribus, représente l'autorité universelle, la force morale, une et sainte, supérieure à la force matérielle, démembrée à l'infini ».
L'on pourrait multiplier de telles contradictions. Elles sont indépendantes de la valeur intellectuelle de leurs champions et de la probité de leurs recherches. Mais elles mettent en évidence un fait dont témoignent leurs divergences. Ce fait, c'est que, si l'on pouvait accéder à la vérité par cette voie, elle serait déjà atteinte !
N'est-ce pas le même savant, premier cité, qui écrit, dans l'ouvrage où il dénie toute base morale à la religion des Celtes, ces phrases désenchantées, qui pourraient servir de correctif à son opinion
[1]
: « A mesure qu'on avance dans l'étude de la religion des Celtes, on a l'impression de poursuivre un objet qui recule sans cesse et se dérobe à toute prise. Ou s'il arrive qu'on réussisse à en saisir quelque chose, on n'a entre les mains qu'une enveloppe vide dont le contenu a fui sans recours. Il faudrait pouvoir retrouver les sentiments des idées, les croyances qui se cachent derrière les apparences que l'on entrevoit. Mais il n'est guère facile de les découvrir avec preuves à l'appui, et on n'a pas le droit de les deviner. »
Ce sont là le langage et les scrupules légitimes du savant, qui sait ce qu'on doit ou peut entendre par « science », au sens où on l'entend de nos jours.
Sans se faire le jouet de hasardeuses révélations spirites ou autres, il est (disons « peut-être ») possible de débroussailler un autre chemin vers le lointain passé de nos ancêtres et la pensée profonde de leurs instituteurs religieux. Sur ce chemin que le savant s'interdit par définition, je pourrais répondre comme Sainte Thérèse : « mon secret est mon secret ». J'ajouterai pourtant ceci : Que le druidisme ait disparu sans laisser de traces et que son enseignement interne n'ait point fait l'objet d'une transmission discrète, ce n'est qu'une opinion. L'opinion contraire est tout aussi recevable !
De ces quelques aspects du druidisme, esquissés à grands traits, l'auteur ne revendique en propre que les erreurs de perspective, les lacunes et les omissions, soit involontaires, soit délibérées. Il ose affirmer que la tradition druidique s'est toujours maintenue à l'écart des polémiques, des engouements et des curiosités, aussi étrangère aux excès des celtomanes romantiques d'hier qu'au cérébralisme desséchant qui triomphe aujourd'hui. Son contenu le plus central, intraduisible autrement qu'en symboles, ce qui ne signifie pas incommunicable, l'exigeait, comme l'exigeait la volonté arrêtée de ses peu nombreux porteurs, de ne pas opposer religion à religion : religion morte en son aspect cultuel, sinon en sa dispensation initiatique !
C'est donc la moindre part de cette transmission qui formera le fond des adaptations ici avancées, comme des indispensables développements personnels, qu'on a réduits au minimum.
Ces adaptations à la mentalité occidentale contemporaine dont il fallait bien tenir compte de vues exprimant une mentalité autre, et souvent antinomique, ont constitué une entreprise périlleuse par les pièges, les méprises, les risques de déviation qui se présentaient à chaque pas.
Informer sans trop déformer, traduire sans trop trahir, dire l'utile et éluder le dangereux, tel fut le souci permanent de l'auteur. Qu'il y soit parvenu à tout coup, c'est ce dont il n'est nullement persuadé.
Si, cependant, de mieux doués pouvaient, la providence aidant, trouver ici la trace du mince fil d'Ariane de ce labyrinthe (où lui-même s'est longtemps égaré), il y trouvera la suffisante justification de son travail.
Il sera toujours loisible à d'autres, plus nombreux, de ne voir en tout ce qui suit qu'une Saga, une « Celtiade », plus ou moins heureusement écrite.