L'Évangile de la paix de Jésus-Christ
 
(05)

 
  Et beaucoup d'impurs et de malades suivirent les conseils de Jésus et se rendirent sur le bord de la rivière aux flots mouvants. Ils se déchaussèrent et se dévêtirent ; ils jeûnèrent, abandonnant leurs corps aux anges de l'air, de l'eau et des  rayons du soleil. Alors les anges de la Mère, là  Terre, les embrassèrent, prenant possession de  leurs corps tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Et  chacun d'eux vit ses maux, tous ses péchés et toutes ses impuretés le quitter en toute hâte. Et l'haleine de quelques-uns devint aussi nauséabonde que les matières qui s'échappent des intestins; d'autres eurent un flux de salive abondant et ils vomirent de leur intérieur des détritus nauséeux et impurs. Toutes ces impuretés s'écoulaient de leur bouche, chez quelques-uns l'écoulement avait lieu par le nez, chez d'autres par les yeux et les oreilles. Et beaucoup répandaient une sueur infecte et abominable qui filtrait par tous les pores de leur peau. Et sur plus d'un membre se formèrent d'énormes abcès cuisants, donnant passage à un pus malodorant ; et, du corps de certains malades, s'écoulait une urine abondante tandis que, chez beaucoup d'autres, l'urine était épaissie, aussi dense que du miel d'abeilles, chez d'autres encore, elle était presque rouge ou noire ou de la consistance assez semblable à la boue des rivières. Et la plupart expulsaient de leurs intestins des vents putrides, semblables aux souffles des démons. Et la puanteur qu'ils dégageaient devint telle qu'aucun d'eux ne pouvait la supporter.

    Et lorsqu'ils se baptisèrent eux-mêmes, l'ange de l'eau entra dans leur corps; il s'en écoula alors toutes les abominations et toutes les impuretés de leurs péchés passés; et, de même une cascade qui descend de la montagne, ainsi de leurs corps s'écoulaient, dures ou molles, d'abondantes abominations. Or le sol où ces flux s'étaient répandus fut souillé, et si grande fut la puanteur que personne ne put rester en cet endroit. Et les démons quittèrent leurs entrailles sous la forme d'innombrables vers qui grouillaient dans le limon pollué par toutes ces excrétions intérieures. Et ils se tordaient de rage impuissante, furieux d'avoir été ainsi expulsés des entrailles des Fils des Hommes par l'ange de l'eau. Et alors, sur ces vers, s'appliqua le pouvoir de l'ange du soleil ; ils périrent  là en des contorsions désespérées, à terre, écrasés  sous les pieds de l'ange du soleil. Et tous les assistants tremblaient de terreur lorsqu'ils virent toutes ces abominations de Satan dont les anges les avaient délivrés. Alors, ils rendirent grâce à Dieu  qui leur avait envoyé ses anges pour leur salut.

    Et il y en avait quelques-uns qui étaient tourmentés par des maux terribles dont ils ne pouvaient se débarrasser; et ne sachant que faire, ils décidèrent d'envoyer un messager vers Jésus, car  ils désiraient ardemment l'avoir au milieu d'eux.

    Et lorsque deux d'entre eux s'en furent allés pour le quérir, ils virent Jésus qui s'approchait sur la berge de la rivière. Et alors, leurs cœurs furent remplis d'espérance et de joie lorsqu'ils entendirent Sa salutation;

« La Paix soit avec vous ! »

    Et nombreuses étaient les questions qu'ils désiraient Lui poser, mais à leur grand étonnement, ils ne purent commencer la discussion, car aucune idée ne venait à leur esprit. Alors Jésus leur dit : « Je suis venu parce que vous aviez besoin de  moi. » Et l'un d'eux s'écria : « Maître, nous avons un urgent besoin que Tu viennes pour nous libérer  de nos maux. »

    Alors Jésus leur parla en paraboles : «Vous êtes semblables au fils prodigue qui, pendant de nombreuses années, s'adonna aux festins et à la boisson et qui, avec des amis, passa toutes ses journées dans la débauche et le libertinage. Et, chaque semaine, sans que son père en eût connaissance, il contractait de nouvelles dettes, gaspillant le tout en quelques jours. Les usuriers cependant lui avançaient toujours de nouvelles sommes, parce que son père possédait de grandes richesses et payait chaque fois les dettes de son fils. Et c'est en vain que le père par de doux reproches, avait essayé de reprendre son fils ; celui-ci ne tint jamais compte des remontrances de son père qui le supplia en vain de bien vouloir renoncer à ses débauches toujours nouvelles et d'aller dans les champs pour surveiller le travail des serviteurs. Chaque fois le fils promettait tout ce qu'on lui demandait dans 1'espoir que ses anciennes dettes fussent soldée; mais le jour suivant, il recommençait de plus belle. Et, pendant plus de sept années, le fils continua sa vie déréglée. A la fin,cependant,le père perdit patience et refusa de payer aux usuriers les dettes de son fils. « Si je continue à payer chaque fois, se dit-il, il n'y aura point de fin aux péchés de mon fils. » Alors les usuriers furent grandement déçus, ils se saisirent du fils pour en faire leur esclave, afin que, par son travail journalier,il puisse leur rembourser tout l'argent qu'ils lui avaient avancé. Dès lors, festins, beuveries et excès eurent une fin.

    »Depuis le matin jusqu'au soir, à la sueur de son front, le fils devait arroser les champs et, à la suite de ce travail, dont il n'avait nullement l'habitude, tous ses membres lui faisaient mal. Et il dut vivre de pain sec, n'ayant pour l'amollir que ses larmes. Et après avoir terriblement souffert de la chaleur et de la fatigue durant trois jours, il dit à son maître : « Je ne puis plus travailler, car tous mes membres sont douloureux. Combien de temps comptez-vous me tourmenter ? — Jusqu'au jour où, par le travail de vos mains, vous m'aurez remboursé toutes vos dettes, et lorsque sept ans se seront écoulés, vous serez libre. » Et le fils, désespéré, répondit en pleurant : «Mais je ne pourrai jamais supporter cette vie plus de sept jours. Ayez pitié de moi, car tous mes membres me brûlent et me font mal ! » Et le méchant usurier l'apostropha : « Avance à l'ouvrage ; si pendant sept armées tu as pu dissiper tes jours et tes nuits en débauches, maintenant tu dois travailler durant sept ans. Je ne te pardonnerai rien tant que tu ne m'auras pas remboursé toutes tes dettes jusqu'à la dernière drachme. » Et le fils, avec ses membres brisés par la douleur, s'en retourna désespéré aux champs pour continuer son travail. Lorsque vint le septième jour, jour du sabbat, durant lequel personne ne travaille dans les champs, à peine pouvait-il se tenir sur ses  pieds, telles étaient ses douleurs et sa faiblesse.

    »Alors le fils rassembla ce qui lui restait de  force et se rendit en chancelant à la demeure de son père. Et, se jetant aux pieds de son père, il lui  dit : « Père, pour cette fois, crois-moi et pardonne toutes mes offenses contre toi. Je te fais serment que jamais plus je ne vivrai dans la débauche et que je serai un fils obéissant en toutes choses. Délivre-moi des griffes de mon oppresseur. Père regarde et vois mes membres douloureux et n'endurcis point ton cœur. » Alors les larmes vinrent  aux yeux du père, et il prit son fils dans ses bras et dit : « Soyons dans l'allégresse, car aujourd'hui une grande joie nous est donnée, mon fils  bien-aimé, que j'avais perdu, est enfin retrouvé. » Et il le vêtit des plus beaux vêtements et, tout le long du jour, ils furent dans la joie. Et dès le matin du jour suivant, le père donna à son fils un sac d'argent pour qu'il puisse s'acquitter de toutes ses dettes contractées envers ses créanciers. Et lorsque le fils revint à la maison, le père lui  dit : « Mon fils, vois combien il est facile par une vie de débauche de contracter des dettes pour sept  années, mais leur payement est difficile et ne se solde que par sept ans de dur labeur.  - Père, il est déjà très dur de devoir les solder par un travail de sept jours seulement. » Alors son père lui fit cet avertissement, disant : « C'est pour cette fois uniquement qu'il t'a été permis de payer tes dettes en sept jours en lieu et place de sept années, le reste t'a été remis. Mais prends bien garde à  l'avenir de ne pas contracter de nouvelles dettes. Car je te le dis en vérité, ton père ne te pardonnera pas encore une fois tes dettes parce que tu es son fils. En effet, pour toute dette nouvelle, tu  aurais à travailler durement pendant sept années pour t'en acquitter ainsi qu'il est commandé dans nos lois. »

    »Mon père, à partir de ce jour, je serai ton fils obéissant et aimant et je ne contracterai plus aucune dette, car j'ai appris combien il est dur de les payer. »

    »Alors il se rendit dans le champ de son père et surveilla chaque jour le travail des laboureurs de son père. Et, jamais, il ne fit travailler durement les ouvriers, car il se rappelait le temps de son propre dur labeur. Et les années passèrent, et, grâce au travail de ses mains, la fortune de son père s'accroissait chaque jour, car la bénédiction de son père était sur son travail. Or, petit à petit, le fils rendit à son père dix fois plus que ce qu'il avait gaspillé durant ses sept années de débauche. Et lorsque le père eut constaté que son fils traitait humainement les ouvriers et prenait soin de tous ses biens, il lui dit : « Mon fils, je vois que mes biens sont en de bonnes mains. Je te donne tous mes troupeaux, ma maison, mes terres et mes trésors. Que toutes ces choses constituent ton héritage; continue à le faire fructifier afin que je puisse me réjouir en toi. » Et lorsque le fils eut pris possession de l'héritage de son père, il remit leurs dettes à tous les débiteurs qui ne pouvaient s'en acquitter, car il n'avait pas oublié qu'à lui aussi sa dette avait été remise alors qu'il ne pouvait la payer. Et Dieu le bénit, lui octroyant une longue vie, avec beaucoup d'enfants et d'abondantes richesses parce qu'il était bon envers tous ses serviteurs et à l'égard de ses troupeaux. »

    Alors Jésus se tournant vers le peuple de malades leur dit : «Je vous ai parlé en paraboles afin que vous puissiez mieux comprendre la parole de Dieu. Les sept ans de festins, de beuveries et de débauches représentent les péchés du passé. Satan est le méchant créancier. Les dettes sont les maladies. Le dur travail symbolise les douleurs. Le fils prodigue, c'est vous-mêmes. Le payement des dettes se fait en chassant hors de vous les démons et les maladies pour guérir votre corps. Le sac d'argent reçu du père, c'est le pouvoir libérateur des anges. Le père est Dieu. Les possessions du père sont constituées par la terre et les cieux. Les serviteurs du père sont les anges. Le champ du père, c'est le monde qui sera changé en royaume des cieux si les Fils de l'Homme s'accordent pour travailler en union avec les anges du Père céleste. Car, je vous le dis, en vérité, il est préférable que le fils obéisse à son père et surveille les serviteurs de son père dans leur champ plutôt que de s'exposer à devenir le débiteur du mauvais créancier et de devoir travailler à la sueur de son front, comme un esclave, pour rembourser toutes ses dettes.

    »II est bien préférable également que les Fils de l'Homme obéissent aux lois de leur Père céleste et travaillent en accord avec les anges dans son royaume plutôt que de devenir les débiteurs de Satan, le seigneur de la mort, le maître de tous les péchés et de toutes les maladies; cela vaut mieux que de devoir solder tous ses péchés par des maux et au prix de sa sueur. Je vous le dis, en vérité, grands et nombreux sont vos péchés. Pendant de longues années vous avez cédé aux séductions de Satan. Vous avez été gourmands, buveurs, débauchés et vos dettes passées se sont accumulées. Et maintenant vous devez les rembourser, mais le payement est dur et difficile. En conséquence, ne soyez pas déjà impatients, au bout du troisième jour comme le fils prodigue, mais attendez patiemment que vienne le septième jour qui est sanctifié et présentez-vous alors, avec un cœur humble et soumis, devant la face de votre Père céleste afin qu'il veuille bien vous pardonner vos péchés et vous remettre toutes vos dettes passées. Je vous le dis, en vérité, votre Père céleste vous aime d'un amour infini, car Lui aussi vous permet de payer en sept jours vos dettes de sept ans. Ceux qui doivent payer des péchés et des dettes contractées au cours de sept années et qui les remboursent honnêtement, persévérant jusqu'au septième jour, à ceux-là, votre Père céleste remettra les dettes de sept ans. »

    »Et si nous péchons durant sept fois sept ans ? » questionna un malade qui souffrait d'horribles maux. « Même dans ce cas, le Père céleste vous pardonnera toutes vos dettes en sept fois sept jours.

   » Heureux sont ceux qui persévèrent jusqu'au bout, car les démons de Satan écrivent toutes vos mauvaises actions dans un livre, le livre de votre corps et de votre esprit. Je vous le dis, en vérité, il n'y a pas une action coupable qui ne soit écrite, et cela même depuis le commencement du monde, et visible aux yeux de notre Père céleste. Or, s'il vous est loisible d'échapper aux lois faites par les rois, pas un des Fils de l'Homme ne peut éluder la loi de Dieu. Et lorsque vous comparaîtrez devant la face de Dieu, les démons de Satan se porteront témoins contre vous à cause de vos actes, et Dieu verra vos péchés inscrits dans le livre de votre corps et de votre esprit; II en sera grandement  attristé en son cœur. Mais si vous vous repentez  de vos péchés et si, par le jeûne et par la prière, vous faites appel aux anges de Dieu, alors, chaque  jour que vous passerez dans le jeûne et la prière, vous sera aussitôt compté par les anges de Dieu  qui effaceront du livre de votre corps et de votre  esprit une année de vos mauvaises actions.

    »Et lorsque la dernière page sera ainsi effacée et blanchie de tous vos péchés, alors vous pourrez  vous présenter devant la face de Dieu, et Dieu se réjouira en son cœur et vous pardonnera tous vos péchés. Il vous délivrera des griffes de Satan ainsi que de ses maladies. Il vous recevra dans sa  demeure et ordonnera à tous ses serviteurs et à  tous ses anges de se mettre à votre service. Il vous accordera une longue vie et vous ne ressentirez plus jamais les atteintes de la maladie. Et si, à partir de cet instant, au lieu de commettre des péchés, vous passez vos jours à faire les œuvres de Dieu, alors ce seront les anges de Dieu qui inscriront toutes vos bonnes actions dans le livre de votre corps et de votre esprit. Je vous le dis, en vérité, aucune bonne action ne demeure sans être écrite aux yeux de Dieu et cela dès le commencement du monde. Car, de vos rois et de vos gouverneurs, vous pouvez attendre en vain votre récompense, tandis que Dieu reconnaît toujours vos bonnes actions.

    »Et lorsque vous paraîtrez devant la face de  Dieu, ses anges se porteront témoins pour vous de vos bonnes actions. Et Dieu, voyant vos bonnes actions inscrites dans votre corps et dans votre esprit, se réjouira en son cœur. Il bénira votre corps et votre esprit et toutes vos actions, vous donnant pour héritage son royaume terrestre et céleste afin qu'en Lui vous puissiez avoir la vie éternelle. Heureux celui qui peut entrer dans le royaume de Dieu, car il ne verra plus la mort. »

    Alors, après ces paroles, il se fit un grand silence. Et ceux qui étaient découragés puisèrent dans ce discours une force nouvelle; ils continuèrent à jeûner et à prier. Et le malade qui Lui avait parlé en premier lui dit : « Je veux persévérer jusqu'au septième jour. » Puis le deuxième Lui dit également: « Moi aussi, je veux persévérer jusqu'à sept fois sept jours. »

   Jésus leur répondit; « Heureux ceux qui persévéreront jusqu'au bout, car ils hériteront de la terre ! »