VIII

 

Pradines et Moulins

 

Vers 1857, Mme Dallery, née Dessert, domiciliée à Néronde (Loire) où son mari était notaire, désirait consulter M. Vianney sur l'avenir de ses deux enfants : un garçon de douze ans, une fille de dix.

Mlle Dallery était en pension chez les Dames du monastère de Pradines, parmi les hauteurs qui dominent le Rhins – la rivière qui prête actuellement son joli vallon au chemin de fer entre Roanne et Amplepuis. Son frère faisait ses études en vue du sacerdoce au collège ecclésiastique de Saint-Jodard, dans le canton même de Néronde.

La maman se confessa à M. Vianney, puis, l'absolution reçue, elle posa immédiatement la question qui lui brûlait les lèvres. Elle n'eut le temps que de dire :

« Ô mon Père, que je voudrais connaître l'avenir de mon petit garçon et de ma petite fille !

— Votre fils, répondit le saint avec la plus entière assurance, sera fait prêtre dans le diocèse de Moulins et votre fille restera dans la communauté où elle fait son éducation.

— Mais, mon Père, protesta Mme Dallery qui espérait bien mettre son fils dans l'un des séminaires de Lyon quand il quitterait Saint-Jodard, mon Père, je n'ai pas du tout l'intention d'envoyer mon fils dans le diocèse de Moulins. Nous habitons le département de la Loire qui dépend de Lyon. Et alors...

— Je vous dis, mon enfant, reprit M. Vianney en élevant la voix et sur un ton d'autorité sans réplique, je vous dis que votre fils sera fait prêtre à Moulins. »

Mme Dallery avait désiré savoir. Elle savait. Mais comment cela se réaliserait-il ? Mystère !

 

Or, par suite de circonstances impossibles à prévoir dans ce temps-là et sur lesquelles les affirmations du Curé d'Ars n'eurent aucune influence, le jeune Dallery passa au séminaire de Moulins, et c'est à Moulins qu'il fut ordonné prêtre. Quant à sa sœur, sans quitter Pradines, de pensionnaire elle devint novice, puis religieuse bénédictine.

 

« Cette relation, écrit M. Ball, a été faite et certifiée par Mme Sœur Marie-Thérèse, née Dessert, religieuse de Pradines et sœur de Mme Dallery, de qui elle tient tous ces détails avec la plus scrupuleuse exactitude et à laquelle elle les a fait confirmer avant de me les remettre dans le courant de l'année 1880. » (1)

 

 

(1) Documents, N° 81