III

 

La pouponne en nourrice

 

En mai 1858, Mme Godfert, dont le mari était toujours instituteur à Bourg-Saint-Christophe, désira consacrer quelques jours à une sérieuse retraite où elle ferait une revue de toute sa vie. Mais voilà qu'à l'heure de se mettre en route, elle apprit que sa petite, une enfant de sept mois qui était en nourrice, allait lui être rendue. Son mari l'engagea à partir quand même.

 

Or, dès son arrivée dans Ars, une vive inquiétude la saisit : n'allait-on pas rapporter la pouponne pendant son absence ? Le plus simple encore, en pareil cas, était de consulter M. Vianney. Mme Godfert se mit sur son passage.

« Mon Père, lui demanda-t-elle, puis-je être tranquille ? Puis-je rester un peu ici ? Ne va-t-on pas me rendre mon enfant.... ? »

Elle n'eut pas le temps d'expliquer que la petite se trouvait en nourrice et qu'il était question de l'en ramener. Le saint Curé lui répondit avec une calme assurance :

« Non, mon enfant, pas encore, vous pouvez être tranquille ; dans quelques jours seulement on vous la rapportera ».

 

Pleinement confiante dans cette parole, la jeune maman prit tout le temps désirable pour satisfaire sa dévotion. Le nourrisson ne revint à Bourg-Saint-Christophe que huit jours plus tard.

Et c'est en présence de cette petite, alors bien grandie puisqu'elle avait vingt ans, que, le 29 avril 1878, Mme Godfert fit à M. le chanoine Ball le récit de la charmante aventure. (1)

 

 

(1) Documents, N° 35