IX

 

Elle et ses quatre filles

 

Vers le milieu de 1859, c'est-à-dire quelques semaines seulement avant la mort de M. Vianney, Mme de Bourbon-Busset vint le consulter sur une question très épineuse, humainement insoluble. Le saint Curé trancha la difficulté comme en se jouant.

Ensuite, sans dire qui elle était, Mme de Bourbon-Busset dit simplement :

« Veuillez, mon Père, me bénir, ainsi que ma famille.

— Oui, répondit le saint avec une bienveillance marquée, je vous bénis, vous et vos quatre filles. »

Vous et vos quatre filles ! Il y avait là plus d'intuitions différentes que de mots. En effet, dans le court entretien qu'elle venait d'avoir avec lui, Mme de Bourbon-Busset n'avait pas dit au Curé d'Ars qu'elle était mère, qu'elle restait veuve avec des enfants, que ces enfants étaient des filles et que ces filles étaient au nombre de quatre. Elle n'avait d'ailleurs parlé à personne dans le village où elle ne demeura que le temps nécessaire, et l'on n'avait pas pu renseigner M. Vianney à son sujet.

Elle vit toujours dans ce fait une vue surnaturelle évidente. Elle aimait à le conter. Bien des fois, son gendre, M. le comte de Chabrol, l'entendit de ses lèvres, et c'est lui qui, en septembre 1878, rencontrant à La Louvesc, près du tombeau de saint François Régis, M. le chanoine Ball, fournit à ce dernier les détails de ce récit. (1)

 

 

(1) Documents, N° 70.