VI

La messe libératrice

 

À peine de retour d'Ars, un jour de 1855, Mme Marie Reynoud, qui habitait Pinsot, bourgade de l'Isère, dit à son mari :

« J'ai demandé là-bas une messe à M. le Curé pour le repos de l'âme de notre cousine. Je vais en faire célébrer ici une seconde. Tu m'y accompagneras ?

— Mais certainement », répondait M. Reynoud.

Or il arriva que le matin où se célébra dans l'église de Pinsot cette seconde messe, Mme Reynoud fut seule à y assister. Son mari, soudainement indisposé la nuit précédente, demeura au lit.

Il écouta tinter la cloche, puis mourir les derniers sons qui marquaient la fin de la messe. Et à ce moment précis, il aperçut dans sa chambre une grande clarté qui l'étonna fort et qu'il ne put s'expliquer. En tout cas, il était sûr que la clarté était réelle, que nulle supercherie n'était possible...

Il raconta l'événement à sa femme, qui ayant répliqué « Dieu soit loué ! » se lança à son tour dans les confidences.

 

Elle venait donc de faire, accompagnée d'une amie, le pèlerinage d'Ars. Sa confession achevée, elle avait entendu avec saisissement le saint Curé lui dire sur un ton d'absolue certitude :

« Vous avez perdu l'une de vos parentes, Elle est en purgatoire. Pour l'en délivrer, faites dire deux messes : une ici, l'autre chez vous. »

Le saint Curé avait prié pour la défunte. Puis, soulevée par de nouveaux suffrages, l'âme, ce matin même, s'était envolée hors du purgatoire. N'était-ce pas elle qui, la messe finie, annonçait, par cette clarté mystérieuse, son entrée dans le béatitude ? (1)

 

(1) D'après un récit fait à Mgr Convert dans la sacristie de l'église Notre-Dame des Victoires, le 8 juillet 1933, par le Frère Pierre, religieux de la Sainte-Famille et petit-fils de M. et Mme Reynoud.