II

Le train suivant

 

Mme Lefèvre-Vaulon, coiffeuse à Reims, rue du Cadran-Saint-Pierre, était allée à Ars une des dernières années du saint Curé Vianney.

Sa confession achevée, où il n'avait été nullement question de M. Lefèvre-Vaulon, son épouse fut extrêmement surprise de s'entendre dire :

« Votre mari doit venir vous rejoindre ici à telle date. Dites-lui d'attendre, car le train qui l'amènerait le jour qu'il a fixé déraillera. Il y aura des victimes... et votre mari n'est pas en état de grâce. »

Comme bien on pense, Mme Lefèvre s'empressa d'avertir son mari. Bien qu'étonné, M. Lefèvre obtempéra.

Et il fit bien. En effet, le train qu'il pensait d'abord utiliser dérailla. Il y eut des morts. Notre voyageur rejoignit sa femme par un autre convoi.

Remué par l'avertissement prophétique du Curé d'Ars, puis touché de la grâce, il se convertit (1).

 

(1) Ce récit, atteste M. l'abbé Alfred Merle, curé de Somme-Vesle (Marne) m'a été fait par une de mes excellentes paroissiennes, Mme Armand Walfard-Binet, originaire de Reims, qui m'a affirmé tenir le fait de Mme Lefévre-Vaulon elle-même qu'elle a bien connue dans sa jeunesse. »